la gazette du riz

Publié le par ottolilienthal

 

 

ILS ÉTAIENT 230 il y a trois ans avant le début de la crise et produisaient 120 000 t de riz. Ils ne sont plus que 160 pour 70 000 t seulement. Au milieu des flamants roses et des petits chevaux blancs, les riziculteurs de Camargue se battent aujourd'hui pour maintenir en vie leurs rizières, poumons économiques mais aussi environnementaux du delta du Rhône, seule région française à produire du riz.

La Camargue est une goutte d'eau dans le marché mondial du riz, dominé par la Thaïlande, la Chine, le Japon et les Etats-Unis, pays qui subventionnent leur production et protègent leurs marchés. Les riziculteurs camarguais y voient une « distorsion de la concurrence » due, selon eux, à la décision du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll de supprimer les aides compensatoires communautaires. Même au plan européen, le riz français est en compétition avec ses voisins espagnol et italien.

Mais ces concurrents ont structurellement des coûts de revient plus faibles, peuvent utiliser des produits phytosanitaires interdits aux producteurs de Camargue et ils ont aussi accès au marché national. Paradoxalement, les consommateurs français se mettent à plébisciter l'IGP (indication géographique protégée) Riz Camargue créée en 2000, y compris le bio, dont les ventes augmentent chaque année. Néanmoins, pour l'heure, les riziculteurs préfèrent se reconvertir dans l'exploitation maraîchère sous serre ou les céréales, des cultures qui n'ont pas le même impact sur la désalinisation des sols.

« La filière emploie environ deux mille personnes, en aval et en amont, avec une usine de transformation à Arles qui fournit notamment la restauration collective. Mais nous sommes aujourd'hui en sous-production et ce site doit importer du riz asiatique pour fonctionner », déplore Bernard Mazel, président du syndicat des riziculteurs qui est allé plaider sa cause à Bruxelles la semaine dernière. « Nous entretenons le système d'irrigation qui a un coût mais, sans lui, la part d'eau douce va diminuer dans le delta. »

« Sans riziculture, la Camargue risque de redevenir très vite un désert salé, confirme Françoise Peytavin, éleveuse de taureaux à Saliers, à 15 km d'Arles. Le riz fait partie de l'équilibre écologique et économique de la Camargue. Si cette filière s'effondre, tout le reste va suivre. » Les riziculteurs camarguais, qui ont déjà manifesté plusieurs fois ces derniers mois entre Arles et Avignon, promettent de nouvelles actions si des mesures de relance de leur activité ne sont pas prises.

 

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