What a wonderful ménage, Nelson Monfort !
Environ 5.000 euros par mois, Nelson Monfort admet toucher "un beau salaire"..Journaliste emblématique de France Télévisions depuis plus de 30 ans, Nelson Monfort a dévoilé son salaire mensuel face à Jordan de Luxe, sur la chaîne Télé Star Play
Roland-Garros : « Monsieur le journaliste, s’il vous plaît ! »… Le match Isner-Benchetrit interrompu à cause de Nelson Monfort..Il faut dire que Nelson Monfort n’en était pas à son coup d’essai...
VIDÉO. L'ex-commentateur de rugby se souvient des années Chapatte, plaque sévèrement Nelson Montfort et se dit pessimiste sur l'avenir du sport sur les chaînes du service public.
« T'as une gueule à faire de la radio et une voix à faire de la presse écrite », le charriait Jean-Marc L'hénoret, réalisateur fou de rugby. Pierre Salviac est arrivé à la télévision sur le service public en 1976, recruté par Robert Chapatte pour tenter de gérer une « bande de types ingérables » prenant le studio de Stade 2 pour le café des sports : Roger Couderc, Thierry Roland, Richard Diot, Bernard Père... Face à ces monstres sacrés, il a vite rendu son tablier d'adjoint pour se consacrer au grand reportage, puis aux commentaires de rugby de 1983 à 2005, succédant à l'icône Couderc. « Aboyeur » (Pierre Fulla), « Fouquier-Tinville » (Gérard Holtz), Pierre Salviac a, aux côtés du grand Pierre Albaladejo, marqué les dernières heures du rugby amateur avec ses formules animalières (« le cochon est dans le maïs »...). Il restera la voix des trublions du Racing, de « l'essai du bout du monde » à Auckland (1994) ou de la victoire de Brive en coupe d'Europe à l'Arms Park de Cardiff (1997). Pour Le Point, le journaliste se souvient des années Chapatte et, pessimiste, craint que la cabane ne tombe bientôt sur le chien en matière de sport sur le service public...
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Le Point : Vous avez été recruté en 1976 par Robert Chapatte comme adjoint chargé de mettre un peu d'ordre dans le service des sports. Comment était l'ambiance ?
Pierre Salviac : Chapatte m'avait recruté parce qu'il avait lu des articles que je signais dans France Soir et Le Point. Et lui qui était un produit de l'audiovisuel, il était impressionné par les journalistes de la presse écrite. Il m'avait recruté pour succéder à Couderc, dont la retraite était programmée sept ans plus tard. C'est Jean-Pierre Elkabbach, alors directeur de l'information d'Antenne 2, qui m'avait imposé comme adjoint de Chapatte pour mettre au service du journal télévisé la compétence des stars du service des sports. Je me suis vite rendu compte que c'était un cadeau empoisonné et que je n'arriverai pas à mettre sur le tableau de service des Roland, Leulliot, Marquet, Choupin auquel je demandais de poser leur voix sur un résumé d'une minute de sport dans le JT alors que leur habitude était de commenter des directs d'au moins une heure et demie. Quand j'ai compris que j'allais me battre contre des moulins à vent et que j'étais trop jeune pour me fâcher avec des confrères que je badais du temps de la télé en noir et blanc, j'ai rendu mon tablier de rédacteur en chef du service des sports pour les « travaux forcés » du JT et je suis rentré dans le rang pour reprendre mon statut de grand reporter à Stade 2 pour lequel j'avais été recruté.
Vous racontez que dans les années 1980, le tandem Pierre Desgraupes-Joseph Pasteur trouvait Stade 2 « trop beauf », alors que c'était l'émission la plus populaire de la chaîne...
C'est vrai que le tandem Pierre Desgraupes-Joseph Pasteur n'avait pas d'estime pour l'équipe de Stade 2 qui était pourtant très populaire. Ils reprochaient à Chapatte de laisser l'émission dériver vers une ambiance franchouillarde. Ils se laissaient influencer par des producteurs-animateurs qui avaient tout intérêt à tuer cette émission si populaire pour s'approprier la tranche horaire. Ils n'ont pas réussi à nous tuer parce que les audiences étaient bonnes.
Votre meilleur souvenir de Stade 2 ?
Chaque émission est un bon souvenir. Quand on se trouvait à la table de Stade 2 entouré de personnages comme Chapatte, Couderc, Roland, Janin et Cazal par exemple pour la génération d'après, c'était troisième mi-temps tous les dimanches soir. Nous n'étions que des passeurs de bonne humeur. Nous transmettions notre amour du sport avec passion. Le public était attaché à notre façon de raconter l'actualité sportive.
On a souvent présenté Canal+ comme ayant révolutionné le sport à la télévision française, en opposition à un service public jugé franchouillard, alors que c'est vous qui avez par exemple introduit les statistiques dans les commentaires. N'avez-vous pas de rancœur par rapport à ça ?
J'ai un profond respect professionnel pour Charles Bietry qui a fait bouger les lignes en ce qui concerne le journalisme sportif à la télé. Avec la complicité du journal L'Équipe, il a fait croire que Canal+ inventait tout. Mais le service des sports de France Télévisions n'a jamais été en reste s'agissant des innovations. Le problème, c'est que la télévision française savait faire et Canal+ savait faire savoir. La grosse différence, c'est qu'Antenne 2 cultivait l'esprit troisième mi-temps hérité des « allez, les petits » de Roger Couderc parce qu'elle s'adressait à un public généraliste et que Canal+ optait pour plus de rigueur parce que cette chaîne s'adressait à un public d'abonnés connaisseurs du sport.
Vous n'êtes pas tendre avec la nouvelle génération de journalistes sportifs. « La nouvelle vague est plus préoccupée de prendre que d'apprendre » dites-vous...
Je n'ai jamais été tendre avec des prétendus journalistes qui n'avaient comme obsession que de montrer leur gueule de « faux emploi » à la télé, mais qui n'en avaient rien à foutre du respect des fondamentaux du métier. Et j'en ai connu beaucoup trop pendant ma carrière. À tel point que je me suis souvent dit : « Je ne suis peut-être pas fait pour ce métier, en tout cas certainement pas pour ce milieu », que j'ai quitté sans nostalgie.
Pourquoi être si dur envers Nelson Montfort, qualifié d'« imposture » dans vos Mémoires, Merci pour ces moments (Talent Sport) ?
C'est vrai que dans mes Mémoires, je cite Nelson Montfort comme exemple à ne pas suivre. Quand j'étais à la direction des sports, je lui imposais de faire des reportages parce que les traductions occasionnelles ne justifiaient pas un CDI de journaliste. Je n'arrivais pas à en programmer un à l'antenne tellement c'était mauvais. Il n'avait qu'une obsession : se servir de toutes les expositions que lui offraient toutes les émissions de télé qu'il courtisait pour ne faire que des apparitions fugitives au service des sports qui le nourrissait. Ce qui m'agace dans son cas, c'est qu'il passe pour un mec gentil auprès des téléspectateurs, ce qui n'est pas évident à mon avis.
Ne regrettez-vous pas le fou rire du match Écosse-Japon en 2003 avec Thierry Lacroix ?
L'histoire du fou rire lors de Écosse-Japon vient du fait qu'étant voisin des commentateurs japonais qui nous avaient demandé (Lacroix et moi) de prononcer le nom des joueurs français, dans le même souci de rigueur journalistique, j'avais demandé à mes confrères japonais comment prononcer le nom des sélectionnés de leur pays. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que, dès la première minute du direct Thierry Lacroix éclaterait de rire en m'entendant prononcer le nom des joueurs à la japonaise. Ce rire a entraîné le mien. J'ai eu le tort d'insister, ce qui a provoqué un fou rire et donné l'impression aux Japonais de France qu'on se foutait de leur gueule.
Y a-t-il une aseptisation du commentaire sportif ?
C'est curieux, mais quand j'ai importé le commentaire à l'anglaise sur la base du « descriptif-statistique-anecdotique » pour faire une rupture avec le style Couderc que je ne voulais pas copier, j'ai pris une volée de critiques de la part d'une presse et d'une audience qui n'étaient pas habituées à ce style. Il me semble que depuis l'avènement des chaînes dédiées au sport, c'est cette tendance qui a fini par l'emporter. Suis-je fier de cela ? Pas tant que cela parce qu'en même temps, je ne sens pas trop de passion dans les commentaires. En tout cas, c'est ce que je ressens souvent maintenant que je suis téléspectateur.
Aujourd'hui, serait-il encore possible à l'antenne d'inventer des sports comme le « bar-a-rou » ou de baptiser un soigneur roumain « Constantin Tépasdansl'coup », comme vous l'aviez fait avec votre complice Daniel Cazal ?
Ces expressions sont nées de l'envie d'amuser les téléspectateurs qui regardent le sport à la télé. Elles relèvent de la même logique que « la cabane est tombée sur le chien », « le cochon est dans le maïs », « la bourrique a tourné le cul au foin », « ce n'est pas la queue qui remue le chien ». Il faut croire que ça plaisait puisque les téléspectateurs complices alimentaient notre bestiaire en nous envoyant des expressions de chez eux. Aujourd'hui, il me semble que la tendance est plutôt aux jeux de mots. Resteront-ils dans la mémoire aussi longtemps que « allez, les petits » ? Je n'en suis pas convaincu.
Le sport a-t-il encore un avenir sur le service public ?
Quand la télé privée n'avait qu'une chaîne de diffusion, certains sports ne pouvaient trouver leur place que sur le réseau des chaînes publiques. C'est le cas des sports comme le tennis ou le cyclisme qui n'étaient pas rentables. Pour le service des programmes d'une chaîne privée, ce n'était pas gérable compte tenu de la longueur incertaine des événements télévisés de ces sports-là qui surfaient sur le binôme France 2-France 3. Mais maintenant les chaînes privées ont des petites sœurs qui peuvent diffuser ce que la chaîne premium ne peut pas absorber. Pendant ce temps, France Télévisions vient de supprimer France 4, qui était un refuge pour diffuser les événements sportifs de moindre importance. Dans ces conditions, je ne vois pas beaucoup d'avenir pour le sport (gratuit) sur le service public.
Propos recueillis par Thomas Mahler
Nelson, Nelson, Nelson… Encore une fois, one more time , le journaliste sportif polyglotte de France Télévisions s’est fait attraper la main dans le pot de confiture. Il y a deux ans, un ménage -- c’est ainsi que, chez les journalistes, on appelle une collaboration extérieure -- pour le compte d’Eurodisney lui avait valu un blâme. Enfin, peut-être. Cette fois, c’est la mise à pied que risque Nelson Monfort. Enfin, sans doute.
En cause, ainsi que l’indiquait lundi Lepost.fr , une perruque (autre sobriquet pour ces joyeuses entorses à la déontologie) pour le site Athlenergy.com conçu par Areva, sponsor des championnats d’Europe d’athlétisme en salle, que le même Nelson doit commenter pour France Télévisions du 4 au 6 mars prochain. L’affaire fait du vilain au point que Nelson Monfort a décidé de se faire tout petit. «Devant le tollé , déclare-t-il à Libération, j’ai décidé de ne pas donner suite à cette collaboration.»
Trop tard, le mal est fait. Et hier encore, la perruque de Nelson trônait sur le site Athlenergy.com. On pouvait voir le journaliste sur la cendrée (d’accord, c’est du plastique) ou dans les starting-blocks : «Bonjour, c’est Nelson Monfort, bienvenue sur Athlenergy.com dont je suis le consultant exceptionnel à l’occasion des championnats d’Europe d’athlétisme en salle.» Et après avoir expliqué qu’il allait interviewer des athlètes, il conclut: «N’oubliez pas, don’t forget, tout se passe sur Athlenergy.com avec Areva, partenaire de l’athlétisme.»
Alain Vernon, élu SNJ-CGT au service des Sports, ne décolère pas : «C’est un conflit d’intérêt caractérisé, Nelson Monfort entache l’image des journalistes des sports du service public. Il enfreint la loi de France Télévisions. Et les gens qui se croient au-dessus des lois, on appelle ça des mafieux.» En 2009, le service des Sports avait déjà tangué sur l’air des ménages. Et encore une fois, c’est Nelson Monfort qui était en cause. Après avoir animé -- bénévolement, jurait-il alors -- une «tennis party» à Eurodisney, Monfort recevait dans Tennis Club , sur France 4, rien moins que Mickey -- oui, la souris. Surtout, à cette occasion, plusieurs autres cas de ménages au service des Sports de France Télévisions s’étaient fait jour : un rédacteur en chef qui se fait porter pâle un jour de compétition parce qu’il fait le speaker pour ladite compète. Tel autre journaliste vedette qui anime une vente de meubles ou des trophées sportifs locaux. A l’époque, le directeur des Sports, Daniel Bilalian, jure qu’il va intimer l’ordre à tous de lui soumettre toute éventualité de perruque pour autorisation. Sauf que deux ans plus tard…
Pour Arnaud Romera, président de la société des journalistes des Sports à France Télévisions c’est clair et net : «Bill avait pris l’engagement que ce genre de pratiques ne se reproduirait plus mais rien n’a été fait.» Pire, selon Antoine Chuzeville, élu SNJ : par la suite, d’autres têtes d’affiche ont été épinglées, comme Patrick Montel, également commentateur de l’athlétisme sur France Télévisions. «Montel a animé le meeting de Saint-Denis pour l’organisateur sans l’autorisation de Bilalian. Comme pour Monfort, on nous a dit qu’il avait eu un avertissement, mais on n’en a jamais eu la preuve. Et ensuite, Bilalian les a autorisés à faire des ménages : c’est comme si tu te faisais choper à conduire sans permis, et qu’on t’en délivre un derrière !» Plus grave, Arnaud Romera raconte que devant la SDJ, il y a quatre ans, Daniel Bilalian avait justifié les ménages : «Il nous a dit que, comme il ne pouvait pas faire d’augmentations de salaire, il n’empêcherait pas les collaborations extérieures.»
Daniel Bilalian n’a pas donné suite aux demandes d’entretien de Libération , refusant d’évoquer «une affaire interne» . Vaste blague quand on sait que les ménages, dont certains sont restés célèbres, tels ceux de Christine Ockrent, sont un problème vieux comme la mire. Au SNJ, on se bat depuis des lustres pour qu’un code de déontologie soit adopté au niveau de tout le groupe France Télévisions. Souci : il devait être inscrit dans la convention collective, dont les négociations entre syndicats et le président, Rémy Pflimlin, sont au point mort…
Alain Vernon précise que les débordements déontologiques ne touchent pas tout le monde. «Sur 52 journalistes au service des Sports, 5 ou 6, les vedettes, ont des activités extérieures autorisées, les autres tirent 100% de leurs revenus de leur activité journalistique à France Télévisions.» Mais pas l’admirable Nelson. Sa pige chez Athenergy -- «une collaboration exclusivement journalistique» , assure-t-il, feignant de ne pas voir le problème --, il jure avoir voulu la soumettre à Bilalian. Mais voilà, explique Monfort : «La demande a été faite il y a trois semaines et n’a malheureusement pas suivi le cours normal de l’acheminement.» D’ailleurs, dit-il, «si la réponse avait été négative, je ne l’aurais pas fait» . Il faut croire que l’absence de réponse de Bilalian valait consentement…
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Paru dans Libération du 23 février 2011