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Covid gazette

Publié le par ottolilienthal

 
 
l’Académie de médecine penche pour un accident de laboratoire

L’autorité médicale de référence en France a brisé le tabou d’une origine liée à des manipulations par des virologues à Wuhan.

Le Covid-19 est-il issu d'un accident de laboratoire ? En 2020, si la question avait été posée officiellement à l'Académie nationale de médecine, les débats auraient fait la une des journaux. Aujourd'hui, une séance dédiée organisée par les académiciens Christine Rouzioux et Patrick Berche peut passer presque totalement inaperçue, tant le public paraît déterminé à tourner la page. Alors même que certains intervenants ont discrètement plaidé en faveur de l'hypothèse d'une origine liée à la recherche, qui constituerait à l'évidence le plus grand scandale scientifique de tous les temps…

Annoncé sur le site Internet de l'académie au début du mois d'avril, le programme était pourtant très explicite : « De l'origine du Sars-CoV-2 à la virologie/biologie dangereuse. » Lier origine de la pandémie et recherche à risque a pourtant longtemps été un angle mort des institutions scientifiques françaises. Et simplement évoquer les dangers de nouveaux champs de la virologie est une première en France dans une grande autorité médicale ou scientifique.

Les présentations de deux intervenants, l'ancien directeur de l'Institut Pasteur de Lille Patrick Berche et son confrère de Pasteur, le virologue Simon Wain-Hobson, portaient précisément sur les « expériences de gain-de-fonction », un champ très disputé de la virologie, jusque-là peu débattu dans l'Hexagone.

Mutations

Depuis une dizaine d'années, des virologues modifient des virus au point de leur donner un potentiel pandémique en accroissant par exemple leur transmissibilité pour l'homme. Le but est d'obtenir un coup d'avance sur des mutations qui pourraient se produire dans la nature, afin de préparer traitements et vaccins.

Mais des spécialistes, en particulier Simon Wain-Hobson, ont averti, dès 2012, que ces expériences étaient dangereuses. En causant une pandémie accidentelle, l'échappement des mutants ainsi créés pourrait en effet annihiler tous les bénéfices potentiels de ces recherches, les incidents de sécurité dans les laboratoires n'étant pas rares.

À l'opposé du programme de l'académie, les conférences scientifiques sur le sujet restent en général très prudentes. Reflet d'une conviction défendue âprement par une partie des virologues, la plupart des institutions et colloques ne développent que les travaux et discussions sur la piste d'une origine naturelle, et font l'impasse sur les éléments circonstanciels rendant plausible un accident de laboratoire.

« Théorie du complot »

Avant de s'atteler à ces questions de haut vol, la séance du 18 avril 2023 a commencé sur les affaires courantes, les annonces des décès de membres de l'académie et un rapport très technique sur les déserts médicaux et la pénurie de médecins généralistes. Puis sans transition, saut dans une autre dimension : la dispute géopolitique et scientifique autour du virus de Wuhan, digne d'un scénario de science-fiction.

La spécialiste du virus du sida Christine Rouzioux, co-organisatrice, a ouvert brièvement les communications : « Le débat sur l'origine de cette épidémie est vraiment important à soulever, a-t-elle reconnu. La première hypothèse est celle d'un virus modifié en laboratoire. » Une présentation qui contraste nettement avec la manière dont le débat s'est structuré en 2020, médias, revues et autorités scientifiques excluant cette piste comme une « théorie du complot ».

Christine Rouzioux mentionne l'hypothèse naturelle seulement dans un second temps en notant l'actualité de la « question du rôle des chiens viverrins », et citant les travaux d'une chercheuse française, Florence Débarre, qui a révélé, en mars dernier, que des séquences génétiques longtemps non publiées par la Chine confirmaient la présence, sur le marché de Wuhan, de ces mammifères susceptibles de porter des virus apparentés au Sars-CoV-2, le virus qui cause le Covid-19. « Les deux hypothèses n'ont pas le même niveau d'argument », résume l'académicienne, sans donner de préférence.

Une découverte au Laos

Plutôt que ces débats sur un potentiel passage de l'animal à l'homme sur le marché de Wuhan, la séance a abordé la piste de l'origine du virus dans la nature par l'autre bout, celui des chauves-souris qui sont les réservoirs naturels originels des virus apparentés au Sars-CoV-2. Le sujet était exposé, avec brio, par le virologue Marc Éloit, de l'Institut Pasteur, croqué dans un récent portrait du Monde comme un « pêcheur de virus » – par opposition à ses confrères, d'ordinaire plutôt comparés à des « chasseurs de virus ».

En 2021, son équipe a révélé avoir découvert, au Laos, le virus le plus proche du Sars-CoV-2. « On n'a pas pu travailler en Chine, note Marc Éloit en introduction. Donc, on a travaillé au sud de la Chine, au Laos. » Pékin a en effet banni sur son sol les recherches étrangères sur les virus apparentés au Sars-CoV-2 chez les chauves-souris.

Les échantillonnages au Laos se sont révélés fructueux, permettant d'obtenir la séquence complète de cinq virus jusque-là inconnus et baptisés Banal. L'un d'eux, Banal-52, présentait 97 % d'identité avec le Sars-CoV-2, ce qui en a donc fait le plus proche parent connu à ce jour.

« On a la joie du pêcheur ou du chasseur », témoigne le découvreur, qui explique s'être alors « rué » sur une partie des séquences, le domaine de liaison au récepteur, une séquence clé qui permet au virus de se lier aux récepteurs de cellules des animaux qu'il infecte.

Or, plus encore que chez le Sars-CoV-2, ce domaine s'est révélé très adapté aux cellules humaines. Une qualité surprenante pour un virus de chauve-souris, mais qui démontre que cette partie du virus a pu évoluer totalement naturellement chez l'animal, contrairement à des spéculations initiales à l'apparition du Sars-CoV-2, qui voyaient dans son domaine de liaison au récepteur adapté à l'homme une supposée preuve de modification en laboratoire.

Le mystère du « site furine »

Cependant, cette partie des virus Banal a une différence majeure avec le Sars-CoV-2 : ils n'ont pas de « site de clivage à la furine », ou « site furine », une petite insertion totalement unique au Sars-CoV-2 dans sa famille de virus, les sarbecovirus (virus de la famille du Sars). Celle-ci rend le virus beaucoup plus transmissible chez l'homme.

Pour le comprendre, les travaux de Marc Éloit ont comparé les virus Banal sans site furine et le Sars-CoV-2 sur des modèles animaux. « Chez les macaques, Banal se comporte comme un virus entérite », a résumé Marc Éloit. Autrement dit, sans site furine, ce type de virus infecte d'abord le système digestif et pas les voies respiratoires. Alors qu'avec, le Sars-CoV-2 provoque les pneumonies et les toux qui le rendent si contagieux.

Mais comment le site furine est-il apparu ? Sur plus d'une centaine de virus de la famille du Sars découverts depuis vingt ans, aucun autre ne présente cette caractéristique unique au Sars-CoV-2. L'équipe de Marc Éloit a donc tenté de comprendre comment le « site furine » pouvait apparaître.

Leur expérience a consisté à effectuer des « passages en série » dans des souris de laboratoire dites « humanisées », c'est-à-dire modifiées génétiquement pour avoir des récepteurs cellulaires semblables à l'homme, fournissant donc un modèle pour un corps humain infecté. Ce type d'expériences, courantes en virologie, sert à évaluer comment un virus évoluerait et éventuellement s'adapterait au corps humain.

Forcer la nature

Les chercheurs de Pasteur ont effectué six passages, un « scénario du pire », considérant que les contacts avec ces virus de chauves-souris sont limités pour l'homme. Selon l'article de Pasteur, publié dans Nature en 2022, des études sérologiques sur les villageois les plus exposés autour de ces grottes ont en effet mis en évidence que seuls 4 % d'entre eux présentaient des anticorps indiquant qu'ils avaient été infectés par ces virus.

Pourquoi seulement six passages ? « On n'a pas voulu faire pire que la nature », a justifié Marc Éloit à l'académie. Intensifier plus encore l'expérience serait revenu à forcer la nature – et commencer à jouer les apprentis sorciers –, plutôt que chercher à la comprendre.

Résultat : aucun site furine n'est apparu au cours de l'expérience. Suggérant que cette mutation clé n'est probablement pas née chez l'homme à la suite de contacts réguliers avec les chauves-souris, mais plutôt « soit chez la chauve-souris, soit chez un animal intermédiaire ».

Et Marc Éloit de conclure que son étude n'éclaire pas en revanche comment un virus dont les plus proches parents se concentrent au Laos et dans la province chinoise voisine du Yunnan soit ensuite apparu subitement à Wuhan, à plus de 1 000 kilomètres.

« Inexplicable »

Après lui, la communication de Patrick Berche s'est voulue beaucoup plus directement une présentation des arguments pour une origine liée à la recherche. En résumé, le virologue juge « inexplicable » qu'aucun indice convaincant d'une émergence naturelle n'ait été trouvé en trois ans.

Si le virus avait circulé à bas bruit avant d'être détecté à Wuhan, les hôpitaux chinois auraient dû enregistrer des cas de syndromes grippaux et pneumonies en amont et des enquêtes rétrospectives auraient dû identifier ces premiers cas. En outre, si l'épidémie avait pour origine l'élevage et le commerce animal, elle aurait, selon Patrick Berche, dû apparaître au travers de plusieurs foyers dispersés dans plusieurs marchés et élevages.

Ce fut le cas pour les précédents virus similaires, le premier Sars de 2003 et le Mers, un cousin de ces coronavirus découvert en 2012 au Moyen-Orient. « Aucun foyer n'a été déclaré avant [Wuhan]. Si des animaux vendus sur ce marché ont été porteurs du virus, ils ont quand même transité sur des centaines de kilomètres sans faire aucun cas ailleurs ? » interroge le chercheur.

Le projet « Defuse »

À l'opposé, pour l'académicien, les arguments en faveur d'une origine en laboratoire seraient désormais nombreux, au premier rang desquels la coïncidence géographique avec les centres de recherche de Wuhan. Brisant un tabou dans la communauté scientifique, le virologue a en particulier souligné la révélation, en 2021, d'un projet de recherche international en collaboration avec l'Institut de virologie de Wuhan, le projet « Defuse ».

Rendu public par des enquêteurs indépendants d'un groupe surnommé Drastic, Defuse visait, entre autres, à insérer des sites furines dans des virus de la famille du Sars. Très rapide, la présentation n'a pas permis cependant de nuancer les arguments de part et d'autre. L'absence de preuves définitives d'une origine naturelle pourrait en réalité être la conséquence de l'obstruction systématique de Pékin, et n'atteste pas de l'inexistence d'un hôte intermédiaire.

Un accident de laboratoire n'est donc pas prouvé, mais en l'état des données disponibles, il faut bien admettre la troublante coïncidence avec les projets de recherche des laboratoires de Wuhan. Ce qui mène donc aux réflexions sur la nécessaire régulation portées dans les présentations suivantes par Simon Wain-Hobson, expert de longue date des recherches dites de gain-de-fonction, et par Patrice Binder, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste de la biosécurité, et membre, comme Patrick Berche, du Conseil national consultatif pour la biosécurité.

« Les sociétés savantes ont failli »

Face à l'absence de débat dans les grandes institutions dans de nombreux pays européens malgré les alarmes des années 2010, Simon Wain-Hobson a osé un constat sévère : « Les sociétés savantes ont failli partout en Europe », a-t-il tancé en récapitulant l'histoire du débat, qui semblait effectivement avoir échappé à une grande partie de l'auditoire d'académiciens. Et d'appeler à un moratoire avant une possible interdiction de certaines recherches trop risquées.

Les réactions de l'académie étaient variées, de celui se disant « sidéré » par certaines des révélations des trois dernières années, à d'autres rappelant l'intérêt des données sur les chiens viverrins relançant la piste d'une origine naturelle.

Ancien président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy a finalement regretté l'absence de dialogue sur le sujet avec les autorités politiques, et en particulier le secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN), rattaché au Premier ministre, en charge des risques biologiques.

« La communauté scientifique et médicale n'est pas assez impliquée dans la vie du SGDSN », s'est avancé le président du Conseil national consultatif d'éthique. Au diapason de Christine Rouzioux, soulignant la nécessité d'une prise de conscience collective dans la communauté virologique : « Le mot responsabilité peut commencer à être évoqué », a conclu la maîtresse de cérémonie, appelant à désormais « former les jeunes chercheurs » à ces questions.

 
 

Qui meurt encore du Covid-19 en France ?

Trois ans après le premier confinement, la pandémie connaît une accalmie, même si la maladie continue de tuer une vingtaine de personnes par jour.

Il y a tout juste trois ans, le mardi 17 mars 2020, la France était secouée par son premier huis clos Covid-19. "Nous sommes en guerre", déclarait Emmanuel Macron dans une allocution qui est restée dans les mémoires. L'épidémie initiale de Covid-19 progressait rapidement et de manière inquiétante, tandis qu'Emmanuel Macron lançait un "appel général aux armes" contre un virus décrit comme un "ennemi invisible et insaisissable".


Depuis, deux autres mesures de confinement moins strictes ont suivi, ainsi que neuf vagues, et 53 millions de Français ont été vaccinés. Trois ans après le confinement, le pays semble avoir tourné la page d'une pandémie qui a causé la mort d'au moins 165 000 personnes en France.

Cependant, alors que les taux d'infection ne sont plus préoccupants et que tout porte à croire que l'immunité collective est élevée sur le territoire français, le Covid-19 circule toujours en France.


Avec un pic atteint fin décembre 2022, la neuvième vague est passée, mais non sans difficultés pour le système hospitalier français qui a dû faire face à une triple cascade de virus l'hiver dernier, dont la bronchiolite et la grippe. "D'une manière générale, on peut dire que le virus circule probablement encore avec un niveau d'activité assez élevé et qu'il provoque encore son lot d'hospitalisations et de décès, ainsi que de longues Covid", a déclaré Antoine Flahaut, directeur de l'Institut pour la santé mondiale à Genève. Mais la bonne nouvelle, c'est que la vaccination et l'immunité acquise lors des multiples vagues de la pandémie "ont transformé la situation, puisque les hôpitaux et les unités de soins intensifs ne sont plus saturés".


L'agence nationale Santé Publique France (SPF), a noté le 8 mars que les indicateurs étaient à des "niveaux bas", avec une "stabilisation" du taux d'incidence, une "légère augmentation" du taux de positivité, et des hospitalisations "en baisse". Avec moins de 300 nouvelles admissions quotidiennes en février, le nombre de patients hospitalisés est globalement stable depuis plus d'un mois.

Sur le plan virologique, la sous-variante Omicron XBB.1.5 gagne du terrain. Il s'agit d'une variante du Sars-CoV-2 que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère comme "la plus contagieuse détectée à ce jour". Cependant, les données disponibles "ne suggèrent pas que XBB.1.5 pose des risques supplémentaires pour la santé publique par rapport à d'autres sous-lignées d'Omicron". "Elle est moins grave mais hautement transmissible, et répond bien au vaccin en ce qui concerne la protection contre les formes graves", résume Antoine Flahaut.


En passe de devenir la prochaine souche dominante, ce sous-variant semble être à l'origine de la croissance pandémique observée début mars. Plus de 6 000 cas quotidiens de Covid-19 sont détectés, contre 3 500 il y a quelques jours. Les nouvelles hospitalisations augmentent également (8 % par rapport à la semaine dernière), avec 336 nouvelles admissions quotidiennes. Toutefois, ces indicateurs - peut-être faussés par l'assouplissement des règles de dépistage - restent "à des niveaux faibles", a déclaré la SPF.
Les personnes âgées et les immunodéprimés en première ligne


Le Covid-19 a causé plus de 6,8 millions de décès dans le monde selon l'OMS, dont 2,2 millions en Europe et environ 165 000 en France (avec 40 000 décès en 2022). Bien que les sous-variantes Omicron présentes en France ne soient pas aussi virulentes que ses prédécesseurs Delta et Alpha, et qu'une très grande partie de la population soit aujourd'hui vaccinée (8 Français sur 10 ont reçu au moins deux doses), le virus tue toujours.

Aujourd'hui, entre 20 et 30 Français meurent chaque jour de Covid-19. Un chiffre très éloigné des 500 décès quotidiens enregistrés lors de la première vague, mais non négligeable. La majorité des décès surviennent en milieu hospitalier et touchent davantage les hommes que les femmes (58%, contre 42% pour les femmes). Cette tendance n'est pas sans précédent. La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) observait déjà une surreprésentation des hommes dans les décès hospitaliers en mars 2022.

 

Les personnes âgées sont plus vulnérables aux virus et présentent un risque plus élevé de maladie grave et de décès. Au cours des six derniers mois, 85 % des Français décédés de Covid-19 avaient plus de 70 ans. Seuls 5 % avaient moins de 60 ans.

"Nous avons l'impression d'être sortis de la pandémie, d'autant plus que la neuvième vague a eu un impact modéré sur les services de soins intensifs. Mais il y a encore des patients qui arrivent à cause de Covid-19", a déclaré Jean-Michel Constantin, membre du service d'anesthésie-réanimation de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP). "Et parmi les patients qui n'étaient pas initialement admis pour Covid, mais dont l'état s'est aggravé à cause de la maladie, il s'agit principalement de personnes âgées dont le statut vaccinal n'est pas à jour." Ce constat fait écho à l'échec de la campagne de rappel des vaccins de l'hiver 2022. Moins de 10% des plus de 80 ans avaient reçu une nouvelle injection début décembre alors que le pays connaissait un rebond.


Les personnes souffrant de comorbidités ou immunodéprimées sont également exposées au risque de formes graves d'infection par le SRAS-CoV-2. En 2022, cette population - environ 230 000 personnes - représentait 30 % du maintien en vie lié à Covid-19 dans certains hôpitaux. Le risque est plus élevé que pour le virus de la grippe. "Ce sont les personnes les plus vulnérables qui meurent encore du Covid-19", confirme Antoine Pons, médecin anesthésiste-réanimateur aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg. C'est-à-dire "les patients dont les défenses immunitaires sont affaiblies, qui ont des problèmes cardiaques, hépatiques, pulmonaires, qui ont subi une greffe, etc. Le praticien cite la vulnérabilité des patients transplantés qui ont développé une moins bonne réponse vaccinale et dont l'utilisation d'antiviraux (comme le Paxlovid) est contre-indiquée.


Si le Covid-19 provoque actuellement moins d'infections, d'hospitalisations et de décès, Antoine Flahaut, professeur de santé mondiale à l'université de Genève, rappelle qu'il ne faut pas banaliser un virus qui circule "à la manière de la grippe mais tout au long de l'année". La Haute Autorité de Santé lance également un appel en faveur de la vaccination, même en situation stable, compte tenu du "caractère imprévisible d'une nouvelle vague et de l'émergence de nouveaux variants plus virulents susceptibles d'entraîner une baisse de l'immunité contre les formes sévères et des décès".


Assma Maad

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

 

Covid-19 : pourquoi une telle surmortalité cet hiver en France et en Europe ?

Record depuis la Seconde Guerre mondiale en 2020, la mortalité en France se maintient à des niveaux très élevés en 2022 encore, avec en moyenne 10% de décès supplémentaires par rapport à l'avant-Covid. Et c'est bien la pandémie qui en est essentiellement responsable. Explications avec l'épidémiologiste Antoine Flahault.

En France comme en Europe, pour l'année 2022, on enregistre environ 10% de décès supplémentaires par rapport à une année « normale » - c'est-à-dire la moyenne de la période qui a précédé le Covid, à population comparable.

En 2020, première année marquée par la pandémie, la France avait affiché 10% de décès supplémentaires par rapport à 2019, et près de 15% par rapport à la moyenne des années précédentes. En 2021, qui avait vu l'arrivée du terrible variant Delta mais, aussi, de la vaccination, la surmortalité s'était maintenue à un niveau similaire.

L'épidémiologiste Antoine Flahault décrypte pour nous la situation, qui ne semble pas s'améliorer, ni en France, ni ailleurs. 

Antoine Flahault : « On a eu une baisse de la létalité du Covid, pas de la mortalité »

Comment explique-t-on une telle surmortalité à l'heure actuelle ?

Si on prend les chiffres pour la France, on a eu 65000 décès du Covid-19 en 2020, avec une surmortalité à peu près équivalente. Cette année-là, avec les confinements, d'autres « sources » de décès avaient aussi diminué, comme la mortalité routière. En 2021, on a encore 60000 décès du Covid-19, donc toujours un peu au-dessus de 10% de surmortalité. En 2022, on avait espéré une baisse drastique de la mortalité grâce à la vaccination. En fait, on a eu une baisse drastique de la létalité : pour un même nombre de cas, on a eu 5 à 8 fois moins de morts. Sauf qu'en parallèle, on a eu 5 à 8 fois plus de contaminations. Donc la mortalité n'a pas beaucoup baissé. On observe la même chose ailleurs en Europe, et encore plus fortement dans les pays de l'est du continent. Et c'est pareil aux États-Unis, par exemple.

Il y a d'autres causes possibles ?

Oui, d'autres événements comme les canicules cet été, par exemple. Et une épidémie de grippe qui n'avait rien d'exceptionnel en soi, mais qui est venue s'ajouter au reste, les décès dus aux autres virus respiratoires, etc. On pourrait encore ajouter les conséquences de la surcharge hospitalière, mais je pense qu'en terme d'impact sur la mortalité c'est relativement marginal.

La démographie joue aussi un rôle ?

La population vieillit, mais ça joue à la marge. Au grand maximum, je pense que ça peut expliquer 10% de la surmortalité, sans doute moins. Mais évidemment, les personnes âgées, plus nombreuses qu'avant, sont aussi les premières victimes du Covid, de la grippe, de la canicule, etc. A l'avenir, avec les générations du « baby-boom » qui approchent 80 ans, ça affectera un peu plus la surmortalité chaquée année, mais je pense qu'à l'heure actuelle c'est à peine mesurable.

Certains accusent la vaccination d'être responsable de ces excès de mortalité...

Il est tout à fait possible qu'il y ait eu quelques décès dans un contexte vaccinal, des personnes très fragiles, très âgées, chez qui une vaccination puisse conduire à un décès. En théorie, c'est possible. Mais à grande échelle, tout permet d'écarter l'hypothèse. Si c'était le cas, on ne verrait pas, par exemple, les courbes de mortalité suivre très exactement les vagues de contamination ! Si le vaccin était responsable des décès, les courbes des décès suivraient la courbe des vaccinations. 

D'ailleurs, la surmortalité se vérifie aussi partout, même là où la vaccination est faible. Au départ, on pensait que l'Afrique était épargnée, mais on manquait surtout d'informations. Et puis on a découvert, à Lusaka (Zambie) par exemple, qu'en moyenne 32% des personnes décédées étaient mortes du Covid-19 - et jusqu'à 90% début 2021.

Le Covid reste parmi les principales causes de mortalité ?

En tout cas il s'est installé comme l'une des premières causes, voire la première. En France c'est devenu la première cause devant l'infarctus du myocarde, le cancer du poumon, etc. Il n'est que la troisième cause si on choisit de compter les cancers dans leur ensemble ou les maladies cardiovasculaires dans leur ensemble.

Les Etats-Unis affichent, eux aussi, une surmortalité importante, qui se maintient autour de 10% depuis au moins le mois de juin dernier.

Joël CARASSIO - 25 janv. 2023

Covid-19 : un rapport confidentiel accable le ministère de la Santé

Impréparation, désorganisation, guerre entre services... L'audit de l’Inspection générale des affaires sociales sur la gestion de la première vague du Covid au printemps 2020, qui n'a jamais été rendu public, serait particulièrement accablant pour le ministère de la Santé.

Alors que l'Hexagone en est à sa neuvième vague de Covid, un document confidentiel, révélé par nos confrères du Parisien ce mercredi 4 janvier, est venu jeter un pavé dans la mare : il s'agit d'un audit de 205 pages de l’Inspection générale des affaires sociales sur la gestion de la toute première vague du Covid par le ministère de la Santé au printemps 2020. Nos confrères avaient tenté de se procurer le document par voie officielle, sans succès. Commandé par le ministre de la Santé d'alors, Olivier Véran, à la fin du mois de juin 2020, le rapport était censé être un "retour d’expérience du pilotage de la réponse à l’épidémie de Covid", un bilan des "réussites, les difficultés et les lacunes" observées au sein du ministère, expliquent nos confrères. Censé être transparent, il n'a finalement jamais été rendu public.

Personnel non formé, cacophonie générale...

Pendant près de trois mois, quatre inspecteurs se sont entretenus avec près de 375 membres de l'administration française – ministère, ARS, élus, hôpitaux... Le texte serait particulièrement critique, notant la désorganisation, l'impréparation et le circuit de décision peu lisible, détaille le quotidien. Le rapport a été communiqué à la Cour de justice de la République, habilitée à juger les membres du Gouvernement dans l'exercice de leur fonction, très critiqués notamment pour la pénurie de masques ou le maintien des élections municipales en mars 2020. Cette juridiction a ouvert une enquête pour juger de la part de responsabilité de l'exécutif dans la gestion du Covid qui a causé près de 160.000 morts.

Dans son rapport, l’Inspection générale des affaires sociales relève que le groupe de gestion de crise qui s'organise au déclenchement de la crise du Covid réunit principalement du personnel non formé. Selon le document commenté par nos confrères, au sein du groupe règne alors une cacophonie sans nom, avec des activités faites en doublon, des sujets qui passent à la trappe notamment dus à un manque de vision d'ensemble...

Côté pilotage de la crise, il est noté qu'on se réorganise continuellement, sans parvenir à trouver une organisation durable. Il y aurait eu 25 organigrammes différents entre mars et juin, notent nos confrères. La coopération entre la cellule logistique interministérielle de crise et Santé publique France aurait viré à la guerre de clochers alors que les soignants manquent cruellement de masques. Le rapport finit par lister 32 recommandations à suivre pour mieux gérer la prochaine crise sanitaire... qui n'aura lieu que quelques mois plus tard, avec la deuxième vague du Covid. Et plus de deux ans après la remise dudit rapport, ces recommandations n'auraient pas ou peu été suivies d'effets, les changements demandés étant titanesques, souligne le média parisien. Contacté par nos confrères, le ministère n'a pas répondu à leur sollicitation.

 

 

https://www.capital.fr/economie-politique/covid-19-un-rapport-confidentiel-accable-le-ministere-de-la-sante-1456372

Les SMS qui contredisent Buzyn

Les alertes de l'ex-ministre de la Santé face à la menace du Covid, début 2020, ont-elles été ignorées ? C'est ce qu'Agnès Buzyn laisse entendre dans Le Monde, ulcérée d'être la seule mise en examen devant la Cour de justice de la République (CJR) dans l'enquête sur la pandémie. Le 25 janvier, elle proposait ainsi à Édouard Philippe « un point de la situation » après les trois premiers cas en France ; son SMS serait resté lettre morte. Or les échanges retrouvés par la CJR montrent que le Premier ministre a répondu. « Je t'appelle », écrivit-il aussitôt. Rien n'établit qu'il l'a fait, mais après un second message de Buzyn, au sujet du retour des Français bloqués à Wuhan évoqué par le Quai d'Orsay, il répondit à nouveau, lui annonçant un appel de Thomas Fatôme, son directeur adjoint de cabinet.

En tout état de cause, le lendemain se tenait à Matignon la première réunion interministérielle sur la crise sanitaire en présence de la ministre de la Santé.

https://www.lepoint.fr/politique/les-indiscrets-les-sms-qui-contredisent-buzyn-03-11-2022-2496321_20.php

 

Covid-19 : un patient sur huit garde au moins un symptôme durable, selon une étude

Ce travail, réalisé aux Pays-Bas, est, par son ampleur et sa méthodologie, une pièce importante pour mieux comprendre le risque de Covid long.

Parmi les personnes atteintes de Covid-19, une sur huit garde à long terme l'un des symptômes caractéristiques du Covid long, montre une étude publiée vendredi 5 août dans le journal scientifique The Lancet. Ce travail, réalisé aux Pays-Bas, est, par son ampleur et sa méthodologie, une pièce importante pour mieux comprendre le risque de Covid long, c'est-à-dire la persistance de symptômes durables après une infection au coronavirus.

En l'état actuel des connaissances, on sait qu'il existe chez certains patients des séquelles spécifiques à une infection au coronavirus et que celles-ci ne s'expliquent pas uniquement par des troubles psychosomatiques, comme l'ont avancé initialement certains médecins. Mais on ignore largement la fréquence de ces troubles et, plus encore, les mécanismes physiologiques par lesquels ils interviennent. Si l'étude du Lancet ne répond pas à ce deuxième questionnement, elle permet de mieux préciser le premier élément, d'abord car elle a été réalisée sur un nombre important de patients: plus de 4 000 personnes atteintes du Covid.

Ces symptômes comprennent "des douleurs abdominales, des difficultés et des douleurs respiratoires, des douleurs musculaires, une agueusie ou une anosmie, des picotements, une gêne dans la gorge, des bouffées de chaleur ou de froid, une lourdeur des bras ou des jambes ainsi qu'une fatigue générale", énumère cette étude publiée. "Chez 12,7% des patients, on peut attribuer ces symptômes au Covid-19", trois à cinq mois après l'infection, concluent les auteurs.

 
France Télévisions
 
Publié

 

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-un-patient-sur-huit-garde-au-moins-un-symptome-durable-selon-une-etude_5294494.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220805-[lestitres-coldroite/titre4]

Dans l’indifférence générale, on continue à mourir du Covid

Deux ans de pandémie et une campagne qui semble n’en avoir tiré aucune leçon. On aurait pu imaginer que, d’un côté comme de l’autre, le Covid soit sinon un sujet majeur au vu de son invisibilisation actuelle, au moins l’occasion d’un retour d’expérience, d’un premier bilan. Il n’en a rien été, et pour cause. Prenant acte de la relative accalmie à l’hôpital, le gouvernement avait délibérément choisi d’anticiper la fin d’omicron en pariant sur une stabilisation des taux de contamination courant avril, afin que l’élection se déroule hors procédure d’exception. Emmanuel Macron n’avait aucune envie de voir rappeler certains épisodes peu glorieux de sa gestion : mensonges sur les masques, paris épidémiologiques risqués, cafouillages divers.

En face, l’opposition n’avait guère intérêt non plus à s’attarder sur son propre passif. La droite «républicaine» s’était vautrée dans les grandes largeurs aux pieds de Didier Raoult, clamant sur toutes les chaînes qu’il était criminel d’attendre des essais cliniques rigoureux avant de déverser par tonnes des molécules inefficaces voire dangereuses sur le grand public au motif de l’urgence. L’extrême droite avait ouvertement dragué les conspirationnistes et les antivax, choisissant d’accélérer le chaos ambiant pour grappiller quelques parrainages et engranger des vues sur les réseaux sociaux. La gauche populaire s’était à maintes reprises fourvoyée, son tribun croyant narcissiquement discerner dans le directeur de l’IHU un de ces hommes exceptionnels «trop mal aimé par les belles personnes pour ne pas éveiller l’intérêt», puis se laissant envoûter par un discours ambigu sur la syndémie. La pandémie n’aurait existé qu’en tant que conséquence des inégalités sociales, et ne touchait que les faibles. Les mesures prises par le gouvernement étaient donc d’autant plus intolérables qu’inadaptées, et devaient être dénoncées comme telles.

A cela s’étaient ajoutés quelques propos ambigus assénés sur les vaccins ARNm au nom d’une spécialisation en surgelés Picard et, pour clore le tout, la mise en avant d’un vaccin russe dont l’incapacité des promoteurs à fournir un dossier scientifique complet avait donné lieu à des soupçons d’atlantisme.

Dans ce marasme, on retiendra en positif le dernier meeting de campagne de Philippe Poutou, et cette injonction à contre-courant du «chacun pour soi», à porter un masque FFP2 «parce qu’on n’est pas tous égaux devant la maladie». Et les prises de position du candidat communiste, Fabien Roussel, de mémoire l’un des seuls à avoir constamment privilégié une approche conforme aux données de la science, sans concession pour le gouvernement mais considérant mesures barrières et vaccins comme nécessaires à la protection de la population, et notamment des plus fragiles médicalement et économiquement parlant, chez qui le virus causait le plus de ravages. Mais, même lui, en fin de campagne, pris à partie chez Cyril Hanouna par Gilles Verdez sur l’absence du masque dans les bureaux de vote, avait eu ce cri du cœur : «Mais aujourd’hui on atteint l’immunité collective !»

 

Multiplication des réinfections

Plus de 100 personnes meurent chaque jourdans une quasi-indifférence générale, depuis des mois. Cent cinquante mille personnes, au bas mot, sont contaminées chaque jour, depuis des mois, sans que cela n’interpelle plus que cela. Je dis «au bas mot», car, répétons-le, les chiffres sont certainement beaucoup plus élevés. Les consignes de test, de traçage, d’isolement, sont devenues absconses au point d’être illisibles. Les malades peu symptomatiques et les cas contacts ne se testent plus. Les réinfections survenant à moins de soixante jours d’un premier épisode de Covid ne sont tout simplement pas prises en compte dans les bases de données, et ce problème, identifié depuis des semaines, n’est toujours pas réglé alors que l’arrivée d’omicron a multiplié ces réinfections depuis le début de l’année. Olivier Véran se félicite a posteriori de son excellente décision d’enlever le masque en lieu clos, en s’appuyant sur des courbes dont il connaît l’inexactitude.

Deux semaines après la levée de toutes les mesures sanitaires, les urgences pédiatriques sont saturées à Rennes, Nancy, Nantes, Perpignan… Le CHR d’Orléans n’accepte plus que les urgences vitales. Une grande partie des aides-soignants et presque tous les infirmiers sont en arrêt maladie. Des services et blocs sont fermés. Des patients passent quatre jours sur un brancard.

 

Et cela se répète. Jour après jour on apprend qu’un service de maternité, d’urgences adultes, d’urgences pédiatriques, ferme ou restreint son activité par surcharge et par manque de soignants. Arcachon, Orsay, Nevers, Le Havre, Toulouse, Le Mans…

Mais comme le martelait avec véhémence l’un des rassuristes de plateaux en chef, Gérald Kierzek : «Plus on teste, plus il y a de personnes positives. Donc il faut déjà arrêter de tester, pour éviter que tout le monde s’affole.» Le gouvernement a tenu compte de ce conseil judicieux.

 

Comme aurait dit Joseph Staline, un autre grand théoricien : «Un homme, un problème. Plus d’homme, plus de problème.»

 

 
 
 
 
 

Christian Lehmann  ( médecin et écrivain)

Patients non-vaccinés : l'appel à l'aide des médecins

En France, lundi 3 janvier, 67 461 nouveaux cas de Covid-19 ont été recensés en 24 heures. Les lits de réanimation commencent à manquer dans certains hôpitaux, et les médecins n'hésitent plus à dire leur colère face à des patients non-vaccinés, qui occupent jusqu'à 90% de soins intensifs.

Submergés par la vague Delta, les hôpitaux de Marseille (Bouches-du-Rhône) sont saturés. À la Timone, 86 % des patients en réanimation ne sont pas vaccinés. Les médecins lancent un appel à l'aide, face aux services de réanimation encombrés par des patients Covid et aux opérations déprogrammées, ils craignent de mal prendre en charge certains malades. "On se retrouve devant des difficultés majeures pour arriver à soigner tout le monde", déplore Jean-Luc Jouve, président de la Commission médicale de l'assistance publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM).

Pas de sanction pour les non-vaccinés

Pour créer une prise de conscience, André Grimaldi, professeur émérite au CHU de la Pitié Salpêtrière, les invite à signer une décharge, précisant qu'ils ne souhaitent pas être réanimés si la situation se présentait. La classe politique s'en mêle, Sébastien Huygues, député (LR) du Nord, propose de faire payer les soins aux non-vaccinés. Lundi 3 janvier, le ministre de la Santé a complètement exclu la possibilité de sanctionner, d'une façon ou d'une autre, les non-vaccinés lors de leur prise en charge.

M. Subra-Gomez, T. Souman, D. Basier, T. Curtet, M. Cazaux, T. Breton, C. La Rocca, O. Gardet, R. Gardeux, J. Cordier - France 2
France Télévisions

 

 

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La propagation du Covid-19 chez les cerfs de Virginie commence à inquiéter

Selon une étude américaine, plus de 80 % des cerfs, testés entre décembre 2020 et janvier 2021 dans l'Etat d'Iowa, aux Etats-Unis, s'avèrent positifs au virus. Les scientifiques qui ne s'attendaient pas à une telle proportion craignent que cette espèce ne devienne un réservoir pour le virus.

Le cerf de Virginie, l'un des grands mammifères les plus communs en Amérique du Nord, peut-il devenir une bombe ambulante et transmettre le Covid 19 à l'homme ? Pour l'heure ce n'est pas le cas. Mais, dans une nouvelle étude, des vétérinaires de l'Université de Pennsylvanie s'en inquiètent, tant la présence du virus est forte chez ces cervidés qui ont aussi été introduits dans de nombreux pays tels que la Finlande, l'ancienne Tchécoslovaquie ou bien encore la Nouvelle-Zélande.

Le cerf de Virginie pourrait, selon ces scientifiques, devenir un « réservoir » du virus. En clair il pourrait proliférer et évoluer sous de nouvelles formes au sein de cette espèce avant, en théorie, de redevenir transmissible à l'homme sous une forme non prise en compte par les vaccins.

Une envolée du nombre de cerfs testés positifs au Covid

La présence du Covid au sein de la population des cervidés outre-Atlantique n'est pas une réelle nouveauté. Deux études, publiées au printemps et à l'été par le Centre de recherche américain sur la vie sauvage (NWRC), montraient que ces animaux étaient très contaminés et se transmettaient le virus entre eux. Mais ce qui a étonné et inquiète de ce fait les chercheurs dans cette nouvelle étude qui n'a pas encore été évaluée par la communauté scientifique , c'est la forte proportion de cervidés infectés. « Nous avons été très surpris de voir un si grand nombre d'échantillons positifs », résume l'un des auteurs.

De fait, si entre avril et décembre 2020, seulement un tiers des cerfs étaient positifs, cette part a bondi à 80 % pour ceux analysés entre novembre 2020 et janvier 2021. Et pour rendre ces résultats un peu plus anxiogènes, les deux vétérinaires ont découvert la présence de nombreux variants qui correspondaient à ceux également identifiables chez l'homme. Tous les cerfs étudiés vivaient soit en liberté dans des espaces publics ou en zones périurbaines, soit en pleine nature, soit enfin en captivité dans des enclos réservés à la chasse.

La crainte du précédent des visons d'élevage

Les scientifiques craignent donc implicitement de voir se répéter, avec les cerfs de Virginie, ce qui s'est passé avec les visons d'élevages dans de nombreux pays d'Europe ainsi qu'en Chine. Dans certains cas très spécifiques, en effet, le virus du Covid-19, après avoir subi des mutations, a été transmis à l'homme par ces animaux élevés pour leur fourrure. « Depuis juin 2020, 214 cas humains de Covid-19 ont été identifiés au Danemark avec des variants du Sars-CoV-2 associés à des visons d'élevage, dont 12 cas avec un variant unique […] dans le Jutland du Nord » relevait ainsi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en novembre 2020.

Or, si dans le cas du vison la méthode choisie pour éliminer le danger a été radicale avec l'abattage des animaux présents dans les élevages contaminés , la solution paraît moins réalisable dans le cas du cerf de Virginie. Aux Etats-Unis on ne compte pas moins de 30 millions de ces cervidés, tandis qu'on en recense 325.000 au Canada et 115.000 en Finlande par exemple.

Mieux surveiller le virus dans la faune

Les scientifiques prônent donc la plus grande vigilance et d'anticiper au maximum l'apparition de variants. Et ils estiment « urgent » de continuer à surveiller l'évolution du virus dans la faune sauvage, « en particulier chez les animaux qui pourraient servir de réservoir, comme le cerf. » Une recommandation qui milite implicitement pour le concept anglo-saxon d'« une seule santé » (« One Health »), très développé outre-Atlantique, et qui repose sur l'idée que la santé de la population humaine et des animaux sont liés.

Reste aussi à déterminer de quelle manière ces cerfs de Virginie sont contaminés par l'homme. Traditionnellement en effet, ces animaux ne vivent pas en groupes importants et ont, finalement assez peu de contacts avec l'homme, sauf dans des parcs ou zoos. La piste la plus pertinente semble donc être celle d'une source de contagion qui passerait par les eaux usées qui contamineraient l'eau que boivent les cervidés.

Claude Fouquet

 

des nouveau-nés hospitalisés, un phénomène nouveau

Le service pédiatrique de l'hôpital de Nice (Alpes-Maritimes) reçoit de plus en plus de nourrissons positifs au Covid-19 présentant des symptômes sérieux. Les cas graves chez les enfants restent rares, mais ils sont plus récurrents depuis l'arrivée du variant Delta.

À Nice (Alpes-Maritimes), les pédiatres font face à un phénomène nouveau : le Covid-19 s'attaque à des nourrissons. Plusieurs nouveau-nés sont en effet hospitalisés. Mais lors des vagues précédentes, le service pédiatrie était vide. Depuis juillet, le nombre d'enfants positifs au Covid-19 a été multiplié par dix. Sur les 9 233 patients hospitalisés en France, figurent seulement 44 enfants de 9 ans ou moins, et 74 jeunes de 10 à 19 ans. Mais le variant Delta a fait grimper les contaminations chez les enfants. 

Faut-il vacciner les enfants ?

Pour les médecins, il s'agit plus d'une inquiétude épidémiologique que médicale, car peu d'enfants positifs développent des symptômes graves. Mais un foyer comprenant un enfant entre 11 et 17 ans augmente le risque d'infection par le Covid-19 des adultes jusqu'à 30%. La rentrée ne devrait pas arranger les choses. Alors, faut-il vacciner les enfants ? Les enfants de moins de 12 ans ne sont pour l'instant pas éligibles. Plusieurs laboratoires, comme Pfizer ou Moderna, ont commencé des phases de test, dont les résultats pourraient commencer à tomber en septembre. 

J.Lonchampt, S.Piard, L.Benzaquen, P.Vaireaux, A. Lo Cascio, N.Murviedro - France 2
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la vaccination obligatoire pour les soignants est approuvée par 76% des Français, selon un sondage

Un majorité se prononce également en faveur de l'extension du pass sanitaire (vaccination complète ou test négatif récent), même si l'adhésion varie quelque peu suivant les lieux concernés, n'atteignant que 58% pour les cafés et restaurants.

Un plébiscite. Selon le sondage Elabe pour BFMTV publié mardi 13 juillet, la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, annoncée lundi par Emmanuel Macron pour lutter contre la reprise épidémique du Covid-19, est approuvée par 76% des Français. D'une manière générale, toutes les nouvelles mesures liées à la crise sanitaire bénéficient du soutien d'une majorité de la population. 

L'adhésion à l'extension du pass sanitaire (vaccination complète ou test négatif récent) varie quelque peu suivant les lieux concernés. Très forte pour l'accès aux voyages en avion, train et car (76%), aux hôpitaux et maisons de retraite (70%), elle l'est moins pour l'accès aux lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes (66%) et l'accès aux cafés, restaurants et centres commerciaux (58%). Toujours selon le sondage, les Français approuvent également (63%) la fin de la gratuité des tests PCR, hors prescription médicale, à partir de l'automne.

Une plus faible majorité (54%) des Français jugent les mesures annoncées "adaptées à la situation", le reste les jugeant plutôt trop strictes (31%) que pas assez (15%).

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Variant Delta du Covid-19 : "Ne pas se faire vacciner, c'est faire preuve d'incivilité", selon le professeur Jean-François Timsit

Face à la progression du variant dit indien, le chef du service de réanimation et des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat rappelle la nécessité de se faire vacciner. Une dose ne suffit pas, d'autant plus contre ce variant.

Alors que le variant Delta du Covid-19 gagne du terrain en France, "ne pas se faire vacciner à l'heure actuelle, c'est faire preuve d'incivilité", estime samedi 26 juin sur franceinfo le professeur Jean-François Timsit, chef du service de réanimation et des maladies infectieuses à l'hôpital Bichat, à Paris. "Ce variant est 50% plus contagieux que le variant dit anglais", ajoute Jean-François Timsit. "Il y aura toujours des contre-indications au vaccin, mais ça restera infime par rapport aux gens qui doivent profiter de cette vaccination. A ce stade, si on veut pouvoir revivre, il n'y a pas d'autre solution", insiste le médecin.

franceinfo : Le variant Delta découvert en Inde arrive chez nous. Est-ce qu'il faut redouter dans les jours, les semaines à venir, une hausse des contaminations partout en France, à cause de ce variant ?

Jean-François Timsit : C'est certain. Nous avons des données assez claires montrant que ce variant est 50% plus contagieux que le variant dit anglais. Donc, il y a clairement un risque. D'autant plus qu'à l'heure actuelle, on vit quasiment normalement, alors qu'on a une couverture vaccinale qui est encore très insuffisante. Il faut savoir qu'une dose, d'après ce que l'on sait, ne protège qu'à 33% de la contamination au variant Delta.

Ce n'est qu'avec deux doses des vaccins à ARN messager qu'on obtient des protections qui sont de l'ordre de 85 à 90%.

Jean-François Timsit, chef du service réanimation à l'hôpital Bichat

à franceinfo

Il y a donc une course contre la montre entre la vaccination et l'arrivée de ce variant qui va s'installer si on ne se vaccine pas plus. Si vous ne vous vaccinez pas, vous allez mettre en risque l'ensemble de vos proches et des gens que vous allez croiser et qui sont éventuellement fragiles. Bien entendu, les gens fragiles qui ne se vaccinent pas ont un risque de mortalité qui va être d'autant plus élevé qu'ils ont des facteurs de risque importants.

Les jeunes semblent être plus touchés par ce variant Delta. Parce que ce sont les moins vaccinés ?

C'est comme d'habitude. Le début de la reprise épidémique passe toujours par les jeunes. Pour l'instant, ce sont les moins vaccinés. Ce sont aussi eux qui profitent le plus de la réouverture du pays et du déconfinement complet. Donc on voit une augmentation de la contamination chez les jeunes. Ils ne vont pas être très malades, bien sûr, mais ils vont être la source de la diffusion du virus partout. Je crois que les jeunes sont très motivés pour se faire vacciner et il faut qu'ils le fassent. Ils doivent convaincre leurs aînés de faire la même chose, pour ceux qui sont encore réticents. Ce que l'on craint, c'est que ce variant Delta prenne le pas, parce que l'immunité apportée par le vaccin n'est pas très bonne, et qu'il est plus contagieux que les autres. Avec le risque de repartir vers le mois de septembre. Avoir une reprise des cas, voire même une reprise des cas hospitalisés ou des cas graves. C'est possible, et en particulier si on ne se vaccine pas suffisamment.

Que faut-il faire pour motiver encore les gens à aller se faire vacciner ? On voit que la campagne marque le pas.

Moi, je serais assez raide. Je pense que ne pas se faire vacciner à l'heure actuelle, c'est faire preuve d'incivilité. C'est probablement idiot de ne pas se faire vacciner quand on a des facteurs de risque. Mais en plus, c'est très incivil de ne pas le faire pour les autres. Il y aura toujours des contre-indications au vaccin, mais ça restera infime par rapport aux gens qui doivent profiter de cette vaccination large. A ce stade, si on veut pouvoir revivre, il n'y a pas d'autre solution. Et cette solution, elle est collective. On ne peut pas accepter que 30 à 40 % de la population disent : "Non, je suis contre le vaccin !" Donc oui, ma réponse serait à terme d'être extrêmement incitatif. 

Radio France
 
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"Covid" au masculin et sans majuscules dans Le Petit Robert 2022

Le Petit Robert estime que "l'usage fait loi" et retient que le mot "covid" s'emploie majoritairement au masculin dans les pays francophones. 

Le Robert, l'un des deux grands dictionnaires commerciaux en France, estime dans son édition 2022 que le mot "covid" s'écrit avec une minuscule et qu'il est plutôt masculin.

Pour désigner la maladie virale qui s'est répandue dans le monde entier, le Robert distingue le terme générique de "covid", comme dans l'exemple "suspicion de covid", et celui spécifique de "Covid-19" avec une majuscule. La définition donnée est : "Maladie infectieuse et contagieuse causée par un coronavirus".

Son concurrent, le Larousse, met systématiquement une majuscule, donnant comme graphies possibles "COVID-19 ou Covid-19".

Hésitations sur le genre

Covid-19 est un acronyme forgé à partir de l'anglais par le Comité international de taxonomie des virus (ICTV) et adopté par l'Organisation mondiale de la santé en février 2020. Il signifie maladie à coronavirus de 2019.

Son genre grammatical fait l'objet d'hésitations en français. Pour le Robert, il est "masculin ou féminin", donc plus fréquemment masculin, alors que pour le Larousse, il est "féminin ou masculin" : plus correct en féminin, mais masculin chez de nombreux locuteurs.

Dans sa présentation du dictionnaire 2022, Le Robert estime que "c'est l'usage qui fait loi. Si le féminin est adopté au Canada francophone, le masculin est pour l'instant majoritaire en France, où l'avis de l'Académie française a été rendu tardivement, alors que le masculin était déjà bien implanté".

Afflux de mots liés à la pandémie

Le Robert a ajouté de nombreux mots liés à la pandémie. Certains très courants dans le langage aujourd'hui, comme "déconfinement", "distanciel", "cas contact", et d'autres plus rares, comme "aérosolisation" ("diffusion aérienne de fines particules par aérosol") ou "saturomètre" ("appareil qui mesure la saturation du sang en oxygène").

>> Petit Larousse illustré 2022 : 170 nouveaux mots, "un bouleversement" pour ce professeur qui n'a "jamais vu un tel changement linguistique"

Le linguiste Alain Rey, l'un des principaux créateurs des dictionnaires Le Robert, décédé en octobre, fait son entrée parmi les noms propres, aux côtés entre autres du Premier ministre Jean Castex, du président américain Joe Biden et de sa vice-présidente Kamala Harris, ou de l'astronaute Thomas Pesquet.

 

 

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/covid-au-masculin-et-sans-majuscule-dans-le-petit-robert-2022_4618473.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20210511-[lespluspartages/titre2]

"À un moment donné", le Covid-19 "va rentrer dans les rangs des virus saisonniers banals", assure le virologue Bruno Lina

Selon le virologue, membre du Conseil scientifique, l'immunité due à la vaccination et au nombre de personnes contaminées "commence" à avoir un impact sur l'épidémie de Covid-19.

"À un moment donné, le potentiel évolutif" du Covid-19 "va arriver à une fin. Quand il arrivera à cette fin, il va rentrer dans les rangs des virus saisonniers banals qui donneront des rhumes ou des infections pas sévères", a assuré le virologue Bruno Lina membre du Conseil scientifique, jeudi 4 mars,sur franceinfo.

"L'immunité à la fois post-infectieuse et post-vaccinale que l'on commence à avoir impacte le virus, explique Bruno Lina. S'il veut continuer à pouvoir diffuser à l'intérieur de la population humaine, il faut qu'il s'adapte, qu'il évolue. Et c'est ce qu'il est en train de faire".

Aujourd'hui en France, plus d'une personne contaminée sur deux est infectée par le variant britannique, plus contagieux, qui deviendra le seul virus en circulation, probablement fin mars, d'après les spécialistes.

 

D'autres variants apparaissent, notamment celui de New York, mais d'après le virologue, c'est plutôt une bonne nouvelle. "C'est un élément d'espoir, estime Bruno Lina. On est peut-être dans une phase où ce virus a fini de faire son évolution et maintenant on arrive sur une fin de phase pandémique pour rentrer dans une phase de circulation à bas bruit du virus."

« Inaugurer le temps des arbitrages où tout ne pourra, heureusement ou malheureusement, être maintenu »


Prenant l’exemple d’Air France, quatre enseignants-chercheurs montrent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut passer d’une gestion du maintien de l’existant à celle de la suppression pure et simple des activités que condamnent les catastrophes à venir.

 "Faut-il sauver Air France ? Maudit soit celui qui répondra : « Oui, sans hésiter. » Un expert du marketing ou un syndicaliste militant se rejoindront pour expliquer à quel point Air France est plus qu’une simple entreprise ; c’est un symbole, un mythe, un patrimoine, un fleuron, une fierté, à tel point que la foison de qualificatifs susciterait immédiatement une curiosité anthropologique qui s’attacherait à décoder ce que cet attachement si particulier et si puissant à cette entité nous dit de la cosmologie des Français.


Maudit soit aussi celui qui répondra trop hâtivement : « Non, Air France est incompatible avec les enjeux écologiques », ignorant justement tous les peuples, les collectifs, les affects qui nous attachent à cette entité si dense.

Les enjeux sociaux et les risques politiques sont en fait trop importants pour répondre trop clairement à la question. On se protégera en affirmant que la situation est soit exceptionnelle, soit trop complexe, deux avatars managériaux très utiles permettant d’échapper à la question qui tue. Au mieux, on cherchera à conditionner le sauvetage à quelques vagues exigences techniques, sociales ou écologiques.
Dans tous les cas, on fera tout pour de ne pas regarder l’anthropocène dans les yeux, cette nouvelle époque climatique et écologique faite d’irréversibilités, de discontinuités et autres situations catastrophiques comme celle que nous vivons en ce moment.


« Vide stratégique »


Or notre monde organisé est peuplé de milliers d’organisations « comme Air France », c’est-à-dire d’entités qui ont fait proliférer des réseaux de dépendance offrant, dès lors, très peu de prises politiques. Ces objets sont puissants, et la crise liée au Covid-19 nous montre à quel point leur puissance réside non pas dans leur solidité financière ou leur modèle économique, mais plutôt dans les attachements, c’est-à-dire dans les réseaux de dépendances fortes qu’ils ont su tisser autour d’eux, faisant de leur existence un préalable à la subsitance de nombreux humains.
Sauver Air France est ainsi un impératif qui ne se discute pas. Tenter de répondre autrement à cette question ouvrirait en effet la boîte de Pandore : celle de l’ingénierie de la fermeture, celle des protocoles de renoncement, celle qui consiste à inaugurer le temps des arbitrages où tout ne pourra, heureusement ou malheureusement, être maintenu.

Cette impossibilité à envisager la fermeture est symptomatique du « vide stratégique », selon le titre du livre de Philippe Baumard (CNRS Editions 2012), dans lequel les organisations et les politiques qui les encadrent se situent. Si nous ne pouvons pas imaginer la fermeture d’Air France, nous ne pourrons jamais imaginer la fermeture d’une compagnie pétrolière, d’une entreprise de croisière, ni d’une société qui promet des voyages spatiaux. La compagnie pétrolière est encore plus essentielle qu’Air France pour faire tourner nos économies sous perfusion aux énergies fossiles. Nos ambulances sont attachées à Total ! L’entreprise de croisière offre des milliers d’emplois et des vacances bon marché à des cohortes de classes moyennes du monde entier. Les voyages spatiaux, du point de vue de la construction de nouvelles mythologies cherchant à forcer le possible, ne sont pas mal non plus ! Cette impossibilité nous dit beaucoup, aussi, de cette incapacité du management à penser autrement que par la continuité, l’action, le possible, le projet ou le processus.


Protocole de soin


La première exigence d’un protocole de redirection écologique consiste à imaginer sereinement et lucidement la possibilité d’une fermeture pour des raisons anthropocéniques. La question est donc moins celle de fermer Air France que de pouvoir penser et anticiper sa possible (et probable à moyen terme) trajectoire de fermeture, c’est-à-dire son « atterrissage », pour prendre au mot le concept du philosophe Bruno Latour.


Ceci débouche alors sur une deuxième caractéristique liée à l’éclosion de nouveaux imaginaires managériaux encore tabous aujourd’hui : le management (qu’il soit stratégique ou opérationnel) serait moins guidé par l’hystérie d’un agir projectif que par un soin porté à la bonne fermeture. Pour employer une analogie médicale, il ne s’agit plus de maintenir en vie coûte que coûte, mais de penser le protocole de soin dans l’accompagnement d’une fermeture.

La redirection écologique des organisations est donc un programme ambitieux d’un point de vue cosmologique (il agit sur les imaginaires) et technique (il exige des nouvelles compétences). Elle fait subir une série de torsions à la question initiale, de manière à faire surgir toutes les questions que l’on préfère cacher sous la serviette.


Sommes-nous réellement en train de sauver Air France ? Ou sommes-nous en train de la mettre en coma artificiel ? A quoi renonçons-nous en sauvant une entreprise ? Qui ne sauve-t-on pas en sauvant Air France ?
Poser sincèrement et démocratiquement de telles questions ouvrirait alors de nouveaux horizons concrets pour l’écologie politique, et notamment la question centrale du « comment fermer ? ».


Technologies « zombies »


Que veut dire vraiment « prendre soin » d’une entreprise condamnée par sa matérialité écologique, par son design fautif ? Car l’anthropocène est un bon révélateur des erreurs en matière de design d’objets pensés dans des imaginaires relativement récents et déjà dépassés. L’avion, comme milles autres réalités de notre héritage industriel, est une anomalie en matière de design, une « technologie zombie » au sens du physicien José Halloy. Pour diverses raisons : sa dépendance à des énergies fossiles, son inscription dans de vastes réseaux de dépendances créant des irréversibilités politiques et écologiques… L’avion en tant que transport de masse est condamné si nous prenons l’anthropocène au sérieux (bien évidemment nous pouvons décider de ne pas le prendre au sérieux).

Sauver Air France, c’est ainsi d’abord sauver les personnes qui dépendent d’elle au jour le jour, c’est leur permettre de retrouver une autonomie et ne plus lier leur existence à la finitude écologique d’Air France. Récemment, un patron de fonds d’investissement nous confiait sous le couvert de l’anonymat : « La décroissance est devenue le principal scénario d’optimisation financière. » Nous faisons le pari que bien penser une trajectoire de fermeture par la création de nouveaux régimes d’assurances et de redirections sera plus efficace socialement, écologiquement et économiquement qu’une fermeture brutale typiquement néolibérale.


La redirection écologique offre ainsi un nouvel horizon d’intervention publique et technique : accompagner lucidement la fermeture d’organisations incapables d’envisager autre chose que la persévérance dans leur être, coûte que coûte et à l’infini.

Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin sont enseignants-chercheurs, respectivement en gestion, économie et philosophie, au groupe ESC Clermont, membres d’Origens Media Lab où ils pilotent le projet « Closing Worlds Initiative ». Sophie Marmorat est enseignante-chercheuse en gestion au groupe ESC Clermont."
(publié par Joëlle Leconte)

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/10159393238157281

 

L'épidémie de coronavirus pourrait déclencher un effondrement de 25.000 milliards de dollars (20.000 milliards de livres sterling) dans l'industrie des combustibles fossiles en accélérant le déclin terminal des entreprises les plus polluantes du monde.

Une étude a révélé que la valeur des réserves mondiales de combustibles fossiles pourrait chuter de deux tiers, plus tôt que ne le prévoit l'industrie, car la crise du Covid-19 a accéléré le pic de la demande de pétrole, de gaz et de charbon.

L'effondrement imminent des combustibles fossiles pourrait constituer "une menace importante pour la stabilité financière mondiale" en anéantissant la valeur marchande des entreprises de combustibles fossiles, selon le groupe de réflexion financier Carbon Tracker.

Le rapport prévoit qu'une baisse de 2 % de la demande de combustibles fossiles chaque année pourrait faire passer les futurs profits des compagnies pétrolières, gazières et charbonnières de 39 à 14 milliards de dollars.

Il avertit qu'un coup porté aux entreprises de combustibles fossiles pourrait provoquer une onde de choc dans l'économie mondiale, car leur valeur marchande représente un quart des marchés boursiers mondiaux et elles doivent des billions de dollars aux banques mondiales.

Kingsmill Bond, l'auteur du rapport, a déclaré "Il est temps de planifier une réduction progressive et ordonnée des actifs liés aux combustibles fossiles et de gérer l'impact sur l'économie mondiale plutôt que d'essayer de maintenir ce qui n'est pas durable".

Le rapport indique que le monde "assiste au déclin et à la chute du système des combustibles fossiles" en raison de la croissance plus rapide que prévu des alternatives d'énergie propre, associée à l'effondrement de la demande de combustibles fossiles dans le contexte de la pandémie.

Il fait suite aux conclusions de l'Agence internationale de l'énergie, qui prévoyait que les retombées du Covid-19 entraîneraient la chute la plus grave de la demande énergétique depuis la Seconde Guerre mondiale et déclencheraient des creux de plusieurs décennies pour la consommation mondiale de pétrole, de gaz et de charbon, alors que les énergies renouvelables continueraient de croître.

La demande mondiale de combustibles fossiles a chuté de près de 10 % en raison du blocage par le coronavirus, et de nombreux économistes de l'énergie pensent qu'elle pourrait ne pas se remettre de la crise.

Selon M. Bond, les entreprises de combustibles fossiles et leurs investisseurs n'ont pas réalisé que le déclin actuel de l'industrie des combustibles fossiles pourrait être fatal.

"Ce qui est bizarre, c'est que les détenteurs de combustibles fossiles ont été si longtemps résistants à l'idée de changement et ont fait tellement de fausses déclarations qu'ils risquent d'être victimes de leur propre rhétorique", a-t-il déclaré.

"Il y a beaucoup plus de risques inhérents au système des combustibles fossiles que ce que l'on trouve habituellement sur les marchés financiers. Les investisseurs doivent augmenter les taux d'actualisation, réduire les prix attendus, diminuer les valeurs finales et prendre en compte les coûts de nettoyage".

(publié par J-Pierre Dieterlen)

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/10159385677767281

 

“l’économie mondiale doit repenser d’urgence son modèle !”

 

 

 

Les décisions que nous pourrons prendre pour préparer le monde d’après "ne mèneront à rien si l’on ne réalise pas notre transition énergétique, et cela dans les plus brefs délais", met en garde notre chroniqueur Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI Asset Management.

 

A l’heure où la crise du coronavirus garde encore confinée près de la moitié de la population mondiale, il est important de prendre un peu de recul et de se rappeler un élément essentiel : au cours des dernières décennies, notre monde s’est considérablement amélioré. La richesse mondiale s’est appréciée, beaucoup de gens sont entrés dans la classe moyenne, l’espérance de vie s’est considérablement allongée, la faim dans le monde a reculé : non, ce n’était pas mieux avant ! Cette formidable transformation, nous la devons en grande partie au pétrole et aux énergies fossiles. Energie dense, le pétrole - et le charbon avant lui - est sans doute aussi en partie à l’origine de la fin de l’esclavage. Le pétrole a modifié à jamais la façon de faire la guerre mais aussi la raison de faire la guerre.

La crise du coronavirus, qui s’est soldée par une baisse drastique de notre consommation d’énergie (la consommation de pétrole a perdu près de 30% au pic de l’épidémie), est venue nous rappeler ce lien indéfectible qui existe entre la croissance, dont la définition est la valeur en Euro issue de la transformation des biens et des services, et l’énergie, que la physique définit comme la capacité mesurée en joules de transformation d’un système. Ce que le P.I.B. compte en euro, la physique le compte en joule !

 

Le problème est que nous sommes aujourd’hui confrontés à une double limite. D’abord, la disponibilité de ces ressources est finie. L’AIE a donné l’alerte fin 2018 en actant que le pic de production du pétrole conventionnel avait été atteint en 2008 ! Depuis, nous ne tenons que grâce au développement des pétroles non conventionnels américains et canadiens, dont l’équilibre financier déjà précaire est aujourd’hui encore un peu plus fragilisé par la baisse de consommation et la baisse de prix induites par la crise sanitaire. L’autre souci, c’est qu’aujourd’hui cette énergie nous tue. Les émissions de CO2 qui y sont associées polluent notre air, faisant des centaines de milliers de victimes chaque année à travers le monde, et entraînent un réchauffement qui, si l’on ne fait rien, provoquera des bouleversements climatiques mettant en grave danger notre existence même !

Le réchauffement climatique, au même titre que le virus qui nous frappe, est un ennemi vicieux, car invisible. Comme la grenouille qui ne voit pas le danger si vous la mettez dans une casserole d’eau froide sur un réchaud, nous sommes en train de cuire à petit feu sans nous en rendre compte.

 

Ce que la crise du coronavirus a mis en évidence sur ce point, c’est qu’avec une crise aussi violente que celle que nous traversons, nos émissions de CO2 devraient reculer de moins de 10% cette année. Si cela est une bonne nouvelle pour le climat, ça l’est moins si l’on confronte cela à l’échelle des engagements que l’on a pris notamment lors des Accords de Paris : la COP 21 vise une division par 4 de nos émissions d’ici à 2050. Plus encore, compte tenu de notre mode vie et de la démographie, l’ampleur de la réduction à opérer si nous ne voulons rien changer à nos modes de vie est une division par plus de 10 de nos émissions de CO2 ! Il nous faut donc repenser d’urgence notre modèle économique, nos valeurs.

La crise sanitaire qui nous touche aujourd’hui, en arrêtant totalement notre économie pour plusieurs semaines, nous donne l’occasion de prendre un peu de hauteur et de réfléchir au modèle de société que nous voulons remettre en place une fois ce drame passé. Certaines industries devront par exemple, être abandonnées ou repensées. Mais rien n’est facile. Et c’est dans le domaine énergétique que le challenge est peut-être le plus important. Nous devons décarboner notre économie et, pour cela, décarboner notre énergie. Le problème c’est que l’énergie est partout, et que les énergies fossiles ont des qualités inégalables.

 

Il n’existe pas de solutions simples pour réaliser la transition énergétique aujourd’hui indispensable. Les énergies renouvelables, que l’on qualifie souvent d’énergies nouvelles, sont en réalité les plus anciennes au monde ! Et on ne les a pas abandonnées contraints et forcés, pour se tourner vers des solutions moins efficientes ! Y revenir pose des problèmes énormes, au premier rang desquels leur intermittence, mais aussi leur acceptabilité sociale. La disponibilité des métaux de base nécessaires à leur généralisation est aussi une limite, sur laquelle la Banque Mondiale notamment a déjà fait part de son inquiétude.

Le nucléaire, source d’énergie qui n’émet pas de CO2, pose d’autres problèmes - en particulier la gestion des déchets - et interroge, elle aussi, sur son acceptabilité sociale. Mais elle présente l’avantage, contrairement à une opinion largement répandue, d’être une des énergies la moins émettrice de gaz à effet de serre ! Il n’y a pas de solution magique. Il faudra faire des choix : a-t-on besoin de croître tous les ans pour être heureux ? Le risque nucléaire est-il acceptable ? Le coût des énergies renouvelables est-il supportable ? Et comment gère-t-on l’intermittence ? Ou les déchets radioactifs ? Le développement de l’aviation civile doit-il être limité ? Ce sont autant de questions que nous devrons nous poser en sortie de cette crise sanitaire. Et la sphère politique a bien évidemment un rôle à jouer en fixant des objectifs et des règles claires.

Bien sûr, il y a des raisons d’espérer. Les ingénieurs travaillent sur le stockage de l’électricité pour pouvoir solutionner le problème de l’intermittence, d’autres travaillent au développement de la fusion nucléaire, qui permettrait une énergie quasi infinie et presque sans déchet. D’autres enfin travaillent sur la captation du CO2. Tous ces éléments sont des lueurs d’espoir, mais la situation exige des réponses et un ajustement immédiat de notre modèle. La situation est grave, mais nous nous devons de rester optimistes, tout en prenant bien garde néanmoins de ne pas être complaisants !

Comme le rappelaient Matthieu Auzanneau et Jean-Marc Jancovici, du Shift project, dans une tribune récemment : “La France est le pays des lumières, il est temps de changer l’ampoule” ! Toutes les décisions que nous pourrons prendre pour préparer le monde d’après ne mèneront à rien si l’on ne réalise pas notre transition énergétique, et cela dans les plus brefs délais. C’est cela qui constitue, plus que jamais, notre enjeu d’avenir(s) !

Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI Asset Management, achevé de rédiger le 18/05/2020

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