le pic de tout..

Publié le par ottolilienthal

Le pic pétrolier confirmé en novembre 2018.

 On entend souvent dire que les prévisions concernant le pic pétrolier se sont révélées erronées à maintes reprises.

La dernière fois, l'AIE (Agence internationale de l'énergie) a déclaré que la demande mondiale de pétrole avait battu un nouveau record.  

https://www.eleconomista.es/mercados-cotizaciones/noticias/12404278/08/23/-la-demanda-mundial-de-petroleo-alcanzara-un-record-y-amenaza-con-impulsar-los-precios.html  


"La demande mondiale de pétrole devrait atteindre un nouveau record cette année, en raison de la forte consommation en Chine, et le "risque" d'une hausse des prix est toujours bien présent. C'est ce qu'affirme l'Agence internationale de l'énergie dans son dernier rapport mensuel, selon lequel la demande mondiale de pétrole brut a déjà atteint un pic de 103 millions de barils par jour en juin, révisé à la hausse par rapport à une première estimation et après deux mois de chiffres peu encourageants."


Rapidement, tous les "spécialistes" sont revenus à la charge pour dire que la prévision n'avait pas été atteinte.


La demande n'est pas la production, mais la production de liquides (y compris les LGN, les biocarburants et les bénéfices des raffineries) n'est pas la même que la production de pétrole brut.

Pour en finir une fois pour toutes avec ce "mystère", je vous présente les données officielles fournies par l'EIA américaine, où la production réelle de pétrole est clairement visible mois après mois.


D'abord dans le graphique fourni par l'OVI dans peak oil barrel.


https://peakoilbarrel.com/us-september-oil-production-new-record-high/#comments  


Et si quelqu'un veut vérifier les données mois par mois....


Chiffres officiels de l'EIA.


https://www.eia.gov/international/data/world/petroleum-and-other-liquids/monthly-petroleum-and-other-liquids-production?pd=5&p=0000000000000000000000000000000000vg&u=0&f=M&v=mapbubble&a=-&i=none&vo=value&&t=C&g=00000000000000000000000000000000000000000000000001&l=249-ruvvvvvfvtvnvv1vrvvvvfvvvvvvfvvvou20evvvvvvvvvvnvvvs0008&s=94694400000&e=1690848000000


Une capture d'écran permet de le voir clairement.


Août 2023.


Production mondiale totale de liquides en août 2023.    101 199 millions de b/j.


Pétrole et condensats.                                                          80,7 milliards b/j.


Liquides de gaz naturel.                                                           13,288 millions de b/j.


Autres liquides (biocarburants, etc.) 4,824 millions b/j.


Bénéfices des raffineries.                                                     2,387 millions de b/j.


La même capture d'écran (en déplaçant le curseur, vous pouvez avancer ou reculer mois par mois) en novembre 2018, le pic a été atteint à 84,651 millions b/j.


Avec cette répartition, il est très clair que le pic pétrolier est loin d'être dépassé, malgré les pics de production de tous les liquides, annoncés par l'AIE.

N'oubliez pas que la différence fondamentale est que les LGN et les biocarburants ne sont pas utilisés pour produire du diesel, de sorte que le chiffre important est la production totale de pétrole brut.  


Je vous salue.

Quark

 

07 décembre 2023

J'ai mis à jour le graphique de l'extraction d'uranium dans le monde avec de nouvelles données de l'Association nucléaire mondiale : https://world-nuclear.org/information-library/nuclear-fuel-cycle/mining-of-uranium/world-uranium-mining-production.aspx. On peut y voir plusieurs choses...

La première : l'extraction mondiale d'uranium a augmenté entre 2021 et 2022. Vous voyez, messieurs les prophètes de malheur, qu'il n'y avait pas de problème ? Bien sûr, si vous regardez le graphique, vous ne voyez pas de forte augmentation. Que s'est-il passé ?

La plupart des pays ont connu des baisses plus ou moins importantes de leur extraction, et un seul pays a connu une forte augmentation : le Canada, 2700 tonnes. Le Kazakhstan (premier fournisseur mondial) et le Niger (principal fournisseur de la France) ont connu une légère baisse.

Ce qui est curieux, c'est que si l'on regarde à quel point nous sommes en dessous du pic de 2016, nous sommes passés de près de 24 % à 22,6 % actuellement. Comment expliquer un impact aussi faible, malgré la hausse de cette année ? Parce que l'année dernière, l'extraction totale a été surestimée.

Conclusion ? Eh bien, la tendance générale à la baisse ne semble pas s'arrêter, nous ne voyons que les hauts et les bas habituels. La hausse du Canada a été très importante : voyons combien de temps elle durera, mais en tout état de cause, le Canada ne pourra pas, à lui seul, suivre la production mondiale.

 

Antonio Turiel

 

Environnement : le sable du fleuve Mékong est pillé, fragilisant les écosystèmes

Le Mékong, un des plus grands fleuves du monde qui prend sa source en Chine, est aujourd'hui menacé parce que l'on pompe son sable. Cela cause des ravages sur l'écosystème, comme par exemple au Cambodge.

Le Mékong est le fleuve nourricier de l'Asie. Près de 70 millions de personnes en dépendent pour la pêche ou les rizières. Mais ce fleuve mythique subit aujourd'hui les assauts répétés de l'homme. Au Cambodge, des millions de tonnes de sable provenant du fleuve sont pompées. Une soif qui, peu à peu, détruit les écosystèmes. À force de pomper dans le lit de la rivière, les berges se sont même affaissées à certains endroits.

Des militants écologistes envoyés en prison

Un habitant qui vit sur l'une de ses rives, aujourd'hui en reconstruction, accepte de témoigner à visage couvert. "Je ne suis pas heureux quand je vois ce qui est pompé, parce que ça détruit les ressources naturelles", regrette-t-il. Une dizaine de militants écologistes, qui ont osé questionner publiquement ces pratiques, ont été envoyé en prison au Cambodge. Les enjeux financiers sont en effet énormes : le sable du Mékong permet d'alimenter des chantiers gigantesques à plusieurs milliards d'euros.

H.Abdelkhalek, V.Reynaud, J.Buchez - France 2
France Télévisions
 
https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/environnement-le-sable-du-fleuve-mekong-est-pille-fragilisant-les-ecosystemes_5102674.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220427-[lesimages/image4]
Pic du sable :
Au Laos, le sable et les galets du Mékong aspirés pour la construction

 

 

Au sud de Vientiane, le Mékong est pillé pour alimenter en matériaux les immenses chantiers chinois. Une exploitation non encadrée qui affecte la vie des Laotiens, déjà en proie à la pauvreté, et a de graves répercussions écologiques.

 

 

PILLAGE. Partout autour de la planète, sur les plages comme dans les rivières, légalement ou illégalement, le sable est ponctionné. Et en Asie, l'extraction se fait à une échelle colossale, notamment pour répondre aux appétits de construction du géant chinois et de Singapour. Aujourd'hui, le sable est la deuxième ressource naturelle la plus consommée dans le monde après l'eau, avec 30 milliards de tonnes utilisées tous les ans. Et la Chine s'arroge 60% de ce total, d'après les données de l'Institut américain de géophysique (USGS). Jusqu'ici, le Laos avait été plutôt épargné. Mais c'est désormais de l'histoire ancienne. À quelques kilomètres de Vientiane, la capitale, le Mékong marque la frontière entre ce petit Etat communiste fermé et la Thaïlande. De longs tuyaux plantés au fond du fleuve, reliés à des pompes, et des pelleteuses suffisent à amasser en quelques minutes de hautes piles de sable sur les berges. D'autres canalisations charrient, dans un bruit assourdissant, des tonnes de galets de la taille d'un poing que des dizaines de travailleurs s'empressent de trier et de placer dans de grands sacs. À proximité, les camions attendent leur chargement et font des allers-retours avec le lieu du stockage.

 

 

Indispensable à l'industrie, le sable est présent dans quantité de produits : verre, papier, puces électroniques ou plastique. Mais surtout, il représente 80% de la composition du béton. En contrebas de l'exploitation, près des rives, le Mékong est peu profond et les paysans du coin viennent y pêcher pour se nourrir. De l'eau jusqu'à mi-cuisses, ils plongent de grands filets dans le fleuve. "La rivière a beaucoup changé. Ici, les berges s'effondrent. Cela n'arrivait pas avant", explique l'un des pêcheurs, qui a préféré garder l'anonymat. "Cela nous oblige à aller plus loin pour pêcher. Ce n'est pas bon pour nous", ajoute-t-il en tirant son filet, dans lequel se débat un minuscule poisson. "Aujourd'hui, c'est plus compliqué pour nous d'aller chercher de l'eau pour les cultures. Mais nous avons besoin de cette eau", renchérit Deaun Saengarun, 36 ans, qui transpire à grosses gouttes en triant les galets du fleuve qu'elle place dans des sacs de jute blancs. Cette mère de deux enfants fait pousser quelques légumes sur les berges du fleuve et travaille dans l'exploitation pour une dizaine d'euros par jour.

 

 

"Il y a de plus en plus de compagnies dans le coin. Nous avons maintenant beaucoup de clients chinois. Ils construisent d'immenses immeubles dans Vientiane, alors ils ont besoin de beaucoup de sable et de galets", explique Air Phangnalay, 44 ans, à la tête avec son neveu d'une exploitation en pleine croissance. Bruit, modification des berges du Mékong... L'entrepreneur reconnaît que cette activité a des conséquences. L'extraction du sable et des galets modifie les paramètres du fleuve : les courants, le niveau des nappes phréatiques, la profondeur, la largeur des berges, expliquent les experts. Le gouvernement laotien reconnaît laconiquement que "l'extraction du sable du Mékong affecte la structure du fleuve et son écosystème". Mais le gouvernement n'a pas de chiffres sur les quantités extraites tous les ans au Laos. D'ailleurs, les compagnies n'ont pas de quotas, explique Air Phangnalay.

 

 

 

BARRAGES. "En amont du Mékong, l'exploitation du sable n'est pas durable et a de lourdes conséquences pour le delta", déplore Marc Goichot, responsable du dossier eau pour l'association World Wildlife Fund (WWF) dans le Grand Mékong. Le fleuve produit autour de 20 millions de tonnes de sédiments par an, mais 50 millions en sont extraits dans le même temps, d'après les dernières études. "C'est pourtant un processus clé", explique-t-il. Le fleuve a besoin que le sable soit transporté de l'amont vers l'aval pour que le delta puisse lutter contre la salinisation et l'avancée de la mer dans cette zone cruciale pour l'agriculture. Et tout cela est aggravé par la construction de barrages sur le Mékong, qui bloquent les sédiments. "Dès que vous modifiez l'équilibre d'un fleuve, le processus d'érosion s'engage et il faut des dizaines d'années pour inverser le processus même si vous stoppez l'exploitation", explique Pascal Peduzzi, du Programme des Nations unies pour l'environnement. "Le problème est que l'on a longtemps cru que le sable était une denrée inépuisable... Ces quatre dernières années, la Chine a consommé ce que les Etats-Unis ont consommé en 100 ans", résume le chercheur. Et la frénésie immobilière de la Chine ne s'arrête pas à ses frontières : c'est le premier investisseur étranger au Laos. Hôtels, complexe immobilier... dans Vientiane, tous les grands chantiers en cours sont dirigés par des entreprises chinoises.

 

 Pic des métaux :

 

Merci à la rédaction du magazine Science & Vie, qui propose ce mois-ci une enquête sur un sujet essentiel que je me désespérais de trouver le temps de traiter : le déclin des réserves mondiales de métaux (précieux ou pas).

Et oui, le pétrole n'est pas la seule matière première que menace le prurit de la société de consommation.

Le cuivre, le zinc, l'or et l'uranium figurent parmi les principaux métaux dont les ressources mondiales semblent en voie d'épuisement.

 

Le problème est similaire à celui du pic pétrolier. Pire, les deux questions ont toutes les chances de finir tôt ou tard par s'enchevêtrer en un cercle vicieux vertigineux et inextricable.

 

Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon, auteurs de l'ouvrage français de référence sur la question (Quel futur pour les métaux ?, EDP Sciences, 2010, 39 €), expliquent :

Au cours de l'histoire, l'Homme a eu tendance à d'abord exploiter les minerais les plus concentrés (on a vu que nos ancêtres ont commencé par exploiter les éléments natifs, c'est-à-dire concentrés à 100 %...) Avec moins de découvertes géologiques majeures, la tendance est donc à une baisse de la concentration moyenne des minerais.

 

A titre d'exemple, la concentration moyenne des minerais de cuivre exploités est ainsi passée de 1,8 % (55 tonnes de minerai pour un tonne de métal) dans les années 1930 à 0,8 % aujourd'hui (125 tonnes de minerai pour une tonne de métal). La concentration des mines d'or en Australie et en Afrique du Sud, deux des principaux pays producteurs, est passée de plus de 20 grammes par tonne de minerai à moins de 5 grammes en l'espace d'un siècle. (...)

 

Pour la grande majorité des éléments, les réserves se situent entre 30 et 60 ans. (...)

Les problèmes arrivent plus vite que le nombre théorique d'années de réserve, car toute ressource limitée passe par un pic de production : c'est le cas du pétrole. (...) L'or a déjà franchi son pic de production mondiale, mais cela est passé inaperçu du fait de son rôle très spécifique. (...)

Les investissement [en exploration minière] sont passés de 2 à 10 milliards de dollars entre 2002 et 2007 ! Cependant, ces efforts n'ont quasiment pas apporté de gisements nouveaux.

En quoi pic pétrolier et pics des métaux sont-ils liés ?

 

Tout simplement parce que pour creuser, des mines il faut de l'énergie. Beaucoup d'énergie. Aujourd'hui, 8 à 10 % de l'énergie primaire est consacrée à extraire et raffiner les ressources métalliques, notamment pour l'acier et l'aluminium, indiquent Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon, tous deux anciens élèves de l'Ecole Centrale.

Vous avez déjà compris le léger soucis : puisque les minerais sont de moins en moins concentrés en métaux, il faudra de plus en plus d'énergie pour les extraire, or les extractions de la source principale d'énergie paraissent elles-mêmes au bord du déclin...

 

Bien sûr, contrairement au pétrole, les métaux peuvent être recyclés. Mais Bihouix et de Guillebon soulignent que les solutions sont souvent limitées, notamment, là encore, à cause de leur coût énergétique.

 

Les énergies renouvelables, en particulier l'éolien et le solaire, sont très dépendantes de métaux rares dont l'accès pourrait devenir de plus en plus incertain, a fortiori si ces formes d'énergie doivent être massivement développées. Exemple : le dysprosium et le néodyme, deux terres rares produites presque exclusivement par la Chine, laquelle a d'ores et déjà fait savoir que ses gisements actuels étaient en déclin. Une voiture hybride contient un kilogramme de néodyme, une éolienne presque une tonne ! Science & Vie cite une étude du MIT d'après laquelle il faudrait multiplier par 26 d'ici à 2035 les extractions de dysprosium (du grec dysprositos, qui signifie "difficile à obtenir") pour faire face aux enjeux du changement climatique...

 

Pour le nucléaire, Science & Vie note qu'en 2035, les besoins en uranium devraient atteindre cent mille tonnes par an, "soit le double de ce que les mines d'uranium ont fourni en 2010", sachant qu' "aucune découverte récente significative n'a été réalisée en dehors de l'extension de gisements déjà connus", selon Marc Delpech, du Commissariat à l'énergie atomique.

Bihouix et de Guillebon, les auteurs de Quel futur pour les métaux, affirment :

"En faisant le pari du 'tout technologique' dans l'optimisation de notre consommation énergétique et la lutte contre le changement climatique, nous recourons de façon accrue aux matières premières rares que nous ne savons (saurons) pas recycler, et dont la déplétion pourrait elle-même devenir un enjeu énergétique."

Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon rappellent comment, grâce à son ordonnance de 1669, Colbert sauva les forêts françaises menacées par les besoins croissants de l'industrie et de la construction navale :

"Ainsi, au 17e siècle, alors que l'âge du monde était évalué à moins de six mille ans (l'histoire biblique), notre société - certes peu démocratique ! - a été capable de se projeter, dans ses décisions, au-delà du siècle. Nous savons désormais que l'âge de l'univers dépasse 15 milliards d'années, mais nous ne pouvons prendre nos décisions au-delà de quelques années : mesurons au passage la formidable régression intellectuelle."

Il y a plus qu'un effarement dans cette analyse. On y devine une certaine colère vis-à-vis des promesses et des effets d'annonce des industriels et des politiques au cours des dernières années :

"Non, un véhicule, même électrique, n'est jamais 'propre'. Non, un téléphone portable n'est pas 'écologique', même si sa coque est en fibre de bambou ! Et qui peut croire qu'une 'éco-taxe' de quelques euros sur les produits électroniques compense les dégâts environnementaux de leur fabrication !"

La conclusion appelle à un changement de paradigme :

"Certes, on peut espérer encore beaucoup des progrès techniques et des innovations. Mais pour rendre nos sociétés réellement durables, en tout cas du point de vue de notre consommation 'métallique', il faudra sérieusement les orienter vers l'économie de ressources à moyen terme, plutôt que vers la recherche de profit à court terme. Nous en sommes encore loin."

En exergue, Bihouix et de Guillebon ont placé la citation suivante, qui signe le péché originel de la science économique, telle qu'elle est toujours pratiquée et enseignée aujourd'hui :

"Les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées, ni épuisées, elles ne sont pas l'objet des sciences économiques" - Jean-Baptiste Say, Cours d'économie politique pratique, 1815.

 

Matthieu Auzanneau

 

http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/05/08/rarefaction-des-metaux-demain-le-peak-all/

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