Qatar gazette

Publié le par ottolilienthal

Coupe du monde 2022 : "Le Quotidien de La Réunion" boycotte la compétition au Qatar et assure que "Même si la France est championne, nous ne relaierons pas l'exploit sportif"

Le journal a pris la  décision de boycotter la Coupe du monde de football 2022 qui aura lieu au Qatar. Vincent Vibert, son directeur, répond aux questions de franceinfo.

"La décision s'est prise en même pas cinq minutes", raconte mardi 13 septembre sur franceinfo, Vincent Vibert, directeur du Quotidien de La Réunion. Le journal est le premier titre qui prend la décision de boycotter la Coupe du monde de football organisée au Qatar du 28 novembre au 18 décembre 2022. C'est "le service des sports du quotidien qui a proposé de prendre une position forte qui en lien avec nos valeurs, de respect d'autant que nous fêtons les 46 ans du journal", et "même si la France est championne du monde, nous ne relaierons pas l'exploit sportif".

franceinfo : Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?

Vincent Vibert : Ce sujet est arrivé par le service des sports du quotidien qui nous a posé la question de savoir comment traiter cette info par rapport aux problématiques environnementales, de droits humains et de liberté d'expression. Il a proposé de prendre une position forte qui est en lien avec nos valeurs, de respect d'autant que nous fêtons les 46 ans du journal. La décision s'est prise en même pas cinq minutes. On s'est dit : on boycotte totalement l'événement parce qu'aujourd'hui pour nous cet évènement catalyse l'ensemble des problématiques dont je vous ai parlé. Et en 2022, c'est inacceptable et on a décidé de prendre cette décision.

 

Pourquoi n'avez-vous pas boycotté les Jeux olympiques de Pékin par exemple à cause de l'oppression contre les Ouïghours ?

Ce n'est pas le pays qu'on boycotte parce que dans le monde, quel pays serait parfait ? Le monde a changé depuis les derniers JO notamment depuis la pandémie de Covid-19, on voit qu'il y a une accélération des problématiques climatiques et cette Coupe du monde catalyse tout ce qui n'est plus acceptable dans le monde aujourd'hui.

"C'est la façon dont cet événement est organisé qui n'est pas normal et que nous souhaitons dénoncer."

Vincent Vibert, directeur du Quotidien de La Réunion

à franceinfo

Je trouve que c'est le rôle des médias et de la presse d'ouvrir ces débats et d'éveiller les consciences. Après la sortie du journal ce [mardi] matin  il y a eu des réactions sur les réseaux sociaux et je peux dire qu'elles sont à 95% positives. Il y a un soutien et un accueil favorable qu'un titre de presse prenne cette décision.

Imaginons que la France se retrouve en finale et gagne la compétition, il n'y aura pas un mot dans votre journal ?

Il n'y aura pas un mot sur tout l'événement sportif et on n'aura aucun revenu publicitaire lié à la Coupe du monde. On n'en acceptera pas. On ne relaiera aucun sujet sur l'aspect sportif en revanche nous pourrons relayer les à-côtés de l'événement. Même si la France est championne du monde, nous ne relaierons pas l'exploit sportif. La presse vit des moments compliqués, peut-être allons-nous gagner des lecteurs qui s'associent à nos démarches. On verra s'il y a un réel impact sur les ventes mais à un certain moment sur des questions morales et de valeurs, il faut dissocier les choses de la partie économique.

Radio France
 
Publié

 

https://www.francetvinfo.fr/coupe-du-monde/coupe-du-monde-2022-le-quotidien-de-la-reunion-boycotte-la-competition-au-qatar-et-assure-que-meme-si-la-france-est-championne-nous-ne-relaierons-pas-l-exploit-sportif_5359216.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220914-[lestitres-coldroite/titre5]

Le Qatar épinglé par Amnesty International à un an du Mondial 2022

L'organisation humanitaire estime que les progrès réalisés ces dernières années par l'émirat sur les conditions de vie et de travail des employés migrants sont au point mort, à un an du début de la Coupe du monde de football.

La polémique est née dès les premiers coups de pioches pour l’édification des stades de la Coupe du monde 2022. Les conditions de vie et de travail des ouvriers de ces chantiers, essentiellement originaires du Bangladesh et du Népal, ont été dénoncées par plusieurs syndicats internationaux et organisations humanitaires, dont Amnesty International, qui publie chaque année son "Reality Check" sur le Qatar depuis cinq ans. Dans son dernier rapport, publié ce mardi 16 novembre, elle estime que les progrès engagés par les autorités pour améliorer le sort des travailleurs "sont au point mort depuis un an, et que les anciennes pratiques abusives ont refait surface".

Amnesty International n’appelle pas au boycott de la compétition et ne fait pas d’enquête pour évaluer le nombre de morts, mais elle estime, tout comme les experts de l’Organisation internationale du travail (OIT) présents sur place, que 70% des décès sur les chantiers ne sont pas étayés et ne sont donc pas reliés aux conditions de chaleur extrêmes du pays. "Six cas ont été documentés et d’autres sont à venir", insiste une porte-parole.

 

6.500 morts en 10 ans

Le coût humain de ces chantiers a été régulièrement dénoncé par plusieurs organisations internationales et dans un article du quotidien britannique The Guardian, qui évoquaient, en début d’année, le décès de 6.500 ouvriers sur dix ans. Hassan al-Thawadi, le patron du comité d’organisation de la Coupe du monde 2022, réfute l’accusation. Ce chiffre, selon lui, n’inclut pas seulement des ouvriers et il avance le bilan de 37 morts liés aux chantiers de construction des stades. "Nous menons une enquête approfondie sur chaque décès, assure-t-il, nous regardons son état de santé avant la mort, sa médication, les circonstances de l’accident. Nos enquêtes vont au-delà de ce qui nous est demandé." Les évolutions des conditions de travail des employés sont suivies de près par les représentants de l’OIT, présents sur place depuis 2013.

"La relation était plutôt combative au départ, raconte Max Tuñón, chef du bureau de l’OIT à Doha. Mais elle est très bonne, très ouverte aujourd’hui. Le Qatar est en train de fixer les standards pour la région". Parmi les réformes entreprises, le gouvernement a supprimé la Kafala, un système d’exploitation qui lie le travailleur à son employeur. L’employé n’a plus besoin de son autorisation pour changer de job, son passeport ne peut plus lui être enlevé, il bénéficie d’un salaire minimum d’environ 240 euros par mois auxquels s’ajoutent près de 200 euros d’indemnités de logement et de repas. Les syndicats sont interdits mais les employés peuvent élire des représentants chargés de transmettre leurs doléances. Une révolution pour les entreprises locales. "Mais la Coupe du monde ne doit pas être la ligne d’arrivée", martèle Max Tuñón.

Craintes de retour à l'ancien système

 

Dans son rapport, Amnesty International met en garde contre les tentations réactionnaires d’une frange de la population qatarienne. "Sur le terrain, les réformes ne sont pas toujours mises en place et beaucoup d’entreprises veulent revenir à l’ancien système", accuse Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International. Les ouvriers des stades sont particulièrement surveillés, tant par les ONG que par l’OIT. Mais le sort des centaines de milliers de travailleurs immigrés présents dans l’émirat demeure incertain selon Amnesty International, notamment celui des employés domestiques ou des travailleurs dans les secteurs de l’hôtellerie et de la sécurité. L’organisation estime que des pans entiers de la Kafala restent en vigueur et cite notamment le cas d'Aisha, qui travaille dans l’hôtellerie, et affirme "avoir été menacée par son patron lorsqu’elle a refusé de signer un nouveau contrat avec lui et a demandé à changer d’employeur". Il reste un an au Qatar pour se rendre irréprochable.

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