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Jean Peyrelevade, pour ses livres "Reformer la France " et " L'affaire Tapie - vérités et mensonges"
Jacques Benhamou reçoit Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit Lyonnais, ancien polytechnicien et auteur de deux livres parus récemment « Reformer la France » et « L’affaire Tapie - vérités et mensonges » publiés aux éditions Odile Jacob.....
Dès la lecture de l'arbitrage, ce qui m'a fait penser que c'était un bidouillage, une manipulation et donc probablement une fraude, c'est qu'il y a des affirmations qui sont contraires à la réalité. (...) Bien entendu, [cette affaire est une affaire d'Etat] depuis longtemps. (...) Le conflit entre l'Etat et M. Tapie, c'est un conflit vu par l'Etat au niveau de l'Etat
Condamnée à rembourser plusieurs millions d’euros de dettes liées à son mari, Dominique Tapie vient de perdre une manche en justice. Son pourvoi devant le Conseil d’État concernant deux avis fiscaux a été rejeté.
Dominique Tapie n’en a pas fini avec la justice et avec le fisc français. Aujourd’hui décédé, Bernard Tapie a laissé une énorme ardoise à sa femme. En avril dernier, on apprenait que le Consortium de réalisation (CDR), l’entité chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais, avait perçu 143 millions d'euros au titre du remboursement de l'arbitrage de 2008. 143 millions sur les 660 millions réclamés avec les intérêts. Mais en parallèle, la veuve du célèbre homme d’affaires a encore maille à partir avec le fisc français.
Dominique Tapie a en effet été condamnée à régler 15 millions d’euros d’avis fiscaux datant de 2017, a appris Ouest-France. Le premier, évalué à 2,675 millions d’euros, concerne des arriérés d’impôts sur le revenu mis à la charge des époux Tapie au titre des années 1989, 1990 et 1991. Le second est bien plus important : 12,746 millions d’euros pour les années 1992, 1993 et 2016. Deux sommes auxquelles il faut ajouter le paiement de la taxe d’habitation (2016) et les pénalités correspondantes. Au total, Dominique Tapie doit donc 15,422 millions d’euros.
Toutes les villas du couple cédées
Dominique Mialet-Damianos, de son vrai nom, s’était donc pourvue devant le Conseil d’État pour faire annuler cette dette. Mais comme le révèlent nos confrères, ce dernier n’a pas admis ce pourvoi et Dominique Tapie devra donc régler cette somme. Pour rappel, depuis le début des années 1990, le fisc cherche à récupérer des arriérés d’impôts de l’ancien président de l’OM et de sa femme, mais comme ils avaient été placés en liquidation judiciaire en 1994, cela lui était impossible. Il a fallu attendre 2015 pour que Dominique Tapie, qui n’était plus placée en liquidation judiciaire, soit de nouveau redevable.
Déjà pour régler son énorme ardoise, la veuve de l’ancien homme d’affaires avait subi un revers en justice en mai 2023. La Cour de cassation avait confirmé qu’elle était la véritable propriétaire de l’hôtel particulier situé à Neuilly-sur-Seine et avait donc autorisé le fisc à mettre la main dessus afin de poursuivre le recouvrement des dettes. Peu avant, leur villa de Saint-Tropez (la Mandala) avait dû être vendue au milliardaire américain Tony Tamer.
Elle a connu Bernard Tapie à Manufrance : «Il avait du talent, surtout pour berner les gens» Elle n’a pas vu la série Tapie diffusée sur Netflix mais elle a fait mieux : elle a vu en chair et en os l’homme d’affaires à plusieurs reprises, lorsqu’il a voulu reprendre Manufrance. Monique Garnier était, à cette époque, la représentante de l’intersyndicale de l’entreprise.
Dominique Tapie : « Je n’avais pas de quoi acheter la pierre tombale » La veuve de Bernard Tapie revient, dans un entretien, sur les dettes colossales auxquelles elle a dû faire face depuis la mort de l’homme d’affaires....
Dominique Tapie est ruinée et vit avec moins de 800 euros par mois Elle s’est vu infliger pour près de 600 millions d’euros de dette après la mort de son mari et la condamnation des sociétés de ce dernier dans l’affaire de l’arbitrage du Crédit Lyonnais.
Avec une dette de 600 millions d’euros, Dominique Tapie est contrainte de se séparer d’un maximum de biens.
Le décès de Bernard Tapie, le 3 octobre 2021, des suites d’un cancer n’a pas réglé les dettes de l’homme d’affaires. Désormais, c’est sa femme, Dominique, qui doit les rembourser. Une enquête de Paris Match, relayée par Europe 1, révèle le montant abyssal de ce déficit : 600 millions d’euros. Une grande partie est en lien avec l’affaire du Crédit lyonnais, un litige qui a débuté dans les années 1990 avec l’ex-président de l’OM, et a ensuite traîné durant de nombreuses années. Europe 1 détaille que la veuve de l’homme aux mille vies croule donc désormais sous les dettes. "Personne n’aurait pu imaginer une fin pareille. Tapie, c’était le magicien, celui qui s’en sortait toujours en jouant avec les dés du sort. La réalité rattrape le clan", raconte Sophie des Déserts, l’autrice de l’enquête.
À 71 ans, Dominique Tapie doit se résoudre à vendre l’hôtel privé, rue des Saints-Pères à Paris, non loin de Saint-Germain-des-Prés, que François Pinault, le milliardaire, a racheté. RTL évoque également des biens, des produits de luxe revendus, tout comme une villa à Saint-Tropez et un yacht. La femme de Bernard Tapie peine à s’acquitter de ses factures en fin de mois et le quotidien est nettement plus difficile. Cette dernière déclarerait un montant de 450 euros par mois de retraite, correspondant à 50% de la pension d’ex-député de son défunt mari.
La famille devrait refuser la succession afin de tenter de sauver les meubles. "Mais il y aura donc toujours 250 à 300 millions d’euros à rembourser, même avec les actifs de la succession qui partiront. C’est absolument vertigineux", rapporte la journaliste de Paris Match. "Tapie disait à la fin de sa vie qu’il espérait que, une fois disparu, il y aurait plus de clémence pour son épouse", poursuit-elle sur Europe 1. En attendant, Jean-Louis Borloo, extrêmement proche de la famille, va lui venir en aide. L’ancien ministre lui a déjà trouvé un logement.
https://www.capital.fr/economie-politique/les-millions-deuros-de-dettes-que-bernard-tapie-a-laisses-a-sa-femme-1428101
Alors que l'homme d'affaires est mort dimanche 3 octobre à 78 ans, franceinfo a recueilli les témoignages d'ex-employés de ses anciennes entreprises. Et ils ne sont pas toujours tendres.
Des louanges pour l'homme, mais aussi quelques coups de griffe pour l'entrepreneur. De nombreux Français et personnalités honorent la mémoire de Bernard Tapie depuis sa mort, dimanche 3 octobre, à l'âge de 78 ans. Ils saluent son audace, son panache, sa personnalité entière. Emmanuel Macron a même estimé que "l'ambition, l'énergie et l'enthousiasme" de l'ancien président de l'OM "furent une source d'inspiration pour des générations de Français".
Mais d'autres se montrent plus mesurés. Notamment d'anciens salariés d'entreprises rachetées, puis revendues par l'homme d'affaires, où il n'a pas forcément laissé un souvenir agréable : Manufrance, Terraillon, Wonder, Testut, Look, Adidas… L'ancien ministre de la Ville de François Mitterrand a acquis de nombreuses sociétés durant sa carrière, laissant parfois des salariés déçus par ses engagements non tenus et ses méthodes de management. Franceinfo donne la parole à ces anciens employés.
Chez Wonder, "il a trahi les gens"
En 1984, Bernard Tapie rachète cette entreprise française basée à Lisieux (Calvados), pour 30 millions de francs. La société, spécialisée dans la production de piles, est alors en difficulté depuis deux ans. Le personnel se montre enthousiaste de l'arrivée du nouveau patron, se souvient Gisèle Delamare, alors employée administrative. "On était ravis quand on l'a vu arriver. On a cru voir le messie", raconte-t-elle à franceinfo. "Nous mettrons les moyens qu'il faut pour que [l'entreprise] de Lisieux fonctionne. Je ne suis pas inquiet pour l'avenir de Wonder. Je suis sûr que l'an prochain, nous ferons de l'argent", affirme Bernard Tapie en novembre 1984, rapporte Actu.fr.
"Il était agréable, plein d'énergie. On l'a cru, ajoute Gisèle Delamare. On s'est dit que c'était formidable, qu'on repartait pour très longtemps." Mais à peine dix mois plus tard, l'homme d'affaires ferme plusieurs usines, dont celle de Lisieux, malgré une grève d'une semaine de l'ensemble des salariés. Dans cette ville normande, 244 personnes se retrouvent sans emploi. L'action de Wonder, elle, a pris 560% en quelques mois, relate France 3 Normandie.
Gisèle Delamare estime qu'elle et les salariés de Wonder ont été victimes d'une "trahison" de Bernard Tapie, et dénonce son "manque d'honnêteté". "On a été très déçus", se rappelle-t-elle.
L'alliance de Bernard Tapie avec Bouygues lui permet de racheter Saft-Mazda en 1985 et d'élargir le groupe. La même année, la fermeture du siège historique de Wonder, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), est annoncée : 270 personnes doivent être licenciées. En 1988, l'homme d'affaires se lance en politique. Il revend alors Saft-Mazda-Wonder à l'Américain Ralston Energy Systems, devenu Energizer. Au passage, Bernard Tapie récupère 480 millions de francs.
Chez Look, "il a égrené les noms des licenciés un par un devant tout le monde"
En 1983, pour un franc symbolique, "Nanard" reprend Look, une entreprise initialement spécialisée dans les fixations de skis, basée à Nevers (Nièvre). La société emploie alors quelque 450 personnes. Mais Bernard Tapie, pour redresser les comptes, licencie une centaine d'entre elles dès son arrivée. "Cela apparaissait comme une baisse des charges fixes radicales", se rappelle auprès de franceinfo Daniel Sauzot, ancien cadre. "Son fonctionnement était quand même brutal", commente-t-il, en relatant la façon dont l'homme d'affaires a annoncé les licenciements.
Toute l'entreprise s'est retrouvée dans la grande salle du restaurant, et c'est lui-même qui a lu la liste. Il a égrené les noms des licenciés un par un, devant tout le monde", poursuit Daniel Sauzot. "Et il l'a fait sans aucune appréhension", relève-t-il. "Quelqu'un de son staff est venu me voir ensuite, et m'a dit : 'Ecoutez, Monsieur, vous prenez vos affaires personnelles et ce n'est pas la peine de revenir demain, on vous enverra un courrier'", se souvient-il, amer.
Pour autant, Daniel Sauzot, qui a réussi à "rebondir", n'en veut pas à Bernard Tapie. "Il avait ses méthodes, mais ce n'est pas lui qui a mis Look en difficulté", tempère le retraité, aujourd'hui âgé de 76 ans. Il estime que la dureté de la méthode Tapie n'a rien à envier à celles employées dans les multinationales dans lesquelles il a travaillé. Pour lui, elle est simplement plus connue et commentée car l'homme d'affaires était "très médiatique", "parce qu'il se donnait en spectacle. C'est la seule différence", juge-t-il.
Chez Testut, "il fonçait dans le tas, ce qui n'a pas plu à certains"
Bernard Tapie prend les commandes de Testut, une entreprise spécialisée dans le matériel de pesée, pour un franc symbolique, en 1983. Comme souvent, il impressionne. "Un personnage comme celui-là, qu'on l'aime ou pas, on ne peut qu'en être qu'admiratif. On se dit : 'Mince, si j'avais son bagout, je pourrais faire des choses extraordinaires'", se souvient auprès de franceinfo Richard Attagnant, responsable syndical Force ouvrière chez Testut de 1977 à 2003. "En face-à-face, je l'ai vu retourner des gens qui le détestaient en arrivant", ajoute-t-il.
Mais les méthodes de Bernard Tapie créent de la crispation. "Il fonçait dans le tas, ce qui n'a pas plu à certains", relate Richard Attagnant. L'homme d'affaires pouvait aussi facilement se montrer "familier" ou "grossier" avec le personnel. Sur le front de l'emploi, des salariés sont licenciés dès l'année de son arrivée : 46 en mai, 56 en juillet, rappelait un député communiste en 1995, alors qu'il s'était engagé à maintenir les 300 emplois de Béthune (Pas-de-Calais) et à créer deux ateliers. Certains n'ont pas retrouvé d'emploi et en veulent toujours à Bernard Tapie, près de quarante ans après. "J'ai reçu des e-mails hargneux" après l'annonce de la mort de l'ancien ministre, relate Richard Attagnant.
En revanche, ceux qui avaient conservé leur poste ont écrit à l'ancien responsable syndical en étant plus mesurés. "Le premier mail que j'ai reçu disait : 'J'ai mal au cœur. Avec lui, au moins, on avait du travail et beaucoup de commandes', rapporte Richard Attagnant. J'ai même une opposante qui m'a écrit : 'Que de souvenirs de combats, bons et mauvais. Qu'il repose en paix'."
Testut est transféré au Consortium de réalisation du Crédit lyonnais en 1995. L'année suivante, Bernard Tapie est condamné pour "abus de biens sociaux" aux dépens de Testut. Il écope de deux ans de prison avec sursis, 45 735 euros d'amende et cinq ans d'interdiction de gérer une entreprise. En 1999, l'entreprise est cédée au groupe américano-suisse Mettler Toledo, numéro un mondial du pesage. Elle sera mise en liquidation quatre ans plus tard.
Chez Terraillon, "les réunions marketing que j'ai pu faire avec lui, c'était exceptionnel"
Comme pour Testut, Bernard Tapie fait l'acquisition de Terraillon, basé à Annemasse (Haute-Savoie), pour un franc symbolique, en 1981. Il dit vouloir "sauver les employés" de cette entreprise spécialisée dans les pèse-personnes.
D'emblée, il fait forte impression auprès des salariés. "Les réunions marketing que j'ai pu faire avec lui, c'était exceptionnel parce qu'on se disait : 'Pourquoi on n'y a pas pensé' ? Il synthétisait tout de suite", se souvient auprès de France 3 Auvergne Rhône-Alpes Guy Mairot, ancien directeur du pôle Recherche et développement chez Terraillon. Mais ils déchantent rapidement. "Il a fait du foot, de la politique… Il a fait tellement d'autres choses qu'il n'a plus rien fait pour ses entreprises", poursuit-il.
La société enregistre 18,6 millions de francs de pertes en 1993, et emploie cinq fois moins de personnel, relève Ouest-France. "Il aurait fallu un petit peu d'investissement dans l'entreprise, alors que monsieur Bernard Tapie, depuis qu'il est ici, n'a jamais mis un centime dans la production", grince une salariée devant les caméras de France 3, en 1986.
A l'époque, Bernard Tapie lui-même concède des erreurs, sans partager l'avis de cette employée. "On a souffert d'une chose et cette expérience nous montre qu'il ne suffit pas de faire son métier d'industriel, il faut aussi savoir communiquer et on l'a mal fait", déclare alors l'homme d'affaires.
La chute se poursuit et Terraillon est reprise par le Crédit lyonnais en 1994. L'entreprise est ensuite revendue à un fonds d'investissement. Elle existe toujours. La Scaime, qui a pris place dans les locaux de Terraillon, "est aujourd'hui l'un des leaders mondiaux du pesage avec 90 collaborateurs", rappelle France 3 Auvergne Rhône-Alpes.
https://www.francetvinfo.fr/politique/mort-de-bernard-tapie/apres-la-mort-de-bernard-tapie-d-anciens-salaries-racontent-son-fonctionnement-etait-brutal_4795869.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20211009-[lestitres-coldroite/titre1]
En 1988, Bernard Tapie rachetait le fabricant belge de raquettes de tennis. En 1991, l'homme d'affaires revendait la marque dans sa poursuite d'Adidas. Après la séduction, la désillusion.
On nous a d'abord parlé de l'actuel Gedimat, puis du supermarché Zeeman, à moins que ce soit le salon de toilettage... En réalité, l'entrée principale qu'empruntait Bernard Tapie à bord de sa limousine est aujourd'hui un magasin qui vend des sacs de croquettes pour chien. Les lieux ont changé, des bâtiments ont été démolis, d'autres ont été construits. Mais c'est bien ici, à Couvin, en Belgique, à quelques kilomètres de la frontière française, que l'homme d'affaires, dont les obsèques sont célébrées vendredi 8 octobre, a sorti le chéquier à l'été 1988 pour sauver l'un des plus grands fabricants de raquettes de tennis au monde : l'entreprise Donnay, 550 salariés, vient d'être déclarée en faillite.
"C'était une rock star"
A l'époque, Bernard Tapie est déjà président de l'Olympique de Marseille mais pas encore homme politique. Il a surtout une réputation : "C'est le businessman qui reprend les entreprises en difficulté." "Quand on a appris qu'il y avait un sauveur pour Donnay, et que ce sauveur était Bernard Tapie, le feuilleton a commencé, se souvient, encore amusé, Bernard Théis, alors jeune reporter pour le journal local. J'y allais tous les jours. 'Tapie a dit ça', hop un article. 'Tapie a fait ça', hop un article."
"Il arrivait à Couvin avec son chauffeur, tout le monde lui déroulait le tapis rouge, c'était aussi fort que la venue d'un ministre."
Bernard Théis, journalisteà franceinfo
Après quelques jours de négociations, un "deal" est trouvé : Tapie devient le premier actionnaire de la société avec 51% des parts et l'usine va redémarrer avec 120 travailleurs. Le 31 août 1988, le voilà qui débarque "tel un pape" dans l'usine. Il fait rassembler l'ensemble des salariés et s'embarque dans un discours que Charlette Remy, 16 ans à l'époque, en est encore toute retournée. "C'était mé-mo-rable !" raconte l'ancienne salariée aujourd'hui retraitée.
"Il a dit devant tout le monde qu'il allait faire l'amour à notre entreprise. Vous vous rendez compte ? Faire l'amour à notre entreprise ! Toutes les ouvrières étaient dingues. Faut dire qu'il avait du sex appeal, oh oui, oui, oui. C'était un bel homme."
Charlette Remy, ancienne salariée de Donnayà franceinfo
Les ouvriers, largement minoritaires, jalousent le charisme de "ce Français qui arrive en héros". "C'était une rock star, reconnaît Jules Dubois, 74 ans, à l'époque chargé du polissage des raquettes. Les femmes étaient comme des folles quand il venait. Il n'y avait que lui. Nous, on n'existait plus."
"On l'a accueilli comme un roi"
On raconte que des secrétaires se battent pour préparer le café... et pouvoir entrer dans la salle de réunions. Le journaliste Bernard Théis croise "des ouvrières qui ont mis des jupes très courtes juste parce que Tapie est attendu". Jacques Van Roost, alors directeur commercial, tombe aussi sous le charme : "Son énergie était contagieuse, on l'a accueilli comme un roi. Il savait dire et redire qu'il venait du bas de l'échelle. Et ça, les salariés appréciaient. C'était des meetings politiques quand il prenait la parole."
Cette fois encore, Bernard Tapie se met tout le monde dans la poche. Les syndicalistes, les élus locaux... "Quand on se retrouvait autour d'un repas pour parler affaires, c'était un monologue, se souvient Alain Mansbach, alors conseiller du ministre-président de la région wallonne. Il n'y avait que lui qui parlait et tout le monde l'écoutait. Il s'exprimait vite et bien, il n'hésitait pas sur les mots. Le ministre-président aussi était impressionné. Fallait le voir !" Guy Maréchal, adoubé directeur général de l'usine par le "boss" lui-même, résume la situation à sa façon :
"Avec Bernard, c'était très simple : il n'y avait jamais de problème."
Guy Maréchal, ancien directeur de l'usine de Couvin
Guy Maréchal n'est pas que le directeur général de l'usine, il joue aussi l'interprète pour l'entrepreneur : "Il ne savait pas parler anglais, alors il me demandait de tout traduire." En 1991, Bernard Tapie l'appelle un matin pour qu'il le rejoigne à New York :
"Quand voulez-vous que je vienne ?
– Tout de suite.
– Mais monsieur Tapie, je suis à Couvin là.
– Ne vous occupez pas de ça. Il y a le Concorde qui vous attend à Paris.""Il voulait nous revendre le triple"
Un beau jour, pour faire connaître au monde entier la marque Donnay, Bernard Tapie se met en tête de faire signer une star du tennis. "Et pourquoi pas André Agassi ?" Le tennisman américain n'a pas encore le stylo en main que l'homme d'affaires crie dans la presse que c'est fait. "C'était 6 millions de dollars pour 5 ans", se rappelle Guy Maréchal. Mais voilà : les ventes de raquettes ne suivent pas, la concurrence asiatique est déjà là. "En fait, il aurait fallu vendre trois ou quatre fois plus de raquettes pour rentrer dans les clous, estime Michel Guilluy, co-auteur du livre Donnay la légende. Agassi n'a fait que creuser encore un peu plus le trou."
C'est en fait le début de la fin : celui qui promettait de "faire l'amour" à ce fleuron du tennis est en train de reculer. Conscient que les chiffres ne sont pas tout à fait ceux espérés, Bernard Tapie convoque le ministre-président de la région wallonne dans ses bureaux de la rue des Saints-Pères à Paris. "Il voulait nous revendre l'affaire, mais il en demandait le triple que ce qu'il avait lui-même mis au début", n'en revient toujours pas le conseiller Alain Mansbach.
"Comme on lui tenait tête, il s'est mis à genoux devant le ministre-président et a commencé à faire l'acteur de théâtre. 'Allez-y, puisque vous voulez m'assassiner, assassinez-moi !', répétait-il en mettant une main à sa gorge."
Alain Mansbachà franceinfo
La vérité est que Bernard Tapie s'intéresse déjà (et surtout) à Adidas. Mais racheter la marque aux trois bandes lui nécessite dans un premier temps de céder tous ces autres actifs... dont les raquettes de tennis Donnay. En juin 1991, soit moins de trois ans après y avoir mis les pieds, il revend la marque belge à l'Italien Carbon Valley pour 100 millions de francs.
"Je crois qu'il s'en fichait de nous"
Trente ans plus tard, les 5 500 habitants de Couvin l'ont encore en travers de la gorge. "Il est parti voir ailleurs et il nous a abandonnés, regrette Jules Dubois, verre de bière posé devant lui. L'entreprise a été définitivement fermée deux ans plus tard en 1993. Après trente ans chez Donnay, je me suis retrouvé au chômage." Sa femme aussi, leur fille aussi, son beau-frère aussi : ils travaillaient tous dans l'usine.
A Couvin, tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a travaillé chez Donnay. "Il y a des gens qui ont quitté la région après la faillite, assure une dame, croisée près de l'Hôtel de Ville. Je veux bien qu'on dise que Tapie a eu mille vies, qu'il savait tout faire, qu'il avait du talent. OK, OK, OK ! Mais quand il décidait de partir d'une entreprise, se préoccupait-il des conséquences sur les petites gens ? Je vais vous dire, je crois qu'il s'en fichait de nous, en fait."
Hasard du calendrier, Bernard Tapie vivait ses dernières heures, samedi 2 octobre, quand l'Ecomusée local inaugurait justement... une exposition sur l'entreprise Donnay. Jules Dubois n'a "pas prévu" d'y aller. Et la commune n'a pas le projet de rebaptiser une rue ou une place "Bernard Tapie". Il n'y a pas foule pour défendre "Nanard". Sauf Guy Maréchal :
"Moi, je reste convaincu qu'il a fait l'impossible pour redresser l'affaire Donnay."
Guy Maréchal, ancien directeur de l'usine de Couvinà franceinfo
Et je ne dis pas ça maintenant qu'il est mort, poursuit-il. D'ailleurs, si vous avez les contacts de son fils Stéphane ou de son épouse Dominique, je les veux bien. J'aimerais leur envoyer un petit mot. C'était quelque chose, Bernard."
Publié
https://www.francetvinfo.fr/politique/mort-de-bernard-tapie/reportage-il-nous-a-abandonnes-on-est-retourne-a-couvin-ou-l-aventure-de-bernard-tapie-avec-les-raquettes-donnay-a-tourne-court_4796855.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20211007-[lestitres-coldroite/titre5]
comment Bernard Tapie avait tenté de rouler un empereur.....“Il faut être culotté, aller voir quelqu’un pour essayer de le piéger de cette façon, c’est affligeant"....Bernard Tapie sera condamné à payer 100.000 francs de dommages et intérêts dans cette affaire....
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Bernard Tapie, "serial entrepreneur" au bilan modeste
https://www.capital.fr/economie-politique/bernard-tapie-serial-entrepreneur-au-bilan-modeste-1416057
Bernard Tapie, "serial entrepreneur" au bilan modeste....rares sont les sociétés qu'il réussit à faire prospérer.....Bernard Tapie a échoué à redresser l'entreprise qu'il avait appelée "l'affaire de sa vie". Il achète Adidas en 1990 pour 1,6 milliard de francs (362 millions d'euros). Il ne parvient pas à éviter le creusement des pertes...
Affaire Adidas-Crédit Lyonnais : Éric Woerth mis en examen L’ex-ministre du Budget est soupçonné d’avoir accordé un coup de pouce fiscal à Bernard Tapie lors de l’arbitrage de 2008, révèle « Le Parisien » ce lundi.
La cour d'appel de Paris a estimé vendredi que la dette de Bernard Tapie dans l'affaire de l'arbitrage, dont le calcul exact est l'objet d'un âpre combat judiciaire depuis 4 ans, s'élevait à 438 millions d'euros, selon le jugement consulté par l'AFP.
Ce chiffrage est une victoire pour les créanciers de l'homme d'affaires, car il correspond en grande partie aux sommes accordées en 2008 à Bernard Tapie par un arbitrage -- censé solder son litige avec le Crédit-Lyonnais dans l'affaire de la revente d'Adidas en 1993 -- que la justice l'a condamné à rembourser en y ajoutant les intérêts.
Après l'annulation de cette sentence privée en 2015, les sociétés de l'homme d'affaires, qui lutte à 77 ans contre un cancer métastasé, sont menacées de cessation de paiement.
"La cour n'a pas répondu à l'argumentation développée par les sociétés" de M. Tapie, "et la question devra donc être soumise à la Cour de cassation", a réagi auprès de l'AFP Me François Kopf, avocat de l'homme d'affaires qui conteste l'intégralité de sa dette.
A la veille de sa condamnation à rembourser, en décembre 2015, l'ancien patron de l'Olympique de Marseille, lui-même en liquidation judiciaire personnelle depuis les années 90, avait placé ses sociétés, qui détiennent tous ses biens, sous la protection de la loi sur les faillites.
Mais l'ancien ministre estime n'avoir rien à rembourser tant que le montant de sa dette n'a pas été définitivement tranché par la justice.
En novembre 2017, un juge commissaire du tribunal de commerce de Paris avait rendu une décision ramenant à 322 millions d'euros la créance exigible par le Consortium de réalisation (CDR), l'entité chargée de l'héritage du Crédit Lyonnais.
C'est cette décision que la cour d'appel a annulé vendredi, près de cinq mois après l'audience du 1er octobre 2019.
Au-delà de déterminer combien doit M. Tapie, se pose également la question de savoir comment il remboursera.
La justice commerciale examine donc en parallèle depuis quatre ans les échéanciers de remboursement proposés par les sociétés GBT (Groupe Bernard Tapie), actionnaire majoritaire du groupe de médias la Provence, et FIBT (Financière et Immobilière Bernard Tapie), qui détient son hôtel particulier parisien et sa villa à Saint-Tropez.
Après les rejets de deux premiers plans de remboursement et le placement de ces sociétés en redressement judiciaire début 2019, un troisième plan est désormais en cours d'examen au tribunal de commerce de Bobigny. Les débats sur sa viabilité reprennent le 4 mars, avant une éventuelle décision dans plusieurs semaines.
Le parquet et le CDR réclament la liquidation judiciaire et la saisie immédiate des biens.
https://www.boursorama.com/bourse/actualites/la-justice-confirme-que-tapie-doit-plus-de-400-millions-d-euros-dd1f6b6882ff81e607ee7776c833c7a2
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Affaire Tapie : et maintenant ?
https://www.lepoint.fr/justice/affaire-tapie-et-maintenant-12-07-2019-2324242_2386.php
L'ex-patron d'Adidas a été relaxé au pénal. Que le parquet fasse appel ou non, il devrait tout de même être contraint de rendre l'argent. Explications...........
Cette affaire dure depuis plus de 20 ans et aurait déjà coûté pas moins de 460 millions d'euros aux contribuables français...........................................................
"...il manquait dans la salle d'audience les principaux responsables : les politiques.
En tête, Nicolas Sarkozy, qui, pour s'attacher le soutien de Tapie, a donné pour instruction de sortir l'affaire Tapie de la justice ordinaire pour la faire régler par un tribunal arbitral. Mais l'ex-président est protégé par son immunité..."
extrait de l'article "les fantômes du procès Tapie", Le Canard enchaîné, 3 avril 2019
Marc Fratani, qui a servi l'homme d'affaires pendant près de 30 ans, revient sur les méthodes employées par l'ancien président de l'OM, à la tête du club de 1986 à 1994.
Aujourd'hui, les deux hommes sont brouillés. Une situation qui a sûrement facilité les confessions au journal Le Monde de Marc Fratani, l'ancien bras droit de Bernard Tapie pendant une trentaine d'années. L'homme de l'ombre ne se fait pas prier pour détailler les méthodes de l'ancien "boss" de l'Olympique de Marseille. "J'étais au courant de toutes les activités de Jean-Pierre Bernès, le directeur sportif du club. Je les ai couvertes et il m'est arrivé d'y participer", raconte l'ancien homme de confiance de Bernard Tapie. Fratani affirme que le patron du journal La Provence s'est lancé en 1988-89 dans "une entreprise de corruption pour quatre saisons". "Il ne s'agissait pas d'acheter tous les matches. Ils ciblaient les adversaires principaux".
L'homme va même beaucoup plus loin dans ses révélations. Il affirme avoir activement participé "à un achat d'arbitre" lors d'un match contre le Paris-Saint-Germain. "Le lendemain de la rencontre, je suis allé lui remettre dans un endroit discret ce qui était convenu", précise-t-il. Lors de l'enquête sur un match truqué entre Valenciennes et Marseille en 1993, Bernard Tapie et Jean-Pierre Bernès avaient tous deux écopé en 1995 d'une peine de prison ferme.
Ce ne sont pas les premières accusations de corruption massive portées contre Bernard Tapie. Jean-Jacques Eydelie, un ancien joueur du club également condamné dans l'affaire VA-OM, affirmait en 2006 que "tricher était devenu une seconde nature" pour l'ancienne direction de l'OM. Eydelie avait également affirmé avoir vu les dirigeants phocéens injecter des produits dans les boissons de leurs adversaires. Une pratique avouée aujourd'hui par Fratani. "On déstabilisait aussi l'adversaire en utilisant des psychotropes : du Haddol, un anesthésiant."
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La femme de l’homme d’affaires a été condamnée pour simulation frauduleuse début février par le TGI de Paris. Une opération de dissimulation ayant pour but d’échapper à une dette de plusieurs dizaines de millions d’euros des époux envers différents services des impôts. Au cœur du contentieux, une histoire rocambolesque d’acquisition, à Neuilly-sur-Seine, d’un hôtel particulier appartenant à un noble anglais, ex-PDG de L’Oréal, et loué à un joueur du PSG....
La fortune de Stéphane Richard soufflée par l'affaire Tapie ?
L'Etat a décidé, selon Mediapart, d'assigner trois personnes dont Stéphane Richard à rembourser conjointement avec Bernard Tapie les 400 millions d'euros dus. L'avocat de l'actuel PDG d'Orange ...
Affaire Crédit Lyonnais: Tapie évite la liquidation judiciaire de ses sociétés
La Cour d'appel de Paris a rejeté l'appel des créanciers de Bernard Tapie à liquider ses sociétés pour qu'il puisse les rembourser, et aussi le plan de sauvegarde proposé par l'homme d'affaires.
La dette de Nanard allégée par miracle de 117 millions
Une petite erreur du CDR, l'organisme public gérant les ardoises de l'ex-Crédit lyonnais -oh, trois fois rien !- va priver l'Etat de 117 des 439 millions que doit lui rembourser Bernard Tapie.
Après l'annulation de l'arbitrage sur Adidas de juillet 2008, la cour d'appel de Paris ordonne , le 3 décembre 2015, que Tapie rende les 404 millions qu'il avait perçus. Soit, en ajoutant les intérêts de retard, 439 millions.
Quelques jours avant cet arrêt, cependant, Tapie, fine guêpe, obtient du tribunal de commerce de Paris d'être placé sous le régime juridique de la sauvegarde. Ses biens deviennent ainsi insaisissables pendant six ans, délai qui lui est laisse pour -on peut toujours rêver !- rembourser sa dette. Le CDR conteste évidemment cette décision en justice. Lors de l'audience de la cour d'appel, mardi 30 janvier, on découvre que la créance de l'organisme public avait été discrètement rabotée de 117 millions, en décembre 2017, par le juge-commissaire, le magistrat chargé de vérifier le montant exact du passif. Et ce, pour une banale erreur de procédure..
Selon la loi, les 439 millions dus par Nanard devaient en effet lui être demandés, moitié-moitié (presque 220 millions chacun), par les deux branches du CDR (CDR Créances et CDR Consortium) héritières, respectivement, des deux banques (Crédit Lyonnais et SDBO) qui avaient prêté les sous à Tapie. Au lieu de quoi chaque branche a réclamé le remboursement des sommes qu'elle avait effectivement allongées - soit 337 et 102 millions. Le juge a alors refusé au premier créancier le droit de réclamer plus de 220 millions et a donc raboté sa demande de 117 millions... au profit de Tapie, dont la dette, du même coup, est miraculeusement redescendue de 439 à 322 millions. Le CDR a évidemment fait appel de ce rabais. Sans grand espoir : pour formelle qu'elle apparaisse, la décision semble conforme à la loi et à la jurisprudence. "De toute façon, commente un représentant du CDR, nous ne récupérerons jamais notre créance. Le patrimoine de Tapie vaut moins de 200 millions. Alors, quelle différence,qu'il nous doive 439 ou 322 millions?"
L'addition des boulettes commises par le Crédit lyonnais et ses successeurs commence tout de même à être lourde. Entre l'oubli des intérêts liés aux dettes de Nanard (plus de 100 millions), le rachat d'actions Adidas (pourtant sans valeur) à Tapie (75 millions) et les distractions du fisc et de la Sécu à son égard, l'addition atteint 300 millions. Autant d'erreurs reconnues devant le juge Serge Tournaire par Thierry Métais, ex-responsable de la cellule fiscale au cabinet d'Eric Woerth, en ces termes : "C'est le côté pas glorieux de la Direction des finances publiques. On ne s'en vante pas"
Hervé Martin
Le Canard enchaîné, 7/02/2018
Arbitrage Tapie : un juge mène l'enquête pour "escroquerie"
Une enquête est en cours pour "escroquerie" liée à la décision du tribunal de commerce permettant à Bernard Tapie d'éviter la saisie de ses biens pour rembourser l'Etat dans l'affaire de son ...
Arbitrage du Crédit lyonnais: Bernard Tapie et cinq autres personnes renvoyés en correctionnelle
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..Tapie : "Mon cancérologue, je lui dis mais pourquoi j'ai une tumeur aussi grave à l'estomac, alors que en général c'est les gens qui boivent bien, qui fument bien. Il me dit, vous savez ce que c'est, l'expression populaire se faire de la bile ? Ben je dis oui. Il dit ben voilà. Vous avez compris pourquoi vous avez un cancer". Ben voilà. Les responsables du cancer de Tapie, ce sont tous ceux, sous le quinquennat Hollande, qui n'ont pas entravé le cours de la Justice. Et tous ceux, vous, moi, tout le monde, qui ont simplement espéré l'annulation du fameux "arbitrage", soigneusement millimétré au plus haut niveau sous le quinquennat Sarkozy. Tous responsables. C'est dit. Sans objection de son camarade, qui laisse Tapie, comme depuis toujours, nous promener gentiment.
La cour de cassation vient de trancher. Bernard Tapie a été condamné définitivement à rembourser les 404 millions d'euros accordés en 2008 par un tribunal arbitral pour régler son litige ave...
Affaire Tapie: Le parquet demande un procès pour l'homme d'affaires
http://www.20minutes.fr/societe/2026971-20170308-affaire-tapie-parquet-demande-proces-homme-affaires
Le parquet a notamment requis le renvoi devant le tribunal correctionnel pour « escroquerie en bande organisée » à l’encontre de Bernard Tapie...
Au dernier jour de son procès, l'ancienne ministre de l'Economie s'est défendue d'avoir eu les éléments en mains pour détecter la fraude dans l'arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie. L'aspect politique du dossier a été laissé de côté...
Bruno Bézard a accusé la toute puissante technocratie du ministère des Finances…
On attendait Stéphane Richard, l’ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, mais c’est finalement un autre ancien cador de Bercy, Bruno Bézard, qui a marqué ce mercredi le procès de l’ex-ministre, en accablant la gestion de l’affaire Tapie par tout « l’appareil d’Etat ».
>> A lire aussi : Stéphane Richard, son ex-directeur de cabinet à Bercy, ne témoignera pas
Avec Bruno Bézard, c’est toute la puissante technocratie du ministère des Finances qui s’est invitée à la barre. Ancien major de l’ENA, cet homme à l’intelligence redoutable et aux colères redoutées a passé 28 ans à Bercy jusqu’au poste plus prestigieux, celui de directeur général du Trésor, auquel il a été nommé sous le quinquennat Hollande. Il a vu passer 13 ministres.
L’arbitrage était « une libéralité qui n’avait aucune justification »
En 2007 et 2008, lorsque se noue l’arbitrage frauduleux, il dirige l’Agence des participations de l’Etat (APE), en charge des « intérêts patrimoniaux » de la puissance publique. Cette agence s’oppose alors fermement, et vainement, à ce que l’Etat abandonne la voie judiciaire classique pour régler un vieux contentieux entre Bernard Tapie et l’ancienne banque publique Crédit Lyonnais.
L’arbitrage était « une libéralité qui n’avait aucune justification », un choix « extrêmement dangereux » et « la pire des solutions », dit Bruno Bézard, qui travaille aujourd’hui pour un fonds d’investissement franco-chinois. Mais à l’époque, ses notes pour la ministre peinent à passer le filtre du cabinet dirigé par Stéphane Richard. Bruno Bézard n’est pas invité à plusieurs réunions décisives.
Une « bonne partie de l’appareil d’Etat allait dans ce sens »
L’ex-haut fonctionnaire n’en a pas seulement après la patronne du Fonds monétaire international (FMI). Il assure qu’elle n’était même pas au courant des dernières manipulations de la procédure d’arbitrage, qui ont permis à Bernard Tapie de toucher un pharaonique « préjudice moral » (45 millions d’euros).
A entendre Bruno Bézard, si l’arbitrage, aujourd’hui soupçonné d’être un colossal détournement de fonds, a été décidé, c’est parce qu’une « bonne partie de l’appareil d’Etat allait dans ce sens ». Il précise : « Les membres du gouvernement, Matignon, la présidence de la République » et leurs proches conseillers. En 2007 et 2008, François Fillon était Premier ministre et Nicolas Sarkozy chef de l’Etat.
Devant la Cour de justice de la République (CJR), Christine Lagarde a assuré ce mardi avoir été "consternée" en juillet 2008 quand la sentence arbitrale favorable à Bernard Tapie a été rendue,selon l'agence Reuters. Cet arbitrage incluait notamment un "préjudice moral" qu'elle n'avait pas validé, à hauteur de 45 millions d'euros.
"Mais puisque vous n'avez jamais entendu parler de préjudice moral, pourquoi ne pas consulter vos services à ce sujet-là?", l'interroge alors la présidente de la Cour, Martine Ract Madoux.
Ce mardi 13 décembre, les arguments ne convainquent pas la présidente de la CJR, cette cour réservée aux anciens ministres, composée en majorité de parlementaires. Comparant avec les 30.000 euros accordés comme préjudice moral pour la perte d'un enfant, Martine Ract Madoux estime qu'une telle somme aurait dû faire l'effet à la ministre d'un "coup de poing dans l'estomac" au lieu de seulement la "consterner".
Le 7 juillet 2008, alors que Christine Lagarde est ministre de l'Economie et des Finances, un arbitrage controversé accorde 403 millions d'euros, avec les intérêts, à l'homme d'affaires Bernard Tapie pour solder son litige avec l'ancienne banque publique Crédit lyonnais sur la revente d'Adidas. Quarante-cinq millions lui sont alloués au titre de préjudice moral. Pourtant, le compromis d'arbitrage qui avait été validé par la ministre des Finances, début octobre 2007, ne prévoyait pas une telle indemnisation.
En finir avec un contentieux vieux de 15 ans
Toutefois, Christine Lagarde réfute toute négligence dans la gestion de ce dossier, et dit avoir agi avec pour seul objectif l'intérêt général.
La commission d'instruction de la CJR lui reproche "une décision d'entrer en arbitrage mal préparée, mal encadrée, malvenue" et "allant à l'encontre de l'avis répété" de l'Agence des participations de l'Etat (APE). Elle lui fait également grief d'avoir renoncé de manière "précipitée" à exercer un recours contre l'arbitrage.
Et quand elle a choisi, le 28 juillet 2008, de ne pas engager de recours contre une sentence "excessive à bien des égards", c'était pour faire "cesser l'hémorragie des honoraires" et "mettre un terme" à un contentieux vieux de 15 ans, a assuré mardi Christine Lagarde devant la Cour.
Une défense à double détente
Au premier jour de son procès, lundi, la banquière du FMI n'a pas exclu d'avoir été "abusée" dans cette affaire.
Le PDG d'Orange Stéphane Richard, qui était alors son directeur de cabinet, est soupçonné, dans le cadre de l'enquête principale sur l'arbitrage désormais entaché de soupçons de fraude, de lui avoir "dissimulé" des éléments "essentiels" du dossier, ce qu'il conteste. Il sera entendu mercredi matin.
Christine Lagarde a cependant déclaré :
"Je n'ai aucune raison à l'époque de remettre en cause la confiance que j'ai dans l'équipe avec (laquelle) je travaille." (...) "Je ne sais pas travailler dans un rapport de défiance, j'espère que ça n'est pas de la négligence."
Poursuivie pour négligence d'une personne dépositaire de l'autorité publique ayant mené au détournement par un tiers de fonds publics, Christine Lagarde encourt jusqu'à un an de prison et 15.000 euros d'amende.
(Avec Reuters)
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«Le coeur de cette affaire, c’est quand même ce préjudice moral de 45 millions d’euros, alors que (...) le préjudice moral pour la mort d’un enfant, c’est évalué à 30 000 à 50 000 euros. Enfin, c’est colossal !», s’est indignée ce mardi la présidente de la Cour de justice de la République, devant laquelle l'ex-ministre comparaît depuis lundi.
Comment a-t-elle pu accepter froidement un arbitrage reconnaissant à Bernard Tapie un «préjudice moral» d’une générosité sans précédent ? Christine Lagarde a fait face ce mardi à un interrogatoire impitoyable de la Cour de justice de la République.
«Le coeur de cette affaire, c’est quand même ce préjudice moral de 45 millions d’euros, alors que (...) le préjudice moral pour la mort d’un enfant, c’est évalué à 30 000 à 50 000 euros. Enfin, c’est colossal !», s’est indignée la présidente de la cour, Martine Ract Madoux, au deuxième jour du procès de l’ex-ministre et actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
«Vous ne vous dites pas mais je n’ai jamais autorisé un préjudice moral ?», veut-elle savoir. «Mais ça aurait changé quoi au niveau juridique ?», a répondu Christine Lagarde, sur la défensive.
«C’est quand même un coup de poing dans l’estomac, ça doit vous faire réagir !», a lancé la présidente, qui depuis le début du procès semble porter l’accusation.
Le 7 juillet 2008, Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie autorise une procédure arbitrale attribuant à Bernard Tapie plus de 400 millions d’euros dont 45 millions au titre d’un préjudice moral d’une très lourde gravité, un montant jamais vu dans l’histoire judiciaire française, pour solder des contentieux avec l’ancienne banque publique Crédit Lyonnais.
Selon Christine Lagarde, les travaux préparatoires, avant l’arbitrage, sur la possibilité d’un «préjudice moral», se sont faits dans son dos. Et le communiqué de Bercy qui «prend acte» de la sentence et promet que l’impact sur les finances publiques sera minime... Elle dit ne pas l'avoir lu avant diffusion.
«C’est normal ?», s’est étonnée la présidente de la cour. «C’est le mode de fonctionnement du ministère», a répondu Christine Lagarde, qui a raconté ses incessants déplacements internationaux, la gestion d’un ministère dilaté, son «obsession» du krach financier à venir. Une femme puissante, mais seule, à l’entendre.
Contestant à la barre toute «négligence», l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy a rappelé que ce sont des députés socialistes qui ont saisi la Cour de justice de la République, et a dénoncé des «arrière-pensées politiques».
Le procès doit se poursuivre jusqu’au 20 décembre.
L'arbitrage tombe à l'eau. La Cour de cassation a confirmé ce jeudi l'annulation de l'arbitrage dans le cadre du litige qui oppose Bernard Tapie avec le Crédit Lyonnais. En conséquence, l'homme...
JUSTICE L’information judiciaire, ouverte en 2012, porte sur l’arbitrage qui a octroyé 404 millions d’euros à Bernard Tapie…
Les investigations sont closes. Les juges d’instruction ont notifié le 23 juin la fin de leur enquête sur l’arbitrage qui a permis à Bernard Tapie de toucher 404 millions d’euros en 2008 pour régler son litige avec le Crédit Lyonnais. Dans cette affaire, six personnes, dont Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne et l’un des trois arbitres chargés de rendre la sentence arbitrale, Pierre Estoup, sont mises en examen pour escroquerie en bande organisée.
>> A lire aussi : La fraude a-t-elle été démontrée dans l'arbitrage Tapie?
L’information judiciaire, ouverte en 2012, porte sur l’arbitrage, une sentence privée, qui a octroyé 404 millions d’euros à Bernard Tapie, dont 45 au seul titre du préjudice moral, pour trancher le litige, vieux de plus de 20 ans, avec le Crédit lyonnais sur la vente d’Adidas en 1994.
Un « simulacre » d’arbitrage
La justice a annulé cette sentence en février 2015, estimant qu’elle était entachée de « fraude » et condamné en décembre l’ancien ministre de François Mitterrand et ex-patron de l’Olympique de Marseille à rembourser la somme perçue.
Mais l’enquête pénale s’est poursuivie. Au cours de leurs investigations, les juges d’instruction ont dressé le scénario d’un « simulacre » d’arbitrage, biaisé au profit de l’homme d’affaires. Leurs investigations ont notamment mis en lumière les relations « anciennes » et « dissimulées » entre Pierre Estoup et Me Lantourne qui avaient travaillé ensemble sur plusieurs dossiers dans le passé.
>> A lire aussi : Les dix dates pour tout comprendre de l'affaire Tapie
Christine Lagarde renvoyée pour « négligence »
L’ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, Stéphane Richard, aujourd’hui patron d’Orange, est aussi mis en examen.
Quant à Christine Lagarde, sur le point d’entamer un second mandat à la tête du Fonds monétaire international (FMI), elle a été renvoyée pour « négligence » devant la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée à juger des délits commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leur fonction. Mme Lagarde a intenté un ultime recours pour échapper à un procès.
20 Minutes avec AFP
Mediapart publie l'arrêt de renvoi devant la Cour de justice de la République de l'ancienne ministre. Un document embarrassant où la défense de la patronne du FMI est qualifiée d'"affligeante"
C'est un document embarrassant pour Christine Lagarde. Mediapart publie mardi 12 janvier l'arrêt de renvoi devant la Cour de justice de la République de la patronne du FMI dans le cadre de l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais. La commission d'instruction y démonte les explications de l'ancienne ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy, les estimant "peu convaincantes, sinon affligeantes".
Le document d'une soixantaine de pages reproche à la directrice du FMI sa gestion du dossier Adidas. Les magistrats relèvent que la ministre a fait preuve d'une précipitation "qu'aucune raison sérieuse ne paraît pouvoir justifier" dans un dossier aussi important pour les finances publiques. Et accusent Christine Lagarde d'avoir fait montre au mieux de "légereté, au pire de "graves négligences".
La défense de l'ancienne ministre, elle-même, est battue en brèche par la commission d'instruction de l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais. Celle-ci estime que le signataire du document, "a fortiori un ministre, est censé avoir pris connaissance (de l'accord) dans son intégralité et d'en avoir mesuré la portée."
Le rapport des magistrats note que "les négligences multiples commises, à cette occasion, par un ministre ayant par ailleurs l'expérience, tout à la fois, des contentieux financiers et de la procédure d'arbitrage, sont difficilement explicables, si ce n'est par la volonté d'imposer des choix déterminés à l'avance (et qu') en toute hypothèse, le comportement de Mme Lagarde ne procède pas seulement d'une incurie et d'une précipitation critiquables, mais aussi d'une conjonction de fautes qui, par leur nature, leur nombre et leur gravité, dépassent le niveau d'une simple négligence".
L'affaire Tapie-Crédit Lyonnais date du début des années 1990 et de la revente d'Adidas par l'homme d'affaire. Bernard Tapie, qui s'est toujours estimé lésé par le deal, a poursuivi pendant plusieurs années la banque, avant d'obtenir au global un dédommagement de plus de 400 millions d'euros en 2008. Mais l'arbitrage a vite suscité les soupçons, certains y voyant une intervention du pouvoir en place. Et, en 2011, des juges d'instructions se sont emparés du dossier.
L'on savait que Christine Lagarde serait renvoyée devant la Cour de justice de la République pour son rôle présumé dans l'arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais lors de son passage à Bercy, depuis la mi-décembre. L'ordonnance de renvoi permet de mieux comprendre le raisonnement des trois magistrats qui composent la commission d'instruction de la CJR et qui ont eu l'occasion de démontrer leur solidité dans de lourds dossiers financiers par le passé. Ils n'ont manifestement pas réussi à démontrer une implication parfaitement calculée et volontaire de l'ancienne ministre de l'Economie dans ce dossier de détournement de fonds publics, ce qui aurait constitué "l'intentionnalité" du délit.
Dès lors, les magistrats ont accumulé une série de faits qui prouvent, selon eux, ses fautes multiples dans la gestion du cas Tapie. Et se sont raccrochés à un autre motif de poursuite: la "négligence". Lorsqu'un détournement de fonds publics "résulte de la négligence d'une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, d'un comptable public ou d'un dépositaire public, celle-ci est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende", prévoit l'article 432-16 du code pénal. Reste que les avocats de Christine Lagarde vont pouvoir fourbir toutes leurs armes: la responsabilité directe de la patronne du FMI fera l'objet sans nul doute d'une rude bataille devant la CJR.
Hollande va-t-il cacher ses échecs sous le Tapie?
Ce texte a été lu862fois Bernard Tapie a eu la bonne idée d'annoncer son retour en politique. Voilà enfin un vent de fraîcheur sur la pays, dont le pays a bien besoin: Tapie, 72 ans, formé so...
http://www.eric-verhaeghe.fr/hollande-va-t-il-cacher-ses-echecs-sous-le-tapie/
Bernard Tapie revient ? Ben, pourquoi pas Franchement, le niveau des autres est tellement bas que... ben, pourquoi pas.
Affaire Adidas: Avant sa condamnation, Bernard Tapie a mis ses actifs à l'abri
Le 30 novembre, le tribunal de commerce de Paris validait une procédure de « sauvegarde » confiant tous les actifs de l’homme d’affaires à un administrateur ...
L'ex-patron d'Adidas est sommé par la justice de rendre les 404 millions d'euros obtenus en 2008 à la suite d'un arbitrage litigieux. Analyse.
Il semblait si sûr de lui, Nanard, en octobre 2010, lors de la matinale de France Inter : "Ça fait quinze ans que ça vous emmerde que j'aie raison parce que, depuis le départ, vous avez estimé que je devais avoir tort. Voilà, il faudra vous y faire, vous mourrez avec ça : j'ai gagné 45 (millions d'euros de préjudice moral, NDLR), plus, un peu plus encore. Et plus ça vous emmerde, plus ça me fait plaisir." Cinq ans plus tard, ses propos doivent lui paraître particulièrement cruels : l'homme d'affaires a peut-être perdu toute sa fortune.
C'est en effet un arrêt cinglant que vient de rendre la cour d'appel de Paris dans le litige qui l'oppose depuis plus de vingt ans au Consortium de réalisation (CDR), l'organe de défaisance du Crédit lyonnais. La justice n'a fait droit qu'à une seule de ses demandes – le préjudice moral – mais en ne lui accordant qu'un euro symbolique de dommages et intérêts là où, en 2008, ce même préjudice avait été évalué à 45 millions… Pire, la cour d'appel de Paris juge toutes ses demandes irrecevables, tant sur la forme que sur le fond. Et le condamne ainsi à rembourser 404 millions d'euros obtenus par un arbitrage de 2008, qualifié par les enquêteurs de "simulacre" et annulé par la justice le 12 février 2015.
Bernard Tapie va certainement tenter de s'accorder un répit en déposant un ultime recours devant la Cour de cassation. Son avocat, Emmanuel Gaillard, a déjà dit étudier la question. Mais les ennuis s'accumulent. Car l'ancien patron de l'Olympique de Marseille, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, devrait également faire face cet hiver à un renvoi au pénal devant le tribunal correctionnel. Soupçonné d'avoir abondamment utilisé son carnet d'adresses pour court-circuiter la justice de droit commun et obtenir l'arbitrage favorable de 2008, il est actuellement mis en examen pour corruption et escroquerie en bande organisée. La chute vertigineuse de l'homme d'affaires pourrait entraîner celle de plusieurs politiques, y compris certains proches de Nicolas Sarkozy suspectés par les juges d'avoir aidé Tapie à décrocher son pactole.
Pour (tenter de) comprendre l'affaire Adidas, replongeons-nous dans l'histoire de ce qui est sans doute le plus gros scandale politico-financier des vingt dernières années. Le litige que la cour d'appel de Paris vient de trancher consistait à savoir si, oui ou non, Bernard Tapie avait été escroqué par le Crédit lyonnais, lors de la revente d'Adidas à Robert Louis-Dreyfus. En février 1993, Bernard Tapie, acculé par les dettes et appelé à ses fonctions de ministre de la Ville, confie un mandat de vente d'Adidas au Crédit lyonnais pour 2,085 milliards de francs. La banque finance intégralement Robert Louis-Dreyfus afin qu'il achète 15 % et une option d'achat, lui permettant d'acquérir la totalité de l'entreprise dans les deux ans pour un prix de… 4,4 milliards de francs ! Le Crédit lyonnais monte un tour de table particulièrement opaque, composé d'investisseurs temporaires et de sociétés offshore, qui ont tous l'obligation de revendre leurs parts à Robert Louis-Dreyfus. Le Crédit lyonnais finance tout ce petit monde grâce à des prêts extrêmement avantageux et empoche, quelque temps plus tard, plusieurs centaines de millions de francs.
Bernard Tapie affirme avoir découvert trop tard la supercherie et ne dépose réellement les premiers recours en justice qu'en 1994, lorsque sa carrière politique tourne court plus tôt que prévu. Il affirme avoir tout ignoré du montage financier mis en place par le Crédit lyonnais, clame avoir été roulé par ses collaborateurs et par sa banque, affirme qu'on a brutalement arrêté de le soutenir financièrement en vue de racheter Adidas et d'opérer une jolie culbute.
RETROUVEZ ICI ce que disait Bernard Tapie pour sa défense
Après plus de quinze ans de procédure, une multitude de jugements et d'arrêts contradictoires, Nanard obtient du ministère de l'Économie que son litige se résolve par un arbitrage. En 2008, c'est le jackpot : il obtient 404 millions d'euros. Mais, comme avec Bernard Tapie, l'histoire n'est jamais vraiment finie, coup de théâtre quelques années plus tard : l'ex-patron de l'OM est soupçonné d'avoir acheté un des juges-arbitres. L'arbitrage est annulé le 13 février 2015 et l'affaire, rejugée sur le fond par la cour d'appel de Paris. Elle vient de le délester de sa fortune et de balayer un à un ses arguments :
Un montage financier caché à Bernard Tapie
Faux selon la cour qui affirme que les dirigeants de BTF (Bernard Tapie Finances, maison mère d'Adidas) connaissaient au moins le nom des banques et grandes entités qui s'apprêtaient à entrer au capital d'Adidas, à savoir Clinvest, AGF, la banque Worms et leurs fameuses "affiliées luxembourgeoises". Comprendre : des sociétés offshore, discrètes et particulièrement opaques. Les juges estiment donc, d'une part, que les conditions de la vente n'ont pas été cachées à Bernard Tapie ; d'autre part, que le secret qui entourait le montage financier et le recours à des fonds offshore visait à de ne pas attirer "l'attention de l'opinion" sur ce qui pouvait passer pour une "faveur accordée à un ministre en exercice par des banques publiques". Lesquelles, ajoute la cour, "endossaient l'intégralité des risques de l'opération". La cour, en revanche, ne se prononce pas sur l'argument de Bernard Tapie qui affirmait que les sociétés offshore étaient des faux nez du Crédit lyonnais.
Un comportement déloyal de la banque
Les époux Tapie affirment que le Crédit lyonnais a proposé un prêt extrêmement avantageux à Robert Louis-Dreyfus, et ce, sans l'en informer, dans le but de recueillir tous les fruits de la vente. La cour d'appel, reprenant un arrêt de la Cour de cassation, balaie l'argument : "Le banquier est toujours libre, sans avoir à justifier sa décision qui est discrétionnaire, de proposer ou de consentir un crédit, de s'abstenir ou de refuser de le faire."
Bernard Tapie disposait de mauvaises prévisions
Tapie savait qu'Adidas était en "cours de retournement" à la fin de l'année 1992, et susceptible de dégager de forts bénéfices dans les années suivantes, estime la cour d'appel. L'homme était cependant bloqué et obligé de vendre, ajoute-t-elle. "Très endetté", incapable de recapitaliser l'entreprise ou de rembourser ses prêts, il a échoué à trouver de nouveaux investisseurs qui auraient pu pérenniser l'activité.
Une rupture brutale des relations commerciales entre BTF et le Crédit lyonnais
La vente d'Adidas a permis à Bernard Tapie de recapitaliser certaines de ses entreprises et d'éviter l'ouverture de plusieurs procédures collectives. Certes, les accords passés entre Bernard Tapie et sa banque ont été révoqués par le Crédit lyonnais, mais la banque ne faisait que faire jouer une clause du contrat. La cour précise même qu'en 1993 Bernard Tapie n'a pas hésité à pomper dans son groupe plus de 73 millions de francs à des fins personnelles. "Des ponctions qui n'étaient pas illicites", précise-t-elle, mais qui "ne contribuaient pas au désendettement du groupe".
Comment la cour d'appel a démoli les arguments de Tapie
Il semblait si sûr de lui, Nanard, en octobre 2010, lors de la matinale de France Inter : "Ça fait quinze ans que ça vous emmerde que j'aie raison parce que, depuis le départ, vous avez estimé...
Depuis des années, Tapie faisait le fanfaron en affirmant qu'il ne craignait pas l'annulation par la cour d'appel du fabuleux arbitrage dans l'affaire Adidas. Il avait tout à gagner, affirmait-il, à un retour devant la justice normale. Et d'expliquer à qui voulait l'entendre : l'arbitrage, qui lui avait rapporté 403 millions en juillet 2008, était un compromis qu'il avait accepté seulement afin d'en finir plus rapidement. Une sorte de bonne manière à l'égard des finances publiques -aujourd'hui comptables des anciennes créances du Crédit lyonnais. Or, affirmait-il, son préjudice véritable était bien au-delà de 400 plaques. Selon les jours et son humeur, il l'estimait de 6 à 12 milliards. Et se disait persuadé qu'un procès en bonne et due forme lui rendrait l'intégralité de son dû.
La Cour de cassation vient de casser l'arbitrage. La nouvelle devrait donc être excellente pour Tapie. Il va pouvoir ainsi revenir devant la justice normale. Et voilà qu'il conteste cette décision de la cour pourtant censée lui ouvrir de grands espoirs. Comment mieux avouer que, s'il a fait des pieds et des mains pour échapper à la justice normale, c'est qu'il n'a rien de bon à en attendre ?
Contrairement à une bonne justice privée rendue entre amis.
Le Canard Enchainé, 18/02/2015
Pourquoi Bernard Tapie est encombrant pour Nicolas Sarkozy
La cour d'appel de Paris a annulé l'arbitrage ayant accordé 403 millions à Bernard Tapie en 2008 pour régler son litige avec le Crédit Lyonnais. Où l'on va reparler, encore, de la relation ...
La cour d'appel de Paris a annulé ce mardi l'arbitrage Tapie conclu en 2008 pour solder le vieux litige entre l'homme d'affaires et le Crédit Lyonnais. Bernard Tapie va devoir rendre les 403 ...
http://www.boursorama.com/actualites/l-arbitrage-tapie-annule-c0531819b3be2a12e4019f3204b46be4
André Guelfi a toujours aimé les sociétés offshore, mais elles ne le lui ont guère rendu. L’histoire des différentes sociétés gravitant autour de lui qu’a pu reconstituer Le Monde à partir des « Panama papers » ressemble en effet à une succession de déconvenues.
L’aventure commençait pourtant bien. En 1994, l’homme d’affaires né au Maroc est l’un des personnages incontournables pour les Français qui souhaitent profiter de l’ouverture économique de l’ex-URSS. « Dédé la Sardine » joue les intermédiaires entre le pétrolier français Technip et le président ouzbek Islam Karimov pour le gigantesque contrat de la raffinerie de Boukhara. Pour encaisser la commission de 18 millions de dollars promise par Technip, il ouvre la société Collister Overseas Corp. aux îles Vierges britanniques. C’est par elle que circuleront les rétrocommissions de 3 millions de dollars reversées sur les comptes offshore des anciens patrons de Technip et d’Elf Georges Krammer et Alfred Sirven – qui vaudront au premier trois ans de prison et 200 000 euros d’amende en 2010, le second étant mort avant le procès.
Ce sont ces soupçons de rétrocommissions qui valent à André Guelfi son bref séjour à la prison de la santé, en 1997, où il se lie d’amitié avec Bernard Tapie. A leur sortie de prison, les deux hommes scellent un pacte : ils s’aideront mutuellement à « récupérer leur argent » (celui d’Elf pour Guelfi, celui d’Adidas pour Tapie) et le partageront dans un pot commun, baptisé Superior Ventures Capital Ltd (SVCL), une discrète société britannique chapeautée par une holding malaisienne.
Système de commissions
A l’actionnariat de SVCL, on retrouve trois nouvelles sociétés offshore installées aux îles Vierges : 49 % pour Umbrella International Ltd (André Guelfi), 49 % pour Pacesetter Investments Ltd (Bernard Tapie) et les 2 % restants placés en fiducie (c’est à dire en garde) chez Ridgetop Investments Ltd, la société de l’avocat Eric Duret, chargé de trancher leurs différends en cas de brouille. Les trois hommes prévoient même un système de commissions pour permettre à leur société commune, SVCL, d’empocher 5 % sur les contrats conclus par chacun d’entre eux.
Mais le plan parfait se fissure à mesure que les affaires de la paire Tapie-Guelfi tombent à l’eau, et tourne carrément au vinaigre quand le premier empoche dans un arbitrage 405 millions d’euros en 2008 et refuse non seulement de partager le pactole, mais aussi de rembourser les généreuses avances consenties par le second pendant des années. Alors que Bernard Tapie exulte, André Guelfi est embourbé dans l’affaire Elf, dans laquelle sa condamnation à trois ans de prison ferme vient d’être confirmée.
Son grand âge lui permet toutefois d’échapper à l’incarcération et, une fois son ultime boulet judiciaire enterré avec sa relaxe en 2010 par la cour d’appel de Paris dans l’affaire Technip, « La Sardine », 91 ans, repart à l’attaque avec son inséparable avocat Eric Duret.
Dix-huit mois d’efforts juridiques vains
Ce dernier use de sa vieille camaraderie avec Ramon Fonseca pour convaincre le cabinet panaméen Mossack Fonseca de l’aider à réveiller Collister et Ridgetop, leurs deux sociétés offshore en sommeil depuis près de dix ans, malgré les réticences du service « compliance » (vérification de la conformité) du cabinet à s’encombrer d’un client au pedigree si fourni.
Leur première cible : Bernard Tapie. « Réactiver Ridgetop me permettait de peser dans la négociation avec Bernard Tapie, afin de faire valoir mes 2 % dans Superior Ventures Capital », explique au Monde Eric Duret. Finalement, Bernard Tapie acceptera au terme d’une médiation, en 2012, de verser un peu plus de 4 millions d’euros sur les 11 réclamés par André Guelfi.
Mais ce dernier vise plus haut : en redonnant vie à Collister, il entend obtenir lui aussi « son » arbitrage, en réclamant 45 millions de dollars d’indemnités à Technip pour les contrats pétroliers annulés dans les années 1990 à cause de l’affaire Elf. Las ! Les dix-huit mois d’efforts juridiques mobilisés par son avocat pour réactiver Collister seront vains : entretemps, l’affaire a été prescrite, empêchant tout recours à l’arbitrage.
Le vieil homme, presque centenaire, a alors dû quitter Malte pour Saint-Barthélemy, à cause de son assignation à résidence en France. Jamais à court d’idées, il se met en tête de financer la construction d’une digue pour protéger le port de Gustavia et ses yachts de milliardaires. Et bien sûr, il monte pour cela chez Mossack Fonseca en février 2011 une nouvelle société offshore baptisée Darlen International SA, à laquelle il associe sa femme et sa fille. « C’était plus avantageux pour la fiscalité », reconnaît sans ambages son avocat Eric Duret, qui rappelle que son client avait déjà à ce moment-là la nationalité maltaise. Mais comme si l’histoire balbutiait, le projet échoue et Darlen est liquidée deux ans plus tard.
Erratum : contrairement à ce qui était écrit dans une première version de l’article, Eric Duret n’a pas aidé André Guelfi à créer Collister et les 2 % de Ridgetop dans SVCL étaient en « fiducie ».
- Maxime Vaudano
Journaliste au Monde.fr
" Panama papers " : les mauvaises affaires offshore de " Dédé la Sardine "
L'aventure commençait pourtant bien. En 1994, l'homme d'affaires né au Maroc est l'un des personnages incontournables pour les Français qui souhaitent profiter de l'ouverture économique de ...
Mis en cause par "Le Canard enchaîné", André Guelfi, dit "Dédé la sardine", 94 ans, s'explique sur ses liens avec Bernard Tapie et sur l'arbitrage avec le Crédit lyonnais.
L'histoire a été cent fois racontée. André Guelfi, impliqué dans l'affaire Elf, et Bernard Tapie, compromis dans le match truqué OM-Valenciennes, se retrouvent à la prison de la Santé en 1997. Les deux hommes sympathisent et l'ancien (il est né en 1919 au Maroc) décide d'aider l'ex-ministre de la Ville de François Mitterrand, alors au fond du trou. André Guelfi, très bien introduit dans les pays de l'ex-URSS, salarie Bernard Tapie autour de 50 000 francs par mois (7 600 euros) et autant en notes de frais, et ce, jusqu'en 2000. Au total, avec les intérêts, l'ancien patron d'Adidas serait redevable de 14 millions d'euros vis-à-vis d'André Guelfi.
De son côté, l'ancien patron de l'OM promet, dans un protocole d'accord signé le 4 mai 2000, de partager avec André Guelfi "les bénéfices escomptés d'un procès intenté au Crédit lyonnais" sur l'affaire de la vente d'Adidas. Seulement voilà, lorsqu'en juillet 2008 Bernard Tapie perçoit 403 millions d'euros, non seulement il n'entend pas partager, mais il insulte André Guefi, hurlant : "Tu n'es qu'un vieux fou, je ne te donnerai jamais un centime." "Je regretterai toujours d'avoir aidé cet individu alors que tout le monde lui tournait le dos. Tapie n'a aucune morale, aucune reconnaissance", lâche "Dédé la sardine", très amer.
Ulcéré, Dédé la sardine (il doit son surnom à son ancien métier d'industriel de la pêche au large du Maroc et de la Mauritanie) fait appel en 2010 à Francis Louvard, un professionnel du recouvrement de créances, afin de récupérer les avances faites à "Nanard". Sous la pression, ce dernier aurait reversé 4,5 millions d'euros entre février et septembre 2012..
(extraits, article complet :
http://www.lepoint.fr/societe/andre-guelfi-j-ai-aide-bernard-tapie-je-ne-cesse-de-le-regretter-10-12-2013-1767085_23.php
En 1983, un certain Bernard Tapie se lance dans le métier de repreneur qui est le contraire d'entrepreneur. Un repreneur détruit des emplois tandis qu'un entrepreneur en crée. Un repreneur a besoin d'appuis bancaires, voire de complicité qui, à l'époque, passent par le Crédit Lyonnais aux ordres de François Mitterrand. Tapie doit donc accéder à Mitterrand. Il se trouve que je connaissais les deux : Tapie parce que nous faisions du vélo ensemble dans la banlieue parisienne et le Président parce qu'il aimait bavarder avec les intellectuels de tous bords. Tapie insiste tellement que je le mentionne à Mitterrand. L'œil du Président s'alluma et il me dit - cela ne s'oublie pas : "Amenez-le moi à l'Elysée, j'adore les canailles". Ce qui fut fait à l'occasion d'un petit-déjeuner qui, du temps de Mitterrand, durait parfois deux heures. Les compères s'entendront à merveille : on connaît la suite.
Ma femme ne m'a jamais pardonné d'avoir ainsi joué les entremetteurs ; mais il était difficile de résister aux pressions de l'un et de l'autre. Mitterrand vous assommait avec un contrôle fiscal tandis que Tapie menaçait de "me casser la gueule"( sic): ils étaient vraiment faits pour s'entendre.
Guy Sorman
http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/mon-affaire-tapie
Sur l’accusation d’ « escroquerie en bande organisée », qui plane sur Bernard Tapie encore en détention provisoire ce soir, je n’ai pas d’éléments concrets à apporter. Mais si les éléments fournis par l’homme d’affaires sont de même nature que ceux livrés dans son livre sorti aujourd’hui, Un scandale d’Etat, oui ! Mais pas celui qu’ils vous racontent (Plon), il y a de quoi s’inquiéter. Car Bernard Tapie s’est laissé aller à une fascinante réécriture de l’histoire. En tous cas de celle que j’ai, moi, bien connue. Jeune journaliste à L’Expansion, j’ai assisté à l’éclosion du phénomène Tapie. Il y a vingt ans, c’était pour L’Express que j’ai suivi particulièrement cette affaire Adidas. Et à lire le livre de Tapie, nous ne parlons visiblement pas du même sujet…
Comme toujours, il faut revenir à l’origine : Bernard Tapie achète Adidas en 1990, à peu près deux milliards (on était en francs à l’époque), très bon marché c’est vrai. La marque est mythique mais les trois bandes sont un peu sur le déclin, et l’entreprise gagne moins de 200 millions pour près de 10 milliards de chiffre d’affaires. Or, qu’écrit Tapie dans son livre ? Une phrase surréaliste : « L’essentiel de la restructuration d’Adidas, je la fais la première année, les chiffres parlent d’eux-mêmes. ». Surréaliste, car il ne donne absolument aucun chiffre ! En réalité, à peine a-t-il racheté Adidas que le chiffre d’affaire se met à décliner, de 10 % chaque année. Et « l’essentiel de la restructuration » opérée, donc, sous la gestion du nouveau propriétaire en 1991 débouche sur… plus d’un demi-milliard de pertes en 1992 ! Comme dit Tapie, « les chiffres parlent d’eux-mêmes …
Deuxième surprise, toujours à la lecture du livre : « La banque a mis au point une superbe opération pour me voler ». En réalité, la banque lui a promis, sous pressions politiques, de trouver un acheteur pour 80 % d’Adidas à un prix supérieur à 2 milliards de francs. C’était inespéré. Tapie occulte évidemment dans le livre l’épisode de l’acheteur pressenti, le patron des chaussures Reebok, qui s’est rétracté tellement il trouvait les chiffres mauvais. Personne n’en voulait, mais comme Tapie était ministre de la Ville, Bérégovoy était Premier ministre, Jean-Yves Haberer était patron du Crédit Lyonnais et ne pouvait rien lui refuser… la vente a été scellée. Et quand celle-ci a été effectivement annoncée finalement– c’était au début de 1993 -, nous autres journalistes, nous avons tous flairé l'embrouille. Tapie, lui, est allé baiser les pieds de Jean-Yves Haberer, comme le rappelle ce dernier, dans l’excellent article de Sophie Fay paru aujourd’hui dans Le Nouvel Observateur : « Tapie est venu me voir spécialement dans mon bureau pour me remercier ».
Il le pouvait. Le Crédit lyonnais était tellement gêné par cette affaire que longtemps l’acheteur – Robert Louis-Dreyfus - est resté secret. Pourquoi ? Parce que le Crédit Lyonnais a pris des risques fous à ce moment-là. Il a proposé un prêt à Robert Louis-Dreyfus à des taux ridiculement bas, et ce dernier avait en plus deux ans pour se rétracter avant d’acheter Adidas pour de bon. Heureusement, quelqu’un au Crédit Lyonnais s’est dit : « On prend beaucoup de risques là-dessus. Si l’affaire tourne bien, peut-être pourrait-on en tirer des profits. » Donc le Lyonnais a monté un prêt participatif et effectivement, deux ans plus tard, quand Robert Louis-Dreyfus achète, c’est la banque qui affiche une plus-value de plus de deux milliards de francs, et fait « l’affaire de sa vie ». A la place de Tapie !
Vincent Beaufils
http://regards.blogs.challenges.fr/archive/2013/06/27/adidas-comment-tapie-reecrit-l-histoire.html
un documentaire sur le personnage :
"qui a peur de Bernard Tapie" de Jean Charles Doria :
https://www.youtube.com/watch?v=pEXn5ag1Qmc
quelques réflexions du réalisateur :
"Bernard Tapie n'a pas daigné répondre" :
https://www.youtube.com/watch?v=gF8P2M5cI8U
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