méthane, la menace invisible

Publié le par ottolilienthal

MethaneSat, un satellite dédié à mesurer les émissions de méthane des gisements gaziers et de pétrole offre des données intéressantes. Les résultats de MethaneSat révèlent que les émissions relâchées sont de 3 à 5 fois plus hautes qu’estimées par l’industrie pétrolière et gazière américaine. Le méthane est 80 fois plus virulent pour le climat que le CO2. 

Dans le bassin de schiste du Permien, Texas, les fuites de méthane dépassent de 9 à 14 fois les limites à 290 tonnes par heure. Dans le bassin des Appalaches, les fuites dépassent de 4 fois. Dans l’Utah et Uinta Bassin, c’est 45 fois les standards de l’industrie. Bon en s’en fiche, car avec l’administration Trump, il n’y aura plus de limite. Comme l’Europe a besoin de méthane, on s’en fiche aussi.

Plus d'un demi-million de puits, qui ne produisent que 6 à 7% du pétrole et du gaz américains, génèrent environ 50% de la pollution au méthane de l'industrie.

Avant de partir, Biden a promulgué une loi pour limiter les émanations de méthane dans les gisements de schiste à $900 par tonne. Pas besoin d'aller plus loin dans cette thématique, Trump va l'abolir. 

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1403-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-novembre-2024.htm

Publicité

Tiens, on commence à se préoccuper des émissions de méthane. Le "gaz naturel" est le doux nom que les responsable du marketing du gaz ont donné au méthane.

Les émissions de méthane par le gaz et le pétrole représente  36% des émissions mondiales. Dans l'agriculture, le riz est le plus grand producteur de méthane.

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1391-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-septembre-2024.html

Pollution atmosphérique et climat :
Le témoignage inattendu du méthane

 

 pdfclic

 

 

 

 

 

On sait depuis des années que la pollution atmosphérique peut agir sur le climat. La lenteur avec laquelle a démarré le réchauffement global dans la seconde moitié du 20ème siècle a pu être imputée au rôle d’écran joué par les aérosols émis par l’industrie ; une fraction du rayonnement solaire était réfléchie vers l’espace. L’effet d’écran est une façon de moduler le réchauffement. Une autre est de moduler la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre.

 

 

La concentration atmosphérique du méthane a augmenté de façon exceptionnellement élevée en 2020. Cela est d’autant plus surprenant que 2020 a été marquée par des activités humaines réduites sur Terre à cause du confinement mis en place pour limiter la propagation de la covid.

 

 

L’analyse détaillée des mesures mondiales du méthane atmosphérique[1] montre que ce ne sont pas les émissions par l’homme qui sont responsables de cet accroissement du méthane. Une des causes de cet accroissement est directement liée au réchauffement. Dans les zones humides, les lacs… l’accroissement de la température provoque un accroissement de l’activité des microorganismes responsables de la fermentation des matières organiques. En l’absence d’oxygène, ces fermentations produisent du méthane.  La production naturelle de méthane a été accrue dans l’hémisphère nord, à cause des fortes températures de 2020. Noter que cet excès de méthane n’a pas été émis par le pergélisol dont on craint le relargage de méthane en cas de fonte importante. Ce sont les zones humides de l’hémisphère nord qui ont donné lieu à cette augmentation des émissions naturelles de méthane. Cette observation met en évidence une rétroaction positive du réchauffement : le réchauffement accroit les émissions naturelles de méthane.

 

 

L’augmentation des émissions ne suffit pas à rendre compte de l’augmentation du méthane atmosphérique. Il faut aussi faire intervenir une moindre élimination du méthane de l’atmosphère.

 

 

Ce qui fait disparaître le méthane de l’atmosphère, c’est l’action d’un édifice moléculaire très réactif, le radical OH, qui oxyde le méthane en CO2. Tout ce qui agit sur la concentration en radicaux OH joue sur le temps de vie du méthane dans l’atmosphère. C’est le cas du monoxyde de carbone CO, qui est lui aussi éliminé de l’atmosphère par oxydation en CO2 par le radical OH. Une présence notable de CO dans l’atmosphère a donc pour effet de réduire l’absorption du méthane par son puits naturel. Mais les observations ont montré que là n’est pas la cause de l’excès d’accroissement du méthane atmosphérique en 2020. La cause dominante, à côté de l’accroissement des émissions naturelles, c’est la diminution des substances oxydantes précurseurs des radicaux OH.

 

 

Parmi les précurseurs des radicaux OH, se trouvent les oxydes d’azote, notés NOx, et l’ozone troposphérique dont les NOx sont aussi précurseurs. Ces composés sont des polluants produits en particulier par les moteurs thermiques des transports terrestres ou aériens. Le confinement imposé pour des raisons sanitaires en 2020 a très fortement réduit ces transports. La troposphère s’en est trouvée beaucoup moins chargée en NOx et en ozone, et donc beaucoup moins productrice de radicaux OH. L’excès de méthane observé est dû à la fois à un excès d’émissions naturelles et à un déficit d’élimination.

 

 

Le méthane est un gaz à effet de serre puissant, responsable du tiers du réchauffement depuis le début de l’ère industrielle. Son pouvoir réchauffant global (PRG) est, à masse égale, 28 fois celui du CO2 à l’échéance de 100 ans. Mais dans la situation actuelle où il est urgent de réduire l’effet de serre, il faut considérer une échéance plus rapprochée. À l’échéance de 20 ans, son PRG est 82 fois celui du CO2. Les planifications de réduction des émissions anthropiques de méthane devront tenir compte à la fois des effets du réchauffement par les émissions naturelles par les espaces humides, et des émissions à venir d’oxydes d’azote. Pour concilier la lutte contre la pollution et la lutte contre le réchauffement climatique, il faudra être particulièrement vigilant dans la réduction des émissions de méthane.  Des fuites massives peuvent être évitées[2].

 

 

 

[1] Peng, S., Lin, X., Thompson, R.L. et al. Wetland emission and atmospheric sink changes explain methane growth in 2020. Nature 612, 477–482 (2022). https://doi.org/10.1038/s41586-022-05447-w

 

[2] https://www.sauvonsleclimat.org/fr/base-documentaire/des-fuites-massives-de-methane-qui-doivent-etre-evitees

 

 

 

 

 

 Copyright © 2023 Association Sauvons Le Climat

 

Publicité
Publicité
Australie

Au Queensland, le Bassin charbonnier de Bowen émet des quantités records de méthane +47% par rapport aux autres gisements estimés par l’IEA. Pour chaque tonne extraite, 7,5 kg de méthane s’échappent selon les satellites de Kayrros SAS.

 

extrait de https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1219-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-juillet-2021.html

Le méthane des lacs, la bombe climatique que nous avions totalement sous-estimé

Ils sont en fait très nombreux à la surface du globe et ont un taux d'émission de méthane beaucoup plus important que les océans. Il est urgent de surveiller les lacs ...

Les lacs jouent un rôle important mais souvent occulté dans les émissions naturelles de méthane. Pour comparaison, ils représentent 16% des émissions naturelles de CH4 tandis que les océans ne représentent qu'1% de ces émissions. Comment expliquer ce phénomène et le peu d'intérêt qui lui est consacré alors que ce gaz piège 28 fois mieux les rayons du soleil que le dioxyde de carbone ?

Oui, c’est vrai ! Les lacs ont été longtemps ignorés dans les budgets globaux du méthane, en partie à cause de l'idée que les lacs sont petits alors que l'océan est grand, donc plus d'attention devrait être accordée à l'océan. Mais deux découvertes récentes ont commencé à bouleverser complètement ce point de vue. Le premier est issu de la télédétection par satellite à haute résolution, montrant qu'il existe un nombre immense de petits lacs à travers le monde, et bien que chacun soit de taille modeste, leur superficie collective est énorme.

 

 

 

Deuxièmement, on a constaté que les petits lacs ont les taux d'émission de méthane les plus élevés parce qu'ils ont tendance à être peu profonds et hautement productifs. Dans certaines régions où nous travaillons dans le Nord canadien, par exemple, le paysage est rempli de petits lacs et d'étangs qui déversent de grandes quantités de méthane dans l'atmosphère. Nous avons seulement commencé à réaliser l'importance globale des lacs dans ces émissions.

La communauté scientifique (et notamment le GIEC en 2013) alerte depuis plusieurs années l'augmentation à un rythme soutenu  des émissions de méthane dans l'atmosphère. Dans le cas des lacs, est-ce que le réchauffement climatique lui-même contribuerait à l'augmentation de la production de ce gaz ?

Le réchauffement planétaire accélèrera l'émission de méthane des lacs dans l'atmosphère et ce, par divers mécanismes. La nouvelle suggestion décrite dans cet article par Emilson et collaborateurs est que plus de plantes aquatiques envahiront les lacs du nord dans un climat plus chaud, ce qui produira plus de biomasse pour une éventuelle conversion en méthane. Mais cette nouvelle découverte doit être ajoutée à une longue liste d'autres impacts bien connus. Par exemple, les microbes produisant du méthane adorent la chaleur, et les températures plus chaudes signifient plus de production de gaz. Les lacs plus chauds sont plus productifs, produisant plus de biomasse de plancton pour soutenir les microbes produisant du méthane. Finalement, l'un des plus grands effets est le réchauffement et le dégel des paysages de pergélisol (gelés en permanence) du Grand Nord. Il en résulte des lacs et des étangs de fonte dans lesquels les microbes peuvent décomposer le carbone du sol précédemment gelé. Cela est particulièrement inquiétant car il mobilise du carbone ancien stocké dans le sol gelé, au méthane, ce gaz à effet de serre puissant.

Quelles solutions sont aujourd'hui à l'étude pour contrer ce phénomène dans les lacs ?  Même si 40% des émissions de méthane sont liées aux phénomènes naturels, l'explication à l'augmentation de ces dites émissions dans l'atmosphère ne serait-elle pas plus à chercher du côté des activités humaines ?
 
A l'échelle locale, une attention particulière doit être accordée à la lutte contre l'eutrophisation, le surenrichissement des lacs causé par les activités urbaines et agricoles. Plus le lac sera enrichi, plus le méthane sera produit. Les municipalités devront travailler plus fort que jamais pour identifier et réduire les sources de pollution par les nutriments dans les lacs. À l'échelle planétaire, ces résultats actuels soulignent le besoin vital de réduire la production anthropogénique de gaz à effet de serre. La recherche sur les lacs montre comment la libération de dioxyde de carbone par les activités humaines stimule la production et la libération du puissant méthane, causant ainsi plus de réchauffement et encore plus de production de méthane. C'est un cercle vicieux qu'il nous faut d'urgence maîtriser en réduisant notre consommation de combustibles fossiles.
 
 
13/05/2018
Etats-Unis: les puits de pétrole abandonnés rejettent beaucoup de méthane

 

Les puits de pétrole et de gaz naturel abandonnés pourraient représenter une partie importante des émissions non prises en compte de méthane dans l'atmosphère aux Etats-Unis, un puissant gaz à effet de serre, selon une recherche effectuée en Pennsylvanie publiée lundi.

 

Des études précédentes ont estimé à environ trois millions le nombre de ces puits qui ne sont plus exploités sur l'ensemble du territoire américain. Ceux-ci pourraient représenter la deuxième plus importante source d'émissions de méthane du pays, des émissions jusqu'ici non comptabilisées par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA).

Pour cette dernière recherche, les scientifiques dont Mary Kang, de l'Université de Princeton (New Jersey, est), ont effectué plusieurs dizaines de mesures directes des flux de méthane de 19 puits de pétrole et de gaz abandonnés en Pennsylvanie situés dans différents environnements (forestiers, marécageux, prairies et près de rivières) en juillet, août et octobre 2013 et en janvier 2014.

Les chercheurs ont constaté que tous ces puits émettaient du méthane, dont trois à des taux «très élevés», trois fois plus importants que la moyenne de la totalité des puits où les émissions ont été mesurées.

En partant de l'hypothèse que les résultats de cette étude sont représentatifs de la situation de l'Etat, ces chercheurs estiment que les puits de brut et de gaz abandonnés pourraient compter pour 4 à 7% de toutes les sources de méthane résultant des activités humaines en Pennsylvanie (est).

Ces résultats suggèrent que l'on devrait sérieusement envisager de «quantifier» le méthane s'échappant des puits abandonnés sur l'ensemble des Etats-Unis car ce phénomène est peu connu, préconisent les auteurs dont les travaux paraissent dans les Comptes-rendus de l'académie des sciences (PNAS).

De plus, ces scientifiques relèvent que les puits examinés en Pennsylvanie datent au moins de 50 ans, ce qui laisse penser que ces émissions de méthane se produisent depuis de nombreuses décennies, peut-être même plus d'un siècle.

Ainsi, les flux cumulés de méthane provenant de ces vieux puits pourraient être beaucoup plus importants que les émissions liées aux fuites qui se produisent dans la production de pétrole et de gaz.

Avec la poursuite à un rythme élevé de l'accroissement de l'exploitation pétrolière et gazière aux Etats-Unis et dans le reste du monde, le nombre de puits abandonnés va continuer à augmenter, notent ces scientifiques.

Un meilleur recensement des émissions de méthane provenant des puits abandonnés permettra une meilleure compréhension de leur impact sur l'environnement ainsi que l'élaboration et la mise en oeuvre de stratégies et de politiques efficaces pour le minimiser.

 

(AFP)

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article