à votre santé...

Publié le par ottolilienthal

Faut-il faire réchauffer ses aliments au micro-ondes ?...

Craintes pour la santé, pertes des qualités nutritionnelles… Le micro-ondes est parfois accusé de tous les maux. Une petite mise au point s’impose.

Utiliser, tous les jours, un four à micro-ondes, cela pose-t-il un problème pour notre santé ? La réponse est non, à condition de respecter quelques précautions pas toujours bien connues. On va voir cela ensemble.

Tout d'abord, rappelons le principe de la cuisson au micro-ondes : les aliments sont bombardés par des ondes qui agitent simplement les molécules d'eau qui sont présentes. Cette agitation génère de la chaleur qui réchauffe ou fait cuire l'aliment.

Le premier message rassurant est qu'aucune étude n'a suggéré d'effets néfastes pour la santé des ondes du four à micro-ondes lorsque l'appareil est utilisé conformément aux instructions du fabricant, et même en cas d'exposition régulière.

Attention aux ustensiles

Un risque peut apparaître si vous êtes en contact direct avec les ondes, ce qui n'est pas le cas si la porte est fermée pendant l'utilisation et que votre four est en bon état et donc qu'il n'y a pas de fuites.

En revanche, attention aux ustensiles que vous utilisez, c'est de là que peut provenir un risque pour votre santé. Tout le monde sait qu'il ne faut pas mettre d'ustensile au métal dans le micro-ondes, mais il y a une autre précaution indispensable : ne pas réchauffer dans des contenants en plastique, car sous l'effet de la chaleur le plastique libère des substances toxiques.

Bisphénols non grata

Certes le bisphénol A est maintenant interdit, mais il a été remplacé par d'autres bisphénols, dont la toxicité est également supposée. En outre, on a retrouvé des quantités importantes de microplastiques dans des aliments réchauffés au micro-ondes. Et les microplastiques, une fois dans le sang, sont considérés comme possiblement dangereux, notamment, mais pas que, pour nos artères. Utilisez donc des ustensiles en verre ou en céramique. Et si le couvercle est en plastique, cela ne pose en principe pas de problème s'il n'est pas en contact direct avec l'aliment.

Une autre précaution à prendre, c'est de nettoyer régulièrement l'intérieur du four à micro-ondes. Lors de la cuisson, des débris alimentaires se déposent sur les parois et les recoins, et, à force, le micro-ondes devient un véritable nid à microbes. Je vous recommande un nettoyage hebdomadaire pour écarter tout risque d'infection.

Les qualités nutritionnelles conservées ?

Enfin, à la question de savoir si les aliments, notamment les légumes, conservent leur qualité nutritionnelle. La réponse est oui. En tout cas, compte tenu d'une température relativement peu élevée, de la rapidité de la cuisson, et d'une faible quantité d'eau nécessaire, on perd relativement peu de vitamines et les fibres des légumes semblent même particulièrement bien préservées. Pour les protéines également, la cuisson au micro-ondes n'a pas d'effet dégradant particulier.

En pratique, la cuisson au micro-ondes est considérée aujourd'hui comme parfaitement compatible avec une alimentation saine. Pour ce qui est de la question gastronomique, c'est un autre sujet.

Bois, charbon, kérosène… Sommet inédit à Paris contre les modes de cuisson nocifs...

Le rendez-vous organisé à Paris ce mardi alerte sur les effets délétères de certains modes de cuisson pour la santé et l’environnement.

C’est un équipement du quotidien aux impacts immenses : 2,3 milliards d’humains cuisinent encore en brûlant du bois, du charbon ou d’autres combustibles dans des systèmes rudimentaires et polluants. Un enjeu sanitaire, social et climatique majeur qui sera au cœur d’un rendez-vous sans précédent organisé ce mardi à Paris.

Les femmes et les enfants, premières victimes

Aujourd’hui, un tiers de la population mondiale recourt à des foyers de cuisson ouverts ou à des poêles rudimentaires alimentés au bois, charbon de bois, charbon, kérosène, déchets agricoles ou bouses, selon un rapport Agence internationale de l’énergie (AIE) - Banque africaine de développement (BAD) - ONU qui l’an dernier avait lancé l’alerte.

Brûler ces combustibles pollue l’air intérieur comme extérieur avec des particules fines qui pénètrent dans les poumons et causent de multiples problèmes respiratoires et cardiovasculaires, jusqu’à des cancers ou des AVC. Les émanations provoquent chaque année 3,7 millions de morts, troisième cause de décès prématurés dans le monde et deuxième en Afrique. Chez le jeune enfant, c’est une cause majeure de pneumonie. Les premières victimes en sont les femmes et les enfants, qui passent en outre des heures chaque jour à chercher des combustibles, autant de temps non consacré à l’école.

Des progrès, mais encore beaucoup à faire en Afrique

Gouvernements, institutions, ONU, entreprises… quelque 800 participants et représentants de 50 pays sont annoncés mardi au siège de l’Unesco à l’invitation de l’AIE, de la BAD et des dirigeants tanzanien et norvégien. Objectif premier de cette réunion, avant tout centrée sur l’Afrique, première zone concernée : réunir des engagements, financiers et en termes de projets, dont le détail et la somme seront publiés à la mi-journée.

Des progrès ont été réalisés dans les grands pays d’Asie avec, depuis 2010, un milliard de personnes dotées d’appareils culinaires moins nocifs (marchant au solaire, biogaz ou même au gaz de pétrole liquéfié). Mais quatre ménages sur cinq en restent privés en Afrique subsaharienne, où la situation se détériore.

« Il y a eu des progrès au Kenya, Ghana, Tanzanie… mais ce que nous voyons vraiment est que la croissance de la population est en train de dépasser les progrès » sur ce continent, prévient Daniel Wetzel, expert à l’AIE.

Un sommet pour « changer de direction »

« Ce sera une réunion sans précédent, mais elle se veut surtout un événement permettant de changer de direction », a dit à des journalistes Laura Cozzi, directrice durabilité et technologie à l’AIE, qui suit la question depuis vingt-cinq ans. Le sujet des modes de cuisson « est transversal, il touche à tant de problèmes, il est temps de le placer au centre de l’attention ». La responsable promet « une réelle action de mobilisation » et attend des annonces de montants « très très encourageants ».

Autre problème : les émissions de méthane (liées à une combustion souvent mauvaise), mais aussi la déforestation, qui trouve là une cause massive, contribuent au réchauffement climatique. Selon l’AIE, émanation de l’OCDE, passer à des équipements de cuisine « propres » d’ici 2030 ferait économiser à la planète 1,5 milliard de tonnes de gaz à effet de serre par an (équivalent CO2), l’équivalent des émissions de l’aviation et du transport maritime (sur une cinquantaine de milliards de tonnes par an).

Les montants nécessaires estimés restent pourtant modestes, note l’agence : il faudrait 4 milliards de dollars annuels pour régler une large part du problème en Afrique d’ici 2030, quand seuls 2 milliards sont aujourd’hui investis, pour l’essentiel dans le reste du monde. C’est « une minuscule fraction » des investissements mondiaux dans l’énergie (2 800 milliards en 2023), souligne l’AIE.

 

 

La rédaction avec AFP

Comment le thé a sauvé la vie de milliers de Britanniques au XVIIIe siècle

On comprend mieux pourquoi le «tea time» est un moment sacré.

Partout dans le monde, les Britanniques sont reconnus pour leur amour du thé. Après sa généralisation dans le royaume au XVIIIe siècle, la boisson devient rapidement l'une des ressources les plus prisées des habitants. L'économiste américaine Francisca Antman affirme que sa consommation aurait contribué à réduire les taux de mortalité, à une époque où les conditions sanitaires des villes laissaient largement à désirer. La BBC revient sur cette étude publiée dans la Review of Statistics and Economics.

En 1784, l'adoption d'une loi abaisse la taxe sur le thé, qui passe de 119 à 12,5%. La denrée, jusqu'alors considérée comme un produit réservé aux plus aisés, devient abordable pour la grande majorité des Britanniques. En une année à peine, sa consommation explose. «À la fin du XVIIIe siècle, même les paysans les plus pauvres boivent du thé deux fois par jour», témoigne l'historien Alan Macfarlane.

Faire bouillir l'eau, un moyen d'éliminer les bactéries

Parallèlement, les taux de mortalité diminuent: selon les registres paroissiaux, ils passent, entre 1761 et 1834, de 28 à 25 pour 1.000 habitants. Des chiffres qui demeuraient jusqu'alors une énigme pour les historiens, car ni les salaires des Britanniques ni leur niveau de vie ne s'étaient améliorés. Le seul changement majeur était l'arrivée du thé sur le territoire.

Et si faire bouillir de l'eau pour préparer l'infusion, plutôt que de la boire dans son état naturel, avait évité aux habitants de nombreuses maladies? Chauffer l'eau à haute température permet d'éliminer les bactéries et autres agents pathogènes qu'elle véhicule, et qui peuvent provoquer des maladies diarrhéiques comme les inflammations intestinales (aussi appelées dysenteries).

Pour vérifier cette hypothèse, Francisca Antman s'est servie des informations communiquées à l'époque par les paroisses du pays. Elle est partie d'un constat simple: plus il existe de sources d'eau dans une région, plus l'eau est propre. Car si l'une d'elles est contaminée, les habitants ont la possibilité d'en trouver une autre qui ne l'est pas dans un périmètre rapproché.

La chercheuse a ensuite comparé les taux de mortalité des localités selon la qualité de leur eau. S'ils sont en baisse partout, la diminution est plus forte dans les paroisses où la qualité de l'eau est mauvaise (une baisse de 18% supplémentaire). Le nombre de décès en raison de maladies transmises par l'eau a lui aussi diminué. Le nombre de cas de tuberculose –maladie qui ne se contracte pas à cause d'une eau contaminée– reste lui inchangé selon les régions.

L'équipe de Francisca Antman en est donc venue à ce constat: en consommant plus de thé, les Britanniques ont inconsciemment bu davantage d'eau bouillie –indispensable pour permettre au thé d'infuser– et moins d'eau dans son état initial. Un changement qui a eu des conséquences positives les régions avec des eaux contaminées. Faire bouillir l'eau permettant d'éliminer les bactéries qu'elle contient, l'eau du thé, même de mauvaise qualité à l'origine, présentait un risque sanitaire minime pour la population qui la buvait.

Si, aujourd'hui, les pays développés sont parvenus à vaincre ces maladies en améliorant les conditions sanitaires des villes, le thé a lui aussi contribué à ce combat, à une époque où toutes les infrastructures que l'on connaît aujourd'hui n'avaient pas encore vu le jour.

Repéré par Bénédicte Le Gall

Dépression : Non, la luminothérapie n’est pas une arnaque, bien au contraire

L’automne est bien de retour. Ses feuilles mortes, sa pluie, son ciel tout gris. Si certains savourent cette saison et en profitent pour rester bien au chaud à regarder une série sous un plaid, d’autres dépriment profondément en raison de la faible luminosité. Un moral en berne pouvant conduire à une dépression saisonnière. Pour lutter contre cette pathologie, des industriels ont créé des lampes produisant des rayons lumineux afin de mimer les effets du soleil.

La promesse : en s’exposant tous les matins, tôt, pendant au moins trente minutes, à un écran diffusant une lumière blanche, notre moral repartira en flèche. Ces machines, accessibles en grande surface, sont-elles vraiment efficaces, ou s’agit-il de purs gadgets ? On a posé la question à deux médecins.

Plus efficace que des antidépresseurs

« L’héliothérapie est pratiquée depuis l’Antiquité, affirme Pierre Alexis Geoffroy, professeur de psychiatrie à l’hôpital Bichat AP-HP et au centre ChronoS du GHU Paris psychiatrie neuroscience. Le soleil a toujours été utilisé comme antidépresseur. » Ce qui a récemment changé, ce sont les données. Depuis une trentaine d’années, les preuves de l’efficacité de la luminothérapie s’accumulent, notamment grâce à plusieurs études cliniques.

Pierre Alexis Geoffroy a dirigé une étude dont le résultat est sans appel. « Dans les dépressions, qu’elles soient ou non saisonnières, la luminothérapie a un effet comparable aux antidépresseurs. Et les deux traitements conjoints sont plus efficaces que les antidépresseurs seuls. » Si la luminothérapie était déjà utilisée pour soigner les troubles de l’humeur saisonniers, elle pourrait donc devenir une solution thérapeutique pour toutes sortes de dépressions, y compris celles péri et post-partum

Resynchroniser les rythmes biologiques

Comment expliquer ces résultats ? Pour le comprendre, il faut déjà savoir comment fonctionne notre rythme biologique. Lorsqu’il y a peu de lumière, on sécrète de la mélatonine, l’hormone signalant qu’il fait nuit et qui fait dormir. En été, le matin, le soleil donne un signal à notre organisme, lequel va alors inhiber la sécrétion de cette hormone. En hiver, le soleil se levant plus tard, la mélatonine est sécrétée plus longtemps, et nous sommes donc plus fatigués.

« Les rythmes chronobiologiques sont décalés dans la dépression parce qu’on dort moins bien et le dérèglement de ces rythmes altère l’humeur », ajoute Antoine Pelissolo, psychiatre et chef du service psychiatrie de l’hôpital Henri Mondor, à Créteil. « Le fait de prendre la lumière le matin resynchronise les rythmes biologiques et donc diminue indirectement les symptômes dépressifs. »

Mais ce n’est pas tout. « On a récemment découvert qu’il existait des trajets directs entre la rétine et d’autres centres dans le cerveau, notamment des centres de régulation des émotions », poursuit le professeur de psychiatrie à l’hôpital Bichat. « Une des hypothèses est que les rayons ont un effet sur certains neurotransmetteurs, avance Antoine Pelissolo. Ces rayons renforceraient notamment la sérotonine, la substance la plus impliquée dans le traitement de la dépression. »

Pas d’effets secondaires

Contrairement aux antidépresseurs pouvant provoquer des effets secondaires, les lampes de luminothérapie n’en généreraient aucun. « Seuls des maux de tête et d’autres symptômes assez banals que l’on retrouve aussi chez les personnes ayant pris des placebos ont été remontés », assure Antoine Pelissolo.

Attention toutefois à utiliser des lampes sécurisées, avec la norme Conformité Européenne (CE). Si les produits sont bien calibrés, il n’y a aucun risque de brûlure de rétine. « Le soleil à midi, c’est une luminosité de 100.000 lux, rappelle Pierre Alexis Geoffroy. La luminothérapie, c’est seulement 10.000 lux pendant trente minutes. »

Quelques personnes devront toutefois éviter d’utiliser ces produits. Celles ayant des pathologies oculaires, comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge, la cataracte, une rétinopathie ou un glaucome devront par exemple s’en passer en raison de l’intensité de la lumière. Celles souffrant de trouble bipolaire devront, de leur côté, être précautionneuses. « Il y a un petit risque de virage maniaque, comme avec toutes les stratégies antidépresseurs, souligne le psychiatre. Le risque, c’est que l’antidépresseur dépasse son effet car il s’agit d’un traitement assez stimulant. » Pas de lampes pour elles donc sans un thymorégulateur permettant de réguler les humeurs.

Vers un remplacement des antidépresseurs ?

Pas sûr pour autant que les lampes UV remplaceront de si tôt les antidépresseurs dans les armoires à pharmacie. « A chaque article sur le sujet, des patients veulent arrêter leur traitement pour être mis sous luminothérapie, témoigne le professeur de psychiatrie à l’hôpital Bichat. C’est un traitement efficace. Un outil en plus pour les stratégies anti-dépressives. Si les antidépresseurs fonctionnent, il faut les conserver. Par ailleurs, la luminotherapie peut être combinée aux antidépresseurs. » Les lampes s’avèrent aussi utiles pour les personnes se trouvant dans des périodes de vie spécifiques qui nécessitent des soins avec peu d’effets secondaires, comme des femmes enceintes ou des personnes âgées.

« Il ne faut pas compter exclusivement sur la luminothérapie, confirme Antoine Pelissolo. Si la dépression n’est pas trop avancée, on peut commencer par ça. Mais si l’état ne s’améliore pas, il ne faut pas attendre trop longtemps pour rediscuter d’un autre traitement avec son médecin, que ce soit des médicaments ou une thérapie. » Le psychiatre conseille également d’utiliser ces lampes de manière préventive. « Les personnes qui savent qu’elles ont passage à vide tous les mois de décembre peuvent commencer à s’exposer en amont. » Seul hic : le coût de ces dispositifs, variant de 50 à plus de 200 euros. Contrairement à la Suisse, l’Angleterre ou les Etats-Unis, ils ne sont pas remboursés en France, même sur prescription médicale.

 Lise Abou Mansour

Antibiotiques : le vrai péril que la pollution fait peser sur nous n’est pas celui qu’on croit

Maladies respiratoires, empoisonnement au plomb, trou dans la couche d’ozone, décès précoce et autres joyeusetés, sans parler du réchauffement climatique ; on sait depuis longtemps que nos pollutions atmosphériques sont la source de tous les maux. Mais il y en a un autre qui vient d’être mis en évidence, et qui pourrait s’avérer catastrophique, à la prochaine pandémie par exemple.

 

Pourquoi est-ce important ?

Les antibiotiques comptent parmi les plus belles découvertes de l'espèce humaine : ces médicaments servent à lutter contre les infections dues à des bactéries, de la pneumonie à la peste bubonique, et peuvent éliminer ces bactéries ou au moins bloquer leur prolifération. Mais cela marche de moins en moins : les bactéries mutent en permanence et deviennent résistantes. Or, on ne découvre pas assez régulièrement de nouvelles armes efficaces. L'Institut Pasteur estime que, chaque année, la résistance aux antibiotiques tue 33.000 personnes en Europe.

L’actualité : cette résistance aux antibiotiques pourrait bien être liée à la pollution atmosphérique, selon une nouvelle étude de portée mondiale.

  • Celle-ci porte sur plus de 100 pays sur près de deux décennies, et elle trouve un lien systématique entre le taux de pollution de l’air et la résistance des bactéries, dans chaque pays et sur chaque continent. Et celle-ci se renforce avec le temps.

« La résistance aux antibiotiques et la pollution de l’air sont chacune à leur manière parmi les plus grandes menaces pour la santé mondiale. Jusqu’à présent, nous n’avions pas une image claire des liens possibles entre les deux, mais ce travail suggère que les avantages de la lutte contre la pollution de l’air pourraient être doubles : non seulement cela réduira les effets néfastes de la mauvaise qualité de l’air, mais cela pourrait également jouer un rôle majeur dans la lutte contre la montée et la propagation des bactéries résistantes aux antibiotiques. »

Hong Chen, professeur à l’Université de Zhejiang en Chine et auteur principal de l’étude

Course aux armements

Zoom arrière : étudiés dans les années 1930 et utilisés massivement à partir de la Seconde Guerre mondiale avec la pénicilline (mais à l’époque seulement dans le camp des Alliés), les antibiotiques sont notre meilleure arme contre beaucoup de maladies.

  • Attention toutefois : ils n’ont aucune efficacité directe contre les virus, comme celui de la grippe, bien que leur usage peut aussi soulager des syndromes infectieux que ceux-ci causent aussi. Les antibiotiques n’éliminent vraiment que les bactéries, mais c’est déjà énorme.
  • Sauf qu’on les utilise mal : on en surprescrit, parfois pour tout et n’importe quoi, et on en gave même notre bétail. Notre consommation a bondi de 50% depuis le début du XXIe siècle.
  • Une omniprésence qui donne aux bactéries la possibilité de s’y confronter, de muter, et de s’adapter. Nous sommes donc engagés dans une course aux armements, dans laquelle il nous faut de nouveaux antibiotiques, toujours plus efficaces, pour maintenir notre avantage. Or, on en développe très peu – aussi pour des raisons de rentabilité.

Zoom avant : l’étude anglo-chinoise, qui a été publiée dans le Lancet Planetary Health journal, n’avance pas de cause : elle constate juste une corrélation difficile à attribuer au hasard. Et elle rappelle qu’à l’échelle mondiale, on estime que la résistance bactérienne cause 1,3 million de décès par an, pour des infections qui seraient normalement soignables.

Résistance génétique

  • L’étude met en évidence le rôle des particules fines de type PM2,5, 30 fois plus petites que la largeur d’un cheveu humain, et rejetées par la pollution routière, les processus industriels et la combustion domestique de charbon et de bois. Celles-ci pourraient abriter des bactéries résistantes aux antibiotiques et capables de transmettre génétiquement leur résistance à d’autres populations bactériennes.
  • L’enjeu est de taille : pour prendre un exemple extrême, un patient atteint de la peste bubonique à Madagascar avait été pris en charge à temps et traité aux antibiotiques habituels en 1995. Mais ça n’a pas fonctionné. Il a fallu huit traitements successifs avec à chaque fois un médicament différent pour enfin combattre la bactérie. Un cas de multirésistance qui, encore aujourd’hui, terrifie les chercheurs.
  • Matthias Bertrand
    publié le
Déserts médicaux : “La France prend le chemin d’une médecine low-cost”

ENTRETIEN - Plus de 350 médecins en région parisienne ont cessé leur activité en un an. Des départs loin d’être remplacés. La faute au manque d’attractivité du métier, selon Bertrand de Rochambeau, vice-président de l’Union régionale des professionnels de santé en Île-de-France.

Des chiffres glaçants. Selon une étude de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) en Île-de-France, 354 médecins ont cessé leur activité en région parisienne en à peine un an. Problème, ces départs, majoritairement liés à des départs à la retraite, sont loin d’être remplacés… Laissant donc les Franciliens en galère de recherche d’un nouveau médecin traitant, notamment. La faute, selon Bertrand de Rochambeau, vice-président de l’URPS en Île-de-France, au manque d’attractivité de la profession, accru par les textes de loi coercitifs actuellement examinés par les parlementaires. Entretien.

Plus de 350 médecins en région parisienne ont cessé leur activité en un an. Peut-on vraiment s’en étonner ?

Bertrand de Rochambeau : Non, c’était surtout prévisible. Car les générations de médecins formés avant la mise en place du numerus clausus dans les années 70 étaient plus nombreuses à sortir diplômées des facs de médecine. Et ce sont ces mêmes médecins qui, aujourd’hui, arrivent à l’âge de la retraite. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de renouvellement. En Île-de-France, il y a une fois et demi, voire deux fois plus de médecins qui partent par rapport à ceux qui s’installent.

Le gouvernement a enterré le numerus clausus à la rentrée 2021. Le nombre de médecins formés qui sortent de l’université chaque année devrait augmenter…

D’ici cinq ans, les premières générations du numerus apertus (nombre ouvert, en opposition au numerus clausus, fermé, ndlr) finiront leur internat. Mais dans quel monde vont-ils arriver ? Si après plus de dix ans d’études, on leur dit que c’est l’ARS (agence régionale de santé, ndlr) qui décidera de leur lieu d’exercice pour boucher les trous, ça ne marchera pas. Quand on choisit la médecine libérale, ce n’est surtout pas pour s’enfermer dans une structure pilotée par l’administration. Les médecins qui acceptent ce mode de fonctionnement vont à l’hôpital. Ils ne s’installent pas en libéral.

Plusieurs syndicats redoutent le développement d’une médecine à deux vitesses comme en Angleterre. Partagez-vous ces craintes ?

On s’oriente clairement vers une NHS (le système de santé publique au Royaume-Uni, ndlr) à la française. On subit déjà une médecine à deux vitesses. Je suis gynécologue-obstétricien à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne), je vois de plus en plus de patientes adressées par des sages-femmes à qui on a diagnostiqué tardivement des cancers. Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont plus de gynéco, ni de médecin traitant. Pourtant, quand j’ai commencé dans les années 80, il y avait des gynécos dans toutes les sous-préfectures. Aujourd'hui, il y a une quinzaine de départements qui n'en ont plus. La France prend le chemin d’une médecine low-cost pour le peuple.

Comment créer le choc d’attractivité de la médecine libérale, sans cesse réclamé à l'unisson par les syndicats ?

En permettant aux médecins de vivre de leur exercice libéral. Or aujourd’hui, quand un jeune médecin va voir son banquier pour créer son cabinet médical, le crédit lui est refusé. En Île-de-France, le foncier est à un tel coût que les honoraires de secteur 1 pour un médecin généraliste (25 euros le tarif de base, ndlr) ne peuvent suffire pour financer la création du cabinet. Sauf à voir 50 patients par jour en moins de 10 minutes par consultation. Mais ça, ce n’est plus de la médecine.

Mais l’Assurance maladie propose pourtant des aides à l’installation dans les zones sous-dotées allant jusqu’à 50.000 euros…

Certes. Mais ce sont surtout des aides ponctuelles assorties de conditions. Alors oui, le plan de financement pour créer le cabinet médical passera auprès de la banque. Mais en contrepartie, le médecin généraliste doit travailler aux honoraires opposables (ceux qui servent de base de remboursement à la Sécu, ndlr). Et travailler plus, en participant à la permanence des soins et en faisant des consultations à l’hôpital. Mais au final, le médecin ne vit pas du chiffre d’affaires généré par ses honoraires de consultation mais des aides avec des contreparties. On s’éloigne du concept de la médecine libérale.

Que faut-il faire alors pour attirer les jeunes médecins à s’installer en libéral ?

D’abord, il faut arrêter de les contraindre. À la place, il faut augmenter le volume de leurs honoraires pour qu’ils puissent vivre de leur propre activité, sans dépendre des aides avec des contreparties. Pas question que les médecins soient automatiquement inscrits dans les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) comme le propose Frédéric Valletoux dans sa loi. Depuis leur création en 2016 par la loi de Marisol Touraine, les médecins sont réticents à s’y investir. Parce que même si on leur fait croire qu’ils sont acteurs dans l’accès aux soins, si on voulait déposséder les médecins et les infirmières de l’organisation territoriale des soins, on ne s’y prendrait pas autrement. Et même si on leur assure qu’il ne sera pas obligatoire de faire partie d’une CPTS, que les médecins inscrits par défaut pourront les quitter, vous verrez que ceux qui s’en détachent se verront supprimer des aides. Il faut arrêter de prendre les médecins pour des mauvais élèves !

Quel serait le tarif de consultation raisonnable ?

On pourrait déjà s’aligner sur la moyenne européenne. Entre 30 et 50 euros. Reste à voir cependant ce qu’on intègre dans les consultations. Pas question qu’elles ne durent que 5 minutes dans ce cas-là. Même chez les spécialistes, le tarif de base est très faible au regard du service rendu. C’est 30 euros pour un gynéco par exemple. Mais contrairement aux généralistes, une solution existe pour que les spécialistes vivent mieux de leur activité : le secteur 2 avec les dépassements d’honoraires.

Des résultats jamais vus contre le cancer colorectal

Des chercheurs américains sont parvenus à mettre au point une thérapie efficace à 100 %, rapporte le « New England Journal of Medecine ».

Ce sont de probants résultats qui pourraient bien venir révolutionner la manière de soigner le cancer colorectal. Comme le rapporte une étude publiée dans le New England Journal of Medicine, des scientifiques américains sont parvenus à mettre au point un traitement contre le cancer du rectum qui s'est révélé plus qu'efficace lors des essais cliniques. Après plusieurs mois de suivi, les douze patients traités avec du dostarlimab, un anticorps monoclonal, ont en effet vu leur tumeur disparaître.

« C'est la première fois que cela se produit dans l'histoire du cancer », s'est réjoui le docteur Luis A. Diaz Jr., coauteur de l'étude exerçant au Memorial Sloan Kettering Cancer Center. Concrètement, la thérapie utilisée par les experts permet de démasquer les cellules cancéreuses dans le but que le système immunitaire des patients puisse les identifier et les détruire, explique le New York Times.

Si elle n'a pas participé à cette étude révolutionnaire, la docteure Hanna Sanoff de l'université de Caroline du Nord ne manque pas d'en saluer les résultats. « Ces médicaments ne fonctionnent pas en attaquant directement le cancer lui-même, mais font en sorte que le système immunitaire d'une personne fasse l'essentiel du travail », souligne-t-elle auprès du journal scientifique.

« Une réponse clinique complète »

Dans leur étude, les chercheurs américains se sont intéressés exclusivement à un type particulier de cancer du rectum : celui avec une mutation génétique appelée MMrD (mismatch repair deficiency). Dans ce cas précis, les mutations se trouvent dans certains gènes qui sont impliqués dans la correction des erreurs commises lors de la copie de l'ADN dans une cellule et peuvent par la suite entraîner des risques de cancer. Pour mettre à mal cette perspective, les scientifiques ont donc administré aux patients du dostarlimab une fois toutes les trois semaines pendant six mois pour obtenir des résultats sans équivoque.

Les douze patients qui ont participé à cette expérimentation « ont eu une réponse clinique complète, sans signe de tumeur », décrypte le New England Journal of Medicine. Durant l'ensemble du suivi, « aucun cas de progression ou de récidive n'a été rapporté », souligne également l'étude. En outre, aucun des patients suivis n'a eu besoin d'avoir recours par la suite à une radiochimiothérapie ou à une intervention chirurgicale. Cette étude est une réelle avancée médicale concernant le cancer colorectal, qui est le troisième type de cancer le plus fréquent chez l'homme et le deuxième chez la femme.

Par

Mieux prendre en charge le syndrome des jambes sans repos

Une étude de l'Inserm vient de montrer que le syndrome des jambes sans repos pouvait avoir de graves conséquences sur la santé mentale des personnes touchées faute d'une prise en charge adaptée, y compris faute de l'identification de ce syndrome qui détruit particulièrement la qualité du sommeil. 

Aujourd’hui, peut-être que la priorité pour vous, c’était d’abord de rester au calme voire au lit, avec un livre par exemple. Et bien sachez que c’est une chance, un bonheur presque inaccessible pour les personnes qui souffrent du syndrome des jambes sans repos. Les explications de Géraldine Zamansky, journaliste au magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Une équipe française vient de publier une étude sur les conséquences psychologiques importantes de cette maladie méconnue ? 

Géraldine Zamansky : Absolument, l’équipe du Pr Yves Dauvilliers, au CHU de Montpellier, a suivi de près l’état psychologique de 529 patients atteints de ce syndrome, pendant les mois qui ont suivi le début de leur prise en charge. Ils ont comparé leurs résultats à ceux de personnes du même âge dans la population générale, sans problème de santé particulier pendant la même période.

Et c’est impressionnant. Rappelons d’abord en quoi consiste cette maladie effectivement méconnue. Elle provoque des sensations que certains appellent des "impatiences". Elles sont semblables à des piqûres ou des fourmillements, en général dans les jambes, et elles ne s’atténuent que si la personne bouge.

Cela touche au moins 3% de la population et commence à partir de 40-50 ans, avec des symptômes plus forts en fin de journée, mais aussi la nuit. Ce qui abîme le sommeil. C’est tellement étrange que les personnes ont du mal à décrire ce qu’elles ressentent. Alors, elles restent longtemps en souffrance, sans diagnostic, ni traitement. 

On imagine alors bien que cela peut vraiment avoir des conséquences sur leur moral, et même on peut le dire, sur leur santé mentale ? 
 
C’est effectivement ce que l’étude montpelliéraine montre. Cette pathologie multiplie par 6 le risque d’avoir des symptômes de dépression, et par 3, celui d’avoir des idées suicidaires. Le Pr Dauvilliers m’a expliqué que c’était fortement lié à la dégradation du sommeil, très dangereuse pour la santé mentale.

Or, 80% des patients touchés par le syndrome des jambes sans repos souffraient d’insomnie au début de l’étude. Certains ne dorment presque plus du tout. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe désormais des traitements. Car on commence à comprendre que cette maladie est liée à un manque de fer, et à la perturbation de certaines communications entre les neurones. C’est la dopamine qui est impliquée. Des rééquilibrages très subtils améliorent vraiment les symptômes. 

Et cette amélioration chasse les idées noires ? 
 
Oui, pour les épisodes dépressifs, mais pas pour les idées suicidaires. Et l’équipe de chercheurs ne s’y attendait pas, comme si leurs patients en avaient honte et ne leur en avaient pas parlé, en dehors de cette étude. Ces résultats soulignent donc l’importance d’un suivi psychologique, en plus des autres traitements. Et il faut surtout davantage parler de cette pathologie, car beaucoup de personnes souffrent pendant des années avant d’être diagnostiquées ! 

Géraldine Zamansky - franceinfo
Radio France
 
Publié


>>> L’étude est payante mais résumée sur le site Inserm 

>>> Information sur le site de l’association de patients.

 

 

 

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Avec la crise du Covid-19, ils se reconvertissent dans la santé : "Je ferai tout pour intégrer le milieu hospitalier, quoi qu'il en coûte"

Qu'ils soient salariés ou demandeurs d'emploi de tous horizons, ils sont déterminés à rejoindre les rangs des professionnels de santé, en sous-effectif depuis des années. 

"J'ai hâte d'apporter un peu d'humanité aux malades." A l'hôpital, le temps est compté. Le patient n'est parfois qu'un numéro et Anaël, 42 ans, veut tenter de changer les choses. Si tout se passe bien, elle devrait terminer son traitement contre le cancer juste avant de débuter sa formation pour devenir infirmière, en septembre. "J'ai compris récemment que je n'avais qu'une vie et que je devais réaliser mes rêves", philosophe la quadra, qui ne cache pas son impatience à rejoindre les rangs des soignants.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, cette mère de famille se demandait comment aider le personnel hospitalier. Tout comme Chantal, Kévin ou Barbara. Tous ont répondu à l'appel à témoignages lancé par franceinfo et ont décidé de se reconvertir dans le secteur de la santé

Pas de crise des vocations

Cela tombe bien, jamais les hôpitaux, centres médicaux et établissements médico-sociaux n'ont eu autant besoin de bras. Au premier trimestre 2021, Pôle emploi affichait sur son site 148 280 offres d'emploi dans le secteur de la santé, dont plus de 50% concernaient des postes d'infirmiers de soins généraux (39 190 offres), d'aides-soignants (26 670), d'agents des services hospitaliers (4 500) et de coordinateurs de services médicaux ou paramédicaux (5 590).

Malgré un contexte économique et sanitaire difficile, "la crise n'a pas brisé les vocations, mais les a plutôt stimulées", a souligné le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d'un échange avec le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), le 8 décembre 2020. "Et c'est tant mieux parce que nous manquons de soignants", a-t-il ajouté. Face à une demande croissante de main-d'œuvre, le gouvernement a débloqué une enveloppe de 200 millions d'euros afin d'ouvrir 16 000 nouvelles places d'ici à 2022 au sein des instituts de formation : 6 600 pour les infirmiers, 6 600 pour les aides-soignants et 3 400 pour les accompagnants éducatifs et sociaux. De quoi conforter les nouveaux venus dans leur choix de carrière.

"J'ai besoin de mettre du sens dans ce que je fais"

Depuis la naissance de ses trois enfants, il y a une dizaine d'années, Anaël exerçait un "boulot alimentaire" comme femme de ménage chez des particuliers dans la grande banlieue lilloise. Mais aujourd'hui, elle n'a "plus envie de gâcher [sa] vie". "J'ai besoin de mettre du sens dans ce que je fais", confie-t-elle. En mars, elle a décidé de monter un dossier de candidature pour devenir infirmière diplômée d'Etat, "IDE" comme on dit dans le métier. La crise sanitaire n'effraie pas cette mère de famille "très motivée". "La seule chose qui peut me faire peur, c'est le travail de nuit car je ne sais pas ce que je ferai de mes enfants", concède-t-elle.

"Accompagner", "rassurer", "aider au quotidien les malades", c'est aussi ce qu'est déterminé à faire Kévin, 24 ans. Cet ancien soudeur à Evin-Malmaison (Pas-de-Calais) a été licencié juste avant le premier confinement en mars 2020. Après avoir longuement cogité sur la façon d'aider les soignants, à Noël, il s'est dit : "C'est maintenant ou jamais."

"J'ai postulé sur un coup de tête et une semaine après j'étais brancardier au CHU de Lille."

Kévin, 24 ans

à franceinfo

Le jeune homme s'est "retrouvé en pleine troisième vague à brancarder des patients lourds en réanimation Covid". Depuis, il enchaîne les contrats de trois mois et attend avec impatience que l'hôpital de Lille organise la formation d'aide-soignant à laquelle il doit participer. Un passage obligé pour ce brancardier qui ambitionne d'être un jour infirmier. "Je suis prêt à faire toutes les formations pour monter en grade", souffle ce fils d'infirmière

Une reconversion à tout âge

Ces derniers mois, l'idée d'une reconversion dans un des 200 métiers de la santé séduit de plus en plus, remarque Krystelle Audibert, responsable marketing d'un site d'information sur les reconversions professionnelles, contactée par franceinfo. "En un an, les recherches sur les métiers du paramédical ont bondi de 346% sur notre plateforme, note-t-elle. L'accès à ces métiers est souvent plus simple car il est moins demandé de diplômes et les formations sont plus courtes." Si le baccalauréat est indispensable pour suivre une formation d'infirmier en trois ans, il ne l'est pas pour devenir aide-soignant.

C'est d'ailleurs au métier d'aide-soignante que Barbara, 23 ans, s'apprête à se former en septembre. Cette ancienne étudiante en école de commerce ne se retrouvait plus dans ses études. "Je me suis rendu compte que je me destinais à exercer un métier où l'humain passe après les affaires, et moi j'ai besoin de contacts humains avant tout", dévoile-t-elle. Hospitalisée à la suite d'un stress post-traumatique entre septembre 2019 et septembre 2020, Barbara a été touchée par le professionnalisme et l'attention des aides-soignantes qui ont été "incroyables" avec elle. Une expérience qui l'a convaincue de tenter sa chance.

La jeune femme ne cache pas que les récents "appels à l'aide" du système hospitalier lui ont fait "un petit peu peur". En mars 2019, les services d'urgence alertaient sur le manque de personnel et de lits, et sur l'absence de revalorisation des salaires. Une situation qui s'est dégradée avec la crise sanitaire. Mais "l'évidence de [son] choix est vite revenue". En attendant, Barbara travaille en tant qu'équipière au McDonald's de Vendôme, dans le Loir-et-Cher.

"Ce n'est pas parce que c'est compliqué en ce moment qu'il faut que j'y renonce. L'avantage, maintenant, c'est que je n'aurai pas de désillusion sur la réalité du métier d'aide-soignante."

Barbara, 23 ans

à franceinfo

Une fois son diplôme en poche, Barbara envisage de rejoindre un service d'urgences ou un centre de rééducation. Elle attend pour le début de l'été la réponse pour son admission en école d'aides-soignants. "Si cela ne fonctionne pas, je ferai tout pour intégrer le milieu hospitalier, quoi qu'il en coûte", conclut la jeune femme.

C'est la même détermination qui anime Alban, 43 ans. Cet ancien monteur audiovisuel explique que "la pandémie a renforcé [son] envie d'avoir une véritable utilité humaine". En attendant sa rentrée dans une école d'infirmiers en septembre, il travaille comme agent de service hospitalier (ASH) dans un Ehpad de la Sarthe depuis juillet 2020. "J'ai découvert un univers intensément humain, intensément en mal d'aide et je constate tous les jours les besoins des personnes que j'aide." Le bas salaire et les horaires difficiles n'ont pas entaché sa détermination : "Cette expérience m'a permis de mieux comprendre ce qu'est travailler dans les soins et de conforter mon choix."

"Je me sens bien avec les personnes âgées"

A côté des démarches individuelles comme celles d'Anaël, Barbara, Kévin et Alban émergent aussi des reconversions initiées par des entreprises. Chantal, agente de service de 50 ans, a dit "oui tout de suite" quand son employeur, Derichebourg, lui a proposé une reconversion au métier d'aide-soignant, il y a quelques mois. Le spécialiste du service aux entreprises a saisi l'opportunité offerte par le dispositif "Transitions collectives" mis en place par le ministère du Travail en début d'année. En Ile-de-France, ce système permet à des entreprises comme Derichebourg ou Monoprix de réorienter leurs salariés "volontaires" vers le groupe Korian, gestionnaire d'Ehpad à la recherche d'aides-soignants.

Derichebourg assure que la trentaine de postes concernés par cette reconversion ne sont pas en péril. "Ils sont fragilisés par la crise actuelle", précise Silvine Thoma, responsable marketing et communication du groupe, auprès de franceinfo. L'entreprise anticipe une baisse de demande de la part de ses clients pour le nettoyage de leurs locaux. "Avec la pérennisation du télétravail, il y a moins de travailleurs dans les bureaux, donc moins de locaux à gérer, donc moins d'heures de ménage à effectuer", détaille la porte-parole. Conséquence : moins de travail pour les agents de service comme Chantal.

"Comme ce sont des postes occupés par des femmes sans diplôme et à mi-temps, leur employabilité est fragilisée. C'est pourquoi nous leur proposons de se reconvertir dans un métier de la santé."

Silvine Thoma, porte-parole du groupe Derichebourg

à franceinfo

Une aubaine pour Chantal, qui a "hâte de commencer". "J'ai déjà fait quelques vacations dans un Ehpad et je me sens bien avec les personnes âgées", confie-t-elle. Durant les quatorze prochains mois, la quinquagénaire percevra un salaire à plein temps et sera formée dans les locaux de Korian. Si Derichebourg finance une partie du salaire et Korian une partie de la formation, l'Etat assume le reste à charge.

Un partenariat inédit entre Pôle emploi et l'ARS

Ailleurs en France, d'autres alliances se forment en vue de booster les recrutements dans le secteur de la santé. "Nous avons mis en place un partenariat inédit avec l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, afin de combler rapidement leurs besoins", détaille Frédéric Mangelinck, directeur de l'agence Pôle emploi Rennes centre, contacté par franceinfo. "Sur la région, ce sont 2 700 offres d'emploi, dont plus de 330 pour Rennes, qui sont à pourvoir, avec une forte demande d'aides-soignants et d'infirmiers", dénombre-t-il.

Afin de mettre toutes les chances du côté des candidats lors du concours d'entrée à la formation d'aide-soignant, Pôle emploi leur propose une préparation opérationnelle à l'emploi collective (Poec). "Certains pèchent parfois en français alors que la motivation et le savoir-être sont là, précise Frédéric Mangelinck. Cette préparation leur redonne confiance." Johnny Chreki, 33 ans et ancien monteur de stands dans l'événementiel, en a bénéficié. Il fait partie des sept qui ont réussi le concours. Actuellement en contrat de professionnalisation dans un foyer de vie pour personnes handicapées, il espère valider son diplôme d'aide-soignant en novembre 2022. "Je vais tout donner pour faire ce métier où enfin je m'épanouis et où j'ai une vision à long terme, projette le trentenaire. Et tant pis si je repars de plus bas en salaire, je fais un métier utile."

France Télévisions
 
Publié

 

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Médicaments : les pharmaciens peuvent désormais renouveler les prescriptions des médecins sous conditions

Il est maintenant possible d'avoir un pharmacien correspondant comme on a un médecin traitant. Ce nouveau dispositif permet de renouveler son ordonnance sans passer par un médecin pour les malades chroniques.

L'asthme, l'hypertension ou encore le diabète sont des maladies chroniques qui nécessitent un traitement sur la durée. Un passage chez le médecin était obligatoire pour renouveler son traitement. Mais désormais, le renouvellement est possible directement en pharmacie. Ce dispositif est encadré : il faudra déclarer un pharmacien correspondant, qui travaille en accord avec le médecin traitant.

Désengorger les cabinets médicaux

Les pharmaciens pourront prescrire de nouveau les médicaments nécessaires, mais aussi ajuster la posologie. "On surveille et on connaît nos clients, ce sont des personnes qui viennent chez nous très régulièrement. Pour cette frange de population, ça peut être de la simplification", explique Dan Elfrassy, pharmacien. L'objectif est de désengorger les cabinets médicaux et de faire des économies. Mais pour la fédération des médecins généralistes de France, ces nouvelles mesures sont dangereuses pour les patients, car ces actes ne sont pas anodins. Ce dispositif va se mettre en place progressivement dans certaines pharmacies

J.Debraux, L.Monfort, M.Cario, O.Pergament - France 3
France Télévisions

 

 

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Dépenses courantes de santé par habitant

«Notre système de santé est sous tension croissante, et n'est pas résilient en cas de krach de notre économie sous perfusion (tel que développé dans mon article récent).

Une fois n'est pas coutume, de simples data World Bank donnent quelques éclairages.

Les dépenses de santé par habitant en dollars à Parité de Pouvoir d'Achat (ouf !) en France sont de 4783 US$ : 7,5 fois supérieures à la Thaïlande, 13 fois supérieures au Vietnam. La France a une espérance de vie de 82 ans, la Thaïlande 75 ans, le Vietnam 76 ans (pourtant, ils ne mangent pas particulièrement sain, et souffrent de graves pollutions). Certes, les dépenses de santé augmentent de 3% par an en France, 5% par an en Thaïlande et 8% par an au Vietnam. Et la part des personnes de +de 65 ans est de 20% en France, 11% en Thaïlande et 7% au Vietnam.

Mais quand même, avec la photographie actuelle : la santé d'un Français couterait 390k US$ au cours de sa vie (dont une bonne partie ses dernières années), et un Thaïlandais 50k.

La bonne nouvelle, c'est que les vaccins, l'hygiène, l'alimentation saine, l'exercice physique, les soins "de base", et la formation médicale ne sont pas très chers, permettant de vivre en bonne santé jusqu'à un âge avancé (en moyenne), même en cas d'effondrement économique.» @Cyrus Farhangi

(publié par J-Pierre Dieterlen)

« L’impact sanitaire du changement climatique menace d’annuler les progrès du XXe siècle »
 
L’élévation de la température due au réchauffement de la planète provoque une dégradation de la santé humaine qui ne fera qu’empirer, alerte le médecin Jean-David Zeitoun dans une tribune au « Monde ». Il plaide pour des mesures drastiques.
 
Tribune. En 1861, le physicien irlandais John Tyndall montrait que les émissions de CO2 d’origine humaine piégeraient l’énergie solaire dans l’atmosphère, ce qui élèverait la température. Il décrivait l’effet de serre. Depuis, la science climatique a largement confirmé cette prédiction. Les données récentes indiquent que le réchauffement mondial se concrétise plus vite que prévu. Les conséquences qui avaient été anticipées procèdent maintenant de l’observation quotidienne : températures plus élevées mais aussi montée des océans et phénomènes extrêmes, à savoir des sécheresses et incendies, des précipitations massives et inondations. Les effets de cette dégradation du climat sur la santé humaine relèvent de la même évidence mais sont gravement sous-médiatisés.
 
Les canicules créent un stress thermique qui augmente les décès cardio-vasculaires et par accident cérébral, ainsi que la morbidité respiratoire par pollution à l’ozone. L’élévation moyenne de la température – hors canicules – augmente aussi le risque d’asthme et d’allergies, dont la fréquence a plus que doublé en vingt ans.
 
 
Plusieurs maladies microbiennes, encore appelées tropicales mais peut-être pas pour longtemps, vont nous affecter. Il peut s’agir de maladies vectorielles, c’est-à-dire véhiculées par des insectes, comme la maladie de Lyme, le chikungunya ou même la dengue. Ou de pathologies liées à l’eau (choléra) ou à l’alimentation (salmonelles) car la sécurité alimentaire sera touchée. Rappelons aussi que la chaleur augmente le risque d’antibiorésistance, qui est une question déjà critique. On pourrait rajouter les retombées psychologiques, avérées à la suite d’événements extrêmes, ainsi que le risque de disruption sociale liée aux tensions, aux migrations voire aux conflits.
 
Ceci ne représente que ce que nous connaissons car il y a ce que nous ne savons pas, les fameuses « inconnues inconnues ». Plusieurs experts estiment que de nouveaux risques émergeront, correspondant à des maladies que nous ne saurons pas traiter. L’énormité du problème le rend littéralement existentiel. Compte tenu de l’inertie du système climatique – quoi que nous fassions, la météo et le climat vont continuer de changer pendant plusieurs décennies –, l’impact sanitaire est déjà partiellement inévitable et irréparable. Il menace d’annuler et surtout d’inverser les progrès du XXe siècle qui se traduisent notamment dans l’allongement de l’espérance de vie. Aujourd’hui la Banque mondiale quantifie à 7 millions les décès annuels prématurés dus à la pollution, laquelle est très liée aux émissions. Les estimations à 2030 y ajoutent au minimum 500 000 morts climatiques par an.
 
Sensibiliser l’opinion
Tout le monde ne semble pourtant pas s’en inquiéter. Bien que plus personne ne s’assume climatosceptique, il existe encore des gens qui veulent nuancer la gravité des faits. Comme ils ne peuvent plus dire « non », ils disent « oui mais » ou « c’est plus compliqué ». Leurs arguments sont subtilement faux mais hélas entendus. Cette mésinformation n’est pas moins dommageable que celle des climatosceptiques de première génération car elle conduit in fine à nier les mesures nécessaires pour limiter la crise : la baisse drastique des émissions. Nous devons maigrir et on ne peut pas maigrir en mangeant plus. Ceux qui s’alarment d’une insupportable régression doivent savoir que sans action majeure, la régression sera autrement plus brutale car on ne peut pas négocier avec les lois de la physique. Ceux qui dénoncent une atteinte aux libertés doivent comprendre que nous serons au contraire oppressés par notre vulnérabilité.
 
Les systèmes de soins se découvrent trois nouvelles obligations. La première concerne l’adaptation au changement. Une partie de celui-ci étant inéluctable, il faut se préparer aux maladies climatosensibles qui s’ajouteront aux problèmes existants. Les dispositifs de veille, de réaction et même les bâtiments vont devoir s’ajuster à ce nouveau contexte, pour ne citer que quelques exemples.
 
La seconde est la sensibilisation de l’opinion. Les enquêtes récentes suggèrent qu’elle augmente. Comme médecins, nous devons nous exprimer et dire que nous avons peur.

Que la santé humaine est une priorité qui l’emporte sur toutes les autres, et faire campagne pour toute législation qui peut la protéger car la cause est apolitique.
 
 
Troisièmement, nous devons reconnaître que nous sommes nous aussi une partie du problème. Les systèmes de soins sont des émetteurs notoires de CO2, entre 4 % et 10 % des émissions nationales selon les pays. Les hôpitaux et les industriels de la pharmacie sont de loin les plus gros émetteurs. Des exemples étrangers montrent sans ambiguïté qu’il est possible de réduire ces émissions d’au moins 30 %, sans altérer la qualité des soins et tout en faisant des économies. Cet indicateur devrait être élevé au même niveau d’importance que la qualité ou l’efficience.
 
Rappelons enfin qu’il existe des bénéfices sanitaires immédiats à baisser les émissions de CO2 : amélioration de la qualité de l’air, diminution des accidents, activité physique, alimentation plus saine. Il n’y a aucune révélation ici. Tous les rapports du GIEC sauf un contiennent un chapitre sur la santé humaine. Il est maintenant suffisamment clair que nous n’avons pas le choix. Si nous n’en faisons pas assez, nous pouvons promettre à nos enfants qu’ils vivront plus durement et moins longtemps.
 
Jean-David Zeitoun est docteur en médecine, docteur en épidémiologie clinique, et entrepreneur.
 
(publié par J-Pierre Dieterlen)
Pour être en bonne santé, manger des noix, des lentilles et être moins sédentaire

Manger une poignée de noix sans sel et se lever toutes les deux heures quand on travaille assis pour marcher un peu, font partie des nouvelles recommandations publiées mardi par Santé publique France.

Pour la première fois, ces recommandations sur l'alimentation et l'activité physique tiennent compte de l'environnement, en préconisant de consommer des aliments de producteurs locaux, de saison, si possible bio et de manger moins de viande, dit à l'AFP Anne-Juliette Serry, spécialiste à l'agence sanitaire. 

Elles distinguent la lutte contre la sédentarité, en passant moins de temps assis, de l'encouragement à faire plus d'activité physique (au moins 30 minutes/jour). 

Si le slogan "au moins cinq fruits et légumes par jour" (frais, surgelés ou en conserves) reste d'actualité, il est recommandé de manger également au moins deux fois par semaine des légumes secs (pois chiches, lentilles, haricots...).

Privilégier la volaille

Autre conseil: au moins un féculent complet par jour (pâtes, pain, riz, etc.), plus riche en fibres que les produits raffinés (pain blanc, par exemple). Il est recommandé d'ajouter "une petite poignée" de fruits à coque par jour - noix, noisettes, amandes, pistaches non salées, etc...

Pour la viande, il est conseillé de ne pas dépasser 500 grammes par semaine (soit trois ou quatre steaks) et de privilégier la volaille. 

La charcuterie est à "réduire" : pas plus de 150 grammes par semaine (soit environ trois tranches de jambon blanc). Au menu aussi, le poisson, deux fois par semaine dont un gras (sardines, saumon, maquereau, hareng…) en variant les espèces à cause des polluants qu'ils peuvent contenir.

Les conseils portent aussi sur l'excès de sel et sur les produits laitiers (deux par jour, et non plus trois). Des produits laitiers parmi lesquels on ne doit pas compter la crème fraîche ni le beurre, trop gras, pas plus que les crèmes desserts ni les flans, souvent trop sucrés.

Il vaut mieux cuisiner soi-même des produits bruts. Si on ne peut pas faire l'impasse sur les plats préparés industriels, le recours à l'étiquetage Nutri-Score est préconisé. Il aide à mieux choisir, par exemple entre deux pizzas, grâce à des lettres attribuées aux produits (A le mieux, E le moins bien).

Réduire la sédentarité

Pour l'alcool, il ne faut pas plus de deux (petits) verres sur une journée, et pas tous les jours.

Enfin, "il ne suffit pas d'être actif (faire du sport, prendre les escaliers..) mais il convient aussi de réduire au minimum la sédentarité, c'est-à-dire de limiter le plus possible le temps passé assis", selon Mme Serry. 

"L'idée, c'est de penser à se lever toutes les deux heures pour marcher un peu au travail", selon elle. La sédentarité est considérée comme le quatrième facteur de risque de décès dans le monde.

Ces recommandations, disponibles sur le site mangerbouger.fr, figureront dans la version 2019 du Programme national nutrition santé (PNNS). 

Semaine de sensibilisation au cancer de la peau: «On note une augmentation de 10 % des cancers cutanés par an»

INTERVIEW A partir de ce lundi, 300 dermatologues proposent des consultations, en cabinet et un télé-dépistage, pour sensibiliser aux risques des cancers de la peau...

 
  • Le soleil redonne en général le sourire... mais mieux vaut se protéger de sa morsure. 
  • Avec cette semaine de dépistage et de sensibilisation à la prévention et à la détection précoce des cancers de la peau, c'est l'occasion de vérifier ses grains de beauté et de s'informer sur mélanomes et carcinomes. 
  • Comment se protéger et qui sont les plus vulnérables? «20 Minutes» a interviewé la vice-président du Syndicat nationale des dermatologues et vénérologues qui organise cette semaine de sensibilisation.

Des chiffres qui rappellent que le retour du soleil rime avec badigeonnage de crème solaire. Chaque année, près de 80.00 cancers de la peau sont diagnostiqués et « près de 70 % de ces cancers sont liés à des expositions excessives au soleil, principalement des expositions intermittentes et intenses pendant l’enfance », explique la Direction générale de la santé. A partir de ce lundi et jusqu’à vendredi, 300 dermatologues proposent un dépistage gratuit dans leur cabinet ou via un télé-dépistage pour que chacun, même ceux qui n’ont ni le temps ni les moyens de consulter, puissent être sensibilisés aux risques du cancer de la peau. Pour en savoir plus sur cette maladie méconnue et les bons réflexes à prendre, 20 Minutes a interviewé la dermatologue Catherine Oliveres-Ghouti, trésorière du Syndicat national des dermatologues et vénérologues qui lance cette initiative.

Pourquoi organiser cette semaine de dépistage ?

Au départ, il y a vingt ans, c’était seulement une journée de dépistage, maintenant c'est une semaine entière. On va montrer ses dents, les femmes vont régulièrement chez le gynécologue, mais on va plus rarement voir spontanément un dermatologue. Et pourtant, tous les ans on note une augmentation de 10 % des cancers cutanés dans les pays développés !

Concrètement, comment cela va se dérouler?

Les patients peuvent prendre rendez-vous directement sur la plateforme dermatos. On propose des interventions dans certains centres municipaux, dans certaines sociétés, mais aussi dans les cabinets de dermatologues. En clair, 300 dermatologues vont libérer des plages horaires la semaine prochaine : pendant quelques heures, ils reçoivent des patients en consultation gratuite exclusivement dédiée à la recherche de cancer cutané. Ce n’est pas la peine de venir montrer vos mycoses ! Il n’y aura ni traitement, ni ordonnance. Si on détecte une lésion à risque, on remet au patient une petite carte pour aller consulter un dermato, on explique si c’est urgent, s’il y a une surveillance à mettre en place. 

 
Cette année, vous mettez en place pour la première fois un télé-dépistage, mais n’est-ce pas nécessaire de voir les grains de beauté par exemple pour vérifier qu’il n’y a pas de lésion ?

Dans les zones qui manquent de dermatologues, on a formé certains médecins généralistes à prendre des photos avec un iPad ou un iPhone qui peuvent envoyer le cliché et échanger avec un dermato. Le spécialiste va leur permettre de dire s’il faut que ce patient aille consulter ou si la lésion n’est pas très dangereuse. Sur le même principe, dans les Ehpad, ces télé-consultations vont permettre à une infirmière ou un médecin d’échanger photo et diagnostic avec un dermatologue.

L’objectif, donc, c’est de toucher des personnes qui n’ont pas forcément un dermatologue près de chez eux ou les capacités de se déplacer. Est-ce qu’il y a certaines personnes plus vulnérables ?

Les agriculteurs, viticulteurs, pêcheurs sont exposés aux UV toute l’année, et souvent ils vivent loin des villes.Dans le BTP, ils ont un casque sur la tête, mais ils travaillent parfois torse nu. Il y a vingt ans, on demandait aux patients est-ce que vous allez au soleil, la plupart disaient non. Maintenant, on précise : est-ce que vous avez des activités professionnelles et de loisir en extérieur ? Le soleil, il n’y en a pas que sur la plage ! Il faut penser aussi à la sortie en vélo du dimanche, au match de foot, au barbecue… En général, les personnes les plus vulnérables sont celles qui ont des antécédents familiaux, qui ont eu beaucoup de coups de soleil dans l’enfance. Et qui sont des habitués des cabines d’UV, qui multiplient par 8 le risque de cancer cutané.

Pourquoi faut-il redoubler de vigilance pour les femmes enceintes et les enfants ?

Les enfants ont une peau fragile. Avant la puberté, vous n’avez pas les poils qui protègent, vous avez une peau moins grasse, plus fine. Il faut donc bien se protéger.  Pour les femmes enceintes, le risque, c’est d’avoir le masque de grossesse, le mélasma. Sur le visage, l’imprégnation d’œstrogène multiplie la photosensibilisation, qui favorise les taches brunes.

Quels sont du coup les bons réflexes à prendre pour éviter ces cancers de la peau ?

Primo, faire de l’auto-surveillance parce qu’on ne peut pas aller chez le dermato tous les trois jours. Donc il faut regarder régulièrement ses grains de beauté, demander à son conjoint de vérifier ceux qu’on ne peut voir dans le dos. Autre astuce : prendre en photo votre dos divisé en quatre parties. Dans six mois, vous refaites les photos et vous voyez s’il y a un changement. Et ne pas oublier certaines zones : la plante des pieds, derrière les oreilles et le cuir chevelu, surtout pour les hommes chauves.

Ensuite, côté prévention quand on va au soleil, il faut proscrire l’exposition entre 12h et 16h. Si vous ne pouvez faire autrement, ce n’est pas une crème qui va vous protéger, donc on s’équipe pour une visite au soleil : T-shirt, lunettes, chapeau. On n’interdit pas le soleil, mais il faut avoir une attitude raisonnable par rapport au soleil. Il suffit de marcher un quart d’heure au soleil pour avoir son apport en vitamine D, donc rien de sert de rester comme une crêpe pendant cinq heures à la plage. L’autre problème, c’est que les gens ne savent pas bien utiliser les crèmes solaires. Je dis à mes patients, si vous prenez un tube avec un indice 20, autant acheter de la crème hydratante ! Mieux vaut rester avec un indice 50 toutes les vacances pour éviter les coups de soleil. Et nous conseillons d'utiliser un tube par jour, or en général, les patients l'utilisent pendant quinze jours et pour une famille entière ! De plus, il faut savoir qu'un bain de vingt minutes fait partir 50 % de la protection solaire. Donc mieux vaut se tartiner avant d’aller à la plage car la crème met un quart d’heure à pénétrer la peau. Pour les enfants, je conseille d'utiliser des crèmes spécifiques, car moins allergènes. 

Le nombre de cancers de la peau a triplé entre 1980 et 2012, selon  l'Institut national du cancer (INCa). Comment expliquez-vous cette explosion ?

Un enfant né dans les années 2000 a 10 fois plus de risques d’avoir un mélanome à l’âge adulte qu’un enfant né en 1980. En 2017, on a constaté 11.000 mélanomes et près de 3.000 morts, c’est autant que sur la route ! Ces chiffres sont liés à l’évolution de nos modes de vie. Il y a trente ans, il y avait moins de monde sur les plages. La multiplication des congés a fait que l’accès à la plage s’est démocratisé. Les gens voyagent plus, loin, dans des pays tropicaux. Et il y a un problème de méconnaissance des risques. Ils ne se rendent pas compte que le soleil tape aussi lors du barbecue, quand ils tondent la pelouse, pendant le sport. Et nos habitudes vestimentaires ont changé : au début du XXe siècle, il était de bon ton d’avoir la peau claire donc on s’exposait avec voilettes, maillots de bain jusqu’aux chevilles, chapeaux. Aujourd’hui, le culte de la peau caramel fait des ravages.

Est-ce qu’en vingt ans, vous avez l’impression que le grand public mesure mieux les risques du soleil ?

Cela dépend des endroits. A Marseille, les gens arrivent à 13h se mettent de l’huile à frire, pas une seule protection, boivent le rosé sans parasol et sans un vêtement sur le dos. On a l’impression qu’on prêche dans le désert. Par contre, certains ont pris conscience des risques. On voit de plus en plus de gens qui mettent des vêtements anti-UV à leurs enfants par exemple. Mais il faut encore marteler le message de prévention.

 

Propos recueillis par Oihana Gabriel

Chasseurs : la « vengeance » du lapin

La saison de la chasse s’est achevée. On la dit aussi giboyeuse que la précédente, où plus de 500 000 chevreuils, près de 600 000 sangliers, plus de 61 000 cerfs, 13 000 mouflons… sanas compter le smillions de faisans, lapins de garenne et perdrix rouges avaient été zigouillés. de quoi ripailler à la table des chasseurs et dans les restaurants gastronomiques. Sauf que, une fois dans l’assiette, il arrive que le gibier se venge.
Dans un tout récent rapport, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) raconte à quel point la venaison pourrait s’avérer plombante pour la santé.  Au fil des 74 pages, on découvre ainsi que le gibier est farci de métaux lourds et de contaminants chimiques. Les animaux sauvages profitent aux aussi des pollutions industrielles, quand ils « broutent » sur des sols pollués à la dioxine, au furane et aux PCB, ou se désaltèrent dans des cours d’eau chimiqués. Quant aux terres agricoles, elles sont bourrées de cadmium, apporté par les engrais phosphatés et les boues d’épuration. Et, dixit l’Anses, ce sont les sangliers qui dégustent le plus, à cause de leur fâcheuse habitude de retourner la terre avec leur groin.
Mais là où les toxicologues se font vraiment du mouron, c’est pour la dose de plomb contenus dans le gibier. Après avoir analysé les foies et les muscles des pauvres bêtes, ils évoquent « une préoccupation sanitaire liée au plomb présent dans la viande de grands gibiers sauvages (sangliers, cerfs, chevreuils…) qui provient pour partie de son environnement mais apparaît surtout lié au phénomène de fragmentation des munitions ». Des résidus souvent invisibles à l’œil nu.
Et l’Anses d’enfoncer le clou (en plomb). Avec 1,2 million de chasseurs, dont beaucoup consomment en famille le contenu de leur gibecière, la chasse pourrait être « le premier contributeur à l’exposition au plomb par ingestion ». C’est pourquoi l’Agence recommande de ne pas manger du gibier sauvage plus de trois fois par an et le proscrit carrément pour les femmes enceintes et les enfants. Tout cela alors que Macron vient de réhabiliter les chasses présidentielles (1).
On espère que ça ne va pas plomber l’ambiance autour de la table, à Chambord !

Le Canard enchaîné – 11/04/2018 – Conflit de Canard –

(1) Le coût du permis de chasse national va passer de 400 à 200 euros. Moitié moins cher pour tuer deux fois plus dans  tous les départements… Un cadeau de 18 millions aux chasseurs – ce qui représente à peu près le budget des réserves naturelles.
Bilan de la dernière saison de chasse communiqué par l’Aspas fin février : douze morts dont deux mineurs et trois non-chasseurs.

Renvoyée à ses études !

 

La revue médicale indépendante Prescrire n'évalue pas seulement les médicaments. Elle regarde également de près les recommandations publiées par la Haute autorité de santé (HAS), censées aider les professionnels de santé dans la prise en charge de leurs patients. Le résultat n'est pas fameux. Parmi la centaine de documents produits ces dix dernières années, 7 seulement ont été jugés intéressants. 21, acceptables. Dans le même temps, 57 ont reçu l'infâmante mention "inutile", 23 se sont carrément attirés le désaccord de Prescrire. Faiblesse documentaire, liens d'intérêts des experts ayant participé à la rédaction, sous-estimation des effets indésirables sont les principaux défauts qui décrédibilisent les recommandations officielles de la Haute autorité de santé.

 

Que choisir, mars 2018

 

Omerta dans la médecine

Le Pr Philippe Even, 84 ans, a été radié de l'Ordre des médecins… Une condamnation anachronique contre un mandarin qui a osé dénoncer nommément ses confrères rétribués par l'industrie pharmaceutique.

Il ne faut pas crier au loup !

Les maladies infectieuses les plus médiatisées ne sont pas celles qui présentent le plus grand danger. Et inversement. Notre chroniqueur s'en inquiète.

Pourquoi le cancer du pancréas progresse-t-il autant ?

En l'absence de progrès décisif, cette maladie de sombre pronostic pourrait devenir la deuxième cause de mortalité par cancer d'ici à l'an 2020.

Les 6 ennemis de notre cerveau

Le professeur Bernard Sablonnière*, chercheur à l'Inserm, spécialiste des maladies neurodégénératives, nous explique comment garder une bonne santé cérébrale.

 

1. Le stress

Le stress peut être utile ou nuisible pour le cerveau, cela dépend de son intensité et de sa durée. Il est bénéfique lorsque de courte durée et adapté, il stimule alors notre dynamisme et la prise de décision. En cas de situation conflictuelle prolongée se conjuguent les effets de deux hormones du stress : l'adrénaline et le cortisol. Le cerveau est alors contraint à réduire son dynamisme et le fonctionnement des synapses : il nous force à nous reposer

 

2. La prise chronique de psychotropes

Notre cerveau utilise de nombreuses clés chimiques ou neurotransmetteurs pour fonctionner. Les psychotropes miment ou bloquent leur fonctionnement. En perturbant nos comportements, ces médicaments perturbent les mécanismes normaux de réparation des circuits neuronaux, pouvant conduire à des effets toxiques et irréversibles.

3. La sédentarité

Muscle et cerveau sont faits pour s'entendre. On connaît maintenant des signaux chimiques libérés par les muscles et capables de stimuler la fabrication de nouveaux neurones, pour stimuler nos fonctions cognitives. Ce signal est une protéine, l'irisine, dont la sécrétion est fortement stimulée par un exercice physique d'au moins 30 minutes et répété régulièrement.

4. L'inactivité intellectuelle

 

Entraîner son cerveau, c'est le stimuler pour renforcer l'efficacité de ses circuits et nous permettre d'améliorer nos capacités mentales. Un environnement cognitif riche, une curiosité débordante et de multiples activités d'apprentissage façonnent les circuits du cerveau, en stimulant la survie des nouveaux neurones et en stabilisant leur connectivité.

5. L'isolement social

Le cerveau humain perçoit et partage les émotions des autres et est capable d'empathie. Cette capacité stimule le cerveau limbique et active la libération d'une clé chimique, l'ocytocine, qui améliore le partage et l'échange. Cette clé possède un effet stimulant sur les circuits du cerveau en réduisant fortement les effets du stress.

6. L'excès de graisses et de sucres

Un apport calorique trop élevé et un excès de sucres et de graisses dérèglent le fonctionnement cellulaire et produisent des signaux inflammatoires qui altèrent les vaisseaux sanguins du cerveau. Cela entraîne progressivement un stress cellulaire qui réduit fortement la capacité naturelle de régénération des connexions neuronales !

 

* Les Nouveaux Territoires du cerveau (Odile Jacob, 2016) et Le Cerveau (Odile Jacob, 2015)

La pollution de l’air s’introduit jusque dans notre cerveau

 

De minuscules particules liées à la pollution industrielle ont été découvertes dans plusieurs échantillons de cerveau humain. Elles sont soupçonnées de contribuer au développement de la maladie d’Alzheimer.

 

 

“Si vous vivez dans un environnement urbain, il y a des chances que vous ayez des nano-aimants dans le cerveau, au sens propre”, prévient Science. Une nouvelle étude parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) suggère que la plupart de la magnétite – composée d’oxyde de fer – trouvée dans le cerveau provient de la pollution de l’air issue des pots d’échappement ou d’activités industrielles comme la combustion du charbon pour produire de l’électricité.

“On savait déjà que des nanoparticules de fer étaient présentes dans le cerveau, mais on pensait qu’elles provenaient du fer qu’on trouve naturellement dans le corps, issu de la nourriture”, rappelle New Scientist. Or l’analyse précise des particules identifiées dans le cerveau de 37 personnes ayant vécu soit à Manchester, soit à Mexico fournit un indice crucial quant à leur origine.

“La magnétite que l’on trouve parfois naturellement dans le cerveau y est présente en quantités infimes, et ses particules se distinguent par leurs contours déchiquetés, explique BBC News. Au contraire, les particules trouvées dans l’étude étaient non seulement bien plus nombreuses, mais aussi lisses et arrondies, caractéristiques de ce qui se crée aux hautes températures d’un moteur de voiture ou des systèmes de freinage.”

La magnétite, un produit toxique

Cette nouvelle étude tire donc une nouvelle fois la sonnette d’alarme quant aux risques liés à la pollution. Car “le problème avec la magnétite, c’est que c’est toxique”, insiste Science. “Cela provoque le stress oxydatif, perturbe le fonctionnement cellulaire normal et contribue à la création de radicaux libres destructeurs – des molécules instables qui peuvent endommager d’autres molécules importantes”, énumère la revue scientifique.

Des travaux précédents, détaillés en 2015 par le New Scientist notamment, ont également montré des corrélations entre des niveaux élevés de fer dans le cerveau et le développement de la maladie d’Alzheimer. “Rien ne lie définitivement la magnétite à Alzheimer, tempère Science, mais le type de dommage cellulaire qu’elle peut causer est cohérent avec ce qu’on voit dans la maladie.”

Alzheimer, une maladie transmissible ?

 

Pour Clare Walton, directrice de recherche à l’Alzheimer’s Society, qui n’a pas participé à l’étude, citée par BBC News :

Les causes des démences sont complexes et jusqu’à présent il n’y a pas eu suffisamment de recherches pou dire que le fait de vivre dans des villes et des zones polluées augmente le risque de démence.”

“D’autres travaux dans ce domaine sont nécessaires, mais tant que nous n’avons pas plus d’information les gens ne devraient pas s’inquiéter de manière excessive”, ajoute-t-elle, avant de rappeler que l’exercice physique régulier, un régime alimentaire sain et l’arrêt de la cigarette diminuent les risques de développer ce type de maladie.

 

Carole Lembezat

L’ONU admet sa responsabilité dans l’épidémie de choléra en Haïti

 

Du bout des lèvres, les Nations unies reconnaissent leur implication dans la terrible épidémie de choléra qui frappe Haïti. La contamination a causé près de 10 000 morts depuis l’arrivée de la bactérie dans le pays, en 2010, et elle a rendu malades 800 000 personnes. Voilà six ans que des casques bleus sont accusés de l’avoir apportée avec eux du Népal, ce que l’institution internationale s’est obstinée à nier jusqu’à présent.

 

 

« Au cours de l’année écoulée, l’ONU a acquis la conviction qu’il est nécessaire de faire beaucoup plus en ce qui concerne sa propre implication dans le foyer initial et les souffrances des personnes touchées par le choléra »,
 

a déclaré le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, jeudi 18 août.

Certes la déclaration apparaît alambiquée et n’a pas le ton des annonces officielles fracassantes. Mais elle ressemble à un début de revirement, qui fait naître l’espoir chez les défenseurs des victimes et chez ceux qui, sur le terrain, attendent de l’aide pour parvenir, enfin, à maîtriser une épidémie loin de régresser. D’autant que M. Haq a aussi promis qu’un nouveau plan d’action serait présenté dans les deux mois.

Avancée essentielle

« C’est une grande victoire pour les milliers d’Haïtiens qui se sont mobilisés pour la justice, qui ont écrit à l’ONU et porté plainte contre elle », s’est réjoui Mario Joseph, le président du Bureau des avocats internationaux de Port-au-Prince dans un communiqué, parlant de « victoire pour le peuple ». Il n’est pas le seul à considérer ce demi-aveu comme une avancée essentielle.

L’ONU doit maintenant présenter « des excuses publiques et établir un plan de compensation aux victimes qui ont tant perdu », a commenté l’avocate Beatrice Lindstrom, de l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti, une ONG américaine partie prenante dans un procès intenté aux Nations unies.

En théorie, les réclamations des familles des victimes pourraient atteindre 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros). En fait, l’institution a jusqu’à présent systématiquement mis en avant son immunité pour ne pas répondre aux requêtes des Haïtiens autrement que par les arguties de ses avocats. Une cour d’appel vient à nouveau de lui donner raison sur ce point, le 18 août.

Cependant, l’ONU peut difficilement se maintenir dans cette position très inconfortable, alors qu’elle se trouve à la fois sous les projecteurs accusateurs de la presse et agitée par un débat interne. Plusieurs rapports émanant de ses rangs ont dénoncé son obstination à nier sa responsabilité à l’égard des Haïtiens. L’universitaire Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits humains, a en particulier fustigé son attitude « moralement inconciliable et légalement indéfendable ».

Déshydratations fatales

 

Car voilà longtemps que ne subsiste plus de doute sur le rôle joué par un bataillon de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) venu du Népal, où le vibrion à l’origine de l’épidémie est endémique. La souche bactérienne a, depuis, été séquencée : elle correspond parfaitement.

La contamination est liée aux eaux usées et à une grande quantité de matières fécales qui se sont directement déversées dans un affluent de l’Artibonite, rivière près de laquelle était installé le campement de la Minustah en octobre 2010.

Très vite, la maladie, qui entraîne des déshydratations fatales, se répand alors dans les villages le long de la rivière ; 10 000 cas suspects sont recensés en quelques jours et les structures de soin enregistrent des pics de 4 500 cas par jour. L’épidémie s’étend très vite au reste du pays, l’un des plus pauvres de la planète, ravagé par un séisme qui a causé 220 000 morts dix mois plus tôt. Pis : elle n’a jamais cessé depuis.

Une étude de Médecins sans frontières, publiée en mars, montre même que les 9 300 décès officiels ont été largement sous-estimés. « Entre 2010 et 2012, il y a eu plus de cas en Haïti que dans l’Afrique tout entière », souligne l’épidémiologiste Renaud Piarroux. Des chiffres d’autant plus saisissants qu’il n’y avait pas eu d’épidémie de choléra sur l’île depuis cent cinquante ans.

Ce professeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille se rend régulièrement sur place, où il a été le premier à enquêter sur cette affaire, dès 2010. Dans son dernier rapport, qui date de juillet, il rappelle que, par le nombre de victimes, cette épidémie est « la plus importante à laquelle le monde a dû faire face au cours des dernières décennies ».

Regain de l’épidémie

Il y a urgence à agir. Les espoirs mis dans le ralentissement du rythme de contamination en 2014 ne sont plus de mises. « Depuis un an, le choléra reprend de la force », note le médecin. A défaut de pouvoir métamorphoser Haïti en pays doté d’une infrastructure d’eau et d’assainissement moderne, il préconise de donner les moyens au corps médical et aux ONG d’intervenir dès qu’un cas suspect est repéré, de se rendre dans chaque village touché pour y mener rapidement des actions d’éducation sanitaire et de distribuer des comprimés de chlore afin d’assainir l’eau. Il croit moins à la vaccination, à l’efficacité d’autant plus limitée qu’elle ne bénéficie qu’à 3 % de la population.

Lire aussi : Haïti : le premier tour de la présidentielle annulé, de nouvelles dates annoncées

« Je participe à la rédaction d’un nouveau plan que prépare l’Unicef, confie M. Piarroux. Il ne sera mis en œuvre que si des financements importants sont débloqués. » Alors lui aussi se réjouit du changement de ton de l’ONU, persuadé qu’il présage d’un revirement dans l’échelle des moyens alloués pour lutter contre un fléau aujourd’hui négligé.

 

 

De quoi meurt-on le plus dans le monde aujourd'hui ?

 

On vit sur la planète six ans de plus qu'en 1990. En France, les premières causes de mortalité sont l'infarctus et le cancer du poumon.

 

Le Lancet vient de publier un bilan complet sur l'évolution de la santé humaine entre 1990 et 2013 dans tous les pays en étudiant les 240 causes principales de mortalité. Et les nouvelles sont plutôt bonnes. Si, en 2013, 54.9 millions de personnes sont mortes, l'espérance de vie moyenne dans le monde a bondi de 65,3 ans à 71,5 ans. Cet allongement de l'espérance de vie est essentiellement dû à une diminution de la mortalité par cancer et par maladies cardio-vasculaires, dans les pays développés, ainsi qu'à une diminution de la mortalité infantile par diarrhée et pneumonie dans les pays pauvres.

Pour la première fois, les pneumonies ne sont plus la première cause de décès dans le monde. Et ce, grâce aux antibiotiques très bon marché produits dans les pays pauvres (en particulier en Inde et en Chine), et à la vaccination contre le pneumocoque dans les pays riches. Ce vaccin généralisé chez les enfants afin de les protéger de la méningite a fait reculer de manière très nette les pneumonies dues à ce même microbe chez les sujets âgés. En effet, les enfants sont les vecteurs des pneumonies qui touchent les sujets âgés (grippe et pneumocoques).

Les seuls pays a ne pas voir leur santé s'améliorer sont ceux d'Afrique australe. Essentiellement par la faute du sida, ce qui montre l'importance de poursuivre la lutte dans ce domaine et la distribution de médicaments.

Priorités

En France, les cinq premiers tueurs sont dans l'ordre, l'infarctus du myocarde et ses conséquences ; le cancer du poumon ; les accidents vasculaires cérébraux ; les suicides ; les cancers du côlon et du rectum. En sixième, on trouve la maladie d'Alzheimer, puis la cirrhose du foie, le cancer du sein, les accidents de la circulation ; en dixième position arrivent les autres problèmes cardiologiques. Par rapport aux autres pays d'Europe occidentale, la France affiche plus de morts par suicides et par accidents de la circulation.

On remarque aussi que la fréquence de la cirrhose du foie n'est pas corrélée à la seule consommation moyenne d'alcool par pays, ce qui montre qu'elle est multifactorielle. La priorité pour la prévenir est la vaccination contre l'hépatite B et le traitement précoce de l'hépatite C. Autre priorité : lutter contre le sel (à cause des accidents vasculaires cérébraux), le sucre (diabète, obésité et infarctus) et le tabac (cancer du poumon). Ce sont les trois priorités, avec la lutte contre les accidents de la circulation et la lutte contre la dépression suicidaire. Alors, modérons notre peur et notre pessimisme, tout comme notre consommation d'alcool, qui protège des accidents vasculaires cérébraux, à doses modérées (deux à quatre verres de vin par jour) et favorise à haute dose, cirrhoses et cancer du foie.

 

Pr

 

Ref "Global, regional, and national age-sex specific all-cause and cause-specific mortality for 240 causes of death, 1990-2013 : a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2013", The Lancet, vol 385 January 10.2015

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