la chronique des narco-etats...
Des ports aux prisons en passant par la police et la justice, les trafiquants achètent tous azimuts. Après le Sénat, la Cour des comptes sonne l’alarme....
C'est la petite musique qui monte depuis des mois. La corruption organisée par les trafiquants de drogue gagne du terrain, à toutes les étapes du circuit qui va des portes d'entrée de la marchandise sur le territoire jusqu'aux prisons, en passant par les douanes, la police et la justice.
Cheffe de l'office anti-stupéfiants (Ofast), Stéphanie Cherbonnier avait fait part au Point de ses inquiétudes à ce sujet l'été dernier. « L'information qu'un téléphone est sur écoutes, des pièces à conviction qui s'égarent… Il en faut peu pour compromettre des mois d'enquête. »
Cette semaine, c'est un rapport de la Cour des comptes sur la lutte contre le trafic de stupéfiants qui évoque le sujet. « La masse des profits générés par les trafics de stupéfiants procure des moyens très nettement supérieurs à ceux des États » et permet d'acheter sans compter, écrivent les magistrats. Ils soulignent également que les organisations criminelles procèdent à « des enquêtes de criblage pour évaluer la vulnérabilité d'une personne et s'assurer de son concours »
Dockers, douaniers, greffiers, policiers…
Le rapport cite les dockers et agents des douanes, les forces de l'ordre, les magistrats et leurs auxiliaires, le personnel pénitentiaire, mais aussi des agents municipaux mis à contribution pour stocker les stupéfiants dans des bâtiments publics.
Les affaires se succèdent à un rythme qui s'accélère. En juin 2023, une greffière du tribunal de Saint-Nazaire a été arrêtée. Elle transmettait des informations à un trafiquant. En décembre 2023, deux agents de l'établissement pénitentiaire de Meaux-Chauconin, dont une greffière, ont été mis en examen et incarcérés pour avoir facilité la libération de trafiquants. En janvier 2024, neuf personnes, dont un fonctionnaire de la police aux frontières à l'aéroport d'Orly, ont été mises en examen dans une affaire de trafic de cocaïne et de cannabis.
En mars 2024, c'était six surveillants du centre pénitentiaire de Réau qui étaient mis en examen pour trafic de stupéfiants. Au moins un enquêteur de l'antenne marseillaise de l'Ofast fait actuellement l'objet d'une enquête de l'Inspection générale de la police nationale pour des faits de corruption présumée signalés par la hiérarchie.
Enquête torpillée à Rennes
À Rennes, la méfiance règne. En janvier 2024, raconte une source locale, « une opération antidrogue dans le quartier du Blosne a été annoncée aux policiers au dernier moment, parce que le parquet et la hiérarchie se méfiaient des fuites ! » Ils avaient raison. L'opération a tourné court, quelqu'un avait prévenu les trafiquants.
« Je vous le dis tout net : sans la corruption, il n'y a pas de trafic », déclarait Émile Diaz, ancien membre de la French Connection, devant la Commission d'enquête sénatoriale sur l'impact du narcotrafic en France, qui a remis son rapport en mai 2024. Parole d'expert.À LIRE AUSSI Trafic de drogue : pourquoi la France n'est pas un « narco-État », mais se trouve à un tournant
Malgré ces avertissements, déplore la Cour des comptes, « le renforcement annoncé de la lutte contre la corruption de basse et haute intensité », en dehors de quelques initiatives ponctuelles, « n'a pas trouvé encore de traduction concrète ». Bon point pour le Service national du renseignement pénitentiaire (SNRP), qui a mis en œuvre « une politique de formation, de prévention et de sanction rigoureuse à l'égard de ses agents susceptibles d'y être exposés ». Mais ailleurs ? « Les représentants de la gendarmerie, de la police nationale et des douanes ont entrepris de créer conjointement un module de sensibilisation et de formation destiné aux officiers », écrit la Cour, qui appelle à accélérer le rythme et à coordonner les efforts. Il faudrait une action interministérielle de prévention et une évaluation globale du risque par l'Inspection générale de l'administration.
Forte hausse des enquêtes judiciaires pour corruption
Mais la chaîne police-justice a-t-elle vraiment envie de regarder la réalité en face ? Les sénateurs Jérôme Durain et Étienne Blanc, président et rapporteur de la Commission d'enquête sénatoriale, se le demandent manifestement. « Très peu de cas de corruption ont été identifiés, selon la Direction générale des douanes et droits indirects », écrivent-ils.
L'Inspection générale de la police nationale, de son côté, confirme une forte hausse des enquêtes judiciaires initiées des chefs de corruption passive, passées de 14 en 2020 à 29 en 2022, mais « sans isoler les faits susceptibles d'être liés au trafic de stupéfiants ». « Force est de constater le faible nombre de dossiers de corruption traités par les juridictions interrégionales spécialisées alors que des organisations criminelles bénéficient souvent de renseignements leur permettant de faire échec aux enquêtes », écrivait – déjà en 2019 – François Molins, alors procureur général à la Cour de cassation…
Des mesures pragmatiques
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Soulignant l'urgence, les sénateurs proposent des mesures pragmatiques et rapides à mettre en œuvre. « Rendre matériellement impossible la corruption des agents publics » en revoyant l'organisation du travail, avec plus de binômes et de turn-over. À l'unisson avec la Cour des comptes, ils suggèrent « une meilleure détection des usages anormaux des fichiers de police ».
C'est une des leçons des affaires récentes : les corrupteurs payent souvent très cher pour des services en apparence anodins. « Au port du Havre, une secrétaire avait perçu 10 000 euros pour insérer une clé USB dans son ordinateur, ce qui avait conduit à pirater un système informatique et permis aux malfaiteurs de contrôler l'arrivée des conteneurs », a raconté aux sénateurs l'économiste Clotilde Champeyrache. Un docker peut gagner 60 000 euros simplement en « perdant » son badge. Un cadeau empoisonné, qui le liera toutefois à des délinquants ne reculant devant rien.
La Birmanie n’est pas seulement le premier producteur d’opium du monde. Sur son territoire se fabriquent aussi le plus grand nombre de pilules de meth. À la faveur de la guerre civile, les volumes produits n’ont jamais été aussi importants et les prix si bas, relate le magazine “Nikkei Asia”.
[Cet article est extrait du hors-série n°102 de Courrier international, “L’atlas des drogues”, en vente depuis le 24 juillet 2024]
Durant l’été 2019, les habitants de Sailulak, un village paisible dans le nord-est de l’Inde, près de la frontière birmane, ont vécu deux choses inhabituelles. D’une part, les pluies abondantes de la mousson sont arrivées plus tôt que prévu. D’autre part, quatre jeunes étrangers se sont mis à fréquenter les environs. Portant six grands sacs en nylon, ils prétendaient être là pour acheter des piments séchés.
Quand les villageois, méfiants, ont appelé la douane locale, les agents ont trouvé – soigneusement emballés sous les piments déshydratés – 60 paquets contenant chacun 10 000 comprimés de méthamphétamine. Pendant des heures, ces hommes avaient transporté le chargement en empruntant les sentiers boueux et inondés de pluie depuis le village de Dawn, en Birmanie, jusqu’à Sailulak, en Inde.
Il ne s’agit là que d’un aperçu du trafic dont fait l’objet ce stimulant extrêmement addictif. Un trafic qui s’étend avec de plus en plus d’audace, à partir de la Birmanie, vers l’ouest, l’est et l’outre-mer, alors qu’au cours des trois dernières années la guerre a transformé de vastes régions du pays en zones sans foi ni loi.
La lutte contre le narco-trafic n’est plus la priorité
Depuis son coup d’État, en février 2021, le régime militaire birman s’efforce d’écraser toute résistance de la part des mouvements démocratiques et des minorités ethniques armées. La violence a encore augmenté en octobre, quand une coalition de factions ethniques a déclenché une offensive dans l’État Shan, dans le nord. Durant les mois qui ont suivi, le régime a continué à perdre du terrain, et les opérations de lutte contre le narcotrafic, déjà compromises, en ont sévèrement pâti.
L’instabilité politique engendrée par les affrontements entre la junte et les milices ethniques a créé un environnement profitable pour les cartels qui se livrent au trafic de stupéfiants, en particulier de méthamphétamine. “L’appareil judiciaire s’est détourné de la lutte contre le crime pour s’attaquer à l’opposition au régime. La corruption a atteint des niveaux sans précédent : à coups d’énormes pots-de-vin, le trafic de drogue et les paris clandestins fonctionnent en toute impunité”, nous a déclaré Adrian Rovel, spécialiste des questions de sécurité installé à Rangoon.
“L’effondrement de l’économie a poussé les personnes vulnérables à se tourner vers la production et le trafic de drogue.”
Les analystes sont de plus en plus inquiets, ils redoutent que le conflit actuel n’aggrave une situation déjà critique qui voit les pays voisins être submergés par la méthamphétamine. La consommation est en hausse, les prix chutent, la meth [méthamphétamine] afflue dans des pays aussi lointains que l’Australie à l’est et l’Arabie saoudite à l’ouest. Du fait de la perméabilité de ses frontières, la Birmanie est le principal fournisseur de drogues de synthèse en Asie.
L’État Shan, le nord de la Thaïlande et le nord-ouest du Laos constituent le Triangle d’or, longtemps connu pour avoir été un foyer du trafic et de la production en particulier de méthamphétamine et d’opium. Par ailleurs, le nord-est de l’Inde et le Bangladesh ont une longue frontière commune avec la Birmanie, ce qui favorise le trafic de drogue dans la région.
Les saisies de meth se multiplient dans la région. En 2022, en Asie de l’Est et du Sud-Est, les autorités ont intercepté 150 000 kilos de meth, pour ainsi dire juste avant qu’ils soient consommés, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Plus de 90 % des saisies ont eu lieu en Asie du Sud-Est. Elles se sont également multipliées en Asie du Sud, où plus de 10 000 kilos de meth ont été saisis entre 2018 et 2023.
Le yaba, le “remède qui rend fou”
Le boom de l’offre a créé un marché de masse plus important, surtout chez les ouvriers, les routiers, les agriculteurs et les étudiants qui dépendent de la drogue pour rester éveillés. Les pilules de yaba [“remède qui rend fou”, en thaïlandais] contiennent de 1 % à 30 % de méthamphétamine mélangée à de la caféine, capable de provoquer un état d’euphorie qui dure de trois à douze heures. La crystal meth, ou ice, contient entre 80 % et 100 % de méthamphétamine, à même de produire des états d’euphorie qui peuvent dépasser la vingtaine d’heures.
Haut dans les montagnes qui séparent la Birmanie de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, se trouve Huay San, un bourg de 4 000 habitants, à moins de 2 kilomètres de la frontière. Des édifices de béton à plusieurs étages sont ceints de murs de brique, un spectacle inhabituel dans une zone rurale. C’était là que se dissimulait l’ancien négoce du village thaïlandais – qui trafiquait, stockait et vendait des méthamphétamines. “Les deux tiers de la population consommaient de la drogue, et 100 % travaillaient dans la drogue”, explique Ganyaa, un habitant de Huay San âgé de 37 ans.
“C’était comme une compétition entre voisins. Qui avait la plus grande maison, la voiture la plus moderne ?”
Le village a intégré un programme de réhabilitation en 2018, mais d’autres villages tribaux du même type, éparpillés le long de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, servent toujours de plaques tournantes pour la drogue. Venus du côté birman, des courriers franchissent la frontière et parcourent 800 mètres avec des sacs, qu’ils laissent dans la forêt où un parent du côté thaïlandais les récupérera et les transportera dans un village de transit. Ils sont en contact par radio ou téléphone pour signaler les patrouilles. Il arrive que des soldats thaïlandais abattent des drones utilisés pour repérer les patrouilles, des engins bon marché et faciles à se procurer sur Internet....
* Pour mesurer le poids énorme de la drogue dans nos économies, on lira Extra pure, voyage dans l’économie de la cocaïne de Roberto Saviano (l’auteur de Gomorra), une passionnante lecture d’été.
https://or.fr/actualites/detenteurs-dette-france-indice-revelateur-3395
Marée blanche sur les ports européens
https://www.courrierinternational.com/grand-format/maree-blanche-sur-les-ports-europeens_220252
Marée blanche sur les ports européens....l’Europe, une plaque tournante de la cocaïne ? C’est de plus en plus vrai. La production sud-américaine arrive sur le continent par les plus grands ports. En témoignent les saisies record de ces dernières années. Mais face à des réseaux criminels organisés comme des multinationales, il est difficile de lutter. Une carte extraite de notre “Atlas des drogues”, en vente chez votre marchand de journaux.
D’Anvers à Bruxelles, la drogue est partout présente dans le Royaume belge. Dans les villes et les campagnes wallonnes et flamandes. Fief de l’Union européenne et de l’Otan, notre pays est bel et bien devenu un narco-État.
Avec des centaines de tonnes de drogue qui arrivent d’Amérique latine au port de la ville de Bart De Wever, le président fondateur du parti libéral nationaliste N-VA, leur vente à ciel ouvert, à la manière de drive-in installés dans des quartiers populaires, avec des junkies errants par centaines dans les stations du métro bruxellois de la Stib, avec des règlements de compte entre trafiquants sur des places publiques où jouent des enfants, avec huit morts et près de 200 blessés dans des fusillades pour l’année 2023 (la drogue tue donc bien plus que le terrorisme), avec la corruption et des menaces de mort sur des dockers, des douaniers, des magistrats et des politiciens, avec une consommation de cocaïne dans tous les milieux : du garagiste au magistrat, à des artistes, des serveurs de l’Horeca, des avocats, des journalistes, des enseignants, des antiquaires, des mannequins, des banquiers, des financiers (cf. le film Le loup de Wall Street), des collaborateurs et des chefs de cabinets ministériels, chez des enfants de l’aristocratie belge…
Les nouveaux parrains
Les trafics de drogue, dirigés par des barons se prenant pour des clones de Scarface, mais ne vivant pas dans des villas de haut standing à Miami, mais dans des palaces qataris ou ailleurs sis dans des paradis fiscaux, sont gérés comme des entreprises capitalistes. Leur essor profite effectivement de la mondialisation de l’économie libérale. Leur système fonctionne sur la base des théories de l’« école de Chicago », pensées par des professeurs d’économie capitaliste. Hier, mentor des putschistes pinochetistes, aujourd’hui des nouveaux parrains des mafias d’antan.
En Belgique, les criminels de la drogue bénéficient d’un écosystème de développement favorable. Notre État est fragilisé par sa lasagne institutionnelle, des partis politiques se faisant des coups bas en permanence, le sous-financement des postes clés de notre société – l’enseignement, le logement, la santé – devant permettre l’intégration après l’école de tous les jeunes dans le monde du travail, la crise de logements abordables pour tous, l’augmentation du sans-abrisme, une politique migratoire inégalitaire (entre réfugiés syriens, afghans, africains et réfugiés ukrainiens), des mineurs précaires attirés par le consumérisme en vogue dans la société qui deviennent les proies de gangs hors-la-loi, une justice dépassée et victime d’un financement de misère, des forces de l’ordre gangrenées par des policiers violents, racistes et d’extrême droite, l’absence totale d’un combat global efficace – à tous les étages – contre l’invasion de la drogue
Ce n’est pas la répression des consommateurs de produits stupéfiants qui est LA solution. Cette répression n’est que populiste parce qu’électoraliste. Elle caractérise l’incapacité ou la volonté des politiques de vouloir réellement éradiquer la drogue. Les États-Unis ont participé aux victoires des deux Guerres mondiales. Les « guerres à la drogue », lancées, depuis les années 1960, par tous les présidents américains successifs, ont, elles, été vouées à l’échec. Parce que la drogue a aussi été exploitée de manière institutionnelle pour diviser la population en cas de contestation collective du pouvoir. Via la police fédérale étatsunienne, le FBI, par exemple, pour atomiser de l’intérieur le mouvement de libération noir lors de son début d’alliance politique avec des blancs révolutionnaires actifs sur des campus animés par la gauche radicale (ceci n’est pas une thèse conspirationniste : cette réalité est suffisamment documentée par des études universitaires et des enquêtes journalistiques américaines).
Des alertes ignorées
Pour en revenir à la situation actuelle de la Belgique, l’augmentation massive du trafic de drogue, de l’arrivée de consommateurs et de leurs dealers a une explication française. En effet, à la lecture d’articles de presse d’outre-Quiévrain, des témoignages recueillis chez des consommateurs, des informations transmises par des travailleurs sociaux de rue faisant des maraudes à Paris et à Bruxelles, la population du monde de la drogue a été multipliée chez nous, par un « nettoyage de Paris ». La raison de ce dernier ? Épurer ses rues des personnes jugées nocives dans la ville Lumière qui accueillera, en juillet et en août prochain, les Jeux olympiques. Le président de la République, le très libéral Emmanuel Macron, le ministre de l’Intérieur, le très à droite Gérald Darmanin, la maire de Paris, la PS Anne Hidalgo et ses alliés du parti écolo local sont les acteurs de cette épuration humaine antisociale. Pour leur propre intérêt politique, ils ont poussé des milliers de consommateurs de drogue et leurs dealers hors des murs de Paris. Une émigration encadrée de la came s’est alors déplacée vers Marseille, la Côte d’Azur, Lyon, Lille et Bruxelles. Cette réalité transfrontalière a été révélée dans le détail, dès l’été de l’année dernière, par des habitants de Saint-Gilles, voisins de la gare Bruxelles-Midi, notamment lors d’interpellations citoyennes. La majorité PS-Ecolo s’est bornée à les ignorer de façon méprisante. Sur la base du dicton populaire : « La différence entre la dictature et la démocratie ? C’est ferme ta gueule et cause toujours ! »
L’actualité désormais de Bruxelles, capitale du narco-État devenu, donne raison pourtant aux citoyens conscientisés qui avaient alarmé, il y a six mois déjà, de la situation chaotique du bas populaire de Saint-Gilles. La majorité PS-Ecolo était alors plus préoccupée par l’imposition du plan Good Move, pour la poursuite de la gentrification d’apartheid social de la commune bruxelloise.
Encadrer le commerce
Ce n’est pas une politique micro qui doit régner au sommet du pouvoir, mais une vision macro. En politique, il faut savoir hiérarchiser les priorités et les urgences. En faveur de toute la population et non au profit de sa minorité de nantis. Dès lors, une guerre contre la drogue doit être menée sur l’ensemble du territoire bruxellois, belge et européen, en concertation avec les autres continents. De façon répressive mais aussi progressiste. En s’attaquant à la racine du mal. Pour la trouver, une question : pourquoi dans notre société libérale faite de progrès, des habitants doivent encore prendre des substances artificielles pour en supporter ses nombreux maux ? Enfin, pour une lutte continue efficace et mettre fin à la criminalisation de la situation, à la participation de l’enrichissement des hors-la-loi du crime, à la prostitution forcée de milliers de jeunes filles consommatrices, à la délinquance de rue d’adolescents en décrochages multiples, aux pères et mères devant se droguer, jour et nuit, pour supporter leur labeur quotidien orchestré sous le modèle du management d’entreprises privées (comme déjà en 1979 chantait le groupe de rock Téléphone dans son morceau culte La bombe humaine) et pour éviter la destruction totale, strate par strate, des services publics des États démocratique au profit de narco-États… ne faudra-t-il pas, tout simplement, que le commerce capitaliste de la drogue soit nationalisé ?
*Signataires : Manuel Abramowicz, journaliste d’investigation du média RésistanceS (Observatoire belge de l’extrême droite) et enseignant en communication et en travail social dans une haute-école ; Paul Delmotte, professeur retraité en sciences politiques de l’Institut des hautes études en communication sociale (Ihecs) ; Nada El Ghayati, travailleuse sociale de rue, diplômée de la Haute-école Libre de Bruxelles (HELB-Prigogine), étudiante en criminologie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) ; Latifa Elmcabeni, cofondatrice du collectif des Madrès contre les violences policières à Saint-Gilles ; Johan Leman, professeur émérite de l’Université catholique de Leuven (KUL), directeur-fondateur du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (Unia depuis) et président de l’asbl Le Foyer à Molenbeek-Saint-Jean ; Silvio Marra, ouvrier membre de la délégation syndicale FGTB aux Forges de Clabecq de 1977 à 1996, cofondateur et militant depuis dans la commune de Forest de l’association populaire Quartier sans racisme ; Christian Panier, président émérite de tribunal et enseignant honoraire de l’Université catholique de Louvain (UCL), de l’ULB et de l’Ihecs ; José Parades, ancien sans-abri et militant-fondateur de l’Union bruxelloise des SDF ; Vincent Scheltiens, historien, chercheur post-doctoral, Université d’Anvers ; Yamina Zaazaa, travailleuse sociale, diplômée de l’École Ouvrière Supérieure (EOS) et directrice d’une asbl de lutte contre les violences intrafamiliales.
Pourquoi des enfants jouaient-ils dans un parc belge en pleine tempête Ciaran ? ...deux personnes sont mortes dans deux parcs de la ville de Gand, ce qui conduit à mettre en cause les précautions prises par la ville
La blague du jour : la Belgique ne fournira pas d’obusiers à l’Ukraine car le gouvernement les a déjà vendus à un ferrailleur pour une bouchée de pain...il ne reste plus grand-chose à envoyer, tant l’état de l' »armement lourd » de l’armée belge est mauvais...
Après deux décennies de tergiversation, le Plat pays a confirmé la fermeture de toutes ses centrales d'ici à 2025. Mais alors que l'atome représente 40% de son mix électrique, il n'a aucune solution de remplacement crédible.
Vérité en France, erreur outre-Quiévrain? Alors que Paris relance le nucléaire, Bruxelles a décidé d'en sortir. L'annonce date de presque vingt ans, mais la concrétisation n'arrive qu'aujourd'hui. Elle fut laborieuse, émaillée d'hésitations, avec son lot d'incohérences. Le "non" au nucléaire, c'est une histoire belge qui ne fait plus rire les Belges, où l'imprévoyance et l'irresponsabilité se disputent les premiers rôles. Car sans l'atome, la Belgique disposera-t-elle d'un approvisionnement électrique suffisant à l'heure où, transition énergétique oblige, cette énergie monte en puissance pour suppléer les énergies fossiles?
Bye bye la neutralité carbone
Initialement, c'est vers 2015 que Bruxelles devait sortir du nucléaire. Quelques années avant l'échéance, virage sur l'aile, le pays a prolongé de dix ans les deux centrales (sept réacteurs) d'Electrabel, filiale du français Engie. Aujourd'hui, on se rapproche de la date couperet de 2025. A la fin de l'année, un premier réacteur (Tihange 2) près de Liège, qui souffre de problèmes de fissures, va fermer. Un deuxième (Doel 3) près d'Anvers, qui a connu des défauts de conception, mettra la clé sous la porte en 2023. Les cinq autres doivent s'arrêter deux ans plus tard. Jusqu'à ces derniers jours, une petite incertitude demeurait pour les tranches les plus récentes de Doel 4 et de Tihange 3. Mais jeudi 23 décembre, au terme d'une nuit de discussion, les sept partis de la coalition gouvernementale surnommée Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes et chrétiens-démocrates flamands) ont tranché. La fin du nucléaire "est confirmée, a déclaré le Premier ministre Alexander De Croo. Mais à deux conditions: la sécurité d'approvisionnement et la maîtrise des prix" de l'énergie… Dans le même temps, pour conserver une partie des compétences nucléaires - la filière emploie 7.000 personnes -, le gouvernement a annoncé un programme de recherche pour des petits réacteurs.
Les conditions semblent difficiles à remplir tant, malgré ces deux décennies de "réflexion", la Belgique, contrairement à l'Allemagne, ne s'est pas préparée à la sortie du nucléaire. Avec 6 gigawatts de capacités, l'atome représente près de la moitié du mix électrique. Autant dire que le rayer de la carte en quatre ans constitue un défi hors normes. Le Plat pays s'est diversifié dans l'éolien terrestre et l'éolien offshore. Mais ces énergies, intermittentes, ne peuvent prétendre complètement suppléer l'atome, une énergie dont la production est continue et pilotable. Pour le remplacer, la Belgique a lancé des enchères pour se doter de nouveaux moyens de production.
L'essentiel sera constitué de… deux centrales à gaz. "Une hérésie, le gaz émet 40 fois plus de CO que le nucléaire", peste Serge Dauby, directeur général du lobby Forum nucléaire belge. "Ouvrir deux centrales à gaz, ce n'est pas agréable mais là c'est inévitable", reconnaît Jan Vande Putte, directeur de campagne de Greenpeace Belgique.
Résultat, l'objectif de neutralité carbone pour 2050 s'éloigne. La substitution de l'atome par du gaz pose un autre problème, selon le think tank pronucléaire Horizon 238: "Les prix de l'électricité vont massivement augmenter." Enfin, les entreprises craignent une période de pénurie à venir car le permis de l'une des deux centrales à gaz que doit construire Engie a été refusé par la ministre de l'Environnement de la région flamande!
Risque de black-out
Le gouvernement reste droit dans ses bottes, comptant, via les interconnexions avec les pays frontaliers, sur la possibilité d'importer de l'électricité. Une solution qui met cependant à mal la sécurité énergétique du pays et ne tient pas la route pour Peter Claes, directeur général de Febeliec, la fédération représentant les industries électro-intensives (sidérurgie, chimie, papier-carton…). "La France, dont plusieurs réacteurs nucléaires sont à l'arrêt, n'a pas d'excédents. Idem pour l'Allemagne, qui a beaucoup réduit sa production de charbon." "Dans les années à venir, il y aura un risque majeur de black-out", craint Horizon 238.
Mort d'une vache à lait
Comment en est-on arrivé là? Tout commence en janvier 2003 quand le gouvernement arc-en-ciel (libéral, socialiste, écologiste) mené par Guy Verhofstadt fait voter la loi de sortie du nucléaire. Quelques mois plus tard, les Verts quittent la coalition. Les observateurs pensent que la loi va être abrogée. Il n'en sera rien.
"En Belgique, il n'y a pas de débats d'idées, on recherche l'accord politique, constate le jeune (35 ans) président du parti libéral MR (Mouvement Réformateur) Georges-Louis Bouchez. Le nucléaire, c'est une question de génération. La jeunesse n'y est pas hostile. Mais ce sont les politiciens de 50-60 ans qui détiennent le pouvoir. En fermant les centrales, ils concrétisent le rêve de leur adolescence." Après Fukushima (2011), l'histoire semble leur donner raison. Le nucléaire fait peur. Dans le même temps, les relations s'enveniment entre Bruxelles et le propriétaire des centrales GDF Suez - aujourd'hui Engie. Les profits d'Electrabel attirent la convoitise. Suite à la nationalisation de Dexia en 2011, qui a coûté 4 milliards d'euros, le gouvernement est en quête de nouvelles recettes pour boucler son budget. Sus à la rente nucléaire! Depuis la fin des années 2000, Engie paie environ 250 millions d'euros par an de taxes. La Commission de régulation belge envisage un moment de quadrupler cette taxe. Le PDG de l'époque Gérard Mestrallet évoque alors "un acharnement sans égal". Pour Engie, le désamour avec Bruxelles est acté.
D'autant qu'à partir de 2015, les réacteurs connaissent des problèmes techniques. En quelques années, le taux de disponibilité du parc chute de 85% à 55%. Le nucléaire n'est plus la vache à lait qu'il a été. Entre 2018 et 2019, il a même plombé de 1,3 milliard d'euros les comptes d'Engie. Quand la question se pose de prolonger la durée de vie des réacteurs Doel 4 et de Tihange 3, ce qui coûterait un investissement d'un milliard d'euros, l'ex-GDF Suez ne veut pas s'engager sans le "go" de Bruxelles.
Mais en 2019, la Belgique se retrouve pendant 500 jours sans gouvernement. Quand celui-ci est formé en septembre 2020, le président d'Engie Jean-Pierre Clamadieu alerte Alexander De Croo: les travaux pour prolonger des deux réacteurs au-delà de 2025 prennent cinq ans. Il doit donc se décider avant fin 2020. La réponse viendra… le 23 décembre 2021 avec l'annonce de la sortie intégrale du nucléaire. Fin de l'histoire? Le Premier ministre a indiqué que la décision définitive serait prise en mars après la publication d'un rapport sur les alternatives au nucléaire. Georges-Louis Bouchez veut croire à un énième coup de théâtre. "La sortie du nucléaire n'a pas été actée", assure le président de MR.
La Belgique s'est diversifiée dans l'éolien terrestre et l'éolien offshore. Mais ces énergies, intermittentes, ne peuvent prétendre complètement suppléer l'atome, une énergie dont la production est continue.
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