nuages en mer de Chine

Publié le par ottolilienthal

 

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a exprimé devant le président chinois Xi Jinping ses inquiétudes concernant la situation en mer de Chine méridionale, où les incidents se multiplient dans les eaux disputées entre Pékin et plusieurs pays riverains, a indiqué samedi le ministère japonais des Affaires étrangères.

Au cours de cet entretien bilatéral en marge du sommet de l’Apec au Pérou, Shigeru Ishiba a fait part à Xi Jinping de «sa sérieuse inquiétude concernant la situation en mer de Chine méridionale, à Hong Kong et au Xinjiang», a indiqué le ministère.

Pékin revendique, au nom de raisons historiques, sa souveraineté sur la quasi-totalité des récifs et îlots inhabités de la mer de Chine méridionale, ignorant une décision de justice internationale de 2016 selon laquelle ses prétentions ne reposent sur aucune base juridique.

Incursions aériennes et manœuvres militaires

Les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et l’Indonésie affichent des prétentions rivales, dans cette zone maritime aux forts enjeux commerciaux et stratégiques.

La situation s’est envenimée ces derniers mois. Plusieurs épisodes de violences ont opposé des navires chinois d’un côté et vietnamiens et philippins de l’autre. Parallèlement, la Chine a accentué la pression sur Taïwan, multipliant les incursions aériennes et manœuvres militaires autour de l’île qu’elle considère comme faisant partie de son territoire.

Il s’agit de la première rencontre entre le président chinois et Shigeru Ishiba, arrivé au pouvoir début octobre et qui s’est maintenu à son poste, à la tête d’un gouvernement minoritaire, malgré une lourde défaite de son parti aux législatives anticipées fin octobre.

«Gérer les différends de manière constructive»

Les relations entre la Chine et le Japon, souvent tendues, se sont détériorées ces dernières années alors que Pékin muscle ses capacités militaires dans la région et que Tokyo renforce son alliance avec les États-Unis.

Lors de la rencontre, Shigeru Ishiba a également «fait part de ses graves préoccupations concernant l’activité croissante de l’armée chinoise», tout en soulignant que «la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan sont extrêmement importantes pour le Japon et la communauté internationale», a ajouté le ministère.

Xi Jinping a quant à lui déclaré qu’il espérait que le Japon travaillerait avec la Chine pour «traiter correctement les grandes questions de principe telles que l’histoire et Taïwan» et «gérer les différends de manière constructive», selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine et le Japon, «dont les intérêts économiques et les chaînes industrielles et d’approvisionnement sont profondément liés», doivent «poursuivre une coopération gagnant-gagnant et maintenir le système mondial de libre-échange ainsi que des chaînes de production et d’approvisionnement stables et sans entraves», a ajouté le président chinois.

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https://www.20min.ch/fr/story/mer-de-chine-meridionale-le-premier-ministre-japonais-exprime-sa-serieuse-inquietude-103221592

 

« Et si la Chine se préparait à envahir Taïwan au mois de décembre ? »...

Voilà une idée, une hypothèse de travail dont vous n’entendez pas vraiment parler malgré les hausses de tensions entre la Chine continentale et Taïwan...

Tous partent du principe que le parapluie américain est suffisamment dissuasif.

Pourtant, à Kazan, au sommet des BRICS il s’est passé un évènement qui a été totalement occulté par les médias occidentaux qui y ont à peine consacré quelques entrefilets.

L’Inde et la Chine, dans une rencontre au sommet historique, viennent de trouver un accord pour mettre fin aux rivalités territoriales dans l’Himalaya entre les deux pays.

“Depuis 1962, les deux pays se disputent 4 000 kilomètres de frontières sur le toit du monde. Un différend qui se rappelle régulièrement dans leur relation, comme lorsqu’en juin 2020, une vingtaine de soldats indiens et chinois avaient trouvé la mort lorsque deux patrouilles s’étaient croisées.

Les relations entre les deux pays étaient depuis au plus bas, décrites le mois dernier comme “pas terribles” par le ministre des Affaires étrangères Indien, qui jugeait encore que l’Inde avait un “problème Chinois”. L’accord annoncé concerne la répartition des patrouilles sur la “ligne de contrôle”, une zone tampon où les deux pays n’ont pas le droit d’entrer avec des armes. Il ne règle pas le différend frontalier, mais signe un retour au conflit figé d’avant 2020″. Source entrefilet France Info TV ici.

Dans les faits, c’est la Chine qui recule et la Chine ne recule jamais sans raison, et jamais sans une stratégie de temps long. Cela porte le nom de retrait militaire et c’est une rétrocession à l’Inde. Ni plus ni moins.

“L’Armée populaire de libération du PCC se retire de la région du Ladakh (ironiquement, ils ont même ajouté une musique aussi héroïque en fond sonore à la vidéo), tous les avant-postes et fortifications doivent être démantelés, et toutes les fournitures et équipements doivent être retirés. Ce territoire sera désormais entièrement sous juridiction indienne.

L’Inde a déjà annoncé la création du territoire de l’Union du Ladakh. Cette zone équivaut à peu près à trois Taïwan et quarante Hong Kong, pour une superficie totale de 90 000 kilomètres carrés.

Ceux qui ont lu l’Art de la Guerre de Sun Tzu, connaissent l’état d’esprit chinois. Avant de reprendre Taïwan et d’unifier la Chine ce qui est le seul objectif politique d’importance pour Pékin, il y a des préalables. Notamment faire la paix avec l’Inde, proxi américain dans la région pour libérer des troupes et ne pas avoir à mener deux guerres à la fois. Pékin, par cet accord conclu sous l’égide de Vladimir Poutine, vient sans doute d’enfoncer un coin dans la relation américano-indienne et de s’assurer de la neutralité de New Delhi en cas d’attaque sur Taïwan.

D’un point de vue analytique, j’émets l’hypothèse que la Chine, pourrait vouloir entamer une offensive plus importante et plus réelle pour récupérer Taïwan. Ce ne sera peut-être pas une guerre ouverte et frontale mais un blocus très dur avec des escarmouches jusqu’à ce que politiquement Taïwan, accepte la “réddition” et la réunification...

Charles Sannat  30 10 24

(extrait)

https://insolentiae.com/et-si-la-chine-se-preparait-a-envahir-taiwan-au-mois-de-decembre-ledito-de-charles-sannat/

 

 

"Pendant 13 heures, la Chine a effectué des manœuvres d’entraînement avec pour but d’encercler Taïwan. C’est seulement pour s’amuser et il n’y a rien à craindre. C’est sûr on peut avoir une une totale confiance. Taïwan a annoncé avoir déployé les forces nécessaires pour répondre à la menace. Il manquerait plus que ça parte en vrille là-bas aussi."

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1397-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-octobre-2024.html

Les navires de guerre allemands attendent l’ordre de traverser le détroit de Taiwan...

Deux navires de guerre allemands, dirigés par le commandant, le contre-amiral Axel Schulz, attendent les ordres de Berlin pour savoir s’ils deviendront les premiers navires de guerre allemands depuis des décennies à franchir le détroit de Taïwan. La décision n’a pas encore été prise et les conditions météorologiques peuvent jouer un rôle. Selon M. Schulz, leur passage éventuel vise à démontrer l’engagement de l’Allemagne en faveur d’un ordre fondé sur des règles, d’une résolution pacifique des conflits territoriaux et de voies de navigation libres et sûres.

Au cours des quatre dernières années, Pékin a intensifié ses activités militaires dans le détroit. Les traversées de la voie navigable par des navires de guerre étrangers, notamment américains, sont régulièrement condamnées par Pékin, qui estime que ces missions « sapent la paix et la stabilité » dans la région. L’Allemagne, l’un des principaux partenaires commerciaux de la Chine et de Taïwan, s’est jointe à d’autres pays occidentaux pour renforcer sa présence militaire dans la région, alors que les ambitions territoriales de Pékin suscitent de plus en plus d’inquiétudes.

Avant leur éventuel passage par le détroit le mois prochain, la frégate Baden-Wuerttemberg et le navire de ravitaillement Francfort-sur-le-Main prévoient de faire escale à Tokyo mardi. Ils feront également escale en Corée du Sud et aux Philippines et participeront à des exercices avec la France, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, la Malaisie, Singapour, les Philippines et les États-Unis.

Le détroit de Taïwan, une route commerciale majeure

Le détroit de Taïwan est une voie commerciale majeure par laquelle transitent près de la moitié des porte-conteneurs du monde. Les États-Unis et Taïwan affirment qu’il s’agit d’une voie navigable internationale. La Chine revendique la souveraineté sur Taïwan, qui est gouvernée démocratiquement, et affirme qu’elle a juridiction sur cette voie d’eau de près de 180 km de large qui divise les deux parties et fait partie de la mer de Chine méridionale.

Taïwan s’oppose fermement aux revendications de souveraineté de la Chine, affirmant que seul le peuple de l’île peut décider de son avenir. La présence militaire de l’Allemagne dans la région s’est accrue à mesure que l’inquiétude grandit face aux ambitions territoriales de Pékin. Le mois dernier, la Luftwaffe a déployé des avions de chasse au Japon pour les premiers exercices conjoints. En 2021, un navire de guerre allemand a navigué en mer de Chine méridionale pour la première fois depuis près de 20 ans.

M. Schulz a déclaré qu’il ne prévoyait pas de mesures de sécurité particulières si les navires de guerre placés sous son commandement traversaient le détroit de Taïwan, estimant qu’il s’agissait d’un « passage normal » similaire à la traversée de la Manche ou de la mer du Nord. Toutefois, il prévoit que tout passage sera étroitement surveillé. Il s’attend à ce que la marine chinoise et éventuellement les garde-côtes ou la milice maritime les escortent, décrivant cela comme une pratique courante.

Les navires de guerre allemands attendent les ordres de Berlin avant de décider de traverser le détroit de Taïwan.

 

Bonne nouvelle pour Pékin. Le Parti populaire de Taïwan proche de Pékin n'a pas gagné la présidence du pays, mais a obtenu la majorité au Parlement. Du coup, la Chine va probablement se concentrer sur la création d'obstacles politiques internes à toute tentative d'indépendance de Taïwan, plutôt que sur la préparation d'une guerre. 

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1368-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-fevrier-24.html

CNOOC a réussi a réalisé un forage ultra-profond (1’500m) de gaz dans le Sud de la Mer de Chine. Cela indique que le pays a réussi à acquérir la technologie des occidentaux et que la Mer de Chine devient un enjeu de plus en plus important.

extrait de https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1219-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-juillet-2021.html

Du côté de l'ambiance, il faut aller chercher du côté de la Mer de Chine. Pékin a réussi un record avec un forage gazier à -2'060 m sous le niveau de la Mer. Le gaz congelé se trouve sous le permafrost. La technologie chinoise "Sea Bull II" va allumer les prétentions énergétiques de la Chine dans ce territoire maritime.

Toujours dans la Mer de Chine, les tensions montent entre le président Rodrigo Duterte des Philippines au sujet des droits de forages pétroliers qui se trouvent dans les eaux territoriales des Philippine. Visiblement, Pékin n'en a cure, pendant que la flotte navale américaine tente de garder le passage ouvert.

extrait de https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1206-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-avril-2021.html

 
Un voisin menaçant pour la Chine
 

Comment serrer le cou d’un voisin embarrassant sans risquer de l’étrangler et vous attirer davantage d’ennuis ? C’est le dilemme de la Chine face à la Corée du Nord dont elle est le principal soutien diplomatique et le fournisseur essentiel. Ce dilemme pourrait aller croissant si les estimations faites par l’agence de renseignement militaire américaine (DIA) et révélées le 8 août dernier par le Washington Post, se confirmaient. Selon ces estimations, Pyongyang est désormais capable de miniaturiser un de ses engins atomiques pour le placer sur un missile. La miniaturisation était jusqu’ici l’un des principaux obstacles à ce que le régime de Kim Jong Un dispose d’une bombe pleinement fonctionnelle. Et comme le pays a récemment multiplié des tirs de missiles balistique intercontinentaux montrant qu’il pourrait, à plus ou moins brève échéance, être à même de frapper le territoire des Etats-Unis, le danger désormais ne concerne plus ses seuls voisins (Corée du Sud, Japon) mais la première puissance mondiale, elle-même détentrice d’un arsenal de plusieurs milliers de têtes nucléaires.

«Le feu et la colère»

Fidèle à sa méthode tonitruante, Donald Trump n’a pas hésité le 8 août dernier à menacer Pyonygang « du feu et de la colère » des Etats-Unis « comme le monde n’en a jamais vu ». Un ton qui consterné une partie de son propre entourage diplomatique et militaire. Et qui a poussé Kim Jong Un à répliquer qu’en guise d’avertissement, son pays serait bientôt prêt à tirer des missiles de portée intermédiaire à proximité de la base américaine de Guam, une île du Pacifique. Dans ce climat de rhétorique guerrière, la Chine a fait savoir le 10 août, par l’intermédiaire du Global Times, un média considéré comme la voix officielle du régime, qu’elle s’interposerait dans le cas où les Etats-Unis frapperaient la Corée du Nord et tenteraient de modifier la situation politique dans la péninsule coréenne. Mais qu’elle resterait neutre si c’était Pyongyang qui prenait l’initiative des hostilités en lançant des missiles contre le territoire américain. Une position qui illustre l’embarras des autorités chinoises, partisanes affirmées de la voie de la négociation dans le dossier nord-coréen et du statu quo dans la péninsule, tant les autres options risqueraient de mettre en péril ses propres intérêts

La position officielle de Pékin est constante. Elle-même autorisée à détenir l’arme nucléaire comme quatre autres puissances (Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Russie) en vertu du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), la Chine est hostile à ce que Pyongyang se dote de la bombe. Il est vrai qu’en devenant partie au TNP en 1985, la Corée du Nord s’est engagée à ne pas acquérir la bombe, mais Pyongyang s’est retiré du traité en 2003 et poursuit depuis lors la mise au point d’un arsenal nucléaire. Un arsenal que le régime nord-coréen perfectionne de manière autonome et qu’il considère comme une assurance vie pour lui éviter de subir le sort de Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi, lesquels, selon lui, n’auraient pu être renversés si leurs pays respectifs avaient été dotés de la bombe.

Prolifération dans toute l’Asie du Nord ?

La Chine estime que la prolifération nucléaire est un danger, en Asie du Nord où elle entend conserver l’avantage stratégique que lui procure la bombe, et où deux pays potentiellement menacés par Pyongyang (la Corée du Sud et le Japon) pourraient un de ces jours ne plus faire confiance aux Etats-Unis pour les protéger et acquérir la même arme. Les capacités technologiques de Tokyo et de Séoul leur permettraient sans doute de le faire, même si les tensions avec Washington qu’un tel choix provoquerait rendent aujourd’hui ce scénario peu probable.

Ce qui n’est pas une hypothèse aussi improbable aux yeux de la Chine et l’inquiète donc davantage, c’est un effondrement du régime de Pyongyang. Certes, des experts chinois estiment que ce régime est plus stable depuis l’arrivée au pouvoir de son actuel leader, Kim Jong Un, petit-fils fondateur du régime, Kim Il Sung. Une stabilité due notamment à une libéralisation économique très encadrée, mais qui a permis à une partie au moins de la population de vivre aujourd’hui moins mal, alors que dans les années 90 la famine avait tué entre 600 000 et un million de personnes.

Le régime pourrait en revanche s’effondrer si un le pays entrait en conflit armé avec les Etats-Unis ou si des sanctions trop sévères finissaient par l’étouffer et provoquer trop de tensions internes. Pékin voit deux périls majeurs pour elle dans un tel scénario. Le premier est démographique et économique : la chute du régime, le chaos et la guerre civile que cela pourrait provoquer risqueraient de pousser des millions de réfugiés nord-coréens vers la Chine du nord voisine. Le second est stratégique : outre qu’il risquerait de rendre l’arsenal du pays incontrôlable, l’effondrement de l’Etat nord-coréen ouvrirait, plus ou moins rapidement la voie à une réunification des deux Corées sous l’égide du régime sud-coréen. Et donc à la consolidation aux frontières directes de la Chine d’un nouveau pays allié des Etats-Unis, alors que jusqu’ici la Corée du Nord a servi de tampon entre la Chine et la Corée du Sud. Une Corée du Sud sur le sol de laquelle Washington a officiellement entreposé des armes nucléaires jusqu’en 1991. Et où il prévoit aujourd’hui de déployer un bouclier antimissiles, le THAAD, à la grande fureur de Pékin qui voit dans ces installations, non pas seulement une arme défensive contre la Corée du Nord comme l’affirment les Etats-Unis, mais une menace contre ses propres capacités militaires.

A des fins de subsistance

La double crainte, démographique et stratégique, de la Chine face à un effondrement de la Corée du Nord explique qu’en dépit de son hostilité régulièrement réaffirmée à la bombe nord-coréenne et des pressions des Etats-Unis pour qu’elle fasse use de son influence présumée sur Pyongyang, Pékin manie les menaces et les gestes de rétorsion avec des pincettes face à ce qu’elle considère comme un Etat potentiellement failli à sa porte. D’où son insistance à prôner la voie des négociations internationales sur le sujet qui sont à l’arrêt depuis 2009 et surtout à doser les sanctions votées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies afin de ne pas provoquer un effondrement du pays. Pékin a ainsi régulièrement insisté pour que ces mesures punitives excluent les activités économiques « normales » et toutes celles qui ne sont menées à « des fins strictement humanitaires ou de subsistance ». De telles activités cependant n’ont pas de définition  jurdique précise, ce qui a donné à la Chine, avec qui la Corée du Nord réalise 90% de ses échanges économiques, une grande marge d’interprétation.

 

Certes, devant l’accélération du programme nucléaire et balistique nord-coréen et singulièrement depuis le troisième essai en février 2013, soit au moment de l’arrivée de l’actuel président chinois, Xi Jinping, à la tête de son pays, Pékin a progressivement donné de la voix et du geste face à son voisin. Le ton entre les deux pays est devenu progressivement plus froid. Témoin, la décision annoncée en février dernier par Pékin, en vertu des quotas instaurés par la résolution 2321 (30 novembre 2016) du Conseil de Sécurité, de ne plus importer de charbon nord-coréen pour le restant de l’année 2017. De même, Pékin a permis l’adoption le 5 août dernier à la suite des tirs de missile balistiques nord-coréens, d’une nouvelle résolution (2371) qui interdit totalement l’achat à la Corée du Nord de minerais (charbon, fer, plomb) et de produits de la mer, mais aussi le recrutement à l’étranger de nouveaux travailleurs nord-coréens, l’une des ressources majeures du pays, et la conclusion de nouvelles joint-ventures avec des firmes locales.

Reste à voir comment cette nouvelle résolution sera mise en œuvre. Les régions du nord-est de la Chine, notamment, ont un intérêt très direct à ce que les échanges avec la Corée du Nord, en produits comme en travailleurs, se poursuivent. Et les entreprises chinoises, impliquées dans les échanges avec la Corée du Nord, ont appris à contourner les interdits instaurés par les résolutions successives. Par ailleurs, Pyongyang reste autorisé à acheter du pétrole à l’étranger, c’est-à-dire auprès de Pékin pour l’essentiel bien que les chiffres ne soient pas publics. Des experts chinois, interrogés par le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), estiment que l’interruption des livraisons d’or noir seraient nécessaires pour forcer Pyongyang à revenir à la table des négociations. Au risque d’un étranglement économique du pays ? Une arme à double tranchant pour Pékin qui craint toujours la déstabilisation de son voisin.

Ironie et invective

Le régime de Kim Jong Un est bien conscient des craintes chinoises si la Corée du Nord venait à se décomposer. Et en nationaliste soucieux de faire étalage de ses atouts et de son indépendance, il en joue face son grand voisin. En avril dernier, Pyongyang a publiquement rappelé à la Chine que la Corée du Nord jouait le rôle de tampon contre l’influence des Etats-Unis en Asie. Et quand en février Pékin avait suspendu ces importations de charbon, le régimes nord-coréen n’avait pas hésité à manier l’ironie et l’invective, estimant que la Chine qui se présente comme une grande puissance, danse en réalité au diapason des Etats-Unis… Ces dernières années, Kim Jong Un a en outre fait exécuter des dirigeants nord-coréens, comme son oncle Jang Song-thaek qui avait, semble-t-il, la faveur de Pékin. De même, il a ordonné plus récemment l’assassinat en Malaisie de son propre demi-frère, Kim Jong Nam, pourtant longtemps placé sous la protection de la Chine.

Malgré les espoirs de Donald Trump et ses requêtes répétées à Xi Jinping, la petite Corée du Nord n’est pas aujourd’hui aux ordres de la puissante Chine. Et sauf à ce que Pyongyang commette une erreur suicidaire, ce dont le régime de Kim Jong Un s’est jusqu’ici toujours gardé en dépit de ses outrances, Pékin préférera vraisemblablement garder son voisin encombrant, en lui serrant régulièrement le cou. Mais sans l’étrangler.

 

Yann Mens

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