Ouest américain niouzes

Publié le par ottolilienthal

Après les incendies, Los Angeles se prépare à l’arrivée d’une tempête hivernale...

Les autorités craignent des inondations et des glissements de terrain, notamment dans les zones récemment touchées par les incendies autour de Los Angeles...

La Californie est de nouveau sous tension. Une tempête d’une rare intensité s’apprête à frapper le Golden State, suscitant de vives inquiétudes quant aux risques d’inondations et de glissements de terrain, notamment dans les zones récemment ravagées par les incendies autour de Los Angeles.

Entre mercredi et vendredi, certaines régions du sud de l’Etat pourraient recevoir jusqu’à 15 cm de précipitations, selon les services météorologiques américains (NWS). Un phénomène qui a placé les autorités locales en alerte, alors que la mégapole californienne se remet encore des feux de janvier ayant causé la mort de près d’une trentaine de personnes.

D’importants risques d’inondations

« Il s’agit d’une forte tempête, certainement la plus forte de cette saison hivernale », a averti Ryan Kittell, météorologue du NWS, lors d’un point presse mardi. « Il y a un risque élevé d’inondations, en particulier à l’intérieur et autour des routes et des zones urbaines, ainsi qu’un risque significatif de coulées de débris. »

Les habitants vivant à proximité des zones incendiées sont particulièrement menacés et invités à se tenir prêts à évacuer. En effet, les sols fragilisés par les incendies ne peuvent plus absorber l’eau correctement, favorisant des coulées de boue qui, dans certains cas, dégénèrent en glissements de terrain destructeurs.

Pacific Palisades et Altadena sous surveillance

« Nos services municipaux sont en état d’alerte », a insisté la maire de Los Angeles, Karen Bass, rappelant que des milliers de sacs de sable et de barrières en béton ont été installés ces dernières semaines pour tenter de limiter l’érosion des sols.

Les quartiers de Pacific Palisades, dans les collines surplombant la ville, et d’Altadena, en banlieue de Los Angeles, sont particulièrement surveillés en raison de leurs terrains en pente, déjà éprouvés par les incendies.

Un pic attendu pour jeudi

Le pic de la tempête est attendu jeudi, une journée où les autorités recommandent vivement aux habitants de limiter au maximum leurs déplacements. « Il est recommandé à tout le monde de rester à l’écart des routes autant que possible jeudi et dans la nuit de jeudi à vendredi », a précisé Ryan Kittell. Si les zones brûlées sont les plus vulnérables, « c’est l’ensemble de Los Angeles qui doit se préoccuper de la pluie et de ses conséquences », a ajouté Karen Bass.

Comme souvent en Californie, ce phénomène météorologique est lié à une « rivière atmosphérique », un gigantesque couloir de pluie transportant la vapeur d’eau accumulée dans les tropiques autour d’Hawaï. Ces précipitations, bien que redoutées pour les dégâts qu’elles pourraient causer, sont aussi attendues avec impatience, le sud de la Californie n’ayant pas connu de pluies significatives depuis huit mois avant février.

20 Minutes avec AFP

L'apocalypse à Los Angeles était tout à fait prévisible...

 

C'est une vérité presque universellement niée que les incendies apocalyptiques qui engloutissent Los Angeles - ma ville natale - ne sont qu'une version amplifiée de la normale...

Donald Trump accuse Gavin Newsom, parce que c'est la réaction instinctive (ou tout simplement abrupte) de Trump à tout malheur californien. Dans un même élan de bile politiquement ciblée, Rick Caruso, le républicain à la Bloomberg devenu démocrate qui a perdu la dernière élection de maire de Los Angeles face à la démocrate Karen Bass, rejette la faute sur cette dernière.

D'un jour à l'autre, les éditorialistes du Wall Street Journal accuseront le New Deal et certains catholiques de la messe latine accuseront le pape François.

S'il est une personne dont les analyses doivent être prises au sérieux, c'est bien le regretté Mike Davis.En 1998, Davis a donné suite à City of Quartz - sa dissection de Los Angeles qui a connu un grand succès critique - avec Ecology of Fear, qui s'est penché plus spécifiquement sur les apocalypses qui ont été et sont encore une caractéristique constante de la vie à Los Angeles.

(J'ai édité un certain nombre de ces articles de Davis au L.A. Weekly dans les années 90). Au cours de la décennie qui s'est écoulée depuis qu'il a écrit City of Quartz, Los Angeles a connu les émeutes de Rodney King, le tremblement de terre de Northridge, les incendies et les inondations récurrents dans les collines entourant la ville, et la décimation de la classe moyenne de la région avec l'énorme réduction des effectifs après la guerre froide des plus grands employeurs de la région, les entreprises aérospatiales financées par le Pentagone.

Se plongeant dans d'obscures archives, traversant les collines arides de Los Angeles et les immeubles en flammes, Davis a décrit et expliqué l'incessante combustibilité physique et sociale de Los Angeles avec le zèle et l'érudition d'un Cassandre.

Le troisième chapitre de l'ouvrage Ecology of Fear est intitulé « The Case for Letting Malibu Burn » (Les arguments en faveur de l'incendie de Malibu). Il commence par rappeler que les Indiens Chumash et Tongva, qui habitaient L.A. avant l'arrivée des Européens, allumaient chaque année de petits feux dans les collines de Pacific Palisades et de Malibu pour éliminer les broussailles qui exploseraient si on les laissait sur place. Mike note que Richard Henry Dana a écrit dans son classique maritime Deux ans avant le mât que lorsqu'il a navigué pour la première fois le long de la côte californienne en 1826, il a vu un incendie engloutir le canyon de Topanga.

Mike documente ensuite les 13 incendies qui ont brûlé au moins 10 000 acres dans les montagnes de Santa Monica, juste à l'ouest des Palisades, entre 1930 et 1996. Mike démontre de façon convaincante que les collines sèches qui entourent Los Angeles, de Pasadena à l'est jusqu'à Malibu à l'ouest, s'enflamment régulièrement sous l'effet des vents de Santa Ana, et que la construction de maisons dans ces collines garantit pratiquement qu'un grand nombre d'entre elles brûleront, en particulier lorsque ces vents dépassent les 50 miles à l'heure.

Je peux personnellement témoigner de ce qui se passe dans ces collines lorsque les Santa Anas descendent. En 1961, alors que j'étais en cinquième année à l'école Kenter Canyon, nous - tous les élèves, les enseignants et le personnel - avons été brusquement évacués lorsqu'un incendie qui brûlait à Bel Air a franchi la 405, encore en construction, et s'est mis à courir à travers les collines de Brentwood. Des camarades de classe ont perdu leur maison, et le feu s'est approché à moins de 300 mètres de celle de ma famille.

Nous avons regagné notre maison le lendemain, et mon souvenir des deux semaines suivantes est que nous vivions dans un cendrier.Près de 500 maisons ont été détruites dans cet incendie, qui a détenu le record de destruction de maisons à Los Angeles, jusqu'à cette semaine.

Il y a deux jours, l'école Kenter Canyon a été évacuée une nouvelle fois, tout comme le collège (c'est ainsi qu'on appelait les collèges) que j'ai fréquenté (Paul Revere). Mon lycée, Palisades, a été en partie dévoré par les flammes, tout comme les magasins et les maisons où mes copains et moi nous retrouvions au milieu des années 1960. Le marché Safeway a disparu, tout comme, je suppose, son enseigne de style marquise sur laquelle nous sommes montés dans les heures de minuit précédant le défilé du 4 juillet 1968 du lendemain pour souder les lettres habituellement affichées sur l'enseigne pour mettre en évidence les articles en vente en un slogan contre la guerre du Viêt Nam.

(Comme le panneau surplombait le poste de la Légion américaine de Palisades, l'un de nos slogans était « La Légion américaine est un foyer de sénilité »).

Plus d'un demi-siècle après les années 60, ce Safeway a été quelque peu éclipsé par le très haut de gamme Gelson's Market, dont l'arrivée après les années 60 a marqué le caractère de plus en plus haut de gamme des Palisades. Aucune des maisons qui ont pris feu cette semaine n'existait dans les années 60 ; elles faisaient partie de lotissements très huppés qui s'étendaient bien plus profondément dans les collines des Palisades qu'aucun autre lotissement ne l'avait fait auparavant.

Un endroit aussi glorieux - avec des brises marines qui atténuaient la chaleur estivale et des vues qui s'étendaient jusqu'au centre-ville de Los Angeles d'un côté et des îles lointaines de l'autre - est devenu une résidence disproportionnée pour les personnes vraiment riches, et les promoteurs immobiliers ont été incités à construire des manoirs sur ces collines en conséquence.

Mike Davis nous a expliqué ce qu'il adviendrait de ces maisons et, lorsque les vents atteindraient leur apogée, comme on pouvait s'y attendre, des magasins, des maisons et des appartements situés sur les plaines.

Les Chumash et les marins du début du XIXe siècle savaient ce qui allait se passer. Mais nous l'avons nié.

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Harold Meyerson

Harold Meyerson is editor at large of The American Prospect.

Trois vérités difficiles à entendre sur les feux en Californie...

Le changement climatique aggrave la dangerosité des feux. La compétence gouvernementale est cruciale. Prévenir ce genre d’incendies exige des mesures aussi onéreuses qu’impopulaires...

En 2020, la saison des feux en Australie avait choqué le monde par sa gravité et sa durée – elle allait coûter la vie à 24 personnes, dans des mois d'embrasement du bush et des zones rurales environnantes.

En quelques jours à peine, les incendies ravageant les quartiers parmi les plus peuplés de Los Angeles ont déjà fait 24 morts. Et les autorités préviennent que ce bilan pourrait s'alourdir à mesure que les recherches avancent dans les zones sinistrées. À lui seul, l'incendie de Palisades a détruit plus de 1 000 bâtiments, établissant un sombre record : celui du feu le plus destructeur de l'histoire de la ville. Nous assistons à une catastrophe urbaine sans précédent.

Les vidéos qui nous viennent de Los Angeles sont autant de crève-cœurs. Elles nous montrent des voitures fuyant en trombe des collines en feu, une pluie de braises s'abattant sur des quartiers vidés de leurs habitants, et des pompiers impuissants face à des murs de flammes, alimentés par des vents d'une force comparable à celle d'un ouragan.

Alors que les vents de Santa Ana balaient Los Angeles, propulsant le feu à une vitesse de trois terrains de football par minute, deux analyses concurrentes se font entendre. À droite, les critiques se concentrent sur le gouvernement de la Californie, un État penchant lourdement à gauche, et pointent la mauvaise gestion des démocrates. Difficile, en effet, de ne pas tiquer en entendant la responsable du département de l'eau et de l'électricité de Los Angeles déclarer que sa priorité numéro un est « l'équité », alors que les bouches d'incendie sont hors d'usage et que le réservoir de Santa Ynez est à sec depuis février 2024.

Incompétence indéniable

Oui, il est indéniable que le gouvernement local de Los Angeles a fait preuve d'incompétence. Au moment où les incendies ont éclaté, le réservoir de Santa Ynez, d'une capacité de 443 000 m³, était vide en raison de travaux de maintenance. Les réservoirs plus petits, d'une capacité de 3 790 m³ chacun, ont été rapidement épuisés. Au matin du 8 janvier, les pompiers de Pacific Palisades, tentant désespérément de sauver des maisons, ont découvert que les bouches d'incendie étaient à sec.

Si la droite critique, à juste titre, la mauvaise gestion gouvernementale, la gauche met en lumière le rôle du changement climatique dans la création de conditions propices aux incendies extrêmes. Et, malheureusement pour la droite, cela repose sur des preuves solides. En Californie, comme l'explique William Deverell dans notre podcast, la saison des incendies couvre désormais toute l'année. La Californie du Sud subit des « cycles boomerang » : sept années de chaleur et de sécheresse, suivies de trois années de froid et d'humidité. Ces périodes humides favorisent une croissance excessive de la végétation, qui devient un combustible particulièrement redoutable lors du retour du cycle sec.

Comme je l'expliquais en janvier 2020, soit en plein durant les incontrôlables feux de brousse ravageant le sud-est de l'Australie, « les scientifiques ont justement prédit que les tendances à long terme du changement climatique allaient créer un cocktail de plus en plus désastreux avec les phénomènes à court terme, pour catalyser et exacerber les phénomènes météorologiques extrêmes ».

La position des démocrates traduit une cruelle ironie. Les dirigeants progressistes de Californie se targuent d'être à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique, se posant en fervents défenseurs de la réduction des émissions et en critiques acerbes du climatoscepticisme. Pourtant, lorsqu'il s'agit de relever les défis concrets de l'adaptation climatique – mener des brûlages contrôlés, entretenir les infrastructures hydrauliques ou limiter le développement dans les zones à risque –, leur incompétence vous saute au visage. Comme s'ils avaient bien plus envie de faire de grandiloquentes déclarations sur des enjeux mondiaux que de s'atteler aux tâches aussi ingrates que cruciales pour préparer leurs propres communautés aux réalités climatiques qu'ils sont les premiers à dénoncer.

La réalité des bouleversements climatiques sous silence

Dans le même temps, le discours à droite se focalise sur l'incompétence gouvernementale et les politiques de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI), tout en passant largement sous silence la réalité des bouleversements climatiques qui aggravent l'intensité de ces incendies. Les deux analyses comportent des éléments de vérité, mais chacune ignore des aspects essentiels de la situation. Et plus elles deviennent partisanes, plus elles s'éloignent de la complexité et des réalités concrètes sur le terrain.

Telle est la réalité que les élus préfèrent taire à leurs administrés, mais que tout pompier expérimenté connaît parfaitement : une fois les conditions devenues suffisamment extrêmes, aucun effort de lutte contre les incendies ne peut contenir les flammes. Comme me l'a confié Joel Shepherd, auteur et pompier volontaire à Adélaïde, en Australie : « Quand les conditions sont vraiment mauvaises, aucun pompier ne peut y faire face. Ici, tous les soldats du feu expérimentés admettent en privé que si la situation devient catastrophique, il n'y a plus qu'une seule option : se barrer. Les camions peuvent intervenir sur une ou deux maisons pour essayer de les sauver, mais quand des quartiers entiers sont en proie aux flammes, cela ne fait qu'exposer les équipes à des risques inutiles. »

Impuissance humaine

On croit souvent qu'avec suffisamment de pompiers et d'équipement, tout incendie peut être maîtrisé. Pourtant, DEI ou pas DEI, lorsque les flammes atteignent la cime des arbres et que des vents de force ouragan propagent les braises, il n'y a plus grand-chose à faire. Comme me l'a également expliqué Shepherd : « Les gens devraient réaliser à quel point les pompiers sont démunis face à des incendies de très grande ampleur. Beaucoup se laissent bercer par un faux sentiment de sécurité, et les politiciens refusent d'admettre qu'une fois ces mégafeux déclenchés, rien ne pourra les arrêter. »

Et les infrastructures ne font qu'aggraver cette vulnérabilité. Shepherd souligne notamment les limites des voies d'évacuation : « La plupart des gens ici craignent que tout le monde ne puisse être évacué à temps, car les routes d'entrée et de sortie ont une capacité limitée. Si elles sont bloquées sans préavis, beaucoup risquent de mourir. » À Los Angeles, ce scénario cauchemardesque est devenu réalité : des voitures abandonnées brûlaient sur les autoroutes, tandis que des bulldozers les dégageaient pour permettre aux pompiers d'accéder aux zones sinistrées.

Compte tenu de ces réalités, il est impératif que les décideurs politiques veillent à ce que les incendies ne franchissent jamais ce point de non-retour. Et cet impératif le devient d'autant plus à mesure que le changement climatique intensifie la fréquence des conditions extrêmes. Pourtant, les cadres réglementaires actuels rendent une prévention adéquate presque impraticable. Shawn Regan, du Centre de recherche sur la propriété et l'environnement, souligne dans le City Journal qu'aux États-Unis, il faut en moyenne 3,6 ans pour lancer un projet d'éclaircissement mécanique des forêts et 4,7 ans pour mettre en œuvre un brûlage contrôlé. Pour les grands projets nécessitant une étude d'impact environnemental, les délais sont encore plus longs : 5,3 ans en moyenne pour les traitements mécaniques et 7,2 ans pour les brûlages contrôlés.

Ces délais tuent. Dans la région de Berry Creek, en Californie, des projets d'éclaircissement essentiels étaient encore bloqués au stade de l'examen environnemental lorsque l'incendie de North Complex a éclaté en 2020, faisant seize victimes. À Grizzly Flats, un projet de restauration forestière destiné à protéger la communauté a attendu près de dix ans avant d'être approuvé. Cependant, avant même que les travaux ne puissent débuter, les flammes ont détruit les deux tiers de la ville.

Le défi que représente la mise en œuvre des brûlages contrôlés montre à quel point la politique fait défaut, quelle que soit l'idéologie. Qu'il s'agisse d'un gouvernement de gauche ou de droite, presque aucun ne parvient à réaliser un nombre suffisant de brûlages contrôlés. Comme je l'écrivais en 2020 :

En 2002, une enquête parlementaire sur les feux de bush révélait la force des résistances politiques à la stratégie de réduction de la charge combustible par des brûlages réglementés. « Ce qui pose fondamentalement problème dans la mise en œuvre d'une réduction de la charge combustible du bush à proximité de zones urbaines, c'est que beaucoup d'habitants préfèrent vivre dans un environnement verdoyant », écrit Bill McCormick, chercheur au sein du groupe gouvernemental des sciences, de la technologie, de l'environnement et des ressources. « Les feux contrôlés peuvent être désagréables, affecter le charme de ces zones, tuer faune et flore et générer de la pollution, ce qui fait que la résistance politique à l'augmentation de la fréquence et de la proximité des brûlages ne cesse de grossir. » Une autre étude observe que la pollution causée par les contre-feux est nocive à la santé des personnes vulnérables et est probablement à l'origine de décès prématurés.

Dilemme éthique

Les responsables politiques des régions sujettes aux incendies se trouvent face à un dilemme éthique mettant à rude épreuve les limites du service public. La pollution de l'air causée par les brûlages contrôlés peut entraîner des décès prématurés parmi les citoyens les plus vulnérables, un résultat que personne ne souhaite avoir sur sa conscience. Sauf que renoncer à ces brûlages, c'est risquer des incendies catastrophiques causant encore plus de victimes. À Los Angeles, l'incapacité à affronter ce dilemme a conduit au pire scénario possible : des pertes humaines immédiates et à long terme, précisément celles que les mesures de prévention devraient éviter.

Le coût de l'évitement de ces décisions difficiles ne cesse d'augmenter. JPMorgan estime désormais que les pertes assurées liées à ces incendies dépasseront 20 milliards de dollars, établissant un nouveau record historique aux États-Unis pour les demandes d'indemnisation liées aux feux de forêt. La perte économique totale pourrait atteindre 57 milliards de dollars. Une étude de l'UCLA a révélé que les émissions produites par les incendies de forêt en Californie en 2020 étaient deux fois supérieures aux réductions totales des gaz à effet de serre réalisées par l'État entre 2003 et 2019. Des décennies d'efforts californiens en faveur de la lutte contre le changement climatique sont, littéralement, parties en fumée.

Il nous faut admettre trois vérités inconfortables. Premièrement, le changement climatique aggrave la dangerosité des incendies. Deuxièmement, la compétence gouvernementale est cruciale. Enfin, prévenir les incendies catastrophiques nécessite des mesures coûteuses et politiquement impopulaires. Parmi celles-ci : l'enfouissement des lignes électriques, malgré le coût élevé des opérations, la restriction du développement dans les zones sujettes aux incendies, malgré les préoccupations que cela peut susciter en matière de violation des droits de propriété, et la mise en œuvre régulière de brûlages dirigés, malgré les objections relatives à la qualité de l'air.

Tout comme en Australie, le feu fait partie intégrante du paysage californien. Ce qu'on ne devrait pas y voir, par contre, c'est le refus de s'adapter. La dévastation de Los Angeles illustre le prix de cette inaction : des vies ont été perdues, des communautés anéanties, et l'une des plus grandes villes du monde a subi des dégâts qui nécessiteront des années, voire des décennies, pour être réparés.

Aujourd'hui, à quoi ressemblerait le courage en Californie ? À la mise en place d'un vaste programme de brûlage contrôlé, malgré une opposition certaine de la population. À l'imposition de restrictions sur la reconstruction dans les zones les plus exposées aux incendies, même si les habitants souhaitent y retourner. À l'investissement de milliards dans l'enfouissement des lignes électriques et le développement d'infrastructures d'évacuation, malgré leur concurrence avec d'autres besoins urgents. Au renoncement à des priorités idéologiques comme l'« équité » au profit de l'entretien des infrastructures essentielles et de la sécurité publique. Ce serait aussi s'engager activement dans la poursuite des pyromanes. Enfin, quand on constate l'augmentation des incendies provoqués par des sans-abri, ce serait également enfermer dans des hôpitaux psychiatriques les personnes atteintes de troubles mentaux graves.

Tant que les dirigeants ne seront pas prêts à prendre ces décisions difficiles et à assumer le coût politique de la prévention plutôt que le coût humain de l'inaction, ces catastrophes continueront de se reproduire. Le choix n'est pas entre gauche ou droite, mais entre accepter quelques désagréments à court terme ou regarder des villes et des vies partir en fumée. De Sydney à Los Angeles, nous savons ce qu'il faut faire. Reste à trouver le courage.

  Claire Lehmann est la créatrice et la directrice de la rédaction de Quillette.

https://www.lepoint.fr/debats/trois-verites-difficiles-a-entendre-sur-les-feux-en-californie-13-01-2025-2579870_2.php

 

 

Les États-Unis ont pompé tellement d’eau souterraine qu’ils divisent littéralement le sol à travers le sud-ouest américain.

Les fissures géantes se produisent lorsque le sol s’affaisse et se fend lorsque les niveaux d’eau naturels sont plus bas.

L’eau douce des eaux souterraines est utilisée pour tout, de la nourriture à l’agriculture.

Ces fissures géantes, appelées fissures, ont été repérées dans des États comme l’Arizona, l’Utah et la Californie.

L’eau souterraine est l’une des principales sources d’eau douce sur Terre : elle fournit près de la moitié de l’eau potable et environ 40 % de l’irrigation mondiale.

Mais les humains pompent les eaux souterraines plus vite que la Terre ne peut naturellement les reconstituer.

Lorsque trop d’eau souterraine est pompée des aquifères naturels sous la surface, cela provoque l’affaissement de la terre et crée ces fissures, a déclaré Joseph Cook, qui étudie les fissures de la Terre à l’Arizona Geological Survey, à Insider.

Les fissures "ne sont pas une chose naturelle", a dit Cook. "C’est quelque chose que nous avons provoqué"

Les fissures sont des signes de tension dans la Terre, a dit Cook. Elles bordent de grandes zones plates du sol qui ont coulé quand il a perdu le support de l’eau souterraine.

Les fissures se produisent généralement dans les bassins entre les montagnes et peuvent endommager les maisons, les routes, les canaux et les barrages, ainsi que menacer la valeur des propriétés, le bétail et les humains.

L’Arizona connaît ce problème depuis longtemps et le surveille depuis au moins 2002.

Il y a 169 miles de fissures actuellement cartographiées par l’Arizona Geological Survey.

Une enquête récente du New York Times a noté que les fissures sont la preuve d’une crise nationale.

Le Times a étudié les niveaux d’eau de dizaines de milliers de sites aux États-Unis. Il a signalé que les aquifères, qui fournissent environ 90% des systèmes d’eau américains, sont épuisés si gravement qu’ils pourraient ne pas être en mesure de se reconstituer.

Près de la moitié des sites surveillés ont "considérablement diminué" au cours des 40 dernières années. Et quatre sites sur dix ont atteint "des niveaux historiquement bas" au cours de la dernière décennie, car le pompage des eaux souterraines américaines dépasse la reconstitution de l’eau, selon le Times.

Les aquifères pourraient prendre des siècles, voire des milliers d’années, pour se rétablir s’ils peuvent le faire, a rapporté le Times.

Les réserves souterraines profondes peuvent prendre des milliers d’années à se reconstituer.

Notre utilisation de l’eau a été si constante et extrême qu’elle n’a pas laissé suffisamment de temps aux eaux de pluie pour reconstituer les aquifères souterrains, a-t-il déclaré.

"Fondamentalement, certains de ces bassins en Arizona sont tellement au-delà de ce point qu’ils ne reviendrons jamais à l'état initial ", a ajouté Cook.


Le changement climatique aggrave la situation, et alors les éléments d’une "crise" sont bien avancés, a déclaré au Times Warigia Bowman, professeur de droit à l’Université de Tulsa et expert en eau.

À mesure que les températures mondiales augmentent, les rivières se rétrécissent, forçant les agriculteurs à compter encore plus sur les réserves d’eau souterraine pour l’eau douce, selon le Times.

Le fleuve Colorado, qui fournit de l’eau douce aux agriculteurs du sud-ouest, y compris l’Arizona, a déjà diminué de près de 20 % depuis 2000.

Si les températures mondiales dans le bassin du fleuve Colorado augmentent encore de 2 à 5 degrés Fahrenheit d’ici 2050, comme prévu, cela pourrait réduire le débit des rivières de 10 à 40%, selon le projet Climate Reality.

Comment en sommes nous arrivés là ?

L’un des principaux problèmes liés au pompage excessif est l’absence de réglementation partout dans le pays.

Le gouvernement fédéral n’a presque pas de réglementation contre le pompage des eaux souterraines, et les différents États ont des règles faibles et variables d’une région à l’autre, selon le Times.

L’Arizona ne fait pas exception. Pendant la majeure partie de son histoire, les eaux souterraines n’ont pas été réglementées dans une grande partie de l’État, fonctionnant selon le principe du premier arrivé, premier servi, selon la National Audubon Society.

Cela signifie qu’aucune limite sur la quantité d’eau souterraine n'est fixée, et les gens peuvent simplement drainer l’eau souterraine jusqu’à ce qu’elle s’épuise, dit Cook.

De plus, il est rare de trouver des études sur les eaux souterraines à l’échelle nationale. La plupart du temps, la recherche porte sur une seule source ou région.


Pendant ce temps, les pratiques dommageables, comme les cultures dans les zones sèches, sont autorisées à continuer.


Si nous ne changeons pas nos habitudes et ne permettons pas aux aquifères souterrains de se reconstituer naturellement, ces fissures continueront de croître, a déclaré Cook.

"Tant que nous continuons à utiliser plus que ce qui se recharge naturellement, nous allons avoir ce problème", a-t-il ajouté.

Lire l’article original sur Business Insider

Maiya Focht, Sebastian Cahill
Lundi, 11 septembre 2023

La Californie montre pourquoi le "chaos climatique" décrit mieux le problème du climat.

Le "réchauffement de la planète" s'est transformé en "changement climatique", qui semble désormais inadéquat pour décrire le chaos météorologique que nous connaissons sur la planète Terre.* Les récentes "rivières atmosphériques" qui ont arrosé la Californie ont été une catastrophe, causant des dommages matériels estimés à un milliard de dollars et au moins 17 décès. Au moment où nous écrivons ces lignes, le débordement des rivières pourrait couper la péninsule de Monterey du reste du continent.

Les terribles pluies qui se sont abattues sur la Californie depuis le 26 décembre ont également été une sorte de bénédiction pour cet État ravagé par la sécheresse. Au moment où les tempêtes ont commencé, l'Observatoire américain de la sécheresse a signalé que 28 % de l'État était considéré comme étant en situation de "sécheresse extrême" et 45 % en situation de "sécheresse grave". Mais, même après qu'un volume d'eau estimé à 24,5 trillions de gallons soit tombé sur la Californie depuis le 26 décembre, 46 % de la Californie reste en "sécheresse sévère" et 49 % est considéré comme en "sécheresse modérée".

La sécheresse qui a débuté en 2020 est si intense que l'État n'est toujours pas hors de danger en ce qui concerne l'approvisionnement en eau. Si la Californie est sujette aux sécheresses, celles-ci sont de plus en plus graves et se développent plus rapidement. Cela peut s'expliquer par ce que l'on appelle la relation Clausius-Clapeyron. Pour chaque degré Celsius de réchauffement, il y a 7 % d'humidité en plus dans l'air. Ce phénomène est à l'origine de pluies diluviennes extrêmes dans le monde entier, les températures moyennes ayant augmenté de 1,1 degré Celsius depuis 1880. Mais le revers de cette relation est que le réchauffement des températures et la plus grande capacité de l'atmosphère à retenir l'eau peuvent entraîner un assèchement plus rapide.

La Californie est confrontée à des précipitations extrêmes et à une grave sécheresse en même temps. C'est le chaos.


Une partie du problème de la Californie réside dans son infrastructure hydraulique. La plupart de ces infrastructures ont été construites lorsque la population était deux fois moins nombreuse qu'aujourd'hui. Et la façon dont elle a été construite a aussi son importance. Les barrages contrôlent les inondations, ce qui est bien. Mais ce n'est pas non plus une bonne chose, car les inondations recouvrent les plaines inondables où les eaux de crue peuvent s'infiltrer sous terre et reconstituer les aquifères dont une grande partie de la Californie dépend pour son eau.

Un autre problème est que les pluies californiennes n'ont guère affecté l'une des principales sources d'eau de la Californie, le fleuve Colorado, qui continue de s'amenuiser en raison d'une sécheresse qui dure depuis plus de 20 ans. En fait, le sud-ouest des États-Unis a connu la période de 22 ans la plus sèche depuis 1200 ans, selon la revue Nature.

Le changement climatique n'est pas seulement une question de température et d'humidité. Il s'agit aussi de savoir si nos infrastructures actuelles fonctionneront bien alors que le changement climatique se transforme de plus en plus en chaos climatique. La réponse récente de la Californie n'est pas très bonne.

Kurt Cobb, originally published by Resource Insights

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Pour 65% de l'Ouest américain, une sécheresse extrême ou exceptionnelle

Sous l'effet du réchauffement climatique, l'ouest des Etats-Unis est frappé ces dernières années par une sécheresse extrême, qui menace l'irrigation et la production d'électricité.

Un sol chaud comme une "plaque électrique"*, des réservoirs d'eau au plus bas, des incendies à répétition. L'ouest des Etats-Unis, de l'Utah à la Californie en passant par l'Arizona, l'Oregon ou le Nevada, est frappé ces dernières années par une sécheresse exceptionnelle, "l'une des périodes les plus sèches des 1 200 dernières années" selon une fonctionnaire du ministère de l'Intérieur interrogée début mai par la Chambre des représentants, faute de précipitations suffisantes.

Une conséquence directe du réchauffement climatique, provoqué par le mode de vie des pays riches (alimentation, transports). "Il est clair que ce que nous vivons actuellement n'est pas naturel. C'est sans aucun doute le résultat des activités humaines, via les émissions de gaz à effet de serre", analysait en juin dans The Guardian* la climatologue Kathleen Johnson.

Franceinfo vous propose deux graphiques pour prendre la mesure de cette catastrophe, qui menace l'approvisionnement en eau et en énergie de villes comme Las Vegas.

La sécheresse est surveillée de près par les autorités, qui mettent régulièrement à jour une carte de la situation. Au 20 juillet, 65,42% de l'ouest du pays* (les Etats du Montana, de l'Idaho, de Washington, de Californie, du Nevada, de l'Utah, de l'Arizona et du Nouveau-Mexique) étaient soumis à une sécheresse extrême (37,39%) ou exceptionnelle (28,03%). Cette sécheresse des sols facilite la propagation des incendies, avec déjà 4 673 départs de feux signalés en Californie* entre le début de l'année et le 28 juillet. 

Le lac Mead à son plus bas niveau historique

Cette sécheresse affecte également le Colorado, un fleuve essentiel pour les 40 millions de personnes qui vivent dans son bassin. Le fleuve est si exploité qu'il ne parvient pas toujours à rejoindre la mer de Cortez, dans le golfe de Californie. Comme l'explique le géographe David Blanchon à Libération, les eaux sont soigneusement réparties entre les différents Etats américains et le Mexique, selon un accord signé en 1922. "Ceux du 'haut bassin' – Colorado, Utah, Wyoming et Nouveau-Mexique – ont environ 45% du débit, autant que ceux du 'bas bassin' – Californie, Arizona et Nevada – et le Mexique ayant 10%", explique-t-il, en ajoutant qu'"il y a des différences entre Etats : la Californie, par exemple, a 21%, l'Arizona 17% et le Nevada, seulement 2% car il était très peu peuplé au moment de la répartition".

Cette belle organisation est en train de voler en éclats avec la raréfaction de la ressource. En 2019, un accord a été signé pour modifier le partage de l'eau en cas de sécheresse, avec comme point de référence le niveau du lac Mead. Ce lac artificiel, créé dans les années 1930 par la construction du barrage Hoover sur le fleuve Colorado, alimente en électricité et en eau Las Vegas, la Californie, le Nevada et l'Arizona. En baisse continue* depuis les années 2000, il a atteint son plus bas historique le 23 juillet, avec 325 mètres, soit environ 34% de la capacité du réservoir*. Un chiffre qui fait chuter la production d'électricité (déjà -25% en juin selon CNN*) et menace l'irrigation. Lors de la prochaine réunion du Bureau de réclamation, l'organisme qui gère les ressources en eau dans le pays, prévue en août, le niveau 1 de pénurie d'eau dans le bassin inférieur du Colorado devrait être décrété pour l'année 2022, précise la chaîne américaine. Les Etats riverains du fleuve devront alors prendre des mesures pour économiser l'eau.

* Tous les liens marqués d'un astérisque mènent vers des contenus en anglais.

France Télévisions
 
Publié

 

 

https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/infographies-climat-deux-graphiques-pour-prendre-la-mesure-de-la-secheresse-qui-frappe-l-ouest-americain_4720313.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20210731-[lespluspartages/titre5]

À la veille de l’été, la Californie déjà en proie à la sécheresse

L’été n’a pas encore commencé et le niveau du lac d’Oroville, le deuxième plus grand barrage de Californie qui alimente en eau une grande partie de cet État américain, est déjà moitié moins élevé que la normale. Un symptôme préoccupant de l’aggravation de la sécheresse chronique qui sévit dans la région.

Pour la deuxième année consécutive, aux États-Unis, la Californie se prépare à un nouvel épisode de sécheresse record. À tel point que dès le 10 mai dernier, le gouverneur américain de Californie, Gavin Newsom, a décrété l’état d’urgence dans plus de 40 comtés. Celui de Butte, où se situe le barrage d’Oroville, le deuxième plus grand ouvrage de Californie, est déjà classé au niveau « exceptionnel », le plus élevé. Et la situation, aggravée par les effets du changement climatique dans tout l’ouest des États-Unis, ne devrait pas s’améliorer avant le retour des précipitations, dans cinq ou six mois.

Du jamais vu

« Le niveau du réservoir est beaucoup plus bas que nous le voudrions, bien plus bas que d’habitude à cette époque de l’année. Il est à environ 47 % de la moyenne », souligne John Yarbrough, un responsable du Département des ressources en eau de Californie, en montrant la terre craquelée qui forme les parois du lac. En 2019, « une bonne année », l’eau atteignait la limite des arbres qui bordent le barrage, soit une cinquantaine de mètres plus haut qu’actuellement, se souvient l’expert.

Les riverains interrogés par l’AFP disent ne jamais avoir vu ça. Et beaucoup, incrédules, renvoient au mois de février 2017, lorsqu’ils avaient dû évacuer la zone car le barrage débordait sous l’effet de pluies torrentielles et risquait de les engloutir.

« Il y a de quoi s’inquiéter »

« Quand nous entrons dans une année comme celle-ci avec un réservoir bas et des conditions vraiment sèches dans tout l’État, il y a de quoi s’inquiéter », lâche John Yarbrough. Car le lac d’Oroville, construit dans les années 1960 au confluent de trois rivières, est l’élément clé du « State water project », colossal réseau de 21 barrages et de plus d’un millier de kilomètres de canaux et de tuyaux qui acheminent l’eau du nord de la Californie vers le sud, plus peuplé et bien plus sec.

De l’eau potable pour 27 millions de Californiens

« Ce lac fournit de l’eau potable à 27 millions de Californiens, il irrigue aussi jusqu’à 300 000 hectares de terres agricoles », souligne-t-il. Le nord de la Californie reçoit en moyenne les deux tiers des précipitations totales de Californie mais cette année a été particulièrement mauvaise.

Au 1er avril, qui marque traditionnellement la fin des chutes de neige, les réserves de neige dans la Sierra Nevada voisine – source d’environ un tiers de l’eau utilisée en Californie – étaient seulement d’environ 60 % par rapport à la moyenne.

La neige s’évapore

« En plus, ce qui est vraiment unique cette année, c’est que lorsque la neige a fondu, le ruissellement a fini par s’infiltrer dans les sols secs et par s’évaporer », sans réellement parvenir jusqu’au lac d’Oroville pour gonfler ses réserves, explique John Yarbrough. Certes, le barrage le plus haut de Californie (234 mètres) ne sera pas à sec de sitôt mais à la fin de la saison sèche, il devrait avoir atteint son niveau le plus bas jamais enregistré, en septembre 1977.

Après deux années particulièrement pauvres en précipitations et sans aucune assurance d’une amélioration dans les saisons à venir, les restrictions d’eau sont d’ores et déjà au programme. Le Département des ressources en eau, qui gère le State Water Project, a prévenu qu’il risquait de ne pas pouvoir satisfaire plus de 5 % des demandes formulées pour cette année… Et les propriétaires de plusieurs dizaines de bateaux amarrés sur le lac d’Oroville ont été contraints cette semaine de les faire tracter hors de l’eau, sous peine qu’ils s’échouent et soient endommagés

La peur des feux de forêt

Autre grave conséquence de la sécheresse : un risque d’incendie accru, ce qui inquiète particulièrement dans une région dévastée à plusieurs reprises ces dernières années par des feux de forêt d’une ampleur exceptionnelle. Les arbres calcinés qui se dressent sur les hauteurs du lac d’Oroville sont là pour le rappeler. L’an dernier, plus de 17 000 km2 sont partis en fumée rien qu’en Californie et 33 personnes ont péri dans les flammes, dont 15 à Berry Creek, aux portes d’Oroville.

Et cette année en Californie, les incendies ont déjà consumé cinq fois plus de végétation que l’an dernier à la même époque. « Nous sommes dans une tendance à long terme de conditions de sécheresse. Cela dure depuis environ six ans, avec quelques années humides qui s’intercalent. Mais globalement, c’est beaucoup plus sec que ce dont nous avons l’habitude », résume John Messina, chef des pompiers du comté de Butte. « Plus les combustibles sont secs, plus les risques d’avoir un feu de forêt catastrophique sont élevés. Ou en tout cas d’avoir un été extrêmement agité… »

Ouest-France Avec AFP. Publié le

 

 

 

https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/etats-unis-a-la-veille-de-l-ete-la-californie-deja-en-proie-a-la-secheresse-438db264-c119-11eb-af7d-e30de2d205f9

Bilan provisoire: Cette année, en #Californie, les #feux de forêt ont ravagé près de 17 000 km², soit plus du double du précédent record de surface incendiée dans l’histoire récente de cet état.
Cinq des six plus grands #incendies contemporains de Californie ont eu lieu cette année, dont le premier feu de plus d’un million d'hectares.
L’ampleur des feux de cette saison est directement liée aux longs mois de sécheresse inhabituelle et de chaleur record. Et bien que la mauvaise gestion des forêts et l’urbanisation y aient également contribué, le #ChangementClimatique en a été le moteur principal.
DataViz Robert Rohde/Berkeley Earth, sources: fire.ca.gov
Pour rappel, nous ne sommes qu'à ~+1.2°C #JustThinkAbout
#WildFires #MegaFires #ClimateChange

via Yann Webb

(posté par J-Pierre Dieterlen)

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/10159803758522281

Les lumières faiblissent et les inquiétudes montent alors qu'une vague de chaleur rôtit la Californie


 

Accablé par la demande, le réseau électrique californien a imposé des coupures de courant tournantes, tandis que la crise des coronavirus créait un dilemme pour ceux qui étaient incapables de rester au frais chez eux.

Une vague de chaleur qui traverse le sud-ouest a forcé des coupures de courant intermittentes en Californie, un État déjà aux prises avec des incendies de forêt et une récente flambée de cas de coronavirus, faisant craindre que la hausse des températures ne devienne mortelle.

Les Californiens ont utilisé tellement d'électricité pour essayer de rester au frais vendredi soir que l'agence qui supervise une grande partie du réseau électrique de l'État a déclaré une urgence et, pour la première fois en 19 ans, a coupé le courant à des centaines de milliers de clients pendant plusieurs heures pour éviter une surcharge dommageable.

Il y a peu de soulagement en vue. Des températures élevées supérieures à 100 degrés Fahrenheit sont attendues à Los Angeles tous les jours jusqu'au vendredi. Dans certaines parties de la Californie et de l'Arizona, les thermomètres se fissurent à 110. Le National Weather Service a émis un avertissement de chaleur excessive pour une grande partie de la côte ouest, y compris certaines parties de l'Oregon et de l'État de Washington et s'étendant vers l'intérieur des terres jusqu'au Nevada, l'Utah et l'Arizona.

La chaleur étouffante survient alors que les cas de coronavirus sont à la hausse en Californie , qui a signalé plus de 65000 nouveaux cas et environ 950 décès liés au cours de la semaine dernière. La crise sanitaire peut dissuader les résidents de se rassembler dans des centres de refroidissement ou dans des lieux publics comme les centres commerciaux et les bibliothèques, ce qui rend les gens plus vulnérables aux malaises causées par la chaleur et augmente la demande d'électricité, car ceux qui ont des climatiseurs les font fonctionner à plein régime.

La pandémie «emporte l'une des ressources les plus critiques pour les plus vulnérables», a déclaré David Hondula, professeur qui étudie la chaleur à l'Arizona State University. «Même dans les cas où les installations ne sont pas fermées, les gens doivent décider: est-ce que je reste à la maison où j'ai peut-être trop chaud, ou est-ce que je vais dans un bâtiment public ou semi-public où je peux contracter le virus? C'est un dilemme difficile à résoudre pour les gens. »

 


Les températures ont atteint 117 degrés à Phoenix vendredi et 113 samedi, et le service météorologique a mis en garde contre une «vague de chaleur mortelle», exhortant les résidents à annuler les activités de plein air et à «faire fonctionner la climatisation, malgré les coûts financiers».

Les conditions sèches et chaudes alimentent également les incendies de forêt dans le sud de la Californie, où le Lake Fire a brûlé 14 700 acres de terres au nord de Los Angeles et détruit 21 bâtiments, dont des hangars et des garages. Plus de 1 563 pompiers luttent contre l'incendie, qui a forcé des évacuations et n'a été maîtrisé qu'à 12% samedi matin.

Robert Foxworthy, un porte-parole du Département des forêts et de la protection contre les incendies de Californie, ou Cal Fire, a déclaré que si la chaleur pouvait aider le feu à se propager plus rapidement, elle avait un effet plus important sur les équipages qui tentaient de le supprimer.

«Les éléments qui affectent un incendie sont le vent, l'humidité relative et la chaleur», a déclaré M. Foxworthy. «La chaleur est le plus petit facteur affectant le comportement du feu, mais je dirais que la chaleur est le principal facteur affectant les performances des pompiers.»

Il a déclaré que les pompiers de Californie s'étaient entraînés pour les journées anormalement chaudes et restaient hydratés.

L'opérateur de système indépendant californien, qui gère une grande partie du réseau électrique de l'État, a ordonné des coupures de courant tournantes pendant un peu plus de deux heures vendredi soir pour réduire la demande globale d'environ 1000 mégawatts. Bloomberg a rapporté que jusqu'à deux millions de personnes auraient pu être sans électricité à un moment ou à un autre.

Anne Gonzales, porte-parole de l'exploitant du réseau électrique, a déclaré que la panne d'urgence était le résultat de la chaleur et de la mise hors service de deux centrales électriques. Elle a déclaré que l'agence ne s'attendait à aucune coupure samedi, mais qu'elle ne pouvait pas exclure de futures pannes car les températures restent élevées.

«Nous espérions un léger soulagement de la demande au cours du week-end, mais ces températures se maintiennent et, naturellement, les gens veulent un soulagement», a déclaré Mme Gonzales.

Margaret Barreca restait au frais dans la maison de ses parents à Sébastopol, en Californie, dans le comté de Sonoma, lorsque la maison est soudainement devenue noire. Quand elle a regardé à l'extérieur, elle a vu que les maisons de ses voisins l'étaient aussi.

Mme Barreca n'avait pas été avertie de la panne de courant, mais elle a vite appris que la panne faisait partie des arrêts rotatifs. Elle a passé une grande partie de la panne d'électricité dans sa voiture, à recharger son téléphone, jusqu'à ce que le service de téléphonie mobile s'éteigne également. Beaucoup de ses voisins se promenaient dans des rues sombres.

«C'est vraiment ennuyeux que le pouvoir puisse simplement s'éteindre, mais ce n'est pas seulement une question de pouvoir», a déclaré Mme Barreca, 29 ans, ajoutant qu'elle était frustrée par ce qu'elle considérait comme un manque d'action des politiciens pour ralentir le changement climatique.

M. Hondula, l'expert en chaleur, a déclaré que le nombre croissant de jours très chauds - même si les températures ne battent pas des records - correspondait à ce que les modèles prédisent à mesure que la planète se réchauffe. Il est particulièrement troublé par la façon dont l'urbanisation semble maintenir les températures chaudes jusque tard dans la nuit.

L'augmentation des décès liés à la chaleur dans le comté de Maricopa ne peut pas être attribuée uniquement au changement climatique, a déclaré M. Hondula, mais cela peut être un signe de la gravité de la situation.

«Même en l'absence de réchauffement, nous avons du mal à faire face au problème», a-t-il déclaré. «Notre fondation s'effrite à certains égards - des façons que nous essayons encore de comprendre - alors que nous sommes confrontés à un avenir plus chaud.

Nicholas Bogel-Burroughs

(publié par J-Pierre Dieterlen)

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/10159597807397281

La quantité de neige tombée en Californie ne représente que la moitié d’un hiver normal, notamment dans la région du Lac Tahoe. Dans la région de la Sierra Nevada, les montagnes n’ont reçu aucune précipitation durant le mois de février, une première en 100 ans

 

(extrait du site : https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1151-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-mars-2020.html#disqus_thread)

Pour lutter contre les feux, la Californie mobilise ses détenus

Des centaines de détenus sont actuellement mobilisées sur le front des incendies qui ravagent l’État, du nord au sud. À la clef, des réductions de peine et la possibilité pour certains de devenir pompiers, à leur sortie de prison.

Creuser une tranchée coupe-feu, en pleine nuit, pour empêcher un incendie de progresser, transporter une tronçonneuse et un sac de plus de 20 kg pendant huit heures d’affilée… Ces gestes, Michelle Garcia ne les a pas appris dans une caserne de pompiers mais dans un camp de détenues, à Malibu, en Californie.

Condamnée à 10 ans de prison pour détournement de fonds, cette mère de famille a fait le choix de rejoindre l’un des 43 centres du système carcéral californien (le California Department of Corrections and Rehabilitation ou CDCR) qui forment et emploient 3 400 pompiers volontaires pour lutter contre les feux de forêts, en échange de remises de peines. « Deux jours travaillés permettent de racheter un jour de détention », explique-t-elle. « C’est comme ça que j’ai pu sortir au bout de six ans et revoir plus rapidement mes enfants. »

Des routes aux incendies

Le CDCR emploie des détenus depuis 1915 ; ils étaient alors affectés à des travaux de génie civil pour construire des routes. Depuis les années 1980, des détenus sont formés pour pouvoir renforcer les unités de sapeurs-pompiers qui luttent contre les incendies.

Plus de 700 détenus, en tenue orange alors que les pompiers sont en jaune, sont en ce moment mobilisés à travers toute la Californie pour lutter contre les feux qui ravagent l’État depuis la mi-octobre. Pour deux dollars de l’heure, ils épaulent les milliers de pompiers professionnels et volontaires qui luttent au nord de San Francisco et près de Los Angeles.

« Nous racheter »

Certains espèrent pouvoir devenir pompier à leur sortie de prison, même si très souvent la réinsertion professionnelle des détenus s’avère difficile. Un projet de loi visant à faciliter l’accès des anciens prisonniers au métier est d’ailleurs actuellement à l’étude en Californie.

« Le fait de nous permettre de nous racheter auprès de la société est la meilleure façon possible d’éviter la récidive », estime Michelle Garcia, qui se souvient avec émotion du jour où elle est parvenue, avec une équipe, à sauver des flammes le quartier de sa "victime".

Depuis sa sortie de prison, cette quinquagénaire joue elle-même un rôle actif dans l’aide à la réinsertion des détenus. Elle coordonne depuis un an le premier centre de formation de pompiers californien ouvert à d’anciens prisonniers en liberté conditionnelle.

 

 

 

 

 

 

https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/pour-lutter-contre-les-feux-la-californie-mobilise-ses-detenus-6590126

Météo extrême : il se passe quelque chose de démesuré
 

 La météo se déchaîne cette semaine en Amérique du Nord : inondations, tempête de neige, incendies... Des alertes météorologiques de toutes sortes ont été émises pour prévenir des millions de personnes. Les raisons ? Un fort contraste de masses d'air et des dépressions majeures.

L'état d'urgence a été déclaré en Californie dans le comté de Santa Clara à cause de la menace d'incendies pouvant devenir extrême. Des milliers de personnes sont privées d'électricité, principalement dans le nord de l'État. De nombreuses écoles et universités sont fermées. Des couvre-feux ont même été instaurés dans le comté de Santa Clara afin d'éviter une multiplication des crimes et d'autres comtés devraient suivre la marche.

Le Centre météorologique national des États-Unis a émis une alerte rouge (la plus haute) pour plusieurs secteurs en Californie à cause de forts vents en provenance du nord-est et de l'humidité de l'air très basse : deux facteurs pouvant aggraver les incendies. Cet avertissement a d'ailleurs été émis pour aviser les services anti-incendies de la possibilité continue de débuts de feux. Avec la sécheresse en cours, une augmentation spectaculaire des incendies pourrait avoir lieu dans les 72 prochaines heures.

Des facteurs aggravants

La Californie est marquée par deux saisons : la saison sèche et la saison des pluies. Plus de 90 % de la pluie annuelle pour plusieurs secteurs tombent entre novembre et avril alors que la saison sèche est de mai à octobre et ne représente que 10 % de la pluie annuelle, par exemple, à Los Angeles ou encore à San Francisco. Cette dernière ne connaît que 350 mm de pluie par an. En comparaison, à Montréal par exemple, les précipitations annuelles s'élèvent à plus de 1000 mm.

 

De plus, la saison sèche coïncide avec les températures les plus chaudes de l'année, ce qui engendre un dessèchement considérable de la végétation. Après un hiver plus pluvieux que la moyenne l'année dernière, les précipitations ont pu entraîner une augmentation du nombre des graminées et autres combustibles, qui s'ajoutent à la végétation desséchée de la fin de l'été et qui pourront grandement nourrir les feux à l'automne. Un patron météo typique en automne permet également l'apparition des vents de Santa Ana : un écoulement de vents chauds et secs forcés par les montagnes et qui peuvent dépasser les 100 km/h. Ces vents sont un dangereux carburant pour les feux.

La population se prépare

La compagnie électrique Pacifique Gas and Electric a voulu cette fois-ci prévenir la population, afin d'éviter que l'incendie « Camp fire » qui avait tué plus de 85 personnes et avait détruit la localité de Paradise, ne se répète.

Évidemment, face à ce risque important, de nombreux résidents ont fait des provisions d'épicerie, d'essence, et de batteries, en prévision de pannes d'électricité de longue durée. Les autorités parlent encore de cinq jours sans courant, selon la situation et le comté.

Depuis le début de l'année plus de 63 000 hectares ont brûlé à cause de 5 657 incidents. 42 structures ont été endommagées. Le plus important depuis le début de l'année était « Walker fire » en septembre, lorsque 22 100 hectares ont été calcinés. Le feu le plus actif en ce moment est « Briceburg fire » dans le comté de Mariposa, où 1 780 hectares ont déjà brûlé.

D'un extrême à un autre...

Alors que la Californie est sous l'emprise de ces feux dévastateurs, une masse d'air arctique a plongé et laisse des avertissements de gel jusqu'au nord du Texas. Une tempête hivernale historique par ses quantités de neige est également attendue du Dakota du Nord jusqu'au Manitoba. Ces conditions hivernales touchent quatorze États américains et deux provinces canadiennes.

Ailleurs, ce sont des inondations et des risques de tornades qui menacent les prochains jours. Les Grands Lacs n'y échappent pas avec des avertissements à cause des eaux déchainées : de forts vents du sud-est pourront créer des vagues de plus de quatre mètres.

À l'est du continent, une dépression tropicale est surveillée par le centre des ouragans et pourrait laisser de possibles inondations côtières. Si la tendance se maintient, elle pourrait devenir une tempête tropicale et prendre le nom de Melissa.

Dans tous les cas, avec des vents qui soufflent de façon persistante vers les côtes, des coupures d'électricité sont attendus.

Des images incroyables de feux de forêts, cyclones et tempêtes de sable prises depuis l'espace
Photo de l'atmosphère de la Terre prise par la Nasa le 23 août 2018./ Photo NASA
Photo de l'atmosphère de la Terre prise par la Nasa le 23 août 2018./ Photo NASA
 

Nous inhalons tous des millions de particules solides et liquides présentes dans l’atmosphère. Ces aérosols, issus des activités humaines (transports, usines, feux,…) ou de phénomènes naturels (tempêtes, volcan, incendies,…) se retrouvent dans l’air au-dessus des terres, des océans, des déserts, des montagnes, des forêts ou des glaces.

Ces particules sont également vues par les satellites dont les images, capturées le 23 août dernier, ont été traitées par un modèle informatique de la Nasa. Le résultat est surprenant : sur les images animées on y voit des tourbillons de particules colorées danser autour de la Terre.

 

Chaque particule a sa couleur. En rouge ce sont les particules de carbone noir émises par les incendies (feux en Californie et au Canada ainsi que les terres défrichées pour l’agriculture en Afrique) ainsi que les émissions de véhicules et d’usines ; en bleu ce sont les particules de sel de mer émises par les tempêtes (notamment le cyclone Lane qui a touché Hawaï et les typhons Cimaron et Soulik qui ont frappé le Japon et la Corée) ; en violet ce sont les particules de poussières émises par les tempêtes de sable des différents déserts du globe.

Photo de l'atmosphère de la Terre prise au-dessus de l'Asie par la Nasa le 23 août 2018./ Photo NASA

Photo de l'atmosphère de la Terre prise au-dessu de l'Asie par la Nasa le 23 août 2018./ Photo NASA

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Après des incendies apocalyptiques, la Californie s’interroge sur son modèle de développement

Quelque 11 millions de Californiens vivent dans des régions exposées, dont 500 000 foyers dans des zones de risque élevé.

 
Mille cinq cents pompiers ont passé Noël sur le front des incendies en Californie du Sud. Trois semaines après avoir éclaté, l’incendie Thomas n’était pas encore totalement contenu mercredi 27 décembre et les sauveteurs ne pensaient pas pouvoir le déclarer éteint avant le 7 janvier. Avec 1 100 km2 détruits dans les comtés de Ventura et de Santa Barbara, c’est l’incendie le plus vaste qu’ait jamais connu la Californie. Embrasant le ciel de Los Angeles, il a entraîné l’évacuation de 105 000 habitants, dont quelques célébrités comme Oprah Winfrey, et détruit 1 063 constructions.

L’incendie a fait deux morts — un pompier et une habitante de 70 ans, tuée dans sa voiture alors qu’elle essayait de fuir. Mais s’il est le plus étendu de l’histoire de l’Etat — et l’un des plus spectaculaires —, il n’est pas le plus meurtrier. La tornade de feu qui s’est propagée au début d’octobre en Californie du Nord a causé la mort de quarante-quatre personnes, pour la plupart des personnes âgées qui n’ont pas eu le temps de se sauver alors que les flammes dévalaient brusquement les collines, en pleine nuit.

Entretien :   Climat : « On ne mesure pas l’ampleur du danger »

Ces feux apocalyptiques, aux portes des deux grandes métropoles de la Californie, ont fait de la saison 2017 la plus destructrice jamais enregistrée dans cette partie des Etats-Unis. Comme le craint le gouverneur Jerry Brown, les incendies semblent constituer « la nouvelle norme » de l’Ouest américain. Et l’Etat y est maintenant confronté « encore à Noël », a-t-il souligné, bien au-delà de la saison traditionnellement à risque, qui va de la fin d’août au début de novembre.

« Pire des mondes possibles »

Pour les scientifiques, cette annus horribilis s’explique par une combinaison de phénomènes qui ont créé « la recette pour une tempête parfaite », selon l’expression de Glen MacDonald, géographe et spécialiste du climat à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA). « Nous avons eu des précipitations significatives l’hiver dernier, ce qui a produit beaucoup de combustible : feuilles, branches, brindilles, explique-t-il. Puis, en 2017, non seulement il n’a pas plu mais nous avons connu des températures record : dans le nord de l’Etat, pendant l’été ; dans le sud, au mois d’octobre — qui a été le plus chaud jamais enregistré. » Phénomène aggravant, les départs de flamme se sont produits à des moments où les vents d’automne — dits « diablo » dans le Nord et « vents de Santa Ana » dans le Sud — soufflaient violemment.

Pour Glen MacDonald, coauteur d’un article sur le rôle du changement climatique, publié le 16 octobre par la revue scientifique en ligne PLoS One, l’alternance de périodes pluvieuses et de sécheresse extrême conduit au « pire des mondes possibles » sur le front des incendies. La population doit se préparer, dit-il, ainsi que les pouvoirs publics. « Il y a peut-être des solutions techniques, en matière de résistance des matériaux ou d’espace de défense entre les habitations. Peut-être faudra-t-il restreindre les zones habitables », envisage-t-il.

Le coût du seul incendie du Wine Country, dans le terroir viticole au nord de San Francisco, en octobre, est estimé à 9,4 milliards de dollars pour les compagnies d’assurance. De fait, ces catastrophes ont relancé le débat sur la viabilité du modèle de développement de la Californie, alors que la population y a triplé dans la deuxième moitié du XXe siècle. Avec son climat méditerranéen, la région est « en danger perpétuel », selon l’expression du San Francisco Chronicle. Mais le risque s’est accru du fait de la crise du logement, car celle-ci pousse les habitants à s’installer dans les territoires intermédiaires entre zones sauvages et urbanisées, qui constituaient traditionnellement un rempart contre les incendies.

Nouvelles réglementations

Désormais certaines associations proposent de ne plus autoriser la reconstruction dans les secteurs exposés ou de décourager les propriétaires en élevant le prix des assurances. Autre suggestion : les autorités locales pourraient préempter les terrains les plus à risque. Ces solutions supposent que ces dernières prennent le problème à bras-le-corps. Or, jusqu’à présent, les commissions d’urbanisme ont plutôt tendance à approuver des lotissements – de préférence de luxe –, malgré les menaces d’incendie. Quelque 11 millions de Californiens vivent dans des régions exposées, dont 500 000 foyers dans des zones de risque élevé.

 

 

 

 

 

Effets directs et indirects des incendies de forêt aux États-Unis

 

Le 11 décembre, les feux de forêt ont consommé environ 94 000 hectares dans les comtés de Ventura et Santa Barbara (sud-ouest de la Californie), poussés par les vents forts de Santa Ana. La Californie connaît sa pire et la plus coûteuse saison de feux de forêt (9,1 millions d'acres brûlés de janvier à novembre + 71% par rapport à 2016), notamment en raison d'une saison pluvieuse très forte qui a fourni tout le carburant nécessaire. En plus de la végétation, environ 800 structures et 680 maisons ont été détruites jusqu'à présent (Reuters). Une telle vigueur est inattendue en décembre, car la saison des feux de forêt en Californie se termine normalement en octobre.


La figure ci-dessous donne un aperçu de l'histoire des incendies de forêt aux États-Unis, en termes de nombre de feux, de superficie et de coûts de suppression (source: National Interagency Fire Centre). Si les zones brûlées semblent se stabiliser au cours des 10 dernières années, les coûts de lutte contre les incendies montrent une nette tendance à la hausse, ce qui suggère que cette stabilisation est assurée au détriment de l'augmentation des moyens de lutte. Par rapport aux décennies précédentes, il semble également que l'activité du feu ait considérablement augmenté (bien que leur nombre ait diminué).

Dans un article publié en 2016 dans PNAS *, deux chercheurs des universités d'Idaho et de Columbia examinent les feux de forêt dans l'Ouest des États-Unis et postulent que les changements climatiques sont la cause de plus de la moitié des augmentations documentées de l'aridité des combustibles (de la végétation) depuis les années 1970. il a doublé la superficie cumulative des incendies de forêt depuis 1984. Comme ce n'est que le début, cela suggère un risque d'incendie croissant dans les années à venir, avec un environnement de plus en plus favorable aux incendies de forêt. Cela devrait se matérialiser, par exemple, par une période d'incendie prolongée.

Outre les coûts de prévention, qui ont presque atteint 2 milliards de dollars en 2016 et probablement plus de 2,4 milliards de dollars cette année, les coûts des dommages représentent le principal fardeau des incendies de forêt. Depuis les incendies d'octobre, plus de 9 milliards de dollars de sinistres ont été engagés par les assureurs pour la seule Californie
(Insurance Information Institute).


Selon AccuWeather, le total des dommages pourrait atteindre 85 milliards de dollars. Les consultants de Verisk estiment que 4,5 millions de maisons sont exposées à un risque élevé ou extrême de feux de forêt aux États-Unis, avec plus de 2 millions en Californie (le Texas est le deuxième, avec plus de 700 000 maisons).

Quels sont les effets des feux de friches sur la biodiversité?


Il est important de savoir que les feux sont un phénomène naturel et vital dans de nombreux écosystèmes. Les feux permettent de maintenir la diversité biologique en limitant le développement d'espèces plus dominantes. Ils ouvrent la canopée et permettent au sol d'être directement touché par la lumière du soleil, ce qui est nécessaire à la prolifération de nombreuses espèces. Certaines graines (plantes pyrophiles) nécessitent même d'être légèrement brûlées pour germer.


La plupart des zones végétales du bassin méditerranéen, par exemple, sont sujettes aux incendies, et certains écosystèmes, tels que les arbustes méditerranéens, dépendent du feu.
Cependant, les changements dans les fréquences ainsi que les pratiques de gestion inadaptées peuvent devenir une menace pour leur survie. Par exemple, certaines forêts tempérées aux États-Unis où le feu a été délibérément supprimé pour des raisons de gestion et de politique ont subi des feux de forêt dévastateurs en raison d'une accumulation non naturelle de combustible. Au contraire, des incendies trop fréquents peuvent profondément modifier la distribution des écosystèmes et dégrader les biotopes. Dans les forêts où le feu n'est pas une perturbation naturelle, les impacts sur la biodiversité peuvent être désastreux.

Il convient de rappeler que les feux de forêt sont une source importante d'émissions de GES. De plus, environ 90% des incendies de forêt seraient causés par des humains.

 

* Actes de l'Académie nationale des sciences des États-Unis d'Amérique (http://www.pnas.org/content/113/42/11770.abstract).

Hadrien Lantremange, spécialiste du capital naturel

(publié par J-Pierre Dieterlen)

 

 

Beyond Ratings Weekly Digest (n°125)

la Californie frappée par la pire tempête de la décennie

 

De fortes pluies et chutes de neige ont déferlé sur le centre et le nord de la Californie ce week-end. Pour les météorologues, il s'agit de la "tempête de la décennie".

En Californie, la pire épidémie de mortalité des arbres de l’histoire moderne

 

 

Le Gouverneur Jerry Brown a déclaré l’état d’urgence pour aider la Californie à traiter une infestation par le dendroctone de l’écorce qui tue des dizaines de millions d’arbres. Le gouverneur a envoyé une lettre au secrétaire à l’Agriculture des États-Unis Tom Vilsack, demandant une action fédérale contre « la pire épidémie de mortalité des arbres dans l’histoire moderne ». La mort massive de arbres est exacerbée par quatre ans de sécheresse extrême, qui ont laissé les arbres très vulnérables aux coléoptères indigènes.

Le Service des forêts des États-Unis estime que plus de 66 millions d’arbres sont déjà morts en Californie. Cela accroit encore les risques d’incendie.

Source : The big wobble

 

15 juillet 2016

En Californie, des millions de grands arbres pourraient disparaître à cause de la sécheresse

 

Des dizaines de millions de grands arbres dans les forêts californiennes sont menacés par la sécheresse historique qui frappe l’Etat depuis 2011, affirme une étude publiée lundi 28 décembre dans Les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences. Les massifs forestiers de la région pourraient subir des changements irréversibles, même si le courant équatorial chaud du Pacifique, El Niño, réapparu cette année, devrait accroître les précipitations en 2016.

 

Lire aussi : El Niño de retour après cinq ans d’absence

Outre le manque d’eau, les températures élevées et les infestations de scolytes − petits scarabées qui rongent les arbres − augmentent par ailleurs le risque de mortalité forestière, ont précisé les chercheurs. « Cette situation risque de provoquer des changements durables dans les écosystèmes ce qui pourrait avoir un impact sur les habitats des animaux et la biodiversité », a jugé Greg Asner, spécialiste de l’écologie mondiale à la Carnegie Institution. Les sylves californiennes ont été observées en détail à l’aide d’instruments d’imagerie guidés par laser.

« Importantes écologiquement et économiquement »

Selon les scientifiques, environ 10,6 millions d’hectares de forêt comptant jusqu’à 888 millions de grands arbres, dont les célèbres séquoias géants, ont subi des déficits importants d’eau entre 2011 et 2015. Dans ce groupe, jusqu’à 58 millions d’arbres ont souffert d’un manque d’eau qualifié d’extrêmement préjudiciable pour la santé des forêts à long terme.

 

Voir aussi : Californie : la vallée de la soif

Etant donné la gravité de la situation, même un accroissement attendu des précipitations grâce au courant El Niño ne ferait pas grande différence si la sécheresse repartait de plus belle dans la foulée, ont estimé ces scientifiques, soulignant que les massifs forestiers étaient déjà très affaiblis. « La Californie dépend de ses forêts pour s’approvisionner en eau et stocker le CO2, mais aussi pour produire le bois de sciage, ainsi que pour le tourisme et les activités de plein air, les rendant très importantes écologiquement et économiquement », souligne M. Asner.

 

Le Monde.fr avec AFP