allergies et pollens..

Publié le par ottolilienthal

Non, vous ne rêvez pas: vos allergies sont de pire en pire et c'est la faute du réchauffement climatique...

Le printemps revient et avec lui, son lot d'allergies. Mais cette année, les experts alertent: la saison pollinique sera particulièrement intense. En cause? Le dérèglement climatique, qui allonge les périodes de pollinisation et intensifie les symptômes.

L'hiver fut particulièrement long, mais enfin nous en voyons le bout. Les jours rallongent, le soleil refait son apparition, et les terrasses se remplissent un peu plus chaque soir. Mais pour certains, ces petits plaisirs du quotidien s'accompagnent d'un véritable calvaire: le retour en force des allergies aux pollens. Mauvaise nouvelle pour vous si vous êtes concernés: la situation ne semble pas prête de s'améliorer.

Selon Vox, qui cite un rapport de la Fondation américaine pour l'asthme et les allergies (AAFA), 2025 s'annonce comme une année particulièrement éprouvante pour toutes les personnes souffrant du rhume des foins. Aux États-Unis, la tendance s'aggrave: un adulte sur trois est concerné, et un enfant sur quatre. En France, le nombre de rhinites polliniques a triplé en vingt-cinq ans, comme l'indiquait un rapport épidémiologique de 2008. Le principal responsable? Le réchauffement climatique. L'augmentation des températures prolonge les saisons de pollinisation et incite les plantes à produire davantage de pollen.

Les premières pollinisations, favorisées par la hausse des températures, commencent environ 20 jours plus tôt qu'il y a 30 ans, et certaines saisons se chevauchent désormais, comme celles des graminées et de l'ambroisie –deux plantes bien connues pour leur fort potentiel allergisant.

Pour la plupart des gens, les allergies saisonnières sont tenaces et inconfortables, mais restent supportables. Pourtant, lorsqu'elles touchent des millions de personnes en même temps, elles deviennent un véritable fléau. L'asthme, la rhinite allergique et les autres allergies associées entraînent chaque année des milliards de dollars de pertes économiques, entre arrêts de travail, dépenses en médicaments et consultations médicales.

Lutter contre le réchauffement climatique

L'augmentation du nombre de personnes allergiques repose sur deux mécanismes majeurs alimentés par la dépendance humaine aux combustibles fossiles. La combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel entraîne une augmentation des concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, incitant de nombreuses espèces végétales à produire davantage de pollen.

Et ne croyez pas que ce phénomène épargne les centres urbains, bien au contraire. L'urbanisation crée un environnement idéal pour la prolifération de l'ambroisie, tandis que les pollens, inévitables, se déposent sur vos vêtements sans prévenir, transformant votre journée en cauchemar. C'est pourquoi il est recommandé aux allergiques de se changer dès qu'ils rentrent chez eux.

Les feux de forêt, eux aussi, libèrent d'importantes quantités de dioxyde de carbone dans l'air, contribuant au changement climatique et favorisant les conditions propices au développement des allergies. Un cercle vicieux qui ne fait les affaires de personne.

Heureusement, des médicaments peuvent vous être prescrits après consultation auprès d'un allergologue. Antihistaminiques, spray, les solutions ne manquent pas pour tenter de soulager les enrhumés. «Nous recommandons généralement de commencer le traitement environ deux semaines à l'avance, car son action prend du temps», confie Kenneth Mendez, directeur de l'AAFA.

La meilleure solution reste cependant de lutter contre le réchauffement climatique afin de freiner la hausse des températures, les feux de forêt et autres catastrophes naturelles qui contribuent à l'augmentation du nombre de personnes allergiques dans le monde.

Léo Pierre

le pollinarium de Sainte-Feyre est désormais opérationnel

 

Situé au centre médical MGEN de Sainte-Feyre près de Guéret (Creuse), le pollinarium est un jardin constitué uniquement de plantes allergisantes, étudiées au quotidien pour prévenir les émissions de pollen. Il va donner ses premiers résultats cette saison.

Le pollinarium est enfin opérationnel. Ce nom plutôt scientifique désigne un jardin sur les hauteurs du centre médical de Sainte-Feyre. Il est composé de différentes plantes prélevées dans un périmètre de 20 kilomètres autour du centre.

"On a rassemblé des plantes sauvages d'une liste de plantes allergiques dressée par les allergologues. Donc il y a du bouleau, châtaignier, aulne, saule pour les arbres, et principalement des graminées fourragères pour les plantes herbacées", explique le botaniste Claude Figureau.

Le but est d'observer les émissions de pollen en temps réel pour en informer immédiatement les personnes allergiques. L'Anses estime qu'en France, environ 30% de la population adulte est concernée.

Les résultats sont communiqués gratuitement sur un site internet. On peut le consulter simplement ou s'inscrire à une alerte que l'on reçoit ensuite par courriel. 

Le pollinarium présente un avantage indéniable par rapport aux capteurs, système classique de surveillance des pollens : il permet de prévenir les allergiques avant l'apparition des premiers symptômes.

"Le capteur placé sur un toit d'immeuble capte des pollens qui volent dans l'air. Sauf que l'information apparaît trop tard. Les patients sont déjà gênés", précise Claude Figureau.

Le pollinarium devrait présenter ses premiers résultats au printemps 2018. 

 

Margot Delpierre, France Bleu Creuse

 

Ambroisie...

Les concentrations dans l'air du pollen de cette herbe vivace très allergisante pourraient quadrupler d'ici à 2050 en raison du changement climatique.

 

 

 

 

C'est un "cadeau" américain qui remonte au milieu du XIXe siècle, dont on se serait bien passé et surtout dont on n'arrive pas à se débarrasser : l'ambroisie, une herbe au pollen redoutablement allergisant, continue de prospérer en Europe, et évidemment en France, principalement à la faveur du réchauffement climatique. Conséquence : les concentrations de l'air en pollen d'ambroisie pourraient avoir quadruplé d'ici à 2050. Cette estimation, réalisée par des chercheurs* du CNRS, du CEA, de l'Ineris et du Réseau national de surveillance aérobiologique, montre la nécessité de mettre en place une gestion coordonnée de cette plante invasive au niveau européen. Leur travail est publié aujourd'hui dans la revue Nature Climate Change.

Ambrosia artemisiifolia est une plante d'origine nord-américaine, qui pousse dans les terrains vagues et les jachères. Ses pollens provoquent des rhinites, des conjonctivites, des trachéites et des crises d'asthme souvent graves. En France, elle a déjà colonisé la Bourgogne, l'Auvergne et la région Rhône-Alpes, et aucun allergique ne peut ignorer son pic de pollinisation, qui a lieu en août et en septembre. Selon l'Observatoire régional de la santé, le nombre de personnes allergiques à l'ambroisie a augmenté de plus de 70 % entre 2008 et 2011. Et cette progression risque de continuer puisque cette mauvaise herbe gagne 800 hectares de plus chaque année (elle en infeste actuellement 40 000).

L'évolution géographique de la contamination de l'air par les pollens dépend de la capacité de la plante à atteindre de nouveaux territoires, via différents phénomènes de dispersion de ses graines et du changement climatique, précise le CNRS. Pour prédire l'effet du climat et des différents modes de dispersion des graines, les chercheurs ont utilisé plusieurs types de modèles numériques. Leur conclusion est sans appel : "Le facteur d'augmentation des concentrations du pollen d'ambroisie serait en moyenne de quatre, d'ici à 2050."

Une loi remise aux calendes grecques

Selon eux, "la dispersion des graines, qu'elle soit d'origine naturelle, avec l'eau de ruissellement et les cours d'eau, ou humaine, via le transport routier, les voies ferrées et les pratiques agricoles, est responsable d'un tiers de l'augmentation de la concentration du pollen. Le changement climatique est, quant à lui, responsable des deux autres tiers. D'une part, il favorise l'expansion de l'ambroisie au nord et au nord-est de l'Europe notamment. D'autre part, son effet se traduit principalement par l'augmentation de la production de pollen induite par l'augmentation du CO2 et son effet favorable au développement de la végétation".

En France, "voilà bientôt trente ans que les pouvoirs publics sont sensibilisés à ce problème, qu'une loi est promise mais remise aux calendes grecques. Le temps passe et l'ambroisie continue de proliférer. Avec des densités de pollen qui ont doublé en vingt ans", peut-on lire dans Le Livre noir des allergies**. C'est pourquoi ses auteurs plaident pour la promulgation d'une loi pour contrôler l'ambroisie au niveau national. Avant 2025...

* Du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CNRS/CEA/UVSQ), du Laboratoire de météorologie dynamique (CNRS/Ecole Polytechnique/UPMC/ENS Paris), appartenant tous deux à l'Institut Pierre Simon Laplace, du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS/Université de Montpellier/EPHE), et de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) en collaboration avec l'université de Vienne, l'International Center For Theoretical Physics et l'Institut de recherche de Rothamsted.** Le Livre noir des allergies, par les Dr Pierrick Hordé, Isabelle Bossé et le journaliste Guy Hugnet, L'Archipel, 188 pages, 17,95 euros

 

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