Eglise, les faces cachées

Publié le par ottolilienthal

Affaire abbé Pierre : Le Vatican était au courant dès 1955 des déviances du prêtre...

Un livre-enquête affirme, en s’appuyant sur des archives du Saint-Siège, que le Vatican était au courant « dès l’automne 1955 » des agissements de l’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles...

Le « cas de l’abbé Pierre » faisait déjà l’objet d’un suivi particulier bien avant les accusations d’agressions sexuelles révélées dans un rapport à l’été 2024. Selon un livre-enquête à paraître jeudi, le Vatican est au courant depuis plusieurs décennies des agissements du prêtre.

« Dès l’automne 1955, non seulement le haut clergé français connaissait la face noire et la dangerosité de l’abbé Pierre mais le Saint-Siège aussi », affirment dans L’Abbé Pierre, la fabrique d’un saint (Allary Editions) les journalistes Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel.

Elles rapportent une « "procédure judiciaire", entamée par l’organe de la curie romaine chargé de contrôler les mœurs et la foi des membres de l’Église, le Saint-Office », qui a été « freinée par les évêques en France, vite refermée et enterrée deux ans plus tard, en 1957 ».

Des archives du Saint-Siège

S’appuyant sur les archives du Dicastère pour la Doctrine de la foi, consultées par les autrices en mars 2025, le livre mentionne notamment le compte rendu d’une réunion plénière de la Suprême congrégation du Saint-Office sur le cas de l’abbé Pierre du 18 mars 1957.

Ce « document de dix pages dresse la chronologie des agissements sexuels de l’abbé Pierre de 1955 à 1957, détaille les courriers d’alerte des cardinaux américain et canadien en 1955, et les décisions du Saint-Office », précisent les autrices.

Le compte rendu de la réunion plénière rapporte que Mgr Paul-Émile Léger, l’archevêque de Montréal, ville où l’abbé Pierre s’est rendu en mai 1955, a eu connaissance des « accusations d’immoralité » à l’encontre du prêtre. Le document relate également une demande formulée le 8 septembre 1955 par le Saint-Office au Nonce apostolique [ambassadeur du Saint-Siège] alors en poste en France, Paolo Marella, « de suivre de près le cas de l’abbé Pierre ».

« Choses immorales »

Un chanoine aurait en outre « écrit le 25 octobre 1955 au Saint-Office pour dire » qu’il savait que « des "choses immorales" » avaient été commises par l’abbé Pierre aux États-Unis, précisent les deux journalistes.

Figure iconique en France et fondateur d’Emmaüs, l’abbé Pierre est depuis juillet 2024 visé par une série d’accusations de violences sexuelles commises entre les années 1950 et 2000.

Le livre-enquête à paraître jeudi revient également sur des propos tenus par l’abbé Pierre sur les Juifs le 21 juillet 1944, évoquant « des familles contraintes à l’oisiveté (sans qu’il soit de leur faute, certes) mais regorgeant d’or avec quoi elles raflaient avec une impitoyable dureté tout ».

20 Minutes avec AFP

https://www.20minutes.fr/societe/4149005-20250416-affaire-abbe-pierre-vatican-courant-1955-deviances-pretre

"En érection permanente…" : les confidences surprenantes d’Isabelle Morini-Bosc sur l’abbé Pierre (ZAPTV)...

Lundi 16 septembre, dans Touche pas à mon poste, Cyril Hanouna et ses chroniqueurs sont revenus sur les accusions visant l’abbé Pierre. Isabelle Morini-Bosc a notamment expliqué avoir été informée du comportement déplacé de l’homme d’Église lorsqu’elle était jeune journaliste.

Une affaire qui fait grand bruit. Depuis cet été, les accusations de violences et d'agressions sexuelles se multiplient contre l’abbé Pierre, décédé en 2007. Selon un rapport du cabinet spécialisé Egaé, le fondateur d’Emmaüs est visé par 17 nouveaux témoignages l'accusant de violences sexuelles entre les années 1950 et les années 2000. Au total, ce sont 24 femmes, dont certaines étaient mineures au moment des faits reprochés, qui portent des accusations contre l’homme d’Église.

Vendredi 14 septembre, le pape François a expliqué que le Vatican avait été informé des accusations contre l’abbé Pierre, qualifiant ce dernier de "terrible pêcheur". Il a précisé que le Vatican avait appris les accusations d'agressions sexuelles après la mort de l'abbé Pierre. "C'est un malade", a-t-il ajouté.

Les confidences surprenantes d’Isabelle Morini-Bosc sur l’abbé Pierre

Lundi 16 septembre, dans son émission Touche pas à mon poste, Cyril Hanouna a proposé un débat sur les accusations d’agressions sexuelles visant l’abbé Pierre. Au cours de cet échange, Isabelle Morini-Bosc a notamment expliqué avoir été informée du comportement déplacé de l’homme d’Église lorsqu’elle était jeune journaliste. "Quand j’étais jeune journaliste à VSD, on m’a demandé quel âge j’avais un jour où je devais aller interviewer l’abbé Pierre. J’ai dit que j’avais moins de trente ans, on m’a dit : ‘On préfère quelqu’un de plus âgé’", ", a-t-elle d’abord raconté.

"On m’a même dit qu’il était ‘priapique’", a révélé la chroniqueuse. "‘Priapique’ c’est à dire quelqu’un qui est en érection permanente", a-t-elle précisé, provoquant les rires du public. "Je suis pas allée vérifier, je vous le dis tout de suite !", a-t-elle confié. "Par ailleurs je n’ai jamais beaucoup aimé l’abbé Pierre je l’avoue, mais en revanche cette espèce de déferlement permanent, qui effectivement sont des témoignages qu’on ne pourra pas prouver, c’est compliqué", a ajouté Isabelle Morini-Bosc. Voilà qui est dit.

https://actu.voici.fr/tele/en-erection-permanente-les-confidences-surprenantes-disabelle-morini-bosc-sur-labbe-pierre-zaptv-790145?

L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles : Des premiers signalements dès les années 1950, étouffés par l’Église...

Des documents consultés par « Libération » montrent que certains membres de l’Église catholique et d’Emmaüs étaient au courant dès les années 1950 des faits de violences sexuelles commis par Henri Grouès, vrai nom de l’abbé Pierre

Les révélations sur l’ abbé Pierre, longtemps personnalité préférée des Français, se succèdent depuis le 17 juillet et la publication d’un rapport indépendant dans lequel sept femmes ont confié avoir été victimes d’agressions sexuelles depuis les années 1970. Depuis, une dizaine de nouveaux signalements ont été faits.

Mais d’après des documents consultés par Libération, les violences sexuelles commises par Henri Grouès – vrai nom du prêtre – auraient commencé dès 1955, soit quelques mois après son appel à la solidarité lors de l’hiver de 1954.

Des échanges épistolaires révélateurs des comportements de l’abbé Pierre

D’après des échanges épistolaires entre Marshall Suther, un étudiant américain qui a accompagné Henri Grouès aux États-Unis en 1955, et des responsables d’Emmaüs à l’époque, les premières plaintes de femmes face au comportement du prêtre ont été signalées au mois de mai de cette année-là.

Les carnets, sorte de « journaux intimes » du philosophe catholique Jacques Maritain, professeur à Princeton, qui a monté l’opération outre-Atlantique de l’abbé, révèlent ainsi qu’il a été alerté en mai 1955 que deux femmes de New York se plaignaient du comportement d’Henri Grouès à leur égard. Le cardinal Spelmann et le cardinal Samuel Stritch auraient également été avertis.

Éviter le scandale

Toujours selon Libération, la solution trouvée pour éviter le scandale est d’écarter l’abbé Pierre car ses comportements ne s’arrêtent pas à New York. D’autres incidents ont lieu à Chicago et à Washington. Les notes du philosophe catholique indiquent qu’il propose un retour direct de Chicago à Paris lors d’un appel téléphonique avec son étudiant, Marshall.

L’affaire semble assez grave outre-Atlantique pour qu’un jésuite américain conseille au professeur de Princeton de rencontrer le cardinal Spellman pour prévenir l’archevêque de Paris que l’abbé Pierre ne reviendra plus aux Etats-Unis.

À l’été 1955, à son retour en France, Jacques Maritain prévient alors les autorités catholiques, avec l’aide de René Voillaume, l’un de ses conseillers spirituels. Début septembre, Henri Grouès doit s’expliquer avec l’archevêché de Paris. Deux ans plus tard, en 1957, un « socius », à la fois chaperon et conseiller spirituel, est adjoint par les autorités catholiques à l’abbé Pierre alors que ce dernier enchaîne des soins en cliniques et des retraites spirituelles puis, l’internement en Suisse, en 1958. Henri Grouès sera ensuite écarté de la direction du mouvement Emmaüs.

D’autres scandales à l’étranger

De cette affaire aux États-Unis, rien ne filtre. « La décision que la politique du silence était la meilleure pour le moment était précisément basée sur ce désir de protéger [des] buts fondamentaux », a écrit l’étudiant Marshall, le 23 mars 1956, à l’un des responsables d’Emmaüs, retranscrit par Libération.

Et sur les autres scandales à l’étranger, non plus. Car l’abbé Pierre aurait également fait parler de lui pour les mêmes faits ailleurs, comme au Québec. Le théologien André Paul, auteur de Paysan de la rive droite, publié aux éditions du Cerf, rappelle au journal national qu’en 1964, un prêtre canadien avait confié que le prêtre avait « été exfiltré, l’année précédente, après un accord entre la police et les autorités ecclésiales à cause de sa conduite avec les femmes ».

https://www.20minutes.fr/societe/4104058-20240801-abbe-pierre-accuse-agressions-sexuelles-premiers-signalements-annees-1950-etouffes-eglise

Shoah : le pape savait pour les chambres à gaz, révèle une lettre cachée des archives du Vatican

Cette lettre écrite par un jésuite résistant au pape Pie XII en 1942 atteste que le Vatican était au courant du génocide perpétré par les nazis contre les juifs, démentant la version officielle sur le silence du Saint-Siège.

C'est écrit noir sur blanc, ou du moins très clairement sur cette ancienne lettre dactylographiée au papier jauni, datée du 14 décembre 1922, publiée dans le journal italien Corriere della Sera. Le père Lother Koenig, un ecclésiastique allemand ayant participé à la résistance, confirme dans cette missive adressée au secrétaire personnel du pape de l'époque, Pie XII, que jusqu'à 6 000 Polonais et Juifs étaient tués chaque jour dans les chambres à gaz et les 'fourneaux SS' du camp de Belzec, dans le sud-est de la Pologne.

Des informations détaillées

De quoi contredire la raison officielle qui a été donnée par le Vatican pour expliquer le silence, pendant la Seconde guerre mondiale, du Saint-Siège : l'existence d'informations vagues et non vérifiées. "La nouveauté et l'importance de ce document découlent d'un fait : nous avons désormais la certitude que l'Église catholique d'Allemagne a envoyé à Pie XII des informations exactes et détaillées sur les crimes qui étaient perpétrés contre les juifs", a déclaré l'archiviste du Vatican, Giovanni Coco, au quotidien.

Selon celui qui a été missionné lorsque l'Église catholique a décidé d'ouvrir ses archives de guerre en 2019, l'importance de la lettre est "énorme", car "Pie XII savait". Il ne s'agit pas là d'un lanceur d'alerte, car elle a été rendue publique avec les encouragements des responsables du Saint-Siège. Comme le rappelle Reuters, le pape François a d'ailleurs déjà déclaré que "l'Église n'a pas peur de l'histoire".

Un lourd silence

La lettre fait référence à deux autres camps nazis (Auschwitz et Dachau) suggérant qu'il y avait eu d'autres missives qui évoquaient les atrocités commises en masse par l'Allemagne nazie. Cependant, celles-ci n'ont jamais été retrouvées. Pourquoi, alors, le pape n'a-t-il rien dit ? Les partisans de Pie XII affirment qu'il a travaillé dans les coulisses pour aider les juifs et qu'il n'a pas pris la parole pour éviter d'aggraver la situation des catholiques dans les territoires occupés. L'archiviste ajoute aussi dans le Corriere que le jésuite auteur de la lettre a également demandé que ne soient pas ébruitées ces informations, afin de préserver ses sources. D'autres estiment qu'il a manqué de courage pour s'exprimer, malgré les appels des puissances alliées. D'ailleurs, la campagne de béatification de Pie XII est désormais au point mort.

Selon le mémorial de Belzec ouvert en 2004, au total 500 000 Juifs ont péri dans le camp.

https://actu.caminteresse.fr/histoire/shoah-le-pape-savait-pour-les-chambres-a-gaz-revele-une-lettre-cachee-des-archives-du-vatican-11190159/?utm_source=taboola&utm_medium=cpc&utm_campaign=pmo_cam_article_desktop_desktop_flux_global_rtg&utm_term=24626320|lejsl-web|3740940838&tblci=GiA8IYfEgcoRyZjcdXhgApbA-hA2nrtyyHcbVIgPZ0K8aSCGm1AosK-wsb22mfL6AQ#tblciGiA8IYfEgcoRyZjcdXhgApbA-hA2nrtyyHcbVIgPZ0K8aSCGm1AosK-wsb22mfL6AQ

SUISSE : une enquête révèle plus de 1 000 cas d'abus sexuels au sein de l'Église catholique suisse.
 
Depuis que la nouvelle a éclaté, de hauts responsables catholiques de tout le pays ont organisé des conférences de presse ou publié des déclarations pour clarifier leur position, présenter des excuses, annoncer le dépôt de plaintes pénales contre les suspects ou promettre des changements.

Une enquête officielle sur l'Église catholique romaine en Suisse a identifié plus de 1 000 cas d'abus sexuels depuis 1950. Le Vatican a également ordonné une enquête sur des ecclésiastiques catholiques suisses de haut rang. Un regard sur les conséquences des révélations troublantes qui ont secoué l'Église cette semaine.

Une étude approfondie d'une année sur les abus sexuels commis par des prêtres catholiques et d'autres personnes en Suisse, commandée par la Conférence des évêques suisses et dirigée par deux historiens de l'université de Zurich, a révélé cette semaine plus de 1 000 cas depuis 1950, dont des accusations portées contre 510 personnes. À quelques exceptions près, les personnes accusées d'actes répréhensibles étaient des hommes. Plus de la moitié des victimes étaient des hommes ou des garçons, et les trois quarts des documents indiquaient que les abus sexuels concernaient des mineurs.

Plus de la moitié des cas ont eu lieu dans le cadre de soins pastoraux et environ 30 % dans des lieux tels que des écoles, des foyers et des internats. Certains incidents ont eu lieu lors de confessions ou de consultations. Les chercheurs ont constaté que de nombreux cas étaient "dissimulés, couverts ou minimisés".

"Les autorités ecclésiastiques transféraient régulièrement les clercs accusés et condamnés, parfois même à l'étranger, dans le but d'éviter les poursuites pénales séculières et d'assurer la réaffectation des clercs", ont-ils déclaré. "Ce faisant, les intérêts de l'Église catholique et de ses dirigeants ont été placés avant le bien-être et la protection des paroissiens.

Les chercheurs zurichois ont épluché des milliers de pages de documents, rassemblés par les autorités ecclésiastiques. Mais ils ont indiqué que de nombreuses sources d'information n'ont pas été correctement étudiées. Dans certains cas, des documents ont été détruits pour dissimuler tout acte répréhensible présumé.

Ils ont noté que l'ambassade du Saint-Siège en Suisse avait rejeté leur demande d'accès à ses archives. La consultation des archives au Vatican lui-même s'est heurtée à des "obstacles majeurs".

Les chercheurs se sont vu promettre 1,5 million de francs suisses (1,68 million de dollars) supplémentaires pour poursuivre l'étude jusqu'en 2026.

Ouverture d'une enquête sur des ecclésiastiques catholiques suisses liés à des abus

Deux jours avant la publication du rapport, la Conférence des évêques suisses a annoncé l'ouverture d'une enquête ordonnée par le Vatican sur des ecclésiastiques catholiques de haut rang en Suisse en rapport avec des abus sexuels. Elle a indiqué que des allégations avaient été formulées à l'encontre de plusieurs évêques en activité ou à la retraite, ainsi que d'autres membres du clergé, pour leur gestion des cas d'abus.

Ils sont notamment accusés d'avoir dissimulé des cas d'abus. Certains sont également accusés d'avoir eux-mêmes commis des agressions sexuelles dans le passé. Selon les médias, le Vatican a reçu une lettre contenant ces allégations en mai et a ensuite nommé l'évêque suisse Joseph Bonnemain pour diriger une enquête sur ses confrères.

Les dirigeants catholiques suisses font leur mea culpa

Depuis que la nouvelle a éclaté, de hauts responsables catholiques de tout le pays ont organisé des conférences de presse ou publié des déclarations pour clarifier leur position, présenter des excuses, annoncer le dépôt de plaintes pénales contre les suspects ou promettre des changements.

"En tant qu'institutions ecclésiastiques, nous portons une grande part de responsabilité", a souligné la Conférence des évêques suisses. Les membres de la hiérarchie de l'Église "doivent faire face à cette culpabilité" et aux conséquences qui en découlent, ont-ils ajouté.

Les abus sexuels dans l'Église catholique, un problème mondial

Les premières révélations sur des cas d'abus au sein de l'Église catholique sont venues des États-Unis. En 1985, le rapport Doyle a montré que l'archidiocèse de Boston avait dépensé 10 millions de dollars pour couvrir des cas d'abus. Les journalistes du Boston Globe ont ensuite révélé l'existence d'un système élaboré de dissimulation. À la suite de ce tollé, l'Église catholique américaine a commandé une étude indépendante qui a identifié 10 667 cas possibles d'abus et 4 392 accusés entre 1950 et 2002.

En Irlande, le cas d'un prêtre ayant abusé de 90 enfants en 1995 a suscité l'indignation. En 1997, le gouvernement a accepté la responsabilité des cas d'abus systématiques dans les institutions ecclésiastiques. En 2002, une enquête officielle a été menée. D'autres enquêtes ont suivi dans des diocèses et des foyers.

En 2002, l'Église catholique allemande a réagi aux scandales survenus aux États-Unis et en Irlande en publiant des lignes directrices concernant les abus sexuels. Mais ce n'est que lorsque des journalistes ont révélé les abus commis dans une école jésuite de Berlin en 2010 que les archives et les dossiers du personnel ont été examinés. En 2014, une étude indépendante a été commandée et a identifié 1 670 suspects et 3 677 victimes.

Après la révélation de cas d'abus en 2016 en France, les évêques et les congrégations religieuses ont commandé en 2018 une étude indépendante qui estime à 2 900-3 200 le nombre de suspects et à 330 000 le nombre de victimes depuis les années 1950.

Le Portugal a publié en 2021 une étude indépendante faisant état de plus de 4 800 cas d'abus commis par des membres du clergé et des employés de l'Église depuis 1950.

En 2022, la Conférence épiscopale italienne a fourni des informations limitées sur les cas d'abus signalés. Hormis le rapport de l'organisation de victimes "Rete l'ABUSO", il n'y a pas eu d'étude indépendante sur les allégations.

Les médias ont fait état d'abus en Espagne, mais il n'existe pas de procédure systématique pour documenter les cas. Le journal national El País a recensé environ 1 000 cas depuis 2018.

La plupart des pays n'ont pas encore abordé la question des abus commis par des membres de l'Église catholique. Le pape François a promis plus de "transparence" au printemps 2023.

Source : SRF

"Nous sommes engagés dans un changement de culture au sein de l'Église", a déclaré Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Il soutient les réformes proposées, telles que de nouvelles structures institutionnelles pour le signalement des cas, le contrôle psychologique des candidats à la prêtrise et l'interdiction de la destruction des documents relatifs aux cas d'abus.

Mgr Morerod serait accusé, tout comme Jean-Marie Lovey, l'actuel évêque de Sion, de ne pas être intervenu ou de ne pas avoir donné suite à des cas d'abus présumés. Les deux n'excluent pas la démission. Mercredi, Morerod a été transporté d'urgence à l'hôpital pour y subir une intervention chirurgicale.

Agir avec plus de fermeté et réformer la profession

"Cela fait dix ans que nous leur demandons de faire quelque chose contre les agresseurs et rien n'a bougé. Ce que les victimes doivent entendre aujourd'hui, c'est qu'il y a eu des abus et que nous allons les sanctionner. Mais l'Église ne sanctionne pas les gens pour l'instant", a noté Sylvie Perrinjaquet, présidente de la CECAR, une commission indépendante sur les abus sexuels, à la télévision publique suisse RTS.

Jacques Nuoffer, président du groupe suisse d'aide aux victimes SAPEC, a déploré que la structure de l'Église "pose problème et ralentisse tout". "Chaque évêque est indépendant et dispose de tous les pouvoirs", a-t-il déclaré.

Pour faire évoluer la gouvernance interne, il faut donner plus d'autorité aux laïcs au sein de l'Eglise, a estimé Laurent Amiotte-Suchet, sociologue des religions à la Haute école de santé du canton de Vaud. Il est important que les demandes de la base parviennent au "sommet de la pyramide" pour aider à transformer l'institution via ses conseils religieux, a-t-il expliqué à la RTS.

"Nous devrions également essayer de faire du prêtre une personne ordinaire", a-t-il ajouté.

M. Nuoffer espère que les écoles religieuses et les monastères profiteront de cette occasion pour encourager les victimes à se manifester et à dénoncer les cas de "comportements inacceptables" survenus dans le passé. Il souhaite également la mise en place d'un centre d'appel national pour les victimes ainsi que davantage de ressources pour la recherche sur les aspects juridiques, psychologiques et sociologiques afin de faire la lumière sur le problème des abus au sein de l'Église.

Mais il reconnaît qu'il reste encore beaucoup à faire. "Les tests psychologiques des prêtres seraient un pas dans la bonne direction", a-t-il déclaré à la RTS. "Les mesures annoncées par la Conférence des évêques suisses doivent être affinées. Pour l'instant, ce ne sont que des mots. Nous devons voir ce qui va se passer. Nous pouvons alors jouer un rôle d'impulsion, en rendant les choses plus claires et plus efficaces"

 

https://www.francetvinfo.fr/#xtor=EPR-555-[newsletterquotidienne]-20230916&pid=726375-1535047208-be45da26

"Moins de pape, plus de maisons Une avenue de Lisbonne devient une "rue de protestation" contre les JMJ

Le problème du logement, selon les habitants, devrait être une priorité face au plus grand événement mondial de l'Église catholique que la ville accueille.

L'Avenida Almirante Reis à Lisbonne est devenue une sorte de "rue de protestation" où des affiches et des phrases peintes sur les murs expriment le mécontentement face à l'organisation des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), qui se déroulent de mardi à dimanche.

Le manque de logements décents et abordables, les abus sexuels dans l'Église catholique et même la construction des confessionnaux des JMJ, réalisés par des détenus de prisons, sont autant de thèmes critiqués et estampillés sur cette avenue du centre-ville.

Des phrases telles que "+ maisons ; - pape" et "Délivrez-nous des pauvres, amen !" colorent l'avenue, ainsi que des affiches illustrées de photos d'appartements à louer à plus de 1 000 euros pendant les JMJ, où l'on peut lire "Journées de la jeunesse, année de la spéculation".

Pour les habitants, le problème du logement devrait être prioritaire face au plus grand événement mondial de l'Eglise catholique que la ville accueille.

Assis dans un bac à fleurs de l'avenue, Manuel Camilo, 93 ans, se dit "en faveur de tout ce qui est constructif pour le bien des gens", considérant que "beaucoup d'argent est dépensé" pour ces journées.

"Je pense que le conseil, qui est si avare de faciliter les gens à contribuer à la résolution de leurs problèmes, en particulier ceux du logement, par les comptes que je fais, peut-être très mal faits, (...) avec une contribution [aux JMJ] de plus de 30 millions d'euros ferait 400 maisons pour les gens", a-t-il déclaré à Lusa.

Affirmant n'avoir "rien contre le Pape ni contre aucune religion", Manuel Camilo estime qu'"au nom du Pape, on dépense trop d'argent qui devrait être utilisé au bénéfice de la population".

Lorsqu'on lui demande si les JMJ donneront de la notoriété au Portugal, le vieil homme ne doute pas qu'"il est probable qu'elles y contribueront également", mais "entre la notoriété et le bien-être des gens et la satisfaction de leurs besoins, il y a une très grande différence".

João Carvalho, 26 ans, considère l'événement comme positif, notamment parce qu'on peut voir des rues plus propres et des aménagements qui n'avaient pas été faits jusqu'à présent, mais il a la même opinion : "Honnêtement, il y aurait d'autres priorités, notamment le loyer qui n'existe pas pour les jeunes".

"Il y a beaucoup de jeunes qui sont expulsés de leur logement, qui n'ont pas de conditions, qui ont un emploi et qui ne peuvent pas payer le loyer d'une maison".

Pour le jeune homme, les affiches et les phrases que l'on peut trouver et lire sur l'Avenida Almirante Reis servent à montrer le mécontentement de ceux qui vivent dans l'incertitude d'avoir un logement abordable.

"Le gouvernement existe pour répondre au peuple, le peuple se fait entendre, c'est positif", a déclaré João Carvalho.

La protestation exprimée dans la rue est compréhensible pour António Pereira, mais le coiffeur estime qu'"il y a une certaine manipulation dans la manière de protester" et "dans tous les moyens qui ont été utilisés" pour critiquer les dépenses des JMJ, comme la "passerelle de la honte", installée par l'artiste Bordalo II sur la scène du Parque Tejo.

"Nous confondons beaucoup de choses. Je suis un chrétien catholique, je comprends la venue du Pape, je comprends les difficultés des gens, qui traversent de nombreuses difficultés, mais tout est confus", a-t-il déclaré, ajoutant que ce qui devrait être contesté "c'est l'acte politique (...) l'implication des politiciens".

Selon lui, l'arrivée du Pape François est très importante pour les chrétiens, "qui sont nombreux au Portugal", et actuellement dans le pays "on accepte ou on est contre" les JMJ, ce qui place le Portugal dans une "position ridicule".

"On dit non ou on dit oui, il n'y a pas d'entre-deux, on n'essaie pas de voir les choses. La venue du Pape est positive, elle rassemble les jeunes. Y a-t-il un événement au Portugal, ou même en Europe, qui concentre autant de jeunes dans un même événement ?", a-t-il demandé, tout en étant certain qu'il n'y a rien de semblable et en soulignant que ces journées "apportent la paix".

Elles apportent aussi "l'espoir, l'espoir qui est loin, qui est là, multiplié dans les réseaux sociaux, dans la vanité personnelle", a déclaré António Pereira, pour qui les journées devraient être perçues "avec plus de positivité".

Le problème de la pénurie de logements est "politique et on ne peut pas blâmer une institution de foi comme l'Église catholique, qui est une grande institution", et c'est aux hommes politiques de trouver des solutions, affirme-t-il.

"(...) Les politiciens ont beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup à faire pour se concentrer sur les gens (...) c'est encore l'Eglise qui fait attention aux gens, les politiciens ne s'intéressent pas aux gens (...) seulement au moment du vote", conclut-il.

Considérées comme le plus grand événement de l'Église catholique, les JMJ se dérouleront cette année à Lisbonne, en présence du pape François, et plus d'un million de personnes sont attendues.

Agência Lusa , AG
29 jul,
Abus sexuels dans l’Église : comment le cardinal Ricard a été poussé aux aveux

ENTRETIEN. Sœur Véronique Margron, présidente de la Corref, est à l’origine du signalement visant le cardinal Ricard. Elle témoigne dans « Le Point ».

Le ciel vient à nouveau de tomber sur la tête des catholiques… Il y a d'abord eu la révélation de l'affaire mettant en cause l'évêque Michel Santier, accusé d'avoir exercé une emprise sur plusieurs jeunes hommes à des fins sexuelles. Puis, quelques jours plus tard, à Lourdes, le 7 novembre, en clôture de l'assemblée générale des évêques de France, dont il préside la Conférence, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a annoncé que dix évêques ou anciens évêques étaient impliqués dans des affaires – huit pour des abus sexuels, deux pour non-dénonciation.

Parmi ces prélats, outre Mgr Santier, le cardinal Jean-Pierre Ricard, qui a été à la tête de plusieurs évêchés prestigieux et de la Conférence des évêques de France, et qui est l'un des quatre cardinaux français électeurs du pape. Éric de Moulins-Beaufort a lu une lettre dans laquelle celui-ci, aujourd'hui âgé de 78 ans, avoue avoir agressé une adolescente alors qu'il était curé il y a 35 ans

À l'origine de cette affaire, il y a le témoignage de la victime recueillie par sœur Véronique Margron, qui a signalé le cas. Cette religieuse, à la fois théologienne et psychologue, écoute depuis des années les victimes d'agressions et d'abus sexuels par des membres du clergé. Présidente de la Confédération des religieux et religieuses de France (Corref), elle fut parmi les premiers à dénoncer les scandales sexuels dans l'Église. Dès 2019, dans un livre – Un moment de vérité (éditions Albin Michel) –, elle mettait à jour le caractère systémique de ces affaires. C'est elle aussi, avec Mgr Éric de Moulins-Beaufort, qui a demandé à Jean-Marc Sauvé de mettre en place la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), qui allait déboucher sur un rapport accablant révélant l'existence d'un nombre incroyable de victimes. Avec le franc-parler et la lucidité qui la caractérisent, Véronique Margron apporte son témoignage dans Le Point sur ce nouveau séisme qui secoue l'Église catholique.

Le Point : C'est vous qui êtes à l'origine de la révélation de l'affaire Ricard. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Véronique Margron : J'ai, en effet, écouté par téléphone la personne victime de Jean-Pierre Ricard et j'ai aussitôt prévenu le président de la Conférence des évêques, Mgr Éric de Moulins-Beaufort . Rome avait chargé Jean-Pierre Ricard des Foyers de charité (1), des lieux où avaient eu lieu des abus de pouvoir et des agressions sexuelles par des prêtres sur des personnes permanentes de ces maisons, des femmes. À la suite des révélations de ces scandales sexuels, toute la gouvernance avait été démise par le Vatican, et il avait été demandé à Mgr Ricard de les prendre en charge pour transformer en profondeur la direction et écouter les victimes. Il avait donc accepté. C'est cette circonstance – fortuite, donc – qui a fait dire à cette personne victime que ce n'était pas possible – ni pensable – que Jean-Pierre Ricard puisse oser assumer cette responsabilité. C'est pour cette raison qu'elle m'a téléphoné, ayant eu mes coordonnées par une de ses amies, religieuse.

Que vous a-t-elle dit ?

Qu'elle avait été marquée de façon très profonde et durable par les agressions qu'elle avait subies, qu'elle avait dû effectuer un suivi thérapeutique au long cours et que tout cela avait eu des répercussions sur sa famille. Surmonter sa douleur afin de pouvoir vivre aura été un lourd et difficile travail pour cette femme. Elle a une cinquantaine d'années maintenant, elle avait entre 12 et 14 ans au moment des faits. Apprendre la nomination aux Foyers de charité de celui qui l'avait agressée a représenté pour elle un détonateur. Elle m'a demandé de voir comment faire pour que Jean-Pierre Ricard renonce. C'est pourquoi, avec l'autorisation de cette personne, j'ai prévenu le président de la Conférence des évêques de France, qui, en apprenant la si douloureuse nouvelle, a marqué un temps de silence. Comme pour accueillir pareille révélation. Quelques jours plus tard, Mgr Ricard a démissionné de cette responsabilité. La personne victime nous en a remerciés. Elle n'avait pas porté plainte, estimant que c'était à l'Église de prendre ses responsabilités, et ayant fait elle-même le calcul que les méfaits subis lui paraissaient prescrits. Elle a accepté plus tard qu'un signalement puisse être fait par les autorités de l'Église.

L'affaire Ricard marque une nouvelle étape dans la révélation des scandales de pédocriminalité auxquels est confrontée l'Église…

 

En termes symboliques, oui. Mgr Ricard est cardinal depuis des années, il est même l'un des quatre cardinaux français qui font partie du collège qui élit le pape ; il a été deux fois président de la Conférence des évêques de France. Nous sommes donc en présence d'un fort symbole de l'Église en France. Il a ordonné de nombreux prêtres et évêques. Il a marié de nombreux couples. Il est par ailleurs, en tant qu'évêque, enseignant de la foi de l'Église. Mgr Ricard occupe donc une position non seulement hiérarchique mais aussi d'autorité morale et spirituelle. Comment, alors, ne pas être pris de vertiges ? Cet homme-là était censé incarner une parole puissante, avisée. Il représentait une puissance symbolique. Il se révèle aujourd'hui comme étant un délinquant sexuel qui, durant tant de décennies, a accepté titres et honneurs, charges et responsabilités. Y compris à Rome, où il siège à la Congrégation pour la doctrine de la foi, celle-là même qui instruit des affaires lourdes de pédocriminalité. Pour moi, pour nous tous dans l'Église catholique, c'est un désastre, un immense mensonge. Qui pouvons-nous croire après ? En qui placer notre confiance, celle-là même qui nous fait vivre les uns les autres ? Et, devant tout cela, comment les victimes pourraient-elles nous faire – un peu – confiance ? C'est avant tout à elles que nous devons penser et pour elles qu'il faut agir.

Comment de telles affaires sont-elles encore possibles après la prise de conscience manifestée à plusieurs reprises au sommet de l'Église ?

Nous sommes sortis – en partie au moins – de la loi du silence dans ces affaires, mais pas de la grande naïveté qui imprègne une culture donnée, qu'elle soit catholique ou, plus largement, chrétienne. Elle aura été au cœur du naufrage subi avec l'affaire de Michel Santier, ancien évêque de Créteil qui racontait à tous qu'il n'y avait « que » deux victimes et ensuite plus rien. Et il a été cru. Nous savons, cruellement, qu'il a menti puisque, sitôt ses méfaits révélés par la presse, d'autres victimes se sont présentées. À Lourdes, lors de l'assemblée générale des évêques, il y avait le risque de croire la parole de Jean-Pierre Ricard. Alors que la majorité des auteurs de délits sexuels minimisent leurs actes. Les croire sur parole est donc prendre le risque de se rendre passivement complice et surtout ne pas permettre à d'autres potentielles victimes de parler, peut-être. Au sein de l'Église, tout repose sur la confiance. Et, sur le fond, c'est aussi magnifique qu'impératif. La transmission de la foi repose sur la confiance. Y compris celle dans les témoins du Christ. Mais alors, il nous faut accomplir un effort colossal pour nous écarter de cette culture quand il s'agit de délits et de crimes sexuels. Pour ce faire – et c'est indispensable –, nous avons besoin d'aide.

L’affaire Santier raconte à elle seule la dimension systémique des abus dans l’Église catholique, avec tous les dysfonctionnements possibles, la naïveté, la méconnaissance…

Comment l'Église peut-elle encore en être là, après les multiples révélations et le rapport accablant de la Ciase ?

Nous venons de si loin. Un changement de culture, cela ne s'effectue pas en un an. L'affaire Santier raconte à elle seule la dimension systémique des abus dans l'Église catholique, avec tous les dysfonctionnements possibles, la naïveté, la méconnaissance… Autant on peut se battre contre l'omerta, autant il est difficile de sortir d'une culture de cette naïveté qui finit par être coupable. Il faut aussi que nous acceptions d'entendre la perversion : non d'abord comme une théorie clinique, mais comme une réalité de comportements déviants, délictueux. Dans le cadre de l'Église, elle peut se décupler par la puissance de l'entre-soi, du cléricalisme. La posture sacralisée du prêtre, et a fortiori de l'évêque, renforce le crime en travestissant la dimension spirituelle. Beaucoup d'agresseurs sexuels se trouvent dans une forme de toute-puissance ; quand il s'agit d'ecclésiastiques, cette puissance se redouble car elle est revêtue du sacré.

Ce caractère systémique de la pédocriminalité, vous le dénonciez déjà en 2019

 

Le caractère systémique, il suffit d'un cas, de l'écoute d'une victime, pour le comprendre. La chronologie de l'affaire Santier, que l'on peut trouver sur le site Internet de la Conférence des évêques de France – ce qui est vraiment bien –, est très parlante de ce point de vue là. Voici un homme qui crée une communauté problématique dont il devient le gourou absolu. Et personne ne la contrôle. Puis il devient évêque, et évêque de lieux très emblématiques, la Vendée puis le diocèse de Créteil. Les victimes – qui étaient à la communauté Réjouis-toi – parlent à l'Église. Elles sont entendues, mais rien ne se passe. Une seconde fois, un signalement est effectué à Rome. Michel Santier présente sa démission. Mais celle-ci n'est acceptée qu'au bout de plusieurs mois et, même alors, il va encore rester de longs mois en poste. Bref, il y a eu dans cette affaire une série de dysfonctionnements qui s'ajoutent à des responsabilités personnelles non assumées. Il faut attendre la presse, la revue Golias et l'hebdomadaire Famille chrétienne, pour que les faits et les vraies raisons de la démission de M. Santier soient révélés. C'est cela, la mise à jour de la réalité, aussi douloureuse soit-elle pour de très nombreux fidèles, qui permet à d'autres victimes de se faire connaître. Cette succession de dysfonctionnements est le signe que l'institution fonctionne mal. Ce n'est pas le nombre d'affaires qui fait système, mais le cumul des dysfonctionnements. Quand une victime raconte qu'elle a parlé à un prêtre – ou un proche – qui ne l'a pas crue, puis qu'elle a écrit à un évêque qui ne lui a pas répondu, etc., c'est cela le système. À une tragédie et un scandale systémique, il faut une réponse systémique. C'est là aussi l'espérance : pouvoir agir sur l'ensemble des facteurs.

Mais cette réponse systémique n'a-t-elle pas encore été mise en place, malgré le rapport de la Ciase, les annonces répétées du pape et des évêques ?

 

Non, la réponse n'est pas encore complète et surtout systémique. Sinon, il n'y aurait pas eu d'affaire Santier. Rappelons que les évêques n'ont appris qu'à l'occasion de leur assemblée de novembre 2021, un mois après le rapport de la Ciase, que des mesures avaient été prises à l'encontre de Michel Santier.

C'est effarant…

Oui, mais il faut entrer dans la complexité de la réponse. Il n'y a pas un « seul gros méchant », un coupable unique à tous les dysfonctionnements. C'est un ensemble complet d'éléments et d'événements qui est pointé du doigt. Les mesures sont importantes, mais elles sont trop éparses. Dans l'affaire Santier, il y a deux dicastères [NDLR : ministères de l'Église, au Vatican] concernés, celui des évêques, dirigé par Marc Ouellet, lui-même mis en cause pour des questions de pédocriminalité, et celui de la Congrégation pour la doctrine de la foi puisque les abus commis par des ecclésiastiques, a fortiori dans le cadre des sacrements, sont de son ressort. Les procédures s'empilent, sans répondre à une cohérence. Cela ne crée pas un parcours judiciaire clair.

La Conférence des évêques de France vient d'annoncer la création d'un tribunal pénal canonique interdiocésain et d'un conseil de suivi. Qu'en pensez-vous ?

Un tribunal pénal ne peut pas juger les évêques, mais seulement les prêtres. Il va permettre le dépaysement des affaires. On pourra espérer alors que les jugements seront plus impartiaux et rendus par des gens compétents car formés spécifiquement. Le conseil de suivi, c'est une très bonne chose : si elle avait été mise en place, une telle instance aurait pu éviter l'affaire Santier, puisque le dossier aurait été suivi et que les réponses auraient été apportées. C'est bien dans la ligne des recommandations de la Ciase.

Pourquoi, alors, les évêques n'ont-ils pas mis en place un tel conseil dès la publication du rapport ?

 
 

Pour plusieurs raisons, sûrement. Dont peut-être encore une naïveté faisant croire que l'on peut s'en sortir tout seul. Croire qu'en reconnaissant la responsabilité collective l'essentiel était joué. Mais non : les évêques pensaient qu'ils allaient pouvoir faire face, seuls ou presque. Ils s'étaient trompés. Au regard de ces nouveaux drames, des visages de victimes qui sont en creux de ces scandales, il nous faut agir. Et changer.

 

Propos recueillis par

(1) cf ''La fraude mystique de Marthe Robin"

http://ottolilienthal.over-blog.com/2022/10/la-fraude-mystique-de-marthe-robin.html

Au Canada, le traumatisme des pensionnats autochtones continue de hanter les survivants "brisés" par des années de violences

Le pape François entame, dimanche, une visite au Canada. L'occasion de réitérer les excuses de l'Eglise aux dizaines de milliers d'enfants enrôlés de force dans ces établissements où ils ont subi de multiples violences.

"Cette visite va soulever beaucoup d'émotions." Quatre mois après avoir reconnu le rôle de l'Eglise catholique dans l'enrôlement forcé d'enfants autochtones dans des pensionnats au Canada, le pape François doit rencontrer plusieurs de ces communautés lors d'un séjour qui débute dans l'Alberta dimanche 24 juillet. L'occasion de réitérer ses excuses officielles, sur les lieux où ces populations ont été victimes de violences durant des décennies, souligne le Globe and Mail*.

Ce voyage a été organisé après la découverte, en 2021, de centaines de sépultures anonymes près d'anciens pensionnats. "Je suis consterné par les politiques honteuses qui ont volé des enfants autochtones à leurs communautés", avait alors réagi le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. Il avait reconnu la "faute du Canada", treize ans après les premières excuses officielles prononcées par son prédécesseur, le conservateur Stephen Harper.

Ces établissements, pour la plupart gérés par des religieux, étaient l'outil central d'un "système mis en place par le gouvernement fédéral canadien pour arracher les enfants autochtones à leurs familles, afin de les 'civiliser' et les christianiser", explique Marie-Pierre Bousquet, directrice du programme en études autochtones à l'Université de Montréal. Entre 1880 et 1996, quelque 150 000 enfants métis, inuits et des Premières nations (l'appellation de certains groupes de peuples autochtones du Canada) ont été envoyés dans 139 pensionnats à travers le pays. Un système qualifié de "génocide culturel" par la Commission vérité et réconciliation (CVR), qui a publié, en 2015, un rapport documentant les violences commises dans ces établissements.

"On voulait en faire des petits blancs"

Après des milliers d'auditions, la CVR a révélé comment la scolarisation obligatoire des autochtones à partir de 7 ans, mise en place en 1920, a servi à enlever ces enfants à leurs parents. Dès leur arrivée, les pensionnaires étaient "dépossédés de leur identité", note l'anthropologue Marie-Pierre Bousquet. Leurs prénoms autochtones étaient remplacés par des prénoms français ou anglais. Le port de l'uniforme était obligatoire et les cheveux, "un attribut très important dans la culture de beaucoup de ces communautés", étaient coupés courts.

"On voulait en faire des petits blancs", résume Natacha, membre de la nation des Anichinabés. Dans les années 1950, sa mère et plusieurs de ses oncles et tantes ont été envoyés au pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery (Québec).

"Ils avaient interdiction de parler leur langue et on leur apprenait une version de l'histoire dans laquelle les autochtones étaient des méchants, des ignorants et des 'sauvages' que les missionnaires venaient 'sauver'. Les survivants disent tous à quel point ce racisme et ce mépris étaient rampants."

Marie-Pierre Bousquet, anthropologue

à franceinfo

Ces enfants ont aussi été victimes de violences verbales, psychologiques ou physiques. "Une de mes tantes a eu l'oreille déchirée tellement on la lui avait tirée fort", témoigne Natacha. Sa mère, "trop âgée" pour bénéficier des enseignements scolaires, a effectué des tâches ménagères pendant près de trois ans dans le pensionnat. "Elle a vu ses frères et sœurs être maltraités et a tenté à plusieurs reprises d'avertir mes grands-parents, poursuit la quinquagénaire. Ça lui a valu d'être battue et de passer des journées entières enfermée seule dans une pièce, sans nourriture."

Ce récit est tristement commun parmi les survivants des pensionnats. em>"J'étais constamment terrifié, confirme l'un d'entre eux au National Geographic*. Je me souviens de m'être dit : 'Ne te fais pas remarquer', parce que j'avais vu ce qu'ils faisaient aux enfants dans ce cas."

Une autre survivante raconte au Guardian* avoir été "jetée sous une douche froide tous les soirs, parfois après avoir été violée". "Les conditions de vie étaient variables selon les pensionnats mais il y a eu de nombreux cas d'enfants souffrant de malnutrition, victimes de violences sexuelles et de châtiments corporels, insiste Marie-Pierre Bousquet. Dans certains établissements, on a mené des expériences médicales sur ces enfants, qu'on privait de certains nutriments pour observer les effets."

Des milliers de morts et de disparus

Autre violence psychologique : les enfants étaient totalement coupés de leurs parents. Pour empêcher tout contact, ils étaient emmenés dans des établissements à plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres de leur communauté, souligne le Guardian*. Nombreux sont ceux qui ont tenté de fuir l'horreur des pensionnats pour retrouver leurs familles, selon National Geographic. Mais la plupart ont été rattrapés ou sont morts sur le trajet, victimes de noyades ou d'hypothermie.

Le destin de beaucoup d'autres enfants reste inconnu. La CVR estime que 6 000 d'entre eux ont "disparu", rapporte TV5 Monde. "Lorsqu'il leur arrivait quelque chose, les pensionnats ne faisaient aucun effort pour prévenir leurs parents, en particulier quand ces derniers étaient nomades, éclaire Marie-Pierre Bousquet. Les corps n'étaient pas rendus aux familles et les enfants étaient enterrés dans des tombes anonymes."

En mai 2021, les restes de 215 enfants ont ainsi été découverts sur le site de l'ancien pensionnat de Kamloops (Colombie-Britannique), qui fut le plus grand du Canada. Un mois plus tard, "715 tombes non marquées" ont été retrouvées près de celui de Marieval, dans la Saskatchewan.

Au total, au moins 4 000 autochtones sont morts dans ces pensionnats, victimes d'accidents, de violences ou de maladies, estime la CVR. "Plusieurs pensionnats ont été touchés par des épidémies, notamment de tuberculose, par pure négligence. Les enfants malades étaient laissés avec ceux en bonne santé, alors qu'on connaissait déjà certaines mesures sanitaires à l'époque", détaille Marie-Pierre Bousquet. Au début des années 1900, un médecin mandaté par l'Etat avait ainsi constaté un taux de mortalité moyen de 25% dans ces écoles, relève le Journal de l'association canadienne de médecine*. Dans un établissement, ce chiffre atteignait même 70%.

"Certains savoirs ont été oubliés à jamais"

Natacha n'a réalisé l'ampleur des sévices infligés dans les pensionnats que lorsque la CVR a entamé ses travaux, en 2008. "Ma mère m'en avait déjà parlé parfois, lorsque j'étais adolescente, mais uniquement lorsqu'elle était en crise", témoigne-t-elle, évoquant les "troubles psychologiques" dont sa mère souffrait. "Je croyais qu'elle délirait." Véronique Rankin, elle aussi fille de survivante, évoque le même "tabou". "J'avais entendu des rumeurs, mais ce n'est que lorsque j'ai commencé à travailler comme guide touristique dans la réserve que j'ai compris l'horreur de ce qui s'était produit", explique la directrice de l'association autochtone Wapikoni Mobile à franceinfo.

"La Commission a permis aux survivants de raconter leur vérité. Il faut désormais que nos communautés comprennent ce qui est leur est arrivé et comment cela affecte toutes les générations."

Natacha, membre de la nation des Anichinabés

à franceinfo

"Beaucoup sont revenus brisés des pensionnats et, par ricochet, leurs enfants subissent aussi ce traumatisme", insiste-t-elle. "Je ne parle pas la langue de mes ancêtres, même si j'en connais certains mots, confie Natacha avec amertume. En un sens, le pensionnat a atteint son objectif avec ma mère : nous avons été élevés comme des blancs, loin de la réserve." Dans des communautés où la transmission de la culture repose sur la tradition orale, l'interdiction pour les enfants de parler leur langue maternelle a eu de lourdes conséquences. "Certains savoirs ont été oubliés à jamais. La plupart des langues autochtones, difficiles à transmettre, sont en perdition", alerte Marie-Pierre Bousquet.

Les Premières nations et les Inuits effectuent toutefois un "travail colossal pour récupérer ces savoirs", selon l'anthropologue. L'association Wapikoni Mobile œuvre ainsi à la "revalorisation des cultures autochtones" à travers la production cinématographique. "Il y a également de nombreuses initiatives pédagogiques pour développer certains apprentissages, notamment des langues", ajoute Véronique Rankin. Au sein des familles, on essaye aussi de "se réapproprier sa culture". "Je passe beaucoup de temps avec ma tante Marianne. Elle fait découvrir la langue et l'artisanat à mes enfants, se félicite Natacha. Ma mère, retournée auprès du créateur en 2001, n'a pas eu la chance de le faire."

Pour Véronique Rankin, ces efforts doivent être soutenus par les autorités canadiennes, surtout sur le plan financier. La quadragénaire réclame aussi l'ouverture des archives de l'Eglise catholique au Canada. "Elles pourraient nous apporter des réponses sur notre histoire, car les religieux ont beaucoup documenté les traditions des autochtones", souligne-t-elle.

Beaucoup espèrent que ces documents permettront d'en savoir plus sur le destin des milliers de disparus. "Depuis deux ans, les Canadiens ont compris que ce qui s'est passé dans les pensionnats les concernait tous, et pas uniquement les autochtones", estime Marie-Pierre Bousquet. L'anthropologue appelle à ce que cette prise de conscience, survenue "bien après les travaux de la CVR", contribue à "mener à une société plus équitable".

* Les liens suivis d'un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.

France Télévisions
 
Publié

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/canada/au-canada-le-traumatisme-des-pensionnats-autochtones-continue-de-hanter-les-survivants-brises-par-des-annees-de-violences_5242756.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220724-[lestitres-coldroite/titre2]

Crimes pédophiles: le nonce faiblement condamné

Luigi Ventura, ancien nonce apostolique en France (ambassadeur) a été déclaré coupable d'agression sexuelle à de multiples reprises sur la personne de cinq jeunes hommes... il vient d'être condamné à 8 mois de prison avec sursis. Les victimes, elles seront faiblement indemnisées....

L'ancien nonce apostolique condamné à des peines dérisoires pour de multiples abus sexuels
Par Keith Porteous Wood, porte-parole de l’Association Internationale de la Libre Pensée, président de la National Secular Society (de Grande-Bretagne)Décembre 2020

Le mois dernier, l'ancien ambassadeur du Pape en France, l'ex-nonce papal Luigi Ventura, a été jugé pour avoir agressé sexuellement cinq jeunes hommes, dont un fonctionnaire de la mairie de Paris. L'avocat des plaignants a laissé entendre que les accusations ne représentaient que « la partie émergée de l'iceberg ».

Ventura a été déclaré coupable et vient d'être condamné à une peine de huit mois de prison avec sursis, soit moins que les dix mois de prison avec sursis recommandés par le procureur1. Quatre victimes doivent cependant recevoir 13 000 euros de dommages et intérêts, mais cela ne représente qu'une fraction du maximum possible.

Le fonctionnaire de la mairie a décrit la « main de Ventura qui me tenait les fesses »2  à deux mètres du maire de Paris à l'Hôtel de Ville : « Je me suis retourné et j'ai vu quelqu'un qui souriait », a-t-il dit. « Ce qui m'a étonné, c'est que ce n'était pas un accident, mais un acte délibéré ». Parmi les accusateurs de Ventura, un séminariste se plaint d'avoir été tripoté dans une sacristie, puis lors de la messe suivante.

 

Lorsque le séminariste, sous le pseudonyme « Marius », a dénoncé Ventura en interne, il a été averti que, dit-il : « j'attaquais quelque chose de plus fort que moi ». Après que « Marius » ait dénoncé Ventura à la police, il a été expulsé de son séminaire. Son expulsion n'a pas été annulée lorsque l'affaire Ventura a été rendue publique.

En tant que diplomate étranger, Ventura était protégé des poursuites par l'immunité diplomatique. Le Saint-Siège applique cette immunité avec acharnement3. Les gros titres faisant l'éloge du Saint-Siège sont apparus en juillet 2019 lorsqu'il a annoncé la levée sans précédent de l'immunité diplomatique, permettant à Ventura d'être poursuivi par les autorités françaises.

La machine publicitaire du Saint-Siège4 a déclaré : « C'est un geste extraordinaire qui confirme la volonté du Nonce [...] de collaborer pleinement et volontairement avec les autorités judiciaires françaises". L'hebdomadaire catholique anglais, The Tablet, a conclu que cela "indique une prise de conscience des dommages causés par la crise des abus, et comment il n'est plus viable pour le Saint-Siège d'utiliser la protection accordée aux diplomates lorsque des allégations d'inconduite sexuelle surviennent ».

Toutefois, Ventura n'a pas assisté à son procès, en invoquant les risques de la Covid-19, et n'a pas proposé de témoigner par liaison vidéo depuis Rome, où il est hors de portée de la justice française. Le Vatican n'est signataire d'aucun traité d'extradition. Le Saint-Siège est ensuite revenu sur sa décision de lever complètement l'immunité diplomatique de Ventura en la déclarant « partielle », ce à quoi les victimes ont dû résister avec acharnement

L'avocat de la défense de Ventura a cherché à attribuer les agressions à des problèmes de vision de Ventura. Quels que soient les problèmes de vision, s'il y en a, ils ne semblent pas l'empêcher d'identifier les hommes, et d’agresser à nouveau ces mêmes hommes. Plusieurs des accusateurs se sont plaints de multiples agressions sexuelles.

L'avocat de la défense de Ventura a rejeté toutes les accusations comme « une information mineure » qui ne justifie pas « de devenir la base d'un procès historique » avant de prétendre que le jugement de Ventura a été altéré par une opération du cerveau. Une telle altération n'a pas empêché Ventura de continuer à exercer avec l'autorité du Saint-Siège la fonction de nonce et de servir également en tant que doyen de l'ensemble du corps diplomatique français.

L'expulsion du très jeune Marius de son séminaire envoie un signal clair : signaler un abus sexuel, même si le fait de ne pas le faire contrevient à la loi, entraîne des représailles.

Pour rétablir la confiance du public dans l'Église catholique française, Mgr de Moulins-Beaufort devrait rétablir « Marius », en sanctionnant ceux qui l'ont expulsé, et inviter tout ecclésiastique menacé pour avoir dénoncé ou aidé des plaignants, comme le père Pierre Vignon, à le contacter personnellement5.

L'agression sexuelle est passible d'une peine maximale de cinq ans de prison et d'une amende de 75 000 euros. Le procureur a décrit les accusations des victimes, y compris les agressions multiples, comme étant « crédibles, détaillées, répétées et mesurées ». Il a reconnu la « gravité des faits » et la nécessité de juger « sans faiblesse » avant de demander une peine de dix mois avec sursis sans aucune amende.

La faiblesse de la peine proposée par l'accusation envoie également un signal clair au public français et au monde entier que l'establishment français protège l’Église.

Compte tenu de la sentence et des petites amendes, il est difficile d'échapper à la conclusion que, bien qu'elle se targue d'être l'archétype de l'État laïque, la justice française semble être beaucoup plus indulgente envers les princes de l'Église qu'envers les autres. Ventura a apparemment peu payé pour l'effet sur les victimes de son plaidoyer de non-culpabilité, pour avoir monté une défense dérisoire, pour avoir tenté de revenir sur la levée de son immunité et pour avoir contribué à la ruine de la vocation d'un séminariste.

Pire encore, la sentence envoie un signal épouvantable aux auteurs d'abus cléricaux : le tribunal ne se soucie guère de les punir, et il ne sert pas à grand-chose que les victimes signalent courageusement avoir été abusées, surtout lorsque pour certaines, cela pourrait mettre fin à leur carrière.

1 https://www.lefigaro.fr/flash-actu/l-ancien-ambassadeur-du-vatican-en-france-condamne-pour-agressions-sexuelles-1-20201216#:~:text=L%27ancien%20ambassadeur%20du%20Vatican%20en%20France%2C%20Luigi%20Ventura%2C,exercice%20de%20ses%20fonctions%20diplomatiques.

2 "Une main m'agrippe la fesse" : à Paris, l'ex-ambassadeur du Vatican jugé pour agressions sexuelles (franceinter.fr)

3 Vatican cites immunity in refusal to send French court summons to CDF prefect (catholicnewsagency.com)

4 https://www.thetablet.co.uk/news/11853/analysis-does-the-lifting-of-immunity-in-france-mark-a-shift-in-the-vatican-s-handling-of-abuse-

5 https://www.ouest-france.fr/societe/religions/un-pretre-ecarte-de-sa-fonction-de-juge-canonique-apres-sa-petition-contre-barbarin-6047438

 

Les victimes du père Ribes dénoncent les « manquements » de l’Église

Quarante-neuf victimes présumées se sont manifestées jusqu’à présent. Elles accusent l’institution religieuse de vouloir protéger ses finances.

Un collectif de victimes du père Ribes, prêtre peintre décédé en 1994 et accusé d'agressions sexuelles sur des enfants durant les années 1970-1980, a dénoncé vendredi 6 mai les « manquements » de l'Église concernant les réparations financières ou psychologiques. Ces mêmes victimes expliquent vouloir obtenir une certaine « compassion ». Louis Ribes, parfois surnommé « le Picasso des églises », a exercé dans trois diocèses : Lyon, Saint-Étienne et Vienne. Ses agressions sexuelles, révélées en janvier dernier par le magazine Marianne, ont depuis été confirmées par ces trois institutions.

Le collectif estime que « l'Église investit beaucoup dans sa communication pour garder une belle image ». « Qu'attend-elle pour nous réparer ? On risque d'attendre longtemps, peut-être même y aura-t-il des suicides… », a déclaré Luc Gemet, 58 ans, l'un des responsables du groupe, en conférence de presse à Lyon.

Ce dernier met en cause la complexité des démarches afin d'obtenir des indemnisations. Il accuse également l'Église de mauvaise volonté concernant la prise en charge rapide des victimes nécessitant certains soins, et plus généralement un manque de « compassion » pour ces dernières.

Le « bricolage » des indemnisations

Me Jean Sannier, avocat sollicité par les victimes, a dénoncé quant à lui le « bricolage » des deux institutions en charge des réparations financières pour la fixation des montants. Cette mission est aujourd'hui remplie par la Commission reconnaissance et réparation (CRR) et l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (INIIR). Selon lui, elles chercheraient « exclusivement à protéger les finances de l'Église ». Elle « a les moyens, elle peut et doit payer », a réclamé Luc Gemet.

Le collectif en question affirme représenter 25 victimes, « mais il y en a beaucoup plus, peut-être 300 ». Pour le moment, 49 personnes se sont officiellement manifestées auprès de la Commission sur les abus sexuels dans l'Église catholique (Ciase). « Il faut dénoncer les manquements de l'institution église à combattre les abus et crimes sexuels commis », a renchéri Annick Moulin, autre membre du collectif.

À l'appui de leur démarche, une série de dix « revendications » ont été formulées. Parmi lesquelles « la réparation à hauteur des crimes commis », la reconnaissance par l'Église de leur « caractère systémique », « l'imprescriptibilité des crimes contre les mineurs », mais encore la « désinscription des œuvres du père Ribes au titre des monuments historiques ».

Une collection de photos d'enfants nus

Et pour cause, plusieurs de ses fresques et vitraux ornaient des églises de la région. Ceux-ci ont été retirés discrètement par le diocèse. Ce même diocèse possédait aussi une vaste collection de photos et de croquis d'enfants nus, dont certains ont été dévoilés vendredi par le collectif, « reçus de la famille du père Ribes » après l'article dans Marianne.

 
 

Toujours à la suite de la parution de l'enquête dans Marianne, le responsable du collectif assure avoir reçu une lettre d'un ancien séminariste ayant côtoyé le père Ribes en 1976. Celui-ci s'y dit « sidéré » d'avoir trouvé des photos d'enfants nus et assure avoir averti sa hiérarchie, en vain.

ource AFP

Pédocriminalité dans l'Eglise: jusqu'à 60 000 euros pour chaque victime

Un barème des réparations financières a été établi pas les commissions chargées de la reconnaissance et de la réparation des victimes de pédocriminalité dans l'Eglise.

Le travail des commissions chargées de la reconnaissance et de la réparation des victimes de pédocriminalité dans l'Eglise catholique prend forme, petit à petit, même s'il ne va pas assez vite aux yeux des victimes. Un pas a été franchi avec l'établissement d'un barème. Comment cela va-t-il fonctionner ?

Qu'est-ce qui a été décidé ?

La Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui propose depuis janvier une médiation entre victimes de pédocriminalité au sein des instituts religieux catholiques et ces derniers, a établi un barème de réparations financières s'échelonnant sur sept niveaux, allant de 5 000 euros minimum à 60 000 euros, seuil plafond.

Cette grille, envoyée aux instituts fin mars, est la référence de travail lors des échanges entre victimes, congrégations et la CRR, dans le but d'aboutir à un accord entre les deux premières.

 

Sur quelles bases se décident les niveaux ?

La méthode de calcul croise deux évaluations : une des violences, faite par un membre de la commission ; et une autre, réalisée par la victime, qui mesure le degré d'impact des agressions subies sur sa vie personnelle, affective, familiale, sociale, professionnelle et spirituelle.

Ce plafond est « le plus élevé des régimes de réparation déjà mis en oeuvre en Europe continentale » par les autorités ecclésiales, selon la CRR. Il est de 50 000 euros en Allemagne ou de 18 000 euros en Suisse, dit-elle.

Combien de victimes ont fait une demande de réparation ?

Selon la CRR, depuis sa mise en place en janvier, plus de 300 demandes lui sont parvenues, dont certaines ne comportent pas de volet financier. Deux dossiers ont abouti, réglés par la conciliation entre les parties.

Cette commission se fixe d'avoir réglé le maximum de demandes « d'ici à juin 2023 », selon son président Antoine Garapon qui, en ce moment, « s'organise, en recrutant », pour étoffer son équipe.

Comment cela va-t-il fonctionner pour les autres victimes ?

Les victimes de prêtres ou de laïcs dans les lieux d'Eglise autres que les congrégations - paroisse, catéchisme, camps scouts, établissements scolaires - sont dirigées vers l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr).

Elle n'a, à ce stade, pas donné d'indication sur un éventuel barème, mais la semaine dernière, sa présidente a déclaré y travailler, en lien avec la CRR. Elle doit communiquer ultérieurement.

« Ce serait difficile pour des personnes victimes de ne pas avoir accès aux même types de reconnaissance et de réparation, au moins dans les grands principes », a cependant souligné Marie Derain de Vaucresson.

Après toute une procédure lors de laquelle la demande est instruite et une décision est prise, le versement de la réparation financière à proprement parler sera réalisé par un fonds ad hoc, le Fonds de secours et de lutte contre les abus sur mineurs (Selam).

La semaine dernière, l'Inirr avait indiqué que 526 personnes avaient pris contact avec elle depuis janvier. Selon elle, sur ces 526 dossiers, « 57% des personnes parlent d'une réparation, notamment financière », 19% n'en « souhaitent pas » et 24% n'ont pas d'attente sur ce thème.

Comment réagissent les victimes ?

« Si l'Inirr adopte la même grille, je serai satisfaite, a déclaré Mireille Babassud, membre du collectif De la paroles aux actes. Ce serait une réponse équitable pour les victimes. » Selon elle, « on voit mal comment des réparations pourraient être différentes d'une commission à l'autre ».

En revanche, une autre victime, qui a requis l'anonymat, a estimé que « 60 000 euros pour une vie gâchée, c'est pas très cher payé ».

 

« On est au-delà des sommes prévues par la Belgique et la Suisse. C'est raisonnable », a affirmé Olivier Savignac, du collectif Parler et revivre. Toutefois, « il faut que la réparation financière soit systématique, même si la personne ne le demande pas, martèle-t-il. Le rapport Sauvé l'a bien indiqué : l'Eglise a une dette et elle doit la régler, financièrement. »

Avec AFP

Aupetit coquin !

 

Un pape qui s'assoit sur la présomption d'innocence, un archevêque viré qui distribue les coups de crosse, une "vierge consacrée" qui proteste de sa pureté et revendique une simple camaraderie avec le prélat, des paparazzis qui traquent le couple présumé dans les bois...Bienvenue dans le dernier feuilleton à l'eau de rosse qui agite l'Eglise depuis plusieurs semaines...

Démis par le Saint-Père du poste d'archevêque de Paris, Michel Aupetit ne reconnait qu'un simple et innocent "massage" pratiqué sur une paroissienne qui avait "mal au dos",et une amitié "personnelle, spirituelle" avec la vierge consacrée, la théologienne Laetitia Calmeyn ("Le Parisien", 14/12). Surtout, l'ex-mitré se dit victime d'une "cabale" venue "de gens, de réseaux qui lui en voulaient et qui ont agi"

Peu désireux de boire le calice jusqu'à la lie, Aupetit s'en est donné à coeur joie lors de sa messe d'adieu, célébrée le 10 décembre à Saint-Sulpice. "Une journaliste a écrit : l'archevêque de Paris s'est perdu par amour" "C'est vrai ! C'est vrai !" s'est-il exclamé sous les applaudissements des fidèles ébahis. Avant d'apporter cette précision toute théologale et moins croustillante : "Mais elle a oublié la fin de la phrase ! L'archevêque de Paris s'est perdu par amour du Christ !"

"Amour du Christ" ou pas, le dossier Aupetit tombe à point nommé pour faire oublier les affaires de pédophilie ecclésiatique. Un dossier autrement plus compromettant, que l'aile la plus conservatrice de l'Eglise française et les pontes du Vatican tentent d'enterrer presto. l'offensive est venue de quelques membres  de l'Académie catholique de France (un club aussi sélect que réac), qui a envoyé à Rome un contre-rapport pour descendre en flammes celui de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise.

Ils ont fait mouche, obtenant le report sine die de l'entrevue qui devait avoir lieu entre le pape et les membres de ladite commission. Dans la foulée, le Saint-Siège  paraît avoir décidé de stopper les opérations vérités. A en croire "le Figaro" (13/12), il n'y aura ainsi ni commission d'enquête, ni rapport public sur les crimes pédophiles dans les Eglises espagnoles et italienne, deux pays où la plupart des curés abuseurs ont réussi, jusqu'à présent, à s'en tirer sans dommages.

Sûrement pour la "plus grande gloire de Dieu", comme on dit chez les tradis..

 

Le Canard enchaïné  15/12/2021

Pédocriminalité dans l'Eglise : trois personnalités appellent à la "démission collective des évêques" catholiques

Christine Pedotti, de "Témoignage chrétien", la théologienne Anne Soupa et le cofondateur de l'association de victimes La Parole libérée, François Devaux,  estiment que "le rapport de la Ciase met en lumière une véritable faillite".

Après le choc et les révélations, ils veulent poser les premières pierres de "l'Eglise d'après". Trois personnalités, dont le cofondateur de l'association de victimes La Parole libérée François Devaux, lancent un appel, lundi 11 octobre, à la "démission collective" des évêques, après les conclusions de la commission Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique. 

Cet appel intitulé "Face à la faillite, la démission des évêques est la seule issue honorable", est également lancé par la théologienne Anne Soupa et la directrice de la rédaction de Témoignage chrétien, Christine Pedotti.

Il intervient six jours après la publication des travaux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), qui a estimé à 216 000 le nombre de personnes victimes d'un prêtre ou d'un religieux en France depuis les années 1950, voire 330 000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l'Eglise.

"Comme un signe d'espoir et de renouveau"

"Nous demandons, comme un signe d'espoir et de renouveau, la démission collective de l'ensemble des évêques en exercice", lancent les signataires. "Bien plus que des défaillances, le rapport de la Ciase met en lumière une véritable faillite", estiment Christine Pedotti, Anne Soupa et François Devaux. Selon eux, "n'importe quelle organisation, association, entreprise en tirerait les conséquences qui s'imposent : se défaire de ses dirigeants". Ainsi, selon eux, la démission des un peu moins de 120 évêques que compte la France "est le seul geste à la mesure de la catastrophe et de la perte de confiance dans laquelle nous sommes".

Tous trois font valoir que "dans l'Eglise catholique, des précédents existent : les évêques du Chili ont remis leur démission collective au pape François après qu'une gigantesque affaire de pédocriminalité a été dévoilée. En Allemagne, le cardinal Marx, archevêque de Munich, a lui aussi présenté sa démission au pape au nom de la responsabilité qu'il considérait porter au regard des abus sexuels, bien que lui-même n'ait pas failli."

Estimant que si tous les évêques français "ne sont pas coupables, tous sont responsables", ils suggèrent au pape François de nommer comme "légat" (représentant officiel du pape) Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), en attendant de travailler à "l'Eglise d'après".

France Télévisions
 
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https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/pedophilie-de-l-eglise/pedocriminalite-dans-l-eglise-trois-personnalites-appellent-a-la-demission-collective-des-eveques-catholiques_4803103.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20211011-[lestitres-colgauche/titre1]
Canada : plus de 750 tombes découvertes près d'un pensionnat autochtone

Quelque 150 000 enfants natifs, métis et inuits ont été enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.

Le Canada de nouveau sous le choc. Quelque 751 tombes anonymes ont été localisées sur le site d'un ancien pensionnat autochtone géré par l'Eglise catholique dans l'ouest du pays, moins d'un mois après la découverte des restes de 215 enfants près d'un autre établissement autochtone. La nation Cowessess de la province de Saskatchewan a annoncé, mercredi 23 juin, avoir fait "la découverte horrible et choquante de centaines de tombes non marquées" lors de fouilles sur le site de l'ancien pensionnat de Marieval, à environ 150 km à l'est de la capitale Regina. "Ce n'est pas une fosse commune, ce sont des tombes non identifiées", a précisé le chef de la nation.

Quelque 150 000 enfants natifs, métis et inuits ont été enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture. Nombre d'entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des violences sexuelles, et plus de 4 000 y ont trouvé la mort, selon une commission d'enquête qui avait conclu à un véritable "génocide culturel" de la part du Canada.

Le chef de la Fédération des nations insouveraines de la province de la Saskatchewan, Bobby Cameron, a dénoncé jeudi 24 juin un "crime contre l'humanité". "Le seul crime qu'on ait jamais commis était d'être nés autochtones", a-t-il affirmé. "Nous trouverons d'autres corps et nous ne nous arrêterons que lorsque nous aurons trouvé tous les enfants", a promis le responsable. Le Canada va devoir "tirer les leçons de [son] passé" envers les Premières nations, victimes de "discrimination et d'injustice systémiques", a également réagi le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. "Nous avancer sur le chemin commun de la réconciliation. Nous pourrons ainsi bâtir un avenir meilleur."

 

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/canada/canada-nouvelle-decouverte-de-tombes-pres-d-un-pensionnat-autochtone_4676865.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20210625-[lespluspartages/titre5]

Canada : les restes de 215 enfants retrouvés sur le site d'un ancien pensionnat

Cet ancien pensionnat a été créé il y a plus d'un siècle pour assimiler les peuples autochtones à la société dominante.

Les restes de 215 enfants ont été retrouvés enfouis sur le site d'un ancien pensionnat au Canada, selon une communauté amérindienne locale. Un expert a repéré ces restes humains à l'aide d'un géo-radar sur le site de cet ancien pensionnat, situé près de Kamloops et créé il y a plus d'un siècle pour assimiler les peuples autochtones à la société dominante, a annoncé jeudi 27 mai la communauté autochtone Tk'emlups te Secwepemc dans un communiqué (document PDF en anglais). "Certains n'avaient que trois ans", a affirmé la cheffe Rosanne Casimir. Selon elle, la mort de ces enfants, dont on ignore la cause et à quand elle remonte, n'a jamais été documentée par la direction du pensionnat. Une enquête est en cours pour tenter de faire la lumière sur cette horrible découverte.

Un "sombre chapitre de notre histoire"

"J'ai le coeur brisé", a réagi le Premier ministre canadien Justin Trudeau sur Twitter. "C'est un triste rappel de ce sombre chapitre de notre histoire. Je pense à tous ceux qui sont touchés par cette nouvelle bouleversante", a écrit le dirigeant, qui a fait de la réconciliation avec les premiers peuples du Canada l'une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2015.

L'ancien pensionnat géré par l'Eglise catholique, au nom du gouvernement canadien, était l'un des 139 établissements du genre mis en place dans le pays à la fin du 19e siècle et qui ont existé jusque dans les années 1990. Quelque 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits y ont été enrôlés de force, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture. Plusieurs ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et au moins 3 200 y sont morts, la majeure partie de tuberculose, selon les conclusions en 2015 d'une commission nationale d'enquête.

France Télévisions
 
Publié

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/canada/canada-les-restes-de-215-enfants-retrouves-sur-le-site-d-un-ancien-pensionnat_4641685.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20210530-[lespluspartages/titre1]

Irlande : 9 000 enfants sont morts dans d'anciennes maisons pour mères célibataires, selon une commission d'enquête

 

 

 

https://www.francetvinfo.fr/societe/enfance-et-adolescence/irlande-9-000-enfants-sont-morts-dans-des-anciennes-maisons-pour-meres-celibataires-selon-une-commission-d-enquete_4254919.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20210113-[lespluspartages/titre4]

Conrad de Meester, La fraude mystique de Marthe Robin

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/conrad-de-meester-la-fraude-227686

Foyers de Charité: abus du Père Finet sur des filles de 10 à 14 ans
 
 
 

https://www.cath.ch/newsf/foyers-de-charite-abus-du-pere-finet-sur-des-filles-de-10-a-14-ans/

Une enquête interne révèle des abus sexuels commis par Jean Vanier, fondateur de l'Arche
 

https://www.20minutes.fr/justice/2724383-20200222-enquete-interne-revele-abus-sexuels-commis-jean-vanier-fondateur-arche

Soeurs de sang

 

Cette fois, il n'y a plus aucun doute. La découverte d'ossements d'enfants à Tuam, dans le comté irlandais de Galloway, oblige l'Irlande catholique à se retourner vers son passé.

De 1925 à 1961, le foyer Saint Mary des soeurs du Bon-Secours a accueilli des dizaines de mères célibataires pour qu'elles expient l'enfant du péché. Rejetées par leur famille ou leur communauté, elles échouaient là, laissées en pénitence dans un dénuement complet. Pendant toutes ces années, 797 enfants sont morts à Tuam. Avant terme, à la naissance, à l'âge de 2 ou 3 ans, décimés par la malnutrition, les privations ou la maladie.

Pendant des années, une historienne locale s'était étonnée que seuls deux de ces enfants aient une sépulture, soupçonnant les soeurs d'avoir enterré les autres en cachette. Une crainte qui a débouché sur une commission d'enquête, des fouilles, en novembre 2016, et la découverte de nombreux ossements.

Au temps où ces filles mères étaient réduites en esclavage par des bourreaux déguisés en nonnettes, leurs enfants étaient abandonnés à la mort en guise de châtiment.

"Nous allons honorer leur mémoire", ont déclaré les autorités irlandaises. Dans un pays qui a pour tradition de célébrer ses martyrs, c'est bien le moins...

 

Le "Canard enchaîné" , 8/3/2017

Eglise d'Irlande, la face cachée

 

Il y a vingt ans, en Irlande, certaines pharmacies refusaient de vendre la pilule, le divorce était interdit et l'homosexualité considérée comme un crime. Et puis, coup sur coup, l'homosexualité a été décriminalisée, le divorce légalisé et la loi sur l'avortement -toujours interdit, même en cas de viol ou d'inceste- légèrement amendée pour permettre à une mère d'interrompre sa grossesse en cas de danger mortel.

Chaque fois, l'Eglise catholique d'Irlande est partie au combat, goupillon brandi. Et, chaque fois, elle a perdu la bataille. Le temps où monsieur le curé entrait au pub pour sermonner les hommes manquant sa messe est (presque) révolu. Et aucun évêque n'a pu non plus empêcher l'impensable : le mariage pour tous, plébiscité par 62 % des Irlandais (les jeunes ont voté en masse), soutenus par 166 députés du Dail sur 169.

D'où vient donc le vent de liberté qui souffle sur les 26 comtés de la République Irlandaise ? Du temps qui bouscule les peurs anciennes ? Bien sûr. De l'émergence d'une classe moyenne moins engoncée ? Evidemment. De l'exemple européen ? Aussi, certainement. Mais pas seulement.

L'un des artisans, bien involontaire, de la perte de vitesse de l'Eglise d'Irlande est un prêtre du nom de Brendan Smyth, mort en 1997, à 70 ans, d'une crise cardiaque dans la cour de promenade d'une prison irlandaise. En 1975, un gamin de 14 ans révélait à un autre prêtre, Sean Brady, que Smyth l'obligeait à lui faire des choses qui le dégoûtaient. Brady lui a ordonné de se taire, n'a prévenu ni sa famille ni sa hiérarchie. Et a ainsi permis à son collègue d'abuser en toute quiétude de 143 enfants, de Belfast à Dublin en passant par les Etats-Unis. Smyth ira en prison. Brady, plus chanceux, deviendra cardinal et primat de toute l'Irlande. Celui qui a fauté et celui qui l'a couvert, une histoire qui se répètera dans tout le pays et dont on ne connaîtra l'ampleur qu'au début des années 2000.

D'enquêtes judiciaires en rapports indépendants, l'Irlande se réveille un jour stupéfaite, avec 14 000 gamins violés, des centaines de curés criminels et des dizaines d'évêques accusés de fermer les yeux depuis les années 40. Pire, toutes les victimes étaient confiées à la grâce de Dieu. Les plus pauvres. Orphelinats, pensionnats, gamins et gamines sans défense abusés par les robes de Rome.

Alors le pape a tapé du poing sur l'autel. Le chef de l'Eglise romaine de Limerick a démissionné, puis celui de Cloyne et son copain de Dublin. L'Etat irlandais, coupable de négligence, s'est excusé en dédommageant les victimes. Mais le mal était fait. La hiérarchie catholique n'était plus en mesure de faire la morale.

Réagissant au résultat du référendum, l'archevêque de Dublin, Diarmuid Martin, qui a voté non, a affirmé que l'Eglise devait "ouvrir les yeux", se "réjouissant" de ce que "les gays et les lesbiennes devaient ressentir en ce jour" ("Irish Examiner", 25/5). En ajoutant sobrement : "L'Eglise n'a pas toujours été respectueuse des aspirations de chacun". Amen.

S. Ch.

Le Canard Enchainé, 27/05/2015

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