vas-y François !

Publié le par ottolilienthal

La face sombre du Vatican...

Alimentés par des documents dérobés au Vatican, deux livres explosifs révèlent les coulisses des finances du Saint-Siège. Édifiant !...

Escroqueries, privilèges exorbitants, menaces, incompétence : c'est la face sombre du Vatican que deux ouvrages présentés mercredi 4 novembre 2015 à Rome, Chemin de croix, de Gianluigi Nuzzi, et Avarice, d'Emiliano Fittipaldi, révèlent. Pour les croyants, le chapitre le plus douloureux est celui qui concerne le denier de Saint-Pierre. Financé par le don des fidèles, ce fonds qui est à la disposition directe du pape est censé alimenter les œuvres de charité de l'Église. Une mission fondamentale pour un pape qui prêche « une Église pauvre au service des pauvres » et a choisi de s'appeler François, comme saint François d'Assise.

2 euros pour les miséreux

À titre d'exemple, les croyants ont donné 378 millions d'euros pour l'obole de Saint-Pierre en 2013. Mais au terme d'un travail rendu extrêmement difficile par les réticences de la hiérarchie de la curie, les experts financiers de la Cosea, la commission d'enquête instaurée en 2013 par Jorge Bergoglio, ont démontré que la vocation du denier de Saint-Pierre a été trahie. Sur 10 euros de dons qui entrent, 6 sont utilisés pour renflouer les comptes des différents dicastères (les ministères) du Saint-Siège, 2 euros consolident le fond qui affiche une provision de 400 millions et seulement 2 euros vont effectivement aux miséreux.

Un détournement de fonds dicté par l'incompétence des administrateurs du Saint-Siège. Gianluigi Nuzzi révèle par exemple que sur les 5 050 appartements détenus par le Vatican à Rome, personne n'est en mesure de connaître la surface de la moitié d'entre eux. Le copinage fait le reste. Des centaines d'appartements luxueux sont loués à moins de 100 euros par mois à des personnalités de la presse et du spectacle. Et charité bien ordonnée commence par soi même. Si le pape habite dans moins de 50 m2 dans la modeste résidence Sainte-Marthe, 36 cardinaux vivent gratuitement dans des appartements dont la surface dépasse 300 m2. L'ancien cardinal secrétaire d'État, Tarcisio Bertone, remporte la palme. Son appartement de 700 m2 a été rénové à hauteur de 200 000 euros, qui ont été payés par la fondation du « bambino Gésù », un fonds destiné à… venir en aide aux enfants malades. Si le patrimoine foncier du Vatican, qui est largement sous-évalué, était géré aux prix du marché, ses revenus seraient multipliés par quatre.

De véritables escroqueries

Au-delà des privilèges accordés à la vieille garde et de l'incompétence des administrateurs, les ouvrages de Nuzzi et Fittipaldi mettent en lumière de véritables escroqueries. Ainsi, les canonisations et béatifications sont une véritable « pompe à fric ». L'ouverture de chaque dossier – il y en a plusieurs centaines par an – coûte 50 000 euros. Où va l'argent ? C'est la commission diligentée par le pape François qui a posé la question – restée sans réponse – à la Congrégation des saints. Un inventaire surprise dans le supermarché dans lequel le Vatican vend vêtements, produits de beauté, cigarettes, alcool et nourriture, électroménagers et matériel électronique a permis de découvrir dans les stocks l'absence injustifiée de 1,5 million de marchandises. Soit ces marchandises ont été facturées et pas livrées, soit elles ont été volées... Alors que 5 000 personnes, religieux ou employés du Saint-Siège, ont le droit de s'approvisionner dans ce supermarché, 46 000 cartes d'accès sont en circulation.

Avec l'affaire du cambriolage du palais des Congrégations, le récit des journalistes se teinte de noir. En décembre 2014, des cambrioleurs s'emparent des archives de la commission d'enquête financière créée par pape François. Quelques semaines plus tard, une lettre qui faisait partie de ces archives est renvoyée anonymement au Vatican. Il s'agit d'une lettre adressée en son temps  par le banquier Michele Sindona à un prélat. Banquier de Cosa Nostra en affaire avec le Saint-Siège, Michele Sindona fût assassiné par un café au cyanure en 1986. Un avertissement dans le plus pur style mafieux qui a mis les services de sécurité de pape François en alerte rouge.

De notre correspondant à Rome,

"Les mauvaises nouvelles sur l’état et sur l’avenir du climat et de « la planète » se succèdent régulièrement, mais je les ai reportées à un billet ultérieur, car autant les « grands décideurs » semblent pour l’instant d’une faiblesse coupable, complice, ou criminelle, autant les choses bougent du côté de la société civile, laquelle vient de recevoir un puissant renfort avec l’encyclique du pape François (version intégrale ici).

Dans ce billet et dans les deux suivants je présente des extraits très brièvement commentés de CET ECRIT A MON SENS HISTORIQUE, y compris pour le non croyant et militant d’une écologie sociale radicale que je suis. J’y ai en effet trouvé beaucoup d’autres motifs d’accord que ce que j’ai lu jusqu’ici dans la presse, qui en a fait une lecture trop souvent édulcorante."

Jean Gadrey

Vous trouverez ci dessous un clip rafraîchissant, avec un pape combattant le changement climatique, et un résumé fait par Jean Gadrey en 3 liens de l'encyclique du pape : diagnostic sans complaisance, remarquablement clair, argumenté sur une base scientifique, mais également socialement « engagé, à la fois de l’état de délabrement de la « maison commune », des risques d’effondrement.

Le pape François a aussi ses limites : pas d'évocation de la surpopulation terrestre, et donc du contrôle des naissances qui lui est corrélé. Je rappelle que la science estime que l'écosystème terrestre permet la vie "en faisant attention" d'une population humaine totale de 2 à 3 milliards d'individus, Au delà l'écosystème est progressivement détruit...

Mais bon, au delà du théâtre d'ombres qui rythme la vie politique de nos pays, l'appel du pape François est une bonne nouvelle. Finalement, ce clip a du vrai..

Otto

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