Pétrole, l'éléphant dans la cuisine..
La transition énergétique made in Donald Trump... La baisse à venir des quantités de pétrole à disposition impliquera une diminution des transports, et une potentielle réorganisation de l’économie mondiale. En s’attaquant aux rouages du commerce, et certainement sans le vouloir, Trump devance ou accélère ce processus.
La production pétrolière américaine a atteint son pic....
Nous évaluons la production pétrolière américaine depuis un certain temps, en essayant de trouver le pic. Après avoir brièvement atteint 13 millions de b/j en 2019, la pandémie a fait chuter la production, et il a fallu quatre longues années pour dépasser le pic précédent, pour ensuite atteindre un autre pic (13,5 millions de b/j) à des niveaux similaires.
Commençons par regarder un graphique avec l’historique. À première vue, le pic de production de 2019 et la production actuelle, qui se situe clairement sur un plateau, sont très similaires.
Au cours de l’année écoulée, la production a à peine dépassé son pic de 2019, avec de petites fluctuations autour de 13,3 à 13,5 millions de b/j. À des fins historiques, cela ressemble à un plateau (légèrement haussier) sur le long terme qui a commencé en 2019.
Les prévisions de l’EIA (STEO) prévoient également un pic en 2026, conséquence des bas prix du pétrole.
Dans les tableaux, le pic devrait être atteint au premier trimestre 2026, à environ 13,67 millions de b/j.
Le pic mensuel est atteint en janvier 2026, à environ 13,7 millions de b/j. (OVI, baril de pétrole de pointe)
Dans les prévisions à long terme, le pic est reporté à 2027 (en unités quadruples).
Dennis Coyne, de Peak Oil Barrel, compare ses prévisions avec celles de l'EIA sur le pétrole de schiste.
Les prévisions de l'EIA pour 2050 estiment un pic en 2027 d'environ 10 millions de b/j pour le pétrole de schiste (ne prend pas en compte le pétrole conventionnel), suivi d'une légère baisse, tandis que Dennis place le pic en 2026, et une baisse beaucoup plus rapide, conséquence de l'estimation différente des réserves totales récupérables (pic EIA 10 millions de b/j, URR= 127 Gb, pic Dennis 9,67 millions de b/j, URR=72 Gb).
Eh bien, nous avons déjà vu qu’il existe un consensus pour marquer 2026-2027 comme le pic de la production nord-américaine, y compris les estimations officielles de l’EIA.
Je vais maintenant examiner les données actuelles pour voir si elles peuvent être affinées un peu plus.
Soyez patient et cliquez sur les tableaux pour voir les chiffres en détail.
Le STEO d'avril 2025 nous fournit ce tableau intéressant.
Je vais me concentrer sur les puits forés et complétés dans le Permien.
Puits forés. 2024 - 1er trimestre 2025.
Le nombre de puits forés chaque trimestre varie entre 1 393 et 1 364, avec très peu de variations.
Puits complétés. 2024 - 1er trimestre 2025.
En revanche, les puits complétés sont passés de 1 497 au troisième trimestre 2024 à 1 357 au quatrième trimestre 2024 et à 1 329 au premier trimestre 2025.
L’explication réside dans la diminution de l’utilisation des anciens DUC.
La variation passe de 1 105 au T1 2024 à seulement 874 au T3 2024, puis monte à 950 au T1 2025.
Autrement dit, les puits achevés sont la somme des puits forés et des DUC exécutés. D’ici la première partie de 2024, tous les DUC forés (puits utiles non complétés) au cours des années précédentes ont été achevés. Et les puits achevés ont atteint un niveau record au troisième trimestre 2024. À partir de ce moment-là (quatrième trimestre 2024), le fait qu'aucun nouveau puits achevé n'ait été ajouté à partir des anciens DUC signifie que le nombre total de puits achevés commence à diminuer.
La production permienne pourrait donc atteindre des sommets historiques entre fin 2024 et début 2025, soit un an avant les prévisions susmentionnées.
Le résultat pour Bakken et Eagle Ford est exactement le même, puisque presque tous les anciens DUC ont été achevés entre 2022 et 2024, comme le montre ce graphique OVI.
À partir de juillet 2024, les anciens DUC ne seront plus achevés et, par conséquent, le besoin d’équipement de fracturation ne sera plus aussi élevé, ce qui entraînera une diminution de leur utilisation.
Voyons ce qui s'est passé.
Le déclin des équipes de queue depuis la mi-2024 est évident. Ils utilisent aujourd'hui 60 équipes de moins que l'année dernière à la même époque.
Il n'y a pas de miracles. Peu importe les progrès réalisés en termes de vitesse de forage par puits et d’allongement des longueurs latérales, un tel déclin des plates-formes de fracturation implique une réduction du nombre de puits achevés et, avec le retard correspondant dans la mise en service de ces puits, une diminution de la production future aux États-Unis.
Étant donné que la forte baisse s’est produite au quatrième trimestre 2024, la production américaine devrait commencer à baisser au deuxième trimestre 2025, à un rythme de 90 000 b/j par trimestre (une baisse moyenne de 100 puits par trimestre pour une production initiale de 900 b/j).
La première donnée importante confirmant cette prédiction est la révision à la baisse de 100 000 b/j (il y a deux semaines) des estimations hebdomadaires de l'EIA.
https://www.eia.gov/dnav/pet/pet_sum_sndw_dcus_nus_w.htm.
Ce déclin peut être inversé en complétant davantage de puits, mais un examen des prix du pétrole indique que la rentabilité est irréaliste aux prix actuels, ce qui rend l’augmentation des forages très difficile.
Les prix se sont effondrés en avril 2025. Il ne semble pas que les forages se redressent à court terme, car le point mort est à 65 dollars le baril, selon la Fed de Dallas.
Conclusion.
Le nombre de puits achevés aux États-Unis a diminué à la fin de 2024. Ce fait nous assure d'un pic temporaire en 2025, en attente de confirmation. Compte tenu de l’épuisement rapide des puits de niveau 1, aggravé par les prix actuels (il est pratiquement certain que la grande majorité des puits actuellement forés sont de niveau 1, en raison des bas prix du pétrole), il est clair qu’il reste très peu de temps avant que les puits de niveau 2-3-4 ne doivent être forés, avec une productivité bien inférieure.
Si le pic débute en 2025, la disparition des puits les plus productifs (en raison de l’épuisement des gisements) garantit que le pic sera permanent.
Il existe toujours la possibilité de subventions massives pour aider à forer des puits moins productifs, mais les tensions avec le système du dollar pourraient empêcher que l'imprimante soit utilisée à mauvais escient pour sauver la chute de la production américaine.
Enfin, si le pic d’inflation aux États-Unis se confirme, rappelons que le reste du monde a déjà atteint son pic il y a des années, ce qui nous met dans des difficultés étonnantes, au milieu de l’éclatement de la bulle et de l’effondrement du modèle économique actuel.
J’espère qu’en reliant les points, les implications de la décision prise par l’administration Trump seront mieux comprises. Il ne s’agit pas de folie (même si le mouvement a un résultat final désastreux), mais plutôt d’une reconnaissance des limites atteintes, tant par le modèle économique que par l’épuisement des ressources. Ils anticipent simplement les difficultés que nous connaîtrons dans les années 2030.
Nous verrons bien...
Quark 20 04 25
(graphiques visibles via le lien)
https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2025/04/la-produccion-de-petroleo-de-eeuu-ha.html
Début 2020, le marché et surtout les producteurs américains de pétrole furent frappés par l'effondrement de la demande pétrolier grâce au Covid qui s'ajouta à la guerre des prix entre l'Arabie saoudite et la Russie...
Cette semaine le pétrole s'est à nouveau heurté à un double effet Kiss Cool : les tarifs douaniers du génie américain qui pourraient freiner les exportations de marchandises ainsi que la hausse de l'offre pétrolière voulue par l'Arabie Saoudite et l'OPEP+.
En moins de temps qu'il faut pour écrire "tarifs douaniers" à New York, le pétrole WTI est passé de $71 le 1er avril à 59,25 dollars le 10 avril. Au plus bas depuis avril 2021.
Flashback. En janvier 2020, le baril flirtait avec les $66. Pour l'époque, le prix était élevé.
Afin de reprendre des parts de marché au pétrole de schiste américain, l'OPEP+ avait décidé de noyer les marchés et faire chuter les prix. L'Arabie Saoudite n'avait pas anticipé l'arrivée du Covid et l'arrêt de l'économie mondiale,
Trois mois plus tard, le baril passait sous la barre des $20 à New York.
Retour à 2025, en février, l'Arabie Saoudite et l'OPEP+ ont décidé d'augmenter les quotas pétroliers. Depuis plus de 18 mois, l'OPEP+ avait freiner les extractions de 2 millions de barils par jour afin de maintenir les prix du baril entre 70 et 80$.
Le monde voit affluer de nouvelles quantités de brut sur des marchés déjà engorgés alors que la situation économique mondiale, surtout aux Etats-Unis et en Chine, vacille entre stagflation et récession.
Dans ce contexte, les tarifs à la Trump arrivent comme un Kiss Cool dans un verre de Coca-Cola.
Ainsi, l'industrie américaine du schiste craint que les temps à venir ne soient similaires à l'effondrement des prix du pétrole lié à la crise de la Covid de 2021.
Dans le plus grand gisement du monde, le Bassin Permien au Texas, USA, commence à montrer des signes de fatigue. Les meilleurs gisements de schiste s'épuisent et les compagnies s'attaquent au tiers 2, c’est-à-dire des gisements de deuxième catégorie, moins généreux en pétrole et plus chers à l'exploitation.
Le Drill baby Drill de Trump n'est qu'un slogan. Il devient improbable que les USA continuent d'extraire 13,5 millions de barils par jour.
Les grandes majors pétrolières comme ExxonMobil, BP, Shell vont voir leurs profits diminuer comme un glacier au soleil réchauffé par le CO2 émis par les pétroliers.
Est-ce que les pétroliers vont pouvoir continuer à extraire et générer des profits ? La question est sur la table.
Du côté de la Russie, la chute du Brent à Londres à $62 est une mauvaise nouvelle pour le budget militaire de l'Etat. Vladimir Poutine a annoncé une possible baisse de 9% des dépenses militaires dans les prochains mois. La fin de la guerre en Ukraine pourrait être une bénédiction pour le Kremlin. En tout cas le timing est bon.
Dans quelle direction se dirige le pétrole ?
On peut prendre un indicateur avancé comme la banque Goldman Sachs, la pieuvre. Elle pense que le prix du baril devrait remonter. Comme la banque est systématiquement fausse dans ses prévisions, les prix devraient descendre.
L'économie mondiale hésite à entrer en récession. Les regards se tournent vers les Etats-Unis actuellement géré par une incompétence redoutable capable de faire couler le monde entier. Si la récession arrive, le baril devrait encore chuter.
Du côté de la Chine, les signaux économiques ne sont pas meilleurs, mais Pékin peut compter sur le pétrole et le gaz-méthane Russe pour se relever. Xi Jinping est également un redoutable manager et le parti Communiste est en ordre de marche.
Finalement, la décision de l'OPEP+ de remonter les extractions et booster la demande pourrait être basée sur des signaux économiques forts. A moins qu'il s'agisse de faire couler, une fois pour toute, le schiste américain.
Les coulisses du pétrole sont intéressantes..
https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/petrole/prix-petrole/1423-dans-un-double-effet-kiss-cool-le-baril-de-petrole-passe-sous-les-60-dollars.html
Sixième anniversaire du pic pétrolier...
Novembre a marqué le 6ème anniversaire du pic pétrolier, établi au même mois de 2018 à 84,6 millions de barils de pétrole brut et de pétrole condensé par jour. Je l’avais prédit pour 2015 sur ce même blog, en me basant sur l’effondrement du prix du pétrole en 2014, mais j’ai sous-estimé la capacité d’extraire le pétrole non rentable au moyen de dettes. Ce qui est insoutenable finit par ne pas tenir, mais cela peut prendre beaucoup plus de temps que prévu.
L’effet des confinements et des restrictions pendant la pandémie de COVID sur la production pétrolière a masqué le pic pétrolier entre 2020 et 2023, mais la tendance de la figure 1 montre une baisse de 0,37 Mbd par an, soit un peu plus de 0,4% par an. Cette perte est petite et loin des falaises de Sénèque prévues par les plus pessimistes. Mais on voit clairement que les prévisions à deux ans de l’EIA sont toutes en train d’échouer par excès, ce qui est un symptôme clair baissier. Pour l’instant, rien dans les données ne permet de supposer qu’il s’agit d’un pic temporaire. En ce qui me concerne, le pic pétrolier a eu lieu et c’est ma position tant que les données ne montrent pas le contraire.
1. Pic ou pas de pic
Encore une fois, il semble que je reste dans une position extrêmement minoritaire, et pourtant je ne les cherche pas. Après le pic pétrolier, même ceux qui prétendaient qu’il allait se produire le renient. Art Berman a écrit un requiem pour le paradigme du pic pétrolier. Dans l’article, Art mélange le “Peak Oil” avec le mouvement formé par ceux qui soutenaient cette croyance, de ceux qui disent qu’ils avaient tort parce qu’ils n’ont jamais vu venir le pétrole de formations compactes extrait par fracking. Oui, comment le faire si personne ne l’a vu? Il s’agit d’un phénomène propre aux États-Unis, qui n’a pas été reproduit ailleurs et qui reste à voir. Berman soutient que le pétrole n’est pas seulement la géologie (et il a raison) et que les marchés ont changé (aussi). Mais rien de tout cela n’annule le pic pétrolier, qui ne repose pas sur l’épuisement des réserves mais sur la diminution de celles-ci.
Comme l’a dit Alexander von Humboldt, «nous nions d’abord le fait, puis son importance et enfin sa nouveauté». Le monde est déjà passé de la négation du pic pétrolier à dire qu’il s’agira d’un pic de demande. C’est que, comme la fable d’Ésope, ces raisins que nous n’atteindrons pas, nous ne les aimerons pas pour des verts. C’est une façon de minimiser.
Art Berman le dit aussi pour ensuite tromper ses lecteurs avec un chiffre qui semble démontrer que la production de pétrole ne diminue pas (figure 2). Le problème est que ce qui est pétrole diminue et Berman ajoute les prévisions pour les deux prochaines années au graphique comme s’il s’agissait de données. Comme nous l’avons vu dans la figure 1, les prévisions ne sont pas réalisées. En outre, Berman ajoute les liquides de gaz naturel (LGN, à ne pas confondre avec le gaz naturel liquéfié : GNL) qui ne sont pas du pétrole. Les hydrocarbures des LGN sont beaucoup plus légers que ceux du pétrole. Ils permettent de fabriquer des plastiques et certains types d’essence, mais pas le diesel ou les produits qui nécessitent des hydrocarbures plus complexes, allant jusqu’à l’asphalte.
Donc, la situation est que le pétrole diminue, même si les liquides augmentent. Cette situation, associée à l’augmentation des coûts liés à l’inflation, provoque la destruction de raffineries dans le monde entier et entraîne la fermeture de nombreuses raffineries. Non seulement le pétrole diminue, mais aussi la capacité de raffiner.
2. La demande est satisfaite
Il est évident que si le prix du pétrole n’explose pas, c’est que la demande est satisfaite et c’est une bonne nouvelle. Cependant, les raisons pour lesquelles la demande est couverte ne sont pas bien présentées à long terme:
Libération des stocks stratégiques.
Dans une décision sans précédent, en mars et avril 2022, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a décidé de procéder à deux libérations successives de 60 et 120 millions de barils des réserves stratégiques des pays membres, ce qui représentait 9% de ces réserves.
L’augmentation de la production des liquides du gaz naturel, due à l’augmentation de la consommation de gaz et à la réorientation de son commerce par la guerre. Ces LGN ne remplacent que partiellement le pétrole et la croissance de la demande de pétrole ne peut pas être basée sur eux à long terme.
L’utilisation croissante de liquides alternatifs, de biocarburants et de carburants synthétiques.
Les premiers sont en concurrence avec la production alimentaire, augmentant leur prix alors que la population est toujours en croissance. Les seconds sont sensiblement plus chers et sont adoptés par obligation normative.
Une croissance plus faible de la demande. La plupart des pays de l’OCDE réduisent leur consommation de pétrole, et la demande croissante provient essentiellement d’Asie. Cela s’accompagne du déclin économique de l’OCDE, qui se masque en gonflant la dette.
Il est intéressant de noter que la demande est satisfaite, car il est évident que le pétrole russe se trouve sur le marché. Comme le montre la figure 3, leur trafic a été redirigé vers l’Inde, la Chine, la Turquie et l’Égypte. Puisque le pétrole russe est vendu à prix réduit en raison des sanctions, c’est un autre exemple de l’aveuglement de l’Occident. L’économie russe est lésée, mais au prix de subventions à nos concurrents. Personne ne discute ni ne quantifie les dommages directs et indirects que leur participation à la guerre fait subir à l’Europe. Je m’étonne que cette participation soit si populaire alors qu’il est prouvé que la meilleure position dans les guerres est la neutralité. Grâce à elle, la Suisse est devenue le pays le plus prospère d’Europe. L’argument selon lequel Poutine attaquera ensuite un autre pays tombe à plat après que l’armée russe n’a pas réussi à vaincre un ennemi aussi faible que l’Ukraine.
3. Le pic de la demande pour nier l’importance
Après avoir nié pendant des décennies que le pic de pétrole allait se produire, les organismes officiels comme l’AIE parlent depuis un certain temps du pic de demande de pétrole, ignorant que le pic d’offre a déjà eu lieu. Pour éviter que la chose chante, ils font comme Berman et montrent sur les graphiques la consommation des liquides totaux, même s’ils parlent de pétrole. Selon eux, à la fin de la décennie ce pic sera atteint parce que la consommation va chuter. Ils citent comme raisons une plus grande efficacité dans les transports, l’augmentation des voitures électriques et le télétravail.
L’idée que nous allons vouloir moins de pétrole est absurde. Les régions qui connaissent la plus forte croissance économique, comme l’Asie, sont celles où la consommation de pétrole est la plus forte. C’est un combustible liquide, stockable, facile à manipuler et avec une densité énergétique très élevée. Il n’y a rien qui puisse le remplacer avec avantage.
La transition énergétique est une bêtise. Elle n’est pas en train de transitionner (figure 4). La consommation mondiale d’énergie continue d’augmenter chaque année, mais plus de 50 % de cette augmentation est due aux combustibles fossiles, ce qui indique que si l’on ajoute de l’énergie provenant de sources renouvelables, on en ajoute davantage à partir des combustibles fossiles. En 2024, 54 % de la nouvelle énergie provient des combustibles fossiles. D’année en année, nous dépendons de plus en plus de ces combustibles, pas moins.
Augmentation de l’énergie en 2024
Figure 4. En 2024, la consommation mondiale d’énergie a augmenté de 2,2 %. Les combustibles fossiles représentent 54 % de cette augmentation.
Comme le pétrole diminue et que les liquides totaux augmentent peu, la part de l’énergie totale provenant du pétrole diminue (figure 5). Toutefois, cette situation est compensée par l’augmentation du gaz et du charbon, de sorte que la part des combustibles fossiles dans le total de l’énergie primaire reste au niveau de 2000, avant que les énergies renouvelables ne soient mises en œuvre. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de transition, il y a addition.
Pas de transition, mais ajout
Figure 5. Pas de transition énergétique. Ajout d’énergie. La part de l’énergie fossile dans le total des combustibles fossiles est restée inchangée et, à mesure que la consommation mondiale d’énergie augmente, nous consommons davantage de combustibles fossiles et émettons plus de CO .
Les marchés semblent être du même avis que moi. Depuis 2021, l’indice S&P pour la transition vers les énergies propres a chuté, tandis que celui de l’énergie mondiale, qui inclut le charbon, le gaz et le pétrole, a été multiplié par quatre
Les énergies renouvelables diminuent, le gaz et le pétrole augmentent
Figure 6. Les actions des énergies renouvelables chutent, tandis que celles du gaz et du pétrole montent.
5. Que va-t-il se passer?
Les pays producteurs de pétrole augmentent leur consommation plus rapidement que les autres. Cela a eu pour conséquence que le pic des échanges de pétrole a eu lieu un an plus tôt, en 2017, et que le marché du pétrole se contracte plus rapidement que sa consommation globale. Les pays dont l’économie est plus faible (Sri Lanka, le Liban, Cuba) sont en train d’être expulsés de ce marché. La vie continue dans ces pays, mais l’économie et les infrastructures se détériorent en réduisant le niveau de vie. Leur capacité d’achat à l’étranger diminue, de sorte que le marché du commerce mondial devient plus petit. On le remarque peu, et les problèmes de ce type de pays sont attribués à d’autres causes, comme la corruption ou des politiques erronées.
Le pétrole remplit dans l’économie la fonction du sang dans le corps. Il transporte presque tout et permet l’existence de nombreuses industries de services, comme le tourisme. Même si l’augmentation d’autres liquides comme les LGN aident, la diminution du pétrole brut va se faire sentir comme une anémie dans l’économie. La croissance économique se ralentira de façon inégale entre les pays, jusqu’à la stagnation et aux crises économiques. Étant donné que l’économie repose depuis des décennies sur l’expansion de la dette, et que le manque de croissance est absolument toxique pour la dette, on peut s’attendre à de graves problèmes dans ce sens qui pourraient conduire à un renflouement de la dette par une crise monétaire provoquée. Les projets de passage à la monnaie numérique faciliteraient grandement cette remise en état, et il faut donc s’attendre à ce qu’ils soient réalisés dans quelques années.
La figure 7 montre que le développement social et l’utilisation de l’énergie sont étroitement liés. En substance, c’est l’énergie qui permet la civilisation et le progrès. Bien que l’on cherche à remplacer le pétrole par d’autres énergies, les énergies renouvelables ne se renouvellent pas et ne remplacent pas avantageusement le pétrole. Je suis convaincu que cette tentative de substitution est derrière la question climatique, qui préoccupe exclusivement un certain nombre de pays développés.
Le problème est que, comme nous l’avons vu, la transition énergétique ne fonctionnera pas. Il n’est pas possible de remplacer avantageusement une énergie à haute densité stockable par une énergie à faible densité non stockable. La régression de la civilisation industrielle est inévitable.
6. Quand cela va-t-il arriver?
Je ne suis pas très bon pour calculer les temps, parce que les choses tiennent toujours plus longtemps qu’il semble possible et puis se passent beaucoup plus vite que ce que l’on pourrait attendre. Cependant, ce blog a plus de 10 ans et quand je l’ai commencé, j’ai calculé que les choses allaient vraiment mal tourner au début des années 2030. Je ne vois aucune raison de changer cette prévision. La situation commence à se détériorer et la coopération internationale diminue. Au fur et à mesure que les pays sont confrontés à des problèmes économiques et sociaux, des politiques de transfert de l’appauvrissement vers le voisin (beggar thy neighbour) apparaissent. Ils consistent généralement dans l’application de droits de douane et la manipulation de monnaie. Cela vous dit quelque chose?
Un danger encore plus grand est celui de la belligérance. Les hommes politiques peuvent être tentés d’affronter des problèmes qu’ils ne peuvent résoudre par la guerre. Macron, von der Leyen et Starmer sont en train de développer un langage d’avant-guerre et exigent que tout le monde se réarme fortement.
On nous dit que la Russie pourrait attaquer l’OTAN avant 2030 et que la population devrait acquérir des kits pour se préparer à un conflit. Mais examinons la situation. La Russie est complètement bloquée dans son offensive contre l’Ukraine, un pays terriblement inférieur. Après trois ans de guerre, l’avancée russe est si lente et coûteuse que cela pourrait être une autre guerre de cent ans. Quelle idée de la Russie d’attaquer, après un tel choc, rien de moins que l’OTAN, 500 fois plus puissante que l’Ukraine. L’une des raisons pour lesquelles Poutine a envahi l’Ukraine quand il l’a fait, c’est qu’on ne lui avait pas donné la garantie qu’il n’entrerait pas dans l’OTAN, bien au contraire.
Mettons-nous maintenant dans la situation des Russes, incapables de vaincre clairement les Ukrainiens et ayant subi d’énormes pertes, sans absolument aucune intention de s’engager dans une autre guerre beaucoup plus incertaine. Et soudain ils voient que l’Europe adopte un langage terriblement belliqueux et augmente ses dépenses en armement. Il parle ouvertement d’envoyer des troupes en Ukraine, ce qui pourrait créer un casus belli si les soldats de l’OTAN étaient tués. Si j’étais russe, je penserais que l’Europe se prépare à m’attaquer. Surtout quand c’est déjà arrivé en 1812 et en 1941.
L’Europe manque des ressources stratégiques et énergétiques que la Russie possède en abondance. Il n’est pas hors de question qu’il essaie de les obtenir. Peut-être l’Europe considère-t-elle que l’armement nucléaire russe peut être neutralisé et qu’elle peut profiter de l’infériorité patente de l’armée russe. En un laps de temps extrêmement court, la situation géopolitique s’est considérablement détériorée. La menace russe ressemble plus à une excuse qu’à autre chose. C’est du moins mon opinion, parce que je ne la trouve pas crédible. Je suis inquiet tellement de dépenses en armement, parce que si elle n’est pas utilisée c’est jeter l’argent et si elle est utilisée est beaucoup pire.
En outre, la politique européenne à l’égard de la Russie a réussi à la pousser dans une relation toujours plus étroite avec la Chine. Et la Chine a également besoin des ressources énergétiques de la Russie. Nous ne pouvons pas savoir quelle serait la réaction de la Chine si l’Europe tentait de contrôler les ressources de la Russie par la force, mais je doute qu’elle accepterait cela.
7. D’autres pics soutiennent l’interprétation
Ne pensez-vous pas que le pic pétrolier a eu lieu ou qu’il s’agit d’un événement extrêmement grave? Souvent, les événements peuvent avoir plus d’une explication. Nous avons alors tendance à choisir celle qui nous semble la meilleure. Il y a certainement toujours des facteurs qui affectent, comme la crise financière, ou la pandémie, ou la perturbation de la chaîne d’approvisionnement mondiale, ou la guerre en Ukraine, ou l’inflation, ou Trump.
Mais le passé a également été affecté par d’autres facteurs et ils n’ont pas empêché l’économie mondiale, la consommation d’énergie et la civilisation de continuer à se développer. La meilleure preuve que nous avons atteint le sommet est les nombreux pics observés depuis la fin de la dernière décennie, qui illustrent un panorama précédant la contraction.
En plus du pic de pétrole en 2018 et du commerce de pétrole en 2017, on observe un pic de mondialisation en 2018 (figure 8), le pic de voitures en 2018 (figure 9), le pic d’enfants de moins de 5 ans en 2017, et de moins de 15 ans en 2021 (figure 10).
L’impact de la démographie sur l’économie est très grand, et un monde avec une population vieillissante est voué à une contraction économique. Le taux de croissance du PIB mondial est en baisse depuis le début des années 70 (figure 11), et la Banque mondiale estime qu’il n’est pas suffisant pour favoriser un développement économique soutenu.
Si vous n’êtes toujours pas d’accord, vous pouvez l’exprimer dans les commentaires, mais seul le temps confirmera ou non ce raisonnement...
Le plus grand gisement de pétrole de schiste du monde commence à cracher de l'eau et du gaz au lieu du pétrole...
L'industrie s'inquiète : chaque goutte de pétrole contient davantage d'eau et de gaz.
Chaque puits de forage produit quatre barils d'eau pour un baril de pétrole.
La maturation du réservoir commence à faire douter de la rentabilité future.
Imaginez un slushy avec seulement un peu de glace au fond et peu de substance restante, chaque fois que nous l'aspirons avec une paille, nous obtenons plus d'eau et moins de saveur... et nous nous souvenons avec tristesse de ce qui, au début (il y a quelques minutes), était une véritable explosion de saveur dans nos bouches. C'est tout simplement ce qui arrive au bassin permien aux États-Unis, le plus grand gisement de pétrole de schiste au monde. Ce grand gisement commence à souffrir de l'épuisement de ses meilleures réserves de brut.
Tout le monde savait que ce moment arriverait, mais on ne savait pas quand. Certains experts avaient déjà prédit que le début de la fin du bassin permien était proche, une prédiction critiquée par l'industrie pétrolière. Cependant, il apparaît de plus en plus clairement que ce grand gisement pétrolier américain a de plus en plus de mal à continuer à augmenter sa production de pétrole : la géologie semble avoir atteint ses limites.
Les producteurs de pétrole américains sont confrontés à des contraintes géologiques croissantes pour maintenir la croissance de la production, car le principal champ pétrolifère du pays vieillit et produit plus d'eau et de gaz, et moins de pétrole, ce qui indique qu'il est peut-être sur le point d'atteindre son pic de production.
Comme elEconomista.es l'a déjà signalé, bien que les perspectives à court terme restent positives pour l'industrie pétrolière américaine, un nuage très sombre se profile à l'horizon : le pétrole provenant de la plus grande « source de brut » des États-Unis devient plus léger. Bien qu'il n'y paraisse pas à première vue, cela pourrait constituer un grave problème. Le brut extrait du West Texas Midland devient de plus en plus léger, ce qui pourrait le rendre de moins en moins intéressant pour de nombreuses raffineries (disons qu'il s'agit d'un type de pétrole qui devient de plus en plus aqueux et de moins en moins dense).
Le bassin permien a été au cœur de la révolution du schiste qui a débuté il y a près de vingt ans et qui a propulsé les États-Unis au rang de premier producteur mondial de pétrole, prenant des parts de marché à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et à d'autres grands producteurs.
Le fait est que le bassin permien est une merveille géologique qui a permis aux États-Unis de plus que doubler leur production de pétrole en dix ans. Ce grand champ de pétrole de schiste produit plus de 6 millions de barils par jour et devrait atteindre 6,78 millions de barils par jour cette année, un chiffre spectaculaire qui pourrait être éclipsé par les coûts croissants de l'épuisement des puits.
Le ralentissement de la croissance de la production et la hausse des coûts empêcheraient les producteurs de pétrole de pomper davantage et de faire baisser les prix du pétrole pour les consommateurs, comme l'a prédit le président américain Donald Trump dans son mantra « drill, drill, drill ».
Le bassin permien pompe actuellement 6,5 millions de barils par jour (bpj), un niveau record et près de la moitié du record historique de 13,5 millions de bpj de brut que les États-Unis ont produit en décembre. Mais le bassin permien est en perte de vitesse. Depuis l'introduction généralisée de la fracturation hydraulique, la technique qui a déclenché la révolution du schiste au milieu des années 2000, des milliers de puits ont été forés dans le bassin Permien et ont fracturé la roche pour en extraire du pétrole et du gaz.
Les forages incessants visant à atteindre une production record ont épuisé le cœur des deux plus grands sous-bassins permiens : près des deux tiers du cœur de la formation Midland ont été forés, et un peu plus de la moitié de la formation Delaware, selon les données de l'entreprise de logiciels analytiques Novi Labs, auxquelles Reuters a eu accès. « Nous n'avons jamais été dans la seconde moitié de l'inventaire d'un bassin en plein essor », déclare Brandon Myers, responsable de la recherche chez Novi Labs.
Le pétrole américain tire la sonnette d'alarme
Cette situation a tiré la sonnette d'alarme dans l'ensemble du secteur, car le forage en marge des bassins, dans des gisements de moindre qualité, se traduit par une diminution de la production de pétrole et une augmentation de la production d'eau et de gaz. Lors des conférences et des présentations de résultats, les analystes et les dirigeants discutent de ce problème avec une urgence croissante.
« Nous pensons qu'entre 2027 et 2030, les États-Unis atteindront probablement un pic de production, avec un certain déclin par la suite », a déclaré Vicki Hollub, directrice générale d'Occidental, au début du mois, lors d'une conférence du secteur à Houston. Il semble que la fracturation et l'industrie pétrolière américaine ne puissent plus faire grand-chose pour continuer à étirer la gomme de ce grand bassin.
Harold Hamm, fondateur du producteur de schiste Continental Resources et figure clé du boom du schiste aux États-Unis, partage cet avis. Lors de la même conférence, il a déclaré que la production pétrolière américaine commençait déjà à se stabiliser. Pour l'instant, la production continue d'augmenter.
Les dirigeants de l'industrie du schiste s'attendent à ce que la croissance de la production de pétrole du bassin permien ralentisse d'environ 25 % cette année, pour se situer entre 250 000 et 300 000 barils par jour (bpj). Selon Reuters, le gouvernement estime que la croissance sera plus forte, de l'ordre de 350 000 bpj, mais même cela représenterait la plus faible augmentation de la production de pétrole du bassin depuis la pandémie de covid.
Le pétrole s'épuise-t-il ?
Les producteurs sont confrontés à des niveaux croissants d'eau et de gaz par baril produit, ce qui ralentit la croissance et fait grimper les coûts. Au cours de la dernière décennie, la production de gaz dans le bassin permien a été multipliée par huit, tandis que la production de pétrole brut a été multipliée par six, selon une analyse de l'administration américaine de l'information sur l'énergie. Le ratio gaz/pétrole (GOR) a régulièrement augmenté, passant d'environ 3 100 pieds cubes de gaz naturel par baril de pétrole produit (cf/b), soit 34 % de la production totale en 2014, à 4 000 cf/b, soit 40 %, en 2024, selon l'EIA.
L'EIA classe les puits dont le RAB est supérieur à 6 000 pc/b dans la catégorie des puits de gaz, et non dans celle des puits de pétrole. Les compagnies énergétiques commercialisent le gaz. Mais cela augmente les coûts : elles doivent le traiter et construire ou louer des gazoducs pour le transporter. La géologie du bassin permien ajoute une autre couche de complexité : le forage dans ce bassin produit en moyenne quatre barils d'eau pour chaque baril de pétrole, alors que dans d'autres bassins, le rapport est plus proche de un pour un, selon les données de la société d'analyse de l'eau dans les champs pétrolifères B3 Insight.
Le rapport pétrole/eau peut atteindre douze pour un dans les puits forés dans les zones périphériques d'un champ pétrolifère, a déclaré Christine Guerrero, ingénieure pétrolière expérimentée et conseillère stratégique auprès du gestionnaire d'actifs Octane Investments.
« Le bassin permien est principalement axé sur les activités liées à l'eau et au gaz, le pétrole étant un produit secondaire », a déclaré Chris Doyle, directeur général de Civitas Resources, l'un des nouveaux acteurs du bassin permien, lors de la conférence sur les résultats du quatrième trimestre organisée par la société en février.
Extraction et pompage de l'eau
Les producteurs extraient l'eau en la pompant dans le sol, mais ces dernières années, les autorités de régulation se sont montrées plus sévères à l'égard de la réinjection en raison de son lien avec l'augmentation de l'activité sismique. Ce problème n'a pas encore obligé les producteurs à abandonner leurs plans de forage, mais il finira par augmenter les coûts, a déclaré Shannon Flowers, directrice du marketing du pétrole et de l'eau pour le producteur Coterra Energy.
« Le nombre d'endroits où l'on peut forer, injecter et fracturer est limité et, à mesure qu'il diminue, il faut toujours trouver une destination pour le reste de l'eau produite », explique-t-il. Avec un rapport eau/pétrole de quatre pour un, cela se traduit par des coûts d'élimination de l'eau d'environ 2 dollars pour chaque baril de pétrole produit dans le bassin. Avec un rapport de 12 pour 1, le coût serait de près de 8 dollars par baril.
Selon la Réserve fédérale de Dallas, le prix d'équilibre pour forer un nouveau puits dans le bassin permien était en moyenne de 65 dollars le baril en 2024, soit une augmentation de 4 dollars par an. Le prix d'équilibre le moins souhaitable par superficie pourrait atteindre 96 dollars, selon Novi Labs, soit environ 26 dollars de plus que le prix d'équilibre par baril. Cela rendrait la rentabilité de la région très difficile, mais il s'agit là d'un scénario catastrophe, qui semble encore lointain.
Le bassin permien a produit plus que ce que l'on aurait pu imaginer lorsque le premier puits a été foré il y a plus d'un siècle. La production conventionnelle a atteint son apogée dans les années 1970, soit près de 30 ans avant la résurgence du schiste. Bien que les producteurs soient confrontés à une production de gaz et d'eau plus importante, le volume de pétrole qu'ils peuvent extraire justifie la production, a déclaré Clint Barnette, directeur de la géologie chez Indigo Energy Advisors, une unité de la société de conseil Efficient Markets.
« C'est ainsi que le bassin du Delaware reste rentable, même si ces puits produisent six à sept fois plus d'eau que de pétrole », explique-t-il, en référence au deuxième plus grand sous-bassin du Permien. Des producteurs tels que Chevron et Coterra recyclent l'eau qu'ils produisent pour la fracturation hydraulique à l'avenir, ce qui permet de réduire les coûts de transport et autres coûts d'élimination.
À la mi-mars, l'Agence de protection de l'environnement (EPA) a annoncé qu'elle chercherait des moyens de faciliter le recyclage de l'eau produite pour refroidir les centres de données d'intelligence artificielle, l'irrigation, la lutte contre les incendies et d'autres besoins. « Je ne parierais jamais contre le bassin permien », déclare M. Barnette.
Harold Hamm tire la sonnette d'alarme : la faiblesse des prix du pétrole pourrait entraîner la fermeture du secteur du schiste américain...
Harold Hamm, le géant du schiste, ne mâche pas ses mots : si les prix du pétrole restent aussi bas, le forage dans certains des gisements de schiste les plus prisés des États-Unis pourrait être interrompu. S'exprimant lors de la CERAWeek à Houston, le fondateur de Continental Resources a averti qu'avec un pétrole avoisinant les 65 dollars le baril, de nombreux gisements américains sont déjà sur des bases fragiles. « Quand on tombe en dessous du coût de l'offre, on ne peut plus "forer, ma belle, forer" », a déclaré Hamm à Bloomberg. « Cela vous paralyse. »
Ce n'est pas exactement la célébration bruyante que les dirigeants du secteur pétrolier avaient en tête lorsqu'ils se sont réunis à Houston sous la bannière du programme de domination énergétique du second mandat de Trump.
Certes, les dirigeants de l'industrie ont rapidement salué le recul des politiques climatiques de l'ère Biden. Mais la position commerciale agressive du président Trump inquiète certains acteurs du secteur. Sa dernière guerre tarifaire avec le Canada a exercé une pression à la baisse sur les prix du pétrole brut – un scénario que le président Trump a qualifié de « nouvelle phénoménale ».
Et c'est le cas pour certains. L'ambiance au sein de l'industrie pétrolière, cependant, est presque à la fête.
Il n'y a pas que Hamm. Le PDG de ConocoPhillips, Ryan Lance, a averti que les pressions inflationnistes revenaient dans le système, tandis que les investisseurs s'inquiétaient de l'impact que les politiques commerciales intermittentes de Trump pourraient avoir sur les marchés de l'énergie.
Larry Fink, de BlackRock, l'a dit sans détour : « La seule façon de surmonter cette situation, ce n'est pas de réduire les dépenses, car cela détruirait l'économie. Nous devons la faire croître. »
Pendant ce temps, les États-Unis demeurent le premier producteur mondial de pétrole. Mais les dirigeants du secteur suggèrent qu'il existe des limites. Vicki Hollub, PDG d'Occidental Petroleum, a prédit que la production américaine de brut atteindrait probablement un pic entre 2027 et 2030 avant d'entamer un lent déclin.
Pour l'instant, la faiblesse des prix du pétrole est une bonne chose pour les consommateurs. Elle l'est moins pour les entreprises qui l'exploitent :
Harold Hamm affirme que le schiste doit être à 80 $ pour couvrir les coûts.
Si les prix restent bas, malgré l'assouplissement réglementaire, l'essor du pétrole de schiste pourrait bien atteindre son paroxysme.
https://oilprice.com/Latest-Energy-News/World-News/Harold-Hamm-Sounds-the-Alarm-Low-Oil-Prices-Could-Shut-Down-US-Shale.html
Il semble que le schiste atteigne son apogée.
Quelqu'un a vu le Plan B traîner ?
Julianne Geiger – 14 mars 2025
Le pétrole se trouve dans une grande incertitude...l'U.S. Energy Information Administration (EIA), connue pour soutenir les hydrocarbures, alerte sur l’arrivée à un plateau pour l’extraction du pétrole et du gaz de schiste américains d’ici à 2026. Si les USA, le plus grand producteur mondial de pétrole devait réduire sa production pour des raisons géologiques, l’OPEP+ devrait combler ce déficit pour éviter une explosion des prix..
Drill Baby Drill, l'impérialisme de Trump et l'effondrement de la domination énergétique américaine...
L'ère de la domination énergétique américaine touche à sa fin. Et les efforts de la Trumpocratie 2.0 pour la raviver par son hubris impérial accéléreront le déclin - parce que les faits alternatifs ne peuvent pas l'emporter sur la réalité biophysique.
L'une des premières choses que Donald Trump a faites après son entrée en fonction pour son second mandat a été de promettre de « libérer » les forages pétroliers et gaziers, soi-disant pour faire baisser les coûts et garantir l'indépendance énergétique des États-Unis.
Le 4 mars, la Maison-Blanche a publié une note intitulée « Le président Trump libère l'énergie américaine », décrivant la série de mesures prises à ce jour, notamment la création du Conseil national pour la domination de l'énergie afin de « maximiser l'utilisation des vastes ressources énergétiques de l'Amérique », l'ouverture des ressources pétrolières et gazières en Alaska et la relance des forages offshore sur les côtes américaines, qui sont néfastes pour l'environnement. Simultanément, le gouvernement américain a suspendu l'octroi de permis fédéraux pour des centaines de grands projets solaires et éoliens dans tout le pays.
Le prétexte invoqué est que l'énergie propre et le « net zéro » sont ce que la Maison Blanche appelle la « nouvelle escroquerie verte », qui vole « notre pays », sape les « consommateurs américains », « tue » les emplois américains, et bien plus encore.
En réalité, la Trumpocratie 2.0 mène une guerre pour soutenir une industrie des combustibles fossiles moribonde dont l'heure est venue. Le pays tout entier et la planète doivent être sacrifiés pour protéger les profits des majors américaines du pétrole et du gaz, malgré le fait que l'industrie offre des rendements énergétiques décroissants.
L'obsession de Trump pour les combustibles fossiles s'inscrit dans une nouvelle stratégie d'expansion impérialiste à peine dissimulée. Le plan de Trump pour l'Ukraine est un projet de conquête totale des ressources minérales du pays, y compris potentiellement des combustibles fossiles ; le plan de Trump pour Gaza est un projet de colonisation de facto fondé sur le développement immobilier, mais qui inclut également les ressources gazières inexploitées de la mer de Gaza ; Trump a redoublé d'efforts pour annexer le Canada, avec ses propres ressources minérales et fossiles massives, en tant que « 51e État » ; Trump veut prendre le contrôle du Groenland, qui possède d'importantes ressources en combustibles fossiles ; Trump veut « reprendre » le contrôle du canal de Panama, un point de transit majeur pour les combustibles fossiles ; Trump veut forer comme un fou en Alaska, qui possède des réserves considérables de combustibles fossiles.
Beaucoup d'observateurs s'interrogent sur le réalisme de ces annonces délirantes. Certes, elles ne sont pas « réalistes » au sens de plans viables qui fonctionneraient réellement. Mais il serait erroné de penser que cela signifie qu'ils ne sont pas mortellement sérieux. En fait, ces plans prennent tout leur sens dans le contexte d'une crise systémique imminente à laquelle est confrontée l'industrie américaine des combustibles fossiles.
Le ralentissement en cours des combustibles fossiles aux États-Unis
Deux semaines avant l'entrée en fonction de Trump en 2025, le conglomérat bancaire multinational britannique Standard Chartered a publié son sombre diagnostic sur le sort à court terme de la production pétrolière américaine.
Le « ralentissement spectaculaire de la croissance de la production pétrolière américaine que nous avons observé en 2024 se poursuivra au cours des deux prochaines années », ont prédit les analystes de la banque spécialisés dans les matières premières :
Selon les experts, l'année dernière a été marquée par un fort ralentissement de la croissance de l'offre hors OPEP+, qui est passée de 2,46 mb/j en 2023 à 0,79 mb/j en 2024, principalement en raison d'une réduction de la croissance totale des liquides aux États-Unis, qui est passée de 1,605 mb/j en 2023 à 734 kb/j en 2024. StanChart s'attend à ce que cette tendance se poursuive, la croissance des liquides américains ne devant atteindre que 367 kb/j en 2025 avant de ralentir à 151 kb/j en 2026.
Ces dernières années, un nombre croissant d'experts de l'industrie pétrolière et d'observateurs financiers classiques - dont le Wall Street Journal et Forbes - ont reconnu que la production américaine de pétrole et de gaz de schiste semblait s'approcher d'un pic dans les années à venir. Malgré des désaccords considérables entre les experts, on commence à se rendre compte que la révolution du schiste américain ralentit - et avec elle, les perspectives de poursuite de l'expansion énergétique américaine.
De 2019 à 2021 environ, les analyses varient considérablement quant à la trajectoire du schiste. Certaines, y compris les prévisions gouvernementales, tablaient avec confiance sur une augmentation de la production jusque dans les années 2030, tandis qu'une poignée d'anticonformistes affirmaient qu'un pic était imminent au milieu des années 2020. Il en est résulté un discours mitigé : optimisme dans les cercles officiels, scepticisme chez quelques analystes conscients des limites physiques du schiste.
Aujourd'hui, la majorité des experts admettent que les réalités géologiques et économiques sont en train de les rattraper. En 2022-23, même des vétérans de l'industrie pétrolière comme Scott Sheffield de Pioneer et Vicki Hollub d'Occidental mettaient publiquement en garde contre l'imminence de pics de production.
Le bassin permien atteindra son apogée d'ici 5 à 6 ans, a prévenu M. Sheffield. « Il va commencer à s'effondrer et c'est à ce moment-là que les États-Unis risquent de perdre leur indépendance énergétique », a déclaré M. Hollub. « Cela pourrait se produire dans les cinq prochaines années, lorsque nous commencerons à voir ce plateau se produire. Selon les données de Conoco Phillips, les estimations des stocks de forage suggèrent que le cœur du Permien pourrait être pratiquement épuisé d'ici dix ans.
Il est remarquable que ces chiffres proviennent de sources industrielles - il ne s'agit pas de prédictions catastrophistes lointaines, mais d'estimations internes de l'industrie qui reconnaissent que la piste se referme rapidement.
La production pétrolière américaine a, à toutes fins utiles, stagné depuis 2021. Entre 2021 et 23, la croissance annuelle moyenne du pétrole américain n'a été que de 0,5 million de barils par jour (bpj). Même si la production a augmenté, le taux de croissance est clairement en train de décélérer.
En 2025, les dirigeants d'une grande conférence de l'industrie prévoient que la production du Permien n'augmentera que de 0,25 à 0,30 million de bpj en 2025, contre une augmentation de 0,38 million de bpj l'année précédente. Même si les schistes américains continuent d'être extraits à des niveaux plus élevés au cours de la prochaine décennie, le fait que le taux de croissance se ralentisse dans une seule direction, celle du déclin final, ne fait plus aucun doute. Les schistes américains ne sont plus en hypercroissance et de nombreux indicateurs (stagnation de la production hors Permien, ralentissement des gains dans le Permien, baisse de la productivité des puits) indiquent l'imminence d'un plateau.
Les fondamentaux révèlent que le schiste est en train de dérailler
Les puits de schiste produisent de moins en moins de pétrole par puits au fil du temps, car les exploitants épuisent les « zones idéales ». Les analystes notent que les énormes gains de productivité enregistrés au début ont été dus en grande partie à l'exploitation des meilleures roches en premier lieu, plutôt qu'à des améliorations techniques illimitées.
Les producteurs de schiste ne sont plus des « perturbateurs ». Ils agissent désormais comme des opérateurs historiques, en se concentrant sur le contrôle des coûts, l'augmentation des marges bénéficiaires et le retour du capital aux actionnaires - au détriment de la croissance continue des forages et de la production.
Il en résulte des programmes de forage chroniquement sous-investis : « Forer, bébé, forer, ce n'est pas possible », comme l'a dit succinctement un dirigeant pétrolier au début de l'année 2025. Même lorsque les prix du pétrole ont grimpé en 2022, les producteurs américains n'ont augmenté leur production que modestement, choisissant d'augmenter les dividendes et les rachats d'actions au lieu d'investir dans de nouveaux puits.
Même si la technologie s'est améliorée, l'inflation des coûts des champs pétroliers a fait grimper les prix des tuyaux en acier, de la main-d'œuvre, du sable de fracturation et de l'équipement. En 2021-2022, par exemple, les exploitants de schistes bitumineux ont dû faire face à des augmentations de 10 à 20 % des coûts de forage et de complétion. Les enquêtes sur l'énergie menées par la Réserve fédérale de Dallas en 2021 ont montré que les indices de coûts étaient les plus élevés depuis des années. Il s'agit d'une tendance à long terme : le coût cumulé des services pétroliers aux États-Unis a considérablement augmenté entre 2000 et 2024, en raison de la volatilité des marchés pétroliers et de l'activité du secteur. Cela a érodé les marges bénéficiaires et augmenté le prix du pétrole nécessaire pour justifier de nouveaux projets.
C'est en partie la raison pour laquelle le nombre d'appareils de forage et d'équipes de fracturation est en baisse depuis le début de 2023. À la mi-2024, le nombre d'appareils de forage aux États-Unis avait chuté d'environ 15 % par rapport à son niveau record de l'après-Covid, alors même que la production augmentait - un signe clair que les producteurs freinent les nouveaux forages. Moins d'appareils de forage et de fracturation aujourd'hui signifient moins de pétrole demain sans investissements supplémentaires - et ces investissements diminuent à mesure que les forages deviennent plus coûteux et moins productifs.
Les améliorations technologiques se poursuivront, mais les gains qui en résulteront seront de moins en moins rentables. Ce phénomène est déjà visible. Les innovations les plus importantes qui ont ouvert la voie aux schistes ont déjà été déployées. À la fin des années 2010, la qualité de l'emplacement était le principal facteur de production des puits, et non la technique de forage.
Cela ne veut pas dire que l'innovation technologique ne peut pas permettre au spectacle de se poursuivre encore un peu, mais c'est une arme à double tranchant. Les nouvelles techniques agressives qui maximisent la production à court terme (comme les conceptions extrêmes de fracturation) peuvent augmenter la production au détriment de l'assèchement des régions, ce qui accélère le déclin de l'ensemble du champ. Si l'on peut s'attendre à ce que les améliorations continues de la technologie prolongent la production pendant quelques années, elles ne peuvent pas abroger les lois de la physique dans le réservoir. Aucune nouvelle avancée technologique majeure ne se profile à l'horizon. En l'absence d'une telle avancée révolutionnaire, la technologie ralentira probablement le déclin, mais ne pourra pas l'empêcher.
Cela signifie que Trump ne sera pas en mesure d'augmenter de manière significative la production de schiste aux États-Unis. Cela signifie également que ses efforts pour maximiser la production de combustibles fossiles sont poursuivis en reconnaissance d'un fait brutal : l'industrie approche d'un point d'inflexion. Et ils ont besoin d'une intervention massive de l'État et de subventions pour que le spectacle continue, que les profits soient au rendez-vous et que les entreprises soient solvables.
La conquête d'endroits éloignés comme l'Alaska ne résoudra pas ce problème. L'Alaska, par exemple, n'est pas proche du cycle de production de schiste et nécessiterait des années de développement. Il n'y a aucune garantie qu'il puisse compenser de manière significative le plateau à venir des schistes américains. Le gaz naturel américain peut-il servir de carburant de transition dans ce contexte ? Avec le déclin du pétrole de schiste, les espoirs d'exportation du gaz américain seront anéantis par l'augmentation de la demande intérieure, ce qui sera difficile étant donné que le gaz de schiste semble également en déclin.
Le problème le plus grave : l'hémorragie des rendements de l'énergie fossile
La crise énergétique qui menace l'Amérique s'explique par le fait que le rendement énergétique des combustibles fossiles diminue depuis 75 ans, voire plus. Il existe aujourd'hui une littérature scientifique assez solide sur le concept de retour sur investissement énergétique (EROI), qui mesure la quantité d'énergie consommée pour extraire de l'énergie d'une ressource donnée.
Un ajout fascinant à ce corpus a été publié en décembre 2024 sous la forme d'une thèse de maîtrise intitulée The Rise of Inefficient Energy- Are Gross Estimates of Fossil Fuel Production Hiding Declining Net Energy in Society, par Kai Ferragallo-Hawkins du Programme on Contemporary Societies de l'université d'Helsinki.
Ferragallo-Hawkins rassemble des tonnes de données, mais sa conclusion la plus cruciale est assez simple : la production de combustibles fossiles peut continuer à augmenter, mais cette augmentation dissimule un déclin cannibale de l'énergie nette, dont les coûts sont de plus en plus supportés par la société et l'économie au sens large.
Il montre que c'est exactement ce qui semble déjà se produire dans l'économie mondiale, et que c'est ce qui définira de plus en plus un avenir de dépendance continue à l'égard des combustibles fossiles. L'EROI du pétrole (souvent mesuré avec celui du gaz) a chuté de façon spectaculaire au cours du siècle dernier. Au début du 20e siècle, l'extraction du pétrole conventionnel donnait des EROI très élevés (de l'ordre de plusieurs dizaines pour un, avec des estimations pour le pétrole et le gaz américains de l'ordre de 100 pour un dans les années 1930). Ces chiffres sont tombés à deux chiffres au cours des dernières décennies - par exemple, une analyse indique que l'EROI du pétrole et du gaz aux États-Unis est tombé à environ 11:1 au milieu des années 2000. Dans l'ensemble, les données montrent une nette diminution de l'EROI du pétrole et du gaz au fil du temps, ce qui signifie qu'il faut aujourd'hui investir beaucoup plus d'énergie pour produire la même quantité de carburant qu'il y a quelques dizaines d'années.
En utilisant un modèle de l'offre combiné à une fonction EROI empirique étayée par les travaux de Victor Court et Florian Fizaine, la thèse prévoit que l'EROI du pétrole continuera à baisser, passant d'environ 10:1 aujourd'hui à environ 4:1 d'ici la fin des années 2060, et à environ 2:1 (la moitié de la production consommée dans la production) vers la fin du siècle.
L'EROI du charbon diminue encore plus rapidement dans le scénario « de base » de ce modèle, tombant à 10:1 dès les années 2030 et à environ 4:1 dans les années 2060, pour atteindre un ratio énergétique net tout aussi désastreux de 2:1 dans les années 2090-2100.
Le gaz naturel est le dernier combustible en lice, plafonnant à environ 10:1 jusqu'aux années 2070 avant de décliner plus lentement et d'atteindre 4:1 au 22e siècle.
Globalement, la tendance à long terme est celle d'un déclin inexorable de l'EROI : tous les combustibles fossiles se dirigent vers une valeur inférieure à 10 % au cours des 50 à 100 prochaines années. Cela signifie, selon la thèse, que l'écart entre l'énergie brute produite et l'énergie nette disponible pour la société continuera à se creuser régulièrement à l'avenir.
Le modèle génère deux courbes : l'une est une trajectoire de production brute. L'autre est une trajectoire d'énergie nette correspondante qui soustrait le coût énergétique de l'obtention de l'énergie par l'extraction, le raffinage et le transport. En comparant ces deux courbes, la thèse met en évidence le fossé caché qui apparaît lorsque la qualité de l'énergie diminue. L'écart se creuse de manière exponentielle à mesure que l'EROI diminue, avec un schéma cohérent : la part de l'énergie brute qui doit être réinvestie dans la production double grosso modo tous les quarts de siècle.
Cela a des implications très importantes. Les données de l'industrie pétrolière ne tiennent compte que de la production brute, mais pas de l'énergie nette. Lorsque l'on tient compte de cette dernière, les pics d'énergie utilisable surviennent plus tôt et les baisses sont plus marquées. Les sociétés verront leur disponibilité énergétique nette stagner ou diminuer des décennies plus tôt que les pics de production brute.
Le début de la fin
Un scénario simplifié de la thèse montre comment la production nette de combustibles liquides aux États-Unis pourrait stagner dans les années 2030 et commencer à décliner dans les années 2040, même si la production brute officielle continue d'augmenter - uniquement en raison de la baisse du rendement énergétique de l'énergie (EROI). Cela souligne le risque que des prévisions de production optimistes surestiment l'offre réelle d'énergie nette en ignorant systématiquement la baisse d'efficacité de l'extraction d'énergie. La thèse quantifie cet écart et conclut que le fossé se creusera entre l'énergie produite et l'énergie disponible pour l'utilisation.
Étant donné que les innovations technologiques qui ont permis d'utiliser les combustibles fossiles et d'atteindre des niveaux élevés d'EROI nous ont permis de réduire le rôle de la terre, du capital et du travail dans la production d'énergie au fil du temps, à mesure que l'EROI diminuera, cette tendance s'inversera : il faudra absorber davantage de travailleurs, d'argent et d'infrastructures simplement pour continuer à soutenir la production d'énergie. De même, à mesure que l'EROI diminuera, pour maintenir la production d'énergie, il faudra davantage d'énergie pour continuer à produire des combustibles fossiles, ce qui réduira la disponibilité de l'énergie pour la société, l'économie et d'autres services publics. En d'autres termes, il en résultera un effet de cannibalisation, la survie même du système énergétique à base de combustibles fossiles devenant un parasite pour la société.
C'est là que le modèle rencontre des difficultés, car il part du principe qu'à mesure que l'EROI diminue, il en résultera une forme d'« étalement énergétique » qui nécessitera de plus en plus de main-d'œuvre humaine pour soutenir le système énergétique. Or, cette possibilité n'est pas viable pour de simples raisons technologiques. L'infrastructure des combustibles fossiles s'est développée sur la base de technologies de forage qui, de par leur conception intrinsèque, ont réduit le besoin de main-d'œuvre humaine pour l'extraction de l'énergie en de nombreux points par rapport à l'ère préindustrielle. Il n'existe aucun mécanisme viable permettant d'accroître la production de pétrole à l'aide de ces technologies en insérant davantage d'êtres humains dans le processus.
Cela signifie qu'en réalité, plus l'EROI diminue, plus les coûts pour la société augmentent - plus l'inflation, les subventions, les emprunts sont importants et plus l'industrie fossile devra s'appuyer sur le pouvoir d'un État de plus en plus autoritaire. Au lieu d'un retour au travail humain, que le modèle suppose à tort être la façon dont la « prolifération énergétique » se manifeste à mesure que l'EROI diminue, il faudra que cela se manifeste par un besoin d'une série de stratégies expansionnistes pour générer les investissements nécessaires au maintien d'une production continue.
Nombre de ces stratégies sont celles que nous observons dans l'administration Trump - tentative d'identification de nouvelles sources de production de combustibles fossiles (de l'offshore à l'Arctique en passant par le Groenland, le Canada et l'Ukraine) ; consolidation fasciste croissante entre l'État et l'entreprise privée afin d'obtenir des garanties de soutien gouvernemental perpétuel ; exploitation de la puissance militaire de l'État et du gouvernement pour acquérir ces nouvelles sources de production, et pour évincer les sources de concurrence qui menacent la domination des combustibles fossiles.
Le problème, bien sûr, est que ces stratégies ne peuvent pas fonctionner en fin de compte - il s'agit de tentatives réactives pour consolider les profits des entreprises de combustibles fossiles les plus puissantes alors que cette base de ressources est en déclin. Cette situation a créé une dynamique étrange : les bénéfices gonflés de l'industrie des combustibles fossiles en raison de la hausse des prix alors que l'énergie nette diminue font du pétrole et du gaz des investissements recherchés pour des rendements immédiats. Le marché ne détecte pas la dynamique sous-jacente du système en jeu. Les effets inflationnistes de l'économie qui font grimper les prix des produits de base, mais surtout des combustibles fossiles, fournissent à l'industrie le coussin économique dont elle a besoin pour poursuivre ses activités.
Mais il y a un moment où l'effet cannibale va inévitablement saper les opérations. En effet, les effets inflationnistes qui font grimper les prix du pétrole et du gaz et augmentent temporairement les bénéfices entraînent également une hausse des coûts dans l'ensemble de l'économie, y compris les coûts de la poursuite de la production de pétrole et de gaz en particulier. L'innovation technologique, dont les rendements diminuent, est de moins en moins efficace pour compenser l'impact inflationniste sur les coûts des services pétroliers.
Et ce point d'inflexion arrive. En janvier 2025, Rystad Energy a observé que la croissance de l'industrie des services pétroliers depuis 2022 était en train de se stabiliser, avec un recul prévu de 0,6 % cette année - sous l'effet de « l'inflation, des contraintes de capacité et des facteurs géopolitiques ». Ironiquement, la politique tarifaire de Trump pourrait doubler les coûts des équipements essentiels à la production d'énergie, a averti M. Rystad.
C'est à ce moment-là que nous commençons à voir qu'un processus d'effondrement est en train de se mettre en place : lorsque les stratégies mêmes que vous vous sentez obligés de déployer pour soutenir le système finissent par cannibaliser ce système et par accélérer son plongeon dans le déclin terminal.
En 2023, j'ai prévenu que l'économie américaine fondée sur les combustibles fossiles était en train de s'effondrer comme un somnambule. Cela aura des conséquences sismiques non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour l'ordre mondial, qui est déjà en train d'être mis en pièces par un gouvernement américain déchaîné, déterminé à refaire cet ordre pour maintenir en vie une économie américaine des combustibles fossiles à l'agonie.
La présidence impériale de Trump est sur le point de présider à une spirale de chaos et de crise. Son programme expansionniste est une fonction de son engagement idéologique à maintenir le pouvoir économique des industries qui ont autrefois porté les États-Unis au sommet de la puissance dans le système mondial. Or, nos meilleures données scientifiques confirment que ces industries sont aujourd'hui au crépuscule de leur existence.
En 2011, dans mon livre A User's Guide to the Crisis of Civilization : And How to Save It, j'avertissais que la convergence de multiples crises systémiques à travers la civilisation industrielle conduirait à des processus de militarisation de l'État en l'absence de transformation. En effet, les crises systémiques ont tendance à saper le tissu dominant des normes et des valeurs qui maintiennent l'unité d'une société et étayent la légitimité des ordres politiques dominants. L'aggravation de la crise systémique tend donc à entraîner un processus d'altérisation qui, au niveau de l'État, se traduit souvent par un durcissement et une centralisation du pouvoir étatique, avec pour conséquence le recours à des formes de plus en plus autoritaires de contrôle social militarisé.
Dites bonjour à la Trumpocratie 2.0.
Dans mon nouveau livre, ALT REICH : THE NETWORK WAR TO DESTROY THE WEST FROM WITHIN, je souligne que la militarisation de l'État n'est pas une réponse efficace à la crise systémique. Il est impossible d'exercer un contrôle sur l'effondrement - on ne peut le traverser qu'en transformant le système lui-même. Cela signifie que la militarisation rapide à laquelle nous assistons, dont le fer de lance est la Trumpocratie 2.o, n'offrira rien de significatif. Elle accélérera la crise et, ce faisant, sapera son propre pouvoir. Tout comme la montée de l'Alt Reich a pris la plupart des gens par surprise (je l'ai prédit il y a 15 ans), l'effondrement de l'Alt Reich se produira probablement plus rapidement que la plupart des gens ne le prévoient.
Nafeez M Ahmed 12 03 25
Créateur de l'Âge de la transformation, une lettre d'information qui propose une réflexion sur les systèmes pour le changement de phase mondial. Directeur, Unitas Futures Lab. Fondateur du System Shift Lab.
https://ageoftransformation.org/drill-baby-drill-imperial-trump-and-the-collapse-of-american-energy-dominance/
Pour toutes ces raisons, je lui donne une marge jusqu'en 2030, toujours en considérant le pétrole de schiste américain comme la référence la plus importante. C'est pourquoi il est important de surveiller, non pas pour connaître la destination finale (nous la connaissons tous), mais pour déterminer le moment exact du début d'un déclin inexorable.
Le dernier rapport de la Namibie a été un choc et dans le pétrole de schiste américain, de plus en plus de voix s'élèvent pour dire que nous sommes en train de « taper dans le baril ». Pourtant, une hausse des prix du pétrole au-dessus de 100 dollars activerait le niveau 3-4 des puits et permettrait une certaine marge pour maintenir la production pendant quelques années encore.
Le problème est que le système est touché par beaucoup de choses, et pas seulement par le pétrole ou le cuivre. L'inflation, la dette, les taux obligataires, les guerres militaro-commerciales, etc. sont autant de fronts ouverts et n'importe lequel d'entre eux peut précipiter un effondrement qui, une fois amorcé, se répercute sur le reste des problèmes, formant une boule de neige inarrêtable.
C'est pour cela que nous sommes ici, non pas pour deviner la fin du film, mais pour avertir les spectateurs, du moment exact où le tueur est démasqué ...
(commentaire de Quark, 30 12 24)
L'épuisement des réserves de schiste américain est désormais une priorité...
Alors qu'il ne reste qu'un mois avant que le président élu Donald Trump n'entame son second mandat dans le bureau ovale, les prix du pétrole peinent à s'orienter, ce qui renforce l'idée que les marchés pétroliers semblent se contenter d'attendre qu'il prenne ses fonctions.
M. Trump a promis à plusieurs reprises qu'il pousserait les producteurs de schiste à augmenter leur production, même si cela signifiait que les exploitants « se forent eux-mêmes une place sur le marché ».
Mais on ne sait pas très bien comment il compte s'y prendre puisque le pétrole américain est produit par des entreprises indépendantes et non par une compagnie pétrolière nationale (CPN).
Le mois dernier, Liam Mallon, président de la division Amont d'Exxon Mobil (NYSE:XOM), a rejeté l'idée que les producteurs américains augmenteraient considérablement leur production sous un second mandat de M. Trump. Toutefois, les ambitions de Trump en matière de forage pourraient être contrecarrées par un défi encore plus grand : les gisements pétroliers américains pourraient être sur le point de s'éteindre.
Selon Goehring & Rozencwajg LLC, une société de recherche fondamentale spécialisée dans les investissements à contre-courant dans le domaine des ressources naturelles, la production américaine de schiste est au début d'un déclin prolongé, l'épuisement étant le principal responsable, et non la dynamique du marché ou les excès de la réglementation.
Les analystes avaient précédemment prédit que la croissance explosive de la production déclenchée par la révolution du schiste aux États-Unis se stabiliserait à la fin de 2024 ou au début de 2025. Cependant, la réalité pourrait être pire : Selon les données de l'EIA, la production de pétrole brut de schiste a atteint son maximum en novembre 2023 et a diminué d'environ 2 % depuis lors, tandis que la production de gaz sec de schiste a atteint son maximum le même mois et a depuis diminué de 1 %, soit 1 milliard de pieds cubes par jour.
Et la situation est sur le point d'empirer, le modèle de Goehring & Rozencwajg prévoyant un déclin encore plus marqué à l'avenir...
Les investisseurs à contre-courant ont comparé la situation actuelle à la crise pétrolière des années 1970. Ils rappellent que le président Nixon a réagi à la première crise pétrolière de l'OPEP en 1973 en lançant le projet Independence, qui visait à inverser le déclin de la production américaine grâce à la déréglementation et à l'accélération de l'octroi de permis.
Les prix du pétrole sont montés en flèche, passant de 3,18 dollars le baril en 1973 à 34 dollars le baril en 1981, ce qui a entraîné une explosion des activités de forage. En conséquence, le nombre de plates-formes pétrolières américaines est passé de 993 en 1973 à 4 500 à la fin de l'année 1981. Malheureusement, l'explosion des activités de forage n'a pas pu contrer la loi naturelle de l'épuisement : À la fin de 1981, la production américaine de brut était tombée à 8,5 millions de barils par jour, soit une baisse de 15 % par rapport à l'époque où Nixon avait lancé son ambitieux programme.
Les analystes notent que la production américaine de brut a atteint un nadir de 5 millions de barils par jour en 2010, alors même que les prix oscillaient autour de 100 dollars le baril. Goehring & Rozencwajg a qualifié ce phénomène de « paradoxe de l'épuisement » et a averti que des prix plus élevés ne suffiraient pas à contrer les réalités géologiques.
Les analystes ont rappelé le célèbre aphorisme du légendaire M. King Hubbert, géologue pour Shell Plc. (NYSE:SHEL) : chaque bassin d'hydrocarbures est une ressource finie. En effet, la production de tout gisement de pétrole et de gaz commence à zéro, augmente au fur et à mesure que l'extraction s'intensifie et atteint finalement une limite supérieure qui représente la totalité des ressources récupérables dans le bassin.
Pour ne rien arranger, les producteurs américains ne bénéficieront pas de l'incitation des prix élevés sous une deuxième administration Trump : Une nouvelle enquête du cabinet d'avocats Haynes Boone LLC révèle que les banques se préparent à ce que les prix du pétrole tombent en dessous de 60 dollars le baril au milieu du nouveau mandat de M. Trump.
Récupération assistée du pétrole
Cela dit, il est de plus en plus probable que de nouvelles technologies viendront relancer la production de pétrole et de gaz aux États-Unis, tout comme la fracturation hydraulique a révolutionné la zone de schiste américaine il y a vingt ans. De nouvelles recherches ont révélé que l'injection de CO2 dans des puits de pétrole presque épuisés peut prolonger leur productivité pendant des décennies.
Menhwei Zhao, conseiller géologique principal basé à Calgary, a mené une étude dans le bulletin de l'AAPG sur l'utilisation du CSC dans la récupération assistée des hydrocarbures (RAH). Il a analysé plus de 22 ans de données de production du gisement de pétrole Weyburn Midale, en Saskatchewan, qui reçoit depuis 2000 des injections de dioxyde de carbone, ce qui en fait le projet de récupération assistée du pétrole le plus ancien au monde. Zhao a conclu que le gisement aurait cessé de produire du pétrole en 2016 sans injection de CO2, mais que « la récupération assistée du pétrole pourrait prolonger la durée de vie du gisement jusqu'à 39, voire 84 ans ». Bien que Zhao reconnaisse qu'il s'est concentré sur un projet spécifique au Canada, il dit s'attendre à des « résultats similaires » pour des projets de CSC à grande échelle dans le monde entier.
Les affirmations de M. Zhao ne sont peut-être pas exagérées : Le projet de récupération assistée du CO2 de l'unité de Denver du champ Wasson a permis de multiplier par près de sept la production de pétrole brut après l'injection de CO2.
La production de pétrole brut dans les champs pétrolifères américains comprend souvent trois phases distinctes : la récupération primaire, secondaire et tertiaire (ou améliorée). Au cours de la phase de récupération primaire, la gravité, la pression naturelle du réservoir et les techniques de levage artificiel sont utilisées pour faire pénétrer le pétrole dans le puits de forage. Cette phase initiale ne permet généralement de récupérer qu'environ 10 % du pétrole en place d'origine d'un gisement (OOIP). Les techniques de récupération secondaire sont utilisées pour prolonger la durée de vie productive d'un gisement, généralement en injectant de l'eau ou du gaz pour déplacer le pétrole et l'acheminer vers un puits de production, ce qui permet généralement de récupérer 20 à 40 % du pétrole en place.
Cependant, une grande partie du pétrole facile à produire a déjà été récupérée dans les champs pétrolifères américains, ce qui oblige les producteurs à se tourner vers plusieurs techniques tertiaires ou de récupération assistée du pétrole (RAH). Les techniques de récupération assistée du pétrole offrent des perspectives de production de 30 à 60 %, voire plus, de l'OOIP d'un gisement.
Trois grandes catégories d'EOR se sont révélées commercialement efficaces : l'injection de gaz, l'injection de produits chimiques et la récupération thermique. L'injection de gaz est la technologie de RAH la plus courante aux États-Unis, représentant près de 60 % de la production de RAH dans le pays. L'injection de gaz utilise des gaz tels que le CO2, le gaz naturel ou l'azote qui se dilatent dans un réservoir pour pousser du pétrole supplémentaire vers un puits de production, tandis que d'autres gaz se dissolvent dans le pétrole et contribuent à réduire sa viscosité et à améliorer son débit. L'injection de CO2 a été utilisée avec succès dans tout le bassin permien de l'ouest du Texas et de l'est du Nouveau-Mexique, ainsi qu'au Kansas, au Mississippi, au Wyoming, à l'Oklahoma, au Colorado, à l'Utah, au Montana, en Alaska et en Pennsylvanie.
Le ministère américain de l'environnement étudie actuellement de nouvelles techniques susceptibles d'améliorer considérablement les performances économiques et d'étendre l'application de l'injection de CO2 à un plus grand nombre de réservoirs. Le ministère de l'environnement estime que l'injection de CO2 de nouvelle génération pourrait permettre de produire plus de 60 milliards de barils de pétrole qui, autrement, resteraient piégés dans les roches.
Il faudrait environ 13 ans aux producteurs américains pour pomper ce volume de pétrole au rythme actuel d'environ 13 millions de barils par jour.
Par Alex Kimani pour Oilprice.com 22 12 24
https://oilprice.com/Energy/Crude-Oil/The-American-Shale-Patch-Is-All-About-Depletion-Now.html
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
L’effondrement de la production pétrolière frappe à la porte.
Puisque ma thèse sur l’effondrement de la production mondiale de pétrole à partir de 2030 est déjà connue, je ne donnerai que deux remarques, qui sont très importantes.
1º). La production pétrolière saoudienne a été pendant de nombreuses années une police d’assurance pour le monde. Elle a fonctionné comme un producteur « swing » (capable d’ajuster sa propre production pétrolière aux besoins du marché, à la hausse comme à la baisse) pendant une longue période (des décennies), constituant le dernier bastion de l’abondance pétrolière.
Cependant, dans ce rapport, je montre leurs lacunes et leur manque de capacité de réserve.
2º). Depuis 2010-2012, le pétrole de schiste américain a assumé seul la lourde charge de répondre à la demande mondiale croissante de pétrole. J’ai déjà montré dans d’autres articles comment la production mondiale de pétrole, hors États-Unis, a formé un plateau depuis 2005, avec un pic en 2016 et une nette tendance à la baisse depuis lors.
(commentaire de Gail Tverberg sur son blog, 13 12 24)
Efficacité : la magie du pétrole
https://2000watts.org/index.php/home/thomas-norway/1404-efficacite-la-magie-du-petrole.html
la magie du pétrole.....le pétrole a été mis sur orbite grâce aux deux guerres mondiales. L'or noir porte depuis la croissance mondiale et ses qualités intrinsèques lui ont permis d’être plus efficient que le charbon pour de nombreux usages et de porter la croissance mondiale à des niveaux inégalés...
L'arrivée du pétrole de schiste américain avait mis en pause les gisements offshores bien trop chers et dangereux (Deepwater Horizon). Alors que le schiste est en train de s’épuiser, les gisements offshores reviennent à la mode. Shell vient de lancer la gigaplateforme Vito dans le Golfe du Mexique américain.
Saipem parle de mettre une mini centrale nucléaire (Small Modular Lead-cooled Fast Reactor) sur une plateforme pétrolière afin de fournir de l'électricité et de la chaleur industrielle en pleine mer. Un sacré mix pour tester "la loi de l’emmerde maximale". Si une plateforme pète, il faut régler la marée noire et les radiations.
La fabrication de plastique via le pétrole est prévue pour compenser la diminution de la demande d’hydrocarbures. La Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), l'un des plus grands producteurs de pétrole brut au monde, est en passe d'acheter l'entreprise allemande Covestro pour €15 milliards. Adnoc fait tout pour que la demande de plastiques et de mousses à base d'hydrocarbures ne cessent de croître tout au long de la transition énergétique. Dans ces plastiques, on compte également sur les habits ainsi que les bidules de Wish ou Temu.
https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1403-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-novembre-2024.html
Occidental Petroleum Corp. a averti que l’indépendance énergétique des États-Unis risque de disparaître si la production de schiste se stabilise et commence à décliner...
"La situation va commencer à changer et, quand cela se produira, les États-Unis risquent de perdre leur indépendance énergétique", a déclaré la directrice Vicki Hollub, lors d’une présentation à Midland, au Texas, jeudi. "Cela pourrait se produire dans les cinq prochaines années, lorsque nous commencerons à voir cette stabilisation".
source : https://www.worldoil.com/news/2024/11/22/occidental-ceo-warns-u-s-at-risk-of-shale-plateau-losing-energy-independence/
commentaire de Quark :
Un PDG d’une grande compagnie pétrolière dit que dans cinq ans, la production de pétrole des États-Unis sera en crise. Avec les dettes que ces entreprises ont, mettre une limite si proche est dangereux, car si elles manquent de pétrole si tôt, les banques vont leur refuser des prêts de renouvellement, pour éviter de se prendre les doigts.
Par conséquent, quand un dirigeant dit qu’il nous reste 10-15 ans, il augmente simplement artificiellement le nombre, pour ne pas être compromis.
Presque tout le monde est en train de mettre l’accent sur la fin de cette décennie..
Les raffineries russes ont commencé à réduire leurs taux de production et certaines envisagent de fermer leurs installations, car elles subissent des pertes importantes en raison des restrictions à l’exportation, de la hausse des prix du pétrole, des sanctions et des attaques de drones ukrainiens...
Les raffineries de Tuapse, d’Ilsky et de Novoshakhtinsky ont dû soit arrêter ou réduire leurs livraisons de brut au cours des derniers mois, selon des sources de Reuters.
La raffinerie de pétrole Tuapse, sur la côte russe de la mer Noire, appartenant au géant pétrolier Rosneft, a suspendu la production de combustible à l’usine de 240 000 barils par jour (bpd) en octobre en raison des faibles marges de raffinage. La raffinerie axée sur l’exportation a cessé de traiter le brut le 1 octobre. Elle aurait repris ses activités plus tôt en novembre.
Les taux de transformation intérieurs plus faibles réduisent les exportations russes de combustibles, ce qui réduit les recettes d’exportation pour le budget.
Les exportations de produits pétroliers raffinés russes par voie maritime ont diminué de 7 % en octobre par rapport à septembre, en raison d’une augmentation des capacités de raffinage inactives due à la maintenance, selon les estimations de Reuters fondées sur des données provenant de sources industrielles.
La Russie a déconnecté une grande partie de sa capacité de raffinage en septembre, en raison d’un entretien régulier et non programmé. Cela a entraîné une baisse de la production de produits raffinés et, par conséquent, des expéditions en provenance des principaux terminaux d’exportation.
En raison de la baisse des volumes d’exportations, les recettes russes provenant des exportations de produits pétroliers par voie maritime ont chuté de 14 % en octobre à partir de septembre, pour s’établir à 186 millions de dollars (176 millions d’euros) par jour, selon l’analyse mensuelle des exportations russes de combustibles fossiles publiée par la Finlande-Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA).
La Russie envisage également de lever l’interdiction d’exportation d’essence, actuellement en vigueur jusqu’à la fin de l’année, compte tenu de la stabilité des prix intérieurs du carburant, a déclaré mercredi le ministre russe de l’énergie, Sergey Tsivilyov.
Par Charles Kennedy pour Oilprice.com
https://oilprice.com/Latest-Energy-News/World-News/Russian-Refiners-Cut-Crude-Processing-as-Hefty-Losses-Mount.amp.html
Dans les discussions européennes, deux grands absents: le pétrole et le gaz. L’oubli est saisissant alors que l’hécatombe des industries allemandes et françaises s’accélère. Fortement dépendante au méthane russe bon marché, Berlin subit une désindustrialisation inquiétante dans ses piliers: acier, chimie, engrais et automobile.
Le plus grand gisement pétrolier de Norvège, Johan Sverdrup, exploité par la compagnie pétrolière nationale Equinor, atteint son pic avec 756’000 b/j et représente 7% de la consommation totale de pétrole de l'Europe.
Ben, on va faire une prière car si la Norvège nous lâche, il ne reste plus grand monde pour livrer du pétrole à l’Europe.
https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1397-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-octobre-2024.html
01 11 24
Même si entre Gaza et le Liban les morts se comptent en dizaines de milliers, il est cruel de constater qu’ils ne sont que des effets de bord d’un jeu à bandes multiples et simplement pas de taille à concurrencer les raisons d’Etat et la dépendance au pétrole...
Hasard du calendrier, les deux plus grands greniers énergétiques au monde, le Moyen-Orient et la Russie, sont impliqués dans des guerres dont la complexité gèle toute résolution.
Habiles négociateurs, l’Iran et la Chine n’ont pas d’adversaires à leur niveau à travers le monde. Du côté d’Israël, c’est dans la gestion du chaos que le pays a forgé ses relations internationales et les Etats-Unis dans leur puissance militaire. L’histoire a infusé des ADN différents qui augmentent les niveaux de testostérone.
Dès l’entrée des Israéliens dans la bande de Gaza, Téhéran a demandé aux pays islamiques de l’OPEP d’imposer un embargo sur les livraisons de pétrole aux pays qui soutenaient Israël. Cette méthode avait fonctionné à merveille en 1973 et déclencha le krach pétrolier avec une hausse des tarifs. En 2024, cette proposition n’a pas été suivie d’effet.
Economiquement à la peine, la Chine ne peut pas se permettre une hausse des prix des hydrocarbures.
Pour la Maison-Blanche qui redoute l’élection de Trump, une augmentation des carburants serait politiquement et économiquement désastreuse.
Facteur contraignant, les Etats-Unis et l’Europe ont décidé de se passer du pétrole russe. Depuis, les solutions de rechange font cruellement défaut. Ce n’est donc pas le moment pour Israël d’embraser un pays pétrolier car l’effet pourrait être démultiplié.
En effet, l’Iran a mis au point une tenaille pétrolière maritime redoutable. Alliées aux houthis du Yémen, ses milices ont la capacité de disrupter le trafic naval pétrolier dans la mer Rouge, même si les Etats-Unis et leurs alliés, dont l’Angleterre, ont dépêché leurs flottes militaires. Il y a quelques semaines, un missile a touché un tanker pétrolier. Le message est explosif.
L’Iran contrôle également le détroit d'Ormuz, seul passage maritime pétrolier du golfe Persique vers le reste du monde. Conscients de ce risque, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont réalisé des pipelines pour échapper à cette menace.
Pour apaiser la réponse d’Israël, la Maison-Blanche vient d’annoncer un nouvel embargo contre les tankers iraniens à destination de la Chine. Le signal laisse supposer un accord secret entre Joe Biden et Benyamin Netanyahou.
Force et faiblesse de l’Etat hébreu, il extrait du gaz méthane des gisements offshore de Leviathan, à proximité et dans les territoires palestiniens et libanais. Ce gaz revendu à la Jordanie et à l’Egypte permet à Israël de contenir ses deux voisins. Une étincelle iranienne pourrait changer la donne.
Quant à la Chine, elle s’impose comme l’acteur clé du Moyen-Orient notamment grâce à sa "Route de la Soie" et ses collaborations commerciales avec les pays qui se trouvent sur son chemin.
Pékin a réussi le tour de force de rétablir les relations diplomatiques entre Téhéran et Riyad et avec la Russie, ils ont invité dans les BRICS l’Iran, l’Arabie saoudite et l’Egypte.
Si l’Iran s’est empressé de devenir membre et de se mettre sous protection sino-russe, Riyad n’a mis qu’un pied dedans, l’autre restant aux Etats-Unis. Washington protège encore militairement l’Arabie saoudite en échange de son pétrole.
Cette bascule vers l’Eurasie signifie pour les Etats-Unis qu’Israël est devenu son allié le plus solide au Moyen-Orient.
L’Etat hébreu leur permet de rester au cœur du système et une menace pour les pays qui voudraient limiter les livraisons pétrolières. De plus, sa diaspora offre une source de financement dans un système politique américain toujours plus gourmand.
Qui osera tirer sur cette pelote ou sur le pétrole ? 26 10 24
https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/petrole/1396-israel-et-iran-quand-le-petrole-semmele.html
l’AIE aurait déclaré aujourd’hui qu’à l’avenir le pétrole et le gaz deviendront moins chers en raison d’une surabondance due à la baisse de la demande....
L’AIE a raison...
La demande va diminuer, car la capacité des gens à se les permettre ainsi que les produits fabriqués avec (par exemple, la nourriture, les véhicules, les vacances longue distance, la possibilité de manger au restaurant) va diminuer.
Le coût de l'extraction va continuer lui à augmenter. Les producteurs vont se rendre compte qu'ils n'ont pas assez de revenus pour maintenir leur niveau actuel de production. Ils vont réduire leur production en disant : « Nous réduisons volontairement notre production pour essayer de faire remonter les prix. »
Mais, au mieux, les prix ne vont que remonter brièvement. Un carburant cher est un carburant inabordable.
Par ailleurs, en réponse à la question : « Pensez-vous que les gouvernements en soient bien conscients et qu’ils se contentent d’adoucir la pilule en attribuant la transition verte aux préoccupations climatiques ? »
Je pense que la connaissance de la situation réelle est assez limitée aux États-Unis. Les gens ont tendance à croire ce qu’on leur dit. Le fait que nous ayons réussi à augmenter la production de pétrole grâce à la fracturation hydraulique conduit les gens à croire que le problème est résolu.
Je pense que les responsables politiques chinois et indiens sont plus conscients de la situation réelle. Ils savent très bien que l’industrie manufacturière dépend des combustibles fossiles. La Chine connaît le discours officiel sur le changement climatique, mais elle ajoute tout ce qu’elle peut parce que ses réserves de charbon, bon marché à extraire et à expédier, s’épuisent. Ils ont du charbon, mais son éloignement des marchés constitue un problème majeur.
Les Européens sont peut-être conscients de la situation, mais la situation est tellement désespérée qu’ils ont absolument besoin d’un récit différent à raconter.
Il y a une énorme résistance à la compréhension de la situation réelle, car les gens ne peuvent imaginer rien d’autre que le statu quo. Les politiciens savent qu’ils ne peuvent pas être réélus s’ils suggèrent autre chose que le statu quo.
Les vendeurs de manuels universitaires savent que les seuls livres qu’ils pourront vendre devront être des manuels du statu quo, sinon les étudiants et les professeurs seront effrayés.
Les gens qui travaillent dans les journaux et vendent des espaces publicitaires savent que les seules histoires que la plupart des annonceurs voudront sont celles qui suivent la ligne officielle du parti, suggérant que nous devrions planifier le statu quo, peut-être avec un peu de changement climatique.
(Gail Tverberg sur son blog, 16 10 24)
À l’approche du précipice énergétique...
Avertissez n’importe qui aux États-Unis de la crise énergétique à venir et vous verrez probablement les yeux tourner. « Quelle crise énergétique? C’était il y a un demi-siècle! Les marchés et la technologie ont gagné. Aujourd’hui, nous sommes de retour parmi les meilleurs fournisseurs de pétrole! »
Tout cela est vrai, mais la réponse donne un faux sentiment de sécurité qui fait que les décideurs et le public s’endorment à l'approche de la falaise. Une crise énergétique est à prévoir, quel que soit notre rang (actuellement troisième) parmi les pays fournisseurs de pétrole. Pour voir la crise à venir, il faut regarder sous le vernis des revendications d’approvisionnement en pétrole et poser des questions plus profondes
La question de la pénurie d’énergie est importante parce que l’énergie, fossile ou autre, est étroitement liée à la production économique. Une crise énergétique prolongée — une crise dans laquelle les substituts à l’énergie rare sont trop coûteux, nocifs pour l’environnement ou au-delà des capacités technologiques de l’humanité — mettrait probablement fin à la croissance des économies industrielles. Alors que la décroissance vers une économie stable est ce que recherchent les États stables, une longue et substantielle période de décroissance serait un résultat cauchemardesque qui produirait des souffrances et des conflits inutiles.
Retour sur un choc des prix de l’énergie
Il y a quinze ans, le monde a subi un ralentissement économique qui a nécessité l’intervention des banques centrales et des gouvernements pour éviter un effondrement économique au niveau de la dépression. Dans une grande partie du monde, les économies se sont développées depuis 2001, mais la déréglementation des prêts hypothécaires a produit une bulle qui a envoyé des ondes de choc à travers le système financier et économique mondial. C’est bien compris, mais ce qui est peu reconnu, c’est l’épingle qui fait éclater la bulle. Le prix du pétrole a doublé entre 2007 et 2008.
Les prix du pétrole ont augmenté parce que la production mondiale de pétrole n’a pas pu suivre la demande. Comme le pétrole est une « ressource maîtresse » utilisée pour l’énergie ou comme matière première dans pratiquement tous les secteurs économiques, la hausse des prix a ralenti l’économie mondiale. L’industrie du logement surendettée, déjà vulnérable en raison du manque de solvabilité de certains acheteurs, a commencé à s’effondrer. Et bien que l’intervention gouvernementale ait été importante, la croissance du PIB après la crise de 2008 est restée tiède.
Mais l’économie s’est redressée à mesure que l’extraction d’énergie a repris, ce qui souligne l’importance cruciale de l’énergie pour l’économie. Avec la hausse des prix du pétrole et une période de faibles taux d’intérêt, l’extraction reposant sur une nouvelle technologie — la fracturation hydraulique — a été ajoutée à la boîte à outils de l’industrie pétrolière. La fracturation a augmenté l’approvisionnement en pétrole en ouvrant l’accès à ce qu’on appelle le « pétrole léger de réservoirs étanches » provenant des gisements de schiste du centre du continent américain. Cette période d’approvisionnement accru est connue sous le nom de « boom du schiste ». Cela a fait des États-Unis un fournisseur majeur, et les préoccupations concernant l’approvisionnement en énergie ont glissé dans le rétroviseur. En effet, les manchettes sur le « pic pétrolier » qui étaient courantes avant la grande récession de 2008-2009 ont rapidement disparu lorsque la fracturation a ouvert l’offre.
La dernière décennie a toutefois attiré l’attention sur les limites de la disponibilité de l’énergie et a montré que le boom du schiste pourrait être de courte durée. En raison de l’obscurcissement des producteurs de pétrole (en particulier de la part de l’OPEP), nous sommes encore incertains des réserves mondiales totales de pétrole, et par un tour de passe-passe terminologique (décrit ci-dessous), ce qui était autrefois considéré comme du pétrole a changé de sens, ajoutant à la confusion sur les totaux des réserves.
Un problème comptable
Le pétrole représente environ 40 % de la consommation mondiale totale d’énergie. Étant donné son importance critique pour les économies du monde entier, on pourrait penser que les estimations des stocks restants de pétrole seraient une question réglée. Pourtant, les experts ont offert un large éventail d’estimations depuis des décennies. La détermination des réserves récupérables restantes des pays et du monde est difficile pour plusieurs raisons.
Premièrement, il y a un manque de transparence; les producteurs sont réticents à divulguer l’étendue de leurs actifs ou ils souhaitent les exagérer pour exercer une plus grande influence à l’échelle mondiale. Les analystes pétroliers se méfient de certaines revendications des producteurs depuis de nombreuses années. Une analyse récente suggère que les réserves de l’OPEP sont surévaluées de 300 Go (milliards de barils) et les réserves de l’USF de 100 Go. (La réduction des réserves de l’OPEP s’alignerait sur la théorie de longue date pour expliquer le « mystère » des ajouts soudains de réserves dans les années 1980 – les ajouts étaient probablement une manœuvre pour augmenter les quotas d’exportation.)
Un autre problème dans le comptage des réserves de pétrole résulte de la fusion des huiles lourdes avec le pétrole conventionnel. Les ressources pétrolières lourdes sont abondantes, mais moins utiles économiquement que le pétrole conventionnel, et leur extraction est économiquement (et écologiquement) coûteuse et difficile à augmenter. Pourtant, les huiles lourdes sont comptées dans la production comme si elles étaient équivalentes en qualité et en accessibilité au pétrole conventionnel. En fait, parce qu’ils sont plus difficiles à extraire, leur « débit » est limité et ils ne peuvent pas fournir une capacité de réserve importante en cas de besoin.
Le pétrole de schiste complique également la question de la comptabilisation du pétrole. Les États-Unis sont dotés des meilleurs gisements de schiste bitumineux (pour la production de pétrole) de la planète et ont plus que doublé leur production au cours des dix dernières années. Cette production a stimulé la production de combustibles fossiles entièrement liquides et contribue à expliquer comment la demande mondiale a été satisfaite au cours de la dernière décennie. Comme le montre la figure, le pétrole classique a atteint un plateau. Presque tous les nouveaux ajouts à la consommation proviennent du pétrole de réservoirs étanches (de schiste) américain.
Le pétrole de schiste est toutefois aux prises avec plusieurs problèmes. L’un d’eux est la nature intimidante et capitalistique du processus d’extraction. Contrairement à l’extraction dans les champs conventionnels, le schiste de fracturation pour le pétrole est un effort constant impliquant le forage d’un à trois milles, puis latéralement pour des milles de plus avant la fracturation hydraulique du schiste (injection de fluides sous une pression énorme contenant de grandes quantités de sable pour garder les fractures ouvertes), et enfin, pompage de l’huile libérée hors du dépôt. Cela doit être fait continuellement pour exploiter un champ.
Un deuxième problème avec le schiste est la nature du « pétrole » produit. L’analyse effectuée par le géologue pétrolier Art Berman indique qu’aux États-Unis, 30 % de la production de pétrole déclarée, en grande partie à partir du schiste, est constituée de liquides de gaz naturel, c’est-à-dire d’hydrocarbures légers dont la teneur en énergie est nettement inférieure à celle du pétrole brut classique. La qualité légère de l’huile ne convient pas au transport lourd qui repose sur le diesel. Ainsi, une grande partie du pétrole de schiste de fracturation produit par les États-Unis ne peut pas être utilisé dans le pays et doit être exporté, de sorte qu’il ne contribue pas à l’approvisionnement énergétique des États-Unis.
L’autre problème pour le schiste est le taux de déclin spectaculaire d’un puits typique. Un puits classique peut avoir un taux de déclin de 6 % par an après avoir atteint un sommet, mais les puits fracturés ont chuté de façon spectaculaire dès le début, avec un taux de déclin de 60 % la première année et de 25 % la seconde.
Cela signifie que les entreprises doivent forer continuellement de nouveaux puits pour maintenir la production à un niveau constant. Il s’agit de la situation difficile de « la Reine Rouge », après le film de Lewis Carroll « Through the Looking Glass », dans lequel la Reine conseille à Alice de courir le plus vite possible pour rester en place. C’est une métaphore très appropriée pour la fracturation.
Si la demande mondiale de pétrole continue d’augmenter comme prévu par les organismes consultatifs sur l’énergie comme l’Agence internationale de l’énergie et l’Energy Information Agency des États-Unis, les gisements de fracturation devront se comporter de mieux en mieux dans les années à venir. Pourtant, la production dans deux des principales zones de schiste bitumineux, le Eagle Ford en 2013 et le Bakken en 2020, a apparemment atteint un sommet, ne laissant que le bassin permien comme possibilité d’expansion.
En résumé, compte tenu du plafonnement du pétrole classique, de l’exagération probable des niveaux de réserves de certains pays et du déclin rapide de la fracturation hydraulique comme stratégie pour stimuler la production conventionnelle, un pic du total des liquides devrait être une préoccupation urgente pour les décideurs et le public.
Le temps que les humains prendront pour extraire le pétrole illustrent sa valeur en tant que source d’énergie. Fini le temps où un explorateur pouvait enfoncer un tuyau dans le sol et frapper un « jet ». Aujourd’hui, nous forons à des kilomètres de profondeur dans l’océan, extrayons des sables bitumineux sales et fissurons des roches profondes (fracturation) pour trouver du pétrole. Mais ces mesures de plus en plus extrêmes elles-mêmes nécessitent des apports énergétiques croissants.
Cela soulève une question clé : combien d’énergie est dépensée pour obtenir diverses formes d’énergie? Quel est le coût énergétique de la production d’énergie? Les analystes qui ont étudié la question ont élaboré le concept de « rendement énergétique de l’énergie investie », ou EROEI, pour répondre à cette question. La mesure exprime l’énergie dans la ressource extraite par rapport au coût énergétique de son exploration et de son développement.
Par exemple, l'extraction de 50 unités d'énergie dans le pétrole (comme dans les champs pétroliers et gaziers historiques) peut nécessiter une unité d'énergie, pour un EROEI de 50 pour 1. Mais au fil du temps, comme l'extraction du pétrole nécessite des efforts croissants, l'EROEI du pétrole pourrait tomber à 30 pour 1, puis à 15 pour 1. La baisse de l'EROI est précisément ce qui caractérise l'état actuel de l'extraction d'hydrocarbures fossiles, comme le montre le graphique.
Les implications sont stupéfiantes. La baisse de l'EROEI révèle que l'extraction de l'énergie sera de plus en plus coûteuse et, à terme, prohibitive. Les hydrocarbures seront toujours dans le sol, mais les coûts de leur extraction continueront de grimper. Cela signifie également que, à moins que le développement d'un nouveau type de source d'énergie ne se développe, la société devra s'adapter à un avenir énergétique beaucoup plus faible. Et cela suggère que les coûts monétaires de l'extraction éroderont la croissance du PIB et, à terme, limiteront l'expansion économique.
Il faut agir maintenant En 2005, quelques années seulement avant que la hausse du prix du pétrole ne déclenche la crise économique de 2008, le département américain de l'Énergie a commandé un rapport au groupe de réflexion SAIC intitulé « Peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation and Risk Management ». Il ressort clairement des entretiens que les auteurs ont été choqués par les implications de l'arrivée prochaine du pic pétrolier mondial, qu'ils ont qualifié de « problème de gestion des risques sans précédent ». En analysant l'aspect de l'offre et de la demande du défi de la pénurie de pétrole, ils ont conclu qu'au moins une décennie, et plus probablement deux, serait nécessaire pour se préparer au pic pétrolier et prévenir les bouleversements sociaux et économiques.
Le rapport a suscité beaucoup d'attention à l'époque, tout comme d'autres avertissements concernant les limites énergétiques. Mais la « révolution du schiste » qui a suivi a tout changé. Au lieu d'être reconnus comme un dernier domaine d'exploration et de récupération, les médias ont présenté le schiste et la fracturation hydraulique comme un élixir énergétique. Les années qui se sont écoulées n'ont pas produit la planification préparatoire que Hirsch avait prévenue qu'elle devrait avoir lieu.
Peut-être qu'un pic visible à l'horizon attirera l'attention sur la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons : la croissance économique perpétuelle ne peut pas être conciliée avec les limites énergétiques. Plus nous attendons pour agir, plus la falaise est haute, plus l'atterrissage est douloureux et plus la transition vers une économie stable est difficile. Certaines communautés locales se sont préparées à une pénurie d'énergie, et je partagerai leur travail de conservation et d'adaptation dans un prochain article.
Par Dave Rollo, publié à l’origine par le Center for the Advancement of a Steady State Economy
https://www.resilience.org/stories/2024-02-07/approaching-the-energy-cliff/
Notes pour la connaissance collective : ci dessous réflexions de l'internaute HollyDays, déposées il y a quelques lunes sur le blog de Mathieu Auzanneau :
https://www.lemonde.fr/blog/petrole/
HollyDays
@ delta
C’est la quantité d’énergie disponible pour réaliser un travail physique qui pilote le système. Tant que l’énergie est enfouie, elle n’est pas disponible. Et qu’il faille mobiliser de grandes quantités de capitaux pour aller la chercher là où elle est enfouie, la rendre disponible sous une forme utilisable, et l’acheminer jusqu’au point de consommation finale n’est pas nouveau. C’est quelque chose qui était déjà bien établi au XIXe siècle.
Par exemple, le Venezuela possède dans son sous-sol des quantités d’hydrocarbures absolument phénoménales (sous forme de fiouls extra-lourds). La quantité de capital pour rendre ces hydrocarbures utilisables dans des moteurs est elle aussi phénoménale, et totalement hors de portée du pays. Et ce, depuis bien avant qu’il ne sombre dans la crise actuelle.
HollyDays
@ Thales
« Pourquoi ne peut-elle pas en acheter plus à l’extérieur sachant que pour moi le monde peut encore assurer pour l’instant la production souhaitée pour un pays »
Reprenons. Nous avons deux propositions en présence :
• Selon Matthieu A. et JMJ, l’Europe, prise globalement, dispose de moins de pétrole que ce qu’elle voudrait pour augmenter sa croissance. Ce qui veut dire qu’au moins un ou plusieurs pays d’Europe (mais pas forcément tous) disposent de moins de pétrole que ce qu’il/ils voudrait/voudraient pour augmenter sa/leur croissance.
• Selon vous, le monde peut encore assurer pour l’instant la production souhaitée pour un pays, quel qu’il soit. Donc, actuellement, le monde peut l’assurer pour tous les pays du monde à n’importe quel moment (j’imagine que c’est ça que vous vouliez dire).
Il n’y a pas à tortiller : ces deux affirmations sont antinomiques, on ne peut pas avoir les deux en même temps. Donc :
• soit Matthieu A. et JMJ se trompent, et les pays d’Europe disposent tous d’assez de pétrole pour alimenter la croissance vigoureuse qu’ils souhaiteraient avoir (mais dans ce cas, on peut légitimement se demander pourquoi la croissance économique des pays européens persiste à être aussi atone, précisément les années où leur approvisionnement en pétrole s’est contracté – sans préjuger du fait que cette contraction soit volontaire ou subie),
• soit votre hypothèse est fausse : il y a bien des pays d’Europe que le monde n’arrive pas à approvisionner en pétrole dans les quantités dont ces pays voudraient disposer.
Ceci étant dit, constater que les pays d’Europe (ou au moins, plusieurs d’entre eux) disposent de moins de pétrole que ce dont ils auraient besoin pour soutenir une croissance économique vigoureuse est une chose. Comprendre les mécanismes à l’œuvre pour expliquer comment il est possible que des pays manquent de pétrole (ou, plus généralement, de combustibles liquides) alors que le monde n’en a jamais produit autant par an, en est une autre, bien plus ardue. Mais il n’est pas indispensable de disposer d’un mécanisme explicatif solide et complet pour établir le constat. Dit autrement, l’absence de mécanisme explicatif satisfaisant ne suffit pas à invalider le constat.
Et pour étayer un peu plus le constat (sans pour autant fournir de mécanisme explicatif), on peut constater que la contraction de l’approvisionnement européen en pétrole :
• a commencé au moment où la production conventionnelle de pétrole atteignait un maximum historique (dixit l’AIE dans son World Energy Outlook 2018) ;
• a pris fin précisément au moment du boom des pétroles de roche-mère aux États-Unis, qui ont eu pour conséquence que les États-Unis ont prélevé significativement moins de pétrole sur les marchés pétroliers mondiaux.
Corrélation n’est pas causalité, bien sûr. Mais si cette contraction de l’approvisionnement européen repart de plus belle au moment où la production de pétrole de roche-mère (tight oil) aux États-Unis commencera son déclin, alors ce sera un élément de plus pour étayer ce qu’avancent Matthieu A. et JMJ.
Curieux
@ Hollydays
La question n’est pas uniquement dans la quantité d’énergie disponible, mais dans le prix.
A un certain prix de l’énergie, il n’est pas rentable de produire des biens en Europe (si le prix des choses augmente, la consommation diminue).
D’où une croissance atone, voire une baisse de la consommation.
Pour une croissance vigoureuse, il faut beaucoup d’énergie bon marché.
Le prix actuel est entre deux – pas assez cher pour les producteurs d’énergie (qui renoncent à investir beaucoup, car le prix n’en vaut pas la peine). Mais trop cher pour les consommateurs d’énergie pour permettre une croissance vigoureuse.
Donc baisse relative de la consommation et économie proche de la croissance 0.
Ce qui approche le monde d’un pic violent, car le manque durable d’investissement dans la production d’énergie aboutit à l’utilisation maximale des anciens gisements (qui sont déjà rentables), mais à l’absence d’investissements importants pour renouveler l’offre à long terme.
Or un moment donné, l’offre manquera de manière irrémédiable et les prix subiront des hausses imprévisibles, et cela engendrera sans doute des conflits pour l’exploitation des gisements restants, sans parler d’une récession mondiale.
HollyDays
@ Curieux (+ @Thales)
Je n’ai rien à redire au contenu de votre réaction, Curieux, qui reprend l’analyse (que je connais bien, et à laquelle j’adhère) de Gail Tverberg.
C’est effectivement une manière d’expliquer les choses : ce n’est pas que le supplément de pétrole dont aurait besoin les pays européens pour avoir une croissance vigoureuse n’existe pas physiquement, c’est que ce supplément de pétrole est trop coûteux à extraire pour que les consommateurs européens puissent se permettre de payer, dans les bonnes quantités pour assurer la croissance, les divers biens et services produits à partir de pétrole. Et comme du coup, les pays européens consomment un peu moins de biens et services que ce qu’il faudrait pour avoir une croissance vigoureuse, et par voie de conséquence, un peu moins de pétrole que ce qu’ils devraient consommer pour avoir une croissance vigoureuse : ils se retrouvent à ne consommer que le pétrole suffisamment peu coûteux pour qu’ils aient les moyens de se payer les biens et services fabriqués grâce à ce pétrole.
Du coup, les prix du pétrole sont plus bas que ce qu’ils seraient si ce supplément de pétrole coûteux était extrait, et même trop bas pour qu’extraire ce pétrole coûteux soit rentable pour les producteurs de pétrole.
Ce seuil critique de prix du pétrole varie d’un pays à l’autre (en Europe et ailleurs), d’un moment à l’autre pour un même pays, et même d’une entreprise à l’autre au sein d’un même pays (ou entre plusieurs pays). Ce qui n’aide pas à voir une vision globale des choses et ne facilite pas leur compréhension, évidemment.
HollyDays
@damien
« quel pays ? quelle entreprise , s’est vu restreindre l’accès à du pétrole ou a du carburant ? »
Aucun, parce que ce n’est pas comme cela que le problème se pose. Mais vous avez raison, je n’ai pas été assez clair dans mes explications.
Les compagnies pétrolières n’ont pas totalement tort quand elles disent que ce à quoi le monde fait face, c’est un pic de la demande de pétrole, et non un pic de production de pétrole. Parce que c’est bien cela qui se passe.
Mais en même temps, c’est trompeur de parle de pic de demande, pare qu’on s’imagine instinctivement que si pic de demande il y a, c’est parce que les consommateurs choisissent de réduire leur consommation de pétrole. Or ce n’est pas ce qui se passe.
Ce qui se passe, c’est que, parce que le prix actuel est à la fois trop élevé pour les consommateurs, et trop bas pour les producteurs, on est dans une situation où les consommateurs, supposés (dans la théorie économique) être à l’origine de la demande, subissent le pic de demande : s’ils pouvaient, ils consommeraient plus de pétrole (ou plus exactement, plus de biens et services fabriqués grâce au pétrole). S’ils n’en consomment pas plus, c’est parce qu’ils n’en ont pas les moyens financiers : la contrainte sur la consommation, qui provoque le pic, est donc bien subi, et non voulu. Et parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers d’en acheter plus, ils restreignent leurs achats de biens et services divers qui sont produits grâce au pétrole, et qui limite la consommation, et donc la production de pétrole.
HollyDays
@ Clement
« rien à première vue sur le nucléaire (le positionnement ne semble pas assumé »
C’est une manière de voir les choses. Une autre manière de voir les choses, c’est que le Shift Project assume de considérer l’électricité nucléaire comme une question de seconde importance par rapport au pétrole, au charbon et au gaz.
Si ce n’est pas votre cas, libre à vous, mais dans ce cas, il ne faudra pas prétendre que le dérèglement climatique (auquel ne participe pas le nucléaire, comme l’a à juste titre rappelé ElaX) et la dépendance de nos sociétés aux combustibles fossiles vous inquiètent, voire vous empêche de bien dormir. Parce que ce serait mentir aux autres, voire vous mentir à vous-mêmes.
« ça manque un peu de transparence sur le fait qu’on est chez les nucléocrates »
Vous, vous êtes au contraire très transparent : « je suis un antinucléaire, et tous ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi. » Voilà qui fleure bon le terrorisme intellectuel…
La production mondiale de pétrole va chuter à partir de 2030...
1º). Parmi les devoirs que je fais, il y en a un sur la production future de l'Arabie saoudite. À l'époque, j'ai trouvé cela intéressant et, en utilisant plusieurs sources, je suis arrivé à ce graphique récapitulatif (tiré du peak oil barrel) comme étant l'option la plus plausible.
Ghawar (orange) a dominé la production arabe depuis le début des années 1960. Mais comme nous l'avons appris il y a quelques années, il est en net déclin.
Pour compenser ce déclin, les champs de Manifa, Zuluf, Shaybah, Marjan et Khurais ont été intensivement développés. Trois d'entre eux ont même la dernière expansion en attente pour 2025-2028, date à laquelle, selon MBS, toutes les augmentations de capacité seront terminées.
Le graphique montre que Ghawar est en train de mourir, tout comme Abqaiq et Safaniyah, de sorte que lorsque les extensions des champs susmentionnés commenceront à décliner (vers 2030), tous les principaux champs d'Arabie seront en déclin permanent, faisant chuter la production comme le montre le graphique.
Pour ceux qui pensent que cette perception est erronée, Ghawar est passé d'un pic de 5,5 millions de b/j à seulement 3,04 millions de b/j en 2023, selon Globaldata (en 2019, Saudi Aramco a reconnu que Ghawar produisait encore 3,8 millions de b/j).
2) L'Arabie saoudite n'est pas un cas unique. Le reste des grands champs supergéants (dans le monde entier) sont dans une situation similaire et dans cet article, j'ai mentionné de nombreux cas avec des graphiques similaires.
https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/06/el-informe-iea-sobre-la-abundancia.html
3º). Le pétrole de schiste américain produit 9 millions de b/j de pétrole et 7 millions de b/j de liquides de gaz naturel. Il reste à peine dix ans de production dans les sites restants.
Ce document analyse leur situation et, en raison du déclin brutal de leurs bassins et des caractéristiques de leur production, l'extraction de liquides (pétrole et LGN) s'effondrera sans rémission dès que les sites de premier niveau seront épuisés.
https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/05/el-agotamiento-del-shale-oil-explicado.html
À court et à moyen terme, le déclin manifeste des équipements de fracturation est frappant.
Sans augmentation du nombre d'appareils de forage, il est difficile d'améliorer la production, quelle que soit la productivité (plus rapide) du forage et de la fracturation de nouveaux puits.
Autre fait marquant.
Dans la première phase de l'explosion permienne, de 2016 à 2019, la hausse de la production de pétrole s'est accompagnée d'une augmentation du nombre de DUC (puits forés mais non achevés).
En revanche, lors de la reprise de la production à partir de 2021, le retard accumulé en matière de DUC a été utilisé pour achever de nombreux puits et augmenter la production tout en réduisant les coûts.
La forte réduction des DUC limitera la croissance future de la production, car il ne sera pas possible d'utiliser les DUC accumulés pour achever davantage de puits. En 2020-2021, cela avait du sens en raison des faibles prix du pétrole, mais depuis 2022, les prix du pétrole se situent en moyenne entre 70 et 100 dollars et les DUC n'ont pas augmenté à nouveau, ce qui nous indique que la croissance de la production touche à sa fin, si l'on combine le déclin des appareils de fracturation, le déclin des appareils de forage et l'épuisement des DUC disponibles.
Tous les graphiques sont similaires à ceux inclus dans les points précédents, à une exception près : Laherrere estime que la production a déjà commencé à baisser et qu'elle n'attendra pas 2030.
5º). Le rapport Exxon.
Ce rapport a la « vertu » de démontrer le manque de fiabilité des déclarations de Birol (AIE).
Birol a répété à maintes reprises que d'ici 2030, il y aura un excès stupéfiant de capacité de production de pétrole et insiste donc pour recommander au secteur pétrolier de cesser d'investir dans de nouveaux développements pétroliers, parce que l'abondance de pétrole en 2030 atteindra un tel degré qu'elle peut faire chuter les prix du pétrole et ruiner les compagnies pétrolières.
« Avec l'émergence d'un surplus d'offre significatif au cours de cette décennie », a déclaré Birol, “les compagnies pétrolières pourraient vouloir s'assurer que leurs stratégies et leurs plans d'affaires sont préparés pour les changements qui se produisent”.
La réponse d'Exxon est que si les investissements cessent, la baisse de la production de pétrole sera monstrueuse
La raison en est que le déclin annuel naturel est de 15 %. À ce rythme, en une seule année, nous passerions d'une production de 100 millions de b/j à seulement 85 millions de b/j si nous arrêtions complètement d'investir. Bien entendu, le déclin sera proportionnel à la baisse des investissements, et il n'est pas possible d'arrêter d'investir à ce rythme.
6º). C'est là que le bât blesse. Certes, des investissements sont nécessaires, mais si l'on ne découvre pratiquement rien, dans quels gisements non découverts pourra-t-on investir ?
Jusqu'en 2030, il y a une longue liste de projets à développer, dont Brésil-Guyane (**).
Mais après cette date, il n'y a plus rien à développer.
Le taux de remplacement des nouvelles réserves est d'à peine 15 à 20 %, de sorte que nous consommons les réserves restantes à un rythme insoutenable, en particulier au cours de la dernière décennie.
Depuis le milieu des années 1980, on découvre moins de pétrole qu'on n'en consomme, ce qui explique que la ligne rouge ne cesse de baisser. On constate également que depuis 2010, la baisse s'est accélérée en même temps que celle des nouvelles découvertes. Si les nouvelles réserves ne sont pas renouvelées, dans 15 à 20 ans, il n'y aura plus rien à extraire. Mais bien avant cela, certains gisements entreront en phase terminale et la production commencera à chuter brutalement pour des raisons géologiques d'épuisement.
Ne cherchez pas de tels graphiques dans les réserves officielles. Comme je l'ai décrit dans l'article cité au premier point, dans les années 1980, les pays de l'OPEP ont revu leurs réserves à la hausse et depuis lors, ils n'ont pas du tout réduit leurs réserves, malgré l'absence quasi totale de nouvelles découvertes, ce qui rend les données officielles peu fiables.
Conclusion.
Dans le cas de l'Arabie, en 2023 , un plateau de production ondulé d'environ 10 millions de b/j s'est formé entre 2005 et 2023. L'aire sous cette courbe de production, connue depuis 1940, atteint 170 milliards de barils. Si l'on accepte un URR de 306 milliards, et la forme descendante de la ligne bleue en pointillés, il est possible d'estimer le point de départ de la chute.
Le plateau de 10 millions de b/j consomme 3,65 milliards de barils par an. Il est donc possible d'évaluer la période pendant laquelle les Saoudiens peuvent maintenir cette production.
En chiffres. Total URR 306 milliards. - 210 milliards du graphique = 96 milliards de plateau.
Le nombre d'années de plateau sera ce 96 milliards divisé par les 3 650 millions de barils de production annuelle à 10 millions de barils
96 milliards / 3,65 milliards = 26 ans.
Par conséquent, la date de début de la décroissance terminale sera 2005 + 26 = 2031.
En fonction de l'augmentation ou de la diminution de la production annuelle (et des estimations totales de l'URR), il est possible de modifier cette date. Si l'on considère le déclin accéléré de Ghawar, il ne fait guère de doute que le déclin prévu est probable. Notons qu'en 10 à 15 ans, la production passe de 10 millions de b/j à seulement 5 millions de b/j.
[Curieusement, ce dernier calcul est très proche du graphique pour l'Arabie dans le dernier rapport de Laherrere, obtenu avec une méthode différente (linéarisation de Hubbert).
PS 1.
Le cas de la Russie est également exemplaire. Pour éviter un déclin de la production, elle doit forer de plus en plus de puits.
Ce rapport de 2019 avait déjà mis en garde contre ce problème.
https://peakoilbarrel.com/opec-tight-oil-and-russia/
Mais ce que je veux souligner ici, c'est la partie russe du graphique ci-dessus. En 2014, la Russie a foré 8 688 puits.
En 2009, Alex Burgansky, analyste pétrolier et gazier chez Renaissance Capital, a déclaré
Si l'on exclut toute l'activité de forage qui a lieu chaque année, le déclin organique de la production russe est proche de 19 %. Pour compenser ce déclin organique, la Russie fore entre 5 000 et 6 000 puits chaque année.
En 2009, entre 5 000 et 6 000, en 2014, entre 8 000 et 9 000. Aujourd'hui, elle fore 3 000 puits de plus qu'il y a cinq ans et la production stagne depuis un an et demi. La Russie a sa propre version de la Reine rouge.
Inutile de préciser que la production russe est actuellement déjà en baisse (précisément depuis 2019), malgré des forages records.
La Guyane est tout ce que nous avons découvert au cours de la dernière décennie et elle est relativement grande. C'est le dernier pétrole que nous allons développer et voici le graphique de la production projetée.
Elle atteindra son maximum en 2035 et, en 2040, la production aura diminué de moitié. Il ne contribuera pas non plus à soutenir la production dans les années 2030-2040.
Il ne reste plus que les développements possibles en Namibie (en tout cas après 2030) et ce qui sera découvert dans les régions polaires, si tant est qu'elles soient forées.
Le Brésil.
Le graphique de la production attendue du Brésil en dit long.
Les projets ont été avancés et le pic devrait être proche de 4 millions de b/j, mais la poursuite du déclin est inévitable. Les gisements en eaux très profondes présentent une caractéristique commune à tous les gisements. La pression initiale élevée permet une production plus importante au début, suivie d'un déclin brutal dès que la pression diminue un peu. La gestion des mécanismes de récupération est essentielle pour améliorer l'extraction globale. Mais il n'y a pas de miracle.
Ce n'est qu'une hypothèse : nous verrons bien...
Quark 01 09 24 (extrait)
https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/09/la-produccion-mundial-de-petroleo-se.html
La production pétrolière mexicaine diminuera rapidement après 2030 : la pointe de l'iceberg ?....
L'agence de presse Reuters a vu quelque chose que le reste d'entre nous n'a pas vu : des estimations internes du gouvernement mexicain concernant la production future de pétrole de ce pays, qui brossent un tableau sombre d'un déclin rapide après 2030. Cette admission n'est-elle que la partie émergée de l'iceberg ?
Pendant de nombreuses années, ceux d'entre nous qui suggéraient qu'un pic de la production mondiale de pétrole était imminent n'ont cessé de mettre en avant plusieurs éléments de renseignement, dont les suivants :
Des fuites d'informations sur des réserves de pétrole inférieures à celles déclarées publiquement par les principaux producteurs de pétrole. En 2005, des fuites de documents gouvernementaux internes ont évalué les réserves de pétrole du Koweït à 48 milliards de barils, soit à peine la moitié des 99 milliards de barils annoncés publiquement à l'époque.
Dans les années 1980, les réserves de pétrole des principaux producteurs de l'OPEP ont connu des augmentations massives inexpliquées d'une année à l'autre. Cela était probablement lié aux quotas de production de l'OPEP qui étaient, en partie, basés sur les réserves déclarées.
En 2007, l'ancien vice-président exécutif chargé de l'exploration et de la production chez Saudi Aramco a déclaré à un auditoire qu'en raison de ces augmentations injustifiées des réserves de pétrole déclarées, les réserves mondiales avaient été surestimées de 300 milliards de barils.
Des chiffres de réserves rapportés publiquement qui ne changent étrangement pas. Par exemple, de 1997 à 2021, les réserves de pétrole des Émirats arabes unis communiquées publiquement étaient de 97,8 milliards de barils par an. De 2005 à 2021, les réserves du Koweït ont été estimées à 101,5 milliards de barils par an. Bien entendu, pendant toute cette période, les deux pays ont produit de grandes quantités de pétrole. Ils ont peut-être trouvé plus de pétrole, mais il est difficile de croire que la quantité trouvée correspondait exactement à ce qu'ils produisaient année après année.
L'augmentation concurrentielle des réserves déclarées par les membres de l'OPEP, l'Irak et l'Iran, en octobre 2010, à une semaine d'intervalle. Aucune des deux révisions à la hausse n'a été proportionnelle à une activité tangible dans leurs champs pétroliers respectifs. L'Irak a augmenté ses réserves déclarées de 115 milliards de barils à 143,1 milliards de barils. L'Iran a suivi en augmentant ses réserves déclarées de 136,6 milliards de barils à 150,3 milliards de barils.
Plus tard, le « miracle du schiste », censé permettre à la production pétrolière américaine d'entraîner la production mondiale dans une croissance continue, s'est heurté à un obstacle de taille lorsque les estimations des réserves californiennes de pétrole de schiste ont été revues à la baisse de 96 % du jour au lendemain et que les réserves américaines totales de pétrole de schiste ont chuté de moitié. Ensuite, une série de rapports indépendants fondés sur les données historiques des puits et rédigés par David Hughes, spécialiste des sciences de la terre, a suggéré que les estimations de production futures de l'industrie et du gouvernement concernant les gisements de schiste des États-Unis étaient probablement beaucoup trop optimistes.
Il n'est pas anodin que la production pétrolière du Mexique chute brutalement à partir de 2030. Selon la Statistical Review of World Energy (anciennement produite par BP), le Mexique est le 12e producteur mondial de pétrole. Mais c'est la probabilité que le Mexique soit rejoint dans le même laps de temps par de nombreux autres grands producteurs qui devrait être inquiétante.
Les États-Unis (actuellement numéro un) et certains membres de l'OPEP qui ont exagéré leurs réserves semblent être des candidats probables.
Voici un autre fait troublant et gênant : la production mondiale de pétrole - en utilisant la définition correcte que l'EIA suit du pétrole brut, y compris les condensats de location - a culminé en novembre 2018 à 84,59 millions de barils par jour (mbpj), ce qui signifie qu'elle n'a pas atteint ce niveau depuis. Le dernier chiffre de production disponible, mars 2024, indique une production mondiale de 82,59 mbpj.
(Les lecteurs de longue date savent déjà que le pic de la production mondiale de pétrole ne signifie PAS que nous manquons de pétrole. Cela signifie que le taux de production est en baisse. Et comme notre économie dépend d'un taux de production d'énergie toujours plus élevé pour soutenir sa croissance, ce déclin depuis 2018 affecte déjà la vitalité économique mondiale sous la forme de prix élevés du pétrole. Le pétrole reste la principale source d'énergie mondiale - près de 30 % - et il est essentiel pour les transports, où il fournit plus de 90 % de l'ensemble des carburants).
Si nous avons effectivement dépassé le pic historique de la production mondiale de pétrole, il faut s'attendre à d'autres révélations au cours des prochaines années, comme celle qui a été faite au Mexique la semaine dernière.
Par Kurt Cobb, initialement publié par Resource Insights
https://www.resilience.org/stories/2024-07-28/mexican-oil-production-to-decline-rapidly-after-2030-tip-of-the-iceberg/
Un commentaire d’internaute sur le site « oil man » (Auzanneau) :
« le caractère épuisable de la ressource ne serait plus déterminé essentiellement par des paramètres physiques »: inutile d’aller plus loin.
Le délire habituel du « y en a plein (ça c’est vrai), c’est juste une question de prix pour aller le chercher (ça c’est faux) ».
Il y a un biais fondamental que peu de gens voient dans l’économie de l’extraction pétrolière qui est de penser que c’est le prix du baril qui détermine la rentabilité d’un gisement.
Depuis environ 100 ans, on ne fait plus de trou avec des pelles et des pioches et des bonhommes qu’on peut payer avec du papier imprimé. Ce sont des machines qui font des trous, des compresseurs qui fracturent, des camions, etc. Et ce sera de plus en plus vrai, surtout pour les gisements restants (compact, deep offshore, sub-arctique, etc.). Or les machines ont besoin de kWh (essence, electricité, gaz, peu importe).
Donc en première approximation, faire un trou pour chercher du pétrole (ou du gaz), c’est d’abord consommer de l’énergie.
Ensuite on ne cherche pas du pétrole en tant que kérogène pour faire de la chimie fine à haute valeur ajouté, on cherche de l’énergie (un truc qui brûle). – OK on en utilise un peu pour la chimie, mais ce n'est pas le gros du marché.
Donc en résumé, je consomme des kWh pour faire un trou duquel va sortir des kWh. Tant qu’il sort plus de kWh du trou que j’en ai utilisé (en moyenne sur plein de trous), c’est le prix du marché qui compte (je vends le différentiel sur les marchés et je paye avec du papier mes ouvriers, mes actionnaires, rembourse l’emprunt bancaire, arrose le dictateur local qui me laisse faire, etc.). Plus le prix du baril il est élevé, plus je peux me permettre un différentiel faible (le fameux « critère économique » de l’article).
Question: que ce passe-t-il lorsqu’il sort moins de kWh du trou que ce qu’on a utilisé pour le faire car il faut plus de « technologie » (en réalité: plus de machines et d’énergie pour aller fracturer et sucer le jus dilué)?
Ben c’est simple, on arrête de faire des trous. Indépendamment du prix de l’énergie (même à 1 M$ le baril, vous utilisez le pétrole ou l’énergie en général que vous avez pour faire des trucs utiles).
Ce serait à peu près aussi con que de brûler des diamants dans une machine à vapeur qui creuserait une mine pour extraire des diamants.
En résumé: qu’il reste plein de pétrole/gaz/charbon dilué sous terre, je n’ai aucun problème avec les experts qui prétendent cela.
Ce que je peux affirmer en tant que physicien c’est qu’on n’ira pas le chercher tout simplement parce que l’opération ne sera pas énergétiquement rentable (rien à voir avec l’économie), et comme le dit si bien Jancovici « les lois de la physique sont de vraies lois ».
On peut tricher en économie (créer de la monnaie, effacer des dettes), pas avec la physique (créer et faire disparaitre des trucs, ça s’appelle la magie).
Philippe
À l’approche du précipice énergétique
Avertissez n’importe qui aux États-Unis de la crise énergétique à venir et vous verrez probablement les yeux tourner. « Quelle crise énergétique? C’était il y a un demi-siècle! Les marchés et la technologie ont gagné. Aujourd’hui, nous sommes de retour parmi les meilleurs fournisseurs de pétrole! »
Tout cela est vrai, mais la réponse donne un faux sentiment de sécurité qui fait que les décideurs et le public s’endorment à l'approche de la falaise. Une crise énergétique est à prévoir, quel que soit notre rang (actuellement troisième) parmi les pays fournisseurs de pétrole. Pour voir la crise à venir, il faut regarder sous le vernis des revendications d’approvisionnement en pétrole et poser des questions plus profondes
La question de la pénurie d’énergie est importante parce que l’énergie, fossile ou autre, est étroitement liée à la production économique. Une crise énergétique prolongée — une crise dans laquelle les substituts à l’énergie rare sont trop coûteux, nocifs pour l’environnement ou au-delà des capacités technologiques de l’humanité — mettrait probablement fin à la croissance des économies industrielles. Alors que la décroissance vers une économie stable est ce que recherchent les États stables, une longue et substantielle période de décroissance serait un résultat cauchemardesque qui produirait des souffrances et des conflits inutiles.
Retour sur un choc des prix de l’énergie
Il y a quinze ans, le monde a subi un ralentissement économique qui a nécessité l’intervention des banques centrales et des gouvernements pour éviter un effondrement économique au niveau de la dépression. Dans une grande partie du monde, les économies se sont développées depuis 2001, mais la déréglementation des prêts hypothécaires a produit une bulle qui a envoyé des ondes de choc à travers le système financier et économique mondial. C’est bien compris, mais ce qui est peu reconnu, c’est l’épingle qui fait éclater la bulle. Le prix du pétrole a doublé entre 2007 et 2008.
Les prix du pétrole ont augmenté parce que la production mondiale de pétrole n’a pas pu suivre la demande. Comme le pétrole est une « ressource maîtresse » utilisée pour l’énergie ou comme matière première dans pratiquement tous les secteurs économiques, la hausse des prix a ralenti l’économie mondiale. L’industrie du logement surendettée, déjà vulnérable en raison du manque de solvabilité de certains acheteurs, a commencé à s’effondrer. Et bien que l’intervention gouvernementale ait été importante, la croissance du PIB après la crise de 2008 est restée tiède.
Mais l’économie s’est redressée à mesure que l’extraction d’énergie a repris, ce qui souligne l’importance cruciale de l’énergie pour l’économie. Avec la hausse des prix du pétrole et une période de faibles taux d’intérêt, l’extraction reposant sur une nouvelle technologie — la fracturation hydraulique — a été ajoutée à la boîte à outils de l’industrie pétrolière. La fracturation a augmenté l’approvisionnement en pétrole en ouvrant l’accès à ce qu’on appelle le « pétrole léger de réservoirs étanches » provenant des gisements de schiste du centre du continent américain. Cette période d’approvisionnement accru est connue sous le nom de « boom du schiste ». Cela a fait des États-Unis un fournisseur majeur, et les préoccupations concernant l’approvisionnement en énergie ont glissé dans le rétroviseur. En effet, les manchettes sur le « pic pétrolier » qui étaient courantes avant la grande récession de 2008-2009 ont rapidement disparu lorsque la fracturation a ouvert l’offre.
La dernière décennie a toutefois attiré l’attention sur les limites de la disponibilité de l’énergie et a montré que le boom du schiste pourrait être de courte durée. En raison de l’obscurcissement des producteurs de pétrole (en particulier de la part de l’OPEP), nous sommes encore incertains des réserves mondiales totales de pétrole, et par un tour de passe-passe terminologique (décrit ci-dessous), ce qui était autrefois considéré comme du pétrole a changé de sens, ajoutant à la confusion sur les totaux des réserves.
Un problème comptable
Le pétrole représente environ 40 % de la consommation mondiale totale d’énergie. Étant donné son importance critique pour les économies du monde entier, on pourrait penser que les estimations des stocks restants de pétrole seraient une question réglée. Pourtant, les experts ont offert un large éventail d’estimations depuis des décennies. La détermination des réserves récupérables restantes des pays et du monde est difficile pour plusieurs raisons.
Premièrement, il y a un manque de transparence; les producteurs sont réticents à divulguer l’étendue de leurs actifs ou ils souhaitent les exagérer pour exercer une plus grande influence à l’échelle mondiale. Les analystes pétroliers se méfient de certaines revendications des producteurs depuis de nombreuses années. Une analyse récente suggère que les réserves de l’OPEP sont surévaluées de 300 Go (milliards de barils) et les réserves de l’USF de 100 Go. (La réduction des réserves de l’OPEP s’alignerait sur la théorie de longue date pour expliquer le « mystère » des ajouts soudains de réserves dans les années 1980 – les ajouts étaient probablement une manœuvre pour augmenter les quotas d’exportation.)
Un autre problème dans le comptage des réserves de pétrole résulte de la fusion des huiles lourdes avec le pétrole conventionnel. Les ressources pétrolières lourdes sont abondantes, mais moins utiles économiquement que le pétrole conventionnel, et leur extraction est économiquement (et écologiquement) coûteuse et difficile à augmenter. Pourtant, les huiles lourdes sont comptées dans la production comme si elles étaient équivalentes en qualité et en accessibilité au pétrole conventionnel. En fait, parce qu’ils sont plus difficiles à extraire, leur « débit » est limité et ils ne peuvent pas fournir une capacité de réserve importante en cas de besoin.
Le pétrole de schiste complique également la question de la comptabilisation du pétrole. Les États-Unis sont dotés des meilleurs gisements de schiste bitumineux (pour la production de pétrole) de la planète et ont plus que doublé leur production au cours des dix dernières années. Cette production a stimulé la production de combustibles fossiles entièrement liquides et contribue à expliquer comment la demande mondiale a été satisfaite au cours de la dernière décennie. Comme le montre la figure, le pétrole classique a atteint un plateau. Presque tous les nouveaux ajouts à la consommation proviennent du pétrole de réservoirs étanches (de schiste) américain.
Le pétrole de schiste est toutefois aux prises avec plusieurs problèmes. L’un d’eux est la nature intimidante et capitalistique du processus d’extraction. Contrairement à l’extraction dans les champs conventionnels, le schiste de fracturation pour le pétrole est un effort constant impliquant le forage d’un à trois milles, puis latéralement pour des milles de plus avant la fracturation hydraulique du schiste (injection de fluides sous une pression énorme contenant de grandes quantités de sable pour garder les fractures ouvertes), et enfin, pompage de l’huile libérée hors du dépôt. Cela doit être fait continuellement pour exploiter un champ.
Un deuxième problème avec le schiste est la nature du « pétrole » produit. L’analyse effectuée par le géologue pétrolier Art Berman indique qu’aux États-Unis, 30 % de la production de pétrole déclarée, en grande partie à partir du schiste, est constituée de liquides de gaz naturel, c’est-à-dire d’hydrocarbures légers dont la teneur en énergie est nettement inférieure à celle du pétrole brut classique. La qualité légère de l’huile ne convient pas au transport lourd qui repose sur le diesel. Ainsi, une grande partie du pétrole de schiste de fracturation produit par les États-Unis ne peut pas être utilisé dans le pays et doit être exporté, de sorte qu’il ne contribue pas à l’approvisionnement énergétique des États-Unis.
L’autre problème pour le schiste est le taux de déclin spectaculaire d’un puits typique. Un puits classique peut avoir un taux de déclin de 6 % par an après avoir atteint un sommet, mais les puits fracturés ont chuté de façon spectaculaire dès le début, avec un taux de déclin de 60 % la première année et de 25 % la seconde.
Cela signifie que les entreprises doivent forer continuellement de nouveaux puits pour maintenir la production à un niveau constant. Il s’agit de la situation difficile de « la Reine Rouge », après le film de Lewis Carroll « Through the Looking Glass », dans lequel la Reine conseille à Alice de courir le plus vite possible pour rester en place. C’est une métaphore très appropriée pour la fracturation.
Si la demande mondiale de pétrole continue d’augmenter comme prévu par les organismes consultatifs sur l’énergie comme l’Agence internationale de l’énergie et l’Energy Information Agency des États-Unis, les gisements de fracturation devront se comporter de mieux en mieux dans les années à venir. Pourtant, la production dans deux des principales zones de schiste bitumineux, le Eagle Ford en 2013 et le Bakken en 2020, a apparemment atteint un sommet, ne laissant que le bassin permien comme possibilité d’expansion.
En résumé, compte tenu du plafonnement du pétrole classique, de l’exagération probable des niveaux de réserves de certains pays et du déclin rapide de la fracturation hydraulique comme stratégie pour stimuler la production conventionnelle, un pic du total des liquides devrait être une préoccupation urgente pour les décideurs et le public.
Le temps que les humains prendront pour extraire le pétrole illustrent sa valeur en tant que source d’énergie. Fini le temps où un explorateur pouvait enfoncer un tuyau dans le sol et frapper un « jet ». Aujourd’hui, nous forons à des kilomètres de profondeur dans l’océan, extrayons des sables bitumineux sales et fissurons des roches profondes (fracturation) pour trouver du pétrole. Mais ces mesures de plus en plus extrêmes elles-mêmes nécessitent des apports énergétiques croissants.
Cela soulève une question clé : combien d’énergie est dépensée pour obtenir diverses formes d’énergie? Quel est le coût énergétique de la production d’énergie? Les analystes qui ont étudié la question ont élaboré le concept de « rendement énergétique de l’énergie investie », ou EROEI, pour répondre à cette question. La mesure exprime l’énergie dans la ressource extraite par rapport au coût énergétique de son exploration et de son développement.
Par exemple, l'extraction de 50 unités d'énergie dans le pétrole (comme dans les champs pétroliers et gaziers historiques) peut nécessiter une unité d'énergie, pour un EROEI de 50 pour 1. Mais au fil du temps, comme l'extraction du pétrole nécessite des efforts croissants, l'EROEI du pétrole pourrait tomber à 30 pour 1, puis à 15 pour 1. La baisse de l'EROI est précisément ce qui caractérise l'état actuel de l'extraction d'hydrocarbures fossiles, comme le montre le graphique.
Les implications sont stupéfiantes. La baisse de l'EROEI révèle que l'extraction de l'énergie sera de plus en plus coûteuse et, à terme, prohibitive. Les hydrocarbures seront toujours dans le sol, mais les coûts de leur extraction continueront de grimper. Cela signifie également que, à moins que le développement d'un nouveau type de source d'énergie ne se développe, la société devra s'adapter à un avenir énergétique beaucoup plus faible. Et cela suggère que les coûts monétaires de l'extraction éroderont la croissance du PIB et, à terme, limiteront l'expansion économique.
Il faut agir maintenant En 2005, quelques années seulement avant que la hausse du prix du pétrole ne déclenche la crise économique de 2008, le département américain de l'Énergie a commandé un rapport au groupe de réflexion SAIC intitulé « Peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation and Risk Management ». Il ressort clairement des entretiens que les auteurs ont été choqués par les implications de l'arrivée prochaine du pic pétrolier mondial, qu'ils ont qualifié de « problème de gestion des risques sans précédent ». En analysant l'aspect de l'offre et de la demande du défi de la pénurie de pétrole, ils ont conclu qu'au moins une décennie, et plus probablement deux, serait nécessaire pour se préparer au pic pétrolier et prévenir les bouleversements sociaux et économiques.
Le rapport a suscité beaucoup d'attention à l'époque, tout comme d'autres avertissements concernant les limites énergétiques. Mais la « révolution du schiste » qui a suivi a tout changé. Au lieu d'être reconnus comme un dernier domaine d'exploration et de récupération, les médias ont présenté le schiste et la fracturation hydraulique comme un élixir énergétique. Les années qui se sont écoulées n'ont pas produit la planification préparatoire que Hirsch avait prévenue qu'elle devrait avoir lieu.
Peut-être qu'un pic visible à l'horizon attirera l'attention sur la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons : la croissance économique perpétuelle ne peut pas être conciliée avec les limites énergétiques. Plus nous attendons pour agir, plus la falaise est haute, plus l'atterrissage est douloureux et plus la transition vers une économie stable est difficile. Certaines communautés locales se sont préparées à une pénurie d'énergie, et je partagerai leur travail de conservation et d'adaptation dans un prochain article.
Par Dave Rollo, publié à l’origine par le Center for the Advancement of a Steady State Economy
https://www.resilience.org/stories/2024-02-07/approaching-the-energy-cliff/
Patrick Pouyanné, PDG de Total, a déclaré à Davos que la production de pétrole brut diminuait chaque année de 3 à 4 %, l’équivalent de celle de Total, opérateur dans de nombreux pays dont par exemple le Gabon mais aussi la Russie où il n’est qu’extracteur équipementier des gisements. Il est impossible de trouver quelle est la production de pétrole de Total, seules les données comptables sont accessibles.
Mais quand Pouyanné a précisé que la production globale de pétrole brut mondiale diminuait de l’équivalent de celle qu’il dirige et qu’il a ajouté qu’à partir de 2030 la production de Saoudi Arabian Oil Co (ex Aramco et maintenant cotée à la bourse de Riyad) allait diminuer, les résultats de l’injection d’eau de mer dans les gisements pour les activer devenant de moins en moins efficace, il est clair que les dirigeants saoudiens veulent préparer leur avenir et ne plus dépendre d’un dollar dévalué pour réaliser tous les projets dont rêve MBS pour son pays. Il faudra donc que le monde change de paradigme. ..

Patrick Pouyanné prévoit donc une baisse inévitable de la production de pétrole et le fameux « pic pétrolier » est vraisemblablement déjà atteint. La réduction des émissions de CO2 deviendra alors non pas une décision autoritaire des gouvernements pour la plupart occidentaux mais un fait incontournable.
Une autre conséquence également inévitable sera une augmentation du prix du baril de pétrole quelle que soit la devise utilisée pour évaluer son cours sur les marchés internationaux et cet « état de fait » réduira la croissance économique et il sera alors nécessaire d’imaginer d’autres scenarii pour les sociétés telles qu’on les connait aujourd’hui habituées à la croissance économique.
Quel dirigeant politique oserait déclarer publiquement que la croissance économique fait maintenant partie de l’histoire et qu’il faudra s’habituer à une longue période de vaches maigres compte tenu d’une énergie moins abondante et plus coûteuse....
Jacques Henry (extraits)
https://jacqueshenry.wordpress.com/
J’ai prédit que la production américaine de pétrole et de gaz atteindrait probablement un pic et un plateau vers 2025, et que les principaux producteurs du Moyen-Orient atteindraient un pic et un plateau vers les années 2030. Ce scénario semble maintenant se dérouler sous nos yeux. Pourtant, personne n’en parle.
Sans pétrole, pas d’électricité !
Sans pétrole et la pétrochimie, il serait impossible de produire de l’électricité. Ce sera encore le cas dans un futur lointain.
Avant l’exploitation du pétrole et de ses dérivés (1859), la production industrielle d’électricité n’existait pas (début vers 1870), … et ne pouvait pas exister.
Aujourd’hui, sans pétrole et la pétrochimie qui en découle, il serait impossible de produire de l’électricité !
Et ce sera encore le cas dans un futur lointain.
La poule et l’œuf
La première dynamo à courant continu date de 1871, la lampe à incandescence de 1879, et les premières centrales hydroélectriques de 1880.
Tous les composants des moyens de production d’électricité et tous les appareils électriques sont fabriqués aujourd’hui à partir de produits pétrochimiques issus du pétrole (centrales électriques, éoliennes, panneaux photovoltaïques, véhicules électriques, barrages, ampoules, smartphones, cafetière, réfrigérateurs, téléviseurs, fibres synthétiques pour les vêtements, etc.).
Sans le pétrole fournissant la matière première pour la fabrication de produits pétrochimiques et de carburants, il n’y aurait pas d’informatique (ne serait-ce que les gaines électriques et les isolants des plaques électroniques), ni aucune des grandes constructions sur lesquelles repose aujourd’hui notre civilisation, car toutes nécessitent du plastique et des dérivés du pétrole.
En effet, aucune production d’électricité n’apporte, ni ne crée, le matériau de base permettant de fabriquer un produit final manufacturé !
L’électricité peut charger un smartphone, faire rouler des voitures, faire fonctionner un défibrillateur à l’hôpital, faire tourner des machines, tisser des vêtements, chauffer un radiateur, mais elle ne peut pas créer la matière de ces appareils.
Le monde continue de se concentrer sur « l’électricité », dont le stockage massif est un mirage, pour essayer de se sevrer du pétrole, mais sans pétrole il n’y aurait tout simplement pas d’électricité !
L’électricité ne peut que transformer, chauffer et déplacer des matériaux dont les constituants de base sont contenus dans le pétrole.
La réalité fondamentale est que toute production d’électricité a besoin de pétrole, et que tout ce qui a besoin d’électricité est fabriqué en partie avec des produits pétrochimiques issus du pétrole.
Productions d’électricité et produits manufacturés
Une bonne politique énergétique pour les Français (et aussi pour l’humanité) favorise la production d’électricité et de produits manufacturés.
L’objectif est de continuer à développer un monde moderne et prospère dans l’optique d’une future raréfaction inéluctable, d’abord du pétrole, puis du gaz, puis du charbon, même si les échéances sont floues et reculent avec les prospections et les progrès d’extractions.
Les politiques énergétiques devraient donc être décomposées en deux politiques :
- Une politique centrée sur les moyens de production d’électricité (pilotables, ou fatales et intermittentes)
- Une politique centrée sur la production manufacturée destinée à soutenir matériellement les besoins de l’humanité
Les matières utilisées par la société actuelle sont, pour la plupart, fabriquées à partir de produits pétrochimiques issus du pétrole (ils n’existaient pas avant les années 1900). Et aucune solution de rechange n’existe encore à ce liquide miraculeux pour répondre aux besoins concrets de la société moderne.
Il y a électricité et électricité…
Il existe deux sortes de production d’électricité :
- Une électricité pilotable (ou commandable) ininterrompue et directement utilisable provenant du nucléaire, de l’hydroélectricité, du charbon, du gaz naturel, et du pétrole.
- Une électricité occasionnelle provenant notamment d’éoliennes et de panneaux solaires fournissant une électricité aléatoire, voire intermittente, nécessitant des stockages et/ou d’autres moyens commandables en soutien.
La production occasionnelle d’électricité à partir d’éoliennes et de solaire PV, malgré le stockage des surplus dans des batteries et dans quelques barrages trop peu nombreux pour lisser la production, ne répondra jamais aux besoins d’une société moderne.
L’électricité occasionnelle (fatale, aléatoire et/ ou intermittente) peut éventuellement être acceptable pour la cafetière, le grille-pain, les machines à laver et d’autres objets accessoires, y compris certains véhicules électriques (voitures, vélos, trottinettes…).
Mais les hôpitaux, les communications, les transports (trains, métro, tramways…), internet, les ascenseurs, les feux de circulation, fonderies, etc. nécessitent une électricité stable ininterrompue dont la puissance fournie doit correspondre au besoin.
Pas de pétrole, pas d’électricité !
Se débarrasser du pétrole (volontairement ou s’il venait à manquer) supprimera rapidement l’électricité et débarrassera en même temps le monde de tous les produits manufacturés qui existent aujourd’hui, y compris les éoliennes, les panneaux solaires, les centrales électriques, les véhicules, etc.
L’absence de pétrole, et donc en même temps d’électricité, ramènera à la société « zéro émission » des années 1800…, alors très polluées par le charbon et le bois de chauffage dont l’utilisation grandissante, à l’époque, commençait à anéantir les forêts françaises et européennes !
L’avenir repose, parait-il, sur l’électricité pour succéder à la combustion des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole) pour se chauffer, se déplacer et faire fonctionner une société moderne.
Dans ce cas, il serait vraiment judicieux de ne pas perdre de vue que les deux précieuses ressources à économiser sont l’uranium 235 (puis ensuite le plutonium) pour chauffer l’eau qui produira massivement cette électricité dans des turbines, et… le pétrole dont les dérivés composent les machines qui produiront et utiliseront l’électricité !
Pas de pétrole, pas d’électricité !
https://www.contrepoints.org/2023/11/30/467678-sans-petrole-pas-delectricite
DAVOS, Suisse, 16 janvier (Reuters) - Le marché du pétrole brut pourrait être confronté à une pénurie d'offre à partir de 2025, l'exploration pétrolière ne parvenant pas à suivre le rythme de la demande, a déclaré mardi la directrice générale d'Occidental Petroleum (NYSE:OXY), Vicki Hollub.
En 2017, j’ai évalué ces tendances dans Failing States, Collapsing Systems [États défaillants, systèmes en déliquescence, ouvrage non traduit, NdT]. J’ai prédit que la production américaine de pétrole et de gaz atteindrait probablement un pic et un plateau vers 2025, et que les principaux producteurs du Moyen-Orient atteindraient un pic et un plateau vers les années 2030.
Ce scénario semble maintenant se dérouler sous nos yeux. Pourtant, personne n’en parle.
(extrait)
https://www.les-crises.fr/l-economie-fossile-americaine-vit-ses-derniere-annees-avant-la-fin-de-l-ere-du-petrole/
Quelle sera la dernière compagnie pétrolière à survivre ? ... après les méga-fusions US, BP, Shell ou Total deviennent trop petits et de potentielles cibles de rachat. Bruxelles pourrait voir partir vers les Etats-Unis le pétrole jusqu’ici affecté au Vieux-Continent. Du coup, le PDG de Shell, Wael Sawan va supprimer 15% des effectifs dans la division des solutions à faible émission de carbone
Par une glorieuse journée d'été, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, un as de la chasse allemande, dont l'escadron était cloué au sol par manque de carburant, était assis sur une chaise longue et regardait les traînées de vapeur des bombardiers américains écrire la fin du Troisième Reich dans un ciel d'azur.
Métaphoriquement, c'est un message similaire qui est en train de s'écrire dans le ciel aujourd'hui. Selon Goehring & Rozencwajg - qui sont les meilleurs en matière d'analyse énergétique - le pic de Hubbert est enfin arrivé. Bien entendu, seul le recul permet de déterminer avec certitude le moment où le "pic pétrolier" est devenu une réalité, mais G&R a très probablement raison.
La production de pétrole conventionnel étant en déclin depuis 2016, la seule source d'approvisionnement non conventionnelle encore capable d'augmenter est le bassin permien, situé dans six comtés de l'ouest du Texas.
Ce bassin, selon G&R, est à moins d'un an de son propre pic, et nous savons à quelle vitesse la production de schiste décline une fois qu'un bassin glisse sur la pente descendante du "tapis roulant du forage". Les taux de déclin des puits de schiste individuels ont tendance à être très rapides, et il arrive inévitablement un moment où les exploitants ne peuvent plus forer suffisamment de nouveaux puits pour arrêter la baisse de la production globale.
L'OPEP affirme disposer d'une capacité de production de réserve de 4 millions de barils par jour, mais même si c'est vrai, ce qui est très discutable, cela ne suffira pas longtemps, car la demande augmente et les autres sources d'approvisionnement déclinent inexorablement.
Le pic et le déclin imminent de l'offre de pétrole entraînent des changements radicaux dans des activités jusqu'ici considérées comme acquises. Il est presque impossible d'exagérer l'importance du pétrole pour de nombreux aspects de la vie quotidienne.
Certains exemples sont évidents, mais beaucoup d'autres le sont moins. À moins de croire, par exemple, que nous pouvons remplacer l'essence aviation par de l'huile de cuisson recyclée, les voyages aériens de masse sont terminés, pas nécessairement de façon imminente, mais inévitablement. L'avion peut rester une option pour les personnes aisées, mais d'énormes économies d'échelle seront perdues, et les industries structurées autour des vols à bas prix seront laissées en plan.
Il en va de même pour l'automobile, malgré l'euphorie entourant les véhicules électriques. Là encore, les plus aisés seront en mesure de passer à ces véhicules, en particulier dans les pays les plus prospères du monde. Mais nous ne disposons pas de suffisamment de matières premières (ni de l'énergie nécessaire pour les extraire, les traiter et les acheminer) pour remplacer l'ensemble des 2 milliards de voitures et de véhicules commerciaux de la planète par des alternatives électriques et, même si c'était le cas, nous devrions alimenter une grande partie d'entre eux avec du charbon.
C'est là, bien sûr, que les partisans de l'économie de marché jouent leur carte maîtresse, à savoir la technologie. Le potentiel illimité de l'innovation technologique est - avec la croissance infinie et le potentiel bénéfique illimité de l'économie néolibérale - l'un des trois grands mythes de notre époque.
Nous avons effectivement fait d'énormes progrès technologiques au cours des deux derniers siècles, mais cela a été possible parce que l'offre d'énergie à faible coût a toujours été abondante jusqu'à présent. Les technologies évoluent en fonction de l'énergie disponible pour les alimenter, et la proposition contraire est ridicule.
La question essentielle, si souvent écartée ou ignorée par les grands prêtres du nouveau et du brillant, est que les capacités de la technologie sont limitées par les lois de la physique. Le fait est que nous ne pouvons pas abroger la loi de Betz (qui fixe l'efficacité potentielle maximale des éoliennes), ni mettre de côté la limite de Shockley-Quiesser (qui fait de même pour l'énergie solaire).
Une fois ces limites comprises, les améliorations transformationnelles des rendements de conversion ne sont plus possibles, ce qui nous laisse avec la lourde tâche, coûteuse et gourmande en ressources, de construire des capacités suffisantes, non seulement pour remplacer l'énergie fossile, mais aussi pour compenser l'intermittence.
C'est ici que le terme "renouvelable" devrait être soumis à un examen beaucoup plus critique qu'il ne l'a été jusqu'à présent. Les matières plastiques nécessaires au secteur des énergies renouvelables ne peuvent être obtenues sans les matières premières que sont les hydrocarbures. Les énergies renouvelables ne peuvent pas, à elles seules, alimenter l'extraction, le traitement et la livraison des grandes quantités de béton, d'acier, de cuivre, de cobalt, de lithium et d'une foule d'autres ressources nécessaires au développement, à l'entretien et au remplacement éventuel de l'énergie éolienne et de l'énergie solaire.
En bref, les "énergies renouvelables" ne mériteraient ce qualificatif que si elles étaient capables de se renouveler - c'est-à-dire de se remplacer - au fil du temps. Ce n'est pas possible aujourd'hui, et il y a peu de raisons de penser que cela le deviendra à l'avenir.
Tout pilote digne de ce nom sait que "Isaac (Newton) attend toujours" en cas d'erreur. Les visionnaires de la transition énergétique doivent développer une conscience équivalente des dures limites de la physique.
Les investisseurs ont d'ailleurs leur propre version de la mystique technologique, à savoir le concept de croissance rentable infinie garanti par la technologie. Certaines des technologies actuelles, telles que la vente au détail en ligne, ont une valeur incontestable, et les véhicules électriques ont un rôle futur important (bien que de niche) à jouer.
Mais une grande partie de la "technologie" repose sur un modèle d'entreprise supposé, à tort, invulnérable aux changements économiques. Des pans entiers de la "tech" sont financés par les deux sources que sont les abonnements et les recettes publicitaires, toutes deux susceptibles de se contracter rapidement à mesure que la prospérité discrétionnaire des ménages diminue et que les entreprises s'efforcent de s'adapter à un monde moins prospère. La technologie de la "tech" a peut-être évolué, mais pas le modèle commercial.
Un autre type d'innovation
Ceux d'entre nous qui sont favorables à une forte composante d'entreprise privée au sein d'une économie mixte reconnaissent l'impulsion donnée à l'innovation par la recherche concurrentielle d'une rentabilité accrue. Il n'y a aucune raison de supposer que l'innovation ralentira, voire cessera, dans une économie post-croissance.
Mais on peut s'attendre à ce que l'accent soit fondamentalement déplacé, car les entreprises cherchent à contrôler les coûts et à résister en simplifiant les produits et les processus, en retardant, en raccourcissant les chaînes d'approvisionnement et en contournant le "risque de masse critique". Les cadres dirigeants ne disposent pas encore d'un ensemble de connaissances sur la gestion de la contraction - et la courbe d'apprentissage nécessaire sera probablement abrupte - mais, comme toujours, les innovateurs mèneront le peloton.
La diminution prochaine de l'offre de pétrole et de combustibles fossiles en général, associée à l'augmentation continue des coûts et à l'absence de solutions de remplacement complètes, offre une visibilité importante sur les tendances futures. La personne moyenne dans le monde deviendra progressivement moins prospère, un processus exacerbé par l'augmentation des coûts réels des produits de première nécessité à forte consommation d'énergie, notamment la nourriture, l'eau, le logement et les déplacements essentiels.
Il en résultera une contraction par effet de levier de l'accessibilité financière des produits et services discrétionnaires (non essentiels). L'intensité de la main-d'œuvre dans l'économie inversera son long déclin, en absorbant les travailleurs libérés par la contraction des secteurs discrétionnaires.
Dans cette mesure, la contraction économique est capable, du moins en théorie, de se produire progressivement. Il n'en va pas de même pour le système financier. Si le système financier actuel était une voiture, vous ne l'achèteriez pas - elle n'a pas de marche arrière, pas de freins dignes de ce nom, une direction au mieux rudimentaire, un pare-brise presque opaque qui ne donne pratiquement aucune visibilité vers l'avant, et une tendance à accélérer de son propre chef.
Comme vous le savez peut-être, je pense que nous ne pouvons chercher à comprendre efficacement les tendances économiques que si nous adoptons le concept de "deux économies" - une "économie réelle" de produits matériels et de services, et une "économie financière" parallèle de monnaie et de crédit.
Il s'ensuit que l'argent, qui n'a pas de valeur intrinsèque, n'a de valeur qu'en tant que "créance" sur les biens et services mis à disposition par l'"économie réelle". Ces "droits" existent sous deux formes : ceux que nous exerçons, de manière transactionnelle, dans le présent, et ceux que nous mettons de côté pour les exercer dans le futur. Mesuré par rapport à la prospérité matérielle, l'exercice de prétentions excessives dans le présent est médiatisé par l'inflation, mais le véritable problème réside dans un énorme excès de "prétentions sur l'avenir" monétaires.
Acheter maintenant, s'effondrer plus tard
Ce problème pourrait lui aussi être arbitré par l'inflation, mais seulement si la dégradation inflationniste des créances à terme n'est pas annulée par la création continue de nouvelles créances excédentaires pour les remplacer. Les autorités disposent de pouvoirs de surveillance et de réglementation considérables en ce qui concerne les banques de dépôt orthodoxes, mais le problème s'est déplacé de la banque conventionnelle vers le secteur du "crédit fantôme", largement non réglementé (et même largement non quantifié).
Chaque fois que quelqu'un achète, par exemple, un nouveau réfrigérateur, une nouvelle voiture ou des vacances coûteuses qu'il ne peut pas se permettre - et que les banques conventionnelles ne seraient pas disposées à financer - nous voyons le système du "crédit fantôme" en action. Même si rien de plus dramatique ne se produit - et le dramatique a en fait beaucoup plus de chances de se produire que de ne pas se produire - la probabilité est que le système sera coulé par le fardeau insoutenable des sorties financières continues imposées aux ménages par le financement irresponsable de ce qui n'est pas abordable.
Il convient de souligner que nous ne sommes pas sur le point de "manquer" de pétrole. Nous sommes plutôt confrontés à une diminution relativement progressive de l'offre, aggravée par une augmentation continue des coûts énergétiques de l'énergie. Il est peu probable que les prix du pétrole nous avertissent à l'avance : ils pourraient augmenter en raison de la pénurie, mais ils pourraient également baisser en raison de l'appauvrissement des consommateurs. Le déclin de l'offre de pétrole est susceptible d'accélérer, par le biais d'un changement, des dynamiques similaires dans d'autres combustibles.
Il peut sembler évident que moins de pétrole signifie moins de voitures et moins d'avions, mais la véritable importance de la contraction du pétrole réside dans ce qu'elle signifie pour les activités "en coulisses" telles que la production alimentaire, l'approvisionnement en produits pétrochimiques et la distribution de produits et de matières premières.
Le moment, ainsi que les implications, du "pic pétrolier" ont été débattus pendant des décennies, et la date précise de son arrivée n'a pas de signification pratique particulière. En outre, l'excédent de pétrole - c'est-à-dire l'offre moins le coût de livraison ECoE - a déjà diminué, tant au niveau global que par habitant.
Mais la signification symbolique du "moment" du pic pétrolier pourrait difficilement être plus profonde.
Tim Morgan
L'économie américaine basée sur les combustibles fossiles se dirige vers l'effondrement - cela signifie la fin de l'ère du pétrole
La production pétrolière américaine est sur le point d'atteindre son maximum, mais le monde n'est pas préparé aux conséquences économiques et politiques considérables qui en résulteront. La seule voie possible est celle de la transformation énergétique et économique.
L'économie mondiale est actuellement au bord de la crise bancaire. Le GIEC vient de publier son dernier grand rapport, qui avertit que les émissions mondiales de carbone doivent atteindre leur maximum et diminuer immédiatement si nous voulons éviter de plonger dans un réchauffement climatique dangereux en dépassant la "limite de sécurité" de 1,5°C. Ces dernières semaines et ces derniers mois, les dirigeants de l'industrie ont annoncé que la révolution du pétrole et du gaz de schiste aux États-Unis était terminée.
Pourtant, peu de gens, si ce n'est personne, se demandent pourquoi ces événements se produisent en même temps et ce qu'ils signifient réellement.
L'un de nos principaux problèmes est que nous avons tendance à penser en silos et en secteurs. Or, dans le monde réel, les secteurs que nous supposons fonctionner séparément sont en fait fondamentalement interconnectés. Nous ignorons et minimisons ces interconnexions systémiques à nos risques et périls.
La persistance de l'inflation mondiale a surpris de nombreux économistes. S'ils reconnaissent que l'impact de la guerre de la Russie en Ukraine sur l'approvisionnement en énergie et en denrées alimentaires a été le principal moteur, cette hypothèse cloisonnée a conduit à ne pas comprendre pourquoi il est peu probable que l'inflation disparaisse tout simplement de sitôt.
Nous avons de bonnes raisons de penser que les facteurs sous-jacents de l'inflation ne se limitent pas à la guerre en Ukraine. Bien qu'ils soient extrêmement difficiles à quantifier, le changement climatique et la dégradation de l'environnement alimentent l'inflation en érodant la productivité agricole, ce qui entraîne une hausse du coût des denrées alimentaires. L'impact des phénomènes météorologiques extrêmes cause également des dommages de plus en plus importants aux infrastructures, ce qui entraîne des coûts plus élevés. À mesure que ces coûts se répercutent sur le système, l'offre de biens et de services devient plus onéreuse.
Moins difficile à quantifier, l'inflation est historiquement liée aux hausses des prix de l'énergie. De plus en plus d'éléments indiquent que le monde est en train de vivre un changement majeur dans le système mondial des combustibles fossiles, qui entraîne une augmentation des coûts et une diminution des rendements, ce qui finira par avoir un effet inflationniste majeur pendant beaucoup plus longtemps et plus profondément que ce que l'on pense habituellement.
La fin du boom du schiste
Depuis la fin de l'année dernière, un nombre croissant de rapports soulignent que la révolution du schiste aux États-Unis touche à sa fin. Pourtant, les conséquences mondiales considérables de ce phénomène ne sont pas discutées.
Le Wall Street Journal titrait : "Le boom du schiste américain montre des signes d'apogée alors que les grands puits de pétrole disparaissent". "L'ère de la croissance agressive du schiste américain est révolue", a déclaré au Financial Times Scott Sheffield, PDG de Pioneer, l'une des principales entreprises indépendantes du secteur du schiste. "Le modèle de schiste n'est définitivement plus un producteur d'appoint. Et selon Bloomberg : "Le spectre du pic pétrolier, qui a hanté les marchés mondiaux de l'énergie au cours de la première décennie du XXIe siècle, refait surface.
Les dirigeants de l'industrie américaine reconnaissent désormais ouvertement que la production pétrolière des États-Unis devrait atteindre son maximum dans les cinq ou six prochaines années, voire en 2030. Mais il est de plus en plus évident que ce pic interviendra bien plus tôt, certains observateurs de l'industrie estimant qu'il se produira d'ici un ou deux ans.
Ce qui est extraordinaire à propos de ces aveux, c'est le peu d'impact qu'ils ont sur le débat public. Les implications sont sismiques. En 2005, par exemple, le groupe de réflexion RAND Corp de Washington DC prévoyait que les États-Unis disposaient de suffisamment de pétrole de schiste pour durer 400 ans ; et en 2012, un cadre supérieur d'ExxonMobil affirmait que les États-Unis avaient "environ 100 ans d'approvisionnement en gaz naturel".
Ces affirmations grandiloquentes ont souvent été présentées comme des faits irréfutables par certains des médias les plus respectés au monde.
Les récalcitrants (comme moi) qui avertissaient que le pétrole et le gaz de schiste n'offriraient au mieux qu'un coup de pouce temporaire qui ne manquerait pas de culminer et de décliner à court terme, avec des conséquences économiques mondiales majeures, ont été traités de "pessimistes".
Il s'avère aujourd'hui que nous avions raison depuis le début.
Les erreurs de prévision
Cela ne veut pas dire que les "peak oilers" traditionnels de l'époque avaient raison. Ils pensaient à tort qu'après le plafonnement du pétrole conventionnel vers 2005, les prix du pétrole grimperaient de façon permanente à trois chiffres, alors que la production mondiale de pétrole entrerait en phase terminale de déclin. Cela ne s'est pas produit. Au contraire, la demande mondiale s'est déplacée vers les formes plus coûteuses de pétrole et de gaz non conventionnels - en particulier le schiste américain - qui ont comblé une grande partie de la pénurie alors que la production de pétrole conventionnel ralentissait.
Mais il s'agissait d'un contexte de récession, de sorte que la demande mondiale était beaucoup plus faible que prévu. Les hausses massives des prix du pétrole entre 2005 et 2008 ont contribué à l'effondrement du système bancaire. Mais comme les projets de production pétrolière sont planifiés des années à l'avance en fonction des attentes de la demande, le pétrole a continué à être pompé malgré la baisse de la demande due à la récession économique.
Il en est résulté une surabondance de pétrole et de gaz de schiste sur les marchés mondiaux, ce qui a permis aux prix du pétrole de baisser et a alimenté la croyance généralisée en une nouvelle ère de pétrole bon marché "made in America".
Il ne fait aucun doute que le boom du schiste aux États-Unis a connu une période faste, mais sa durée de vie "saine" semble être d'environ deux décennies. Si le pétrole et le gaz de schiste américains sont sur le point d'atteindre leur apogée et de décliner dans les prochaines années, qu'est-ce que cela signifie pour l'économie américaine et mondiale ?
Une contraction économique à venir
Étant donné que la révolution du schiste aux États-Unis a joué un rôle clé dans le maintien des prix mondiaux du pétrole à un niveau bas et dans la satisfaction des besoins en énergie d'une activité économique continue, le recul de cette révolution aura des répercussions économiques massives.
La production américaine a représenté environ 70 % de l'augmentation totale de la capacité pétrolière mondiale depuis 2019, et 75 % de la croissance des approvisionnements en gaz liquéfié. Ainsi, lorsque le pétrole et le gaz de schiste américains atteindront des sommets, des plateaux et déclineront, la production mondiale de pétrole et de gaz en fera de même très peu de temps après.
Les producteurs de pétrole et de gaz du Golfe ne seront toutefois pas en mesure de combler le déficit. La production pétrolière des États-Unis s'élève actuellement en moyenne à environ 11 millions de barils par jour (mbj).
Une analyse de 2022 des données de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui comprend les plus grandes puissances telles que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, suggère que le maximum que l'OPEP pourrait collectivement augmenter est d'environ 4,5 millions de barils par jour, c'est-à-dire moins de la moitié de la production actuelle de schiste aux États-Unis.
On ne sait pas non plus combien de temps l'OPEP peut déployer des capacités de réserve pour maintenir des niveaux de production maximaux. Cela suggère que l'OPEP ne sera pas en mesure de combler de manière significative le déficit d'approvisionnement à mesure que le schiste américain décline, ce qui est un indicateur clair que la production mondiale totale de pétrole finira par commencer à atteindre un pic et à décliner.
En 2017, j'ai évalué ces tendances dans Failing States, Collapsing Systems. J'ai prédit que la production américaine de pétrole et de gaz atteindrait probablement un pic et un plateau vers 2025, et que les principaux producteurs du Moyen-Orient atteindraient un pic et un plateau vers les années 2030. Ce scénario semble maintenant se dérouler sous nos yeux.
Pourtant, personne n'en parle.
Les conséquences économiques et financières à court terme seront dévastatrices et pourraient entraîner des conséquences permanentes à long terme en l'absence d'une action transformatrice significative. L'impact sur l'économie américaine sera profond.
La production de schiste a représenté 10 % de la croissance du PIB aux États-Unis entre 2010 et 2015, ce qui signifie que la prochaine décennie de plafonnement et de déclin du schiste effacera progressivement cette croissance. Cette situation sera vécue comme une crise économique inflationniste prolongée qui, à son tour, contribuera à la volatilité des marchés financiers mondiaux. Les experts ne comprendront probablement pas ces liens systémiques, se concentrant plutôt sur les banques en faillite, les institutions financières et la dette, sans en comprendre les déclencheurs énergétiques.
Tout ceci implique que nous sommes en train de somnoler dans une crise énergétique mondiale qui, sans accélérer la transformation propre du système énergétique, aura de graves conséquences économiques et financières en sapant la base énergétique fondamentale des flux économiques mondiaux. Cela aggravera les vulnérabilités accumulées dans le système bancaire, liées à des formes d'endettement insoutenables.
Les répercussions et les sauvetages observés dans les cas de la Silicon Valley Bank, du Crédit suisse et d'autres ne sont que les premières fissures, qui deviendront des fentes de plus en plus larges en l'absence d'une restructuration économique radicale liée au développement rapide d'un nouveau système énergétique.
Alors que ce nouveau système est encore en train d'émerger, il est peut-être inévitable que nous rencontrions un certain nombre de goulets d'étranglement. Le danger est qu'au lieu d'utiliser ces goulets d'étranglement pour nous restructurer et nous adapter positivement, nous finissions par régresser, avec une perte de capital et d'énergie qui empêche le plein potentiel de la transformation.
La fenêtre d'action est extrêmement courte : nous devons agir au cours de cette décennie. En cours de route, nous devons être conscients des grandes tendances qui sont susceptibles d'émerger à la suite de la fin du boom du schiste aux États-Unis :
1. L'illusion d'un pétrole bon marché s'évanouit
Bien que les prix puissent encore fluctuer, il devient plus clair que la surabondance de pétrole bon marché de la dernière décennie n'était pas une caractéristique permanente du système énergétique, mais un symptôme temporaire de circonstances très spécifiques alors que le système énergétique s'enfonce dans un état d'intrants croissants et de rendements décroissants. L'impact immédiat du pic et du plateau de l'exploitation du schiste américain sera le maintien des prix du pétrole à un niveau élevé.
2. Les bénéficiaires à court terme de cette situation seront les producteurs de pétrole et de gaz du Golfe
Elles semblent actuellement être les seuls fournisseurs d'énergie fossile disposant d'une capacité suffisante pour maintenir leur production. Elles vont donc non seulement commencer à dominer les parts de marché, mais aussi, bien sûr, continuer à récolter des bénéfices plus importants grâce à cette position plus avantageuse sur le marché dans un contexte de prix du pétrole élevés.
3. Certains capitaux se déplaceront vers l'OPEP par sécurité, mais il s'agit d'un mirage
Tout comme la dernière décennie a créé l'illusion de l'abondance des combustibles fossiles grâce au boom du schiste aux États-Unis, nous pourrions voir que la capacité à court terme de l'OPEP à augmenter la capacité de réserve à mesure que la production de schiste diminue perpétue cette illusion. Nous pouvons nous attendre à de nombreuses déclarations optimistes de la part des producteurs de pétrole du Golfe, qui justifieront leurs grands projets d'expansion de leur production de pétrole et de gaz. Les capitaux se déplaceront rapidement vers les pays de l'OPEP, considérés comme le dernier espace sûr pour les investisseurs en quête de stabilité et de croissance. Toutefois, les producteurs de l'OPEP commenceront également à vivre leur crépuscule très peu de temps après le déclin du schiste américain, ce qui signifie que les investisseurs commenceront à enregistrer des pertes importantes bien plus tôt qu'ils ne l'imaginent.
4. Les prix du pétrole fluctueront dans une fourchette plus élevée lorsque le schiste américain atteindra son apogée
Alors que l'on peut s'attendre à une volatilité importante des prix du pétrole en raison de l'impact récessionniste des prix élevés du pétrole qui réduirait la demande et permettrait donc aux prix de chuter, à mesure que nous avançons dans l'ère du plateau et du déclin de la production des États-Unis et de l'OPEP, le déclin global de l'offre devrait conduire les fluctuations des prix du pétrole à se resserrer dans une fourchette beaucoup plus élevée qui deviendra une "nouvelle normalité" tant que la demande de pétrole restera élevée. Cela pourrait également inciter à croire à court terme que les nouveaux investissements dans le pétrole et le gaz sont rentables. Ce serait pourtant une erreur colossale, comme nous le verrons plus loin, en raison des réductions à venir de la demande de pétrole dans la seconde moitié de cette décennie, qui amélioreront les prix élevés et rendront les entreprises de combustibles fossiles de moins en moins rentables.
5. Nous pouvons nous attendre à une polarisation politique accrue
L'idéologie de l'industrie en place empêchera probablement de nombreux acteurs du secteur de l'énergie de reconnaître ce qui est écrit sur le mur - ce qui explique les actions régressives et autodestructrices de l'administration Biden, qui s'est engagée à effectuer des forages dans l'Arctique. C'est comme parier sur le cheval perdant après avoir appris qu'il allait être dépassé par les voitures. Cela illustre le pouvoir des lobbies pétroliers américains dans leur dernière tentative désespérée de rester en vie grâce aux subventions des contribuables, au mépris des dures réalités économiques (il y a quelques années, j'ai révélé l'histoire de l'étude militaire britannique qui concluait que le forage dans l'Arctique était inutile pour des raisons économiques parce que les coûts étaient si élevés et les bénéfices si faibles qu'ils rendaient le projet commercialement infaisable). Cela laisse présager que le champ de bataille politique entre les lobbies des combustibles fossiles et les défenseurs des énergies propres va s'envenimer, le pouvoir en place cherchant à redoubler d'efforts pour réclamer davantage de subventions publiques. Des millions d'emplois seront menacés par le déclin de l'industrie américaine du schiste, ce qui pourrait avoir d'autres conséquences économiques et culturelles négatives lorsque les États-Unis redeviendront des importateurs nets.
6. La transformation des énergies propres sera essentielle pour stabiliser l'économie mondiale et restaurer la prospérité
La seule voie viable pour sortir de cette crise sera d'accélérer la transformation des énergies propres en se concentrant sur le déploiement de technologies qui s'améliorent de manière exponentielle et qui sont déjà en train de se développer parce que leur coût est compétitif par rapport à celui des combustibles fossiles, à savoir l'énergie solaire, l'énergie éolienne et les batteries. Cela permettra de jeter les bases d'autres applications potentielles telles que les biocarburants ou l'ammoniac vert issu de l'hydrogène vert. Cette transformation est déjà en cours et offre aux États-Unis et à d'autres pays la possibilité de produire de plus grandes quantités d'énergie à une fraction du coût des combustibles fossiles. Dans Rethinking Climate Change, un rapport de RethinkX pour lequel j'ai contribué à la rédaction, nous avons constaté que même en l'absence de décisions politiques appropriées et d'obstacles institutionnels majeurs, les facteurs économiques conduiront inévitablement les industries en place à s'effondrer d'ici 2040, à mesure qu'elles seront remplacées par de nouveaux systèmes solaires, éoliens et de batteries. Malheureusement, bien que cette évolution soit beaucoup plus rapide que ne le reconnaissent les analystes conventionnels, elle n'est pas assez rapide pour éviter un changement climatique dangereux.
7. La demande de pétrole va connaître une hémorragie, car la transformation des énergies propres est désormais inarrêtable
Les données examinées par RethinkX indiquent que la demande de pétrole devrait atteindre son maximum bien plus tôt que ne le prévoient les agences de l'énergie en place, et qu'elle diminuera bien plus rapidement après ce maximum. Le rapport de RethinkX suggère que la demande de pétrole atteindra probablement un pic entre 2025 et 2030, suivi d'une baisse progressive jusqu'en 2040. Il est essentiel de reconnaître que les moteurs économiques de cette baisse prochaine de la demande de pétrole ne se limitent pas aux technologies énergétiques de rupture, mais incluent la perturbation des systèmes de transport et d'alimentation par les véhicules électriques, les véhicules électriques autonomes, la fermentation de précision et l'agriculture cellulaire. Cela met également en lumière la situation délicate dans laquelle se trouve la civilisation au cours de cette décennie : à mesure que l'industrie énergétique historique décline, entraînant avec elle l'économie, il y a un risque que cela fasse dérailler les facteurs économiques qui stimulent actuellement l'adoption exponentielle des technologies d'énergie propre. Cela signifie que nous devons accélérer l'adoption de ces technologies au cours de cette décennie.
8. La volatilité élevée des prix du pétrole sera suivie d'un effondrement des prix du pétrole lorsque la demande atteindra son maximum et diminuera
À la fin des années 2020, nous verrons probablement la demande de pétrole commencer à atteindre son maximum. Ce phénomène sera exacerbé par le fait que l'industrie pétrolière mondiale deviendra économiquement insoutenable vers 2030, lorsqu'elle commencera à consommer un quart de sa propre énergie simplement pour continuer à pomper plus de pétrole. Même le Journal of Petroleum Technology, publié par la Society of Petroleum Engineers, prend cette perspective au sérieux. La baisse de la demande de pétrole s'accompagnera d'une baisse des prix du pétrole. À ce stade, en supposant que les dernières études sur l'EROI soient exactes, l'effondrement de l'industrie mondiale commencera à s'accélérer, car une fois que les prix passeront en dessous d'un certain seuil et que les niveaux de l'EROI seront déjà insoutenables, l'industrie deviendra tout simplement impossible à maintenir sur le plan économique.
Que faire ?
La grande question qui se pose ici est évidemment de savoir comment accélérer la transformation.
La tâche principale est simple : nous devons faire prendre conscience que la fin de l'ère du pétrole approche à grands pas et arrivera dans les deux prochaines décennies. Cette arrivée inévitable ne signifiera pas en soi que nous éviterons un changement climatique dangereux. Mais elle signifiera que les actifs pétroliers et gaziers sont bloqués - ils ont été largement surévalués et, par conséquent, les investissements dans ces actifs ne produiront jamais les rendements escomptés, ce qui se traduira par des pertes de plusieurs milliers de milliards de dollars. Cela n'est pas simplement dû à la perspective d'une action politique en matière de climat, mais à la réalité des bouleversements technologiques en cours dans les domaines de l'énergie, des transports et de l'alimentation, ainsi qu'à la dynamique interne de l'EROI au sein de l'industrie elle-même.
Si les conséquences immédiates de cette évolution pour les investissements conventionnels dans les industries en place sont désastreuses, les implications plus larges sont stupéfiantes. Cela signifie que les domaines les plus lucratifs des nouveaux investissements, où l'on peut trouver le potentiel de rendement le plus élevé, ne seront pas, en fin de compte, les industries des combustibles fossiles en voie d'extinction, mais les technologies qui s'améliorent de façon exponentielle et qui sont sur le point de transformer nos sociétés pour le mieux.
Ces technologies pourraient contribuer à débloquer la prospérité future pour tous, à condition qu'elles soient déployées dans le contexte d'un nouveau paradigme social, organisationnel et culturel optimisé pour la décentralisation.
L'un des principaux obstacles à la transformation réside dans le fait que les institutions financières et les décideurs politiques ne comprennent pas encore très bien ces processus, qui sont des dynamiques de changement de phase. Cela signifie que la crise de l'inflation n'est pas une crise au sein d'un système économique statique et en place ; c'est un symptôme de la disparition du système de l'âge du pétrole alors qu'un nouveau système potentiel émerge, ce qui signifie qu'essayer de la résoudre en utilisant les mêmes vieux outils macroéconomiques (par exemple, l'augmentation des taux d'intérêt, l'austérité, etc) de l'ancien système ne fonctionnera pas. Nous devons plutôt accélérer l'émergence du nouveau système, ce qui nécessite de maximiser les flux de capitaux vers les principaux moteurs, technologies et structures d'organisation de ce nouveau système. À son niveau le plus élémentaire, cela nécessite des incitations macroéconomiques pour ces flux de capitaux.
Il est donc impératif de sensibiliser les principales parties prenantes à la fin de l'ère pétrolière, afin d'améliorer la prise de décision. Cela implique des formes d'organisation beaucoup plus robustes pour diffuser ces approches systémiques plus précises de la compréhension du monde dans les espaces les plus stratégiques afin d'exploiter au maximum le potentiel d'impact.
Nous devons également nous préparer, ainsi que nos organisations, à ce qui nous attend. Il ne s'agit pas seulement d'examiner les processus matériels, les chaînes d'approvisionnement et d'autres éléments de ce type, mais aussi de réfléchir aux valeurs, aux structures sociétales et aux modèles économiques qui conviendront le mieux au système émergent. En fin de compte, nous devons développer et incarner de nouvelles façons holistiques de voir et d'être dans le monde qui nous permettent de reconnaître et de naviguer dans la complexité, en particulier pour cette période de bouleversements qui s'annonce.
Dans les prochains articles, nous explorerons d'autres implications de cette analyse. Nous examinerons ce que tout cela signifie pour notre réflexion critique sur les systèmes et les concepts de plus en plus répandus tels que la "polycrise" ; sur la base des grandes tendances identifiées ici, nous explorerons divers scénarios émergents qui pourraient vraisemblablement se dérouler au cours de la prochaine décennie ; et sur cette base, nous serons en mesure de développer une idée plus précise de ce qu'il faut faire.
Nafeez Ahmed
Nafeez Ahmed est un auteur de best-sellers, un journaliste d'investigation, un spécialiste de la sécurité internationale, un expert en politique, un cinéaste, un consultant en stratégie et en communication, et un activiste du changement.
Le travail de Nafeez Ahmed consiste à catalyser le changement social dans l'intérêt public en exploitant des approches radicales et systémiques pour comprendre les interconnexions entre les plus grands problèmes du monde, tout en développant et en mettant en évidence des stratégies holistiques pour la transformation sociale. Qu'il s'agisse de politique étrangère et de terrorisme, de changement climatique et d'énergie, ou d'alimentation et d'économie, Nafeez déploie des techniques d'analyse critique, rigoureuse et interdisciplinaire pour relier les points et défier le pouvoir, en vue d'apporter un changement constructif.
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
"Ce que nous consommons en pétrole par an est équivalent à un million d'années d'activité photosynthétique".
Antonio Turiel
«Le rationnement de l’électricité sera suivi par celui du diesel et des denrées alimentaires»
Le monde vit une crise énergétique depuis des années, conséquence de l’épuisement progressif et inexorable du pétrole, qui a atteint son maximum de production en 2018 et est en déclin. Les nouveaux gisements ne fournissent qu’un septième de ce qui est consommé chaque année. Pour cette raison et pour d’autres, il y a par exemple un problème mondial avec le diesel, dont nous ne sommes pas encore conscients. Mais ce sera la prochaine chose à être rationné, comme c’est déjà le cas dans une cinquantaine de pays comme le Mexique, le Venezuela, l’Argentine ou le Nigeria, qui subissent déjà des restrictions de diesel ou de kérosène. Le problème est déjà arrivé en Europe, où l’Autriche tire déjà sur ses réserves.
Après l’électricité et le diesel, le troisième rationnement sera celui de certains aliments.
(extraits de citations d'Antonio Turiel, cf lien ci dessous)
https://www.diariovasco.com/gipuzkoa/racionamiento-electricidad-seguiran-diesel-alimentos-20220814200004-nt.html
Pétrole : l'Arabie saoudite annonce le pic de sa production dès 2027
https://reporterre.net/Petrole-l-Arabie-saoudite-annonce-le-pic-de-sa-production-des-2027
Le prince Mohammed ben Salmane a annoncé, le 16 juillet, que la production d’or noir du pays devrait plafonner dans cinq ans, à un niveau plus faible que celui attendu. L’information a été moins commentée que le « check » échangé entre Joe Biden et Mohammed ben Salmane. Elle est cependant plus importante pour l’avenir énergétique de l’humanité
"il risque de manquer 1/10ème de la production mondiale pour faire répondre à la demande à l’horizon 2025"....le risque de contrainte sur les approvisionnements apparaît élevé d’ici à 2030 et pratiquement inévitable après 2030."...
L’Europe risque de manquer de pétrole d’ici à 2030
Les plus gros fournisseurs de l’UE, en particulier la Russie, l’Algérie ou l’Angola, vont voir leur production décliner dans les années à venir.
Le resserrement de l’offre pétrolière mondiale risque de s’accélérer en raison de la crise sanitaire, et les pays européens pourraient en payer durement les conséquences. Dans un rapport rendu public mardi 23 juin, le groupe de réflexion The Shift Project, présidé par le consultant Jean-Marc Jancovici, détaille comment les bouleversements récents du marché pétrolier pourraient mettre en difficulté l’approvisionnement en or noir de l’Union européenne dans les dix prochaines années.
Principal enseignement : plus de la moitié des pays producteurs qui fournissent le Vieux Continent vont voir leur offre se raréfier dans les années à venir. « La production de la Russie et celle de l’ensemble des pays d’ex-URSS, qui fournissent plus de 40 % du pétrole de l’UE, semblent être entrées en 2019 dans un déclin systématique. La production pétrolière de l’Afrique (plus de 10 % des approvisionnements de l’UE) paraît promise au déclin au moins jusqu’en 2030 », explique ainsi Matthieu Auzanneau, directeur du think tank et auteur d’un ouvrage de référence sur l’histoire du pétrole, Or noir. La grande histoire du pétrole (La Découverte, 2015).
The Shift Project a compilé les données de l’un des cabinets de référence dans le monde des hydrocarbures, Rystad Energy, implanté en Norvège. L’analyse détaillée de ces chiffres (non publics) permet de constater que la courbe dessinée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dès 2018 a tendance à s’accentuer : à l’époque, l’institution établie à Paris avertissait que, sans investissements majeurs de la part des producteurs, le monde viendrait à manquer de pétrole en 2025.
Depuis trois décennies, les découvertes de pétrole conventionnel – tel qu’il est exploité en Arabie saoudite ou en Russie, par exemple – sont au plus bas. Or les champs existants connaissent une lente décrue, de l’ordre de 3 millions à 4 millions de barils par jour au niveau mondial, soit 4 % de la consommation de la planète.
Ces dernières années, la révolution des pétroles non conventionnels, comme le schiste nord-américain ou les sables bitumineux de l’Alberta (Canada), a laissé pensé à certains analystes que les nouvelles ressources pétrolières mondiales seraient assurées. De fait, les Etats-Unis sont devenus en 2018 les premiers producteurs du globe, grâce aux techniques de forage hydraulique, produisant jusqu’à 12 millions de barils par jour.
« L’hiver du pétrole facile »
La crise du Covid-19 est venue bousculer cette situation, en provoquant une dégringolade historique du prix de l’or noir. Pour faire face, les compagnies du secteur ont réduit leurs investissements de manière massive, en particulier dans le domaine de l’exploration et de la production. Avec une conséquence importante : le pétrole non conventionnel est plus cher à récupérer et son débit est en chute libre, notamment aux Etats-Unis. Les investissements qui ne sont pas effectués maintenant pourraient provoquer une contraction rapide de l’offre.
La volatilité extrême des prix constatés ces dernières années a rendu les majors du secteur plus timorées. « Notre exploration, dont les budgets ont diminué au cours des cinq dernières années, n’intervient que là où l’on peut produire du pétrole pas cher », expliquait début juin au Monde, le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Mais ce pétrole bon marché se fait de plus en plus rare. « C’est l’hiver du pétrole facile », souligne le rapport du Shift Project.
Pourquoi l’Europe serait-elle davantage concernée par ce risque que le reste du monde ?
Parce que le Vieux Continent demeure le premier importateur net de pétrole, devant la Chine. Les 27 pays de l’UE importent plus de 13 millions de barils par jour. Or, au fur et à mesure que les principales sources d’approvisionnement se contractent, les besoins en pétrole en Afrique ou dans le Sud-Est asiatique vont croître. « Le gâteau à se partager va être plus petit, or d’autres pays, comme la Chine, déploient une véritable géostratégie du pétrole pour sécuriser leurs approvisionnements », observe Matthieu Auzanneau.
La consommation de pétrole diminue légèrement en Europe depuis 2010 grâce aux progrès de l’efficacité énergétique et aux politiques environnementales, mais cette courbe n’est pas suffisante, alerte le directeur du Shift. « Si ces politiques climatiques échouent, l’humanité risque d’être rattrapée par des contraintes de plus en plus fortes sur l’accès au brut », prévient le document, qui évoque, en creux, les difficultés majeures à venir pour certains pays étroitement dépendants des hydrocarbures, comme l’Algérie ou l’Angola. Le rapport plaide ainsi pour que l’Europe réduise de manière plus sensible son accoutumance à l’or noir. « La consommation diminue de 0,5 % par an. Ce rythme n’est pas assez rapide : il faudrait être autour de 5 % de baisse annuelle », prévient M. Auzanneau.
L’agence Rystad, de son côté, a publié mi-juin son rapport annuel et tire des conclusions assez proches. « Le pic pétrolier se rapproche, juge ainsi l’analyste en chef du cabinet, Per Magnus Nysveen, nous disions auparavant qu’il arriverait autour de 2030. Nous pensons maintenant qu’il pourrait arriver en 2027 ou 2028. » Le cabinet estime que les prix de cette ressource vont augmenter de manière continue au cours des prochaines années, ce qui pourrait aboutir à une reprise de l’exploration.
Nabil Wakim
(publié par J-Pierre Dieterlen)
pour info, copie d'un internaute sur le blog de Mathieu Auzanneau :
« Donc la tendance à long-terme est vers une augmentation des cours du brut pour compenser les couts d’exploration et de développement qui ont sérieusement augmente »
A court terme, c’est peut-être ce qui se passe, mais à long terme, non. On a tellement été biberonné à l’idée que le prix était le signal de la rareté qu’on ne sait plus raisonner autrement – et soit dit en passant, cela explique aussi pourquoi l’immense majorité des gens et des décideurs ne comprend pas pourquoi on a déjà un problème d’approvisionnement en pétrole aujourd’hui, puisque les cours du brut ne crèvent pas le plafond…
Si la tendance à long terme était celle que vous décrivez ici, les cours du brut seraient déjà passés au-dessus de $150 ou $200 le baril et s’y maintiendraient de manière durable, car les investissements en exploration et développement des compagnies pétrolières ont littéralement explosé il y a déjà, en gros, une décennie. Or ce n’est pas ce qui s’est passé. Ce qui s’est passé, c’est que – alors que le prix du baril de brut était déjà nettement au-dessus de $100 – les compagnies pétrolières ont coupé dans leurs investissements, de manière massive mais sélective, pour ne garder que ceux de leurs investissements qui étaient rentables avec un prix du brut inférieur à $100 ou $120 le baril – estimant que le prix du baril ne monterait pas beaucoup plus haut que cela à court ou moyen terme, et donc qu’il n’y avait aucune chance que ces investissements soient un jour rentables. D’après l’AIE, on devrait d’ailleurs voir le résultat de ce désinvestissement massif dans les 5 ou 6 ans qui viennent (à savoir : l’AIE nous annonce une contraction de la production pétrolière mondiale, d’ici 2025, véritablement effrayante !)
Et en fait, c’est assez logique : la société utilise du pétrole pour faire à peu près tout et n’importe quoi (y compris n’importe quoi, certes, mais surtout, à peu près tout : pensez à la logistique de transport de tous les biens que nous consommons, de nos services de santé, de notre gestion des déchets, etc.). Pour que le prix du brut augmente de manière tendancielle à long terme (et en dollars constants, bien sûr), il faudrait que la société soit en mesure de payer ce prix plus élevé sans réduire significativement sa propre demande de brut. Or ça, c’est hautement improbable, précisément parce qu’on utilise du pétrole pour faire à peu près tout, et donc parce que le prix du pétrole entre dans les coûts de production d’à peu près tous nos biens et services (et l’on ne peut pas augmenter, hors inflation, tous les salaires pour compenser cette hausse généralisée des coûts de production). Donc, si le prix du brut se maintient à un niveau trop élevé, la société réduira sa demande de biens et services fabriqués à partir de pétrole, et donc réduira sa demande de brut, jusqu’à ce que le prix du brut redescende à un niveau qui lui est supportable (seul contournement à ce mécanisme, qui soit connu à ce jour : du crédit quasi gratuit et quasiment illimité de type Quantitative Easing… mais ça, dans notre système actuel, ça ne dure qu’un temps). Or réduire la consommation globale de biens et services, cela veut dire réduire globalement notre production économique. La réduction de la demande de brut sera donc inévitable (en fait, on l’observe déjà depuis 2005-2006, sous la forme d’une limitation de la croissance de la demande, car la production de pétrole fait déjà face à une limite à sa propre croissance depuis ce moment-là), et elle empêchera le prix du brut de crever durablement le plafond.
Le mécanisme que je viens d’expliquer a plusieurs conséquences, parmi lesquelles :
(1) Les alternatives au pétrole qui sont significativement plus chères que le pétrole le resteront. Croire que l’on passera aux « énerjy-renouv’lables », qui deviendront rentables dès que le pétrole sera suffisamment cher, est une vue de l’esprit, là encore due au fait d’avoir été biberonné au prix = signal de la rareté.
(2) A partir du moment où les quelques champs supergéants qui alimentent une bonne part de la consommation de pétrole mondiale d’aujourd’hui entreront structurellement dans leur phase de déclin (qui suit naturellement leur phase de maturité), la combinaison de la hausse au coût moyen croissant de l’extraction du pétrole et de la baisse de la production totale de pétrole (car même l’AIE le dit dans son dernier World Energy Outlook : le non-conventionnel sera incapable de compenser le déclin géologique du conventionnel une fois celui-ci réellement enclenché) provoquera une récession économique beaucoup plus prononcée que ce qu’on n’imagine généralement. Cette récession aura d’ailleurs pour effet à plus ou moins court terme de réduire la demande jusqu’à faire redescendre le prix du brut à un niveau supportable, et donc, entre autres, à maintenir la part du non-conventionnel dans la production totale à un niveau pas si différent de celui d’aujourd’hui (car sinon, le prix moyen de production du pétrole monterait trop par rapport à ce que l’économie peut payer pour acheter ce pétrole). Et à mesure que la production conventionnelle déclinera, la demande devra suivre le mouvement, contrainte et forcée, faisant des yo-yos autour de l’offre déclinante, et provoquant des cycles de pics et de creux de prix du brut.
(3) Le cas du gaz est particulier : il est plus cher, sans être radicalement plus cher, que le pétrole. Pour certains des usages pétroliers, on peut substituer le gaz au pétrole, mais pas pour tous. Contrairement au pétrole, qui est une énergie mondiale, le gaz est encore aujourd’hui une énergie essentiellement régionale (les derniers chiffres que j’avais, c’était : 2/3 du pétrole produit dans le monde traverse au moins une frontière, contre un gros quart du gaz). Cela s’explique par la physique, et les coûts de transport rapportés aux coûts d’extraction que cette physique impose : faire un demi-tour de Terre à un baril du pétrole conventionnel coûte quelques pour cent de son coût d’extraction ; dans le cas du gaz, le coût du transport peut aller jusqu’à 5 à 10 fois le coût d’extraction).
Est-ce que le gaz deviendra une énergie mondiale quand production et consommation de pétrole se mettront à décliner de manière structurelle à l’échelle mondiale ? Je peux me tromper, bien sûr, mais je suis très dubitatif. Précisément parce qu’utiliser massivement du gaz en substitution du pétrole, pour les usages actuels du pétrole, renchériront ces usages, ce qui ne sera supportable pour la société que si ces usages sont marginaux. Je suis d’autant plus dubitatif, d’ailleurs, que d’après les géologues pétroliers qui, les premiers, ont prédit avec justesse le pic mondial de pétrole conventionnel, le pic géologique de gaz conventionnel devrait suivre le pic de pétrole d’environ 10-15 ans… en l’absence de substitution pétrole vers gaz ! Et évidemment, une telle substitution précipitera le pic gazier… voire accentuera le déclin du gaz une fois celui-ci entamé.
Est-ce que le gaz pourra servir d’amortisseur au déclin pétrolier avant de voir sa production décliner à son tour ? C’est possible, mais à mon avis, le déclin de la production pétrolière s’annonce tellement violent que je serais extrêmement surpris que le gaz arrive à compenser quoi que ce soit, du moins au-delà de quelques années. Autrement dit, je serais très surpris que la société se rende compte que le gaz fait effectivement office d’amortisseur et que sa situation serait encore pis si on n’avait pas le gaz. En plus, là encore, la proximité du pic gazier et du pic pétrolier implique que cet amortisseur, s’il est possible, ne pourra avoir qu’une durée de « vie » limitée…