Energies niouzes
Son réseau électrique est au bord de la rupture : comment le pays s’est fourvoyé dans une impasse à 520 milliards et reste dépendant des fossiles...
Le 6 novembre, à 17 heures. L'Allemagne fait face à un scénario cauchemardesque : ses 1 602 éoliennes maritimes sont à l'arrêt complet. Ses 72 gigawatts d'éoliennes terrestres (plus de 30 000 mâts !) ne produisent que 114 mégawattheures, une fraction dérisoire (0,1 %) de ses besoins. Le soleil est couché, rendant inutiles ses 3,7 millions d'installations solaires (94 gigawatts). La consommation, elle, atteint 66 gigawattheures…
Pour éviter le black-out, le pays doit importer massivement de l'électricité et pousser au maximum ses centrales au fioul et au charbon. Le prix du mégawattheure s'envole à 820 euros, « dix fois son prix habituel », s'affolera, sur LinkedIn, le patron de l'énergéticien allemand RWE, Markus Krebber.
Ce « Dunkelflaute » (absence simultanée de vent et de soleil) se prolonge pendant plus de trente heures. Les dispositifs de stockage – batteries et stations de pompage – sont vite épuisés. Le pays doit importer environ 13 gigawatts d'électricité, ses moyens pilotables nationaux (53 gigawatts) étant insuffisants pour couvrir la demande.
« Cela signifie que la même situation n'aurait pas été gérable un jour de janvier avec une charge de pointe plus élevée, selon Markus Krebber. En Allemagne, nous agissons depuis des années comme si la question de l'ajout de capacités sécurisées pouvait être reportée. Non, nous n'avons plus le temps ! »
Sept fois plus de CO2
À mesure que les journées de ce type se multiplient, l'échec de l'Energiewende, cette « transition énergétique » allemande vantée comme un modèle en Europe, se fait de plus en plus criant. Et l'un des plus grands faits d'armes d'Angela Merkel – unanimement célébrée comme la « chancelière du climat » lorsqu'elle acte, en 2011, la sortie de son pays du nucléaire, embrassant le mouvement engagé au début des années 2000 par la coalition rouge-verte au pouvoir – s'est mué en une humiliation nationale.
En vingt ans, le pays a investi plus de 500 milliards d'euros pour installer des forêts d'éoliennes, couvrir ses toits de panneaux solaires. Une facture payée au prix fort (l'un des plus élevés d'Europe) par les contribuables et par l'industrie…
Pour un bilan environnemental désastreux : alors que la dernière centrale nucléaire a fermé en avril 2023, le kilowattheure allemand émet, en moyenne annuelle, sept fois plus de CO2 que le kilowattheure français : 417 grammes contre 59. Pour compenser l'intermittence des renouvelables et la fermeture de ses réacteurs, l'Allemagne a dû augmenter ses capacités fossiles de plus de 5 % en vingt ans, les centrales à charbon fermées étant remplacées par des centrales au gaz (massivement importé de Russie, puis des États-Unis), dont la consommation a bondi de 71 %.
Demande en électricité : un bond de 70 %
En 2024, le réseau électrique est au bord de la rupture, selon un rapport corrosif publié en mars par la Cour des comptes allemande. Le développement des réseaux accuse un « retard considérable », écrit-elle : seuls 2 695 kilomètres de lignes électriques ont été construits, sur les 14 000 nécessaires à l'Energiewende… à peine 19 % ! Il faudra sept ans minimum, estime la cour, pour rattraper le retard.
Pour éviter l'effondrement du réseau, le pays doit recourir massivement au redispatching – ces ajustements d'urgence qui ont coûté 4,2 milliards d'euros en 2023. Et, selon l'Agence fédérale des réseaux, il faudra investir 460 milliards d'euros supplémentaires d'ici à 2045 pour adapter les réseaux électriques à la hausse programmée des renouvelables.
La demande en électricité, elle, est censée bondir de 70 % d'ici à 2050 pour que l'Allemagne puisse tenir ses engagements climatiques. Le pourra-t-elle ? Le « modèle allemand », dénoncent ses détracteurs, menace aujourd'hui à la fois la survie économique du pays et le climat.
https://www.lepoint.fr/monde/l-allemagne-reinvestit-dans-les-energies-fossiles-29-11-2024-2576689_24.php
Grâce à un parc nucléaire fonctionnant à plein régime, des stocks hydrauliques gonflés à bloc et des capacités accrues dans les énergies renouvelables, notre pays devrait exporter 85 terrawattheures d'électricité d'ici la fin de l'année, d'après les prévisions de RTE. Une performance exceptionnelle...
Qu’il semble loin l'hiver 2022, où la France craignait pour son approvisionnement électrique et devait même importer des électrons, pour la première fois depuis 1980 ! Ce cauchemar, qui avait alors vu notre pays cumuler crise énergétique, demande élevée et centrales nucléaires à l’arrêt, est bien derrière nous. Tous les signaux sont au vert en ce mois de novembre, d’après le gestionnaire de transport de l’électricité RTE. Au point que la France devrait battre des records d’exportations.
2002 restait la référence avec 78 térawattheures (TWh) d’électricité exportée. Or, ce chiffre est déjà atteint au 13 novembre. RTE prévoit même de le dépasser pour arriver à 85 TWh à la fin de l’année. Plusieurs facteurs expliquent une telle performance pour Thomas Veyrenc, Directeur général Economies, Stratégies et Finances de RTE.
“La production bas carbone française, qui s’appuie à la fois sur le nucléaire et les énergies renouvelables, est très compétitive sur le marché de gros. Dès qu’elle est disponible, elle a tendance à être appelée par nos voisins européens.”
Il faut dire aussi que la consommation française, corrigée des aléas climatiques, reste basse comme en 2023. De l’ordre de 6% de moins par rapport à la période de référence 2014-2019 d’avant le Covid et la guerre en Ukraine. Et la disponibilité du parc nucléaire est importante, capable de fournir 45 gigawatts (GW) début novembre, soit 9 GW de plus qu’il y a un an et 15 GW de plus qu’en novembre 2022. RTE prévoit que cette disponibilité devrait même être croissante et se hisser à 50 GW en janvier 2025.
Les précipitations ont rempli les stocks hydrauliques
Autre bonne nouvelle, les barrages hydrauliques sont à bloc, au plus haut depuis 2015. Les précipitations n’auront ainsi pas fait que des malheureux. Elles ont eu pour conséquence une production hydraulique exceptionnelle, de l’ordre de 62 térawattheure (TWh) fin octobre, soit 40% de plus qu’à la même période en 2023. Le record de 2013 avec 75 TWh pourrait même être atteint.
Dans le même temps, les capacités des renouvelables ont continué de se développer avec 1 GW de plus en éolien terrestre et 4 GW de plus en solaire sur l’année 2024. N’oublions pas l’éolien en mer qui compte désormais trois parcs en activité : Saint-Nazaire, Fécamp et Saint-Brieuc pour un total de 1,5 GW. Tout cela a permis d’atteindre en 2024 une production éolienne de 40 TWh et une production solaire de 22 TWh à fin octobre.
Le charbon joue un rôle anecdotique
Pour finir, les stocks de gaz affichent des niveaux de remplissage également élevés. En revanche, malgré le retentissement médiatique du redémarrage de la centrale de Saint-Avold, le charbon ne joue plus qu'un rôle anecdotique. «On peut considérer que l’on est déjà quasiment sorti du charbon : les centrales de Saint-Avold et de Cordemais ne fournissent que 0,2% de la production d’électricité en France». Et elles ne sont pas sollicitées pour notre consommation, mais par nos voisins européens quand elles sont intéressantes financièrement.
A l'approche de l'hiver, les risques de rupture d’approvisionnement apparaissent en tous cas très faibles, et même au plus bas depuis une dizaine d'années. De quoi aborder sereinement les mois qui viennent. «Il faudrait vraiment une conjugaison de facteurs exceptionnels comme une vague de froid, une forte indisponibilité du nucléaire et une longue période de faible vent pour que l’alimentation en électricité de la France soit remise en question», a déclaré Jean-Paul Roubin, directeur exécutif Clients et Opération du Système électrique de RTE. La situation sera réactualisée si besoin au cours de l’hiver.
Amélie Charnay Cheffe d'enquête Energie- Environnement- Climat Publié le
https://www.capital.fr/entreprises-marches/electricite-pour-cet-hiver-la-france-va-surement-battre-son-record-dexportation-1505388
La révolution verte est en marche, mais à quel prix ? Alors qu’est dévoilée la programmation pluriannuelle de l’énergie, le projet se heurte à une montagne de défis techniques et financiers...
Alléluia ! Attendue depuis des mois par les acteurs du secteur comme par les ONG, la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie, qui fixe les objectifs de consommation et de production énergétique pour la période 2025-2035, a été présentée cette semaine par le gouvernement, et soumise à consultation. Son objet : graver dans le marbre le chemin devant permettre au pays de sortir des fossiles en 2050, alors qu'ils représentent encore 54 % de la consommation d'énergie finale de la France (en 2022).
Pour y parvenir, le gouvernement mise sur une électrification massive, en s'appuyant majoritairement sur la relance du nucléaire et le déploiement des énergies renouvelables. Les pronucléaires sont soulagés : la relance du nucléaire et la construction de six nouveaux EPR2 sont enfin confirmées, alors que la précédente PPE prévoyait la fermeture de 14 réacteurs. Et les prorenouvelables se félicitent : les ambitions de déploiement de nouvelles capacités sont maintenues.
Sur le papier, le plan semble donc parfait. Mais alors que l'échéance se rapproche, l'ampleur de l'ambition affichée et son calendrier préoccupent de plus en plus les experts. « La trajectoire retenue dessine une transformation radicale de notre paysage électrique, à réaliser en seulement une poignée d'années », reconnaît un conseiller du gouvernement. « Sans sobriété radicale des comportements, je ne sais pas si on y arrivera… »
Car la montagne d'infrastructures à déployer, en un temps record, donne le vertige. D'ici à 2035, la puissance photovoltaïque doit être multipliée par six (75-100 GW contre 16 GW actuellement), l'éolien terrestre doublé (40-45 GW contre 21 GW), et l'éolien en mer multiplié par douze, pour atteindre 18 GW. Un plan qui soulève de sérieuses inquiétudes chez les experts du secteur, qui s'interrogent non seulement sur sa faisabilité, mais aussi sur ses implications réelles pour notre système électrique.
L'objectif de l'éolien en mer hors d'atteinte
« De nombreuses études et rapports ont été publiés depuis la dernière PPE, qui n'ont pas été pris en compte », s'alarme le président de PNC-France, Bernard Accoyer. L'ancien président de l'Assemblée nationale n'est pas seul à s'inquiéter : une commission d'enquête du Sénat, en juillet dernier, pointait déjà l'irréalisme de certains objectifs.
Ceux affichés en termes de déploiement d'éolien en mer illustrent particulièrement ces doutes. Dans leur rapport d'enquête très fouillé, les sénateurs soulignaient que les projets actuellement attribués ne représenteront que 4,6 GW de capacité d'éolien off-shore installée à l'horizon 2031, et 3,6 GW d'ici à 2028. Comment, dès lors, atteindre l'objectif de 18 GW en 2035 ?
Même la filière émet des réserves. « La France n'a atteint aucun de ses objectifs pour l'éolien en mer, à commencer par celui de 6 GW en 2020 », admettait cet été son représentant Pierre Peysson, directeur éolien en mer de RWE Renouvelables France, devant les sénateurs, convenant que la technologie elle-même pose question. La Commission de régulation de l'énergie (CRE), dans une récente délibération, note que « l'analyse des offres déposées témoigne d'une filière prometteuse, mais pas encore totalement mature ».
Un réseau électrique à réinventer
Mais le véritable défi réside dans l'adaptation nécessaire de notre réseau électrique. RTE et Enedis prévoient 200 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2040, soit environ trois fois le coût des six premiers EPR2, afin d'adapter le réseau à l'arrivée massive de ces nouvelles sources d'électricité, intermittentes et spatialement dispersées. Une transformation colossale qui implique des chantiers titanesques.
Dans le détail, RTE prévoit de faire passer ses investissements annuels de 2,1 à 6,4 milliards d'euros d'ici à 2028, tandis qu'Enedis augmenterait les siens de 4,9 à 7 milliards. Ces montants serviront à financer la construction de nouvelles lignes à très haute tension (400 kV), le renforcement des réseaux existants et la création de nouvelles interconnexions.
RTE a déjà identifié quatre zones particulièrement fragiles : Massif central-Centre, façade Atlantique, Rhône-Bourgogne et Normandie-Manche-Paris. Ces régions devront être équipées de nouvelles infrastructures pour éviter les phénomènes de « congestion » – ces moments où le réseau ne peut plus absorber toute l'électricité produite.
Le casse-tête du raccordement maritime
Le raccordement des parcs éoliens offshore cristallise particulièrement les inquiétudes. Pour les six premiers parcs français, le coût moyen de raccordement s'est établi à 800 000 euros par mégawatt, soit de 10 à 15 % des coûts complets de ces projets. Et ce n'est qu'un début : les futurs parcs, beaucoup plus éloignés des côtes, nécessiteront des raccordements encore plus onéreux, jusqu'à 35 % du coût total des projets.
« On ne parle jamais des coûts de raccordement », s'insurge Bernard Accoyer. Au tarif déjà élevé de l'électricité sortant du parc éolien off-shore de Saint-Brieuc (155 €/MWh) s'ajoutent pourtant ces coûts rarement mentionnés. « La donne est biaisée ! Le plus préoccupant : la mise en œuvre de cette PPE se traduirait fatalement par une explosion du prix du kWh. » De combien ? Mystère… Aucun calcul solide n'a jamais été publié.
L'Allemagne, un avertissement ignoré
Notre voisin d'outre-Rhin offre un aperçu saisissant des difficultés à venir. Confrontée à un développement massif des énergies renouvelables, l'Allemagne fait face à un décalage géographique majeur entre sa production (éolienne au nord) et sa consommation (concentrée au sud). Cette situation génère des coûts de « redispatching » – ces ajustements d'urgence pour maintenir l'équilibre du réseau – qui ont explosé : 4,2 milliards d'euros en 2023, contre de 0,9 à 1,5 milliard entre 2015 et 2020.
Pour tenter de résoudre ces problèmes, l'Allemagne prévoit un programme d'investissements colossal : 270 milliards d'euros d'ici à 2037, soit bien plus que les 100 milliards prévus par RTE en France. Un montant qui interroge sur nos propres estimations.
Révolution des usages en adaptant la consommation à la production
Plus fondamentalement encore, c'est tout notre rapport à l'électricité qui devra changer. RTE lui-même, pourtant principal artisan du système, commence à l'admettre. Lors d'un colloque organisé en septembre par le Syndicat des énergies renouvelables, son président, Xavier Piechaczyk, lâchait une phrase lourde de sens : « Pour assurer la sécurité du système électrique, RTE, sous sa casquette de responsable d'équilibre, a ordonné le 16 juillet à 14 heures l'arrêt de quatre parcs renouvelables de forte puissance… » En clair : les exigences de sécurité d'alimentation ne sont tout simplement pas compatibles avec un pourcentage trop élevé d'énergies fatales intermittentes.
La solution envisagée ? Adapter notre consommation à la production, et non l'inverse, comme c'était le cas jusqu'à présent. Les volumes d'électricité à déplacer quotidiennement entre production et consommation « devront passer de 73 GWh en 2025 à 113 GWh en 2035 », soit l'équivalent de la consommation journalière d'une métropole régionale, expliquait Xavier Piechaczyk le 16 octobre, au cours d'une conférence de presse. Certes, de nombreux outils de modulation existent, qu'Enedis et RTE entendent promouvoir : en s'équipant d'outils intelligents de gestion technique des bâtiments (GTB), par exemple, les grands bureaux peuvent d'ores et déjà moduler de 10 % à 20 % de leur consommation. 84 % des surfaces tertiaires de plus de 2 000 mètres carrés en sont aujourd'hui équipées, mais seulement 15 % de celles comprises entre 1 000 et 2 000 mètres carrés. Mais les ménages, eux aussi, devront s'adapter, et apprendre à consommer l'électricité au moment où elle est abondante – c'est-à-dire au milieu de la journée.
Cette transformation affecte également le pilier historique de notre système électrique. « Aujourd'hui, on fait jouer au nucléaire un rôle qui n'est pas le sien. Il est fait pour une production de base, pas pour varier sans arrêt pour s'adapter aux ENR », explique Bernard Accoyer. Une situation qui, selon la commission d'enquête du Sénat, n'est « pas sans conséquences techniques et financières ».
Des coûts mal évalués
Les répercussions sur les factures sont déjà programmées : la Commission de régulation de l'énergie annonce une hausse de 10 % du Turpe , le tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité (la part réseau de la facture) dès 2025. Une augmentation qui s'ajoute à la flambée de 120 % des prix de l'électricité entre 2011 et 2023. Mais quelle sera l'augmentation dans les années à venir ? « Il est très difficile d'obtenir une approche rationnelle, chiffrée, scientifique de ce qui se passe et va se passer sur le réseau », déplore Bernard Accoyer. La commission sénatoriale allait plus loin, pointant un « voile pudique » sur l'évolution prévisionnelle des coûts.
En attendant de disposer d'études plus solides sur le coût complet de la future PPE, le rapporteur de la Commission d'enquête, le sénateur Vincent Delahaye, recommandait de faire glisser les objectifs en ENR prévu par la PPE de l'échéance 2035 à l'échéance 2050, afin de permettre une transition plus réaliste. Une préconisation restée lettre morte dans la nouvelle PPE.
« À moins de viser, sans le dire, la décroissance et l'appauvrissement, conclut Bernard Accoyer, de telles études s'imposent puisque, en l'absence d'un changement de cap, la poursuite de l'augmentation du prix de l'électricité sera inéluctable. »
La PPE est en consultation publique jusqu'au 15 décembre. Elle devrait ensuite être adoptée par décret. Mais à l'heure où même RTE s'inquiète de la stabilité future du réseau, le débat mérite plus de transparence, regrette Bernard Accoyer. « Notre rapport à l'énergie va être profondément modifié », prévient-il. Sans que les implications sociales et économiques de ces bouleversements aient vraiment été étudiées.
https://www.lepoint.fr/economie/energie-la-feuille-de-route-du-gouvernement-au-defi-du-reel-et-des-prix-08-11-2024-2574784_28.php
Un ménage français sur trois déclare avoir connu des conditions de vie froides en 2024, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux chiffres enregistrés en 2020. Cette hausse est principalement attribuée à l’augmentation du coût des factures d’énergie, qui oblige de nombreuses familles à réduire leur consommation de chauffage.
Malgré une légère baisse de la pauvreté énergétique par rapport à l’année précédente, la situation reste très préoccupante. Selon une enquête menée par le médiateur national de l’énergie auprès de plus de 2 000 ménages, 85 pour cent des personnes interrogées se disent préoccupées par les coûts de l’énergie, et 75 pour cent déclarent avoir réduit leur consommation de chauffage pour gérer les dépenses.
L’impact sur les jeunes générations
L’impact de ces factures d’énergie élevées est particulièrement évident chez les jeunes générations, 53 pour cent des moins de 35 ans ayant des difficultés à couvrir leurs dépenses d’énergie. En comparaison, le chiffre moyen pour l’ensemble des ménages français s’élève à 28 pour cent.
Les contraintes financières sont le principal moteur de ces ajustements des habitudes de chauffage, 88 pour cent des personnes interrogées citant le coût comme la principale raison de la réduction de leur consommation. Les préoccupations environnementales jouent également un rôle, puisqu’elles incitent 44 pour cent des ménages à modifier leur consommation d’énergie. Cependant, les pressions financières semblent être le facteur dominant.
Conditions de vie froides et préoccupations en matière de santé
En outre, l’enquête a révélé que 30 pour cent des participants ont ressenti une gêne due au froid, un chiffre nettement plus élevé que les 14 pour cent signalés en 2020. Cette tendance est particulièrement prononcée chez les jeunes générations, puisque 43 pour cent d’entre eux ressentent des températures froides dans leur logement.
Pour atténuer ces difficultés, les experts recommandent d’explorer les tarifs en fonction de l’heure de consommation et d’utiliser les comparaisons de prix pour obtenir des offres d’énergie plus compétitives, ce qui pourrait permettre de réaliser des économies allant jusqu’à 20 pour cent. Pour l’avenir, les projections indiquent une baisse potentielle des prix de l’électricité d’ici février 2025, avec des estimations allant de 10 pour cent à 15 pour cent de réduction.
07 11 24
https://fr.businessam.be/les-menages-francais-les-problemes-de-cout-de-lenergie/
Il est important de comprendre que l'électricité que nous connaissons et utilisons aujourd'hui est un produit industriel,
L'électrification n'a véritablement commencé qu'après la deuxième révolution industrielle, vers 1890, avec l'introduction de hauts fourneaux efficaces qui ont permis d'augmenter la production d'acier et d'en réduire le coût,
Cela a permis la diffusion de l'électrification car les matériaux nécessaires à la production, à la transmission et aux appareils étaient disponibles et abordables,
L'électrification rurale n'a été achevée dans les économies avancées que dans les années 1950,
l'électrification est un produit de la partie la plus abondante de l'ère des combustibles fossiles,
le format d'électricité que nous utilisons doit être produit, généré, principalement par la rotation de bobines dans un champ magnétique, avec une infime quantité produite par l'effet photo-voltaïque produit par une classe spécialisée de semi-conducteurs,
L'électricité et l'hydrogène sont tous deux des vecteurs d'énergie, tous deux doivent être produits, vous avez besoin de la source d'énergie primaire et de l'équipement pour convertir cette énergie primaire en électricité ou en hydrogène, au cours du processus, vous subissez des pertes,
Si vous utilisez le vent converti en énergie mécanique ou cinétique par le biais d'un moulin à vent, vous pouvez utiliser directement cette énergie mécanique sans passer par une autre conversion en électricité, ce qui entraînerait une perte et nécessiterait une couche supplémentaire de complexité ; si vous produisez de l'électricité et la transformez ensuite en hydrogène par hydrolyse, vous subissez une autre perte et nécessitez une autre couche de complexité,
Avant l'apparition des combustibles fossiles, les combustibles qui pouvaient être stockés pour être utilisés à la demande étaient la tourbe, le bois et le charbon de bois et, dans une certaine mesure, les déchets de culture comme la bagasse, la paille, le fumier séché, les épis de maïs, etc.
Le vent, l'eau et l'énergie solaire étaient disponibles sur demande, lorsque le vent soufflait, le meunier pouvait moudre, le marin pouvait naviguer, lorsque la marée coulait, le moulin à marée pouvait fonctionner, lorsque les rivières coulaient, les roues hydrauliques pouvaient fonctionner, lorsque le soleil brillait, le foin, la lessive, les tomates et les raisins secs pouvaient être séchés au soleil,
Dans le monde des combustibles fossiles, nous nous sommes habitués à disposer d'énergie à la demande : remplissez votre réservoir de carburant liquide, allumez le robinet de gaz naturel, allumez l'électricité,
L'industrie lourde utilise des procédés à haute température qui fonctionnent en continu pour produire les précurseurs industriels qui alimentent l'industrie légère des manufactures qui produisent nos biens,
une grande partie de l'industrie lourde dépend du charbon ou du coke pour fournir l'énergie intense et à haute température nécessaire à la fabrication de l'acier, du ciment, du verre, de la céramique et de l'électricité,
Je ne pense pas que beaucoup de gens saisissent la différence profonde que le passage d'une énergie disponible à la demande à une énergie disponible quand elle choisit de se rendre disponible aura sur la société,
cela aggrave le passage d'une source d'énergie dense à une source d'énergie diffuse qui caractérise les énergies renouvelables,
Cela nécessitera une réorientation complète de la façon dont nous utilisons l'énergie.
Oui, les combustibles fossiles sont de la lumière solaire ancienne, mais ils se sont accumulés pendant des millions d'années, et nous avons utilisé la moitié de cette accumulation en l'espace de quelques siècles,
Une fois que les accumulations de lumière solaire ancienne seront épuisées, nous vivrons de la lumière solaire quotidienne et des conséquences de cette lumière solaire en générant du vent et des précipitations,
La seule énergie non solaire est l'énergie marémotrice, cette force est une conséquence de l'attraction gravitationnelle de la Lune en orbite autour de notre planète.
Les Britanniques n'ont pas été les premiers à s'industrialiser, les Néerlandais ont été les premiers à utiliser la tourbe et l'énergie éolienne, les Britanniques ont été les premiers à s'industrialiser à grande échelle en utilisant le charbon,
avant 1780, date du début de la révolution industrielle britannique, les moulins à marée parsemaient le littoral de l'Atlantique Nord, les moulins à vent étaient érigés sur la plupart des collines appropriées et les roues à aubes sur de nombreux cours d'eau appropriés, le bois et les autres biomasses étaient déjà limités en termes d'approvisionnement et devaient être gérés.
Je ne pense pas qu'un monde utilisant les énergies renouvelables à 20-25 % de l'ECoE puisse soutenir une civilisation industrielle établie dans une fourchette de 1 à 10 % de l'ECoE.
Nous devons nous faire à l'idée qu'au 22e siècle, nous pourrions bien être revenus à un mode de vie plutôt amish.
(commentaire sur le blog de Tim Morgan, 30 10 24)
L’électrification de l’économie française pourrait s’avérer plus lente que prévu, entraînant une hausse de la consommation d’électricité moins importante qu’anticipé d’ici 2035, a déclaré à Montel la directrice générale de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), Sophie Mourlon...« Ce qu’on voit, c’est qu’en termes de consommation d'électricité, on est plutôt en dessous du scénario central qu’on avait publié en 2023, qui était le 580-640 TWh par an »
L’électricité gratuite devient trop chère...L’un des effets de bord de la guerre en Ukraine aura été un certain chaos électrique sur le sol européen. Afin de compenser la réduction des capacités d’importation de gaz méthane russe, les installations solaires et éoliennes ont été multipliées au point de générer plus d’électricité que les combustibles fossiles. Cette augmentation ne reste pas sans effet....
Une preuve supplémentaire que le système de tarification insensé utilisé pour encourager l’ajout d’énergies renouvelables au réseau ne fonctionne pas...
Les prix de l'électricité en France deviennent négatifs en raison d'une faible demande
Les prix de l'électricité en France sont devenus négatifs pendant des heures mardi matin en raison d'une demande tiède dans une économie en difficulté et d'une production accrue d'énergies renouvelables.
Les prix intrajournaliers de l'électricité française se négocient à -22,25 dollars (-20 euros) par mégawattheure (MWh) sur la bourse Epex Spot, selon les données compilées par Bloomberg.
Jusqu'à présent cette année, la demande d'électricité de la France a été inférieure aux projections du gestionnaire de réseau RTE, car les économies française et européenne connaissent peu, voire pas, de croissance.
L’énergie nucléaire est particulièrement problématique dans un tel contexte. Elle entraîne des coûts irrécupérables énormes. Le système doit offrir un rendement adéquat. Favoriser les énergies renouvelables intermittentes dans la structure actuelle mène à un désastre majeur.
L’électricité est comme le pétrole : son prix n’augmente pas suffisamment pour encourager les investissements dans les batteries et autres systèmes qui pourraient permettre à un réseau électrique doté d’une grande quantité d’énergies renouvelables de fonctionner.
Gail Tverberg 18 09 24
L’annonce d’une baisse de 10 % du montant de l’électricité, à compter du 1er février 2025, ne comblera pas tout le monde. En réalité, seuls 60 % des Français seront concernés par cette baisse. Toutefois, selon un sondage réalisé par Ipsos pour le Secours populaire, 47 % des Français peinent à payer leurs factures énergétiques.
Une nouvelle qui aurait dû ravir tous les Français… Mais non. Pour la première fois depuis de longs mois, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a annoncé, le 11 septembre dernier, une baisse tarifaire de 10% sur son réseau public d’électricité. Cette baisse, prévue dès le 1er février 2025, devrait permettre aux ménages payant environ 2 000 euros d’électricité par an de faire une économie de 200 euros sur leur facture annuelle. Toutefois, jeudi 12 septembre, Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE, a nuancé en prévenant que seuls six Français sur dix bénéficieront de cette baisse.
En effet, d’après la présidente, seuls les abonnés au fameux «tarif bleu» d’EDF auront la chance de voir le montant de leur facture rétrécir, soit 22,4 millions de foyers. Pour les autres, «l'actualisation des tarifs de réseau se fait au 1er novembre et la baisse sera très limitée», elle sera «répercutée sur les contrats et les fournisseurs», détaille Emmanuelle Wargon à Franceinfo. Concrètement, les quelque 17,5 millions d’abonnés ayant souscrit à des offres de marché devront faire face à la hausse des coûts du réseau électrique.
47% des Français peinent à régler leurs factures énergétiques
D’après la présidente, relayée par La Dépêche, il s’agit là d'une «petite augmentation» annuelle à hauteur de 1%, «parce qu’il faut financer le réseau et les travaux de raccordement, de renforcement, de maintenance». Toutefois, comme le relèvent nos confrères, que les 40% des Français restants soufflent : les fournisseurs proposent aujourd’hui des offres très inférieures au tarif réglementé de l’électricité, «d’environ 20%».
Pour rappel, selon un sondage réalisé par Ipsos pour le Secours populaire, 47% des Français répondants affirment avoir du mal à régler leurs dépenses énergétiques. Ces dernières années, les factures d’électricité et de chauffage sont devenues si élevées que 43% des Français déclarent ne pas chauffer leur logement quand il fait froid, de manière régulière ou occasionnelle.
Marie Bouisseren Publié le
https://www.capital.fr/votre-argent/la-baisse-du-prix-de-lelectricite-ne-sera-pas-pour-tout-le-monde-1502336
Un exemple concret de ce qui s’est passé lorsque l’énergie a été réduite en masse, c’est Cuba, forcé de revenir à la nature avec les hydrocarbures russes bon marché. Une recherche rapide sur internet pour « transport public (rural) cubain » montre des tramways urbains en 1963, ainsi que plus souvent des véhicules ICE partout, des bus et des camions aux tracteurs, ainsi que quelques voitures pour l’élite.
Pendant la période spéciale de quelques années qui a suivi l'effondrement de l'Union soviétique et la perte de carburant bon marché en provenance de Russie qui en a résulté, les fermes étaient équipées de charrues et de chariots tirés par des bœufs, avec des chevaux et des tracteurs légers pour se déplacer « rapidement ». Mais même dans les zones urbaines, il y avait des chariots adaptés tirés par des chevaux, avec des bancs servant de bus, tandis qu'aujourd'hui, il y a encore des activités alimentées par le bétail dans certaines fermes.
De plus, l’obésité chez les gens a disparu très rapidement lorsqu’ils ont dû passer à beaucoup de tâches manuelles dans la vie quotidienne, comme monter des escaliers dans les bâtiments ainsi que presque partout ailleurs. Ce n’est pas si différent de la génération de mes grands-parents en Europe, certainement dans les régions les plus pauvres, qui était la plupart d’entre eux à l’époque.
(commentaire sur le blog de Tim Morgan)
(extrait)
L'énergie, talon d'Achille de l'Europe...
L'un des points cruciaux abordés par Mario Draghi est la question énergétique. Lors de la remise du prix Charles Quint en Espagne, en juin dernier, il a souligné les défaillances du marché européen de l'électricité. « Les règles du marché ne permettent pas de dissocier totalement le prix de l'énergie renouvelable et nucléaire des prix plus élevés et plus volatils des combustibles fossiles, ce qui empêche les industries et les ménages de répercuter sur leurs factures tous les avantages de l'énergie propre, » observait-il.
L'énergie est le talon d'Achille des Européens et cette situation place l'Union européenne dans une position désavantageuse par rapport à ses concurrents. Le prix de l'électricité est « deux à trois fois plus élevé » en Europe qu'aux États-Unis, souligne l'ancien président du Conseil italien, ce qui pèse lourdement sur la compétitivité des entreprises européennes.
Une mise à l'échelle continentale
Face à ces défis, Mario Draghi a ébauché des solutions ambitieuses qui pourraient bien bousculer l'architecture institutionnelle de l'Union européenne. L'Italien suggère de revoir en profondeur le fonctionnement du marché européen de l'électricité. Sans remettre totalement en cause le principe du « merit order », il suggérait d'établir des marchés distincts par source énergétique : renouvelable, nucléaire, gaz, charbon. Une idée qui, si elle était adoptée, constituerait une véritable révolution dans le secteur. Mais sera-t-elle encore présente dans son rapport remis aujourd'hui ?
Pour faire face aux géants américains et chinois, Draghi plaide pour une « mise à l'échelle » à la taille continentale. « Restaurer notre compétitivité n'est pas quelque chose que nous pouvons réaliser seuls ou en nous battant les uns contre les autres », estimait-il. « Cela nous oblige à agir en tant qu'Union européenne comme nous ne l'avons jamais fait auparavant. »
Sécuriser en commun les ressources stratégiques
Le rapport devrait également insister sur la nécessité pour l'Europe de sécuriser son approvisionnement en ressources critiques. Mario Draghi proposait, il y a quelques mois, la mise en place d'« une plateforme européenne dédiée aux minéraux critiques, principalement pour les achats conjoints, la sécurisation d'un approvisionnement diversifié, la mise en commun des financements et la constitution de stocks ».
https://www.lepoint.fr/monde/ce-que-l-on-sait-du-rapport-alarmant-de-mario-draghi-sur-la-competitivite-en-europe-09-09-2024-2569748_24.php?
Nulle part les réseaux électriques n’ont été conçus pour résister aux effets du réchauffement climatique. Les rendre plus résilients coûtera l’équivalent de centaines de milliards de dollars, prévient “Bloomberg”. En attendant, les pannes recensées cet été, de l’Inde à l’Équateur, en passant par le Texas, donnent un avant-goût des perturbations à venir...
Sous le soleil brûlant de l’Adriatique, à Podgorica, capitale du Monténégro, la vie s’est quasiment arrêtée au début de l’été. Les feux tricolores étant hors service, bus et voitures se sont retrouvés coincés dans les embouteillages, Internet ne répondait plus et les alarmes se sont mises à retentir, déclenchées par l’arrêt soudain de l’alimentation électrique.
De l’Albanie au Texas, les coupures de courant viennent nous rappeler que les réseaux électriques ne sont pas prêts à faire face au réchauffement climatique. “Au bout d’une heure sans électricité, c’était quasiment la panique, ça devenait ingérable, relate Drago Martinovic, un policier à la retraite de 61 ans. Et je crains que la panne ne dure plus longtemps la prochaine fois.”
La mauvaise nouvelle, pour Drago Martinovic et pour des centaines de millions de personnes dans le monde, c’est que ces coupures risquent de se multiplier. Des étés de plus en plus étouffants sont synonymes d’augmentation de la demande de climatisation, et les températures élevées provoquent des affaissements de câbles susceptibles de déclencher des feux de forêt. La modernisation des infrastructures électriques peine à suivre, alors même que la nécessité de réduire la consommation d’énergies fossiles fait de l’électricité une source d’énergie plus indispensable que jamais.
À Houston, des millions de foyers se sont retrouvés privés d’électricité après le passage de l’ouragan Beryl [le 8 juillet], contraints de renoncer à la climatisation malgré la chaleur étouffante qui régnait dans le sillage de la tempête. Touchant aussi bien les pays développés que les pays émergents, les pannes recensées ces dernières semaines de l’Inde à l’Équateur donnent un avant-goût des perturbations qui nous attendent.
De plus en plus de pics de consommation
Sous l’effet du dérèglement climatique, les réseaux électriques se retrouvent désormais exposés à des crues soudaines, qui arrachent les pylônes, des sécheresses, qui tarissent les réservoirs des barrages, et aux pics de la demande dus au recours à la climatisation pendant les vagues de chaleur. “Tout le réseau électrique a été installé et conçu sous un climat donné. Or, aujourd’hui, on lui demande de fonctionner sous un climat radicalement différent, résume Michael Webber, responsable d’un cours sur l’énergie à l’université du Texas à Austin. Ce qui se traduit par une multiplication des défaillances potentielles.”
La plupart des pannes se produisent lors des pics ou des décrochements soudains de l’offre ou de la demande. Les dégâts occasionnés par les tempêtes, une hausse soudaine de la production d’électricité renouvelable ou un pic de consommation sont autant de circonstances susceptibles de provoquer des pannes quand le réseau n’est pas en mesure d’encaisser les chocs.
Le dérèglement climatique accentue la vulnérabilité au-delà des seuls pays en développement. Les mêmes déboires ont concerné dernièrement des pays de niveau intermédiaire comme le Mexique ou le Koweït...
Les prix de l'électricité en France deviennent négatifs alors que les énergies renouvelables inondent le réseau...
Les prix de l'électricité en France sont devenus négatifs en raison d'une baisse de la demande et de l'augmentation de la production d'énergie renouvelable, ce qui a incité certains réacteurs nucléaires à s'arrêter.
Selon un modèle de Bloomberg, la consommation quotidienne de jeudi à dimanche devrait diminuer de 6 gigawatts en moyenne. Le temps ensoleillé et venteux a stimulé la production solaire et éolienne, ce qui a incité l'opérateur du réseau à demander à Electricite de France SA de mettre plusieurs centrales nucléaires hors service.
Alors que l'Europe a besoin de plus d'énergie propre pour atteindre ses objectifs climatiques, la montée en puissance des énergies renouvelables et le manque de batteries de stockage obligent parfois à arrêter les réacteurs pendant les périodes de faible demande. Cette situation est de plus en plus fréquente le week-end en France - qui tire environ deux tiers de son électricité de son parc atomique - et se produit également dans les pays nordiques et en Espagne.
EDF a arrêté ses centrales nucléaires de Golfech 2, Cruas 2 et Tricastin 1, et prévoit d'en arrêter trois autres au cours du week-end. Certains producteurs d'énergie renouvelable devront également réduire leur production pour éviter de payer une redevance dans un contexte de prix négatifs.
En France, le prix de l'électricité à un jour est tombé à -5,76 euros le mégawattheure, son niveau le plus bas depuis quatre ans, lors d'une vente aux enchères sur Epex Spot. Le contrat équivalent en Allemagne a chuté à 7,64 euros.
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
Comment la France a réussi à exporter plus d'énergie que la Norvège et que l'ensemble de l'UE sans pétrole : le miracle énergétique français...
La France a retrouvé son trône. En 2022, la France était devenue importatrice nette d'énergie après avoir été pendant quarante ans un grand exportateur. Cependant, les premiers chiffres combinant l'ensemble de ses échanges d'électricité en 2023 montrent que le pays a non seulement recommencé à vendre à plein régime au reste du monde, avec des exportations nettes de 58 térawattheures, mais qu'il est devenu la plus grande source d'approvisionnement en énergie vers l'extérieur en Europe. Ainsi, un pays qui ne dispose pas de ressources propres pour alimenter son réseau, comme le gaz ou le pétrole, confirme une fois de plus son "miracle énergétique" qui lui permet de s'approvisionner sans dépendre de l'extérieur et, en outre, de gagner de l'argent au passage en approvisionnant ses voisins.
L'Allemagne et l'Italie ont été les principaux clients de la France, à qui elle a envoyé 8 térawattheures chacun. Quoi qu'il en soit, cette domination française a dépassé celle de la Norvège et de la Suède, les deux pays nordiques qui étaient devenus une référence ces dernières années en raison de leur proximité et de leur énorme production d'énergie à faible teneur en carbone. Dans le cas spécifique de la Norvège, cet excédent est lié au fait que, grâce à sa propre production de pétrole et de gaz, elle peut obtenir un soutien pour son approvisionnement énergétique. Plus précisément, le pétrole brut représente environ 25 % du bouquet énergétique du pays nordique, tandis que le gaz en représente 21,8 %, selon les données de l'Agence internationale de l'énergie.
Dans le cas de la France, bien que le pétrole brut et le gaz représentent à eux deux 45 % de son mix énergétique, elle ne produit quasiment pas ces matières premières, ce qui pèse sur sa balance commerciale. Un handicap que le pays a su surmonter grâce à une importante industrie nucléaire et une puissante production d'énergies renouvelables de soutien, notamment la biomasse, qui représente environ 16% de sa production totale.
Vicente Nieves
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
https://www.msn.com/es-es/dinero/noticias/as%C3%AD-ha-conseguido-francia-exportar-m%C3%A1s-energ%C3%ADa-que-noruega-y-toda-la-ue-sin-petr%C3%B3leo-el-milagro-energ%C3%A9tico-galo/ar-BB1lwuHn?ocid=BingHp01&pc=BQ01&cvid=98e7903b995240dc8c83bce9894ac812&ei=31
ENTRETIEN. Un an après la commission d’enquête sur la perte de souveraineté énergétique, son rapporteur sonne l’alarme et publie un livre au vitriol.
Que reste-t-il des six mois passés à ausculter, l'an dernier, l'un des plus grands fiascos de politique publique de l'histoire du pays ? Dans un livre au vitriol, examinant trente années d'incuries, de mauvaises décisions, de pensées magiques et de lâchetés ayant conduit la France au bord du black-out, l'ancien rapporteur de la commission d'enquête sur la perte de souveraineté énergétique de la France s'interroge. Brusquement réveillés lorsqu'ils ont dû, l'hiver dernier, enfiler des pulls et demander aux usines de réduire leur production pour éviter les coupures de courant, les Français ont-ils réellement compris… que les pénuries ne faisaient que commencer ? Pourquoi les recommandations formulées à l'époque par les députés n'ont-elles pas été mises en œuvre ? Comment expliquer que la volonté politique, nouvellement exprimée, soit si lente à se traduire en réalisations concrètes ?
En publiant Le Mur énergétique*, le député de Haute-Savoie Antoine Armand entend « lancer l'alerte », dit-il. « Un mur énergétique sans précédent se dresse devant nous… » Et il est beaucoup plus haut qu'on ne le croit.Que reste-t-il des six mois passés à ausculter, l'an dernier, l'un des plus grands fiascos de politique publique de l'histoire du pays ? Dans un livre au vitriol, examinant trente années d'incuries, de mauvaises décisions, de pensées magiques et de lâchetés ayant conduit la France au bord du black-out, l'ancien rapporteur de la commission d'enquête sur la perte de souveraineté énergétique de la France s'interroge.
Brusquement réveillés lorsqu'ils ont dû, l'hiver dernier, enfiler des pulls et demander aux usines de réduire leur production pour éviter les coupures de courant, les Français ont-ils réellement compris… que les pénuries ne faisaient que commencer ? Pourquoi les recommandations formulées à l'époque par les députés n'ont-elles pas été mises en œuvre ? Comment expliquer que la volonté politique, nouvellement exprimée, soit si lente à se traduire en réalisations concrètes ? En publiant Le Mur énergétique*, le député de Haute-Savoie Antoine Armand entend « lancer l'alerte », dit-il. « Un mur énergétique sans précédent se dresse devant nous… » Et il est beaucoup plus haut qu'on ne le croit.
Le Point : Vous publiez ce livre au moment où le ministère de la Transition énergétique, créé lors du précédent remaniement, disparaît, et alors que les Français semblent penser que la crise énergétique est derrière nous. Vous le dites clairement : ils se trompent ?
Antoine Armand : Les travaux de notre commission d'enquête, il y a un an, ont révélé la somme d'erreurs, de fautes individuelles, de discours incohérents et de décisions politiques néfastes qui nous ont, en vingt ans, conduits au bord du black-out. J'ai la conviction que, aujourd'hui, nos politiques publiques sont à nouveau sur de bons rails : la production et la sobriété sont devenues des priorités, on n'oppose plus entre elles les énergies renouvelables, thermiques et nucléaires, des lois d'accélération ont été votées… Mais la question de la vitesse du train se pose. Car le mur énergétique n'a pas disparu, il se profile toujours à l'horizon 2030-2035, c'est-à-dire demain ! Or j'ai le sentiment que nous, responsables politiques, n'en avons pas encore collectivement pris la mesure.
D'où vous vient cette conviction ?
Des chiffres qui sont sur la table ! Le gestionnaire de réseaux RTE s'attend à une consommation annuelle d'électricité en forte hausse, comprise entre 580 et 640 térawattheures (TWh) en 2035 – alors qu'il a tablé pendant des années sur une quasi-stagnation. Dans le même temps, notre consommation d'énergie globale devra baisser de 40 % pour atteindre nos objectifs climatiques. D'abord, on peut douter que ces chiffres soient bons : si l'on veut à la fois réindustrialiser le pays et décarboner l'industrie, les besoins en électricité pourraient dépasser les 800 TWh annuels. Mais admettons : le défi reste absolument gigantesque ! Aucun pays n'a jamais eu à économiser 400 TWh d'énergie, tout en produisant 300 TWh d'électricité en plus, en une quinzaine d'années ! C'est totalement inédit. Et en dépit des discours, nous ne savons toujours pas comment nous allons faire
Pour vous, en l'état, l'équation ne boucle pas ?
Pas encore. Pour l'instant, nous n'avons fait que dessiner des trajectoires… Mais sans documenter complètement quelles mesures de sobriété vont nous permettre de réaliser, en cinq à dix ans, 400 TWh d'économies d'énergie. De la même manière, on sait ce que représentent 300 TWh d'énergie décarbonée en plus en termes de nombre d'éoliennes, de panneaux photovoltaïques, de nucléaire… Mais pas comment les réaliser concrètement chaque année ! Or ce ne sont pas des pourcentages, mais des éléments physiques – des matériaux, des chantiers, des bras.
Le plan de sobriété nous a permis d’économiser 12 % d’énergie l’an dernier, mais des responsables politiques ont hurlé à la décroissance médiévale !
Et l'état du débat public m'inquiète : le plan de sobriété nous a permis d'économiser 12 % d'énergie l'an dernier, mais une partie des responsables politiques ont hurlé à la décroissance médiévale ! Dans le même temps, les uns se braquent contre le développement du nucléaire, les autres contre celui de l'éolien. Responsables politiques, industriels, élus locaux, citoyens… Nous n'avons pas encore intégré l'ampleur de « l'effet falaise », et des efforts qu'il faudra fournir pour éviter un black-out, quand notre parc nucléaire arrivera d'un seul coup en fin de vie. On se querelle encore, alors qu'il faudrait sonner la mobilisation générale !
Une loi de « souveraineté énergétique » est attendue dans les prochaines semaines. N'est-ce pas une étape importante ?
C'est une étape essentielle, car les parlementaires comme l'opinion publique ont besoin de ce débat, pour mettre le pays en marche. Nos objectifs de rénovation thermique impliquent le recrutement de 200 000 personnes dans les prochaines années. Nous avons des filières entières d'énergies renouvelables à construire, et pour le nucléaire, des dizaines de milliers d'ingénieurs et de techniciens nucléaires à trouver, et former dans les prochaines années. Ces gens sont aujourd'hui au lycée : c'est maintenant qu'il faut ouvrir des filières en terminale professionnelle, en BTS mécanique ou électrotechnique. C'est maintenant qu'il faut commencer à former des techniciens, des robinetiers, des ingénieurs neutroniques… On ne va pas inscrire les gens de force !
Peut-on se permettre d’arrêter un parc éolien parce qu’on a vu passer dans le ciel un rapace ?
Cette mobilisation, aujourd'hui, n'est pas là. La France n'a pas encore compris que l'énergie sera une priorité absolue des quinze années à venir. Et trop de projets sont encore bloqués, pour des raisons que nous devons pouvoir discuter – liées aux paysages, à la protection de la biodiversité. Peut-on se permettre d'arrêter un parc éolien parce qu'on a vu passer dans le ciel un rapace ? Les obligations associées à la biodiversité représentent entre 10 et 20 % du coût d'un projet. Il faut évidemment protéger la biodiversité – mais face au risque réel de black-out, le positionnement du curseur doit être interrogé.
Un black-out, vraiment ?
Je pense que si on ne prend pas la mesure de l'urgence, on aura, soit un black-out énergétique, soit un black-out écologique. Un black-out énergétique représente plus que des milliards de pertes : c'est un court-circuit social. Ce qui s'est passé l'an dernier est appelé à se répéter dans les prochaines années, si aucune mesure forte n'est prise. Ou alors nous aurons un black-out écologique : comme l'Allemagne, nous devrons relancer des centrales fossiles pour éviter des coupures de courant et des fermetures d'usines. Et nous n'atteindrons pas nos objectifs climatiques.
Il y a un an, votre commission d'enquête démontrait que la sécurité d'approvisionnement de la France avait été négligée. Vous semble-t-elle mieux assurée aujourd'hui ?
J'appelle à ce qu'elle soit le premier critère. L'an dernier, au moment de la crise, on a craint de devoir couper l'électricité dans certains hôpitaux. La situation n'a guère changé aujourd'hui. Nous n'avons entamé aucune réflexion, au niveau européen, sur la façon de sécuriser nos approvisionnements dans un monde où les énergies renouvelables intermittentes prendront une place prépondérante, et nécessiteront des ajustements très forts. Il faut lancer ce chantier !
Il est incroyable que la géothermie soit aussi peu mise en avant.
Et à l'intérieur de nos frontières, il n'y a pas d'autres solutions que d'économiser d'un côté, et de l'autre… Produire, produire et produire. Cela implique de pousser tous les curseurs à fond, sur les renouvelables électriques, sur le parc nucléaire actuel et futur… Tout en développant d'autres méthodes qui sont toujours négligées, comme la géothermie. Il est incroyable qu'elle soit aussi peu mise en avant, alors que la chaleur représente la moitié de notre consommation d'énergie, et qu'elle est l'une des principales clés de la décarbonation ! Toutes les communes doivent se mettre au diapason, être encouragées, financées. Je porterai d'ailleurs dans les prochaines semaines des propositions en ce sens.
Votre commission d'enquête formulait une trentaine de propositions, pour éviter que cela ne se reproduise. Certaines ont été suivies… D'autres non. Lesquelles vous semblent prioritaires, aujourd'hui ?
Les gens ont beaucoup critiqué le président de la République quand il a réclamé une « pause environnementale », afin que 2024 soit une année de mise en œuvre écologique. Je crois profondément qu'il a eu raison. Nos ambitions sont maintenues, il s'agit maintenant de les réaliser ! Pour cela, je distingue trois urgences. D'abord, il faut que le chantier du nucléaire soit absolument transparent, afin de trouver des solutions pour accélérer. Peut-on simplifier les procédures, la sûreté, accélérer les formations d'ingénieurs ? Une année d'avance sur l'ouverture d'un réacteur, ce sont des milliards d'euros et des millions de tonnes de CO2 évitées.
On met des milliards d’euros dans la rénovation thermique, sans pouvoir dire combien de kilowattheures ont été économisés.
Deuxième urgence : nous avons voté une loi d'accélération des énergies renouvelables qui peine à se concrétiser, car des blocages persistent dans les derniers kilomètres. Je propose qu'une expérimentation forte soit menée dans une région volontaire pour développer rapidement les énergies renouvelables, où seraient définis des moyens supplémentaires de l'État, des dérogations réglementaires… Ce qui fonctionne pourrait ensuite être répliqué. Et puis la troisième urgence est la rénovation thermique. On met aujourd'hui des milliards d'euros dans une politique, sans qu'on puisse dire combien de kilowattheures ont été économisés. Les outils de mesure ne sont pas encore construits ! C'est une priorité, afin de flécher l'argent, demain, sur les solutions utiles.
On a percé le mystère des heures creuses et pleines pour votre électricité
Très chère électricité dont on ne peut se passer. Il existe bien un moyen de la payer à un tarif un peu moins élevé, en souscrivant l'option " heures creuses ". Encore faut-il savoir comment...
Les foyers français ne sont pas vernis. Ils vont devoir composer avec une hausse des tarifs de l’électricité. La TVA et la taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité devraient être réintroduites.
Le paysage énergétique français s'apprête à connaître des changements importants en février prochain, avec l'annonce de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) concernant l'augmentation des factures d'électricité. Malgré une baisse des prix sur les marchés de gros, les consommateurs français devront faire face à une hausse, exclusivement due aux taxes, comme l'a souligné la CRE lors d'une déclaration le 10 janvier, rapporte Le Parisien. Dirigée par l'ancienne ministre Emmanuelle Wargon, la CRE évalue initialement les coûts de l'électricité pour les particuliers et les professionnels hors taxe. Cependant, le gouvernement, basant ses décisions sur ces évaluations, impose des taxes afin d'établir un prix toutes taxes comprises (TTC).
Selon le dernier document de la CRE, «au 1er février, le niveau moyen des tarifs réglementés baisse de 0,35 % HT par rapport aux tarifs gelés en vigueur depuis le 1er août 2023». Le rapport préconise une hausse de 0,01 du tarif pour les ménages et une baisse de 3,67 % pour les professionnels. Emmanuelle Wargon explique que cette baisse est due à la diminution des prix sur les marchés en 2023, attribuable à la résolution de la «crise des volumes» devenue une «crise des prix». Elle souligne les efforts déployés dans le secteur énergétique, avec une augmentation de la production de gaz, la performance d'EDF, et le renforcement de l'énergie éolienne.
Le retour des taxes
Cependant, une ombre plane sur cette bonne nouvelle. La loi de finances pour 2024 prévoit une réintroduction progressive des taxes, trois ans après la mise en place du bouclier tarifaire pendant la guerre en Ukraine. Ainsi, la TVA et la taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité (TICFE) devraient être réintroduites, cette dernière revenant à 70 % de son niveau normal, soit 22,54 euros par MWh. Interrogée par Le Parisien, Emmanuelle Wargon indique : «En ramenant cette TICFE à 70 % de son niveau normal, à 22,54 euros par MWh, on arrive bien à une hausse de 10 % pour les particuliers, et de 6,20 % pour les professionnels.» Le plafond de 22,54 euros par MWh est conforme à la loi de finances.
Les consultations sur cette augmentation des prix débutent ce 11 janvier. Le nouveau gouvernement dirigé par Gabriel Attal devra prendre une décision délicate entre une augmentation impopulaire pour renflouer les caisses de l'État et la préservation du pouvoir d'achat des Français, déjà affecté par une hausse de 10 % en août dernier. Le Parisien rappelle qu'une augmentation de 10 % représente environ 130 euros de plus sur la facture annuelle, une information confirmée par le ministère des Comptes publics. Emmanuelle Wargon souligne que c'est avant tout une décision politique, dédouanant ainsi la Commission de régulation de toute responsabilité dans cette hausse annoncée.
Pierre Fougères
Allemagne vs France, et à l’arrivée, tout le monde perd...Il faut donc investir rapidement et utilement pour le contexte futur imposé par la physique et non pour un contexte idéalisé et inaccessible et de ce fait : « Il ne faut pas produire ce que l’on veut mais ce qu’on voudra se permettre ! » Exemples d’investissements pertinents : • Transports : infrastructures cyclables, fluviales et ferroviaires
Pour gouverner le monde, la course à l’énergie a débuté...les BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – ont invité six nouveaux pays dans leur club, pendant que le G7 et le G20 traversent une période de sécheresse, Vladimir Poutine et Kim Jong-un jouent les pyromanes sous les yeux usés du duo Trump-Biden
Jean-Marc Jancovici se penche sur le dossier de l'électricité, dont le prix va augmenter en France, quoi qu'il arrive, pour plusieurs raisons....Le gouvernement assure que le prix de l'électricité n'augmentera pas au mois de janvier 2024. Pourtant, on va avoir du mal à y échapper à court terme et à long terme. À court terme, à cause de ce qu'on peut appeler l'effet marché
Les prix techniques depuis les années 1980 n’ont pas permis d’augmenter ou simplement de maintenir la croissance économique et le confort réel des ménages, seul l’endettement des pays a permis de maintenir l’illusion.....les pays européens viennent donc de franchir plusieurs cols de plus en plus pentus et le peloton ferait peut-être bien de se demander ce qui se passe devant, c’est à dire derrière celui que nous sommes en train d’attaquer, celui de la transition.
La carte de la production énergétique en Europe a radicalement changé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais aussi depuis différents changements drastiques dans la politique de certains pays. Dans un sens ou dans l’autre de la balance de production.
Pourquoi est-ce important ?
On a beaucoup parlé du nucléaire français, qui ne produit pas autant qu'il le pourrait ; c'est vrai, mais il a contribué à faire de la France la pile énergétique de l'UE. À l'inverse, depuis qu'elle a fermé ses dernières centrales, l'Allemagne a quitté le camp des pays exportateurs pour passer de l'autre côté de la barrière.Un secteur nucléaire rentable, même à 50% de sa capacité
Dans l’actualité : la balance énergétique franco-allemande – donc aussi européenne – a basculé, analyse Bloomberg.
- La France est devenue la première exportatrice d’énergie dans l’UE, juste devant la Suède, avec 17,6 térawattheures envoyés vers l’étranger. Ses principaux clients sont la Grande-Bretagne et l’Italie.
- Cette énergie française provient largement du nucléaire, sur lequel le gouvernement parie pour bâtir sa transition énergétique. Pourtant, celui-ci a défrayé la chronique durant les dernières sécheresses, qui faisaient craindre des problèmes de refroidissement. Les opposants au nucléaire, très actifs en France, ont aussi mis en avant la crainte de pénurie d’uranium suite aux troubles au Niger – un risque complètement surévalué.
- Le nucléaire français culmine pourtant à 50% de sa capacité. Mais même ainsi, le pays s’en sort plutôt bien et a pu même maintenir des prix relativement bas au plus fort de la crise énergétique. Ses centrales sont devenues un élément incontournable du mix énergétique européen.
Les autres sources d’énergie n’ont toutefois pas démérité : la vague de chaleur qui frappe le sud de l’Europe a aussi stimulé la filière solaire. Et c’est l’Espagne qui en profite – malgré la sécheresse historique – pour devenir le troisième pays exportateur de l’Europe, et compléter le podium après Paris et Stockholm avec des sorties nettes totales de 8,8 térawattheures, selon le rapport de l’analyste des données d’énergie EnAppSys.
Dépendance allemande et nuages noirs sur l’économie
L’Allemagne par contre est au plus bas : alors qu’elle était une habituée du podium, la voici devenue une importatrice d’énergie. Une conséquence directe de sa sortie du nucléaire, estime le rapport de EnAppSys.
- Or, comme certains observateurs le soulignaient déjà à l’époque, les coûts de l’énergie risquent de plomber la première économie européenne pendant plusieurs années, alors que ce pays est entré en récession.
- En juin dernier déjà, alors que les prix étaient redevenus plutôt bas sur le marché international, Siegfried Russwurm, le chef de la Fédération allemande de l’industrie, faisait part de ses craintes d’une dislocation du tissu industriel du pays causée par les prix élevés de l’énergie.
Matthias Bertrand
publié le
https://www.courrierinternational.com/article/vu-des-etats-unis-la-france-redevient-le-premier-exportateur-europeen-d-electricite
Pour retrouver une électricité bon marché, il faut se défaire des exigences de Bruxelles...TRIBUNE COLLECTIVE PARUE DANS LE FIGARO Il est urgent de suspendre le mécanisme européen d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) afin de retrouver une électricité dont le prix est aligné sur son coût de production. Alors que l’énergie est dans les traités un domaine réservé des États, la France a accepté en 1996 la directive européenne définissant les modalités du marché unique de l’électricité. Soucieuse que nos entreprises continuent à bénéficier du faible coût de l’électricité nucléaire
Dans un avis corrosif, l’Académie des technologies dénonce des politiques qui ne permettront pas d’atteindre les objectifs de décarbonation, et appelle la France à leur résister.
« Cette fois, on ne peut plus éviter le bras de fer avec l'Union européenne », tranche Denis Ranque, président de l'Académie des technologies… Il est rare que l'institution publique indépendante, qui rassemble les meilleurs experts français des technologies et des sciences appliquées (dont quatre Prix Nobel), s'autorise une critique aussi explicite d'une politique publique. Mais l'heure est grave : alors qu'Élisabeth Borne vient tout juste de présenter un plan « extrêmement ambitieux » de réduction des émissions françaises, pour respecter les nouveaux objectifs de l'UE de réduire les émissions de gaz à effet de serre européens de 55 % d'ici à 2030 par rapport à 1990, l'Académie s'inquiète.
« Les trajectoires projetées ne sont ni crédibles, ni techniquement réalisables, ni même optimales sur le plan climatique, puisqu'elles risquent à la fois d'empêcher l'Europe d'atteindre la nécessaire neutralité carbone en 2050, et de saper encore plus sa souveraineté énergétique », alerte Dominique Vignon, qui préside le pôle Énergie de l'Académie. En effet, « l'UE se concentre sur les moyens, à savoir le développement des énergies renouvelables dont la part devra dorénavant atteindre au moins 42,5 % de la consommation d'énergie en 2030, au détriment de l'objectif, qui devrait être la décarbonation », détaille Dominique Vignon. Dans un avis très critique publié ce 26 mai, l'Académie documente l'échec de cette politique, et appelle la France à lui résister. Entretien croisé avec Denis Ranque et Dominique Vignon, respectivement président de l'Académie des technologies, et président de son pôle Énergie.
Le Point : Vous dénoncez une politique européenne « inefficace ». Pour quelle raison ?
Dominique Vignon : L'Europe se glorifie d'avoir largement dépassé ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre en 2020, atteignant - 30 % par rapport à 1990, quand seulement - 20 % étaient visés. Mais c'est une victoire en trompe-l'œil : en tenant compte de l'impact carbone des biens importés, les émissions en Europe augmentent ! Et sur un autre point central des traités, celui de la sécurité d'approvisionnement, l'échec est cuisant : notre forte dépendance au gaz russe a fait s'envoler les prix en 2020. En clair, si l'Europe échoue, ce n'est pas à cause d'une mauvaise application de sa politique, mais bien parce qu'elle s'est dotée de mauvais objectifs, qui en plus, ne sont pas articulés entre eux. Mais au lieu de reconnaître son échec, elle veut accélérer.
Denis Ranque : Dans le cadre du Green Deal, la Commission a proposé en juillet 2021 de réviser la directive imposant le développement des énergies renouvelables, la fameuse directive RED. RED I (2001) fixait un objectif d'énergies renouvelables de 20 % de l'énergie consommée en 2020. RED II (2018) a porté cet objectif à 32 % en 2030. En discussion aujourd'hui, RED III envisage de l'augmenter à 42,5 %, voire à 45 % !
La France, dont l'électricité est déjà largement décarbonée grâce au nucléaire, serait très pénalisée, sans que cela ait d'impact sur ses émissions au terme de 2030. L'Allemagne a fait le choix politique de sortir du nucléaire, c'est son droit. Mais elle sait que demain, les ENR ne suffiront pas à couvrir en quantité ses besoins électriques. Pour l'instant, elle fait tourner à fond ses centrales au charbon (et au lignite), et elle prévoit demain de fortes importations d'hydrogène. Mais elle omet de dire comment cet hydrogène sera produit ! Après la dépendance au gaz russe, on organise donc la dépendance envers des pays non identifiés à ce stade, d'où sera importé de l'hydrogène produit et transporté avec des technologies encore non définies, qui n'ont aucune chance d'être prêtes en 2030.
Vous appelez la France à ne rien céder ?
Denis Ranque : Oui. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a refusé de signer le texte, notamment parce qu'il ne permet pas l'utilisation du nucléaire pour décarboner l'industrie. La France a globalement un plan qui tient la route, même s'il reste flou et manque encore de moyens. Mais ce plan n'est absolument pas compatible avec la politique de Bruxelles ! L'Allemagne et quelques autres pays sont déterminés à exclure le nucléaire. Il faut cesser les compromis diplomatiques, et obtenir que l'Europe applique ses propres traités en laissant chaque pays libre de définir son mix énergétique. Les objectifs fixés en termes d'énergies renouvelables doivent laisser la place à des objectifs de décarbonation. Et ensuite, que l'on fixe des objectifs d'indépendance énergétique, qui peuvent être variables selon les pays.
Cela obligera chacun à clarifier ses plans. Aujourd'hui, l'Allemagne, par exemple, exporte ses contraintes, et pendant qu'elle va dans le mur, elle tente de faire en sorte que les autres pays s'y encastrent avec elle. Nos industries seront alors autant pénalisées que les siennes par de mauvais choix énergétiques. Il faut que cela cesse.
De quelle façon ces choix européens impactent-ils les objectifs français ? Élisabeth Borne vient de présenter son plan de décarbonation pour atteindre les objectifs de l'UE en 2030. Ne saluez-vous pas l'ambition ?
Denis Ranque : Nous soutenons l'objectif de réduction d'émissions, car chacun sait que nous devons atteindre le Net Zéro en 2050, et qu'il faut y aller. Mais selon quelle trajectoire ? 2030, c'est pour ainsi dire demain… Et le puzzle ne s'assemble pas. Or, le fait de présenter une trajectoire irréaliste à court terme, et d'en définir les modalités sans s'interroger sur la cohérence d'ensemble, les impacts environnementaux, les coûts, l'impact sur notre souveraineté, risque de nous conduire, à terme, à tout rater ! Il existe une incohérence entre les incantations à aller plus vite, et le fait qu'on ne s'en donne pas les moyens, juridiques, administratifs, culturels, financiers…
Par exemple, il faudrait réduire drastiquement le temps des autorisations administratives nécessaires pour lancer des projets. La loi d'accélération sur les renouvelables n'a pas réellement modifié les autorisations, et on ne peut pas aujourd'hui lancer un projet industriel en deux ans, ça n'existe pas. La France ne peut pas à la fois prôner la recherche systématique du dialogue et du consensus, et clamer qu'elle va accélérer.
Dominique Vignon : Une politique énergétique est comme un porte-avions, il est illusoire de tabler sur des changements radicaux en sept ans. Prenons un seul exemple, celui des transports, le secteur le plus émetteur en France. Le plan présenté par la Première ministre prévoit de faire baisser les émissions des transports de 129 millions de tonnes de CO2 en 2022 à 92 millions de tonnes en 2030. Comment faire ? Le segment le plus important réside dans les voitures individuelles. On compte sur 10 % de trajets en moins en 2030, sans taxe sur les carburants pour l'encourager (il n'y aura donc pas d'incitation réelle à la sobriété). L'électrification du parc coûtera cher, les logements collectifs ne sont pas équipés de bornes de recharge… Y arriver d'ici à 2030 est extrêmement ambitieux.
Pour les poids lourds, qui représentent 25 % des émissions du secteur transport, on ignore quelle technologie sera retenue : les batteries électriques, l'hydrogène ? Il existe d'autres solutions efficaces, comme l'autoroute électrique, qui ne sont du coup pas étudiées, car il faut aller vite. Et comme les propriétaires de poids lourds ne savent pas dans quelle direction s'orienter, ils attendent. On a bien du mal à concevoir une baisse significative des consommations de carburant par le fret d'ici à 2030. Tous les secteurs sont à l'avenant : l'industrie, le logement, l'agriculture avec des projets de réduction de 30 % du cheptel bovin en sept ans… Mais comment ? Les leviers de réduction relèvent pour la plupart d'acteurs individuels
ous pensez pourtant possible d'atteindre la neutralité carbone en 2050 ?
Denis Ranque : Oui. Mais en alignant tous les moyens, dont certains ne sont jamais évoqués, comme la capture et le stockage du carbone. D'après nos bouclages, il restera toujours un reliquat de CO2 qu'on n'aura pas d'autre choix que de stocker et d'enfouir, c'est évident. Or personne n'en parle ! Plutôt que de s'exciter pour savoir si en 2030, on sera à - 55 %, - 40 % ou - 70 %, nous devrions travailler à mettre en place maintenant les outils dont nous aurons impérativement besoin de développer d'ici à 2050. Au-delà de tous les moyens techniques, l'Académie est convaincue que l'atteinte de zéro carbone en 2050 nécessitera aussi une dose de sobriété, savoir se contenter du « juste besoin ».
Dominique Vignon : Il n'y a pas lieu de désespérer. Mais il est dommage que du fait d'une directive européenne qui fixe un objectif à 2030, on ne regarde pas le coup d'après. La France a beaucoup d'avance sur l'Allemagne, qui n'aura, elle, aucun mal à remplir ses objectifs : il lui suffira de remplacer des centrales à charbon par des centrales au gaz pour réduire de moitié ses émissions dans ce secteur.
La France est déjà dans l'étape d'après, beaucoup plus difficile. Or, nos politiques court-termistes empêchent de se poser la question de comment on décarbone le fret aérien, le fret routier. Une vraie politique stratège consiste à fixer une orientation, et à mettre en place les outils industriels pour agir. Ces voies et moyens doivent être décidés tout de suite, mais n'auront pas d'effet en 2030. Et ce n'est pas dramatique : nous sommes déjà le pays le plus décarboné d'Europe, nous pouvons continuer d'ouvrir la voie, si nous nous fixons les bons objectifs.
TRIBUNE. Pour Bernard Accoyer, la vulnérabilité énergétique de la France est imputable aux antinucléaires qui ont exercé le pouvoir ces dernières années.
Selon la formule prêtée à Albert Einstein, « On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés. » Pourquoi cela ne vaudrait-il pas pour la crise énergétique française ? La crise ukrainienne a révélé la vulnérabilité stratégique de la France en matière d'approvisionnement énergétique. Tout n'est cependant pas imputable à Vladimir Poutine. Dans les faits, notre dépendance au gaz russe est minime et la crise énergétique va se produire là où nous devrions aujourd'hui régner en maître et n'avoir aucune inquiétude : la production électrique. La France entre dans une crise énergétique à laquelle elle aurait dû échapper, si des décisions courageuses et raisonnables avaient été prises en temps utile.
L'exécutif incite à regarder ailleurs, se défausse ou invoque le contexte mondial. Personne n'est dupe : lui, ses conseillers, et les responsables de son administration, notamment RTE (gestionnaire du réseau de transport d'électricité) et la Commission de régulation de l'énergie (CRE), sont bien les coresponsables de ce qui est en train de nous arriver. Depuis l'élection présidentielle de 2012, des décisions politiques malheureuses ont été prises en oubliant les lois de la physique et en occultant les conséquences de ces choix, malgré les mises en garde de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Ainsi, ce sont 12 gigawatts (GW) de capacités de production d'électricité pilotables qui ont été supprimés depuis dix ans, avec notamment la fermeture avancée de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace) – pourtant en parfait état de fonctionnement –, une véritable faute industrielle exigée par l'écologie politique, une trahison énergétique.
La fermeture de ce qui représente plus de 10 % des capacités de production comme le désinvestissement dans le nucléaire sont la cause de la crise française, en dépit des recommandations de tous les présidents de l'ASN, depuis 2007, alertant sur la nécessité de disposer de capacités de production de réserve pour pouvoir faire face à un incident générique sur le parc nucléaire. L'arrêt d'une partie de ce parc pour des phénomènes de corrosion sous contrainte constitue un tel incident, toujours possible dans tout système industriel. Les décisions de fermetures ont été le choix de politiques restés sourds aux avis techniques compétents. Se défausser sur le seul parc n'est pas recevable.
De nombreuses voix, en leur temps, avaient aussi mis en garde les gouvernements en 2014, 2017, 2019, sans être entendues. Hélas, les administrations chargées d'alerter les autorités sur les risques évidents résultant de ces décisions sont restées muettes. Un tel entêtement n'aurait pas été possible si la consanguinité entre le politique et les instances de régulation ou de production du secteur, particulièrement perverse, n'avait accouché d'un discours officiel reposant sur des analyses totalement biaisées.
Sur le plan gouvernemental, la nomination de ministres militants antinucléaires à la tête du ministère chargé de l'Énergie a fait de la politique énergétique la monnaie d'échange successivement utilisée par François Hollande puis par Emmanuel Macron pour s'allier avec les décroissants et les antinucléaires.
Leurs desseins n'auraient cependant pas été rendus possibles si les agences de l'État n'avaient pas été idéologiquement détournées de leur mission de prospective, de conseil et d'alerte des pouvoirs publics, par des nominations à leur présidence de personnalités politiques, ainsi récompensées pour leur ralliement, en lieu et place de nominations de techniciens reconnus et politiquement non engagés
C'est le cas, par exemple, de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), pilote de la pensée antinucléaire, présidée par Arnaud Leroy, ancien député socialiste, qui a publié un scénario « Vers un mix électrique 100 % renouvelable » (2018) ; ou de la nomination de l'ancien député François Brottes (socialiste), pivot de la loi Royal de 2015, à la tête de RTE, prescrivant la fermeture de 14 réacteurs en 2025, échéance repoussée ensuite à 2035, échéance tout aussi utopique. Puis son remplacement par Xavier Piechaczyk, en 2020, un proche du président de la République qui avait copiloté la rédaction de la loi de 2015.
RTE, instance responsable de l'équilibre du système électrique, chargée de transmettre les informations prospectives aux pouvoirs publics afin qu'il anticipe sa politique énergétique, n'a cessé de se contorsionner pour justifier des plans « zéro nucléaire » totalement inapplicables, au risque de se discréditer (janvier 2021), puis de produire des scénarios de stratégie électrique sur commande totalement inverses pour justifier le virage macronien de l'automne 2021. La Commission de régulation de l'énergie n'a pas échappé à cette « déprofessionnalisation » politique, contraire à l'indépendance indispensable des autorités « indépendantes » censées par définition conseiller ou trancher à distance des pressions politiques.
Si l'on veut hâter la sortie de crise et le retour à une meilleure situation, il faut nommer à ces responsabilités des personnalités techniquement qualifiées sans lien avec l'exécutif ni engagement politique patent. Pour la sélection du meilleur candidat, la seule question qui vaille est : « Quelle compétence détient cette personne pour justifier son ambition d'exercer cette responsabilité hautement stratégique, au service de la France et des Français ? » Cela vaut notamment pour les grands acteurs du secteur – CRE, EDF, RTE…
Sur ce point, la proposition de nomination avancée par le président de la République à la présidence de la CRE est un continuum qui, si elle se concrétisait, placerait cette personnalité entre les mains des conseillers de l'exécutif, ceux-là mêmes qui portent en partage la responsabilité de la crise énergétique à laquelle la France aurait dû échapper.
Dans tous les scénarios, la sortie de crise sera longue. Il faut maintenant sortir des errements qui ont provoqué cette crise, oublier les positions dogmatiques, s'en tenir à la raison et engager sans plus attendre les mesures de redressement qui s'imposent.
* Bernard Accoyer est le président de PNC-France, une association pronucléaire. Il a été le président (UMP) de l'Assemblée nationale de 2007 à 2012
Politique énergétique européenne : un échec climatique absolu
Face à la baisse massive des livraisons de gaz russe, l’Europe se retrouve en situation de précarité énergétique dès maintenant : il faut coûte que coûte remplir les stockages de gaz avant le 1er novembre, c’est une obligation légale qui a pour but de sécuriser le passage des pointes hivernales. En France, ces stockages représentent un peu plus du quart de la consommation annuelle, leur remplissage ne signifiera donc pas l’arrêt des importations qui devront se poursuivre à un rythme élevé, durant l’hiver prochain et au-delà.
La réponse de plusieurs pays européens vient de tomber : elle consiste à se retourner massivement vers le... charbon, en rouvrant des capacités de production d’électricité utilisant ce combustible, de loin le plus émetteur de CO2 et le plus polluant de tous. C’est le cas notamment de l’Allemagne, de l’Autriche, du Danemark, des Pays-Bas et bientôt d’autres pays ; l’Italie se retrouve également en situation très précaire et va devoir augmenter sa production d’électricité à partir de charbon et de fioul. Quant à la France, tout laisse à penser que ses deux dernières centrales au charbon ne sont pas près de pouvoir fermer.
Le résultat est catastrophique pour le climat : les objectifs de réduction des émissions de CO2 sont remis en cause de façon certaine pour 2030 (« Fit for 55 », objectif déjà très largement irréaliste) et très probablement pour 2050 (neutralité carbone) car le retard sera très difficile à rattraper. La crise actuelle du gaz est en effet probablement appelée à durer au moins jusqu’en 2025, avec de grandes incertitudes au-delà.
Mais la cause profonde de cette situation est ailleurs : elle résulte de la politique idéologique et illusoire du « tout éolien et photovoltaïque » de la Commission, inspirée par l’Allemagne et d’autres pays anti-nucléaires. Cette politique a eu pour corollaire l’asservissement massif au gaz, russe en l’occurrence, pour assurer la stabilité des réseaux face à l’intermittence du vent et du soleil. Comment a-t-on pu croire que l’on pourrait se passer de la source d’électricité pilotable la moins émettrice de CO2 de toutes et seule capable de produire massivement et en permanence de l’électricité, le nucléaire ? La mainmise de la Commission et de ses inspirateurs promouvant cette politique a été totale, leur échec est total et signe leur incompétence stratégique abyssale.
Cette leçon de choses va-t-elle enfin ouvrir les yeux de l’Europe, particulièrement à court terme ceux du Parlement européen qui doit se prononcer début juillet sur l’acte délégué complémentaire relatif à l’inclusion du nucléaire et du gaz dans la Taxonomie ? Un résultat de vote qui apparaît incertain tant le lobbying des pays antinucléaires est toujours à la manœuvre pour rejeter cet acte.
Un tel rejet, qui serait synonyme de fuite confirmée dans l’illusion d’une politique magique ignorante du réel, disqualifierait définitivement les institutions européennes en matière énergétique, et viendrait s’ajouter au fiasco du marché européen de l’électricité. Ce dernier dysfonctionne gravement pour des raisons purement artificielles en indexant le prix de gros de l’électricité sur le seul prix du gaz, sans tenir compte du reste du mix électrique : un comble pour un marché censé faire baisser les prix... et les fait en réalité s’envoler. Il est donc également urgent de réformer les règles de ce marché eu égard à ses effets dévastateurs pour l’économie européenne et ses consommateurs.
L’Europe de l’énergie, en fait l’Europe tout court compte tenu de l’urgence climatique et du caractère vital de l’énergie, doit opérer un aggiornamento complet de sa politique énergétique en revenant à la science et au réel, loin des illusions qui ont conduit à la situation actuelle. Elle est au pied du mur des réalités, ignorées depuis des années malgré les alertes de nombreux scientifiques, ceux de Sauvons Le Climat notamment.
La poursuite de cette politique qui a pour but essentiel l’exclusion du nucléaire du paysage européen serait un suicide énergétique et climatique pour le continent : il manquerait massivement d’électricité bien avant le milieu du siècle et cette dernière serait en outre très coûteuse, les importations massives d’hydrogène « vert » depuis les pays ensoleillés, dernier avatar d’une utopie incertaine et ruineuse, conduisant tout droit à la continuation du recours prolongé aux énergies fossiles. Situation inacceptable pour le climat et pour l’avenir de l’Europe.
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Energie: Un pays peut-il fonctionner en mode dégradé ? Il ne reste que quelques mois pour assurer la résilience énergétique et le fonctionnement, en mode secours, de nos entreprises et de nos institutions. L’ambition est d’éviter l’effondrement temporaire notamment de notre système électrique ainsi que de l’accès à l’eau et à la nourriture
L’Europe de l’Energie face à ses contradictions...la crise énergétique dans laquelle se trouve l’Europe est en grande partie son œuvre...dans un dogmatisme libéral économique des années 90 poussée à l’extrême, la Commission a forcé les grands acteurs de l’énergie européens à supprimer les achats à long terme de gaz et de pétrole pour se rabattre sur le court terme.
L'ère des perturbations énergétiques
Ces derniers mois, le monde a été plongé dans une crise énergétique mondiale qui semble avoir pris les observateurs et les dirigeants mondiaux par surprise. En septembre et octobre, les prix de gros du gaz naturel et de l'électricité ont brutalement augmenté en Europe, plusieurs fournisseurs d'énergie ont fait faillite au Royaume-Uni, la Chine puis l'Inde ont connu des pénuries de charbon généralisées et des pannes d'électricité à grande échelle, et les prix des carburants ont rapidement augmenté dans le monde entier. Tous ces événements semblaient d'abord n'avoir qu'une faible corrélation, mais leur simultanéité suggère qu'ils pourraient en fait être les différentes facettes d'un événement qui se déroule en même temps dans le monde entier. Nous nous trouvons soudain au milieu d'une crise énergétique mondiale, ou même face à un "choc énergétique" mondial, comme l'a récemment titré The Economist...
Selon l'indice mensuel des coûts de l'énergie (pétrole, gaz naturel, charbon et propane) publié par le Fonds monétaire international (FMI), le choc énergétique mondial d'octobre 2021 est en fait le plus grave depuis 2008, lorsque le prix du pétrole avait atteint près de 150 USD juste avant le début de la "grande crise financière" (GFC). À l'époque, le prix du pétrole s'était toutefois rapidement effondré dans les mois suivants, le monde étant entraîné dans une spirale financière descendante. Aujourd'hui, certains signes indiquent que les prix de l'énergie pourraient continuer à grimper, plus encore que lors de la flambée de 2008. Notre situation nous rappelle donc ce qui reste "la" crise énergétique par excellence de mémoire d'homme, celle des années 1970.
Toutefois, il est peu probable que ce à quoi nous sommes confrontés aujourd'hui soit une simple répétition de ce qui s'est passé il y a 50 ans. Le monde est très différent aujourd'hui de ce qu'il était à l'époque. Les causes de notre crise énergétique sont également différentes, tout comme ses conséquences.
Pas la même chose que dans les années 1970
La crise énergétique des années 1970 était principalement due à des événements et des tensions géopolitiques. Les États-Unis, qui étaient devenus de plus en plus dépendants du pétrole au cours des décennies précédentes, venaient de dépasser leur pic national de production de pétrole "conventionnel", mais il y avait encore beaucoup de pétrole disponible et facilement récupérable au niveau mondial - les champs géants du Moyen-Orient étaient encore en train d'augmenter leur production, et de nouvelles découvertes majeures étaient encore faites. Les chocs pétroliers ont eu lieu parce que les principaux pays producteurs ont décidé de punir les États-Unis - et l'Occident en général - pour des raisons géopolitiques, et de tirer parti de cette ressource qu'ils possédaient et dont l'Occident avait tant besoin pour accroître ses revenus et son pouvoir. Les brusques flambées de prix d'aujourd'hui, en revanche, ne sont pas principalement motivées par des tensions géopolitiques, même si celles-ci sont toujours présentes dans le domaine énergétique. À première vue, elles résultent d'un décalage soudain et important entre une demande de "produits" qui connaît un rebond plus important que prévu depuis les creux de la pandémie, et une offre qui peine à augmenter aussi rapidement.
Ces derniers mois, on a beaucoup parlé d'un "choc de l'offre" dans l'économie mondiale en raison des nombreuses perturbations cumulées des chaînes d'approvisionnement mondiales causées par la pandémie de COVID-19. Cependant, plus qu'une perturbation de l'offre, l'aspect vraiment remarquable de ce qui s'est passé récemment est une poussée de la demande beaucoup plus forte que ce que l'on attendait il y a un an, lorsque l'économie mondiale peinait à sortir d'un marasme historique. La combinaison de mesures de relance monétaire et budgétaire à grande échelle, qui devait amortir le choc de la pandémie, a en fait déclenché une hausse rapide de la demande de biens matériels que l'offre ne peut suivre. Une analyse intéressante publiée récemment par la société de gestion d'investissements Bridgewater Associates montre que la production de biens matériels s'est en fait rétablie remarquablement vite après la pandémie, mais qu'il n'y a tout simplement pas assez de matières premières, d'énergie, de capacité de production, de capacités d'expédition, de stocks ou même de travailleurs disponibles pour répondre à une demande qui, dans les économies développées, a bondi bien au-delà des niveaux d'avant le COVID. C'est pourquoi les prix augmentent partout pour toutes ces choses...
En ce qui concerne l'énergie, les prix du gaz naturel, du charbon et du pétrole s'envolent tous en même temps, partout dans le monde, parce que la demande explose, et parce que, comme le note Bridgewater, cette demande "ronge les stocks malgré des niveaux de production raisonnables". Étant donné que le gaz naturel et le charbon représentent toujours l'essentiel de la production d'électricité dans le monde, la flambée de leurs prix a également entraîné une hausse du prix de l'électricité là où les marchés de l'électricité sont conçus de manière à amplifier les variations de prix des combustibles utilisés pour répondre aux besoins marginaux de production (comme en Europe), ou des pénuries et des pannes d'électricité là où, pour des raisons réglementaires, la hausse des coûts de production ne peut pas être facilement répercutée par les producteurs sur les consommateurs (comme en Chine).
Une autre différence essentielle avec les années 1970 est donc que la pénurie d'énergie et la flambée des prix d'aujourd'hui touchent toutes les principales sources d'énergie, alors qu'à l'époque, les contraintes d'approvisionnement et les chocs de prix ne touchaient qu'une seule d'entre elles. C'était la source d'énergie dominante, bien sûr, et c'est pourquoi les chocs pétroliers de l'époque ont été si conséquents. Pourtant, dans les années 1970, le monde pouvait encore se tourner vers d'autres sources d'énergie moins soumises à des contraintes d'approvisionnement et/ou de prix que le pétrole. Par exemple, l'utilisation du pétrole pour la production d'électricité a diminué après la crise pétrolière, le secteur de l'électricité s'étant tourné vers le charbon, le gaz naturel et le nucléaire. L'utilisation du pétrole pour le chauffage a également atteint un pic dans les années 1970 et a diminué à partir de ce moment-là, étant remplacée par le gaz naturel ou l'électricité. L'utilisation du charbon dans le monde a donc continué à augmenter dans les années 1970 et au cours des décennies suivantes, et celle du gaz naturel s'est accrue avec le déploiement des infrastructures de distribution et de consommation. L'énergie nucléaire a également pris une part croissante dans le mix électrique mondial au cours des décennies suivantes.
Aujourd'hui, les contraintes d'approvisionnement et les chocs de prix ne se limitent pas au pétrole, mais touchent toutes les sources d'énergie fossile, ce qui explique que nous soyons confrontés à un véritable "choc énergétique", et pas seulement à un "choc pétrolier" comme dans les années 1970. Les combustibles fossiles représentent encore environ 80 % de la consommation finale d'énergie dans le monde, une part qui n'a pratiquement pas changé au cours des dernières décennies malgré la croissance des "énergies renouvelables modernes" (solaire et éolienne), et toutes sont englouties dans la crise énergétique actuelle. L'Asie se bat pour obtenir autant de charbon qu'elle en a besoin, l'Europe autant de gaz naturel qu'elle en a besoin, et le monde entier autant de pétrole qu'il en a besoin. Où que l'on regarde, il semble qu'il n'y ait pas assez de combustibles fossiles à brûler dans le monde pour le moment. L'offre de tous ces combustibles est soumise à des contraintes croissantes et la capacité de production disponible diminue partout. Il ne semble donc pas y avoir de véritable marge de manœuvre pour changer d'utilisation entre les sources d'énergie fossiles, comme cela était encore possible dans une certaine mesure dans les années 1970.
L'énergie nucléaire a d'ailleurs pris de l'ampleur ces derniers mois, certains pays ayant annoncé des plans d'investissement dans des réacteurs de nouvelle génération ou des petits réacteurs modulaires. Pourtant, le nucléaire ne peut être qu'une option à long terme, qui ne semble pas vraiment répondre à l'urgence de la situation ni à l'ampleur du défi, et qui véhicule en elle-même des problèmes et des questions graves et plutôt gênants.
Ce qui se cache derrière
Le choc énergétique d'aujourd'hui résulte donc d'un décalage soudain et important entre une demande en forte hausse et une offre limitée, mais ce décalage n'est probablement que le déclencheur de la crise plutôt que sa cause profonde. Si notre crise énergétique se résumait à cela, nous pourrions espérer que la perturbation serait temporaire, et que la situation s'apaiserait et se "normaliserait" après une période d'ajustement de l'offre et de la demande. Mais il y a des raisons de penser que les causes profondes de notre crise sont plus profondes, beaucoup plus profondes, et donc qu'elle pourrait être là pour rester.
Une cause sous-jacente souvent mentionnée est le déficit d'investissement dans l'exploration et la production d'énergie, qui dure depuis de nombreuses années déjà. Les investissements dans de nouveaux développements pétroliers ont chuté après l'effondrement du prix du pétrole en 2014, et n'ont jamais vraiment repris - au contraire, ils ont à nouveau chuté en 2020 en raison de la pandémie. Un grand nombre de ces investissements n'étaient tout simplement pas suffisamment rentables compte tenu du niveau des prix du pétrole, ainsi que de la pression exercée par le mouvement de "désinvestissement" des combustibles fossiles et de l'incertitude croissante concernant la demande future. Les investissements dans le développement du gaz naturel ont également été affectés parce que les industries du pétrole et du gaz sont étroitement liées et parce que le pétrole a historiquement été le plus rentable des deux, fournissant la plupart des fonds pour les investissements. En outre, les prix du gaz naturel eux-mêmes sont bas depuis plus d'une décennie, en particulier aux États-Unis après la "révolution du schiste", qui a créé une offre excédentaire pendant une décennie et a encore affaibli la rentabilité et la capacité d'investissement du secteur. En ce qui concerne le charbon, les investissements ont également diminué, même si c'est surtout en raison des préoccupations environnementales croissantes et de la pression réglementaire et sociale grandissante.
Le résultat est que, comme le montrent clairement les "Perspectives énergétiques mondiales" 2021 publiées en octobre par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le monde n'investit pas suffisamment pour répondre à ses besoins énergétiques, sans parler de ses besoins futurs. Les investissements dans les combustibles fossiles sont en baisse, mais cette baisse n'est pas - ou pas encore - compensée par les investissements dans les énergies renouvelables. En fait, les investissements dans le pétrole et le gaz ont tellement diminué que, selon l'AIE, c'est paradoxalement l'un des rares domaines où ils sont raisonnablement en phase avec les ambitions affichées par la planète d'atteindre des émissions "nettes nulles" de gaz à effet de serre d'ici le milieu du siècle, mais les investissements dans les énergies renouvelables sont encore loin de ce qui serait nécessaire pour assurer une véritable transition.
Des récits concurrents sur notre avenir énergétique
Comment en sommes-nous arrivés à cette situation et que devons-nous faire ? Il existe, en gros, deux points de vue principaux sur les causes sous-jacentes de notre crise, qui conduisent à la formulation de deux types de "solutions".
Le premier point de vue consiste à considérer la crise comme une "crise des combustibles fossiles", résultant de notre dépendance excessive à l'égard de sources d'énergie sales, néfastes pour le climat et de moins en moins fiables, qui pourrait donc être surmontée en accélérant la transition vers les énergies renouvelables modernes. La plupart des réserves restantes de charbon, de pétrole et de gaz doivent en effet être "laissées dans le sol" si l'on veut éviter que le changement climatique ne franchisse des seuils dangereux, et donc, plus tôt les énergies renouvelables les remplaceront, mieux ce sera. À cette fin, nous devrions investir davantage dans les projets d'énergie renouvelable, bien plus que ce que nous avons fait jusqu'à présent. Comme l'indique l'AIE, "pour que le monde soit sur la bonne voie pour atteindre 1,5 °C, il faut que les investissements annuels dans les projets et les infrastructures d'énergie propre augmentent de près de 4 000 milliards de dollars d'ici à 2030". Les partisans de ce point de vue affirment généralement qu'une transition accélérée vers les énergies renouvelables pour répondre à tous les besoins énergétiques de la planète est techniquement possible et que, si elle est bien menée, elle pourrait même ouvrir une période de croissance économique renouvelée, de prospérité partagée et d'égalité accrue dans le monde entier. La seule chose qui s'y oppose, selon eux, est un manque de "volonté politique".
Le second point de vue consiste à considérer la crise comme une "crise de la transition énergétique", résultant de nos paris malavisés, prématurés ou excessifs sur des sources d'énergie dites "propres" qui ne sont pas encore prêtes à prendre le relais des combustibles fossiles sales - et qui, selon certains, ne le seront jamais. Le résultat de ces paris, selon les tenants de ce point de vue, est un manque d'investissement dans les sources d'énergie qui soutiennent encore l'économie mondiale et alimentent nos maisons, nos usines, nos voitures, nos avions et nos navires, et une ruée ruineuse vers des sources d'énergie intermittentes (et saisonnières) qui restent trop peu fiables pour alimenter une économie moderne. Regardez la Chine, disent-ils, où les investissements massifs dans l'énergie solaire et éolienne ces dernières années n'ont manifestement pas réussi à réduire de manière significative les besoins gigantesques du pays en charbon. Regardez l'Europe, poursuivent-ils, où un manque persistant de vent au cours des derniers mois a provoqué une hausse de la demande de gaz naturel pour la production d'électricité, ce qui a fait grimper en flèche les prix du gaz et de l'électricité. Les partisans de ce récit suggèrent généralement que ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de ralentir les investissements et le déploiement des énergies renouvelables et de réorienter notre attention et nos efforts vers la sécurité énergétique en réinvestissant massivement dans les combustibles fossiles, même si c'est temporairement.
Ces deux récits dominent actuellement la conversation sur la situation et l'avenir énergétique du monde, mais ils sont intrinsèquement partiels et trompeurs, et les "solutions" qui sont communément préconisées sont donc largement erronées.
Le premier récit - nous pouvons passer rapidement des combustibles fossiles aux énergies renouvelables si nous en avons la volonté politique, et nous nous en porterons tous mieux ! - est malheureusement "aveugle à l'énergie", pour reprendre un terme inventé par le systémicien américain Nate Hagens. Elle repose sur une foi bien intentionnée, mais erronée, dans l'action humaine, et sur une mauvaise compréhension, voire une ignorance, de la manière dont l'énergie façonne et conditionne le développement de la civilisation humaine. Le moteur déterminant de ce développement est en effet la quête sans fin de formes plus nombreuses et/ou meilleures d'intrants énergétiques, qui nous permet d'étendre et d'améliorer les résultats que nous obtenons de notre utilisation de l'énergie "exosomatique" (hors du corps) - qui, à son tour, permet aux sociétés humaines d'acquérir du pouvoir sur les autres et de dominer leur environnement, mais aussi de "croître" et de "progresser".
Dans cette quête sans fin, trois schémas clés peuvent être observés jusqu'à présent. Le premier est que la civilisation humaine engloutit toujours plus d'énergie pour continuer à croître et à s'étendre. Notre consommation d'énergie n'a cessé d'augmenter depuis que nous avons découvert et maîtrisé le feu et développé l'agriculture, mais surtout depuis que nous avons eu accès à un approvisionnement énergétique considérablement accru en extrayant de la croûte terrestre, sous forme de combustibles fossiles, des millions d'années d'énergie solaire stockée et concentrée. Combinée au développement de nouvelles techniques de conversion de l'énergie, cette manne énergétique a permis de lever les barrières séculaires à la croissance de la population et de la production humaines. Les nouvelles sources d'énergie, les nouvelles formes et les nouvelles utilisations qui ont vu le jour depuis le début du 19e siècle nous ont donné accès à davantage de matériaux et ont permis l'invention de nouveaux instruments exosomatiques de plus en plus sophistiqués (c'est-à-dire des machines), qui ont à leur tour permis d'accéder à toujours plus d'énergie et de matière et de les transformer de manière toujours plus efficace et efficiente. Il en est résulté une augmentation rapide de notre "débit" total d'énergie et de matière (c'est-à-dire le flux de matières premières et d'énergie provenant des sources de la biosphère, passant par l'écosystème humain et retournant aux puits de la biosphère), ce que nous mesurons communément par le concept indirect de "croissance économique". Cette hausse ne s'est jamais arrêtée depuis, même si la répartition mondiale des flux d'énergie et de matières entrantes, sortantes et résiduelles a évolué au fil du temps. Les efforts que nous avons déployés pour accroître l'"efficacité énergétique" de nos machines et de nos processus (c'est-à-dire pour réduire la quantité d'énergie nécessaire à l'exécution de certaines tâches) n'ont jamais abouti à une réduction de l'énergie totale que nous utilisons, mais n'ont au contraire contribué qu'à créer davantage de marge pour augmenter le taux de notre consommation.
Le deuxième schéma historique que l'on peut observer est qu'à mesure qu'ils augmentent leur consommation d'énergie, les humains ne font jamais vraiment de "transition" d'une source d'énergie à une autre - du moins jusqu'à présent. Historiquement, de nouvelles sources d'énergie ont pu remplacer des sources préexistantes, mais elles ne les ont jamais vraiment remplacées, elles les ont simplement complétées. En fait, en termes absolus, nous utilisons aujourd'hui plus de sources d'énergie que jamais dans l'histoire de l'humanité, y compris l'eau, l'énergie éolienne et la biomasse, qui étaient les sources d'énergie dominantes avant l'ère des combustibles fossiles. Seule la composition relative de notre bouquet énergétique a évolué au fil du temps.
Le troisième schéma historique est que les nouvelles sources d'énergie ne supplantent les sources préexistantes en termes relatifs que lorsque et parce qu'elles sont "supérieures" aux précédentes en termes de qualité énergétique (c'est-à-dire la capacité à être convertie en "travail utile" par des dispositifs et infrastructures exosomatiques) et de productivité énergétique (c'est-à-dire la capacité à fournir de l'énergie utilisable en plus de l'énergie consommée dans le processus d'extraction/transformation/transport et livraison). Si les combustibles fossiles ont fini par dominer à ce point nos systèmes énergétiques, ce n'est pas seulement en raison de leur abondance, mais parce qu'ils étaient incomparablement "supérieurs" en termes énergétiques (c'est-à-dire plus denses en énergie, plus puissants, plus économiques, plus pratiques et plus polyvalents) à tout ce que nous avions pu utiliser avant eux, et la raison pour laquelle ils dominent encore si outrageusement nos systèmes énergétiques est qu'ils sont encore largement "supérieurs" en termes énergétiques à tout ce que nous avons découvert depuis lors (et cela inclut le nucléaire ainsi que les énergies renouvelables).
Cette "supériorité" est la raison pour laquelle les combustibles fossiles ont constitué le fondement sur lequel le monde moderne a été construit, la base essentielle pour le développement et la croissance de l'économie humaine moderne, mais aussi pour l'avancement du "progrès" humain dans toutes ses dimensions - ce qui inclut, entre autres, le fait que nous serons bientôt 8 milliards sur la planète, qu'une part importante d'entre nous peut jouir d'un niveau de prospérité et de sécurité matérielles qui aurait semblé inimaginable il y a seulement quelques générations, et que certains d'entre nous peuvent même bénéficier d'un degré de liberté physique, psychologique et politique sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Tout cela n'aurait pas été possible, ou du moins pas à une telle échelle, s'il n'y avait pas eu de charbon, de gaz et surtout de pétrole dans la croûte terrestre. Le progrès humain contemporain, fondamentalement, a été un processus alimenté par les fossiles.
Sur tous les aspects qui déterminent ou influencent la qualité et la productivité énergétiques (densité énergétique, densité de puissance, fongibilité, stockabilité, transportabilité, disponibilité immédiate, commodité et polyvalence d'utilisation, convertibilité...), l'énergie solaire et l'énergie éolienne ne semblent pas être "supérieures" aux combustibles fossiles de la même manière que les combustibles fossiles l'étaient aux sources d'énergie préexistantes - en fait, elles semblent plutôt être nettement "inférieures". L'examen biophysique ainsi que les preuves empiriques montrent jusqu'à présent que la capture des flux d'énergie diffus et intermittents et leur conversion en électricité par des dispositifs artificiels est, par nature, un substitut imparfait à l'extraction et à la combustion de l'énergie concentrée enfermée dans le charbon, le pétrole et le gaz, et qu'elle pourrait donc ne pas être en mesure de fournir les mêmes services et la même valeur à la société, ou pas à la même échelle. Malheureusement, aucune "innovation" ne semble pouvoir changer fondamentalement cette situation.
À la lumière des modèles qui ont défini notre parcours énergétique et civilisationnel sur cette planète jusqu'à présent, le remplacement total ou partiel des combustibles fossiles par des sources d'énergie renouvelables, prévu pour ce siècle, constituerait un changement systémique sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Plus encore, il s'agirait d'un renversement fondamental de la trajectoire énergétique de l'humanité. D'un point de vue énergétique mais aussi économique, il ne s'agirait pas d'une transition vers le haut, mais plutôt vers le bas, c'est-à-dire vers un système énergétique de moindre qualité et de moindre productivité, uniquement capable de soutenir une population et une empreinte économique considérablement réduites. Nombreux sont ceux qui espèrent que nous pourrons compenser cette transition vers le bas en "découplant" d'une manière ou d'une autre la croissance économique, ou du moins la prospérité et le bien-être, de la consommation d'énergie et de matières premières, en augmentant l'efficacité énergétique et le recyclage des matières premières.
Dans les sociétés occidentales, nous avons atteint un point où nous voulons croire au pouvoir débridé de l'agence humaine, tant au niveau individuel ("je peux être ce que je veux être") qu'au niveau collectif ("nous pouvons faire ce que nous voulons"). La réalisation de soi et la "volonté politique" sont devenues les mythes modernes de la psyché occidentale... Pourtant, même avec une grande foi dans le pouvoir de la volonté politique, il serait assez extraordinaire que nous puissions en fait décider, collectivement et au niveau mondial, de mettre en œuvre en quelques décennies seulement un changement systémique sans précédent dans l'histoire de l'humanité et qui inverserait fondamentalement le cours énergétique et économique de notre espèce. Si nous faisions ce choix, nous nous apercevrions rapidement que nous ne nous débarrasserions pas seulement des inconvénients de l'énergie fossile, mais aussi de la plupart de ses avantages - ce qui rendrait probablement extrêmement difficile de maintenir notre choix dans le temps.
Si le premier discours sur notre crise énergétique est donc "aveugle à l'énergie", le second - nous devrions ralentir la transition coûteuse vers des énergies renouvelables peu fiables et plutôt investir davantage dans la garantie d'un approvisionnement adéquat en combustibles fossiles pour alimenter notre croissance économique avant que des solutions alternatives réalistes ne soient disponibles - est "aveugle à l'écologie". Elle saisit quelque peu les limites physiques des énergies renouvelables, mais elle ignore les conséquences pour le climat mondial - et l'environnement en général - d'une tentative de maintenir notre dépendance aux combustibles fossiles un peu plus longtemps, mais aussi les risques économiques et sociaux inhérents au fait de s'accrocher à des sources d'énergie en voie d'épuisement. En effet, bien plus que les effets d'une transition trop lente ou trop rapide vers les énergies renouvelables, c'est l'épuisement des combustibles fossiles qui constitue la toile de fond de notre crise énergétique et la raison pour laquelle elle est probablement là pour rester.
Comme toutes les ressources naturelles non renouvelables, les combustibles fossiles sont stockés, épuisables et susceptibles de s'épuiser. À mesure que leur utilisation augmente, leurs réserves s'épuisent, ce qui tend à imposer des contraintes croissantes sur les quantités et les coûts des ressources pouvant être obtenues, mais aussi à dégrader leur qualité. En fait, l'épuisement signifie qu'au fil du temps, il devient inévitablement de plus en plus difficile, coûteux, gourmand en ressources et polluant d'extraire les combustibles fossiles du sol, et que la qualité énergétique et la productivité de ce qui est extrait tend à diminuer, ce qui se traduit par une capacité décroissante à fournir un "surplus d'énergie" à la société et à alimenter un travail utile et productif.
Bien sûr, les effets de l'épuisement peuvent être contrebalancés par le progrès technologique, mais seulement dans une certaine mesure et pendant un certain temps. Par exemple, la "révolution du schiste" aux États-Unis, rendue possible par des techniques nouvelles ou améliorées (fracturation hydraulique et forage horizontal), a permis à la production mondiale de pétrole de continuer à augmenter après que le pic mondial de la production de pétrole "conventionnel" a été atteint vers 2008, mais elle s'est déjà largement épuisée et il est peu probable qu'elle suffise à compenser l'épuisement du pétrole brut conventionnel à l'avenir - en particulier lorsque les champs géants du Moyen-Orient entreront en déclin, ce qui pourrait se produire au cours de la prochaine décennie. Les effets de l'épuisement peuvent bien sûr aussi être contrés par une hausse du prix des ressources énergétiques et une augmentation concomitante de l'efficacité de leur utilisation, mais là encore seulement jusqu'à un certain niveau et pendant une certaine période, au-delà de laquelle elle écrase la demande et entraîne un effondrement des prix. L'épuisement, au fur et à mesure de son déroulement, dégrade inévitablement dans le temps le retour sur investissement de l'exploration et de la production de nouvelles énergies, et donc déprime progressivement les investissements. L'épuisement, et pas seulement l'effet de la politique climatique ou des variations de prix, est fondamentalement la raison pour laquelle les investissements dans les combustibles fossiles ont tendance à diminuer et continueront à le faire à l'avenir. Comme l'a souligné l'analyste énergétique et auteur américain Richard Heinberg, l'épuisement persistant et accéléré des combustibles fossiles est en réalité ce qui se cache derrière les gros titres sur l'aggravation de notre crise énergétique. Même en mettant de côté l'urgence climatique, il n'est certainement pas dans notre intérêt d'essayer de maintenir notre dépendance aux combustibles fossiles, ou nous risquons de les voir nous quitter bien avant que nous soyons prêts à les quitter.
Les deux récits concurrents qui dominent actuellement la conversation sur notre situation et notre avenir énergétiques sont donc, chacun à leur manière, "aveugles à la réalité", dans le sens où ils sont incapables de saisir la réalité de notre situation, dans toutes ses dimensions et sa complexité.
Une transition ? Quelle transition ?
Où cela nous mène-t-il et que signifie-t-il pour notre avenir énergétique ? La crise énergétique qui se profile va-t-elle déclencher une accélération de la transition vers l'abandon des combustibles fossiles - ou au contraire l'entraver ? Seul l'avenir nous le dira, bien sûr, mais certains signes indiquent que la crise pourrait ralentir le rythme du déploiement des énergies renouvelables plutôt que de l'accélérer. En effet, l'augmentation du prix de l'énergie fossile entraîne une hausse importante des coûts de production des cellules solaires et des éoliennes, ce qui met en péril de nombreux projets de déploiement. Les combustibles fossiles sont en effet largement utilisés tout au long de la chaîne de valeur du solaire et de l'éolien, à la fois directement (pour la fabrication, le transport et le déploiement des panneaux solaires et des éoliennes) et indirectement (pour l'extraction, le traitement, le raffinage et le transport de tous les éléments et la production de tous les composants nécessaires), et jusqu'à présent, il n'existe absolument aucune preuve empirique que les panneaux solaires et les éoliennes modernes pourraient être produits et déployés sans ces fondements et ces apports en combustibles fossiles. Cela montre clairement que non seulement il n'y a pas encore de "transition" des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables, mais que les énergies renouvelables modernes n'existent jusqu'à présent que comme une extension - ou un ajout - de la société industrielle et technologique alimentée par des combustibles fossiles. Cela signifie aussi, bien sûr, que lorsque l'énergie fossile se raréfie et devient plus chère, l'énergie renouvelable devient elle aussi plus chère - c'est exactement ce qui semble se produire actuellement avec l'augmentation du prix des panneaux solaires et des éoliennes.
Ces dernières années, on a beaucoup parlé de la chute rapide des coûts de l'énergie solaire et éolienne et de la manière dont cette chute était le résultat d'une "courbe d'apprentissage" technologique qui se poursuivrait très longtemps et rendrait leur croissance impossible à arrêter. Ce qui se passe actuellement avec l'augmentation soudaine des coûts de production des énergies renouvelables montre que cette baisse était en fait essentiellement le résultat de la mondialisation alimentée par les combustibles fossiles (c'est-à-dire du transfert de la fabrication vers les pays à faibles coûts, rendu possible par la grande disponibilité d'énergie et d'intrants matériels bon marché et entraînant une concentration et une intensification massives de la production). Lorsque cette mondialisation fondée sur les combustibles fossiles rencontre un problème, la courbe des coûts des énergies renouvelables s'inverse. Bien sûr, il y a encore beaucoup d'analystes qui prétendent que les énergies renouvelables rendront l'énergie de moins en moins chère, mais ces affirmations seront de plus en plus difficiles à concilier avec la réalité dans les années à venir.
En fait, la croyance selon laquelle le fait de rendre le solaire et l'éolien moins chers que les combustibles fossiles pour la production d'électricité rendrait la transition énergétique imparable était probablement toujours erronée au départ. Tout d'abord parce que toute comparaison entre le coût relatif d'un système de production d'énergie renouvelable et celui d'un système de production d'énergie à partir de combustibles fossiles ne peut être significative qu'au niveau du système, c'est-à-dire si elle inclut tous les coûts encourus pour fournir un même produit final, c'est-à-dire non pas un peu d'électricité, mais une électricité disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans interruption ni variabilité, 365 jours par an - ce que les utilisateurs finaux exigent et ce que les combustibles fossiles peuvent fournir. Pour ce faire, la comparaison devrait inclure, du côté des énergies renouvelables, et en plus du coût de la production proprement dite, le coût du stockage nécessaire, plus le coût des mises à niveau et des adaptations nécessaires du réseau de transport, plus éventuellement le coût des mesures nécessaires de "gestion de la demande", le cas échéant. Il faudrait également tenir compte de l'évolution éventuellement non linéaire de ces coûts à différentes échelles et à différents taux de pénétration, ainsi que des coûts résultant de la complexité croissante d'un système énergétique de plus en plus électrifié et décentralisé. Si l'on adopte une telle vision systémique, la production d'électricité à partir de combustibles fossiles conserve probablement un avantage de coût important par rapport aux énergies renouvelables, ce qui explique pourquoi les coûts de l'électricité pour les utilisateurs finaux ont jusqu'à présent tendance à augmenter lorsque et où la pénétration de l'énergie solaire et éolienne augmente.
En outre, l'idée même que le coût puisse être le principal moteur de l'investissement est erronée - dans une économie capitaliste, il ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Comme l'a souligné l'économiste politique et géographe économique Brett Christophers, le cœur de l'investissement dans une économie de marché n'est pas le coût mais le profit, et ce qui importe le plus pour stimuler l'investissement dans les énergies renouvelables n'est donc pas tant leur coût relatif par rapport aux combustibles fossiles que leur rentabilité relative. Les investissements typiques dans les projets pétroliers et gaziers continuent d'obtenir des rendements nettement supérieurs à ceux des projets d'énergies renouvelables, en raison du fait que les barrières à l'entrée sont beaucoup plus élevées pour les combustibles fossiles, mais surtout parce que la qualité énergétique et la productivité des énergies renouvelables sont intrinsèquement "inférieures". Le désavantage relatif des énergies renouvelables en termes de rentabilité peut bien sûr être partiellement compensé par des mesures politiques et réglementaires, mais seulement dans une certaine mesure, et à un coût global important pour l'économie.
Il est donc peu probable que les énergies renouvelables deviennent de moins en moins chères, comme on ne cesse de l'entendre, et même si c'était le cas, ce serait encore insuffisant pour que le monde tourne le dos aux combustibles fossiles. Par conséquent, il est peu probable que notre avenir énergétique soit marqué par une surabondance d'énergie propre et bon marché, comme le prétendent aujourd'hui certains techno-optimistes. Au contraire, il sera probablement marqué par une pénurie croissante et des coûts de plus en plus élevés. Pénurie croissante et augmentation des coûts de l'énergie fossile - en raison des impacts incessants, inéluctables et croissants de l'épuisement et de ses conséquences (c'est-à-dire le manque d'investissement, l'érosion des capacités de production disponibles, l'affaiblissement et la rupture des chaînes d'approvisionnement). La raréfaction et l'augmentation des coûts de l'énergie en général, car l'ajout incessant d'alternatives supposées moins chères aux combustibles fossiles ne cesse en fait d'accroître le coût global et la complexité de nos systèmes énergétiques.
L'énergie étant utilisée pour tout faire et tout produire, ces coûts croissants vont probablement se répercuter sur l'économie et alimenter les pressions inflationnistes dans les années à venir. Toutefois, un retour de la "stagflation" des années 1970 (c'est-à-dire une combinaison prolongée de faible croissance économique et de forte inflation) semble peu probable à ce stade. Dans les années 1970, la hausse des prix de l'énergie a généré un cycle inflationniste soutenu, essentiellement parce que le pouvoir de négociation des travailleurs était plus élevé qu'il ne l'avait jamais été et qu'une puissante spirale salaires-prix a donc été déclenchée à la suite des chocs pétroliers. Dans le même temps, la hausse des prix a ralenti l'économie pendant une période prolongée sans vraiment la faire s'effondrer, en partie parce que l'expansion fondée sur les combustibles fossiles des décennies précédentes avait encore de la vigueur, et aussi parce que son remplacement par un modèle de croissance fondé sur la dette ne faisait que commencer et que le crédit commençait à exploser. Aujourd'hui, le pouvoir de négociation de la main-d'œuvre a été écrasé, et même si les pénuries de personnel alimentent actuellement des hausses de salaires dans certains secteurs, il est peu probable que cela se traduise par une spirale salaires-prix durable. Déjà, la croissance de la demande semble ralentir et des fissures apparaissent dans la reprise mondiale.
En outre, la hausse des prix, si elle devait persister pendant une période prolongée, ne se contenterait pas de ralentir l'économie, mais risquerait de l'écraser par destruction de la demande, car l'économie mondiale n'a plus de vapeur réelle pour compenser ses effets. Après cinq décennies d'expansion incessante du crédit, le modèle de croissance mondiale fondé sur l'endettement a largement fait son temps et il reste peu de place pour une nouvelle croissance du crédit. En fait, l'ensemble de l'édifice financier mondial fondé sur l'endettement ne tient vraiment que parce que les plus grandes banques centrales du monde se livrent depuis des années à un exercice de dissimulation perpétuelle de la faillite. Si l'inflation devait continuer à augmenter et s'avérer persistante, ces banques centrales devraient probablement relever les taux d'intérêt pour tenter de la maîtriser, ce qui, dans un monde surchargé de dettes, risquerait inévitablement de déclencher un mécanisme de déflation par la dette qui ferait rapidement entrer l'économie en récession et stopperait la spirale inflationniste dans son élan, voire l'inverserait.
Par conséquent, si la tendance générale des prix de l'énergie est très certainement à la hausse dans les années à venir, il est peu probable que cette hausse soit continue et ininterrompue. Au contraire, les périodes d'augmentation rapide des prix pourraient être suivies de chutes soudaines, ce qui signifie que ce qui risque de dominer, c'est la volatilité des prix plutôt qu'une inflation soutenue, et l'instabilité économique plutôt que la stagnation. Nous sommes entrés dans l'ère des perturbations énergétiques mondiales, et il est fort probable que nous n'en sortirons jamais vraiment.
Le monde, notre monde, se trouve pris entre le marteau et l'enclume. La relation que nous, les humains, avons développée avec l'énergie fossile au cours des 250 dernières années est une définition classique de la dépendance et ressemble de plus en plus à un pacte faustien : nous savons qu'elle nous tue à petit feu, nous savons que nous devrions la laisser dans le sol et nous savons également que nous devrons un jour vivre sans elle de toute façon, mais nous ne pouvons tout simplement pas nous arrêter de la brûler et nous ne pouvons pas nous en passer, parce que nous avons multiplié nos effectifs et construit notre monde entier autour d'elle. Les "médicaments de remplacement" de la désintoxication que nous utilisons ne semblent pas fonctionner jusqu'à présent, même si nous continuons à augmenter leurs doses. Nous nous engageons bien sûr à faire de plus en plus d'efforts à l'avenir, mais nous continuons à retomber dans notre dépendance aux fossiles, année après année, jour après jour, un vol à la fois, un trajet en voiture à la fois, un achat à la fois, un degré de confort ou de commodité à la fois. Ce faisant, nous continuons à détourner nos yeux et nos esprits de la véritable nature de la "transition énergétique" à venir et inévitable, la seule qui soit en fait susceptible de se produire de notre vivant, et qui, comme l'a dit Richard Heinberg, sera presque certainement une transition "de l'utilisation de beaucoup à l'utilisation de beaucoup moins".
Par François-Xavier Chevallerau, initialement publié par The FAN Initiative
17 décembre 2021 (traduction DeepL)
Ce document a été commandé par le Nexus d'analyse prospective de Crans avec le financement d'Omega Resources for Resilience.
https://www.resilience.org/…/the-age-of-energy-disruptions/…
https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/465919294891625
(posté par J-Pierre Dieterlen)
"L'individualisme est renforcé par la technologie moderne!" Notre consommation d’énergie est irrationnelle. Dès qu’elle vient à manquer, c’est tout notre mode de vie qui est menacé....
« Aucun politicien ne semble s’en soucier »: les 5 points chauds de la crise énergétique...« Je n’ai jamais vu une grande économie comme l’Europe (Royaume-Uni + UE) sombrer dans une crise énergétique, sans qu’aucun politicien ne semble s’en soucier. Incroyable. Du jamais vu. »
D’après un récent rapport de l’ADEME, un quart des ménages français sont désormais équipés d’un climatiseur. Mais la climatisation fait grimper la facture énergétique générale. Elle augmente aussi l’empreinte carbone de l’Hexagone. Dans les années à venir, l’ADEME estime que le taux d’installation de la climatisation en France devrait encore progresser. La question de son poids sur le réseau électrique va donc se poser à plus ou moins brève échéance.
25% de logements français équipés
C’est un seuil symbolique. En 2020, la France a franchi la barre des 25% de ménages équipés d’un système de climatisation. L’ADEME souligne que la progression est rapide. En 2016, on ne comptait encore que 14% de la population équipée. Les vagues de chaleur de ces dernières années ont poussé de nombreux particuliers à s’équiper. Et l’offre de climatiseurs s’est assez diversifiée pour présenter désormais des tarifs attractifs. Pour la seule année 2020, les Français ont ainsi acheté plus de 800 000 appareils de climatisation pour leurs logements.
Malgré la démocratisation de la climatisation grâce aux appareils mobiles, l’installation d’une climatisation reste un poste de dépense important. Les ménages français les plus modestes sont les moins équipés (seulement 19%). En revanche, les professions libérales et les catégories CSP/CSP+ sont 37% à posséder une climatisation.
Sans réelle surprise, ce sont les régions du sud-est et la Corse qui captent l’essentiel des installations. Les températures moyennes annuelles et l’intensité des vagues de chaleur répétées poussent les populations locales à investir dans une solution pour rafraîchir leur logement. Et cette installation de confort se fait plus généralement dans les maisons individuelles que dans les appartements.
Climatisation et facture énergétique
La climatisation est une innovation qui garantit un meilleur niveau de confort dans les logements pendant les épisodes de canicule. Mais le revers de la médaille, c’est son empreinte carbone et sa facture énergétique. L’ADEME constate : “La climatisation est aujourd’hui responsable de près de 5% des émissions d’équivalent CO2 du secteur bâtiment.” Et cette tendance devrait encore s’accentuer dans les années à venir. Les particuliers investissent plus généralement dans un climatiseur mobile. C’est à la fois la solution dont le coût est le plus accessible, et l’installation la plus simple. Malheureusement, un climatiseur mobile consomme 2,5 fois plus d’électricité qu’un climatiseur PAC réversible.
Le rapport de l’ADEME souligne qu’un mauvais choix de climatiseur peut avoir un impact considérable sur la consommation électrique annuelle d’un foyer. Les écarts de consommation entre plusieurs types de climatisation peuvent être très importants. L’ADEME veut aussi promouvoir un usage raisonné et responsable de la climatisation. Le rapport observe que “passer d’une température de consigne de 22°C à 27°C permet de diviser par 2 la consommation d’énergie”. La température de déclenchement est aussi un indicateur à suivre. “Mettre en route la climatisation à partir de 30°C en extérieur au lieu de 27°C” permet ainsi de diviser par 3 la consommation d’énergie.
Concrètement, un appareil de climatisation peut rapidement augmenter la facture énergétique. Dans une enquête réalisée en juillet 2019, le site Consoglobe estimait qu’en moyenne un climatiseur portable de classe A d’une puissance de 2,5 kW coûtait 15 centimes d’électricité par heure. Soit plus de 100 euros pour un mois de climatisation dans le logement.
Quel impact de la climatisation sur le réseau électrique ?
Si l’ADEME veut encourager la sobriété énergétique pour la climatisation, c’est qu’elle pourrait avoir un fort impact sur le réseau électrique. “Le réchauffement constant de la planète amène à penser que les systèmes de climatisation continueront à se développer pour assurer le bien-être et le confort de chacun. Il est donc impératif de maîtriser cette évolution pour en limiter l’impact au maximum.”
A terme, le nombre de foyers français équipés de climatiseur devrait encore augmenter drastiquement. Et en cas de vague de chaleur, les climatiseurs entraîneront un pic de consommation d’électricité sur le réseau. Ce phénomène était déjà connu en hiver, pendant les vagues de froid. Il tend désormais à se généraliser l’été. Aux Etats-Unis, la Californie a mis en place un système d’alerte FlexAlert. Pour éviter tout risque de black-out du réseau électrique, les habitants sont invités à réduire leur consommation d’électricité. Et la climatisation est un des leviers énergivores identifiés pour faire baisser la tension sur le réseau. En France, RTE avait ainsi constaté en juin 2019 un record de consommation en France avec un pic à 59 436 MW. Et la France devrait connaître des pics estivaux répétés dans les années à venir.
« L’énergie grise », dernier impensé de notre consommation énergétique du quotidien...C’est la face cachée de notre dépendance à l’énergie : « l’énergie grise », soit la quantité d’énergie nécessaire pour fabriquer les objets qui nous entourent, est encore très mal prise en compte dans la comptabilisation de notre empreinte énergétique, alors qu’elle est largement supérieure à notre utilisation directe d’énergie
Avec l'accélération du digital, la consommation d'énergie explose ...elle serait passée d’un peu plus de 2 000 térawattheures par an à quasiment 3 000 entre 2013 et 2017, autrement dit une hausse de près de 48% sur la période...des évolutions qui font du digital un secteur énergivore et à rebours des objectifs de la neutralité carbone
Cordemais-Fessenheim : échec au climat
https://www.sauvonsleclimat.org/fr/base-documentaire/cordemais-fessenheim-echec-au-climat
Cordemais-Fessenheim : échec au climat...Nous avons aujourd'hui la confirmation que c'était, en l’occurrence, un bien triste épisode d'une funeste histoire écrite par des politiciens calculateurs loin d'être à la hauteur de leurs responsabilités vis à vis du climat.
Pourquoi la libéralisation du marché de l'électricité est un échec cuisant - Transitions & Energies
https://www.transitionsenergies.com/liberalisation-marche-electricite-echec/
Pourquoi la libéralisation du marché de l’électricité est un échec cuisant.....Dans une étude récente, l’une des principales associations de consommateurs en France, la CLCV, dénonce une ouverture en trompe-l’œil du marché de l’électricité depuis près de 15 ans...
8 janvier 2021: le jour où l'Europe a frôlé le black-out Un incident qui illustre la fragilité croissante du réseau électrique....Vous ne l'avez certainement pas remarqué, mais le 8 janvier dernier entre 14 et 15 heures, le réseau électrique européen a frôlé la catastrophe...
le gouvernement lit-il les rapports de France Stratégie ? Selon France Stratégie, l’arrivée de quantités massives d’ENRi, sans tenir compte des conditions d’intégration au système électrique, a entraîné une chute des prix de marché de gros. Ce marché ne permet plus de déclencher les investissements nécessaires à la transition énergétique, ou simplement au maintien d’un accès fiable à l’électricité.
..Les gens n’en ont rien à faire du monde réel. Ils imaginent un magnifique avenir vert… On peut parler de refus de la réalité, de refus des faits. Le domaine de la transition énergétique est un monde de fictions et de rêves, à la fois de la part de ceux qui pensent qu’il suffit de le vouloir pour se passer des énergies fossiles et de ceux qui croient que l’on peut continuer comme si de rien n’était et que la technologie va nous sauver...
À 19 milliards d’euros, l’EPR est encore moins cher que l’éolien ... Nous nous intéressons ici uniquement à l’investissement, l’évaluation des coûts complets se heurtant à l’opacité du secteur des ENR..La comparaison des coûts entre les différentes filières de production de l’électricité est un exercice quasi impossible
..ceux qui ont eu en charge de sécuriser une énergie abondante et bon marché sont écartés des décisions, ils doivent s’adapter aux diktats des idéologues et des bureaucrates...Ces décisions n’ont aucune justification, ni technique, ni économique, ni climatique. Il s’agit de politique politicienne destinée à plaire à un électorat anti-nucléaire...
Déclin programmé de l'électricité de la France
https://www.contrepoints.org/2020/05/07/370839-declin-programme-de-lelectricite-de-la-france
En signant le décret de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) basée principalement sur l’industrie du vent, Emmanuel Macron tourne le dos aux décisions du Général de Gaulle qui a donné à la France son indépendance dans le domaine de l’électricité. Il condamne notre pays au renoncement industriel...
Avant de regarder l’incidence sur la santé humaine des différentes sources de production 1 d’énergie, il n’est pas inutile de rappeler que la production d’énergie en grande quantité a permis de réduire la mortalité et que le manque d’énergie est, sur Terre, une des principales raisons de mauvaise santé humaine et de décès prématurés..