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Publié le par ottolilienthal

Versailles : la levée de fourches des jardiniers

Après les agents de salle, les salariés de la filiale Château de Versailles spectacles et les artistes, c’est au tour des jardiniers de contester le management de leur chef. Visé, le très médiatique Alain Baraton dément toute maltraitance : celui qui est aussi chroniqueur vedette à la télé et à la radio dénonce les agissements de « deux ou trois agents », « qui ont tous des problèmes d’alcoolisme ». Selon lui, ils sont menés par « une hystérique syndicaliste ». Ambiance.

Ils ne chantent pas encore La Carmagnole ou le Ah ça ira ! Mais il y a de la révolte dans l’air dans les jardins et le parc du château de Versailles. Deux cent vingt-cinq ans après la révolution qui a mis fin à la royauté en France, les fourches pourraient ressortir et la scène se rejouer entre une partie des agents et la direction de l’établissement public. Il faut dire que, dans les allées et couloirs du palais construit par Louis XIV, l’Ancien régime semble avoir résisté au temps qui passe et aux vicissitudes de l’histoire. Avec d’un côté les seigneurs, qui chacun règnent en maîtres dans leur service respectif, et de l’autre la valetaille, malmenée et corvéable. Entre eux, des frictions jusqu’à présent feutrées apparaissent désormais au grand jour.

 

Une vedette des médias

 

Après la fronde des agents de salle, qui menaçaient au moment des fêtes de faire grève fin 2022 pour dénoncer leurs conditions de travail, après les salariés de Château de Versailles spectacles (CVS) et les artistes, qui n’en peuvent plus (comme Blast l’a décrit dans un précédent volet) du régime autoritaire imposé par Laurent Brunner, directeur tout puissant de la filiale privée de l’établissement public, c’est au tour des jardiniers de faire entendre leur ras-le-bol.

 

La cible de ce courroux est une personnalité bien connue des auditeurs de France Inter et des téléspectateurs de France 5 : voix grave, ton primesautier, savoir encyclopédique sur les plantes et les arbres et prescripteur de livres sur la nature (1), Alain Baraton est habituellement présenté comme le jardinier en chef de Versailles.

Le poste n’existe pourtant pas. A Versailles, en revanche, il y a bien un organigramme du domaine. Joël Cottin est le jardinier en chef des jardins du château. Et Baraton le jardinier en chef du domaine de Trianon et du parc du château, ainsi que le responsable du domaine de Marly. Mais peu importe : le second est la voix et le visage du château de Versailles depuis une bonne vingtaine d’années.

 

Bien plus sbires

 

Le jardinier est devenu un personnage public avec la tempête de 1999. Accueillant volontiers les journalistes venus constater les dégâts dans le parc, prodiguant ses conseils pour l’après-tempête, Alain Baraton s’impose comme un interlocuteur privilégié de la presse écrite et audiovisuelle, pour tout de ce qui touche aux plantes, la nature et aux arbres. Une médiatisation sur laquelle la direction de Versailles, contrainte de recourir au mécénat privé pour boucler le financement des travaux de réparations, va s’appuyer.

Si Alain Baraton (ap)paraît sympathique et enjoué à l’antenne, le ton change radicalement hors micro et une fois les grilles de Versailles refermées derrière lui. Le jardinier en chef montrerait alors une tout autre facette de sa personnalité, selon les témoignages recueillis par Blast : management autoritaire, sautes d’humeur, brimades, punitions, décisions à l’emporte-pièce, celui qui a fait toute sa carrière au château semble surtout susciter la peur chez ceux qu’il ne surnomme pas... ses « sbires », un qualificatif « affectueux » accordé aux quelques jardiniers en cour sur lesquels il se reposerait pour imposer son pouvoir, à en croire ceux qui nous ont parlé.

 

Silence syndical

 

Une chose est sûre, les syndicaux et leurs responsables ne veulent pas (entendre) parler du sujet. Pas question de l’évoquer : ni la CGT, ni l’UNSA, ni FO n’ont accepté de répondre à nos sollicitations, pour donner leur point de vue. De son côté, la responsable de la section Sud Culture a indiqué qu’elle allait voir avec sa fédération si elle pouvait s’exprimer. Elle n’a plus donné de nouvelles. Mais le simple fait d’avoir répondu à Blast au téléphone lui a valu, selon quelques indiscrétions, une convocation dans le bureau de Catherine Pégard... Et la présidente de l’établissement public, toujours là bien que sans mandat, lui a demandé de s’expliquer ! Devant pareil procédé, certains mauvais esprits verraient sans doute une forme de pression et d’atteinte à la liberté syndicale…

Face à ce silence, pour en savoir plus, il faut donc discuter avec des anciens du château. S’ils ne craignent plus les foudres du « jardinier en chef », désormais à la retraite, ces ex-petites mains des jardins préfèrent rester anonymes. Certains parce qu’ils ont gardé des amis sur place, et veulent leur éviter des ennuis, d’autres parce que ce qu’ils ont subi a laissé des traces profondes. Remuer le passé demeure douloureux.

 

Le portrait que ceux-là dessinent d’Alain Baraton est très éloigné de la mythologie que l’intéressé s’est lui-même construite dans un livre de souvenirs (Le jardinier de Versailles, Grasset, 2006). Seuls points communs, entre ces récits : ses débuts pour un boulot d’été à la billetterie du château, en 1976, suivi d’un stage de jardinier qui s’est transformé en emploi, puis sa nomination comme patron du Trianon dans les années 1990. La suite diverge complètement.

Le baratin de Baraton

 

« Sa carrière entière est fondée sur une imposture, accuse Valérie *, dont le père jardinier a fait toute sa carrière à Versailles. Alain Baraton a obtenu son poste quand son chef François Mathis a été soupçonné de trafic de bois. Le temps qu’il soit blanchi, il avait été nommé, et Mathis est parti à la retraite. » D’après ce même témoin, Mathis ne s’entendait pas avec Baraton, à qui il reprochait de ne pas suffisamment travailler. Et la rumeur qui circule dans les couloirs du château laisse entendre que... Baraton ne serait pas totalement étranger aux malheurs de son ancien chef.

 

Cette version de l’histoire rend furieux l’intéressé (voir le off de l’enquête). Il a répondu à nos questions, envoyées par mail, au travers de deux échanges téléphoniques. « En 1990, il y a un trafic de bois dénoncé par Jean-Pierre Babelon (directeur de Versailles de 1989 à 1996, ndlr), explique le jardinier en chef.

Il s’avère que mon prédécesseur François Mathis avait conclu une sorte de pacte avec l’entreprise Dupuy : elle pouvait récupérer les arbres tombés à terre ». Jusque-là, pas de difficulté particulière. C’est après que ça se gâte, selon son récit : « Lors de cette fameuse tempête (de 1990, ndlr), quantité de troncs d’arbres ont été embarqués par Dupuy. L’entreprise était à La Bachellerie (Dordogne), où mon prédécesseur avait une maison. Moi-même j’avais été placé en garde-à-vue. Ça a fait pschitt. » Et Baraton de préciser décroché le poste de jardinier en chef du domaine de Trianon après avoir passé et obtenu le concours de chef de travaux d’art.

Lors d’un second appel, le même va changer, en partie, ses explications : « Moi j’ai succédé à Jean-Claude Marty et non pas à François Mathys. »

Jean-Claude Marty était le jardinier en chef des jardins du château, et c’est Joël Cottin qui lui a succédé. Il n’était donc pas le supérieur hiérarchique d’Alain Baraton.

 

Selon un retraité, si Marty a occupé le poste de jardinier en chef du domaine de Trianon, ce ne fut que pour un bref intérim de quelques semaines quand Mathis a été mis en cause dans le trafic de bois. Marty a rapidement abandonné l’idée de regrouper les deux services, laissant la voie libre à la nomination d’Alain Baraton. Et lui aussi n’aurait pas eu de bonnes relations avec ce dernier, durant son intérim. « Baraton s’arrange toujours avec la vérité », juge l’ancien jardinier.

Toujours selon d’anciens des jardins, depuis sa nomination, le jardinier en chef du Trianon et du parc s’appuierait sur quelques fidèles qui feraient le boulot à sa place en espérant, et obtenant, des récompenses (avancement, logements de fonction, voitures de service, potagers…).

« Il était un peu spécial. Il aimait diviser pour mieux régner », se souvient Jacky, un ex du château. « Les personnes compétentes qui risquaient de lui faire de l’ombre étaient mises au placard, harcelées et humiliées », ajoute un autre.

 

Plein, le placard

 

C’est ce qui est arrivé au père de Valérie, au terme de 37 années de bons et loyaux services. « Mon père était compétent, il réussissait tous ses concours, mais il n’en a jamais tiré le moindre avantage. Au contraire, il a été la cible d’accusations odieuses et sans fondement de la part des sbires de Baraton. Et sa carrière a failli très mal se terminer : Baraton a essayé de le virer en 2019 en obtenant son placement d’office en congés de longue maladie. »

 

Saisi en référé, le tribunal administratif de Versailles suspendra la mesure et imposera la réintégration de l’agent. Depuis, le père de Valérie a pris sa retraite, en 2021.

Ces témoignages font bondir Alain Baraton, au téléphone. Dans un premier temps, il affirme à Blast être en bons termes avec tous les anciens jardiniers partis en retraite. Mais à l’évocation du jugement du tribunal administratif, c’est autre chose.

« Ah oui je vois très bien qui c’est (petit rire)... Ah oui, tout à fait. Vous devriez quand même vérifier l’honorabilité de vos sources. Il a passé un concours il y a une dizaine d’années. Il a toujours été persuadé qu’on ne voulait pas qu’il bénéficie de ce concours ».

Son ex-supérieur a d’autres précisions, qu’il tient à apporter : « Pour cet agent je pourrais vous montrer son dossier avec beaucoup de plaisir pour vous montrer comment il en est arrivé, heu... à devenir, malheureusement un petit peu malmené par son épouse, voilà… » Ne sachant plus trop comment conclure cette embardée glissante, ou se rendant compte qu’il est allé un peu loin, Alain Baraton change alors de sujet.

 

Des alcooliques, des toxicos, hystéros et des dingos

 

Lors des deux conversations téléphoniques avec Blast, le médiatique jardinier va souvent modifier ses réponses. L’ambiance dans son service ? Tout irait pour le mieux. D’ailleurs, « mes collaborateurs qui sont dans mon bureau pendant que je vous parle sont tous sidérés, lance-t-il. J’ai tout un service à mes côtés qui est capable de dire que tout ça c’est de la connerie. »

 

En fait, non... Tout ne va pas si bien, il faut l’admettre : « J’ai des problèmes dans le service avec deux ou trois agents qui ont tous des problèmes d’alcoolisme d’ailleurs, précise soudain le jardinier en chef du Trianon. Là, vous pouvez le noter qu’effectivement il y a des problèmes d’alcoolisme dans le service et peut-être même de toxicomanie. Et j’ai des soucis avec un syndicat, un seul qui est donc maintenant en train de m’attaquer par votre biais. »

Étant donné leur silence, rétrospectivement, on se demande à laquelle des organisations syndicales il fait allusion.

Un peu plus tard, l’homme à la main verte (nom d’une de ses émissions sur France inter) revient sur l’ambiance dans son service. « Il s’avère cher Monsieur qu’il y a à Trianon, le domaine que je dirige, des agents qui effectivement ont quelques soucis avec les femmes et avec l’alcool. En particulier, en juin, une de mes collaboratrices a été insultée, et j’ai dû faire un rapport à ce sujet (…) Donc je suis intervenu parce qu’il y a une sorte de complot de deux ou trois agents tous liés par un délire alcoolique, à tel point que j’ai demandé au médecin de les recevoir, car je veux qu’ils soient tous intacts. »

L’alcoolisme - peut-être la toxicomanie - et la misogynie ne sont pas les seuls problèmes au sein d’un service pas si apaisé que ça. Sans compter que, selon l’auteur de Vice et Versailles lui-même, « il y a également à Trianon de la xénophobie » : « on n’accepte pas que des Italiens soient favorisés par rapport à des Français de pure souche », dénonce-t-il.

Comme si tout ceci était accessoire - et ne corroborait en rien les informations de Blast -, Alain Baraton tient à revenir à l’essentiel : il sait d’où nous tenons nos infos. « Je sais très bien qui a témoigné. Je suis l’objet d’une attaque en règle de deux ou trois agents menés par une hystérique syndicaliste dont je tairais le nom, qui est complètement folle »... Parti à la chasse à la taupe, le jardinier en chef s’est visiblement perdu en chemin et trompé de gibiers.

estionné pour savoir si des biens du service, des véhicules par exemple, n’auraient pas été détournés, le maître des jardins affirme là encore tout et son contraire. « Pour ce qui est des véhicules de service attribués comme véhicule personnel, ne tombez pas dans le panneau de ces jardiniers… C’est complètement crétin, juge notre interlocuteur. Il y a dans le service quatre véhicules de service. Aucune voiture, je-dis-bien-aucune, ne dort à l’extérieur du domaine. Aucune. »

A moins que... « A l’exception si d’une Renault Kangoo, affectée à notre chef d’atelier, lâche la voix au bout du fil. Effectivement il rentre avec le soir. Il habite à Pontchartrain. » Une ville des Yvelines à près de 20 km du château de Versailles, où dort donc un véhicule du service, comme Blast l’a appris. Autrement dit... en dehors du domaine. A bien y réfléchir, ce n’était pas « complètement crétin ».

Ses derniers temps, au château, le jardinier-chroniqueur poursuit une nouvelle lubie : réclamer à tous ses subordonnés leur permis, pour les autoriser justement à utiliser les véhicules de service. Et la foudre est promise aux récalcitrants, Baraton menaçant d’interdiction de conduite tous ceux qui refuseraient de s’exécuter.

Malgré cette belle détermination, il y a là encore un problème. En effet, les agents de Versailles n’ont nullement besoin de permis pour piloter les véhicules du château : l’obtention d’un certificat d’aptitude, renouvelé tous les cinq ans, est la seule exigence prévue et imposée par le code du travail et le règlement intérieur.

Deux textes qui obligent mais auxquels le « jardinier de Versailles » n’accorde visiblement guère d’importance. Contactée au sujet de cette étrangeté, et cette interprétation toute personnelle, la direction du château de Versailles a refusé de répondre. « Nous avons bien reçu vos questions mais l’établissement public ne répond pas à des questions aussi orientées », a indiqué son service de presse, en guise de fin de non-recevoir.

A la place, en plus de choisir les questions qui conviennent, sa présidente intérimaire sans mandat a demandé des comptes à une responsable syndicale. De quoi s’assurer que chacun soit « orienté » comme il convient : à sa place.

(1) L’auteur a lui-même bénéficié des conseils de lecture prodigués par Alain Baraton dans sa chronique sur France Inter du 24 janvier 2021, au sujet d’un livre cosigné avec Hugues Demeude Massacres à la tronçonneuse. Climat, parasites, crise budgétaire… Nos forêts en état d’urgence, publié au Cherche-midi en 2020.

* Le prénom a été modifié.

Après 80 ans de silence, un résistant dévoile l’exécution cachée d’une quarantaine de soldats allemands

Ce ne sont pas les facettes les plus reluisantes de la Résistance qu’Edmond Réveil, âgé de 98 ans, a révélées récemment, à la fin d’une assemblée générale de l’Association nationale des anciens combattants. Il y a raconté, comme le rapportent Le Parisien et La Montagne, l’exécution d’une quarantaine de soldats allemands de la Wehrmacht et d’une femme de la Gestapo le 12 juin 1944 à Meymac, en Corrèze. Enregistré officiellement et transmis aux Autorités, son témoignage va donner lieu à des fouilles sur ces indications et grâce à un géoradar au cours du mois de juin pour retrouver et exhumer les corps.

Des prisonniers devenus des fardeaux

Edmond Réveil, alors agent de liaison chez les francs tireurs partisans (FTP), raconte qu’après l’attaque de l’école normale de filles, à Tulle, où sont alors stationnés des Allemands, de nombreux prisonniers sont faits par la Résistance. Parmi eux, 48 soldats ennemis se retrouvent conduits à Meymac. Mais ils deviennent rapidement un fardeau, car il faut les nourrir et faire face à des problèmes d’intendance. C’est un groupement interallié basé à Saint-Fréjoux (Corrèze) qui donne l’ordre de les tuer. « Chaque maquisard avait son bonhomme à tuer. Il y en a, parmi les gars, qui n’ont pas voulu, dont moi », raconte Edmond Réveil, dans les colonnes du quotidien.

S’il a brisé le silence pour soulager sa conscience au crépuscule de sa vie, c’est aussi pour que les descendants des exécutés puissent connaître la vérité.

Sollicité pour rendre hommage à Jean-Luc Godard, Gérard Darmon a confessé ne pas en être un admirateur, en raison de propos du réalisateur sur la communauté juive.

Cinéaste-poète à l’œuvre protéiforme, connu pour son tempérament trempé et révolté, Jean-Luc Godard marque l'histoire du septième art de son empreinte, même si l'homme derrière l'artiste ne faisait pas toujours l'unanimité. Au lendemain de son décès par suicide assisté, mardi 13 septembre à l'âge de 91 ans, le réalisateur d’À bout de souffle et Pierrot le fou a été honoré par l'émission C à Vous. Présent sur le plateau de France 5, Gérard Darmon a été invité à "dire un mot" sur ce pilier de la Nouvelle vague. Avec franchise, l'acteur du Grand Pardon et Family Business a avoué n'en avoir "pas spécialement envie". "J'ai peur d'être à contre-courant en parlant de ce Monsieur, qui est le cinéaste qu'il était, même si ce n'était pas ma tasse de thé. C'est surtout l'homme qu'il était qui n'a pas été très bienveillant pour ma communauté, pour les Juifs en général et pour Israël en particulier", a-t-il expliqué.

S'il a concédé apprécier Le Mépris, grâce au mythique thème Camille signé Georges Delerue, Gérard Darmon a indiqué ne pas porter en estime Jean-Luc Godard et a justifié cette aversion : "Je trouve que les propos qu'il a tenus étaient absolument inadmissibles. C'était de l'antisémitisme. C'était du négationnisme. C'était du révisionnisme. Je pense que j'ai été plus touché par la disparition de la reine Elizabeth II que par celle de Jean-Luc Godard, pardonnez-moi. Je ne peux pas admirer quelqu'un qui hait à ce point-là les juifs, ce n'est pas possible." Citant l'exemple de Louis-Ferdinand Céline, qu'il ne lira "jamais", le comédien a précisé ne pas "être intéressé" par la personne qu'est "JLG", même s'il souhaite la "paix à son âme".

Un discours sur les juifs de la Shoah

"Qu'il ait ses idées, qu'il soit propalestinien, c'est très bien. Je suis pour d'une certaine façon aussi. Mais je ne suis pas d'accord sur ce qu'il a dit. Qu'en réalité, les juifs de la Shoah s'étaient faits tuer exprès comme des moutons pour que, trois ans après, on reconnaisse Israël... Quand je pense qu'il y en a qui adhèrent à ce genre de propos, pardonnez-moi, mais je trouve ça honteux", a étayé Gérard Darmon devant les journalistes silencieusement installés autour de la table. Alors que Patrick Cohen précisait qu'il s'agissait "d'un contexte précis dans les années 60", l'acteur l'a coupé pour avertir de déclarations similaires tenues "en 2006". "Le ver était dans le fruit", a-t-il conclu.

 

https://actu.gala.fr/l_actu/news_de_stars/video-gerard-darmon-refuse-de-rendre-hommage-a-jean-luc-godard-je-ne-peux-pas-admirer-quelquun-qui-hait-les-juifs_502158?utm_source=outbrain&utm_medium=cpc&utm_term=FR_Le+Monde+%28Soci%C3%A9t%C3%A9+%C3%A9ditrice+du+Monde%29_Blog&utm_content=VID%C3%89O+-+G%C3%A9rard+Darmon+refuse+de+rendre+hommage+%C3%A0+Jean-Luc+Godard+%3A+%22Je&utm_campaign=pmo_gal_article_desktop_desktop_flux_tag_people_4&dicbo=v1-0fc41b7320dc4d69a1630270ddae9a28-00369b629e1fe7586c329321e27fe52ddd-mq4dinbvgbqtkllbga2daljugrtgcllbgq3gkllcgaygkmlgmyztizjvme

À l'automne 1944, Français et troupes américaines au bord de l'affrontement

Trois mois après le jour J, les Normands n'en peuvent plus des exactions des soldats qui les ont libérés. Retour sur un épisode méconnu.

Policiers et gendarmes sous l'Occupation : collabos ou résistants ?

Deux ouvrages reviennent, cet automne, sur la manière dont les forces de l'ordre se sont comportées entre 1940 et 1945. Deux livres qui donnent à réfléchir.

A la suite de l'armistice du 22 juin 1940 mais surtout de l'entrevue de Montoire entre Petain et Hitler (24 octobre 1940), le regime de Vichy met en place une collaboration d'Etat avec l'occupant nazi. La police et la gendarmerie prennent une part active dans la lutte contre la Resistance ou les rafles de juifs...

À la suite de l’armistice du 22 juin 1940 mais surtout de l’entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler (24 octobre 1940), le régime de Vichy met en place une collaboration d’État avec l’occupant nazi. La police et la gendarmerie prennent une part active dans la lutte contre la Résistance ou les rafles de juifs...

 
L’assassinat par Israël du médiateur de l’ONU en Palestine

Israël a reconnu indirectement sa responsabilité dans l’assassinat, en septembre 1948, de Folke Bernadotte, médiateur de l’ONU pour la Palestine.

Folke Bernadotte (à gauche) avec Moshe Sharett (à droite), ministre israélien des Affaires étrangères, en septembre 1948 à Tel Aviv

Alors qu’Israël a célébré avec faste son soixante-dixième anniversaire, marqué par le transfert de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, un autre soixante-dixième anniversaire est passé bien inaperçu: celui de l’assassinat, le 17 septembre 1948 à Jérusalem, du comte suédois Folke Bernadotte, médiateur de l’ONU pour la Palestine. Ce crime avait pourtant suscité alors une condamnation unanime et une profonde émotion, avec une minute de silence à la mémoire de Bernadotte lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Aujourd’hui, c’est dans l’indifférence générale qu’Israël, au sein d’un musée dépendant de son ministère de la Défense, assume la responsabilité du meurtre du premier diplomate chargé de régler pacifiquement le conflit israélo-arabe.

LA MORT D’UN HOMME DE PAIX

Né en 1895, petit-fils d’un roi de Suède, Folke Bernadotte devient en 1943 le numéro deux de la Croix-Rouge suédoise. C’est à ce titre qu’il parvient à négocier avec les autorités nazies, en février-mars 1945, le sauvetage de 21.000 prisonniers, dont 6500 Juifs. Très actif après la guerre au sein du mouvement des Croix Rouges, dont il défend avec fougue la stricte neutralité, il est nommé par le secrétaire général de l’ONU « médiateur » pour la Palestine en mai 1948: la guerre y fait rage depuis que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, en novembre 1947, un « plan de partage » entre un Etat juif et un Etat arabe; c’est sur la base de ce plan que, au terme en mai 1948 du mandat britannique, Israël vient de proclamer son indépendance, immédiatement contestée par l’intervention des armées arabes. La mission de Bernadotte est limitée à six mois, d’où l’urgence dans laquelle il propose aux parties, dès juin 1948, d’abord une trêve de quatre semaines, puis un plan de règlement du conflit.

Les hostilités reprennent en juillet 1948, avec déplacements massifs de civils arabes, avant que Bernadotte ne négocie une deuxième trêve. La jeune armée israélienne, établie à partir de la milice majoritairement travailliste de la Hagana (la Défense), a de sérieux problèmes de coordination avec les groupes extrémistes de l’Irgoun (l’Organisation) et du Lehi (acronyme hébreu des « Combattants pour la Liberté d’Israël »). Mais tous sont unis dans leur détermination à s’emparer de la vieille ville de Jérusalem, alors même que Bernadotte oeuvre à la démilitarisation de la Cité sainte. Il s’attire pour cela les foudres du Lehi, qui le menace publiquement de mort, sous le slogan « Stockholm est à vous, Jérusalem est à nous » (la photo ci-dessous est exposée au musée du Lehi).

Le 17 septembre 1948, Bernadotte traverse Jérusalem, accompagné dans sa voiture par le colonel français André Sérot, chef des observateurs de l’ONU pour la ville. Sérot tient à remercier Bernadotte d’avoir sauvé en 1945 son épouse du camp de concentration de Ravensbrück. Quatre assaillants en uniforme de l’armée israélienne interceptent le véhicule, dans le secteur de Jérusalem contrôlé par Israël, et mitraillent Bernadotte et Sérot, tués sur le coup. Un « Front de la Patrie » revendique l’assassinat, mais personne n’est dupe et le gouvernement israélien saisit l’occasion pour démanteler la structure militaire du Lehi. Les militants de ce groupe extrémiste, après une courte période de purgatoire, reprendront leur carrière, y compris politique, le plus doué d’entre eux, Yitzhak Shamir, devenant même Premier ministre d’Israël en 1983.

UN MUSEE A LA GLOIRE DES TERRORISTES

Le musée du Lehi se situe dans le quartier branché de Florentine à Tel Aviv. Il occupe la maison même où le fondateur de l’organisation, Avraham Stern, a été tué, le 12 février 1942, par la police britannique. Ce musée est placé officiellement sous l’autorité de l’Etat d’Israël, par le biais de « l’unité des musées » du ministère de la Défense. Les visiteurs sont accueillis par un (ou une) militaire en uniforme. Le ministère israélien de la Défense propose d’ailleurs un ticket combiné permettant de visiter à Tel Aviv, outre le musée du Lehi, deux musées célébrant l’action de l’Irgoun, un musée consacré à l’histoire de la Hagana et un autre à celle de l’armée israélienne. Il n’y a donc pas le moindre doute sur le fait que l’action de groupes stigmatisés alors comme « terroristes » est aujourd’hui intégrée à une mémoire d’Etat de la lutte armée pour Israël.

Après la reconstitution d’ateliers clandestins d’explosifs et de différents attentats, le musée du Lehi justifie en ces termes l’assassinat de Bernadotte: « son plan, rendu public le 27 juin 1948, représentait un danger pour l’existence même de l’Etat d’Israël: Israël et la Transjordanie auraient été considérés comme une seule unité territoriale composée de deux Etats. Le Néguev aurait été inclus dans l’Etat arabe, de même que les villes de Ramla et de Lod, la Galilée occidentale revenant à l’Etat juif. L’Etat juif  n’aurait bénéficié d’aucune continuité territoriale. Jérusalem aurait été inclus dans le secteur arabe avec une autonomie municipale pour la communauté juive. Quelque 300.000 réfugiés auraient pu retourner dans leurs foyers, chaque Etat disposant d’un droit de véto sur la politique d’immigration de l’autre. Le 17 septembre 1948, le comte Bernadotte fut tué par balles par des membres du Lehi s’appelant le « Front de la patrie ». Son plan fut ainsi réduit à néant ».

L’ONU, après la mort de son médiateur, n’a plus eu pour ambition que de négocier des accords d’armistice entre Israël et ses voisins arabes, renvoyant dans un avenir indéterminé un éventuel règlement définitif. C’est donc bien un plan de paix, donc la perspective de la paix elle-même, que le commando du Lehi a voulu tuer en tuant Bernadotte. Le succès de cette manoeuvre criminelle fut tel que l’Etat d’Israël la revendique aujourd’hui dans l’un de ses musées.

Une tragédie de 1948 à méditer aujourd’hui en 2018.

Le sous-marin « San Juan » a implosé en « 40 millisecondes »

Les 44 membres de l'équipage « n'ont pas souffert », d'après un rapport du Bureau américain du renseignement naval, relayé par « Le Monde ».

La France est le pays le plus touché par la pollution des centrales à charbon de ses voisins européens…

 

La pollution au charbon tue, et beaucoup. Les émissions des centrales ont provoqué 22.900 morts prématurées dans l’Union européenne en 2013, mais aussi des dizaines de milliers de cas de maladies cardiaques, bronchites, cancers, selon un rapport réalisé par quatre ONG, le WWF, Climate Action Network, Heal (Alliance pour la santé et l’environnement) et Sandbag.

 

« Plus de la moitié des morts prématurées dans l’UE dues au charbon peuvent être attribuées à 30 centrales », précise le rapport. Les cinq pays dont les centrales ont provoqué le plus de décès au-delà de leurs frontières sont la Pologne (4.690 morts prématurées à l’étranger), l’Allemagne (2.490), la Roumanie (1.660), la Bulgarie (1.390) et le Royaume-Uni (1.350).

>> A lire aussi : Le charbon, matière première toujours présente dans l'économie européenne

La France lourdement touchée avec 1.200 décès

La France est aujourd’hui le pays le plus touché par la pollution des centrales à charbon de ses voisins européens. « La France a peu de charbon dans son mix énergétique mais est lourdement impactée par les centrales de ses voisins ». Selon ce rapport, 1.200 décès prématurés ont été causés en France par la pollution allemande, britannique, polonaise, espagnole et tchèque. La France ne possède elle-même plus que trois centrales à charbon, mais reçoit donc énormément de poussières de ses voisins.

Les particules fines constituent « l’ingrédient le plus toxique » de la pollution par le charbon. Ces particules d’un diamètre inférieur à 2,5 microns pénètrent profondément dans le système respiratoire et dans le sang. Elles peuvent se déplacer loin de leur lieu d’émission, « sur des centaines de kilomètres », rappelle le rapport.

>> A lire aussi : Pollution: Où peut-on respirer (moins mal) en France ?

 

 

Les morts du charbon en Europe

Le charbon, combien de morts ? En Europe. Et pas dans les mines, mais dans la rue, à la campagne… partout où l’on respire les particules fines émises par les cheminée des près de 280 centrales électriques au charbon. Réponse : près de 23.000 morts prématurées… par an !

C’est ce qui ressort d’une publication, le rapport Europe’s Dark Cloud : How coal-burning countries make their neighbours sick réalisé par le WWF, l’Alliance pour la santé et environnement (HEAL), le Réseau action climat Europe (CAN Europe) et Sandbag.

Le poids des graphiques

Plusieurs études universitaires et scientifiques se sont attaquées à cette question. Les chiffres du rapport ne sont donc pas une surprise, puisqu’ils en proviennent. Pourtant, les associations qui s’inquiètent de cette hécatombe ont le sentiment que ni les gouvernements ni les populations ne prennent vraiment conscience de cette réalité.

D’où leur décision d’en faire une présentation frappante, avec des graphiques accusateurs et des phrases courtes et fortes. En mettant notamment l’accent sur les morts causés hors de leurs frontières par les pays qui utilisent massivement le charbon pour leur électricité.

Le résultat est effectivement spectaculaire pour qui ignore, ou veut ignorer les dégâts sanitaires de l’usage massif du charbon. Le rapport prend en considération 257 des 280 centrales à charbon existante, et se fonde sur des calculs classiques en épidémiologie de l’effet des particules fines, des oxydes d’azote et de l’ozone près du sol. Mais plus de 80% des conséquences sanitaires – accidents vasculaires cérébraux, maladies cardiaques, cancer et maladies du poumon – sont causées par les particules fines formées à partir des émissions de dioxyde de soufre et de dioxyde d’azote.

Les 23.000 morts prématurées par an ne sont pas réparties de manière homogène sur l’Union Européenne. Pologne, Allemagne et Royaume-Uni sont les plus frappés. Toutefois, la circulation atmosphérique fait que les émissions traversent les frontières et vont provoquer maladies et décès bien loin des cheminées.

L’Allemagne championne du CO2

Ce rapport n’est pourtant qu’un élément de réflexion. Il ne fait que mentionner la contribution majeure des centrales à charbon au changement climatique par l’émission de dioxyde de carbone. A elles seules, les 280 centrales à charbon comptent pour près de 18% du total des émissions de CO2 de l’Union Européenne. La championne en est l’Allemagne puisque ses centrales occupent cinq des six premières places du palmarès (ci dessous). Or pour atteindre les objectifs fixés à la COP-21 à Paris, il faudrait soit fermer rapidement toutes ces centrales, soit les équiper de systèmes permettant de capter le CO2 émis puis de le stocker durablement en sous-sol. Une technologie qui pourrait augmenter de 50% à 100% le prix de l’électricité, et qui suppose de résoudre de nombreux problèmes techniques et de lieu des stockages.

Ce rapport n’aborde également aucune des alternatives pour la production d’électricité. Une manière d’éviter tout débat préalable à ce sujet afin de concentrer le message sur le risque sanitaire des centrales à charbon. Ces dernières produisent près du quart de l’électricité de l’Union Européenne. Les remplacer rapidement ne sera donc pas facile. Si l’on prend le cas de l’Allemagne, cette dernière à investi près de 300 milliards d’euros en 20 ans de subventions pour les énergies éoliennes, photovoltaïques et biomasse (déchets notamment). Pourtant, son électricité est encore à plus de 50% fournie par le charbon (40%) et le gaz auquel il faut ajouter 15% de nucléaire qui doit fermer d’ici 2022.

Les pays dont le système électrique est le plus protecteur du climat et de la santé publique – Suède, Finlande, France, Belgique… – utilisent massivement l’hydraulique et le nucléaire, avec des proportions variées. La contribution des énergies nouvelles renouvelables augmente de manière significative, mais le vrai débat porte sur leur capacité à remplacer totalement le charbon et le gaz dans le mix électrique européen sans qu’une contribution du nucléaire ne vienne boucler le budget, avec des pays qui n’y auront pas recours et d’autres, comme la France ou la Grande-Bretagne, qui en feront un usage important voire majoritaire.

Sylvestre Huet

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