Khalifa Haftar, chef de guerre de l'est lybien
Pétrole : la Libye stoppe toutes ses exportations et ferme ses gisements sur fond de chaos politique
Pétrole : la Libye stoppe toutes ses exportations et ferme ses gisements sur fond de chaos politique...Le pays d'Afrique du nord est déchiré entre deux gouvernements rivaux, l'un installé à l'Ouest et reconnu par l'ONU, l'autre mené par le puissant maréchal Haftar.....
L’offensive à proximité de la frontière orientale algérienne des troupes libyennes du maréchal Haftar a créé un regain de tensions diplomatiques entre les deux pays...
C'est une vidéo devenue virale qui a déclenché une tempête. On y voit des soldats de l'Armée nationale libyenne (ANL) de Saddam Haftar, fils de l'homme fort de l'Est libyen, à proximité du poste-frontière algérien Debdeb, à l'extrême sud-est du Sahara. Sur les réseaux sociaux, les commentaires se multiplient, parlant de la « fuite de soldats algériens face à l'avancée de la milice libyenne », de la « menace directe de [l'autoproclamé] maréchal Khalifa Haftar contre l'Algérie », d'une « possible réaction militaire algérienne »…
Offensive vers l'est et le sud
La viralité de ces images, qui datent finalement de l'année dernière et n'ont aucun lien avec un quelconque incident militaire, a été nourrie par un fait réel : depuis le 7 août, des unités sous le commandement du fils de Khalifa Haftar, Saddam, ont lancé une « opération globale », dans les zones de l'ouest et sud libyens, près des frontières avec l'Algérie et le Niger, notamment avec des mouvements vers le passe du Salvador, zone désertique entre les trois pays, passage de trafics divers, de migrants et de djihadistes de la région. Selon l'ANL de Haftar, cette opération viserait à « sécuriser les frontières sud du pays et à renforcer la stabilité de la Libye dans des zones stratégiques ».
Un peu plus au nord, l'offensive du fils de Haftar vise également la ville (son aéroport stratégique et sa zone pétrolière et gazière de Hamada) de Ghadamés, proche des frontières algériennes et à 650 km au sud-ouest de Tripoli. Pour nombre d'observateurs, ce mouvement de troupes venues de l'est serait en réalité une nouvelle tentative de prendre, par le sud, Tripoli, siège du gouvernement d'entente nationale qui ne reconnaît pas le pouvoir du maréchal Haftar.
Les forces du maréchal libyen « convoitent depuis plusieurs années » l'aéroport de Ghadamès et ses alentours, car son contrôle « renforcerait de manière notable la donne territoriale de Haftar face à l'Algérie, à la Tunisie et au Niger », explique à l'AFP Jalel Harchaoui, chercheur associé à l'institut britannique Royal United Services. Le camp de l'est aurait ainsi le contrôle sur tout le sud, d'est en ouest.
Ce serait la troisième tentative de la prise de Tripoli après celles de 2015 et de 2019 opérées par Haftar, avec le soutien notamment de l'Égypte, de la Russie et des Émirats arabes unis.
La crainte d'une nouvelle guerre civile libyenne
Au début de cette récente offensive, Alger, hostile à Haftar, avait le 10 août appelé « les parties libyennes à la sagesse et à la retenue », disant partager les « préoccupations exprimées par les Nations unies quant à la récente mobilisation des forces dans diverses régions de la Libye et tout particulièrement en direction de ses régions méridionales et occidentales ». Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a reçu l'ambassadeur libyen à Alger, représentant du gouvernement d'entente nationale reconnu par l'ONU, pour lui exprimer les mêmes préoccupations.
Le Haut Conseil d'État libyen (sorte de Sénat), basé à Tripoli, a dit également « suivre avec grande inquiétude les mobilisations militaires des forces de Haftar dans le sud-ouest ces deux derniers jours, visant clairement à renforcer son influence et étendre son contrôle sur des zones stratégiques communes avec nos voisins ».
Alger redoute sa mise sous pression à des frontières très sensibles, proches de ses installations stratégiques énergétiquesUn observateur
« Au-delà de la crainte de voir se déclencher une nouvelle guerre civile entre Libyens, Alger redoute sa mise sous pression à des frontières très sensibles, proches de ses installations stratégiques énergétiques notamment », rappelle un observateur. Le souvenir de l'attaque meurtrière du site gazier de Tiguentourine, en 2013, par des terroristes islamistes venus du nord du Mali (qui connaît de nouveaux affrontements entre groupes armés) via une Libye déstabilisée reste très vif pour Alger.
« Autres raisons d'inquiétude pour Alger : les alliés de l'homme fort de l'Est libyen. [Alger] est au bord de la rupture diplomatique avec les Émirats arabes unis, grand allié du militaire [Haftar]. Quant à la Russie, Alger ne voudrait pas de mercenaires comme les Wagner ou l'Africa Corps à ses frontières, ce qui est déjà le cas au nord du Mali. Or, la présence de l'ANL à ses frontières implique forcément la présence de ces mercenaires », précise une analyse de RFI. « Par ailleurs, Saddam Haftar, qui dirige les forces terrestres de l'ANL, a récemment effectué au moins deux visites en Israël, alors qu'Alger refuse la normalisation avec l'État hébreu, sans qu'il n'y ait une paix juste et durable avec les Palestiniens. »
Les relations entre Haftar et l'Algérie ont toujours été teintées d'hostilité et de tensions. En 2018, Haftar a accusé « les Algériens [qui] ont trouvé une occasion pour entrer en Libye ». « Lorsque nous avons découvert cela, j'ai envoyé le général Abdelkrim en Algérie pour expliquer que ce qui avait été fait n'était pas fraternel. Nous pouvons transférer la guerre de l'Est à l'Ouest en peu de temps », a-t-il menacé.
« Personne ne peut menacer l'Algérie », tranche le président Tebboune
En 2019, lors de la seconde offensive du maréchal contre Tripoli, Alger avait songé à une intervention en Libye, car « Tripoli est une ligne rouge », comme le révéla le président Abdelmadjid Tebboune. « Nous n'acceptons pas que la capitale d'un pays maghrébin et africain soit occupée par des mercenaires. Nous allions intervenir », avait-il déclaré à Al-Jazira en 2021.
Et en 2021, Haftar a déclaré des zones frontalières avec l'Algérie « zones militaires » et a ordonné la fermeture des frontières. Le président algérien, questionné par la presse par rapport aux agissements et menaces du maréchal libyen, a rétorqué : « Personne ne peut menacer l'Algérie. »
Si sur le plan militaire, l'offensive du fils de Haftar déclenchée le 7 août paraît connaître une pause – Ghadamès est encore aux mains du gouvernement de Tripoli –, le front diplomatique, lui, reste fiévreux. Car, en plus d'étendre son influence vers l'ouest et le sud aux confins des frontières avec l'Algérie et le Niger, Haftar a entamé des contacts très poussés avec Niamey pour mieux stabiliser son emprise sur le sud. De son côté, et quasiment dans le même laps de temps ces dernières semaines, Alger a renoué les liens avec le Niger après une période de crise, en une course d'influence régionale.
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Libye. Derna engloutie, le sombre bilan de l'incurie
https://orientxxi.info/magazine/libye-derna-engloutie-le-sombre-bilan-de-l-incurie,6982
Libye. Derna engloutie, le sombre bilan de l’incurie Dans la nuit du 11 septembre 2023, une grande partie de la ville libyenne a été submergée en quelques minutes, après la rupture de deux barrages mal entretenus provoquée par la tempête Daniel. Avec ses milliers de morts et des destructions considérables, cette catastrophe a mis en exergue les défaillances d’un État ravagé par la corruption
Les combats ont repris, par milices et pays étrangers interposés, pour le contrôle de la capitale et de la rente pétrolière.
Le Caire, 6 septembre. Au siège de la Ligue arabe, une réunion d'émissaires. « Je passe la parole à la ministre libyenne des Affaires étrangères », précise l'hôte, annonce qui provoque chez Sameh Hassan Choukry un mouvement d'automate. Le ministre égyptien des Affaires étrangères se lève, tourne les talons et quitte la salle accompagné de sa délégation. Cette scène traduit l'humeur du régime égyptien et de son allié émirati, elle ne déplaira pas au Kremlin. Elle s'est déroulée lors d'une séance préparatoire au prochain sommet de la Ligue arabe qui se tiendra à Alger début novembre. Dans un souci de pédagogie, le porte-parole du Caire traduira en mots ce départ, précisant que ce geste obéit « aux pratiques diplomatiques suivies par de nombreuses organisations lorsqu'elles veulent marquer leur désapprobation ».
L'Égypte ne reconnaît pas le gouvernement libyen de Tripoli, même si officiellement elle « se tient à équidistance de toutes les parties en Libye ». Dans le contexte russo-ukrainien, dépendante de Moscou pour ses céréales, la puissance régionale soutient à nouveau le maréchal Haftar, l'homme de Moscou. Alors que des combats entre milices ont ensanglanté la capitale, tuant des civils dans des affrontements à l'arme lourde, la scène diplomatique relève de la même logique mais avec une autre grammaire. Autour de la table ronde, on ne tue pas : on méprise.
En coulisses, on attise les braises d'une guerre qui avait baissé en intensité depuis 2021. Une très mauvaise nouvelle. Il indique que des pays étrangers veulent la reprise du conflit armé comme ils avaient voulu la paix l'an dernier. Lorsque la communauté internationale avait installé en 2017 un gouvernement d'union nationale (GNU) à Tripoli (Ouest), fruit de tractations aussi minutieuses que laborieuses, l'ambition d'une pax Libya prospéra. Depuis le pays est fracturé en deux : deux gouvernements, deux parlements, deux économies mais une source de revenus, pétrole et gaz, 95 % des recettes du pays. L'international faisait mine de reconnaître ce GNU. Mi-2022, on ne fait plus semblant. Dans l'Est libyen, Aquila Saleh, le madré président de la Chambre des représentants installée à Benghazi, a posté une lettre au secrétaire général de la Ligue arabe, l'appelant à soutenir « le gouvernement de Fathi Bachagha qui ne peut travailler à Tripoli tant qu'elle ne sera pas libérée des milices et des gangs ». Celles-ci pullulent, fortes de la montagne d'armements constituée par Kadhafi. Dans la foulée de l'intervention de l'Otan en 2011, on avait oublié de détruire les stocks d'armes et de confisquer leur arsenal aux milices. Depuis, ces petites armées roulent pour un camp ou l'autre, selon leurs intérêts immédiats. Au beau milieu de ces mercenaires réunis en SARL, une population qui subit.
Malgré le contexte, le pétrole coule : 1,2 million de barils par jour début septembre. Si les Européens se pressent à Alger pour remédier au gaz/pétrole russe, la manne libyenne pourrait résoudre bien des soucis générés par la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. La production pourrait atteindre les 2 millions de barils par jour. L'or noir est d'excellente composition, proche des côtes. Les trois quarts sont exportés. Alors que les hydrocarbures algériens sont au taquet – les réserves sont impressionnantes mais des investissements d'envergure sont nécessaires pour doper sa production –, la Libye a des atouts de sirène dans le contexte Ukraine. Dans un communiqué, le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Égyptien Gheit, affirme attendre « avec confiance le prochain sommet en Algérie, si Dieu le veut, et nous prions Dieu qu'il soit une étape importante dans l'histoire de l'action arabe commune et soit un motif d'harmonie et d'unité ». Les ambitions manuscrites d'Ahmed Aboul Gheit placent la barre en altitude. La participation de Dieu suffira-t-elle à recoller le vase de Soissons libyen brisé par huit ans de guérilla ? À voir Bachar el-Assad revenir pied à pied dans le jeu diplomatique malgré un pedigree d'horreurs (usage des armes chimiques contre sa population, tortures, bombardements…) documentées, tout semble possible en ultrarealpolitik.
https://www.lepoint.fr/afrique/libye-la-tentation-d-une-nouvelle-guerre-11-09-2022-2489504_3826.php?M_BT=6286141392673#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20220912-[Article_9]
Haftar déclare la frontière avec l'Algérie zone militaire fermée.....Les forces loyales au commandant de l'est de la Libye, Khalifa Haftar, ont fermé la frontière avec l'Algérie, ont-ils déclaré, après que d'importants déploiements de ses forces dans le sud aient mis en évidence le rôle qu'il continue de jouer malgré les efforts déployés pour unifier le pays... Le prochain sommet sur le conflit libyen se tiendra le 23 du mois prochain à Berlin
La Turquie menace de répondre à toute attaque de ses forces par Haftar...Ce jeudi, Khalifa Haftar a appelé à « chasser l’occupant » turc de la Libye....le ministre turc a discuté avec des responsables libyens des moyens de riposter à une éventuelle nouvelle offensive de Haftar,
Après cinq jours de discussions organisées à Genève, les deux parties se sont entendues sur un « cessez-le-feu complet, national et permanent »...Les deux parties sont convenues que « toutes les unités militaires et les groupes armés sur la ligne de front doivent retourner dans leurs camps »..
L'ambassade américaine en Libye a déclaré que le maréchal Khalifa Haftar, chef de l'armée nationale libyenne (LNA), les avait informés que la production d'électricité dans ce pays d'Afrique du Nord allait reprendre de façon imminente...
Vers un retour du COS à Tripoli ?
https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/vers-retour-cos-a-tripoli-221743
.. l’envoi d’élements des forces spéciales (COS) à Tripoli est envisagé dans les cercles gouvernementaux et militaires français. Il s’agirait, pour les partisans de cette option, de tenter de limiter l’influence de la Turquie auprès du gouvernement d’entente nationale (GAN) dirigé par al-Sarraj..
Le désastreux casting de la France en Libye...Alors que la France dénonce l'ingérence de la Turquie dans le conflit libyen, son soutien au seigneur de guerre Khalifa Haftar explique que nombre de Libyens lui reprochent d'en faire autant.
Le président du « Parlement de l’Est » serait l’alternative au maréchal Haftar, dont l’offensive contre Tripoli a tourné au fiasco
Un juriste, prêt au dialogue et malléable, à la place d’un militaire, va-t’en guerre et incontrôlable ? Du côté des puissances engagées derrière le camp libyen de l’Est, la cote d’Aguila Saleh, président depuis 2014 du Parlement de Tobrouk, grimpe à mesure que s’effondre celle du maréchal autoproclamé Khalifa Haftar. Les photos officielles de la rencontre au Caire entre le président égyptien Sissi et les deux dirigeants libyens en disent long : on y voit un Salah aussi affable qu’Haftar est renfrogné.
L’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, soutiens affichés d’Haftar depuis son ascension en 2015, mais aussi ses parrains plus discrets que sont la Russie et la France, en ont assez du maréchal. Il y a quatorze mois, il avait lancé une offensive finale
sur Tripoli, qui devait mettre à genoux le gouvernement de Fayez Sarraj, reconnu par l’Onu, mais soupçonné de sympathies islamistes
. Elle a piétiné, puis tourné au fiasco, à cause notamment de l’intervention militaire de la Turquie aux côtés de Sarraj.
Surtout, les parrains
d’Haftar, qui le financent et l’arment, lui reprochent d’avoir refusé de négocier une solution politique avantageuse début 2020, alors qu’il était encore en position de force. Aujourd’hui, le camp de l’Est a abandonné Tripoli, reculé sur ses positions de départ, et quémande des négociations avec Sarraj.
Illustre inconnu
C’est là qu’Aguila Saleh sort du chapeau, puisque Tripoli ne veut plus parler avec Haftar. Âgé de 76 ans, pas charismatique pour deux sous, l’homme est un juriste qui a fait toute sa carrière dans la Libye de Kadhafi. L’illustre inconnu a émergé à la chute du dictateur, en 2011, grâce à deux atouts : son appartenance aux Obeidat, une puissante tribu de l’Est, et ses liens avec l’Égypte.
Pragmatique, Aguila Saleh plaide pour une Libye unifiée mais largement décentralisée. En clair : il n’est pas hostile à une partition de fait du pays, pourvu que les intérêts de l’Est et ceux des Obeidat soient préservés. On est très loin des rêves fous de reconquête
militaire d’un Khalifa Haftar, qu’il a pourtant soutenu au départ. Un partage de la Libye colle aux intérêts du parrain égyptien, dont la priorité est la stabilité de ses 1 100 km de frontières avec son voisin, et aussi aux ambitions de la Russie.
Machiavélisme
Pour Moscou, demeurer un acteur incontournable sur le théâtre libyen, c’est s’offrir une monnaie d’échange sur d’autres théâtres comme la Syrie (face à la Turquie) ou dans ses face-à-face avec l’Union européenne et les États-Unis.
Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut des relations internationales de Clingendael (Pays-Bas) y voit un brin de machiavélisme : Dès le départ, la Russie savait que l’armée de Haftar n’était pas assez solide [et a] laissé cette absurdité se dérouler, en jouant sur les dysfonctionnements de leur allié [Haftar], dit le spécialiste de la Libye, dans un entretien avec le journal suisse le Temps. Peu à peu, la situation se transforme en un dispositif de défense de la Libye orientale, dans lequel la Russie a réussi à se rendre indispensable. Ensuite, elle n’aura qu’à cueillir la Cyrénaïque comme un fruit mûr.
Ouest-France Publié le
https://www.ouest-france.fr/monde/libye/libye-aguila-saleh-le-plan-b-de-l-egypte-et-de-la-russie-6871936
Quatorze mois après avoir lancé leur offensive sur la capitale, les troupes de Khalifa Haftar ont été définitivement repoussées par les forces loyalistes, appuyées par la Turquie.
Fin de partie. La bataille de Tripoli, déclenchée le 4 avril 2019, s’est terminée le 4 juin 2020. Le siège de la capitale libyenne a échoué : les troupes du maréchal Khalifa Haftar ont été chassées des faubourgs qu’elles disputaient aux forces progouvernementales depuis plus d’un an. Vendredi, les combattants loyalistes sont même entrés dans la ville de Tarhouna, dernier bastion de Haftar dans l’ouest libyen, situé à une centaine de kilomètres au sud-est de Tripoli.
L’entrée en guerre de la Turquie au côté du gouvernement d’union nationale, en début d’année, a inversé le cours de la bataille. En reprenant le contrôle du ciel, grâce aux drones et aux défenses antiaériennes turques, le camp loyaliste a pu reconquérir au printemps des localités et des sites stratégiques. Des villes de la côte d’abord (le 13 avril), puis la base aérienne d’Al-Watiya (18 mai) et enfin, mercredi, l’aéroport international de Tripoli, hors d’usage depuis six ans mais hautement symbolique.
La débandade de «l’armée nationale arabe libyenne» de Khalifa Haftar a été précipitée par le retrait des centaines de mercenaires russes de la compagnie de sécurité Wagner, le 24 mai. Privée du soutien de ces précieux alliés, elle a vu ses positions enfoncées une à une. Le porte-parole du maréchal a eu beau parler de «redéploiement hors de Tripoli, sous condition que l’autre partie respecte un cessez-le-feu» et évoquer «une initiative humanitaire destinée à arrêter l’effusion du sang du peuple libyen», les images des armes, des véhicules et des caisses de munitions abandonnés – que les combattants progouvernementaux se sont empressés de partager sur les réseaux sociaux – témoignent plutôt d’une fuite désordonnée.
Jusqu’où ira la contre-offensive des forces loyalistes ? La ville côtière de Syrte, aux mains de Haftar depuis le 6 janvier, et les grandes cités du sud libyen sont dans leur collimateur. Son fief de la Cyrénaïque semble en revanche difficilement atteignable. Tout comme le maréchal a été incapable de prendre le contrôle par la force de la Tripolitaine, la coalition construite pour défendre la capitale ne parviendra certainement pas à soumettre militairement l’est libyen. Même si, dans l’euphorie de la victoire, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, Faïez el-Serraj, a déclaré jeudi qu’il était «déterminé à vaincre l’ennemi [et à] imposer le contrôle de l’Etat sur l’ensemble de la patrie».
En réalité, la suite des événements dépendra surtout de la volonté des parrains étrangers des deux camps, devenus incontournables en Libye. Dans une symétrie frappante, le jour de la reconquête de Tripoli, El-Serraj était en visite à Ankara, où il a rencontré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, tandis que Khalifa Haftar se déplaçait au Caire. Les alliés du perdant du jour lui conserveront-ils leur appui ? Après ce camouflet militaire, l’Egypte, les Emirats arabes unis – et de façon plus discrète, la France – vont reconsidérer leur soutien. Moscou, pragmatique, a d’autres atouts dans sa manche. Le Kremlin avait déjà été irrité par le refus du maréchal, en janvier, d’entériner un accord russo-turc de cessez-le-feu, sur le modèle syrien. Le deal pourrait revenir sur la table dans les prochains jours : plusieurs observateurs ont relevé que les Turcs ont laissé les hommes de Wagner se replier en bon ordre, évitant une confrontation directe entre les deux forces.
Mercredi, les Nations unies ont annoncé la reprise des pourparlers militaires en vue d’un cessez-le-feu, qui avaient débuté à Genève en début d’année avant d’être interrompus. Sans surprise, après avoir refusé de discuter pendant des mois, Haftar s’en fait aujourd’hui le défenseur, en espérant geler la situation sur le terrain. Sans surprise non plus, Tripoli, qui veut pousser son avantage, n’est plus très pressé de négocier. «Notre combat se poursuit», a déclaré El-Serraj à Ankara.
Dans l’immédiat, l’inquiétude porte sur la gestion des villes reprises par le gouvernement d’union nationale. Tarhouna, en particulier, a été le fer de lance de l’offensive de Haftar dans l’Ouest. Contrôlée par une milice réputée pour sa brutalité, les Kaniyat, qui a fourni des miliciens à Haftar, elle s’expose à une vengeance collective – comme il s’en est produit dans l’histoire récente de la Libye. Les membres du clan auraient déjà fui la ville par peur des représailles. Le comportement des troupes progouvernementales, comme le traitement réservé aux prisonniers, aura des conséquences sur la réconciliation de ce pays de plus en plus déchiré.
Le processus de paix porté par les Nations unies avait volé en éclat, l’an dernier, avec l’attaque surprise de Haftar sur Tripoli. L’échec de son aventure militaire ne signifie pas, pourtant, un retour au statu quo ante. L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a démissionné en mars et n’a jamais été remplacé. A la faveur de la guerre, les appétits des combattants (ceux qui ont rejoint l’armée de Haftar et ceux qui ont défendu Tripoli) se sont aiguisés. Et les acteurs étrangers sont devenus prépondérants. Au mieux, la bataille de Tripoli aura été une parenthèse tragique de quatorze mois. Au pire, elle a fait reculer l’espoir de la paix de plusieurs années.
Des milices syriennes financées et encadrées par la Turquie envoient des enfants combattre en Libye contre le maréchal Haftar, révèle le rapport d'une ONG...C'est la première fois que des experts reconnus documentent le recrutement de mineurs depuis le déclenchement de la guerre civile en Libye en 2014
Le Parlement turc autorise une intervention militaire en Libye A Ankara, les députés ont autorisé, jeudi, l’envoi de troupes en Libye aux côtés du gouvernement de Tripoli, ciblé par l’offensive du maréchal Haftar, qui a fait dissidence....
..Haftar a appelé à davantage de soutien militaire de la part de l’Égypte à ses forces. Le général Haftar a également exhorté al-Sissi à convaincre Le Caire de renoncer à sa décision de ne pas envoyer de troupes d’infanteries sur les champs de bataille...
...Au bout de quatre mois d'une offensive présentée comme une formalité par le maréchal Haftar pour conquérir Tripoli, ses troupes, autoproclamées armée nationale, sont désormais enlisées devant la capitale libyenne défendue par les forces du gouvernement d'union du Premier ministre Faïez Sarraj, seul reconnu par les Nations unies........
Le maréchal Khalifa Haftar a promis de s'attaquer aux intérêts turcs en Libye, après avoir essuyé un sérieux revers jeudi dans le cadre de son offensive sur Tripoli, accusant Ankara de soutenir militairement ses rivaux du gouvernement d'union (GNA)......
Des médias libyens et étrangers avaient annoncé sa mort, mais l'homme fort de l'est de la Libye, le maréchal Khalifa Haftar, est bien vivant...
Ses troupes se sont emparées des principaux terminaux pétroliers libyens, une illustration de sa détermination à être le seul maître du jeu.
« Dissident », « incontrôlable », « impénitent », « insoumis », « despotique », « incontournable »… Les adjectifs associés au général libyen Khalifa Haftar dans la presse ne font pas dans la demi-mesure, et suggèrent d'emblée le caractère d'électron libre de cet acteur politique. Depuis son retour en Libye en 2011, après 21 ans d'exil aux États-Unis, celui qui fut le compagnon d'armes de Mouammar Kadhafi à la fin des années 60 et chercha à le reverser 20 ans plus tard, semble n'en faire qu'à sa tête. Il impose ses vues, marque son territoire, constitue son armée, lance ses offensives. Son dernier fait d'arme : la mainmise sur les ressources pétrolières. En trois jours, entre le 11 et le 13 septembre, et tandis que les regards étaient braqués vers Syrte d'où est en train d'être délogé le groupe État islamique, il s'est emparé des principaux terminaux pétroliers du pays. Un coup de force qui a valeur de défi vis-à-vis du gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj installé en avril. Ces nouvelles autorités, appuyées par l'ONU et la communauté internationale, ambitionnaient en juillet de relancer les exportations de brut depuis ces installations qui forment le « croissant pétrolier ». Barrant la route aux efforts de reconstruction du pays par ce gouvernement à qui il dénie toute légitimité, le général Haftar, à la tête de l'Armée nationale libyenne (ANL), incarne l'autre pouvoir. Celui que représente notamment le Parlement de Tobrouk, à l'Est, dans cette Cyrénaïque dont il est natif et qu'il contrôle aujourd'hui partiellement. À 73 ans, Haftar, fraîchement promu maréchal par ces autorités rivales de Tripoli, selon un communiqué de l'armée, continue ainsi d'afficher sa détermination à mener son propre combat en Libye.
« Haftar, l'homme fort », titre le site d'info guinéen Le Djely. « Turbulent et notoirement insoumis, le général Khalifa Haftar vient de démontrer qu'il est aussi et surtout efficace. Une efficacité qui fait que l'interminable bras de fer qui se jouait entre les deux gouvernements rivaux pour le contrôle du pays tourne en faveur de celui banni par la communauté internationale », peut-on lire sous la plume de Boubacar Sanso Barry, selon qui ces « autorités parallèles » de l'Est engrangent « une victoire symbolique ». « Dans un pays comme la Libye, dont le pétrole est la ressource principale, s'assurer le contrôle des quatre grands terminaux (al-Sedra, Ras-Lanouf, Zueitina et Brega) est un atout non négligeable. Avec un argument aussi persuasif, on peut retourner n'importe quel acteur », poursuit-il. Précisons qu'entre-temps, la gestion des terminaux pétroliers a été confiée à la Compagnie nationale du pétrole (NOC), mais que les forces du général Haftar continuent d'en assurer la surveillance. Que signifie toutefois pour Haftar ce coup de force, qui, à terme, nous dit Zine Cherfaoui dans El Watan, risque « de faire voler en éclats l'accord politique fragile arraché par l'ONU aux différents belligérants libyens » ? Eh bien, cela, précisément : briser cet accord politique-là, en vue de redistribuer les cartes d'un éventuel nouvel État. Dans un article intitulé « le général Haftar cherche à changer les règles du jeu », il explique que l'homme « n'a jamais caché son aversion à collaborer avec Fajr Libya, l'actuelle force de frappe du gouvernement El Sarraj. (…) Pour lui autant d'ailleurs que pour les membres de l'ancien Parlement de Tobrouk, ce conglomérat de milices n'est pas digne de confiance car constitué en majorité d'islamistes. Pas question donc, pour eux, de travailler ensemble. C'est ce qui, officiellement, empêche d'ailleurs la Chambre des représentants de donner son quitus au gouvernement de Fayez al-Sarraj. Pour s'impliquer dans le processus de réconciliation libyenne, l'Est ne demande rien moins que le contrôle de l'architecture sécuritaire de la Libye. » Haftar se veut en effet le rempart contre l'extrémisme islamiste en Libye. Cet objectif présidait au lancement, en mai 2014, de son « Opération dignité ». Pour avoir gain de cause et placer ses hommes dans l'appareil sécuritaire libyen, il cherche donc à inverser les rapports de force, quitte à « étouffer financièrement le gouvernement al-Sarraj ». Rappelons que le pays dispose des plus importantes réserves pétrolières d'Afrique (environ 48 milliards de barils), et que la production a été divisée par cinq depuis 2010.
Tantôt qualifié de « Général de pacotille », d'« homme de la CIA », quand d'autres voient en lui un nouveau Kadhafi ou al-Sissi, à quel point Khalifa Haftar peut-il rassembler en Libye ? Quels sont ses atouts et ses alliés ? Celui « qui veut imposer son leadership dans toute la Libye » a « désormais un plus grand contrôle du terrain que ses adversaires, (…) en plus de contrôler les puits de pétrole du pays », avance encore Zine Cherfaoui dans un autre article d'El Watan, consacré à l'appel au dialogue, ce mercredi 14 septembre, du chef du gouvernement Fayez al-Sarraj. S'agissant des forces d'Haftar, il souligne qu'il dispose de sa propre armée (ANL) et du soutien de la plupart des milices de l'Est. Mais ce n'est pas tout. « Il bénéficie de l'appui d'anciens kadhafistes « excommuniés » par le défunt CGN et qui s'emploient actuellement à rebâtir un service de renseignement. Il n'y a pas lieu de s'étonner aussi de voir certaines régions de l'Ouest le rejoindre », nous apprend le quotidien algérien. Ajoutons à ces ralliements ceux de deux vice-Premiers ministres du gouvernement d'union, peu après l'opération du général Haftar dans le croissant pétrolier. À l'étranger, Khalifa Haftar peut compter sur les soutiens de l'Égypte, de la Russie, et des Émirats arabes unis. À cet égard, le site d'info tunisien Webdo s'intéresse aux informations divulguées par le portail d'actualités sur le Moyen-Orient Middle East Eye. Ce dernier s'est procuré des enregistrements sonores dans lesquels on entend notamment des échanges entres des soldats fidèles à Haftar et des pilotes d'avions émiratis... Mais pas seulement. Selon ces documents, rapporte Webdo, « des avions militaires émiratis ont pris part, avec d'autres avions français, britanniques et américains, à des opérations d'inspection et même à des offensives » en lien avec les forces du général Haftar.
La quotidien burkinabé Le Pays, quant à lui, rend compte de la visite rendue par l'homme fort de l'Est libyen à Idriss Déby, président du Tchad voisin, dans un article intitulé « L'opération de charme du général Haftar ». Les deux hommes se connaissent. Lors de la guerre lancée par Mouammar Kadhafi contre le Tchad, en 1987, Haftar fut capturé par les hommes d'Hissène Habré. C'est là, d'ailleurs, qu'il va préparer avec un groupe de dissidents libyens soutenus par la CIA un putsch contre le « Guide ». « En rendant visite à son vieil ennemi Idriss Déby, qui avait menacé de l'extrader vers la Libye au lendemain de sa prise du pouvoir en 1990 s'il ne quittait pas le territoire tchadien où il avait été emprisonné avant d'être libéré et retourné contre Kadhafi par le président tchadien d'alors Hissène Habré, le général Khalifa Haftar a non seulement rencontré le président d'un pays voisin, mais aussi celui de l'Union africaine, qui pourrait parier sur lui pour le retour progressif de la paix en Libye », écrit Hamadou Gadiaga. S'il y voit une chance pour l'Union africaine, « dont la voix a été inaudible » lors de l'intervention militaire étrangère en Libye de 2011, de peser dans le processus de réconciliation en Libye, il met aussi en garde sur l'option d'un soutien au général Haftar. « Ses paroles et ses actes devront être scrutés à la loupe, car ses récentes visites chez ses voisins Déby et Al Sissi pourraient être une entourloupe pour se faire adouber par deux puissants dictateurs afin de faire main basse sur la Libye et ses immenses richesses pétrolières. Dans le contexte actuel de la Libye, ce serait une gravissime erreur de penser qu'on peut s'imposer à toutes les autres factions armées, quelle que soit sa puissance de feu, et l'Union africaine devrait aider les Libyens à transcender leur ego et leurs querelles picrocholines en invitant les chefs de guerre et les chefs de tribus à la table de négociations », conclut-il.
Faut-il donc négocier avec Haftar, et est-il vraiment incontournable, comme l'avancent de nombreux médias africains ? Oui, semble nous dire un autre quotidien burkinabé,Aujourd'hui au Faso. Dans « cette Libye en lambeaux », estime Joachim de Kaibo, il faut peut-être inviter Khalifa Haftar à la table des négociations, quoi qu'il en coûte. « Qu'il ait un passé sulfureux, qu'il soit considéré comme « l'homme des Américains », qu'il ait barboté dans des affaires louches au sein du Conseil national de transition (CNT) alors qu'il en était un des chefs militaires, tout cela est plausible. Mais un semblant de réunification de la Libye, la sécurisation des puits de pétroles, bref, le retour à une Libye presque normale, ne valent-ils pas de pactiser avec ce diable de Haftar ? » interroge-t-il. Et de relever un « fléchissement de la communauté internationale à l'égard de ce général renégat », et notamment de l'ONU. « Lorsque l'organisation onusienne prône la création d'un Haut conseil militaire dont pourrait faire partie Haftar comme le suggère l'envoyé spécial en Libye Martin Kobler, c'est que de plus en plus, le général semble incontournable dans un éventuel retour de la Libye, dans son entièreté étatique. Reste à savoir, comment le mettre dans le circuit sans créer d'autres désiderata », peut-on lire sur le site d'Aujourd'hui au Faso.
« La communauté internationale doit revoir sa copie », abonde Le Pays. Il développe deux arguments pour étayer ses propos. Le premier réside dans le choix – contestable – de Fayez al-Sarraj pour diriger le gouvernement d'union nationale mis sur pied au printemps. Un « mauvais casting », déplore Le Pays, selon qui les Nations unies doivent aujourd'hui reconnaître qu'elles ont misé sur le « mauvais cheval ». Pour de nombreux Libyens « nourris durant plus de 40 ans au lait du nationalisme militant de Kadhafi », al-Sarraj fait figure de « valet de l'extérieur », d'homme imposé par l'Occident. « Ce discours fait florès aujourd'hui dans le pays », indique le quotidien de Ouagadougou. « Sociologiquement voire politiquement, nul ne peut gouverner la Libye dans la sérénité, sans la caution de ces tribus. Même au temps de Kadhafi, les institutions du pays leur devaient, en partie, leur stabilité. Or, le moins que l'on puisse dire est que les puissantes tribus du nord-est du pays, dans leur majorité, ont toujours boudé le gouvernement d'union nationale basé à Tripoli. Elles lui reprochent, en plus d'avoir été mis en place par la seule volonté de la Communauté internationale dont il est à la solde, de n'être pas représentatif de la Libye dans sa diversité », poursuit-il. Selon le deuxième argument, le général Haftar serait finalement un « moindre mal » face à la menace des nombreuses milices et autres groupes islamistes armés qui se sont développés depuis la chute de Kadhafi. « Dans la situation actuelle de la Libye, la seule force susceptible d'aider à extirper le pays de l'emprise des forces négatives, pour reprendre une expression abondamment utilisée en Afrique centrale, pourrait être les forces fidèles à Haftar », conlut Le Pays.
Agnès Faivre