William Saurin gazette
Incurie énergétique : William Saurin délocalise
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Incurie énergétique : William Saurin délocalise...Le 7 décembre 2022, le groupe alimentaire Cofigéo (William Saurin, Garbit, Raynal, Roquelaure et Zapetti) a annoncé la fermeture de quatre usines (sur huit en France) dès le 2 janvier 2023, ce qui représente environ 80 % de sa production.
Des juges d’instruction parisiens vont enquêter sur le scandale des comptes truqués de l’ex-maison mère du groupe William Saurin, la Financière Turenne Lafayette, plus de deux ans après la découverte d’une vaste fraude comptable portant sur près de 300 millions d’euros.
Après près de deux ans et demi d’enquête préliminaire, le parquet de Paris a ouvert le 8 avril une information judiciaire contre "X", notamment pour abus de biens sociaux, escroquerie, présentation de comptes inexacts, faux et usage de faux, dissimulation de la véritable situation de l’entreprise.
Des juges d’instruction sont chargés de poursuivre les investigations sur des soupçons de manipulations comptables, qui étaient ressortis d’un audit diligenté peu après la mort de l’énigmatique patronne de la holding, Monique Piffaut, en novembre 2016, à l’âge de 78 ans.
Longtemps considérée comme un fleuron français de l’industrie agro-alimentaire, la Financière Turenne Lafayette (FTL), une holding inconnue du grand public - mais qui détenait des marques populaires telles que William Saurin, Panzani ou les jambons de Paul Prédault et de Madrange -, avait dû être lourdement restructurée, après la découverte de dix ans de comptes truqués.
Cette affaire met en cause la gestion de Monique Piffaut, actionnaire unique de la FTL. Elle avait pris l’habitude, avec la complicité d’une poignée de dirigeants, d’arranger ses comptes en fin d’année, en émettant notamment des fausses factures, dans le but de masquer les difficultés du groupe et de gonfler son chiffre d’affaires.
Au final, l’ardoise des fausses factures avait atteint entre 250 et 300 millions d’euros, selon les estimations de la presse à l’époque. Mais l’ampleur exacte de la fraude reste à établir, selon une source proche du dossier.
L’Etat avait dû voler au secours de la maison mère, pour éviter le naufrage de ses societés - qui emploient quelque 3 000 personnes - et pour préserver l’activité des filières agricoles, notamment porcines.
La déconfiture du groupe avait entraîné la vente de tous ses actifs.
Marianne a repris ce 6 décembre au matin une information de Challenges selon laquelle Monique Piffaut, 166e fortune de France, femme d'affaires à la tête de la holding Financière Turenne Lafayette qui compte plusieurs marques connues telles que William Saurin, PetitJean, Garbit, Panzani ou encore Madrange, léguait l'intégralité de sa fortune à son chien, par le biais d'une fondation de protection des animaux. Une information erronée, comme nous l'a précisé dans un second temps l'entourage de Monique Piffaut, décédée la semaine dernière à l'âge de 78 ans.
Si la patronne excentrique - l'histoire raconte qu'elle pouvait recruter de nouveaux collaborateurs après entretien avec... sa boule de cristal - a bien légué son héritage à une fondation, celle-ci n'a rien à voir avec son caniche nain. Ses quelques 400 millions d'euros doivent servir à la création d'une fondation pour l'enfance, en cours de constitution. "Elle qui n'a pas eu d'enfant, elle était très attachée à la cause de l'enfance", nous précise-t-on.
La maison mère de William Saurin, qui a frôlé la disparition en 2016 après la découverte du trucage de ses comptes, va pouvoir envisager plus sereinement l'avenir grâce à la validation par la justice de son plan de sauvetage financier...
La propriétaire du groupe avait déjà maquillé ses comptes lors du rachat de William Saurin. Portrait d'une irréductible fraudeuse, morte sans le sou.
Manipulatrice ou schizophrène ? Après l'acquisition en 2004 du fabricant de jambon Paul Prédault, qu'elle estime avoir surpayé, Monique Piffaut traîne le fondateur Alain Predo en justice, l'accusant d'avoir « ripoliné ses comptes ». Douze ans plus tard, il semble que le virtuose du « ripolinage comptable » ne soit pas celui que l'on croit.
Depuis les communiqués tombés mercredi 14 décembre révélant une escroquerie de grande ampleur au sein de l'empire agroalimentaire que dirigeait la septuagénaire, les langues se délient. D'après les informations du Point.fr, certains salariés tablant sur la prescription des faits auraient d'ores et déjà avoué qu'en 2001, au moment du rachat de William Saurin, la patronne de la Financière Turenne Lafayette leur avait demandé « d'arranger le bilan de CCA », nom de sa holding de l'époque. Pour faire sien le roi du cassoulet, dont l'acquisition était devenue une obsession personnelle, et que les banques se refusaient à financer, Monique Piffaut aurait établi l'équivalent de 14 millions d'euros de fausses factures. Rendu plus présentable aux yeux des prêteurs, son groupe décroche grâce à ce stratagème les 460 millions d'emprunts bancaires nécessaires pour lancer son assaut.
La dirigeante à la poigne de fer n'en était sans doute pas à son coup d'essai. En interne, il se murmure que la fraude durait depuis des décennies. Peut-être depuis toujours. À chaque fin d'exercice, durant quelques jours, Monique Piffaut s'enfermait dans un bureau avec son ancienne secrétaire, Arlette. Les deux femmes, armées de bordereaux vierges, fabriquaient en travestissant leur écriture des centaines de fausses factures au nom de divers clients. Une fois l'opération terminée, la PDG fraudeuse appelait son chef comptable, qui enregistrait alors ces factures subrepticement apparues. Un autre comptable était ensuite chargé d'établir les liasses fiscales au chiffre d'affaires artificiellement gonflé et de les faire valider au commissaire aux comptes du groupe.
« Gare au banquier ou à l'importun qui essayait d'entamer la discussion avec l'un des responsables du service comptabilité ! Monique Piffaut entrait alors dans une colère noire, et vous risquiez de prendre la porte », confie au Point.fr l'un des anciens de l'entreprise.
Le top management, lui, était semble-t-il dans le secret, entraîné dans un engrenage infernal par la charismatique et intransigeante dirigeante du groupe. Quelques jours après le décès de cette dernière le 30 novembre des suites d'un cancer, une réunion de crise s'est tenue dans la grande salle de réunion du rez-de-chaussée du siège de l'entreprise, dans le 9e arrondissement. Objectif : mettre dans la confidence le commissaire aux comptes, dont les hurlements furieux auraient retenti jusque dans les étages… Quelques jours plus tard apparaissaient dans les couloirs les premiers communicants chargés de la délicate mission de gérer la relation avec les pouvoirs publics et d'organiser « le coming out » dans la presse…
Jusqu'au bout, lorsqu'il lui rendait visite à l'hôpital américain, le directeur général adjoint Denis Michault aurait tenté de convaincre sa patronne d'assumer son escroquerie. Jusqu'au bout Monique Piffaut s'est murée dans un silence buté, et a fait mine de ne pas comprendre de quoi il lui parlait… Même affaiblie, à 78 ans, elle n'était pas le genre de femme à qui l'on dicte ce qu'elle doit faire. Ses salariés ont le souvenir des commentaires incendiaires annotés au stylo violet, sa marque de fabrique, en marge de courriers ou de rapports qu'ils lui rendaient. Dure avec ses employés, Monique Piffaut l'était également avec ses amis. « Il lui arrivait d'envoyer à l'un de ses proches un SMS vengeur, enjoignant [cette personne] de ne plus jamais l'appeler. Six mois plus tard, recroisant la même personne, elle s'étonnait que cette dernière ne prenne plus de ses nouvelles. »
Si certains au sein de l'entreprise n'ont gardé en tête que ses mémorables coups de sang, d'autres décrivent une « patronne généreuse », qui ne donnait jamais d'argent mais n'hésitait pas à faire une avance de plusieurs milliers d'euros ou un prêt à un employé traversant une mauvaise passe.
Caricaturée en mamie à chien depuis l'annonce, depuis démentie, selon laquelle elle avait fait de son caniche Gaétan son héritier, la patronne n'en était pas moins une originale, préférant la compagnie de son vétérinaire à celles des grands patrons. Parfois qualifiée en « Tapie en jupons », en raison de son franc-parler et de son appétence pour le rachat d'entreprises en difficulté, cette femme au style plus Montreuil que Neuilly avait commencé sa carrière à Bagnolet. C'est en effet en Seine-Saint-Denis qu'étaient basés les Comptoirs du chocolat et des alcools (CCA, les mêmes initiales qu'un de ses futurs holdings), l'entreprise de son père, au sein de laquelle elle s'essaie à la vente puis à la finance. Plus tard, elle découvre les techniques de la restructuration financière sous la houlette du comptable Claude Colombani, ancien dépeceur d'entreprises en difficulté dans la bande de Bernard Tapie. C'est en 1992, à 53 ans, qu'elle se « met à son compte » et commence à édifier son empire à partir de sociétés agroalimentaires rachetées à la casse. Grâce à la revente de biens immobiliers qu'elle a accumulés au fil des années, les acquisitions s'enchaînent, dans la conserverie, le foie gras, le jambon ou encore la biscuiterie. À chaque fois, Monique Piffaut se pose en sauveuse d'emplois, même si les syndicats l'accusent, eux, dans l'un des rares portraits existants d'elle publié par le magazine Capital en 2005 de « faire du Meccano avec les usines et les machines ».
Seule certitude alors qu'elle laisse derrière elle un trou dans les comptes de quelque 25 millions d'euros, la patronne de la Financière Turenne Lafayette n'a pas fraudé pour s'enrichir personnellement. Un sac Hermès et un ouvrage dédicacé par Malraux et Dali sont les deux seuls biens estimés « de valeur » par le commissaire priseur, qui, quelques jours après son décès, a fait l'inventaire de son appartement du 20e arrondissement. Au total, la patronne n'aurait laissé derrière elle que l'équivalent de 32 000 euros d'objets et bijoux en plus de ses lourds secrets…
Le groupe Financière Turenne Lafayette est dans la tourmente après la publication d'un audit révélant que ses comptes étaient truqués "depuis des années".
L'avenir de William Saurin, Garbit et Madrange suscite l'inquiétude, avec plus de 3 000 emplois dans la balance, après la révélation mercredi que les comptes du groupe Financière Turenne Lafayette, propriétaire de ces trois marques emblématiques de l'agroalimentaire français, étaient truqués depuis des années. La justice a été saisie et les pouvoirs publics se mobilisent pour sauver l'emploi, a annoncé mercredi Bercy.
Le décès le 30 novembre de Monique Piffaut, propriétaire et actionnaire unique de Financière Turenne Lafayette, a été le déclencheur de la révélation du maquillage des comptes de ce groupe inconnu du grand public, qui détient aussi les jambons Madrange et Le Foué de Paul Prédault. Nommé début décembre président du groupe en remplacement de Monique Piffaut, Éric le Gouvello, spécialiste du conseil en stratégie, avait diligenté un audit sur sa situation économique et financière.
D'après les ministères de l'Agriculture et de l'Économie, l'État va assurer une aide en trésorerie au groupe agroalimentaire Financière Turenne Lafayette, maison mère de William Saurin, pour lui éviter la liquidation judiciaire. « S'il y en a besoin, il y aura un soutien financier de l'État pour s'assurer qu'on évite un scénario de liquidation judiciaire. Pour nous, c'était important d'apporter cette assurance aux fournisseurs, aux clients et aux salariés », ont dit les cabinets de ces deux ministères, lors d'une conférence téléphonique.
« Concrètement, on mettra en œuvre le soutien financier nécessaire pour accompagner l'entreprise. On regardera les montants nécessaires en fonction des besoins, et sur les modalités, on examine ça dans les jours à venir », ont-ils poursuivi. Le gouvernement a annoncé que la justice avait été saisie à la suite de la révélation de ce trucage des comptes. « Le groupe arrangeait depuis de longues années ses comptes en fin d'année, en passant des écritures comptables qui étaient soit de fausses facturations, soit de fausses avances sur stock », ont expliqué les représentants des deux ministères. Les comptes étaient « embellis » pour masquer les difficultés, mais il n'y a « pas de malversation à notre connaissance », dans l'état actuel des connaissances.
« Les premières constatations laissent apparaître une présentation trompeuse des comptes depuis plusieurs années, dans un contexte très dégradé pour la filière agroalimentaire en général et pour certaines filiales du groupe en particulier », a indiqué la société dans un communiqué. « Il semblerait que ces tromperies n'avaient pour but que de maintenir le financement du groupe », assure toutefois une porte-parole tout en indiquant que l'audit n'est pas encore terminé.
L'annonce est un coup de tonnerre pour les salariés du groupe, disséminés sur 21 sites industriels en France et l'État a rapidement annoncé qu'il allait tout faire pour éviter le démantèlement du groupe, qui prévoyait un chiffre d'affaires de 900 millions d'euros en 2016. La justice a été « saisie du dossier pour mener les investigations nécessaires, et déterminer les responsabilités et les causes de ces pratiques », a annoncé Bercy.
L'État prendra « ses responsabilités pour accompagner la nouvelle direction et les salariés » face à cette situation, « qui représente un risque pour la pérennité du groupe et afin de s'assurer de pouvoir préserver les 3 000 emplois directs et les 1 500 emplois intérimaires et prestataires ». « Des réunions avec les clients, les fournisseurs et les banques seront organisées à brève échéance. Une rencontre avec les organisations syndicales sera également organisée dans les prochains jours », ajoute-t-il.
Pour sa part, la direction indique qu'elle se mobilise « pour rechercher les voies et moyens d'assurer la poursuite des activités et conserver les emplois des entreprises du groupe », selon son communiqué. « Plusieurs pistes sont envisagées, parmi lesquelles la recherche de nouveaux moyens de financement, y compris au travers de l'ouverture du capital », assure le groupe.
Au moment du décès de Monique Piffaut, un porte-parole du groupe avait déclaré : « Il n'y a pas de risque de démantèlement du groupe, car la propriétaire, très attachée aux entreprises, avait exprimé sa volonté. » Malgré ces assurances, le syndicat Fnaf-CGT avait dit craindre un démantèlement. « L'intégrité du groupe doit être sauvegardée », avait-il réclamé en avertissant que « le dépeçage par les vautours de la profession serait inacceptable et signifierait de nouvelles purges » pour les salariés.
De son côté, la défunte propriétaire a légué sa fortune à une fondation pour l'enfance « en cours de constitution », a indiqué une source proche du dossier. En 2013, sa fortune personnelle avait été estimée à 380 millions d'euros selon le magazine Challenges, occupant ainsi le 135e rang. Le groupe agroalimentaire s'est constitué à partir de 1991 avec le rachat de l'entreprise « Les délices du palais » dans le Périgord, puis par croissance externe dans le secteur des salaisons, foie gras et plats cuisinés en régions, devenant un acteur important de ce secteur de l'agroalimentaire. Se sont ensuite jointes les charcuteries, dont beaucoup sont vendues sous marque de distributeurs dans la grande distribution. William Saurin a été racheté en 2001, et Madrange en 2011. Un des derniers rachats, en 2015, portait sur deux sites bretons de charcuterie cuite de Jean Caby.
Source AFP