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Science : retour vers l'obscurantisme

Publié le par ottolilienthal

États-Unis : menaces sur la science – Les décrets et décisions prises...

Dès son arrivée à la Maison Blanche, le président Donald Trump a pris de nombreuses décisions sous forme de décrets présidentiels (executive orders). La mise en œuvre a été rapidement organisée dans les différents services de l’administration. Au total, au 6 mars 2025, 82 décrets ont été signés. Certains concernent directement l’action publique sur des enjeux sanitaires ou environnementaux, l’organisation de la production de la science et de son enseignement, voire le contenu même des connaissances scientifiques. Dans un communiqué publié le 9 mars 2025, l’Afis dénonce les « menaces sur la science ».

L’objet du présent article est de fournir une description des principales décisions relatives aux sujets à dimension scientifique afin de permettre au lecteur qui le souhaite de remonter aux sources de l’information et de se faire sa propre opinion 1. Cette description n’est pas exhaustive et est arrêtée au 11 mars 2025. Un site de l’université de Columbia tient à jour une liste de décisions « mettant sous silence la science » en les classant en six catégories distinctes : censure gouvernementale, autocensure, coupes budgétaires, changements de personnel, entrave à la recherche et préjugés et fausses déclarations.

Le climat et l’environnement

Donald Trump a déclaré en 2022 que le changement climatique est un « canular ». Bien que ses déclarations aient souvent évolué d’un discours à l’autre, étant même parfois contradictoires entre elles, force est de constater que l’éclairage scientifique sur la question du climat disparaît complètement des décisions relatives à l’énergie. Le mot même « climat » n’est pas mentionné dans les décrets, sauf pour faire référence au retrait des États-Unis des conventions cadres et accords internationaux.

Purge des sites institutionnels

Des sections entières consacrées au changement climatique et ses conséquences ont été effacées des sites de la Maison Blanche, du Département d’État (ministère des Affaires étrangères), du ministère de l’Agriculture ou encore du ministère des Transports. Dans certains cas, les informations sont archivées par l’administration. Des organismes à but non lucratif essaient, de leur côté, de procéder à un archivage complet.

La mise en œuvre des décrets sur l’énergie signés par Donald Trump se traduit par une large purge de ces sites en fonction de mots-clés. À titre d’illustration, une note du ministère des Transport du 29 janvier 2025 ordonne d’« identifier et éliminer tous les ordres, directives, règles, réglementations, notices, recommandations, accords de financement, programmes et déclarations de politique, ou portions de ceux-ci, qui ont été autorisés, adoptés ou approuvés entre le 20 janvier 2021 à midi et le 20 janvier 2025 à midi, et qui font référence ou se rapportent de quelque manière que ce soit au changement climatique, aux émissions de “gaz à effet de serre”, à l’équité raciale, à l’identité de genre, à la “diversité, équité et inclusion”, aux objectifs de justice environnementale, ou à la “Justice 40 Initiative” 2 ».

Le site www.climate.mil a été supprimé. Il s’agissait d’un portail informatique mis en place par le département de la Défense présenté comme « un point de convergence central et unique pour des informations scientifiquement crédibles, neutres, faisant autorité et exploitables sur le changement climatique » 3.

Des scientifiques licenciés, interdits de participer à des réunions internationales

Selon la revue Science, l’administration américaine a refusé à certains de ses responsables scientifiques l’autorisation de se rendre à une réunion de travail du Giec. Le journal précise que, selon certaines sources, « pour l’instant, le contrat du Global Change Research Program [géré par la Maison Blanche] qui permet aux scientifiques américains de se rendre aux réunions du Giec n’a pas été annulé ». Mais les déplacements, s’ils n’étaient pas interdits, se feraient dans des conditions financières non explicitées. De fait, depuis le début du second mandat de Donald Trump, il semble qu’aucun responsable américain n’ait participé aux différentes réunions du Giec.

Ainsi, Katherine Calvin est une scientifique américaine de la Nasa. Elle a été choisie pour co-diriger l’élaboration du rapport du Groupe 3 du Giec (sur les mesures permettant de limiter le changement climatique et ses conséquences). Le contrat qui devait permettre de financer la petite équipe dédiée à cette tâche a été annulé et K. Calvin n’a pas eu l’autorisation de participer à la réunion visant à définir le programme de travail du Giec pour les prochaines années (voir l’article dans la revue Nature). Depuis, son poste a été supprimé, et K. Calvin ainsi qu’une douzaine de ses collaborateurs ont été licenciés.

Plusieurs centaines de scientifiques travaillant sur le climat ou la météorologie ont été licenciés de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (National Oceanic and Atmospheric Administration – NOAA).

Programmes de recherche sur le climat et subventions

Selon le site d’information Axios, la NOAA a reçu instruction d’identifier tous les programmes comprenant un des termes d’une liste de mots clés liés au climat. Le site précise qu’il « ne sait pas clairement ce que l’administration compte faire des informations recueillies à partir des recherches par mots-clés, ni si le versement des subventions en cours pourrait cesser ».

Selon la revue Nature, Donald Trump a annulé le financement fédéral américain destiné aux projets internationaux de lutte contre le changement climatique (11 milliards de dollars en 2024).

Retrait des accords de Paris et relance active de l’exploitation des ressources fossiles

S’il s’agit là d’un choix d’ordre politique, soulignons cependant que strictement aucune référence n’est faite à la science sur le climat et au constat des scientifiques sur les conséquences de l’utilisation des énergies fossiles.

Un premier décret intitulé « Donner la première place à l’Amérique dans les accords environnementaux internationaux » est signé le soir même de l’investiture. Il décide du retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat, estimant que ceux-ci « ne reflètent pas les valeurs de [son] pays » et « orientent l’argent des contribuables américains vers des pays qui n’ont pas besoin ou ne méritent pas d’aide financière dans l’intérêt du peuple américain ». La décision s’accompagne d’un arrêt immédiat du plan de financement international des États-Unis pour le climat et d’une annulation sous trente jours des « politiques qui ont été mises en œuvre pour faire avancer le plan international de financement du climat ».

Un décret intitulé « Libérer l’énergie nationale » vise à « encourager l’exploration et la production d’énergie sur les terres et les eaux fédérales, y compris sur le plateau continental extérieur ».

Un autre décret, intitulé « Déclarer l’état d’urgence énergétique national » donne des instructions aux agences fédérales afin qu’elles mettent en œuvre tous les moyens disponibles pour accélérer l’identification, la production, le transport et le raffinage des ressources énergétiques nationales.

Concernant l’Alaska, un décret intitulé « Libérer le potentiel extraordinaire des ressources de l’Alaska » décide d’« annuler, révoquer, réviser, modifier, différer ou accorder des exemptions à l’égard de tous les règlements, ordonnances, documents d’orientation, politiques et autres mesures similaires », de donner « la priorité au développement du potentiel de gaz naturel liquéfié » et de faciliter l’exploration et l’exploitation du pétrole.

Un nouveau National Energy Dominance Council en appui au gouvernement est mis en place afin de « réduire les formalités administratives gouvernementales et moderniser [les] procédures d’autorisation afin de stimuler la production nationale d’énergies essentielles comme le pétrole, le gaz, l’hydrogène, le captage du carbone et le nucléaire, et de réduire notre dépendance aux sources d’énergie étrangères ».

Une définition officielle du sexe biologique

Un décret intitulé « défendre les femmes contre l’extrémisme des idéologies de genre et restaurer la vérité biologique au gouvernement fédéral » a été signé le 20 janvier 2025. Il décrit une longue liste de décisions relatives aux questions de sexe, de genre et d’identité de genre.

Un certain nombre d’entre elles relèvent de choix politiques : pas de mention de genre dans les documents d’identité, espaces intimes (prisons, refuges pour femmes, douches sur les lieux de travail) uniquement en fonction du sexe biologique, remises en cause des « politiques d’inclusion » de l’administration précédente, etc.

D’autres mesures dans ce décret visent à imposer une « vérité » qui serait « essentielle », non seulement « à la politique fédérale […], à la sécurité publique, au moral et à la confiance dans le gouvernement lui-même », mais également à la recherche scientifique. Ainsi, cette « vérité » porterait sur les termes « sexe » et « genre ». Il est écrit que « le terme “sexe” désigne la classification biologique immuable d’un individu, soit comme homme, soit comme femme » et que l’« affirmation selon laquelle les hommes peuvent s’identifier comme femmes » est « fausse ».

Aujourd’hui, les connaissances scientifiques identifient bien deux sexes si l’on s’intéresse au « sexe-rôle reproductif », c’est-à-dire aux gamètes portés par les individus. Mais la biologie est bien plus complexe si l’on considère les mécanismes génétiques et hormonaux de détermination du sexe. Ces dimensions scientifiques ne peuvent pas être tranchées par un décret gouvernemental et les chercheurs doivent pouvoir librement les explorer. Le fait que des hommes ou des femmes peuvent s’identifier au sexe opposé est une réalité qui ne peut être effacée, et les chercheurs doivent pouvoir explorer librement ce sujet.

Purges de sites d’agences sanitaires et d’instituts de recherche médicale

De nombreuses pages d’agences sanitaires, dont les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) et la Food and Drug Administration (FDA) ont été supprimées sur la base de mots clés indésirables en application du décret « défendre les femmes contre l’extrémisme des idéologies de genre et restaurer la vérité biologique au gouvernement fédéral ». Certaines de ces pages contenaient des informations importantes sur les vaccins ou les maladies infectieuses. Un juge fédéral saisi par une association de médecin a ordonné le rétablissement d’une partie de ces pages.

Gel des projets de recherche scientifique en fonction de mots-clés

La National Science Foundation, chargée de gérer d’importants budgets publics pour des programmes de recherche, mais également d’autres agences comme les Centers for Disease Control and Prevention (CDC, agence de santé publique), ont dû revisiter l’ensemble de leurs programmes à l’aune d’une liste de mots clés. Les évaluations des demandes de subventions de recherche, les déplacements et les formations des scientifiques des National Institutes of Health (NIH, équivalent de l’Inserm) ont été suspendus.

Une vague anti-science d’ampleur

D’une manière générale, toutes ces mesures témoignent d’une volonté d’écarter de la décision politique tout éclairage scientifique.

La nomination de Robert F. Kennedy Jr, en charge du ministère de la Santé, est révélateur de cette situation. R.F Kennedy est en effet un farouche militant contre la vaccination qu’il accuse d’être responsable de nombreux décès et maladies, il relaie de nombreuses théories complotistes (les vaccins contre la covid-19 injecteraient des puces électroniques, la maladie de Lyme était une arme biologique fabriquée par des militaires, etc.). R.F Kennedy a en particulier repris la thèse d’un lien entre vaccination et autisme, thèse invalidée depuis longtemps et issue d’une fraude scientifique en 1998. Selon l’agence Reuters, alors que son pays est confronté à une importante vague d’épidémie de rougeole alimentée par la baisse des taux de vaccination, tout en concédant la nécessité de vacciner, il a mandaté les CDC pour mener une vaste étude sur les liens potentiels entre les vaccins et l’autisme, au risque de relancer les peurs autour de la vaccination.

Les conséquences de cette vague anti-science vont largement au-delà des États-Unis et fragilisent l’ensemble des collaborations scientifiques internationales et la place de la science dans nos sociétés.

1 Toutes les traductions depuis l’anglais sont de notre responsabilité

2 Décret exécutif 14008 du 27 janvier 2021 signé sous l’administration Biden qui prévoit que 40 % des bénéfices globaux de certains investissements fédéraux dans le domaine du climat, de l’énergie, du logement, etc., soient destinés à diverses communautés défavorisées.

3 On retrouve des versions antérieures du portail sur le site d’archivage wayback machine (web.archive.org).

 

Le problème qui empêche actuellement la mise en œuvre de mesures pour éviter les catastrophes dans la transition vers un mode de vie humain durable sur les ressources restantes, est la limite de notre psychologie humaine. La plupart des gens de l’Ouest (la personne moyenne?) ne peuvent pas/ne veulent pas accepter que nous devons changer le néolibéralisme même qui garantit notre autodestruction. Ils sont au stade où ils n’acceptent même pas qu’il y a un problème; leur « logique » est que des choses comme celle-ci ont toujours été élaborées avant, donc cela se reproduira.

Il y a quelques jours, j’ai parlé à un ancien collègue qui avait une formation scientifique de niveau doctorat et une bonne carrière dans les grandes entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques. Nous avons eu une conversation générale et, étant ici au Royaume-Uni, cela a bientôt touché le gros événement actuel – ce que sera le nouveau gouvernement. dans le nouveau budget, qui est la première indication réelle de ce qu’ils entendent faire dans les limites de leurs chaînes néolibérales. Il est politiquement conscient et généralement intelligent et a souligné que le gouvernement. a été handicapé par une dette nationale croissante exacerbée par les dommages économiques persistants du Brexit et la perte de pétrole de la mer du Nord qui ont fait grimper les prix de l’énergie tout en entraînant une baisse des impôts perçus.

J’ai ajouté que l’énergie était le facteur clé et commencé à expliquer pourquoi. Il a ensuite répliqué que j’avais tort parce que 2/3 de notre consommation d’énergie est maintenant renouvelable. Quand j’ai dit que les énergies renouvelables ne sont que diverses extensions des hydrocarbures, qui se tarissent encore, il s’est vraiment agité au point de se fâcher, en demandant si je pensais qu’il mentait sur ce qu’il voyait sur le site officiel. J’ai dit non, je ne doute pas qu’ils écrivent que les énergies renouvelables se portent bien, mais elles ne rapportent pas plus que le pétrole investi dans leur vie. Bref, j’ai dû changer la conversation pour la conclure agréablement car il n’était même pas ouvert à une réflexion objective sur le point que j’avais soulevé, il avait même besoin de moi pour dire que j’avais tort.
 
C’est une personne que jusqu’à présent j’avais pensé si calme qu’il était totalement logique, mais sur quelque chose d’effrayant et de terrifiant qui pourrait menacer son monde confortable, il a paniqué et est devenu hystérique. Un bref regard sur sa réalité personnelle montre l’ampleur de cette illusion, il a atteint 60 ans et vient de perdre son emploi parce que son entreprise a fait faillite sans avertissement. Tout ce dont nous avons discuté, à part son expérience personnelle récente et sa situation difficile, soutiendrait également mes affirmations sur l’énergie et ses effets sur nous maintenant, et pourtant il est sûr à 100 % que j’ai tort. Alors je l’ai laissé à cela. S’il ne travaille plus jamais, je ne pense pas qu’il le fera jamais à un moment donné dans le futur il réalisera que j’aurais pu dire la vérité.

Alors, à ce stade, comment quelqu’un peut-il empêcher un dictateur de convaincre les gens qu’ils doivent changer pour plus de douleur et obtenir leur conformité?
 
Inhabituellement, un rapide examen du renouvellement des gouvernements dans le monde d’aujourd’hui révèle une montée des tendances dictatoriales pour ceux qui n’étaient pas déjà des dictatures.
 
(commentaire sur le blog de Tim Morgan)
Il n’y a pas qu’en Inde qu’on censure Darwin

Si les assauts du gouvernement Modi contre la science sont connus et dénoncés, de notre côté du monde, la guerre est plus insidieuse. Deux biologistes tentent, encore, de sonner l’alarme

Si jamais Emmanuel Macron n'y a pas pensé tout seul, on aurait bien un sujet qui fâche à lui suggérer pour animer ses discussions avec Narendra Modi, le Premier ministre indien en visite officielle à Paris. Lequel ? La science, tant cela fait un paquet d'années que son gouvernement lui livre une guerre ouverte.

En 2018, c'était son ministre de l'Enseignement supérieur, Satyapal Singh, qui, devant un Parlement mi-pâmé mi-médusé, jugeait la théorie de l'évolution « scientifiquement fausse ». Des propos qui avaient déclenché une belle polémique et poussé Singh à préciser sa pensée, sans pour autant rassurer son monde. « Personne, y compris nos ancêtres, et qu'importe que ce soit par oral ou par écrit, n'a jamais fait état d'un singe se transformant en homme, avait-il déclaré à des journalistes. On n'en trouve pas la moindre trace, ni dans les livres que nous avons lus, ni dans les contes que nous ont racontés nos grands-parents. » Sa solution ? Nettoyer les programmes scolaires de tout ce qui pourrait faire croire aux Indiens qu'ils sont « des enfants de singes ».

C'est désormais chose faite. Depuis avril, comme l'a décidé le NCERT, le Conseil national de la recherche et de la formation en éducation, écoliers et lycéens indiens de moins de 16 ans ne croiseront pas Darwin en classe, à moins qu'ils aient opté pour une future spécialisation en biologie. Une mesure qui s'applique à quelque 134 millions de personnes. En outre, selon des informations recueillies par la revue Nature, la purge des programmes cible le tableau périodique des éléments de Mendeleïev, les apports de Faraday à l'électromagnétisme et même le théorème de Pythagore. En bref, tout ce qui risquerait de contrevenir au grand récit nationaliste et suprémaciste hindou a été caviardé.

Vague d'indignation

Le 20 avril, par le biais d'une lettre ouverte publiée au nom de la « communauté scientifique » et signée par près de 2 000 « scientifiques, enseignants, éducateurs, vulgarisateurs et citoyens rationnels », l'association rationaliste indienne Breakthrough Science Society condamnait vivement cette directive, suscitant une vague d'indignation internationale.

« Connaître et comprendre l'évolution est essentiel non seulement au sein de la biologie, mais aussi pour saisir le monde qui nous entoure », peut-on lire dans la pétition. « En tant que domaine scientifique, la biologie de l'évolution a un impact considérable sur la manière dont nous choisissons de traiter quantité de problèmes auxquels nos nations et nos sociétés sont aujourd'hui confrontées – en médecine et pour mettre au point de nouveaux médicaments, en épidémiologie, écologie, environnement ou encore en psychologie – et elle touche également à notre compréhension des humains et de leur place dans la grande trame de la vie. Si nous sommes nombreux à ne pas en avoir explicitement conscience, les principes de la sélection naturelle nous aident à comprendre comment une pandémie progresse ou pourquoi certaines espèces disparaissent, entre autres et nombreuses questions cruciales. »

Et ainsi, sans accès direct à la « découverte fondamentale de la science » qu'est la théorie de l'évolution, les jeunes Indiens se retrouvent « gravement handicapés dans leur processus intellectuel ».

Science empoisonnée

Dans un long article publié ces jours-ci par deux biologistes, on retrouve une même préoccupation, exprimée quasiment au mot près. Sauf que les deux scientifiques qui l'ont rédigé – Jerry Coyne, professeur émérite de l'université de Chicago, et Luana Maroja, professeure au Williams College – vivent et travaillent aux États-Unis, et dénoncent la « subversion idéologique de la biologie » à l'œuvre dans notre bon vieux monde occidental.

Certes, la censure (douloureusement) détaillée par Coyne et Maroja n'est pas aussi verticale qu'en Inde, mais c'est bien ce qui la rend encore plus inquiétante, car plus insidieuse et ainsi moins à même de provoquer une condamnation aussi franche et unanime que les mesures prises par le gouvernement Modi. Dans les deux cas, pourtant, le fond de la logique est le même : on fait primer des intérêts politiques sur la science telle qu'elle se fait, s'enseigne et se comprend. Pour tous nous handicaper dans notre processus intellectuel et garantir notre impuissance face aux problèmes, pour certains urgents, que nous pose le monde.

omme Coyne et Maroja le résument : « La biologie est gravement menacée par des politiques “progressistes” qui modifient notre façon de travailler, délimitent comme tabous des domaines de la biologie qui ne seront ainsi pas financés par le gouvernement ni publiés dans des revues scientifiques, stipulent quels mots les biologistes doivent éviter dans leurs articles et décident de la manière dont la biologie est enseignée aux étudiants et transmise à la communauté scientifique et au grand public via la presse technique et généraliste. »

S'ils ont écrit cet article, ce n'est pas « pour affirmer que la biologie est morte, mais pour montrer comment l'idéologie est en train de l'empoisonner. La science qui nous aura apporté tant de progrès et de compréhension – de la structure de l'ADN à la révolution verte et à la conception des vaccins contre le Covid-19 – est aujourd'hui menacée par un dogme politique qui en vient à étrangler notre tradition essentielle de recherche ouverte et de communication scientifique ».

Négation de la binarité du sexe

Dans leur démonstration, le premier des six points abordés par Coyne et Majora est à la fois le plus accessible et le plus édifiant : la négation du caractère binaire (mâle ou femelle) du sexe, supplanté par l'idée, désormais familière, qu'il serait un phénomène fluide et s'exprimant tout au long d'un « spectre ».

Une notion fausse, expliquent Coyne et Maroja, parce que « quasiment tous les êtres humains sur terre appartiennent à l'une ou l'autre de ces deux catégories. Votre sexe biologique est simplement déterminé par le fait que votre corps peut produire des gamètes gros et immobiles (les œufs, caractéristiques des femelles) ou très petits et mobiles (les spermatozoïdes, caractéristiques des mâles). Même chez les plantes, on observe la même dichotomie, le pollen produisant de minuscules spermatozoïdes et des ovules portant les gros œufs ».

Et l'on ne parle pas d'une petite différence. Chez les humains par exemple, un ovule a « un volume dix millions de fois supérieur à celui d'un seul spermatozoïde. Chaque gamète est associé à un appareil reproducteur complexe qui le produit. Ce sont les porteurs de ces deux systèmes reproductifs que les biologistes désignent comme “les sexes” ».

Égalitarisme radical

Alors pourquoi le sexe est-il désormais si souvent assimilé à un « spectre » ? Parce qu'il existe un « intérêt idéologique », que Coyne et Majora identifient à celui de l'« égalitarisme radical », à « confondre le sexe biologique avec le genre – l'identité sociale ou le rôle sexuel de tout un chacun ». Genre qui, contrairement au sexe, s'exprime effectivement d'une manière plus lâche et diffuse, sur un continuum de traits – tout en suivant une distribution « bimodale », ou en « bosses de chameau ». « La plupart des gens se conforment aux rôles masculins ou féminins, avec cependant beaucoup plus d'intermédiaires que pour le sexe biologique. »

Le souci, comme le consignent Coyne et Majora, c'est que « nier la dichotomie du sexe nous empêche de comprendre l'une des généralisations les plus fascinantes de la biologie : la différence de comportement et d'apparence entre les mâles et les femelles. La couleur, l'ornementation, la plus grande taille et les armes des mâles, autant de traits absents chez les femelles. Une différence observée chez des espèces aussi diverses que les cerfs, oiseaux, poissons et phoques, qui est le produit de la sélection sexuelle : le processus, élaboré pour la première fois par Darwin, voyant les mâles entrer en compétition les uns avec les autres pour accéder aux femelles ».

Un processus qui peut soit s'exprimer par un antagonisme direct entre mâles – les fameuses joutes entre cerfs – ou par des mâles qui plaisent davantage aux femelles par leur couleur, leurs ornements et leur comportement. Et cette observation « quasi universelle dans la nature », posent Coyne et Majora, « s'explique en fin de compte par le fait que les femelles investissent davantage dans la reproduction que les mâles, à partir de ces œufs volumineux et coûteux sur le plan métabolique ».

Censure d'atmosphère

Concrètement, l'occultation de tels faits biologiques fondamentaux nuit à la science de deux manières. Tout d'abord, par voie directe : ce sont des exigences ou des sanctions qui sont imposées aux scientifiques. Coyne et Majora citent des cas de cours retirés à des professeurs, de vies rendues si misérables que la seule « solution » pour les chercheurs aura été d'abandonner le monde universitaire, de licenciements purs et simples, du rejet d'articles scientifiquement tout à fait corrects mais accusés de ne pas respecter la « dignité et les droits de tous les êtres humains » ou encore du classique refus de financements publics.

La seconde voie, évidente, est celle d'un effet de dissuasion. La censure est d'atmosphère : les scientifiques sont empêchés d'étudier ou d'enseigner certaines questions parce qu'ils ont tout simplement peur des conséquences sur leur réputation, leur carrière et même leur vie personnelle.

 
 
 

« Parce que la plupart des sujets que nous abordons se déroulent au sein de la science académique, où de nombreux scientifiques ont trop peur de dire ce qu'ils pensent, le public n'est généralement pas familiarisé avec ces questions. » Malheureusement, comme nous alertent Coyne et Majora après d'autres cris dans le désert, « lorsqu'elles seront connues de tous, il sera peut-être trop tard ».

Un « cocktail toxique » dans les cheveux des sénateurs ? Les élus victimes d’un laboratoire douteux

L’ENQUÊTE DU DIMANCHE. Terres rares, pesticides, métaux lourds… Un communiqué affolant, diffusé ce 27 juin par 26 sénateurs, repose sur des analyses sans valeur scientifique

Un communiqué alarmiste, repris in extenso dans une dépêche AFP, mais reposant sur les analyses douteuses d'un laboratoire aujourd'hui dans le viseur de la Direction générale de la santé ? Selon les informations du Point, confirmées par plusieurs sources, le laboratoire ToxSeek ferait l'objet d'investigations des autorités sanitaires après des plaintes reçues pour « escroquerie » et pour « exercice illégal de la médecine ».

Spécialisé dans l'analyse toxicologique de polluants environnementaux, on retrouve ce laboratoire au cœur de plusieurs « révélations » et « scandales » retentissants, dont la presse, depuis plusieurs années, s'est largement fait l'écho : riverains de l'accident de Lubrizol, enfants touchés par des cancers pédiatriques à Sainte-Pazanne, bétail « victime d'une intolérance aux champs magnétiques »… Tous seraient « imprégnés » de pesticides, de terres rares et de « métaux à forte dose », ont révélé au fil du temps les analyses de cette société « indépendante », fondée en 2018 par deux experts en marketing, et dont le laboratoire promet d'« identifier une intoxication chronique » en dépistant 49 métaux et 1 800 polluants organiques dans une simple analyse de cheveux.

En ce début d'été, des sénateurs ont eux aussi fait appel à ToxSeek afin de « lancer l'alerte » sur « les substances potentiellement très nocives » retrouvées dans leurs organismes. « Ces prélèvements confirment une contamination universelle », s'affolait le 27 juin leur communiqué, au ton apocalyptique.

Une tendance marketing

Il aura suffi de quelques minutes pour que la machine médiatico-politique s'emballe, entraînant l'opinion dans un de ces tourbillons dont elle est coutumière. Les 26 sénateurs, membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (SER), ont fait prélever un échantillon de leurs cheveux, confiés pour analyse au laboratoire ToxSeek, dont la sénatrice Angèle Préville avait eu connaissance en lisant un article du magazine féminin Marie-Claire qui avait fait tester, en 2018, les cheveux des enfants de ses journalistes avec ce nouveau test, capable d'analyser un nombre « vertigineux » de molécules.

Une formidable invention ! vantait alors l'association anti-pesticides Générations futures, la première à en faire, auprès des médias, une promotion active. « Pesticides, conservateurs, polluants plastiques, parabens, médicaments… Ces produits, même à faible dose, ont un effet de perturbateur endocrinien et présentent des risques cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques et/ou neurotoxiques », alertait alors ToxSeek dans Marie-Claire.

L'article déclenche un vent de panique parmi les lectrices… et des commandes en cascade : la société commercialise en effet des kits à 340 euros, à envoyer par la poste, permettant de connaître son « degré d'exposition ». « J'ai trouvé cet article formidable, on n'en a pas assez parlé », confie au Point Angèle Préville, qui convainc les sénateurs de se faire tester – « à titre gratuit », précise-t-elle, la société acceptant même de se déplacer au Sénat pour faire les prélèvements en juillet 2022.

« Nous sommes tous contaminés ! »

Des mois plus tard, les résultats révèlent la présence de « substances potentiellement très nocives » dans leur organisme. « 93 % des sénatrices et sénateurs ont une présence de terres rares supérieure à la moyenne de la population », apprend-on, sans doute liée à « l'utilisation importante et régulière d'outils de communication […], source de champs électromagnétiques ». D'ailleurs, « trois sénatrices et sénateurs contaminés aux terres rares » déclarent « des symptômes pouvant être associés à une intolérance » aux ondes (fatigue, problèmes de sommeil, difficultés à se concentrer…), tranche le communiqué. 100 % des élus sont aussi « contaminés » au mercure, comme à « au moins un pesticide ».

La sénatrice Angèle Préville court les plateaux de télévision, endossant le costume de « lanceuse d'alerte » : « Si c'est dans nos cheveux, ça veut dire qu'on est contaminés. » Et le président de ToxSeek, Matthieu Davoli, se répand dans les médias. La présence « quasi généralisée » de terres rares, utilisées dans les produits de haute technologie comme les smartphones ou les ordinateurs portables, retrouvées chez les sénateurs l'inquiète. « Sur ce point, les résultats sont supérieurs à la moyenne. C'est lié à l'activité professionnelle des sénateurs, qui les surexpose aux champs électromagnétiques », prétend-il.

Des résultats faussés

Les résultats d'analyses du laboratoire, que Le Point s'est procurés, ont pourtant laissé de marbre les spécialistes auxquels nous les avons soumis : seuils toxicologiques absents ou non renseignés, interprétations farfelues, valeurs manquantes, méthodologie non précisée… « Par exemple, ils indiquent qu'on a trouvé des traces de mercure supérieures à 0,1 microgramme par gramme de cheveux chez tous les sénateurs. Mais cela ne veut strictement rien dire », explique le toxicologue Pascal Kintz, spécialiste du dopage, et l'un des experts en médecine légale les plus réputés au monde. « Si vous mangez plus ou moins de poisson, si vous avez ou non des plombages dentaires, vous aurez des traces plus ou moins importantes de mercure… Évidemment, si on retrouve 15 microgrammes dans vos cheveux, ce sera une alerte. Mais à des concentrations aussi faibles il n'y a rien à en dire. »

« Ces résultats n'ont aucune valeur scientifique », tranche Jean-Michel Gaulier, toxicologue au CHU de Lille et président de la Compagnie nationale des biologistes et analystes experts, qui alerte sur les précautions qui doivent entourer la réalisation et l'interprétation des résultats de l'analyse des cheveux, réputée fiable mais pas pour tous les polluants… Et « certainement pas pour la plupart des substances concernées dans ce dossier, pour lesquelles il n'existe pas de données d'interprétation scientifiquement validées ».

D'abord, car « nous ne sommes pas tous égaux, selon que nous sommes blonds ou bruns, par exemple : la mélanine influe sur les molécules. Ensuite, les concentrations retrouvées dans les cheveux sont généralement très mal corrélées aux doses prises. Quelqu'un qui prend du Lexomil tous les jours aura des concentrations capillaires de bromazépam pouvant varier de 20 à 500 picogrammes par milligramme », détaille-t-il.

L'analyse des cheveux est également soumise au défi des contaminations externes : « Les pesticides, les phtalates, certains métaux sont présents dans l'air, les surfaces, l'eau de la douche… » « De nombreux shampoings sont enrichis en oligo-éléments – zinc, sélénium, cuivre – pour donner des reflets, et ces éléments se fixent dans les cheveux », appuie le Pr Kintz, « faussant les résultats ». « Au point qu'une partie de la communauté scientifique estime que l'analyse des métaux dans les cheveux relève de l'escroquerie », affirme-t-il. Avant d'être analysé, chaque cheveu doit donc être « décontaminé par plusieurs bains successifs de solvants et l'eau des bains, elle-même soumise à analyse », précise Jean-Michel Gaulier. Une complexité qui explique qu'aucun laboratoire sérieux ne propose pas de recherches sur un spectre aussi large que 49 métaux et 1 800 polluants.

Aucun référentiel

Autre écueil, décrypté par Pascal Kintz : « Le cheveu est solide, il faut donc le détruire pour l'analyser sans détruire également la substance que l'on recherche. La préparation est essentielle, et diffère selon chaque laboratoire. Il existe donc une règle absolue : chaque laboratoire doit établir son propre référentiel de population, analysée avec la même méthode et dans le même appareil. Sinon, vos comparaisons ne valent rien ! »

Un référentiel dont le laboratoire ToxSeek ne dispose pas toujours. « Les valeurs de référence se trouvent dans la littérature scientifique et des publications nous permettent d'avoir des bases de population », se défend auprès du Point son fondateur, Matthieu Davoli.

Les résultats envoyés aux sénateurs concernant les métaux retrouvés dans leurs cheveux sont de toute façon peu lisibles. Ainsi, un sénateur présenterait un niveau « à risque » de gadolinium (un métal notamment utilisé comme produit de contraste pour les IRM) dans son organisme… Mais les « seuils de toxicité chronique » indiqués sur sa fiche de résultats ne reposent sur rien : il n'existe aucun seuil dans la littérature scientifique.

 

Extrait du rapport d'analyses ToxSeek

Concernant les polluants organiques, la présentation offerte par le laboratoire est encore plus opaque : «  Les résultats bruts de spectrométrie de masse ont été copiés-collés pour faire sérieux, mais on n'y comprend rien ! L'aire du pic chromatographique de la masse observée doit être comparée à celle obtenue avec une substance de référence pour établir une concentration, mais ce n'est pas le cas. En conséquence, la dernière colonne indique l'aire de ce signal analytique, mais ce signal est-il toxique, courant, habituel ? On n'en sait rien ! Cette donnée ne veut rien dire si elle n'est pas ramenée à une concentration capillaire. Quelle exposition, quelle durée, la dose est-elle toxique ou pas ? Ça ne sert à rien », s'emporte le Pr Anne-Laure Pelissier (CHU de la Timone), présidente de la Société française de toxicologie analytique, qui n'hésite pas à le dire haut et clair : « C'est de l'escroquerie. »

 

 

Extrait du rapport d'analyses ToxSeek

 

Car le laboratoire ToxSeek ne se contente pas de vendre, fort cher, les résultats bruts crachés par sa machine, sans valeurs comparatives ni seuils de référence toxicologiques permettant d'en faire la lecture… Il suggère lui-même des liens, à faire bondir les spécialistes. Et, après avoir surfé sur la vague « anti-pesticides », il a embarqué sur la vague « anti-ondes », inventant des propriétés aux « terres rares » détectées dans ses analyses.

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Obsession anti-ondes

En 2020, des éleveurs de Loire-Atlantique voulant comprendre la mortalité accrue de leurs bêtes et soupçonnant un rôle, qui des antennes-relais, qui des éoliennes, font appel au laboratoire pour analyser les poils de leurs bêtes. ToxSeek développe une théorie : « La contamination aux terres rares est potentialisée par les champs électromagnétiques », ce que l'on appelle l'« effet antenne », alerte le groupe dans un communiqué. « L'augmentation parallèle des champs électromagnétiques (éoliennes, 5G…) et de l'utilisation de métaux à fort pouvoir magnétique pose la question d'un impact sanitaire majeur à venir. »

Se présentant comme à la tête de l'un des seuls laboratoires indépendants au monde à oser faire ces analyses, Matthieu Davoli sonne alors l'alarme dans la presse : « En augmentant l'usage des terres rares et des champs électromagnétiques, on risque de voir de plus en plus de maladies se déclarer dans les années à venir chez une partie de la population. »

Cette histoire démontre avant tout un manque cruel de formation scientifique et d’esprit critique chez un certain nombre de sénateurs et d’élus.

« Aucun mécanisme scientifique ne permet de soutenir cette hypothèse », s'exaspère Sébastien Point, président de la section rayonnements non ionisants de la Société française de radioprotection, également diplômé en psychologie clinique et psychopathologie. « Il n'y a pas d'autre effet biologique prouvé de l'effet des ondes électromagnétiques qu'une infime augmentation de la température, liée à l'agitation de l'eau qui compose le corps humain, quand celui-ci est soumis à de très fortes variations de champ électrique. Et les normes mises en place nous protègent de façon très efficace. Penser que des traces de métaux agiraient comme des aimants relève de la pensée magique ! Cette histoire démontre avant tout un manque cruel de formation scientifique et d'esprit critique chez un certain nombre de sénateurs et d'élus. C'est inquiétant. »

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Fonds privés

Contactée, la société se retranche derrière son « comité scientifique » et le laboratoire avec lequel ToxSeek travaille, « un laboratoire de biologie médicale géré par des docteurs en pharmacologie éminents, auteurs de centaines de publications scientifiques », affirme Matthieu Davoli. Ce laboratoire, I-Mitox, détenu à 70 % par des fonds chinois, est en effet présidé par le Dr Nourédine Sadeg, diplômé en pharmacie à l'université d'Alger en 1986 et auteur d'une thèse en toxicologie. En fait de recherche, il est l'auteur d'un nombre restreint de publications, coécrites avec les membres de son laboratoire, avec lesquels il a par ailleurs inventé un anticancéreux « révolutionnaire » issu de la nanotechnologie baptisé Nano Gun, réputé « efficace sur toute tumeur solide, quelle que soit sa nature et quelles que soient ses propriétés intrinsèques et extrinsèques ». Testé une première fois en 2017 au CHU de Zhejiang, en Chine, le dispositif Imdendrim n'a pas rencontré la notoriété espérée…

Dûment accrédité, le laboratoire réalise toutes les analyses de la société ToxSeek, dont la croissance accompagne la forte montée dans l'opinion publique des préoccupations environnementales. En 2019, les parents désespérés d'enfants souffrant de cancers pédiatriques à Sainte-Pazanne, en Loire-Atlantique, font appel à eux, espérant trouver une cause environnementale commune de la maladie de leurs enfants – Santé publique France conclura à l'absence d'épidémie, tout en maintenant une surveillance. En 2022, l'association des sinistrés de Lubrizol lance une campagne d'analyses, les cheveux de 120 enfants étant analysés par le laboratoire, « pour 29 000 euros », confie au Point son président, Simon de Carvalho – qui décrochera, pour payer, deux subventions publiques.

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La Direction générale de la santé alertée

Les résultats souffrent des mêmes biais que ceux des sénateurs. Et inquiètent les représentants de la profession : « Aucun prélèvement n'a fait l'objet d'une prescription médicale. Et surtout, à quelles fins ces analyses sont-elles réalisées ? Pour quoi faire ? S'agit-il de poser un diagnostic ? De proposer des thérapies ? » s'agace le Dr Jean-Michel Gaulier, qui dénonce des pratiques purement mercantiles, profitant de la crédulité d'un public légitimement inquiet des polluants, nombreux, auquel il est exposé.

Le laboratoire I-Mitox, dirigé par M. Sadeg, produit-il des analyses valables ? « Il se présente sur son site Internet comme membre de la Société française de toxicologie analytique. Je la préside : c'est faux », cingle Anne-Laure Pelissier, qui dénonce l'interprétation abusive faite par le laboratoire de résultats non probants. « Il est très facile de sortir des résultats d'une machine. Toute la difficulté réside dans leur interprétation, un travail que les professionnels doivent exercer dans un cadre scientifique et médical rigoureux », insiste-t-elle. « Certaines populations sont plus exposées que d'autres, dans des territoires spécifiques. Cela existe, et cela a été décrit. Mais créer des paniques dans la population nuit au travail rigoureux de la recherche. Nous sommes clairement sur de l'intox ! »

 
 
 

Selon les informations du Point, la Direction générale de la santé, alertée, aurait diligenté une enquête, confiée à un collège de spécialistes. Le groupe ToxSeek, lui, poursuit son expansion : selon son président Matthieu Davoli, des « contacts » auraient été pris avec la NHS britannique et l'université de Leeds pour « développer une intelligence artificielle qui utiliserait les résultats du laboratoire pour identifier des biomarqueurs de maladies ». Sale temps pour les antennes 5G et autres compteurs Linky…

 

Changement de genre des mineurs : l’appel de personnalités aux médias

140 scientifiques et intellectuels publient dans la presse européenne un manifeste réclamant une information impartiale à l’attention des jeunes.

Le collectif franco-belge de professionnels de l'enfance (médecins, psychologues, enseignants, universitaires) de l'Observatoire de la Petite Sirène a pris l'initiative de publier dans la presse de plusieurs pays d'Europe un manifeste afin d'alerter le grand public sur la nécessité d'avoir accès à une information impartiale dans les médias et les institutions publiques sur le « changement de genre » chez les mineurs (la « dysphorie de genre » est le sentiment ou la souffrance qui peuvent être exprimés par des personnes dont l'identité de genre ne correspond pas à leur sexe biologique et qui souhaitent, pour certains, changer de genre en effectuant une transition sociale et éventuellement médicale à un âge trop précoce).

En créant l'Observatoire des discours idéologiques sur l'enfant et l'adolescent (www.observatoirepetitesirene.org) et en publiant La Fabrique de l'enfant-transgenre, de Caroline Eliacheff et Céline Masson (Éd. de l'Observatoire, 2022) et La Dysphorie de genre, de Jean-Pierre Lebrun et Charles Melman (Éd. Érès, 2022), l'Observatoire de la Petite Sirène alerte sur les dérives possibles d'une médicalisation trop rapide pouvant donner lieu à des modifications corporelles irréversibles, notamment chez des adolescents présentant, pour certains, des problèmes psychopathologiques qu'il est impérieux de traiter par une approche non affirmative.

 
Le manifeste

« Nous, scientifiques, médecins et universitaires des sciences humaines et sociales, appelons les médias du service public et les médias privés de France, de Belgique, d'Allemagne, du Royaume-Uni, de Suisse et d'autres pays d'Europe à présenter fidèlement les études sérieuses et les faits scientifiquement établis concernant le “changement de genre” des enfants dans les émissions destinées à un large public. Concernant l'éducation à la sexualité, nous appelons au respect du rythme des enfants et des adolescents dans les préconisations des écoles et des plateformes éducatives.

À l'heure actuelle, trop d'émissions et de reportages véhiculent de manière univoque les revendications infondées des militants transaffirmatifs, souvent sans objectivité. Des enfants et des adolescents sont exhibés sur des plateaux télé avec leurs parents afin de montrer à quel point le changement de genre (euphémisation pour parler de sexe) est bénéfique, sans que jamais personne n'émette la moindre réserve, ni ne donne les données scientifiques relativisant les bienfaits de ces transformations à moyen et long terme, ou les risques des traitements. Les scientifiques qui seraient critiques n'ont aucune place, ou pire encore se font insulter avant tout débat. Ces émissions répétitives ont un effet d'endoctrinement sur les jeunes et que les réseaux sociaux accentuent.

La science se moque de votre opinion

CHRONIQUE. Face à la méfiance des Français à l’égard de la parole scientifique, il est urgent de rappeler la différence entre croyances et connaissances.

Cela peut vous sembler être un cri de colère, mais cette déclaration somme toute un peu sévère traduit notre relation malheureuse à la science et aux scientifiques. C'est, en tout cas, ce que reflète une étude récente qui conclut qu'un Français sur deux seulement voit dans les sciences une source d'information fiable et a confiance dans les médecins. Alors qu'on pensait que la crise sanitaire avait révélé le rôle de la science et de ses acteurs, on a l'amère impression de revenir à une époque où les croyances prenaient le pas sur les connaissances. Jusqu'à obtenir plus de 80 % des Français qui souhaitent collecter plusieurs opinions avant de dessiner un avis. Mais la science se moque des opinions, car elle s'appuie sur la méthode scientifique.

Contrairement au raisonnement scientifique, une opinion n'est pas systématiquement fondée sur des faits. Par définition, elle est subjective et elle peut être soumise à des biais émotionnels et de confirmation qui viennent orienter, déformer, voire fausser notre jugement – bon ou mauvais. Il faut distinguer une hypothèse et une théorie encore non démontrée d'une opinion. Une hypothèse est une supposition non tranchée et argumentée, même partiellement ; une théorie est un ensemble de conditions, de règles et de principes pour traduire un phénomène. Même si des théories admises parfois massivement attendent encore d'être démontrées, elles s'appuient sur des idées articulées, justifiées et raisonnées. C'est par cette distinction pourtant simple que l'on aurait pu éviter les propos de bon nombre de personnalités – scientifiques et médecins – donnant leur opinion dans les médias depuis le début de la crise sanitaire. Car les scientifiques peuvent aussi, par accident ou malhonnêteté intellectuelle, donner leur avis en oubliant la méthode qui les a pourtant formés.

Penser contre soi-même

Que l'on s'entende, on peut prendre position pour une théorie, mais ce n'est en aucun cas une opinion au sens premier du terme. Pour s'en convaincre, il faut relire la philosophie de Platon, qui oppose l'opinion à la science, en l'assimilant aux croyances et à l'illusion. La position scientifique est, au contraire, une réflexion motivée par des arguments et des idées faisant consensus au sein d'une communauté. On parle d'écoles de pensée pour différencier ces réflexions. C'est de là que naissent les débats d'idées et les essais qui creusent et défendent une thèse, tout en défilant une antithèse pour penser contre soi-même. Cette image dans un monde idéal est pourtant bien éloignée des livres d'opinion qui se bousculent à chaque sortie littéraire et que l'on présente néanmoins comme des analyses objectives.

Pour finir, on dira qu'on ne compense pas un doute par une opinion mais qu'on doit, en revanche, déclarer : « Je ne sais pas. » Et que, même si une majorité d'individus ont la même opinion, cela ne fait pas d'elle une vérité. Quelle est votre réflexion – et non votre opinion – sur ce sujet ?

Par

"Certains articles sont objectivement faux" : comment les revues scientifiques sont de plus en plus victimes de fraudes

Faux articles, faux auteurs ou textes douteux générés par des algorithmes... Certaines études scientifiques arrivent parfois à tromper des revues scientifiques, y compris les plus sérieuses.

On trouve de plus en plus de publications scientifiques frauduleuses produites par des logiciels. Elles réussissent parfois à duper des revues scientifiques. Le Covid-19 a-t-il servi d’accélérateur à la publication de fausses études scientifiques ? Rien que sur le coronavirus, plus de 600 000 études ont été produites en 2020. Certaines ont été publiées dans des journaux scientifiques et revues par un comité de lecture, d’autres plus simplement sur des plateformes Internet, comme BioRxiv ou MedRxiv [sites en anglais]. Mais le problème c’est que souvent, sous la pression de l’urgence, les chercheurs ont mis directement en ligne leurs travaux. "C’est comme si on avait accès à un brouillon de recherche", explique Guillaume Cabanac, maître de conférences en informatique à l’université de Toulouse.

Certes, ces études parfois parcellaires ont permis de répondre rapidement à de nombreuses questions : comment le virus attaque notre système immunitaire ? Comment se diffuse-t-il dans les lieux clos ? Mais on a médiatisé prématurément des recherches qui n’étaient pas abouties, et dont certains résultats se sont révélés faux. Là où le processus de relecture et de contrôle par des pairs prend des mois, il a parfois été réalisé en quelques jours. Résultat : selon le site Retraction Watch [site en anglais], 40 000 études ont été rétractées, dont plus de 190 sur le Covid-19.

Des générateurs automatiques de texte

Mais il y a plus grave : selon le rapport de Pierre Corvol publié en 2016, les études frauduleuses représentent désormais près de 2% des études publiées chaque année. Cela peut sembler peu, mais sur 600 000 études consacrées au Covid-19, il en existerait de fait 12 000 potentiellement frauduleuses.

Il est d’autant plus facile d’en produire aujourd’hui qu’il existe de nouveaux outils numériques pour le faire. L’informaticien français Cyril Labbé, maître de conférences en informatique à l’université Grenoble Alpes, s’est fait connaître en créant un personnage fictif : Ike Antkare. Cet avatar est devenu en 2010 plus cité qu’Albert Einstein. "J’ai utilisé SciGen, un générateur automatique de textes scientifiques, créé par des étudiants du MIT en 2005 pour tester la qualité de conférences scientifiques, explique le professeur. Le résultat est un très beau texte dans un bon anglais mais qui n’a aucun sens." 

Pour aider ses confrères à repérer les faux articles, l’informaticien a ensuite créé un logiciel appelé SciDetect. Pourtant, cette année encore, avec son collègue Guillaume Cabanac, il a identifié plusieurs centaines d’études générées par algorithme, dans des revues scientifiques. C’est le cas notamment d’une pseudo étude consacrée à la "surveillance de l’écosystème marin par capteurs wifi et musique traditionnelle" [site en anglais]. Aussi improbable qu’elle soit, elle a été publiée dans la revue Arabian Journal of Geosciences, qui appartient au géant de l’édition scientifique Springer. Plusieurs mois après avoir été signalée, elle a finalement été retractée début novembre. Et le phénomène risque de s’amplifier, car les systèmes de générateurs de textes automatiques ne cessent de progresser avec l’avènement de la famille des GPT (transformateur génératif pré-entraîné), un modèle de langage développé par la société OpenIA d’Elon Musk.

De fausses études sont aussi proposées à l’échelle industrielle. Elisabeth Bik, microbiologiste néerlandaise a découvert, avec d’autres chercheurs, l’existence d’un business de production de faux articles scientifiques : les "paper mills" (traduction : "usines à papiers"). Des entreprises cachées dans l’anonymat relatif d’Internet proposent de faux papiers scientifiques contre rémunération. "Certains articles sont objectivement faux, affirme-t-elle. L’un d’entre eux, consacré au cancer de la prostate, affirme que la moitié des patients sont des femmes."

La jungle des revues "prédatrices"

Un autre acteur est venu brouiller les cartes : les revues "prédatrices". Elles viennent concurrencer de grands éditeurs historiques comme Wiley, Springer Nature, Taylor & Francis, ou encore Elsevier qui possède The Lancet. Aujourd'hui, ils pèsent lourd sur le marché, à côté de sociétés savantes qui détiennent aussi leur maison d’édition et leurs revues scientifiques comme IOP Publishing [site en anglais]. Les universités doivent leur payer de très coûteux abonnements à ces prestigieuses revues scientifiques afin que leurs étudiants et chercheurs y aient accès.

A contrario, les éditeurs "prédateurs", eux, proposent de faire payer moins cher les chercheurs pour publier leur article. Et ils leur promettent de fortes retombées, avec une relecture sérieuse par les pairs. Mais ce contrôle n’est pas effectué. Dans les faits, en 24 heures, un article peut être accepté, même s’il n’a aucun sens. Parfois, les membres de ces soi-disant comités éditoriaux n’existent même pas, ou sont décédés depuis longtemps. Pour duper les chercheurs, certaines de ces revues jouent aussi sur l’ambiguïté : elles choisissent un titre proche de celui d’une revue réputée. Identifier ces acteurs prédateurs n’est pas chose facile.

Pour alerter ses confrères, le bibliothécaire de l’université de Denver (Colorado), Jeffrey Beall, a bien tenté d’établir une liste de ces revues, qui est devenue une référence internationale. Mais il s’est retrouvé menacé de poursuites. Il a donc dû la retirer. Aujourd’hui, seule la société Cabell’s [site en anglais] a établi un classement de plus de 14 000 titres douteux, selon Hervé Maisonneuve du blog Rédactions Médicales. Mais elle fait payer si cher l’accès à son service qu’aucune université française n’y est abonnée.

Des revues sérieuses qui se font berner

Même dans des revues pour lesquelles il existe un comité de lecture, des études frauduleuses peuvent berner les pairs. C’est ce qui est arrivé au journal médical The Lancet en juin 2020. Une étude consacrée aux risques sur la santé de l’hydroxychloroquine à partir de données recueillies par l’entreprise Surgisphere a dû être retractée quelques semaines après sa publication, compte tenu de l’existence de soupçons sur l’origine des données. "Après l’affaire Surgisphere, nous avons dû changer nos politiques éditoriales, reconnait Naomi Lee, médecin, rédactrice en chef au Lancet, Nous demandons maintenant à ce qu’il soit très clairement spécifié quel auteur de l’étude a eu accès aux données brutes, et qu’il soit bien le garant de ces données." 

Chérifa Boukacem-Zeghmouri, professeure des universités en sciences de l'information et de la communication à l'Université Lyon 1, renchérit : "Il y a aujourd’hui une crise des relecteurs. Il y a beaucoup plus d’auteurs, en Chine, en Asie, en Afrique. Mais le nombre d’experts n’a pas autant augmenté."

Des sanctions rares malgré les signalements

Quand il y a soupçon de fraude, les revues sont souvent contactées par des lanceurs d’alerte. Mais elles ne font pas d’investigation elles-mêmes. Elles demandent à l’auteur ou à son laboratoire de s’en charger. Quelques pays comme les États-Unis, le Danemark ou la Suède sont dotés d’organismes indépendants d’enquête sur l’intégrité scientifique. En France, c’est un "référent intégrité scientifique" au sein de chaque organisme de recherche ou université qui doit conduire l’enquête.

Rémy Mosseri, référent au CNRS reconnaît avoir eu 120 signalements, 66 saisines, et a dû rédiger une vingtaine de rapports pour défaut d’intégrité scientifique depuis le début de sa mission en 2018. "Près de la moitié des cas concerne la biologie. Plus d’un tiers des questions de plagiat, 20% des cas relèvent de manipulations de données scientifiques, et il y a un nombre important de désaccords sur qui doit signer les études", explique le physicien. Une commission administrative paritaire se prononce ensuite sur d’éventuelles sanctions. Selon la direction du CNRS, en trois ans, quatre sanctions ont été prononcées, et une personne n’a pas obtenu sa titularisation, suite à des plagiats, fabrications ou falsifications de données.

Un risque de décrédibilisation de la science

Si le nombre de fausses études publiées ne cesse d’augmenter, c’est parce que pour certains, le système est devenu un "pousse au crime". Publier son travail permet certes de faire connaître sa recherche pour construire un socle de connaissances commun, mais c’est aussi un moyen d’obtenir des financements pour ses recherches dans un monde de plus en plus compétitif. Le poids pris par le classement de Shanghaï, qui publie depuis 2003 la liste des universités et instituts de recherche les plus prestigieux en fonction du nombre de citations des publications de leurs chercheurs, a accentué cette pression.

Mais la publication de ces fausses études peut être dommageable pour les scientifiques, et pour les citoyens eux-mêmes. On l’a vu avec l’affaire de la méta-analyse d’Andrew Hill sur l’ivermectine. Ce pharmacologue de l’université de Liverpool avait compulsé les méthodes et les résultats d’une vingtaine d’essais cliniques sur plus de 3 000 patients traités avec cet antiparasitaire contre le Covid-19. Son analyse en janvier dernier estimait que ce traitement réduisait la mortalité de 56%, et devait être prescrit en dehors des essais cliniques. Certaines personnes ont alors pris de l’ivermectine pensant éviter la maladie. En regardant de plus près les données de certains essais cliniques notamment en Égypte, en Iran, et encore récemment au Liban, les chercheurs ont cependant identifié des fraudes. "Nous ne voyons aucun effet de l'ivermectine sur la survie, ni sur la récupération clinique", a dû admettre Andrew Hill à la presse britannique.

De son côté, Patricia Murray, professeure à l’université de Liverpool, s’inquiète de la non-rétractation d’une étude écrite notamment par un chirurgien italien, Paolo Macchiarini, et publiée dans The Lancet en 2008. Il est aujourd’hui mis en cause pour fraude dans le cadre de plusieurs autres études consacrées à une technique d’opération de la trachée. Plusieurs de ses patients sont morts. "Certains médecins dans d’autres pays peuvent se dire, en s’appuyant sur cet article, que c’est une technique qui marche et qu’ils peuvent la tenter sur leurs patients", déplore la lanceuse d’alerte. Le risque à terme, c’est que l’image même de la science soit endommagée, que le public perde confiance dans ses méthodes, et se détourne du rationnel pour se réfugier dans la croyance.

Cellule investigation de Radio France - Anne-Laure Barral
Radio France
 
Publié

 

 

ttps://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/enquete-les-etudes-scientifiques-elles-aussi-victimes-des-fraudeurs_4833107.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20211106-[lestitres-colgauche/titre1]

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