microbiote, la révolution intestinale

Publié le par ottolilienthal

Le cancer colorectal augmente chez les jeunes, mais l’alimentation peut vous protéger...

Les personnes de moins de 50 ans souffrent de plus en plus de ce cancer, dans plusieurs pays du monde. L’alimentation serait en partie liée à cette augmentation, et certains aliments pourraient être protecteurs....

Longtemps réservé aux personnes âgées, le risque de cancer augmente dangereusement chez les personnes de moins de 50 ans. C’est notamment le cas du cancer colorectal, deuxième cancer le plus meurtrier en France. Des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer à Lyon et de la Société américaine du cancer à Atlanta (États-Unis) ont étudié l’incidence de ce cancer dans 50 pays dans le monde, montrant qu’il augmentait chez les adultes jeunes dans la moitié de ces pays, y compris la France. Leurs résultats ont été publiés le 11 décembre 2024 dans The Lancet Oncology.

Le cancer colorectal augmente chez les adultes jeunes dans la moitié de pays analysés

Les auteurs ont analysé les données de santé de 50 pays jusqu’à 2017, dont 27 en Europe, 11 en Asie, neuf d’Amérique, deux d’Océanie et un d’Afrique. L’incidence de ce cancer chez les moins de 50 ans augmentait dans 27 de ces pays, une augmentation qui a commencé dans les années 90 en Amérique du Nord et dans le nord de l’Europe (Suède, Danemark, Pays-Bas), dans les années 2000 en France, Angleterre et Australie, entre autres, et plus récemment en Biélorussie. Les pays où ce cancer augmente le plus rapidement sont la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Porto Rico et l’Angleterre.

 

Étonnamment, dans de nombreux pays, cette hausse affecte uniquement les jeunes adultes, alors que l’incidence chez les personnes de plus de 50 ans reste stable (c’est le cas de la France) ou au contraire diminue (c’est le cas de l’Angleterre et des États-Unis). “Ce shift générationnel du risque de cancer souligne l’émergence de facteurs environnementaux ou d’hygiène de vie qui affectent particulièrement les enfants et les jeunes adultes des générations plus récentes, concluent les auteurs. Ils ont été probablement les premiers à être exposés dès un jeune âge à une alimentation nuisible et à la sédentarité.”

Certains aliments diminuent ce risque

Car l’alimentation jouerait un rôle majeur dans le risque de développer cette maladie. Des études précédentes avaient déjà montré par exemple que l’obésité durant l’adolescence augmente ce risque. Une étude publiée le 28 novembre 2024 dans la revue European Journal of Nutrition par des chercheurs de l’Université Flinders en Australie va plus loin et explore l’implication de certains aliments dans ce risque de cancer colorectal. Les auteurs ont analysé les données de santé et l’alimentation de plus de mille personnes, pendant une dizaine d’années. Les participants qui mangeaient davantage de fibre (présente dans les fruits, les céréales complètes et les légumes) et d’acides gras insaturés (présents dans les poissons gras et les huiles végétales) présentaient un risque moindre de développer un cancer colorectal.

Des résultats qui confirment ceux d’une revue systématique publiée par la même équipe en juillet 2024 dans Nutrition Reviews, qui a analysé 28 études réalisées avant juin 2023. Selon ces études, une alimentation riche en fruits, céréales complètes, légumes et produits laitiers était protectrice contre ce cancer. Alors qu’une consommation élevée de viande rouge, alcool et boissons sucrées augmentait le risque de développer ce cancer. “Les aliments riches en fibres, tels que les fruits et les légumes, favorisent un microbiote sain, ce qui peut réduire l’inflammation du système digestif, explique dans un communiqué Yohannes Melaku, auteur de l’étude publiée en novembre. Avec le nombre croissant de cancers digestifs dans le monde, notamment chez les personnes de moins de 50 ans, il est temps d’agir pour protéger notre santé digestive. Les fibres et les acides gras sains devraient faire partie intégrante de l’alimentation de tout un chacun.

Par Nicolas Gutierrez C. le

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-cancer-colorectal-augmente-chez-les-jeunes-mais-l-alimentation-peut-vous-proteger_183037?utm_source=firefox-newtab-fr-fr

 

Les populations urbaines ne savent (presque) plus digérer les plantes...

En 2003, nous apprenions que les êtres humains hébergeaient, comme les ruminants, des bactéries intestinales capables de décomposer la cellulose, que l’on retrouve dans les plantes. Une récente étude précise que la plupart de ces bactéries ont disparu avec l’urbanisation de nos modes de vie. Chez les populations rurales, elles subsistent.

À l’automne 2022, une étude publiée par l’université de Cambridge nous éclairait sur les habitudes alimentaires des Néandertaliens et des Homo sapiens. Nous apprenions que les hommes préhistoriques avaient une alimentation plutôt variée, et que leurs plats étaient agrémentés de graines et de plantes.

Au fil du temps, les populations urbaines ont cessé de consommer des plantes au point d’avoir perdu une grande partie de notre capacité à digérer la cellulose, qui en est un composant essentiel. Ce constat a été fait par une équipe internationale composée de chercheurs israéliens, allemands, britanniques et américains. Les conclusions de leurs investigations sont parues ce vendredi 15 mars dans la revue Science.

De précieuses bactéries intestinales

La cellulose est le principal composant des parois cellulaires des plantes, ce qui en fait le polymère le plus répandu sur Terre. On retrouve ce glucide, qui constitue le principal composant des fibres alimentaires, dans divers matériaux tels que le coton et le bois, rappelle Ars Technica qui a repéré cette étude. Pour l’humanité, il revêt donc une importance capitale.

Ce composé chimique, qui est constitué d’un ensemble de molécules de sucre liées entre elles, est difficile à exploiter en tant que source alimentaire, du fait de sa dureté. De manière générale, les animaux qui réussissent à extraire de la cellulose des calories suffisamment importantes y parviennent grâce à leurs tubes digestifs spécialisés qui abritent des bactéries symbiotiques. C’est notamment le cas des vaches et autres ruminants.

En 2003, des recherches indiquaient que les êtres humains hébergeaient, eux aussi, des bactéries intestinales capables de décomposer la cellulose. La récente étude précise que nos modes de vie urbains ont entraîné une chute spectaculaire de leur nombre, tandis que les populations rurales en posséderaient encore un nombre élevé. Certaines nous auraient été transmises par le biais de notre ascendance primate, tandis que d’autres seraient issues du processus de domestication d’animaux herbivores.

La clé d’une alimentation riche en fibres

Depuis 2003, période à laquelle les bactéries mangeuses de cellulose qu’hébergent les êtres humains ont été découvertes, une seule espèce de ce groupe a été identifiée, précise le site internet. Les recherches dont les conclusions ont été rendues publiques cette semaine avaient donc pour objectif de se faire une idée plus complète de la vie qui prolifère dans nos intestins.

Dans cette optique, l’équipe internationale s’est mise en quête d’échantillons prélevés dans des intestins d’êtres humains et de ruminants. Le but : recueillir l’ ADN des bactéries qui y vivent, afin d’en analyser le séquençage. Au total, les chercheurs ont identifié vingt-cinq génomes de ruminants et vingt-deux génomes humains. Une analyse évolutive a suggéré qu’il existait quatre groupes distincts d’espèces digérant la cellulose chez l’humain.

Afin de mieux cerner ces bactéries, les scientifiques se sont efforcés d’obtenir davantage d’échantillons d’intestins humains, ainsi que ceux d’autres primates. Surtout, ils ont analysé des excréments que des êtres humains ont laissés derrière eux il y a plus de mille ans. Au total, près de 2 000 échantillons ont été récoltés.

Il s’avère que certaines des bactéries que notre microbiote abrite ont des "ancêtres" chez de nombreux primates (les macaques, les babouins, les gorilles et les chimpanzés), mais ne sont, en revanche, pas les mêmes que celles l’on retrouve chez les ruminants, poursuit Ars Technica.

Aussi, les experts ont remarqué que la prévalence de ces bactéries intestinales évoluait selon nos habitudes alimentaires. Concrètement, les chasseurs-cueilleurs d’aujourd’hui (et les populations qui vivent en milieu rural) ont conservé une alimentation très riche en fibres. La prévalence de ces espèces digérant la cellulose s’élève, chez eux, à 20 % environ. Néanmoins, dans les pays industrialisés, celle-ci est inférieure à 5 %. Plus le régime alimentaire d’une population est riche en fibres, plus ses bactéries digérant la cellulose sont diversifiées.

Des bactéries nécessaires à notre santé

Un autre enseignement intéressant de cette étude réside dans le fait qu’une certaine forme de digestion de la cellulose se poursuit dans nos intestins, même si nous ne disposons pas de structures spécialisées pour la digérer. Cette aptitude varie en fonction de notre alimentation.

Dans le détail, les bactéries qui digèrent la cellulose le font à leurs propres fins. Toutefois, les enzymes dont elles se servent pour la digestion doivent être exportées hors des cellules de manière systématique, parce qu’il est impossible d’importer les polymères dans les cellules bactériennes, vulgarise le même média. Voilà pourquoi au moins une partie des produits de la digestion sera absorbée par notre système digestif humain.

Retenons, enfin, que même si ces bactéries ne représentent qu’une infime partie de notre aptitude à transformer les aliments, elles constituent une contribution essentielle à notre santé.

 

GEO (avec 6medias)

https://www.geo.fr/sciences/les-populations-urbaines-ne-savent-presque-plus-digerer-les-plantes-cellulose-intestins-bacteries-disparition-ruraux-219317?utm_source=pocket-newtab-fr-fr

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