virus informatique, mot passe...

Publié le par ottolilienthal

L’éditeur des logiciels Avast et AVG a collecté pendant des années les données de navigation sur le Web de leurs utilisateurs. Avast Software a dû faire marche arrière.

 

 

« En tant que président-directeur général d’Avast, je me sens personnellement responsable, et je présente mes excuses à toutes les personnes concernées. » Mercredi 29 janvier, après quelques jours de polémique, Ondrej Vlcek a fini par faire part de ses regrets et annoncer des mesures radicales. Quelques jours plus tôt, une enquête conjointe des médias américains Motherboard et PCMag révélait que deux antivirus édités par son entreprise, Avast et AVG, collectaient des informations très précises sur les habitudes de navigation sur le Web de leurs utilisateurs, qui étaient ensuite revendues à des entreprises comme Google, Microsoft, Pepsi ou L’Oréal.

Ces deux antivirus sont très utilisés – l’éditeur tchèque revendique 435 millions d’utilisateurs dans le monde. Ils sont réputés pour leur efficacité à bloquer les logiciels malveillants et disponibles dans des versions gratuites populaires auprès des particuliers. Mais sont aussi capables de récolter des données de leurs utilisateurs.

Celles qui ont été revendues à des tiers vont des recherches effectuées sur les moteurs aux visites de pages LinkedIn, en passant par les vidéos YouTube, les consultations de sites pornographiques, et parfois même les mots-clés saisis sur ces sites. Selon l’éditeur, ces informations sont anonymisées avant d’être partagées aux entreprises qui les achètent.

La filiale incriminée va être fermée

Les journalistes de Motherboard et PCMag sont parvenus à obtenir des contrats confidentiels établis par Jumpshot, filiale d’Avast chargée de revendre les informations collectées par les deux antivirus sur plus de 100 millions d’appareils selon elle.

L’enquête des journalistes a bousculé l’éditeur de logiciels, qui a annoncé quelques jours plus tard la fermeture progressive de Jumpshot – et laissé entendre que des centaines d’employés pourraient être licenciés. « Toute pratique qui compromet la confiance des utilisateurs est inacceptable », a justifié Ondrej Vlcek.

Et le métier de Jumpshot n’est pas de nature à susciter la confiance. Dans un communiqué de presse daté de juillet dernier, la filiale se présentait comme « l’unique entreprise qui déverrouille les données abritées dans un jardin fermé [et] fournit aux professionnels du marketing une meilleure visibilité sur le parcours du consommateur dans son entièreté ». Dans un message Twitter publié récemment, l’entreprise déclarait collecter « chaque recherche. Chaque clic. Chaque achat. Sur chaque site ».

Une collecte très précise

Selon Motherboard, les clients de Jumpshot auraient payé des millions de dollars pour acquérir ces produits « incluant “l’enregistrement de tous les clics” [All Click Feed], qui traque de façon extrêmement précise le comportement des utilisateurs, leurs clics, et leurs mouvements sur [un site Internet précis] ».

Ces informations sont tellement détaillées que, selon des experts consultés par Motherboard, il serait théoriquement possible de retrouver l’identité de certains internautes. Même si les noms, courriels, numéros de téléphone et adresses IP sont anonymisés, les données de chaque internaute sont rattachées à un identifiant unique. Ainsi rassemblées, elles forment une source d’information sur laquelle on pourrait se baser pour identifier l’internaute.

Dans une lettre ouverte où il détaille les modalités de la fermeture de Jumpshot, le président-directeur général d’Avast Software, Ondrej Vlcek, a tenu à souligner que la collecte de données s’était toujours faite « dans les limites de la loi ». Tout en précisant que, « du fait de la nature changeante des menaces qui planent sur les internautes, nous nous concentrerons sur l’innovation et l’amélioration de nos solutions au bénéfice des utilisateurs et de la protection de leur vie privée ». Avast Software n’a toutefois pas, pour le moment, pris l’engagement d’effacer les données collectées dans le passé.

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