inflation et récession sont dans un bateau...

Publié le par ottolilienthal

Le risque de récession mondiale passe à 60 pour cent suite aux tarifs douaniers de Trump...

La probabilité d’une récession mondiale cette année est passée à 60 pour cent, selon les analystes de J.P. Morgan. Ce bond significatif par rapport à l’évaluation précédente de 40 pour cent est attribué à la récente mise en œuvre par le président Trump de tarifs douaniers radicaux.

Ces tarifs comprennent un droit de base de 10 pour cent sur toutes les importations aux États-Unis, ainsi que des prélèvements plus élevés imposés à de nombreux autres pays. Les stratèges de J.P. Morgan considèrent les politiques américaines perturbatrices comme la principale menace pour les perspectives économiques mondiales tout au long de l’année. Ils soulignent que la politique commerciale américaine est devenue moins favorable aux entreprises que prévu initialement.

Impact des tarifs douaniers

L’impact de ces droits de douane devrait être amplifié par des mesures de rétorsion de la part d’autres pays, une baisse de la confiance des entreprises américaines et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Les inquiétudes concernant le risque de récession sont partagées par d’autres sociétés de courtage de Wall Street, telles que Barclays et Deutsche Bank, qui préviennent que les nouveaux prélèvements de Trump pourraient pousser l’économie américaine vers un ralentissement.

Réponse de la Réserve fédérale

Malgré ces inquiétudes, J.P. Morgan prévoit que l’impact des droits de douane sera quelque peu atténué par la possibilité de nouvelles baisses de taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale. La société de courtage maintient sa prévision de deux réductions de taux de 25 points de base en juin et en septembre. Les attentes du marché prévoient actuellement un total de quatre baisses de taux en 2025.

https://fr.businessam.be/le-risque-de-recession-mondiale-passe-a-60-pour-cent-suite-aux-tarifs-douaniers-de-trump/



J’aime l’explication de Milton Friedman....:

"L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle n’est et ne peut être produite que par une augmentation plus rapide de la quantité d’argent que de la production."

Nous pouvons alors discuter si une augmentation monétaire au-dessus de la croissance prend plus ou moins longtemps pour induire un impact sur l’inflation.

Dans le cas présent, l’impression monétaire a été abusée depuis 2008 et ce n’est qu’à partir de 2021 que nous avons vu ce mouvement se refléter dans l’inflation. Mais cela signifie seulement que les canaux de distribution monétaire peuvent retarder l’arrivée des prix, si l’excès monétaire affecte d’abord les actifs financiers (bourse, obligations, prix immobiliers, cryptos).

Mais tôt ou tard, les vases communicants finiront par générer un fort impact sur les prix et ensuite il est compliqué de reconduire l’inflation, sans réduire l’excès monétaire (via crise économique, faillites, QT massif, etc.). Si en plus, les BC remonétisent la dette, pour aider les états à financer leurs investissements (réarmement, transition énergétique, budgets), l’inflation ne fera que croître jusqu’à exploser. Et s’ils cessent de monétiser, le système s’effondre par manque d’investisseurs qui prennent soin de tout l’excès de dette.

Nous sommes déjà dans cette dynamique, le résultat est une crise ...
 

Quark sur son blog, 24 03 25

 

 

Ménages et entreprises avancent en plein brouillard. Alors, ils s’adaptent. Pour les premiers : économiser dès qu’ils le peuvent. Résultat, un effort d’épargne hors normes : ils ont mis de côté 9,1% de leurs revenus au second semestre 2024. Du jamais vu depuis 1949, excepté la parenthèse Covid. Et les encours ? Explosifs, proches de 6 500 milliards d’euros, soit deux fois la dette publique française. Côté entreprises, les anticipations sont dégradées et l’ajustement s’effectue à tous les niveaux avec ce leitmotiv : réduire les coûts au maximum. Les dépenses courantes sont serrées, les projets de recrutements au mieux différés, au pire annulés, et l’investissement subit le même sort.

Un contexte géopolitique explosif

Si l’incertitude est si forte, c’est que le contexte géopolitique est plombé par les conséquences de la guerre en Ukraine et le retour de Donald Trump aux affaires. La combinaison des deux est hautement inflammable. Très concrètement, la guerre en Ukraine a fait dévier la trajectoire des prix : d’abord celle de l’énergie, puis, via des effets de second tour, celle de l’inflation générale. Avec cette double certitude : 1) jamais les prix ne reviendront à leurs niveaux d’avant le début du conflit, et 2) la volatilité s’est installée de façon durable.

Face à ces évolutions, conserver voire renforcer son épargne restera une priorité pour les particuliers. Le contexte est identique pour les entreprises et inévitablement plus délicat pour les industriels, gros consommateurs d’électricité, qui voient de surcroît s’élargir l’écart de leurs coûts avec la concurrence américaine. De quoi remettre en cause tous les projets d’investissement, voire le maintien des lieux de production sur le territoire.

Défense et finances publiques : l'équation impossible

L’agressivité de la Russie et le désengagement des États-Unis ont agi comme un électrochoc : les gouvernements ont pris conscience de la fragilité militaire européenne. Un impératif absolu donc : renforcer les budgets défense. L’objectif pour la France est de passer rapidement d’un effort de 2% à 3% du PIB, soit 10 milliards d’euros à trouver en plus. La piste d’un nouveau tour de vis fiscal est a priori exclue. L’emprunt ? Non. La France est surendettée et sous étroite surveillance des agences de notation. Reste à couper dans les dépenses. Mais lesquelles ? Le flou règne en la matière. Une incertitude de plus.

L’Allemagne change de cap, les marchés s'affolent

Autre interrogation, la solidité de l’économie européenne en général, et de l’Allemagne en particulier, notre principal partenaire. Le nouveau chancelier a surpris tout le monde en brisant le dogme de la rigueur budgétaire en annonçant sa volonté de créer un méga fonds spécial d’investissement doté de 500 milliards d’euros pour relancer une économie en récession. Un virage à 180 degrés pour sortir de l’ornière, dont les effets ne seront pas immédiats.

En revanche, la pagaille mise sur les marchés obligataires a été instantanée : en une journée, le taux à 10 ans s’est envolé de 30 points de base, la plus forte hausse journalière depuis la chute du mur de Berlin. La contagion a été immédiate en Europe, les taux français suivant notamment la même séquence. Nervosité extrême, imprévisibilité totale des taux font du service de la dette un grand point d’interrogation, alors qu’il est près de devenir le premier budget de l’État.


Guerre commerciale : un nouveau choc pour l'économie

Reste les conséquences de la guerre commerciale avec l’administration Trump. France et États-Unis entretiennent des échanges commerciaux denses, longtemps équilibrés, qui ont tourné en faveur de l’Oncle Sam depuis la substitution des importations d’hydrocarbures russes par des américaines. Les États-Unis ont donc plus à perdre, mais il n’en demeure pas moins que les filières automobile, luxe, aéronautique et agroalimentaire sont dans le viseur.

Impossible d’y voir clair. L’incertitude domine, et avec elle, la crainte d’un nouvel ajustement brutal en France comme dans le monde : cela s’appelle une récession.

Alexandre Mirlicourtois

"l'économie se dirige vers une récession, ce qui fera baisser les prix des combustibles fossiles. Cela entraînera également une baisse de la production et de la consommation."

(Gail Tverberg, 11 03 25 sur son blog)

 

Publié le lundi 10 mars 2025

https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-L-economie-francaise-tetanisee-par-le-choc-Trump-Ukraineail

Baisse de l'inflation : pourquoi ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle...

L’inflation ralentit en France, les prix de l’alimentaire aussi… Les chiffres annuels publiés ce mercredi par l’Insee donnent le sourire, en théorie. Dans les faits, les prix à la consommation restent très élevés et continuent de prendre en otage le portefeuille des Français...

Une bonne nouvelle pour le porte-monnaie des Français… ou presque. L’inflation a fortement réduit en 2024 pour s’établir à 2 %, contre 4,9 % en 2023 et 5,2 % en 2022 en moyenne, selon les chiffres annuels publiés ce mercredi par l’ Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Concrètement, cela signifie que les prix ont continué d’augmenter mais pas autant qu’avant, avec tout de même de fortes disparités entre certains produits. Par exemple, le prix de l’huile d’olive a augmenté de près de 30 % entre 2023 et 2024 mais celui des fruits surgelés a réduit de 13,5 %. On peut aussi mentionner l’électricité à +15,7 % mais les combustibles solides à -9,9 %, etc.

 

Retrouver un rythme habituel

« La flambée des prix généraux est derrière nous. L’inflation retrouve son rythme habituel de 2 % par an après avoir connu des pics », analyse Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la consommation pour l’association UFC-Que choisir. Une baisse à relativise cependant. Puisque « aujourd’hui, on est à peu près au même niveau que 2023 qui était déjà très élevé », pointe-t-il. Deux Français sur trois indiquaient d’ailleurs que les prix étaient toujours trop hauts par rapport à leurs revenus, d’après une étude menée à l’automne dernier par l’association UFC-Que choisir.

Un premier poste de dépense oublié

Autre élément : tous les achats ne pèsent pas le même poids dans le panier des Français. La baisse de l’inflation est tirée par le ralentissement des prix de l’alimentation, +1,4 % en moyenne, contre +11,8 % en 2023. Un chiffre impressionnant mais ce n’est pas tant l’alimentation qui alourdit le budget des ménages. En supermarchés, sur le ticket de caisse moyen, un quart des dépenses est consacré aux produits de grande consommation, par exemple la lessive.

Et surtout c’est ce qu’on n’achète pas directement qui augmente le plus, selon l’Insee : les assurances, les contrats, le loyer, etc. En bref, tout ce qui concerne les dépenses pré-engagées. « Aujourd’hui, on souscrit de plus en plus d’abonnements et la hausse des tarifs est continue donc on ne se rend pas forcément compte de la hausse. Sauf qu’au bout de quelques années, on peut se retrouver à payer bien plus cher que ce qu’on consomme réellement », avertit Grégory Caret.

Selon l’Insee, rien que les assurances (habitation, santé, véhicule…) ont augmenté en moyenne de 8 % en 2024. Et cela ne s’arrangera pas en 2025 : de fortes hausses des tarifs sont déjà annoncées pour février.

Marion Floch

https://www.leprogres.fr/economie/2025/01/15/baisse-de-l-inflation-pourquoi-ce-n-est-pas-vraiment-une-bonne-nouvelle

Pour les entreprises, pour les ménages, l’incertitude est pire qu’une mauvaise nouvelle. Face à une mauvaise nouvelle, les stratégies d’adaptation, d’évitement sont mises en place. Les agents économiques sont dans l’action et avancent. Mais face à l’incertitude, l’attentisme conduit à l’immobilisme.

Depuis la dissolution, les enquêtes de conjoncture révèlent un assombrissement général du climat des affaires, retombé à ses niveaux de l’annonce du 3ème confinement, début 2021. Toutes les branches sont touchées. Interrogés sur leurs perspectives d’activité, les chefs d’entreprise sont unanimes : elles se dégradent.


Le temps passant, les décisions importantes sont suspendues, voire annulées. C’est le cas de l’investissement qui après avoir été dynamique après la crise Covid a fini par lâcher sur toutes ses composantes : matériel, construction, services.
Sondés en automne dernier, les industriels avaient revu à la baisse leur jugement sur l’évolution de leurs investissements en 2024, et leur première estimation pour 2025 était encore plus basse.

Comment croire que cette tendance se soit inversée depuis ? Peut-on imaginer qu’elle ne s’étende pas aux autres secteurs d’activité ? Le budget investissement est réduit, les autres postes aussi : marketing, communication, achats, sans oublier les embauches en baisse, notamment en CDI. L’allure prise par le climat de l’emploi n’a rien d’assurant, l’ajustement du marché du travail ne fait que commencer.


Un indice : la fin de l'année a été marquée par la multiplication des plans sociaux. Ce mouvement s’est accompagné d'une très forte hausse du nombre de suppressions de postes associées, près de 25 000, au plus haut depuis la fin de la crise sanitaire et le mouvement de restructurations devrait encore s'amplifier. Message reçu 5 sur 5 par les ménages : leur crainte sur l’évolution à venir du chômage a fait un bond spectaculaire et anticipent une dégradation de leur situation financière.


Avec un tel tableau comment, s’étonner que la consommation soit à plat, que l’investissement logement, soit en repli malgré la baisse des taux ?  L’effort d’épargne en revanche vole de record en record (hors parenthèse le la crise de la Covid), et les sommes accumulées n’ont jamais été aussi élevées.


Surtout, l’épargne a changé de nature. Ce sont d’abord les comptes courants qui ont été chargés, puis les produits d’épargne réglementée (type livret A) et les comptes à terme qui ont été abondés, suivi aujourd’hui de l’assurance vie et épargne en euros dont le capital est garanti et des produits de fonds propres (assurance vie et épargne retraite en unité de compte) plus risqués. Bref, c’est une épargne de moins en moins facilement mobilisable à court terme.


Côté dépenses publiques, la situation politico-budgétaire marque la fin d’un déni, l’ajustement est à venir. A cela va s’ajouter un coût de la dette en hausse, conséquences de la nervosité liée au climat géopolitique international (Ukraine, Moyen Orient) et plus encore de l’effet Trump. Une situation aggravée pour l’économie française par le désordre politique, fiscal, budgétaire qui se paie par la hausse de la prime de risque. Résultat, le taux souverain à 10 ans s’envole, alourdit les finances publiques et risque de tuer dans l’œuf la timide reprise de l’immobilier dans l’ancien.


Aux difficultés intérieures, vont venir s'ajouter les difficultés extérieures. L'économie française et plus largement l'Europe, est prise entre deux feux avec d'un côté la Chine dont les entreprises, gagnent toujours plus de parts de marché et, de l'autre, une Amérique sous présidence Trump.

Il ne s’agit plus d’une hypothèse mais d’un constat : l’économie française est au bord de la récession.

Alexandre Mirlicourtois 13 01 25

https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-L-economie-francaise-est-au-bord-de-la-recession



Le système fonctionne de telle sorte que l’argent n’a de valeur qu’en tant que droit d’exercice sur les produits et services matériels produits par l’économie réelle, alimentée par un surplus d’énergie.

Si l’économie financière dépasse l’économie matérielle, ces créances sont dévaluées – on pourrait aussi dire « diluées » – dans un processus que nous vivons comme l’inflation.

(Tim Morgan, 26 10 24, commentaire sur son blog)

Inflation : le patron de Système U évoque une « déconsommation » des Français...

Face à l’inflation, les Français serrent la ceinture. Même avec le ralentissement de l’emballement des prix, ils font des arbitrages. Certains produits ne trouvent plus preneurs en ce moment dans les rayons des supermarchés.

Le comportement d'achat des Français témoigne d'une ère de "déconsommation" notable, surtout dans les produits non alimentaires. Selon Dominique Schelcher, directeur de Système U, les articles comme les salons de jardin et le textile sont particulièrement touchés. En effet, l'inflation incite les Français à prolonger l'utilisation des biens déjà possédés. Invité sur RMC-BFMTV, il estime que cette tendance n'est pas nouvelle, elle s'observe depuis la fin des années 2010 mais s'est accentuée avec la hausse des prix.

Les produits de beauté ne sont pas en reste, avec une baisse significative des ventes pour les articles dépassant le seuil symbolique de trois euros. Ce phénomène suggère que même les petits luxes sont scrutés avec prudence par des consommateurs de plus en plus vigilants sur leurs dépenses.

Dans le rayon alimentaire, la viande se distingue comme une victime évidente de cette nouvelle frugalité. Le flexitarisme, manger moins de viande mais de meilleure qualité, se démocratise. Elle est même encouragée par le secteur lui-même désormais. Cependant, l'inflation amplifie cette tendance, poussant de nombreux Français à limiter encore plus leurs achats de viande.

Toutefois, il est intéressant de noter que des exceptions surviennent lors d'occasions spéciales. Par exemple, le week-end de l'Ascension, où les achats de viande ont connu un pic exceptionnel, révélant un désir de plaisir occasionnel malgré un contexte économique contraint.

Cédric Bonnefoy

https://www.economiematin.fr/inflation-consommation-france-2024

Feu, puis glace : notre avenir déflationniste...

De peur que vous ne pleuriez pour ceux dont la richesse fantôme sera perdue, rappelez-vous que peu gagnent quand une monnaie de réserve meurt. Le lendemain de la réinitialisation, un nouveau monde commence, mais le capital perdu est parti pour de bon.

En dehors de la chambre d’écho "tout va toujours bien", le consensus est que les monnaies fiduciaires faciles à créer s’évaporeront toutes car la tentation de continuer à imprimer/emprunter de l’argent est irrésistible : la seule façon d’empêcher l’implosion du système est de dévaluer la dette et les paiements d’intérêts en hausse avec l’inflation, et le cadran contrôlant l’inflation est l’impression monétaire / les banques centrales achètent la dette et toutes les astuces connexes.

Le problème est qu’une fois que le cadran est tourné à 11, les attentes inflationnistes commencent à revenir à l’inflation réelle et l’inflation échappe alors au contrôle des banques centrales et des trésors publics : la création de plus d’argent pour dévaluer la monnaie et le service de la dette finit par détruire la monnaie via l’hyperinflation.

L’histoire offre de nombreux exemples de cette tentation et de cette dynamique. La douleur de la radiation des dettes, de la défaillance des gouvernements sur les obligations et les actifs est trop grande, et nous devons donc imprimer plus d’argent / emprunter plus d’argent pour exister afin d’éviter le pénible calcul de la dépendance à la dette et de l’orgueil des banques centrales.

Pour éviter la douleur de la saturation de la dette et du surendettement, les autorités monétaires font s’effondrer la monnaie et l’économie qu’elles soutiennent, provoquant une douleur maximale pour tous ceux qui utilisent la monnaie ou possèdent des actifs libellés dans la monnaie.

Un nouveau dollar est ensuite introduit à un ratio de 1 nouvelle unité pour 100, ou 1 000, ou 100 000 des anciens dollars. La richesse financière de tout le monde est anéantie. Les outils, les compétences, les métaux précieux, les bâtiments, les mines, les fermes, etc., conservent toujours leur valeur intrinsèque / productive, mais la réinitialisation monétaire signifie que tous ceux dont la richesse fantôme était une forme de dette sont anéantis.

Cette dynamique est tout à fait logique, et c’est une voie bien rodée pour les États-nations. Cependant, les empires pourraient choisir différemment. La différence entre un État-nation et un empire est généralement sous-estimée. Un État-nation peut détruire sa monnaie et mettre en faillite tous ceux qui détiennent ses obligations / dettes et recommencer, mais un empire ne peut pas être aussi cavalier, car la "monnaie de réserve" de l’empire est son fondement de pouvoir.

Oui, le pouvoir dur de la projection de puissance militaire est une force de base, avec le commerce, les alliances, le soft power culturel et diplomatique, mais si la monnaie s’évapore, le projet impérial aussi, et ceux qui sont chargés de maintenir le projet impérial sont obligés de calibrer la douleur par une norme différente que les politiciens et les banquiers centraux.

L’inflation et l’évaporation de la monnaie n’est pas une solution pour le projet impérial, c’est la reddition de tout ce qui est grand et bon. La seule solution viable pour le projet impérial est la déflation, la liquidation forcée de dettes impayables et donc la liquidation forcée de toutes les richesses fantômes générées par la dette en expansion constante.

Tout comme l’inflation a de nombreuses sources, la déflation  également. La technologie peut être une source de déflation, car une nouvelle technologie peut augmenter considérablement l’offre et la durabilité tout en réduisant considérablement les coûts. La substitution peut être déflationniste, car les entreprises et les consommateurs échangent un substitut moins cher et plus abondant contre ce qui devient rare et coûteux.

Si la somme d'"argent" circulant dans l’économie se contracte à mesure que le crédit se resserre, il devient plus difficile d’emprunter plus d’argent pour exister. Chaque dollar de dette qui est réduit à zéro réduit la quantité d’argent qui circule, c’est-à-dire la masse monétaire.

Si l’argent qui est créé est immédiatement accaparé par les riches, il ne circule pas dans l’économie et c’est donc l’équivalent de l’extinction de la dette : l’offre d’argent n’augmente pas parce que l’argent nouveau a été accaparé, en fait enfoui dans la cour.

Pour préserver l’Empire, il devient nécessaire d’effacer la dette et la richesse fantôme qu’il a créée, dont 90% est détenue par les hyper-riches, super-riches et simplement riches. C’est la classe qui a concentré la richesse et le pouvoir au point de déstabiliser les ordres sociaux, financiers et politiques, et donc ceux qui sont chargés de préserver l’Empire (l’État à l’intérieur de l’État) devront dépouiller indirectement cette classe puissante de sa richesse fantôme, car la classe est trop puissante politiquement pour être prise de front.

Rappelez-vous que la déflation — la baisse du prix des actifs, des biens et des services — est bénéfique pour les salariés, car leurs gains augmentent à mesure que les prix baissent. Les profits deviennent plus difficiles à trouver, et ceux qui prêtent et spéculent sur des évaluations d’actifs toujours plus élevées sont anéantis.

Du point de vue impérial, tout cela est bien : étant donné que le seul but est de préserver la monnaie de l’évaporation, alors la chute de la classe hyper-riche qui menace de déstabiliser l’ordre impérial est tout aussi essentielle.

Tout comme l’inflation est une taxe cachée sur le travail, la déflation est une taxe cachée sur le capital. Si l’immobilier commercial, les actions et les obligations de sociétés perdent tous de la valeur pendant une décennie, les 90 % inférieurs ne seront touchés qu’indirectement. Si l’argent qui est créé est canalisé vers les dépenses au bas de l’économie — ceux qui achètent les éléments essentiels —, la déflation de la dette privée et des actifs ne privera pas l’économie réelle de l’argent en circulation, il ne fera que dépouiller les riches du capital qu’ils amassaient et spéculaient sous le couvert d'"investir."

Le feu, puis la glace : comme l’inflation (le feu) menace la monnaie impériale, l’Empire doit choisir la déflation (la glace) pour préserver sa fondation. La monnaie en circulation active est assimilée à la richesse fantôme des actifs basés sur la dette, mais ce sont deux choses différentes. Tout comme l’inflation travaille lentement pour éroder la valeur du travail, la déflation fonctionne mieux si elle est aussi progressive, éteignant lentement la richesse fantôme au fil du temps.

J’ai essayé au fil des ans d’expliquer que la richesse et le pouvoir concentrés des hyper-riches représentent une menace existentielle pour le projet impérial, et l’affrontement entre la richesse fantôme créée par la dette et le fondement du projet impérial, sa monnaie, va se jouer dans les 6 à 8 prochaines années.

La chambre d’écho "tout va toujours bien" soutient que l’inflation pour préserver toute la richesse fantôme créée par la dette est nécessaire, mais ils sont axés sur le service de la richesse privée, pas le projet impérial. Ce qui est vraiment essentiel est de préserver la monnaie impériale, et pour ce faire, la richesse fantôme et le pouvoir des hyper-riches qui en possèdent la grande majorité doivent être éteints. Lentement, lentement, mais quand même éteint.

De peur que vous ne pleuriez pour ceux dont la richesse fantôme sera perdue, rappelez-vous que peu gagnent quand une monnaie de réserve meurt. Le travail peut commencer à gagner le lendemain de la réinitialisation, mais le capital perdu est parti pour de bon.


 

Charles Hugh Smith

https://charleshughsmith.blogspot.com/2024/03/fire-then-ice-our-deflationary-future.html 

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