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Chine, l'empire du milieu..

Publié le par ottolilienthal

Guerre commerciale : la Chine se bat, l’Europe regarde...

L’Union européenne ne veut fâcher aucun de ses clients. Quand les deux carnivores se battent entre eux, l’herbivore se terre...

La Chine a su saisir l'aubaine que lui offre la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Elle veut se projeter sur la scène mondiale comme l'égale et l'alternative de l'Amérique, comme la seule puissance capable de lui résister. Pour appuyer son ambition, elle est déterminée à rendre coup pour coup. Trump taxe la plupart des produits chinois au taux insensé de 145 % ; la Chine riposte en décrétant un embargo sur ses exportations de métaux rares, indispensables pour fabriquer toute une gamme de produits allant de l'automobile aux smartphones. Dans une deuxième phase, elle fait planer la menace d'une vente massive de bons du Trésor américain en sa possession : fin 2024, les acteurs chinois en détenaient pour 760 milliards de dollars. De quoi faire très mal au portefeuille des Américains.

L'Europe, elle, a réagi de façon radicalement différente. Elle fait le gros dos en attendant que l'orage passe. Washington taxe ses automobiles, son acier, son aluminium, et impose sur tout le reste, à quelques rares exceptions près, un taux uniforme de 10 % (qui doit doubler le 9 juillet prochain). En réponse, elle se contente de publier une liste de produits américains qu'elle pourrait taxer, en précisant que ce ne serait pas avant le 14 juillet, afin de laisser du temps à la négociation. Quand l'une se bat, l'autre tend la joue.

Pourtant, le grand découplage qui se met en branle entre les deux plus grandes économies de la planète n'arrange pas les affaires de l'Union européenne, bien au contraire. Le risque est grand que la Chine l'inonde de produits à bas prix qu'elle ne peut plus écouler sur le marché américain et que l'économie de l'UE en souffre. Mais elle ne veut pas avoir à choisir entre Washington et Pékin. Obéir aux diktats de Trump, ce serait se couper de l'accès au vaste marché chinois. Se rapprocher de Pékin, ce serait agiter le chiffon rouge sous le nez du président américain. Puissance avant tout pacifique et commerçante, l'Union européenne ne veut fâcher aucun de ses clients. Quand les deux carnivores se battent entre eux, l'herbivore se terre.

Soubresauts géopolitiques

La guerre commerciale est moins brutale que la guerre tout court. Elle n'en fait pas moins des dégâts considérables : fragmentation du monde, inflation, chômage… L'Organisation mondiale du commerce (OMC) anticipe un recul de 80 % des échanges entre la Chine et l'Amérique cette année. Il y a là de quoi déclencher une récession mondiale. Sur le plan géopolitique, le divorce entre les deux grandes puissances implique de nouveaux soubresauts à venir, et un possible engagement chinois encore plus marqué pour soutenir Vladimir Poutine. Déjà des mercenaires chinois ont été repérés dans les rangs de l'armée russe en Ukraine.

Le projet européen est fondé sur l'idée que l'intégration économique est bénéfique pour tous – alors que la guerre commerciale ne fait que des perdants. Ces mêmes principes avaient présidé à l'admission de la Chine à l'OMC en 2001. Les Occidentaux pensaient à l'époque que la contagion capitaliste allait inciter le Parti communiste chinois (PCC) à se démocratiser et à libéraliser. Ses dirigeants ont fait semblant d'acquiescer mais ont choisi le chemin inverse avec Xi Jinping, qui a remis l'empire du Milieu sur la voie de la dictature et qui réprime les dissidents comme à l'époque de Mao.

Alors que les Européens ont les yeux fixés sur l'Ukraine et sur Gaza, Xi Jinping avance ses pions en resserrant ses liens avec la Russie, l'Iran et la Corée du Nord. Son économie est déjà à la peine, en raison d'un endettement élevé, d'une population déclinante et d'une jeunesse qui peine à trouver des emplois. Il semble néanmoins penser que son appareil répressif sera suffisant pour contenir la colère de la population lorsque les barrières commerciales feront grimper en flèche le chômage. Il parie que Trump cédera le premier, sous la pression de l'inflation et des grandes entreprises américaines.

L'Europe pense elle aussi que le temps joue pour elle et que l'hôte de la Maison-Blanche finira bien par se rallier à l'orthodoxie économique. Elle est persuadée que l'Amérique a besoin d'elle pour gagner son bras de fer avec la Chine, de la même façon qu'elle-même a besoin de l'Amérique pour résister à Poutine. L'intérêt mutuel bien compris devrait pousser Washington et Bruxelles à travailler ensemble. Mais avec Trump à la Maison-Blanche, n'est-ce pas peine perdue ?

https://www.lepoint.fr/editos-du-point/guerre-commerciale-la-chine-se-bat-l-europe-regarde

 

La Chine s’inquiète de l’épidémie de surpoids et d’obésité qui guette..

De récentes données du ministère de la Santé chinois, corroborées par des études internationales, estiment à 65 % la part de la population chinoise qui sera en situation de surpoids ou d’obésité en 2030, soit environ 630 millions de personnes...

C’est une “course contre la montre”, annonce le South China Morning Post : “La Chine, en proie à la famine il y a six ou sept décennies, est désormais confrontée à une crise d’obésité”, avec des prévisions donnant plus de 65 % des adultes en situation de surpoids ou d’obésité d’ici à 2030.

Le ministère de la Santé chinois craint que “des maladies chroniques telles que l’hypertension, le diabète et les problèmes cardiovasculaires ne mettent davantage de pression sur le système de santé du pays”. D’où un plan triennal qu’il vient de lancer, lequel “comprend des recommandations en matière de régime alimentaire et d’exercice physique”. Le gouvernement envisage aussi l’introduction de “cliniques de gestion du poids” multidisciplinaires dans les hôpitaux de tout le pays.

Dépenses de santé

L’enjeu est immense, poursuit le South China Morning Post, car le traitement des patients en surpoids et obèses coûterait, d’ici à 2030, 418 milliards de yuans (52 milliards d’euros), soit l’équivalent de 22 % du budget national annuel de la santé, contre 8 % en 2022.

Les définitions du surpoids et de l’obésité sont légèrement plus larges en Chine, où elles correspondent à des indices de masse corporelle (IMC) de 24 et 28 respectivement – alors que les définitions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixent les seuils de l’IMC à 25 et 30.

Mais quand bien même : selon une étude de la revue The Lancet publiée le mois dernier, qui utilise les critères de l’OMS, la Chine comptait, en 2021, 400 millions de personnes obèses ou en surpoids, contre 180 millions en Inde ou 172 millions aux États-Unis. Ce chiffre pourrait, selon l’étude, atteindre 630 millions d’ici à 2050.

Eau : l’idée folle de la Chine pour éviter d’être à sec...

Les ressources en eau de la Chine sont assez limitées, et les trois-quarts de cette eau sont dans le sud, alors que les régions agricoles et industrielles sont au nord. Le pays développe un projet gigantesque de transfert de l’eau du sud vers le nord, qui pose beaucoup de questions.

Figurez-vous que le pays a beau être immense, il ne possède qu’un vingtième des ressources en eau de la planète. Ressources qu’il a super mal gérées depuis des années, avec des fuites dans les infrastructures, pas de système de comptage (jusqu’à très récemment), et donc un usage totalement décomplexé, le tout n’importe comment. Et en plus, cette eau a une répartition bien spéciale sur le territoire : les trois quarts dans le sud, inondé régulièrement, pendant que l’aridité ronge le nord... Alors que c’est là, au nord, que se trouvent les régions agricoles et industrielles, et la capitale, Pékin. Il ne faudrait donc pas que les habitants comme les cultures aient trop soif.

"Le projet de transfert sud-nord"

Mais il y a une solution, à laquelle le gouvernement chinois croit dur comme fer, lancée en premier par Mao lui-même, en 1952... Une idée basée sur le principe des vases communicants : puisque le sud a plein d’eau, et même trop d’eau, facile, on n’a qu’à en transvaser une partie dans le nord (et le principe s’arrête là parce que ça ne repart pas dans le sud après). Et cinquante ans plus tard, en 2002, commençait la première étape de ce qui est officiellement appelé « le projet de transfert sud-nord ». Présentée comme la probable plus grande infrastructure de tous les temps, qui a pour but de transférer du sud vers le nord 45 milliards de m3 d’eau chaque année via trois canaux.

Alors le premier, c’est fait, depuis 2014 : « le grand aqueduc », 1 200km qui partent du fleuve Han où se trouve le gigantesque réservoir d’eau de Danjiangkou pour arriver à Pékin et alimenter la ville et ses environs en continu grâce à un système de barrages et de flux d’eau dit « gravitaire ».

Le deuxième, à l’est du premier, est un canal de 1100 km construit dans les traces du grand canal datant d’il y a plus de 7000 ans, et là c’est un système avec 20 stations de pompage qui va du fleuve Yangtsé aux autres grandes villes du nord, il est en cours de finalisation mais fonctionne déjà.

Et puis arrive la troisième étape. La troisième branche du système, elle, est promise pour 2050 max, à l’ouest du premier canal cette fois.

Possibles tensions géopolitiques à venir, mais pas que !

Et celle-là, elle ne passe pas du tout, mais alors pas du tout. Pourquoi ? Parce que ce troisième canal, qui irait aux frontières de la Mongolie intérieure, prendrait cette fois sa source dans la rivière Yi, sur le plateau tibétain, affluent du célèbre fleuve Jaune et ultra-important dans la région y compris chez les voisins qu’il contribue à alimenter en eau, que ce soit le Bangladesh, l’Inde ou même la Thaïlande ou le Vietnam.

Les habitants ne sont plus dupes et ont vu les impacts du premier canal : 330.000 personnes déplacées (au moins), et un débit en baisse à la source, en gros le sud en a marre de se faire dépouiller.

D’autant qu’il n’échappe pas au changement climatique. Et puis il y a aussi les écosystèmes naturels totalement déboussolés, avec une baisse de la population de poissons, et des maladies. Notamment la fièvre de l’escargot ou bilharziose, très préoccupante et présente dans le sud de la Chine qui pourrait donc être transférée au nord. Des parasites qui se transmettent aux humains, sans parler de la pollution possible, bref une fausse bonne idée pour des membres de la communauté scientifique, dont certains comparent ce projet à une opération chirurgicale qui ne ferait que réparer sans soigner les causes de la blessure...

La vraie bonne idée serait de mieux utiliser l’eau, réduire la consommation, renoncer aux cultures de maïs par exemple, relocaliser l’agriculture, faire des politiques de conservation, bref, revoir tout le système plutôt qu’une méga rustine à 70 milliards d’euros dont on n’a rien pensé de la durabilité, la gestion et l’entretien sur le long terme.

Mais c’est le 21e siècle, et la Chine, comme beaucoup d’autres, fait le choix de ce qui semble être la facilité... avant certainement de le payer, elle aussi, encore plus cher.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-lutte-enchantee/la-lutte-enchantee-du-mardi-04-fevrier-2025-7771741?utm_source=firefox-newtab-fr-fr

 

Où va la Chine ? Dans le mur, si l’on en croit les consommateurs chinois. Malgré tous les efforts du gouvernement pour venir au soutien des particuliers, rien n’y fait. Inquiets, les ménages restent sur la défensive, préférant épargner que consommer ou investir dans l’immobilier. Les autorités ne ménagent pourtant pas leurs efforts : baisse des taux sur les crédits hypothécaires, réduction du stock de logements vacants via des achats publics massifs pour endiguer la baisse des prix… avec encore très peu de résultats, car ils baissent toujours et les promoteurs n’ont pas totalement soldé leurs ardoises. Or, l’investissement résidentiel est l’alpha et l’oméga des placements des Chinois, l’intégralité de leur épargne, ou presque, y est placée. Une épargne en vue de préparer sa retraite, la hausse à venir de ses dépenses de santé, etc. Une impérieuse nécessité dans un pays où les filets sociaux sont encore trop lâches pour offrir un filet de sécurité.


Le blues des ménages chinois


Pas étonnant donc que les ménages aient le blues, d’autant qu’ils doivent aussi affronter un marché du travail dégradé par rapport aux années d’avant-Covid. Cette déprime se retrouve dans la progression au ralenti du volume des ventes dans le commerce de détail, environ 3% voire moins, quand les standards avant la crise de la Covid étaient proches de 10%. Symptôme du manque de vigueur de la demande domestique, les pressions déflationnistes sont fortes : proche de zéro, la hausse des prix à la consommation fait du rase-mottes. À moins de 0,3% l’année dernière, l’inflation a été très en dessous des 3% visés par la banque centrale et la zone rouge se rapproche. Ce ralentissement de la consommation privée risque bien en outre de jouer les prolongations en 2025, le temps que l’excédent de logements s’éponge, que les prix immobiliers se redressent et qu’il faudra certainement davantage de soutien pour faire face aux vents contraires.


Une économie tournée vers l’extérieur


Comme souvent avec l’économie chinoise, une grande partie de l’année va se jouer à l’extérieur et il faut s’attendre à une nouvelle offensive commerciale. Amplement subventionnés, les industriels chinois se sont montrés particulièrement agressifs l’année dernière partout dans le monde pour s’imposer avec des prix de production cassés et un yuan compétitif face au dollar et à l’euro. Les exportations chinoises n’ont quasiment jamais été aussi fortes qu’en 2024. Compte tenu du plafonnement des importations, atonie de la demande domestique oblige, les excédents en valeurs ont quasiment atteint leur sommet historique alors même que les prix des produits exportés baissent : 992 milliards d’excédents en 2024 dont près de 300 avec les seuls États-Unis. Voilà un chiffre qui ne va pas beaucoup plaire à Donald Trump, pas plus que l’augmentation de 4% en volume des exportations de la Chine vers les États-Unis.


Le spectre du protectionnisme


C’est bien pourquoi 2025 s’annonce plus difficile pour les exportateurs, car ils vont devoir affronter le retour du protectionnisme qui viendra d’abord des États-Unis, de l’Europe, mais aussi du reste du monde émergent, qui s’agace de plus en plus à ce qu’il considère comme des pratiques déloyales. Miser sur l'extérieur devient hasardeux, ce qui éclaire davantage la volonté des autorités de soutenir l'économie, que ce soit par des mesures budgétaires ou monétaires, afin de stimuler la demande intérieure et enrayer la chute de l’immobilier. Après un miraculeux et très surprenant 5% de croissance en 2024, la Chine fera beaucoup moins bien cette année.

 
Alexandre Mirlicourtois
 
https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-La-Chine-(et-les-chinois)-sous-tension

Publié le lundi 27 janvier 2025

La Chine enregistre un excédent commercial record, signe d’un déclin qui s’annonce...

À 970 milliards d’euros, l’excédent commercial de la Chine est porté par un niveau d’exportations particulièrement soutenu, et par des importations en berne. Mais, entre des droits de douane américains à venir et une demande intérieure atone, ce chiffre apparemment rassurant cache des réalités plus abruptes.

C’est l’année de tous les records pour le commerce extérieur chinois, annonce le South China Morning Post (SCMP). Pékin a enregistré un excédent commercial de plus de 992 milliards de dollars en 2024 (970 milliards d’euros) – soit près de 19 % de plus que le précédent record, 838 milliards de dollars en 2022, rappelle pour sa part The New York Times, en commentant ces chiffres publiés ce lundi 13 janvier.

“La Chine consolide ainsi son statut de premier exportateur mondial de marchandises”, triomphe Wang Lingjun, de l’Administration générale des douanes chinoises, repris dans le SCMP. Ce sont en effet “des chiffres d’exportations robustes” qui expliquent cet excédent, avec une progression de 5,9 % en glissement annuel en 2024.

“L’augmentation des expéditions de commerce électronique transfrontalier, ainsi qu’une demande étrangère plus élevée de véhicules électriques, de batteries et de panneaux solaires, ont aidé le pays à atténuer le ralentissement de l’activité intérieure”, commente le quotidien hongkongais.

Des réalités plus prosaïques

Pour autant, ces chiffres cachent des réalités plus prosaïques : l’augmentation des exportations s’est accentuée en décembre dernier, pour s’élever à 10,7 %, soit bien plus que la valeur de 6,7 % enregistrée en novembre. Ce qui témoigne, selon l’économiste Gary Ng, de la banque d’investissement française Natixis, cité dans le SCMP, d’“un effet de concentration des exportations avant l’arrivée de Trump au pouvoir” – une sorte d’effet d’aubaine avant l’imposition, selon les promesses du président américain, de droits de douane à hauteur de 60 % sur tous les produits chinois à destination des États-Unis.

De l’autre côté de la balance, la Chine enregistre, pour la même période, une hausse relativement faible de ses importations, à + 1,1 % en glissement annuel. Une donnée qui, là encore, est en demi-teinte, poursuit Gary Ng :

“La reprise du moral des consommateurs et de l’immobilier reste lente, ce qui nuit à la demande de matières premières et alimente la substitution intérieure par des alternatives moins chères.”

“Des millions d’ouvriers du bâtiment ont perdu leur emploi, tandis que la classe moyenne chinoise a perdu une grande partie de ses économies, renchérit le New York Times. De nombreuses familles sont donc réticentes à dépenser de l’argent.”

Bref, la Chine se retrouve coincée, entre des hausses généralisées des droits de douane qui vont automatiquement grever ses exportations, et une demande intérieure encore largement atone, en tout cas parfaitement incapable d’absorber les surplus de production considérables de ses industries. De sorte que 2024, cette “année de tous les records” pour le commerce extérieur chinois, risque fort de le rester encore longtemps.

La Chine est-elle en train d’entrer dans une époque pourrie ?...

Le débat enflamme les médias et l’Internet chinois : la Chine serait en train de tomber dans “l’époque des poubelles de l’histoire”. Crise économique, inflexibilité politique, absence de perspectives… Le concept est nourri par un vaste sentiment d’impuissance des individus.

Décryptage par l’ancienne rédactrice en chef du magazine hongkongais “The Initium”.

La censure peut supprimer l'expression d'opinions de sorte que certains discours soient invisibles ; les algorithmes des plateformes peuvent manipuler le flux d'attention de sorte que certains discours soient particulièrement visibles. Les humains ont inventé toute une série de mécanismes de contrôle et d'intervention centralisés pour faire en sorte que le monde ressemble à ce que veulent les détenteurs du pouvoir.

Mais parfois, même la censure la plus stricte et les algorithmes les plus puissants ne peuvent pas arrêter les émotions collectives qui se forment, qui sont difficiles à disperser et qui coulent à flots dans le cœur des gens.

C'est le cas de l'expression « History's Garbage Time » (le temps des déchets de l'histoire).

C'est une expression qui a explosé en Chine ces derniers mois.


Le temps des déchets, c'est maintenant

Depuis quelque temps, de nombreuses personnes récitent la même citation en texte et en vidéo sur les médias sociaux : « L'histoire n'avance pas toujours de manière linéaire. ...... L'histoire a connu des moments répétés de ce type. D'une part, le fonctionnement et le développement de la société ont violé les lois économiques les plus fondamentales et, d'autre part, les individus qui la composent sont impuissants à changer la situation et ne peuvent qu'assister à l'échec inévitable de la société.

Un tel moment est appelé le « temps des déchets de l'histoire ». Nombre de ceux qui récitent et diffusent cette déclaration fervente sont des leaders d'opinion de tous horizons.

Elle est apparue pour la première fois dans un article d'opinion du journal chinois Economic Observer en février de cette année. En juillet, elle s'est répandue comme une traînée de poudre en Chine, en même temps que le concept de « temps de déchets de l'histoire ».

De nombreux textes dérivés et œuvres créatives ont vu le jour, discutant principalement de ce qu'il faut faire si l'on a la malchance de se trouver dans la période des déchets de l'histoire, qui peut durer quelques années, voire quelques décennies. Les réponses sont variées, mais la plupart d'entre elles sont : réduire la consommation, s'allonger et attendre, cultiver son corps et son esprit. ......
 

    Il est intéressant de noter que personne ne dit à quel moment de l'histoire on se trouve dans une période de gaspillage. Bien sûr, personne ne dit que c'est maintenant. Mais qui aurait pu penser que les médias officiels chinois seraient les premiers à briser la fenêtre.

Le 11 juillet, le Beijing Daily a publié un article intitulé « Sharp Commentary », « Is “History's Garbage Time” True or False ? L'article souligne directement que « certaines personnes, après avoir fait beaucoup de significations et appliqué les mêmes vieilles choses, ont déclaré avec conviction que nous sommes entrés dans la période des déchets de l'histoire ». Ils réfutent ensuite cette affirmation en conseillant aux jeunes que « la scène et les opportunités sont toujours là » et qu'ils devraient « se débarrasser de l'air conditionné et marcher avec leur temps ».

La désignation des jeunes par les médias officiels semble avoir placé le chuchotement au centre de la salle, rendant le tout gênant.

L'époque des déchets de l'histoire n'est certainement pas réelle, et on ne peut pas dire qu'elle soit fausse. Ce n'est qu'un sentiment. Mais lorsque ce sentiment existe, qu'il est collectivement reconnu et même avoué, il constitue une perturbation.


La confiance économique ne peut pas revenir à l'époque pré-épidémique

Je suis né en Chine dans les années 1980 et, aussi loin que je me souvienne, l'humeur collective du peuple chinois a toujours été à la hausse. Malgré les nombreuses inégalités, les injustices sociales et les tragédies humaines provoquées par les catastrophes naturelles ou causées par l'homme, la grande majorité des gens, indépendamment de leur appartenance politique ou de leur statut social, pensent que les temps vont progresser, qu'aujourd'hui sera meilleur qu'hier, que demain sera meilleur qu'aujourd'hui et que les portes qui ont été ouvertes en Chine ne se refermeront pas.
 

Je n'ai jamais vu une telle dépression collective qu'aujourd'hui. Au lieu de croire que l'avenir sera meilleur, les gens sont de plus en plus convaincus que les bons moments sont terminés. Mes parents disent aussi qu'ils n'ont jamais connu un tel climat social depuis la fin de la révolution culturelle.

Avant l'épidémie, quelques personnes avaient compris que les problèmes profonds de l'économie chinoise devenaient apparents et insolubles. Il peut s'agir d'entrepreneurs dans des secteurs clés, d'économistes disposant de données de première main ou de chercheurs en politique.

    Au lendemain de l'épidémie, la plupart des gens peuvent clairement percevoir dans leur vie ce que sont les licenciements, le chômage, la dégradation de la consommation, l'effondrement des actifs et la déflation, sans avoir besoin de faire des recherches.

Pire encore, si l'« état d'exception » de l'épidémie a disparu, l'économie et la confiance ne sont jamais redevenues ce qu'elles étaient avant l'épidémie.

Pendant l'épidémie, les politiques rigides de fermeture et de contrôle dans divers endroits ont également révélé les effets de la « mise en application de la loi dans le style campagne » (NDLR : la campagne fait référence à la mobilisation de toute la population), de l'« administration dans le style campagne » et de la « préparation à la guerre » des principaux décideurs de Pékin sur les niveaux sociaux et économiques.
 

    Ces dernières années, les thèmes principaux de la « sécurité nationale avant tout », de la « lutte contre l'espionnage » et de l'« arrestation des espions », qui ont été renforcés comme un sortilège, ont conduit à un flot d'opinions publiques anti-américaines, anti-japonaises et de royaume armé de Taïwan de type « Boxer » au sein de la communauté.

Dans le même temps, les fonctionnaires doivent présenter leur passeport pour approbation avant de quitter le pays, les échanges internationaux entre particuliers ont été considérablement réduits et les portes fermées pour cause d'épidémie ne sont plus totalement ouvertes. Les gens sont également conscients que le thème de l'« ouverture » des 40 années de réforme et d'ouverture a changé de ton.


Quand on n'est plus le bienvenu à Pékin

Outre « History's Garbage Time », il y a aussi une vieille chanson qui est devenue populaire sur l'internet : la chanson thème des Jeux olympiques de Pékin de 2008, « Beijing Welcomes You » (Pékin vous souhaite la bienvenue).

Que vous ayez assisté aux Jeux olympiques de Pékin ou que vous ayez été jeune à l'époque, lorsque vous reverrez les paroles et le clip de la chanson, vous serez émerveillé par le fait qu'une telle époque ait existé : 74 célébrités de Chine, de Hong Kong, de Taïwan et d'Asie de l'Est chantaient ensemble, et les paroles disaient : « La porte de ma maison est toujours ouverte, et je t'attends en t'embrassant ouvertement. Peu importe que vous soyez loin ou près, vous êtes un invité. S'il vous plaît, ne soyez pas poli. ...... Beijing vous souhaite la bienvenue. »
 

La chanson a été écrite par Lin Xi, l'auteur de la moitié des chansons d'amour de la scène musicale pop chinoise. En 2019, il a quitté Hong Kong pour s'installer à Taïwan après s'être beaucoup préoccupé des mouvements sociaux à Hong Kong et avoir écrit un grand nombre d'articles critiques sur l'actualité.

Lindsay ne peut plus retourner à Hong Kong, et encore moins aller dans le nord, et beaucoup ne sont plus les bienvenus à Pékin. Cette fois, la vieille chanson est aussi populaire que la « période pourrie de l'histoire », et les gens se contentent de la retweeter silencieusement sans la commenter.

C'est comme s'il y avait un message tacite : les bons moments ne reviendront pas, les mauvais sont sur le point de commencer.

https://www.cw.com.tw/article/5131581

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

 

Grosse crise économique en Chine... Suite à la baisse des taux aux USA, Pékin a aussi annoncé sa solution avant que cela parte en sucette.... La Banque centrale chinoise a présenté le plus important plan de relance depuis la pandémie afin de soutenir la croissance économique du pays, en réduisant les coûts d'emprunt et les taux d'intérêt hypothécaires, ce qui a propulsé les actions et les obligations chinoises à leur plus haut niveau depuis plus de deux ans.

Ca sent quand même le roussi.

La Chine a dépassé le Japon en tant que plus grand exportateur de voitures. 20% des véhicules fabriqués en Chine sont exportés dont seulement 20% de voitures électriques. En Chine, la part de marché des marques étrangères comme Mercedes, VW, Toyota touche un plus bas à 37%. Alors que les constructeurs européens et américain sont sous pression pour diminuer leur prix, ils pourraient se réfugier en Chine pour bénéficier de coûts favorables et se faire définitivement piquer leur savoir-faire. 

La Chine produit 28 millions de voitures par an. Elle est devenue le No1 au monde.

Pékin a organisé un sommet Chine-Afrique avec 25 dirigeants. La Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain à hauteur de $168 milliards. Grâce aux investissements de la Banque Chinoise, des centaines de milliers de chinois ont été envoyés pour construire des infrastructures, routes, rails, bâtiments contre des ressources naturelles comme le cuivre, or, lithium. 

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1391-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-septembre-2024.html

L'ascencion et la chute prochaine de l'industrie manufacturière chinoise...

La Chine a bâti son secteur manufacturier en grande partie sur la force d’une main-d’œuvre abondante et une forte demande américaine. Aujourd’hui, l’accès réduit au marché américain, combiné à des tendances telles que le vieillissement de la population et un virage vers les services, a rendu imminent le déclin de la fabrication chinoise.

La surcapacité chinoise suscite des inquiétudes dans le monde entier. Il est facile de comprendre pourquoi : la Chine représente près d’un tiers de la valeur ajoutée manufacturière mondiale et un cinquième des exportations mondiales de produits manufacturés. Mais il y a de bonnes raisons de croire que le déclin du secteur manufacturier chinois est imminent.

Pour comprendre ce qui se passe en Chine, il est utile de rappeler l’histoire récente du Japon. Après la Seconde Guerre mondiale, le secteur manufacturier japonais a connu une croissance rapide, grâce en grande partie à l’accès au marché américain massif. Mais l’accord de Plaza de 1985 (qui a fait grimper la valeur du yen et affaibli les exportations japonaises), avec une population vieillissante et une main-d’œuvre en baisse, a inversé cette tendance.

De 1985 à 2022, la part des produits japonais dans les importations américaines est passée de 22 % à 5 %, et la part du Japon dans les exportations mondiales de produits manufacturés a diminué de 16 % à 4 %. De plus, la part du Japon dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale a fortement diminué, passant de 22 % en 1992 à 5 % en 2022. Et le nombre d’entreprises japonaises figurant sur la liste Fortune Global 500 est passé de 149 en 1995 à seulement 40 aujourd’hui.

Comme le montre le graphique, la Chine a suivi une trajectoire ascendante similaire au cours des dernières décennies, mais la croissance de l’industrie manufacturière chinoise était encore plus dépendante du marché américain. Les importations du Japon en provenance des États-Unis représentaient 51 % de ses exportations vers les États-Unis en 1978-1984, contre 23 % pour la Chine en 2001-2018.

Les politiques chinoises de planification familiale sont largement responsables de ce déséquilibre. En règle générale, le revenu disponible des ménages représente 60 à 70 % du PIB d’un pays, afin de soutenir la consommation des ménages, qui est d’environ 60 % du PIB. En Chine, par contre, la politique de l’enfant unique – qui a été en place de 1980 à 2015 – a limité les revenus des ménages, encouragé une épargne élevée et contraint la demande intérieure.


En conséquence, le revenu disponible des ménages chinois est passé de 62 % du PIB en 1983 à 44 % aujourd’hui, tandis que la consommation des ménages est passée de 53 % du PIB à 37 % du PIB. Au Japon, par contre, la consommation des ménages équivaut à 56 % du PIB. On peut le voir ainsi : si les salaires seraient normalement de 60 à 70 $, les travailleurs chinois ne reçoivent que 44 $ et n’ont qu’un pouvoir d’achat de 37 $, alors que les travailleurs japonais ont un pouvoir d’achat de 56 $.

Compte tenu de l’insuffisance de la demande intérieure, la seule option de la Chine pour réduire ses capacités excédentaires et créer suffisamment d’emplois pour sa population est de maintenir un excédent important de son compte courant.
 
C’est là que les États-Unis entrent en jeu : la part des produits chinois dans les importations américaines est passée de 1% en 1985 à 22% en 2017. En 2001-18, les États-Unis ont représenté les trois quarts de l’excédent commercial de la Chine. Le surplus géant de la Chine est l’image miroir du déficit américain, et si la montée de l’industrie manufacturière chinoise n’est pas la seule raison du déclin de l’industrie manufacturière américaine, elle en est une grande. La part des exportations manufacturières américaines est restée stable, à 13 %, entre 1971 et 2000, mais a fortement diminué après l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce en 2001, pour s’établir à seulement 6 % en 2022. La part de l’Amérique dans la valeur ajoutée manufacturière a également chuté, passant de 25 % en 2000 à 16 % en 2021.
 
Alors que ces tendances décimaient la ceinture de rouille des États-Unis, qui s’étend du Wisconsin à l’est de la Pennsylvanie, la frustration populaire face à la mondialisation et aux « élites politiques » qui l’avaient encouragée n’a cessé de croître. En 2016, Donald Trump a fait monter leur frustration à la Maison-Blanche, promettant de relancer l’industrie américaine et de forcer la Chine à changer ses pratiques commerciales. Et Trump espère faire de même en novembre.
 
En ce sens, la politique chinoise d’enfant unique a indirectement mais profondément remanié le paysage politique américain. Et maintenant, la politique américaine reforme l’économie chinoise. La réaction des États-Unis contre la Chine, qui a commencé avec les tarifs de Trump en 2018 et s’est intensifiée sous le président Joe Biden, a fait chuter la part des produits chinois dans les importations américaines à seulement 12,7 % au premier semestre 2024
 
 
 
 
 
. Au-delà de la perte du marché américain, la Chine perd certaines de ses propres entreprises manufacturières qui délocalisent une partie de leur production vers des pays comme le Vietnam et le Mexique pour éviter les tarifs américains. Ce transfert partiel augure d’un retrait plus large, à l’image de celui auquel le secteur manufacturier japonais a dû faire face alors qu’il était en déclin.
 
La Chine ressemble de plus en plus au Japon pour deux autres raisons : premièrement, sa main-d’œuvre diminue rapidement et vieillit. Selon le gouvernement, les naissances annuelles sont passées de 23,4 millions en moyenne en 1962-1990 à seulement 9 millions l’an dernier et même ce chiffre est probablement grossièrement exagéré. D’ici quelques années, la Chine enregistrera probablement seulement six millions de naissances par an. Entre-temps, l’âge médian des travailleurs migrants, qui représentent 80 % de la main d’œuvre manufacturière chinoise, est passé de 34 en 2008 à 43 l’année dernière, tandis que la proportion de personnes de plus de 50 ans passait de 11 à 31 %. Certaines usines de fabrication sont déjà en train de fermer faute de main-d’œuvre.
 
Deuxièmement, le secteur des services chinois est sur le point de réduire la production. Alors que le gouvernement chinois cherche à accroître la part du PIB dans le revenu disponible des ménages, la demande chinoise de biens américains augmentera et certains travailleurs manufacturiers se tourneront vers les services, qui sont aussi l’endroit où le bassin en croissance rapide de diplômés universitaires trouvera un emploi. Le déclin de la fabrication pourrait ne pas se produire aussi rapidement qu’au Japon, parce que la Chine a un marché intérieur plus vaste et un écosystème industriel plus complet, et parce qu’elle investit massivement dans l’intelligence artificielle et la robotique, qui pourraient générer des gains de productivité.
 
Mais le déclin est à la fois inévitable et irréversible. Malheureusement pour les États-Unis, cela ne va pas nécessairement entraîner une relance de la fabrication nationale.
 
Yi Fuxian, chercheur principal à l’Université du Wisconsin-Madison, a dirigé le mouvement contre la politique chinoise de l’enfant unique et est l’auteur de Big Country with an Empty Nest (China Development Press, 2013), qui est passé d’être interdit en Chine à se classer au premier rang des 100 meilleurs livres de 2013 en Chine selon China Publishing Today.
 
https://www.project-syndicate.org/commentary/despite-fears-about-overcapacity-china-manufacturing-decline-is-inevitable-by-yi-fuxian-2024-08

La Chine fait face à une crise bancaire silencieuse. Les petites banques chinoises, 3'800 institutions rurales sont en difficulté. 36 banques ont disparu en une semaine qui ont fusionnées en une seule banque.

On parle de $7'000 milliards menacés (13% du système bancaire) !

Chez les jeunes, le chômage grimpe à plus de 17%. Economiquement si les USA et la Chine toussent en même temps, il faudra penser à donner un nom à ce cocktail explosif...

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1385-energies-economie-petrole-peak-oil-la-revue-mondiale-juillet-aout-2024.html

les restaurants de nouilles “gravement” minés par la crise...

Plus d’un million. Le chiffre du nombre de fermetures de restaurants en Chine durant les six premiers mois de l’année, proche du total de l’année précédente entière, inquiète les médias de l’empire du Milieu, qui s’alarment de la baisse de la consommation.

“La morosité de l’économie chinoise a entraîné un ralentissement de la consommation, qui frappe gravement le secteur de la restauration”, alerte le 28 août Lianhe Zaobao. Pour le journal de Singapour, les restaurants de ramen haut de gamme, qui étaient très à la mode dans l’empire du Milieu, sont confrontés à des difficultés sans précédent. Cette situation s’est concrétisée par la fermeture de près de 30 000 restaurants de nouilles au premier semestre de cette année.

Ajisen Ramen, la célèbre chaîne japonaise de ramen, autrefois très prisée des consommateurs chinois, a souffert d’une double peine durant les six premiers mois de 2024 : baisse de fréquentation et diminution des ventes en magasin. Son dernier rapport financier a enregistré une perte nette de 20 millions de yuans (2,5 millions d’euros) au premier semestre.

https://www.courrierinternational.com/article/consommation-en-chine-les-restaurants-de-nouilles-gravement-mines-par-la-crise_221623

le talon d'Achille de la Chine réside dans sa dépendance croissante à l'égard des matières premières et de l'énergie extérieures. Comme le raconte l'histoire biblique sans l'insister, on ne se rend pas compte de son talon d'Achille jusqu'à ce que la flèche empoisonnée le frappe...

Ce qui se cache en Chine, c’est le nombre croissant de jeunes au chômage, et peut-être même désormais de travailleurs en milieu de carrière. Certes, certains/beaucoup sont sans compétences et ont quitté les zones rurales pour les villes à la recherche de travail, mais beaucoup sont des enfants diplômés d'université, des millions, qui sont endettés et ne peuvent pas trouver d'emploi. Ajoutez à cela la destruction des économies de leurs familles qui les envoient à l'université et l'éclatement de la bulle immobilière. De nombreux cols blancs d’âge moyen perdent désormais leur emploi. Bientôt aux États-Unis ?

J'ai remarqué dans ces vidéos que de plus en plus de jeunes Chinois abandonnent l'université et postulent à l'académie de police, c'est-à-dire les quelques emplois gouvernementaux qui offrent plus de sécurité et d'avantages perçus par rapport au secteur privé, car même maintenant, le PCC a dû réduire ses dépenses. le secteur public non productif – même les médecins.

Ce concours a abouti à des normes plus élevées requises pour l'admission dans ces académies de police qui étaient autrefois considérées comme des emplois de classe inférieure.

Cela dit, le nombre croissant de candidats à la police et la création d'une force de police en Chine permettent-ils une boucle de rétroaction vicieuse d'un contrôle encore plus grand sur la population parce qu'il y a plus de « crétins » pour exécuter les ordres du PCC – la police et l'armée étant les derniers à le faire ? garderont leur emploi- à l'exception de tous les travailleurs des ateliers clandestins qui travaillent au « 9-9-6 » (ils vont travailler de 9h00 à 21h00 6 jours par semaine) et effectuent le travail productif pour l'équivalent d'un quelques dollars par jour ?

Tant qu’il dispose de suffisamment d’hommes de main bien payés, un gouvernement tyrannique peut se maintenir au pouvoir. Quand l’argent s’épuise, ou quand l’argent perd toute sa valeur et ne permet plus d’acheter quoi que ce soit, le bouleversement se produit.

(commentaire sur le blog de Gail Tverberg)

sa réponse :

"Cela a l'air vraiment inquiétant. Les énormes problèmes en Chine seront exportés dans le monde entier !"

L'inquiétant ralentissement chinois...

 

Cette semaine, c'est la Chine qui suscite à nouveau des inquiétudes parmi les analystes...

Les prêts bancaires de la Chine à l'économie réelle ont chuté pour la première fois en 19 ans, marquant un tournant préoccupant qui met en lumière pourquoi la faible demande intérieure est devenue un obstacle majeur à la croissance et à la reprise économique...

Bien que les taux d'emprunt restent attractifs, la demande semble se tarir, menaçant ainsi directement la croissance chinoise pour les mois à venir.

La baisse de la consommation est déjà visible sur le marché automobile, qui a enregistré des chiffres en forte diminution pour le mois de juillet :

 

 

Il semblerait que la crise immobilière chinoise se propage à l’ensemble de l’économie.

Le plus grand producteur mondial d'acier, China Baowu Steel Group, a averti que les aciéristes chinois sont confrontés à une crise prolongée en raison de l'effondrement du marché immobilier en Chine.

La faible demande a conduit à une surproduction d'acier, ce qui a fait chuter les prix et entraîné des pertes pour les raffineurs.

Les sidérurgistes chinois se tournent vers les marchés étrangers pour compenser, mais se heurtent à des barrières commerciales.

Selon Baowu, la situation actuelle est jugée plus grave que les crises de 2008 et 2015, malgré les tentatives des décideurs chinois pour relancer le marché immobilier.

Le secteur sidérurgique chinois est dévasté par une faible demande et une production industrielle en recul, tandis que l'effondrement du marché immobilier paralyse la plus grande économie d'Asie.

Les investisseurs choisissent pour l'instant de se tourner vers les marchés américains, en attendant plus de clarté sur le ralentissement brutal anticipé de l'économie chinoise. Depuis deux ans, la sous-performance du marché chinois par rapport au marché américain est particulièrement notable :

 

 

La crainte d'une vague déflationniste provenant de Chine pèse sur les matières premières et stimule l'accumulation de positions dans les ETF liés à l'or.

Les encours de ces ETF chinois ont augmenté pour le huitième mois consécutif, malgré des cours de l’or de plus en plus hauts :

Laurent Maurel | 16 août 2024 extrait, cf l'article entier via le lien :

https://or.fr/actualites/inquietant-ralentissement-chinois-3399

 

"Je ne sais pas comment évoluera la situation en Chine. Ma première hypothèse est que la Chine telle que nous la connaissons aujourd’hui se désintégrera en unités plus petites, et nombre de ces unités plus petites continueront à produire des biens et des services. Une grande partie de la dette chinoise sera en défaut de paiement. La Chine exportera beaucoup moins de marchandises à l’avenir."

Gail Tverberg, 25 07 24

un siècle de tempêtes en vue pour l’économie, selon le milliardaire Ray Dalio...
 

L’économie chinoise tend à se stabiliser, mais reste fragile. Elle est bien loin d’être tirée de l’ornière, selon le célèbre investisseur milliardaire Ray Dalio, qui a cofondé Bridgewater, un des plus importants fonds spéculatifs de la planète.

La Chine continue d’inquiéter les investisseurs en actions de la planète. Outre le risque d’invasion de Taïwan, qui pourrait susciter de nouvelles tensions géopolitiques, l’économie chinoise est soumise à des pressions négatives structurelles (vieillissement de la population dû à l’ex-politique de l’enfant unique et recul attendu de la population active, concurrence d’autres grandes puissances émergentes - comme l’Inde - ou de pays dynamiques à bas coûts comme le Vietnam, etc.) et devrait souffrir encore longtemps de la crise immobilière.

Les Bourses de Hong Kong et de Shanghai sont à la peine, sous-performant de façon spectaculaire le CAC 40 et les Bourses du monde occidental. De nombreux observateurs affichent leur pessimisme sur les perspectives de la Chine. Parmi eux, le célèbre et richissime investisseur Ray Dalio, cofondateur de Bridgewater Associates (un des plus importants fonds spéculatifs de la planète), a la dent particulièrement dure, puisqu'il a écrit sur LinkedIn redouter une tempête d’un siècle pour l’économie chinoise, du fait d’une conjonction de facteurs dépressifs. Tour d’horizon.

La Chine est lestée par une dette excessive et le plongeon de l’immobilier et de la Bourse

Ray Dalio dénonce en premier lieu le problème d’une dette excessive. L’endettement privé (dette des entreprises et des ménages) est relativement élevé, tout comme l’endettement des régions chinoises, si bien que la dette totale de l’Empire du Milieu est globalement trop importante. Par ailleurs, en Chine, la chute des prix de l’immobilier et des actions appauvrit les ménages et pèse sur leur confiance et leur consommation, déjà éprouvée par les pressions sur l’emploi et les salaires. Ces problèmes, associés au vieillissement de la population, constituent un cocktail inquiétant pour les perspectives à long terme de l’économie chinoise.

Un climat de plus en plus anxiogène, de nombreuses entreprises étrangères évitent la Chine

Ray Dalio a aussi noté le creusement des inégalités de revenus et de richesse entre riches et pauvres en Chine, qui a incité Pékin à promouvoir une politique de prospérité commune. La dérive autoritaire du gouvernement alimente un climat de peur, en particulier chez les élites capitalistes, souligne le milliardaire. Par ailleurs, la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, les deux principales puissances économiques mondiales, a un impact très négatif sur l’économie, en dissuadant notamment de nombreuses entreprises étrangères d’investir en Chine. De nombreuses multinationales occidentales préfèrent miser sur des pays a priori plus neutres (comme l’Inde) et tâchent de ne pas apparaître aux yeux du grand public comme des sympathisants de la Chine.

Droits de douane, changement climatique, conflit sino-américain… nouveaux écueils en vue pour la Chine

Le milliardaire s’attend à ce que de nombreux pays importateurs accusent la Chine de dumping, la pratique consistant pour une entreprise à vendre à des prix excessivement bas (souvent grâce à des subventions d’Etat), inférieurs à ceux des acteurs locaux, ce qui se traduit par une concurrence jugée déloyale. Ces pays risquent selon Ray Dalio de répliquer, en instaurant des droits de douane. D’après lui, le modèle économique chinois, basé sur l’augmentation de la part du pays dans la production manufacturière mondiale, sera mis à mal du fait de la forte augmentation attendue des droits de douane des grands partenaires commerciaux. Enfin, Ray Dalio a mis en garde contre les effets pervers de la guerre technologique sino-américaine ainsi que contre l’impact du changement climatique, qui risque de coûter cher à l’économie chinoise.

https://www.capital.fr/entreprises-marches/chine-un-siecle-de-tempetes-en-vue-pour-leconomie-selon-le-milliardaire-ray-dalio-1494590

« une cocotte-minute prête à exploser »

Une source bien informée livre son témoignage sur les turbulences que traverse le régime de Xi Jinping en ce début d’année du dragon.

La nouvelle année lunaire du dragon de bois, qui vient de commencer, est-elle celle de tous les dangers pour la Chine ? Considéré en Asie comme l'animal le plus chanceux du zodiaque, le dragon peut offrir des sommets en matière d'amour, de réussite ou de succès personnels. Mais il peut aussi annoncer des crises inattendues : guerres, coups d'État, voire violences extrêmes. Or, en Chine, la crise s'amplifie avec des purges qui se multiplient, orchestrées par le président Xi Jinping qui, au nom de la lutte contre la corruption, écarte ses rivaux, déclarés ou non. Son exercice du pouvoir en solitaire l'a conduit à commettre des erreurs, pour certaines graves, si bien que le doute s'installe au sein de la population, comme en témoigne une source chinoise très au fait de la situation.

« La situation est critique, explique cette source qui a accès aux milieux dirigeants du pays. Tout le monde a peur et on ne peut plus faire confiance. La crise financière est telle qu'un fonctionnaire sur cinq n'est plus payé dans les provinces. À Pékin, il n'y a pas de problème, mais prenons l'exemple de Wenzhou : dans cette province côtière, le problème est sérieux. Au Sichuan, c'est pire encore. »

La peur comme sentiment dominant en Chine

La situation dans les hôpitaux publics est grave aussi, pour les mêmes raisons : il n'y a plus d'argent dans les caisses des provinces. La plupart d'entre elles sont surendettées, conséquence de programmes pharaoniques de construction d'infrastructures largement inutiles. « Les salaires des médecins sont très bas. À Shanghai, certains médecins reçoivent autour de 120 euros par mois, un montant ridicule et indigne », explique cette source récemment venue en France.

« Récemment encore, lorsque je me trouvais en Chine, tout le monde râlait. Maintenant, les gens se taisent. Les enfants des hauts dirigeants à tous les niveaux, jusqu'aux vice-ministres, soit sont déjà partis, soit s'apprêtent à quitter la Chine, souligne cette source. Par exemple, le fils du secrétaire de Xi Jinping, Lu Zhifei, est parti. Beaucoup de ces enfants de hauts cadres, les “princes rouges”, ont perdu confiance. Ceux en Chine qui ont beaucoup d'argent ne le déposent plus dans les banques car, là aussi, la confiance est perdue. »

Le sentiment dominant est la peur. « Beaucoup de cadres dirigeants du Parti se sentent inutiles au point de passer leur temps à jouer aux cartes. Cela cache un sentiment largement répandu dans les instances dirigeantes : il n'y a plus rien à faire. Le président du musée Deng-Xiaoping, dans le Sichuan, la province d'origine de l'ancien dirigeant, estime qu'il perd son temps à parler. Il préfère, lui aussi, jouer aux cartes. »

« C'est un peu comme ces étudiants qui, à Shanghai, manifestaient dans les rues contre la politique zéro Covid et brandissaient des pancartes blanches », explique cette source dans une allusion aux manifestations qui avaient touché une vingtaine de villes de Chine à l'automne 2022 pour exprimer la colère de leurs habitants face aux mesures d'isolement imposées à la population. « Personne ne sait dans quelle direction la situation va évoluer. C'est très inquiétant car on voit ce phénomène tant chez les balayeurs dans les rues ou les chauffeurs de taxi que tout en haut du pouvoir. Ce désarroi est inédit depuis au moins trente ans », souligne-t-elle dans un grand soupir.

Une génération sacrifiée

Les critiques qui visent Xi Jinping foisonnent. La première est qu'il n'a pas fait d'études supérieures. Comme beaucoup de jeunes pendant la révolution culturelle, il avait été envoyé à la campagne pour « étudier auprès des paysans ». « Ce que Xi Jinping a néanmoins appris, il l'a puisé dans l'histoire de la Chine ancienne : comment s'emparer du pouvoir et le garder. Dans ce domaine, il est très fort. Tout comme l'était Mao Zedong, dit notre source. Or, si vous observez son gouvernement, la plupart des ministres sont dans le même cas : ils n'ont pas fait d'études supérieures.

« J'entends certains hauts responsables de la finance dire qu'il est devenu nécessaire de déclarer l'État en faillite. La croissance réelle du PIB est actuellement inférieure à 3 %, bien loin du chiffre officiel de 5,2 % en 2023 ! Elle est en réalité retombée au niveau de celle des années 1960, l'époque de la révolution culturelle. À l'époque, le Parti avait pour slogan que la Chine dépasserait bientôt les États-Unis. Aujourd'hui, nous en sommes au même point. La population sait bien que les autorités cachent la vérité et mentent. Elle a pour spectacle un empereur qui n'a pas fait d'études supérieures et qui exerce le pouvoir en solitaire. Cette situation est inédite depuis le règne de Mao », confie cette source. Pour elle, « Xi Jinping a perdu le sens des réalités. Il s'est entouré de fidèles qui le flattent et lui cachent la vérité ».

L'épisode rappelle le moment où Mao, sentant le pouvoir lui échapper, avait déclenché la révolution culturelle. « Pour autant, je pense que personne en Chine n'a envie de violences. Quand bien même le peuple chinois perd espoir, même si la Chine est aujourd'hui une cocotte-minute prête à exploser, il ne veut pas de violences. Quant à l'avenir de Xi Jinping, qui sait ? La Chine ne peut pas rester longtemps dans l'état où elle se trouve. On assiste à des purges les unes après les autres dans les rangs du pouvoir. Alors, les gens attendent. »

Le sentiment général est l'urgence de revenir aux racines de l'identité chinoise, ses traditions anciennes balayées par l'idéologie communiste. « Aujourd'hui, la Chine est celle de programmes immobiliers vides, une course à l'argent à tout prix au détriment de la collectivité, un égoïsme général, le règne du chacun pour soi. L'éducation est en lambeaux, seule celle dans le privé reste crédible et recherchée par ceux qui ont les moyens financiers. Pour résumer, le Parti communiste a généré une génération sacrifiée. Pour que la Chine s'en sorte, il lui faudra vingt ou trente ans. »

Pierre-Antoine Donnet*

(*) Ancien rédacteur en chef central de l'AFP, écrivain spécialiste de l'Asie de l'Est

https://www.lepoint.fr/monde/la-chine-une-cocotte-minute-prete-a-exploser-21-02-2024-2553090_24.php

le Dragon affaibli

La crise financière de 2008 devait marquer un tournant décisif dans l’économie chinoise dont les effets pervers se répercutent aujourd’hui. Craignant une contagion qui affecterait leur système bancaire et les conséquences néfastes d’une baisse des exportations due au tassement de la demande mondiale, les responsables chinois estimèrent – suivant en cela la voie tracée par les Etats-Unis – que seule la création monétaire intensive permettrait d’amortir les chocs. Les banques chinoises furent donc vivement encouragées par l’Etat de prêter, principalement pour la construction d’infrastructures dont le pays n’avait pas vraiment besoin.
 

L’engouement fut en effet sans précédent, et des sommes pharamineuses furent dédiées, pour édifier plusieurs Petits Manhattan, plusieurs Petits Hong Kong, une réplique de la Place Rouge, un mini Paris et d’autres folies de ce genre aussi futiles que coûteuses. Les investisseurs autant privés qu’institutionnels chinois, ainsi que les épargnants de taille plus modeste, furent littéralement poussés dans les bras d’une intense spéculation immobilière ayant conduit les banques du pays à s’engager en seulement 5 ans sur une masse de crédits dont la taille équivalait aux créances accumulées par l’ensemble du système bancaire américain. Ce subit enrichissement n’était pourtant en rien fondamentalement utile à l’économie car les salaires – surtout ceux des plus modestes – stagnèrent et ne suivirent pas cette accélération de la prospérité dont on sait aujourd’hui qu’elle fut factice.
 

Les niveaux d’endettements du système financier chinois exigent une attention absolue et au niveau mondial, car les actifs et les portefeuilles des banques y comptent 70% d’immobilier. Un constat brutal : une baisse de seulement 5% de ce marché se traduirait par une perte de près de 3’000 millions de Dollars US, selon Bloomberg. Le malaise est donc désormais généralisé en Chine, et il est le fruit d’une série d’erreurs de gouvernance, aggravées par une attention toute particulière accordée aux domaines de la sécurité et de la technologie. Il est bien-sûr crucial et tout à l’honneur des élites dirigeantes d’avoir très nettement privilégié la production de véhicules électriques, de machineries industrielles, de navires, de semi-conducteurs…Rien n’a cependant été entrepris pour stimuler la consommation des ménages, si ce n’est le faux sentiment de richesse que leur conférait les appréciations immobilières appartenant au passé et qui n’étaient que du trompe l’œil. C’est donc une politique de l’offre à outrance quasi-caricaturale – contre-exemple absolu à enseigner dans les facultés d’économie – qui fut exigée de tous les intervenants au détriment de la demande agrégée condamnée, pour sa part, à rester chroniquement basse pour les années à venir.
 

La Chine nous prend donc aujourd’hui par la main pour nous conduire vers la déflation d’une part. Sachant que, par ailleurs, son industrie à la fois à la pointe du progrès et fort compétitive en termes de prix suscitera inévitablement des réflexes protectionnistes à travers le monde. Les maléfiques 3 D, à savoir Dette, Demande et Démographie n’ont pas fini de sévir en Chine pour qui l’année du Dragon risque de rimer avec stagnation.

 

Michel Santi

La crise économique en Chine est plus grave que ne le pense l’Occident....

En janvier, les prix à la consommation en Chine ont chuté au rythme le plus rapide depuis 15 ans. Cela met en évidence les défis auxquels sont confrontés les décideurs politiques pour restaurer la confiance des investisseurs dans la deuxième économie mondiale. Ce déclin s’inscrit dans une série de revers économiques. Avec notamment une crise immobilière persistante, un krach boursier et une baisse des revenus d’exportation. Tout cela contribue à accroître le pessimisme quant aux perspectives économiques du pays.

 

Pourquoi est-ce important ?

La baisse continue des prix à la consommation, associée aux problèmes du secteur immobilier, du marché boursier et des recettes d'exportation, constitue une menace sérieuse pour la stabilité et la croissance économiques du pays. Cela a des implications non seulement pour la Chine, mais aussi pour l’économie mondiale, compte tenu de la taille et de l’importance de la Chine en tant que puissance économique.

Dans l’actualité : la Chine traverse une crise sans précédent. Malgré une croissance économique supposée de 5,2% en 2023 – chiffre peu crédible -, la Chine est dans une spirale déflationniste.

  • En janvier, les prix à la consommation en Chine ont chuté de 0,8 % sur un an. Soit la plus forte baisse depuis 2009 et plus que ce que les analystes prévoyaient.
  • Plus de 1.000 milliards de dollars en valeur marchande ont déjà disparu des bourses de Chine et de Hong Kong cette année, l’indice composite de Shanghai ayant atteint un plus bas.
  • Les perspectives économiques de la Chine sont plus sombres que jamais. En partie à cause de la crise actuelle du marché immobilier et de l’inefficacité des plans de sauvetage du gouvernement.

Immobilier, bourse et exportations… tout est à l’arrêt

Zoom avant : la Chine est entrée en déflation en juillet et chaque mois, les prix à la consommation ont chuté ou stagné. Même si le chiffre de janvier a été particulièrement impacté par la forte baisse des prix de la viande de porc et devrait à nouveau se redresser en février, le problème est grave.

  • Le marché immobilier est dans une spirale descendante avec une baisse des prix et des ventes, sans intervention efficace du gouvernement.
  • La bourse a subi des pertes importantes, en baisse de plus d’un cinquième depuis le début de 2022.
  • La baisse des revenus d’exportation s’ajoute aux défis économiques de la Chine, à un moment où le pays est également aux prises avec une instabilité financière interne.

Accords avec le Japon dans les années 1990

Zoom arrière : la situation en Chine est similaire à celle du Japon dans les années 1990. Elle est préoccupante. Le Japon devait lui aussi rivaliser avec les États-Unis pour le titre de première puissance mondiale l’économie locale s’est dégradée. Depuis plus de 20 ans. Dans une spirale de croissance zéro et de déflation. Démographie, éclatement des bulles immobilières, endettement excessif : mêmes causes, mêmes conséquences.

  • Les attentes d’une reprise économique en 2023 ne se sont pas concrétisées au premier semestre. De quoi augmenter le pessimisme du marché.
  • Un sondage de Goldman Sachs a montré que les clients locaux sont extrêmement pessimistes quant aux perspectives économiques de la Chine. Les scores indiquent un manque de confiance similaire à celui observé lors des confinements de 2022.
  • Les difficultés économiques de la Chine ont des conséquences potentiellement considérables sur le marché mondial. Car le pays joue un rôle crucial dans le commerce et les investissements mondiaux.

Dominique Dewitte
publié le

https://fr.businessam.be/la-crise-economique-en-chine-est-plus-grave-que-ne-le-pense-loccident/

La Chine prise au piège de ses crédits accordés aux pays en développement

Avec les « nouvelles routes de la soie », la Chine a octroyé de nombreux prêts aux pays en développement. Avec les risques de défaut de paiement, elle risque le retour de bâton.

La Chine découvre à ses dépens le revers de la médaille de l'endettement excessif de ses créditeurs. Au cours des vingt dernières années, elle n'a pas cessé de tisser sa toile au niveau international, en particulier dans le cadre de ses « nouvelles routes de la soie ». Elle est devenue non seulement le plus grand emprunteur parmi les pays classés à revenu faible et intermédiaire par la Banque mondiale, mais également l'un de leurs plus grands créanciers.

Depuis le lancement de cette initiative en 2013 , et ce jusqu'en 2016, elle a mobilisé en moyenne chaque année 16,3 milliards de dollars de nouveaux engagements. Elle a été à l'origine de 53 % des engagements bilatéraux envers les pays pauvres. A la fin de 2022, la dette extérieure publique de ces pays pauvres envers la Chine s'élevait à 180 milliards de dollars.

Créancier majeur

C'est un montant loin d'être négligeable au regard de la dette de ces mêmes pays envers la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (223 milliards de dollars) et l'Association internationale de développement (AID), une des filiales de la Banque mondiale spécialisée dans l'aide aux pays très pauvres (183 milliards dont 16 milliards de la Chine).

A ces chiffres officiels s'ajoutent des prêts de la Chine consentis au secteur privé de ces pays en développement sans qu'il y ait une garantie de l'Etat.

L'Afrique privilégiée

De 2012 à 2022, les engagements de la Chine envers ces pays pauvres ont totalisé 254 milliards de dollars. Les prêts - principalement dans les infrastructures et les industries extractives - étaient surtout destinés aux pays producteurs de pétrole, aux voisins de la Chine, à ceux situés le long du corridor des nouvelles routes de la soie et à des pays riches en minerais.

Les pays d'Afrique subsaharienne ont connu les plus fortes augmentations de prêts chinois depuis 2012, tant et si bien qu'à la fin de 2022, ils représentaient 44 % des obligations envers la Chine. Cette dernière détenait ainsi 43 % de la dette du Zimbabwe, 24 % de celle de la Zambie, 20 % de celle de l'Ethiopie et 18 % de la dette kenyane.

Un recul certain

Au cours de ces dernières années, les prêts chinois se sont néanmoins faits moins nombreux. « Les engagements ont fortement chuté pour atteindre 5,4 milliards de dollars en 2022, dont 80 % sont allés aux pays voisins de la Chine et à ceux de la région de l'Asie du Sud. Les nouveaux engagements de prêts en faveur des pays d'Afrique subsaharienne représentaient un montant négligeable de 145 millions de dollars », observe dans son rapport la Banque mondiale.

Les difficultés économiques de la Chine , la forte contraction de son excédent de compte courant, l'échec de certains projets à l'étranger et les risques de surendettement des pays en développement n'y sont pas étrangers. Aujourd'hui, elle fait face à plusieurs cas de défaut de paiement sur des dettes extérieures. Le Tchad, le Ghana, la Zambie et l'Ethiopie sont autant d'alertes pour Pékin qui se voit dans l'obligation de parler de restructuration plutôt que de nouveaux prêts aux pays africains ou aux pays fragilisés ailleurs, à l'instar du Sri Lanka.

Richard Hiault

Publié le 29 déc. 2023
https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/la-chine-prise-au-piege-de-ses-credits-accordes-aux-pays-en-developpement-2043651?utm_source=pocket-newtab-fr-fr
Alors que l’inflation reste une menace pour le reste du monde, en Chine, le gouvernement tente en vain d’enrayer la chute des prix

L’année 2023 devait être celle du réveil du dragon chinois. Mais l’économie de l’Empire du Milieu reste frileuse, freinée par une demande en berne et un Indice des Prix à la Consommation qui refuse de remonter. Résultat : une chute des prix que Pékin ne parvient pas à enrayer.

 

Pourquoi est-ce important ?

Il est bien loin le mois de mars dernier, où le Politburo du Parti communiste chinois promettait une croissance de 5% du PIB. La Chine a vu son redémarrage économique peiner à démarrer, en particulier à cause d'une demande en baisse de biens manufacturés, à l'international, mais aussi et surtout sur son marché intérieur. À tel point que Pékin craint maintenant une spirale déflationniste.

Dans l’actualité : L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) a chuté de 0,5 % en novembre par rapport à l’année précédente, en Chine. Et ça n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie du pays.

Une chute des prix qui s’accélère

  • C’est la plus forte baisse depuis novembre 2020, année bien particulière. Et c’est 0,1% de plus que les estimations précédentes du Bureau National chinois des Statistiques.
  • L’IPC chinois fluctue depuis le début de l’année, détaille CNN. L’indice n’avait baissé que de 0,2 % par rapport à l’année précédente en octobre, après une reprise durant les mois précédents. En juillet, il était retourné dans le positif pour la première fois depuis deux ans, suscitant bien des espoirs. Vite déçus.
  • Visiblement, la tendance à la baisse des prix s’accélère. Au risque de virer à la spirale déflationniste. C’est l’inverse de l’inflation : la baisse de la demande fait baisser les prix, sans pour autant que cela suffise à susciter à nouveau l’intérêt des consommateurs.

« La situation de déflation en Chine s’approfondit avec le triple coup dur des prix alimentaires domestiques, des corrections des prix du pétrole international et de la faible demande intérieure. Les signes de faiblesse des prix se propagent désormais des biens aux services. […] Les prix alimentaires ont fortement pesé sur l’IPC, en baisse de 4,2 % en novembre par rapport à l’année précédente. »

Citi, entreprise financière majeure basée à New York, dans une note publiée dimanche.

Marasme en vue

Ça peut sembler une bonne nouvelle depuis nos économies occidentales frappées par l’inflation, et dont le panier des consommateurs reste horriblement cher. Mais ça ne l’est pas, pour le gouvernement de Pékin.

  • Vendredi, les hauts responsables chinois se sont réunis pour une réunion du Politburo et ont promis d’en faire plus pour étendre la demande intérieure et stimuler les dépenses des consommateurs.
  • Car c’est un signe de marasme économique. Sans demande pour écouler ses produits, c’est l’ensemble du secteur industriel qui peut se retrouver en difficulté, alors que l’économie chinoise a déjà du fil à retordre avec sa bulle immobilière qui ne demande qu’à éclater. Déjà, la confiance des investisseurs étrangers sur les marchés chinois a été réduite à bien peu de chose, et ils retirent leurs billes en masse face à l’absence des bénéfices attendus. C’est une leçon appliquée de marasme économique, qu’est en train de nous offrir l’Empire du Milieu, à ses dépens.

Matthias Bertrand
publié le

https://fr.businessam.be/chine-deflation-chute-des-prix/

 

 

 

Ruée vers l’or en Chine


Le prix de l’or chute à Londres alors qu’il augmente en Chine. La divergence rapportée dans mon dernier article se poursuit cette semaine.

Le marché chinois de l’or et des métaux précieux semble suivre sa propre trajectoire.

Il faut dire qu’il s’agit de deux marchés distincts:

En Occident, le marché des métaux précieux est presque entièrement dominé par le marché "papier", où les participants aux marchés à terme déterminent le prix de l’or et de l’argent grâce à des positions à fort effet de levier. Le marché physique ne joue pratiquement aucun rôle dans les mécanismes de détermination des prix.

L’exposition des investisseurs institutionnels aux métaux précieux est à son plus bas niveau depuis quarante ans.

Lorsqu’ils sont exposés à l’or, les gestionnaires le font généralement au moyen de produits dérivés, de certificats ou d’autres FNB, mais rarement sous la forme d’or ou d’argent physique.

Quelques individus détiennent des métaux physiques, mais même le marché de détail est beaucoup moins exposé à l’or dans les pays occidentaux que dans les pays asiatiques.

Le nombre de personnes possédant de l’or physique en Europe et en Amérique du Nord est relativement faible par rapport aux générations précédentes.

En Chine, l’achat d’or prend un tout autre sens.

En juin dernier, la Banque populaire de Chine (PBOC) a discrètement lancé une initiative importante, largement ignorée par les médias.

Cette initiative permet aux citoyens chinois de convertir facilement leur épargne en renminbis, déposée sur un compte bancaire, en or physique. L’objectif est d’encourager une plus grande partie de la population chinoise, y compris les personnes à faible revenu, à investir dans les lingots d’or et d’argent.

Les Chinois peuvent donc créer un compte combinant l’or et le yuan, et ainsi bénéficier d’une grande flexibilité en termes de retrait du yuan, de livraison physique, de stockage de l’or dans les entrepôts, ainsi que d’opérations d’achat / vente d’or.


La BPC étend ses efforts pour inclure des millions de petits clients qui ont actuellement peu ou pas d’exposition à l’or.

La Bourse de l’or de Shanghai (SGE) opère par la découverte de prix basée sur des échanges physiques, en particulier pour l’or et l’argent. Ce mécanisme de prix est basé sur la demande réelle par rapport à l’offre physique. Le marché chinois de l’or fonctionne selon un ratio de 1:1, ce qui signifie qu’un contrat d’une once est entièrement couvert par une once d’or physique.

Contrairement au COMEX, le SGE n’est pas un marché réservé aux investisseurs qualifiés qui sont obligés de prendre une exposition fortement endettée, et où les procédures de livraison sont très complexes. La Bourse chinoise offre des options de livraison très simples et ne nécessite aucun effet de levier.

Il existe un lien beaucoup plus direct entre l’investisseur individuel et le métal physique disponible, avec une livraison immédiate sur le marché de Shanghai. Ce marché a considérablement augmenté la demande de métal physique en Chine ces dernières semaines.

Un article dans le South China Morning Post détaille la récente engouement chinois pour l’or. L’un des négociants en or interrogés dans l’article, Qiu, explique que les petits grains d’or d’un gramme sont particulièrement prisés par la génération Z.

Contrairement aux générations précédentes, qui préféraient les produits en or plus gros comme les lingots, ces jeunes consommateurs sont particulièrement friands des "grains d’or" d’un gramme.

Le prix relativement abordable de ce produit en forme de pilule encourage les jeunes à investir dans l’or, beaucoup d’entre eux trouvant sage de mettre de côté quelques centaines de yuans de leur salaire pour acheter un grain d’or par mois.

Dans un an, ces jeunes auront accumulé en moyenne une douzaine de grains d’or. Chaque grain d’or d’un gramme coûte environ 500 yuans (68,57 $) au début de l’année. Aujourd’hui, le prix est passé à environ 600 yuans. Pour ces jeunes, l’or est plus précieux et plus fiable que tout autre stock !

Les jeunes couples et les femmes de la classe moyenne préfèrent les lingots d’or. Les lingots de 10 et 50 grammes sont particulièrement populaires.

Selon un autre trader interrogé, Fang, cet attrait pour l’or physique peut s’expliquer par des incertitudes économiques et politiques croissantes : l’or devient plus crédible que d’autres actifs traditionnels, qu’il s’agisse d’immobilier ou d’actions.

Le secteur immobilier chinois est officiellement en récession depuis un an :

L’effondrement d’Evergrande et l’arrestation de son PDG ont accru les craintes d’un ralentissement du secteur immobilier chinois.

Le marché boursier chinois n’est pas très bon non plus. Il est à son plus bas niveau depuis 2001 par rapport aux marchés américains

L’or a également un plus grand attrait en Chine en raison de la récente sous-performance du marché boursier par rapport aux métaux précieux. Le contexte est très différent de celui des pays occidentaux, où une correction significative de l’immobilier et une baisse notable des marchés boursiers n’ont pas encore eu lieu.

Cette nouvelle ruée vers l’or transforme le marché des métaux jaunes. La domination de la Chine devient de plus en plus évidente:


La nouvelle demande physique de la Chine soutient les prix de l’or, à un moment où les pays occidentaux se retirent des ETF. Pour la première fois depuis leur introduction, les ETF n’ont plus d’influence directe sur le cours de l’or. Si l’allocation de ces FNB correspondait au cours de l’or, l’or serait coté à 1600 $ :


Si nous combinons les réserves chinoises avec les réserves de ces ETF, nous constatons que cette fois la correspondance est respectée :


Les investisseurs occidentaux ont abandonné l’or en prévision d’une hausse des taux d’intérêt réels, qui a traditionnellement un impact à la baisse sur l’or. Ils ont vendu de l’or et acheté un niveau record de bons du Trésor.

Problème : la hausse des taux a été si forte que ces acheteurs sont maintenant coincés avec d’énormes pertes non réalisées!

Pour illustrer cette situation, Otavio Costa a publié un graphique comparant les avoirs du FNB TLT avec la performance de l’indice.


Les pertes sur les actifs HTM (hold-to-maturity) sont virtuelles, car leurs détenteurs les détiennent généralement jusqu’à l’échéance.

Mais ils figurent désormais dans les bilans des institutions.

La faillite de la SVB a révélé qu’en cas de problèmes de liquidité, les actifs de HTM deviennent une bombe à retardement, déclenchant un problème de solvabilité. Lorsque l’institution rencontre des problèmes de liquidité, des pertes imprévues doivent être enregistrées et elle se trouve obligée de vendre ces actifs.

Les actifs HTM passent du statut "Hold to Maturity" au statut "Hide to Maturity" sur de nombreux bilans !

La menace de solvabilité de nombreuses institutions est sans aucun doute l’une des principales raisons pour lesquelles les citoyens chinois se tournent vers l’achat d’or pour protéger leurs économies.

Publié par Laurent Maurel | 29 septembre 2023

(extraits, texte complet avec graphiques via le lien)

Les informations contenues dans cet article sont à titre informatif uniquement et ne constituent pas un conseil en investissement ou une recommandation d’achat ou de vente.

Il s'agit d'une très bonne vidéo de Peter Zeihan intitulée « Ne soyez pas surpris par l'effondrement de la Chine ». Zeihan souligne comment les rivaux politiques potentiels ont été discrètement évincés du pouvoir et comment les informations publiques de toutes sortes disparaissent désormais de la vue. Les statistiques standards ne sont plus disponibles sur de nombreux sujets. Les biographies des jeunes politiciens potentiels ne sont même pas disponibles.

Aussi, le taux de natalité semble s’être effondré de 70 % depuis 2017, si j’ai bien compris Zeihan. Cela signifie que le pays a un véritable problème démographique, avec trop de personnes âgées et pas assez de personnes en âge de travailler.
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Une chose que Zeihan ne mentionne pas, c'est que la Chine a rencontré des problèmes de production de charbon il y a longtemps – vers 2012 ou 2013. Elle a essayé de cacher ces problèmes. Lorsque j’étais en Chine en 2015 pendant un mois, l’un des messages que je recevais des gens là-bas était que les choses allaient déjà bien moins bien que ce qui était annoncé au monde extérieur. La Chine avait construit tout son modèle sur une croissance rapide et continue, et ce modèle ne pouvait pas vraiment être maintenu. Une dette accrue et des importations en provenance des pays pauvres pourraient en quelque sorte masquer le problème pendant un certain temps, mais le problème finirait par devenir clair.

commentaire de Gail Tverberg sur son blog :

https://ourfiniteworld.com/2023/08/31/fossil-fuel-imports-are-already-constrained/comment-page-12/#comment-437028

Chine : rien ne va plus

La croissance patine, la crise de l’immobilier perdure et la consommation est en berne… Le modèle « marxo-capitaliste » montre ses limites.

« Tortueuse ». C'est l'adjectif officiellement et pudiquement choisi par le gouvernement chinois pour évoquer les ratés de la reprise économique observés depuis la levée, il y a neuf mois, des restrictions sanitaires contre le Covid-19. Fêtant à sa manière le retour à une vie normale après trois années de confinement, la croissance avait enregistré un net rebond au premier trimestre (+ 2,2 %) avant de très vite caler pour tomber à seulement 0,8 % au deuxième, une misère à l'échelle de la Chine. La suite de l'année ne se présentant pas sous les meilleurs auspices, l'objectif pourtant modeste fixé par Pékin d'une hausse de 5 % du PIB en 2023 paraît d'ores et déjà hors d'atteinte.

La Chine est d'abord victime de la détérioration de la conjoncture internationale, en premier lieu du ralentissement de l'activité en Europe et aux États-Unis, son ennemi géopolitique juré mais son partenaire commercial préféré ; ralentissement qui se traduit par une baisse de la demande de produits made in China. En juillet, les exportations chinoises ont reculé de 14,5 % sur un an.

Atonie consumériste

De façon plus inquiétante et totalement imprévue, la consommation des ménages est elle aussi en panne. Les économistes s'attendaient à ce que les Chinois, enfin libérés de leur prison sanitaire, redécouvrent le goût des voyages et du shopping, usent et abusent de leur carte de crédit. Ce n'est pas du tout le cas. Les ventes au détail stagnent tandis que les prêts aux particuliers s'établissent au plus bas niveau depuis 2009. Conséquence de cette atonie consumériste, la Chine se retrouve en déflationl'indice des prix affiché une baisse de 0,3 % au mois de juillet –, un comble au moment même où le reste du monde est submergé par une vague d'inflation sans précédent depuis quarante ansÀ rebours de toutes les autres grandes banques centrales, qui relèvent leurs taux directeurs, celle de Chine vient d'abaisser les siens.

À LIRE AUSSILes secousses de l'économie chinoise menacent l'Europe

La crise du marché immobilier est pour beaucoup dans ce marasmeLe miracle de la croissance en Chine au cours des dernières décennies avait aussi été celui des bétonnières, comme l'attestait le dynamisme phénoménal des secteurs du logement et de la construction, qui représentaient à eux seuls le quart du PIB. Mais, selon un schéma trop bien connu dans les pays occidentaux, une gigantesque bulle immobilière alimentée par la spéculation et la mégalomanie des promoteurs s'est formée, avant que la crise du Covid ne la fasse éclater. Résultat, le prix des logements recule, les appartements neufs ne trouvent plus preneur et, après Evergrande, c'est au tour de Country Garden, le numéro un chinois de l'immobilier, de se retrouveaujourd'hui au bord de la faillite, au risque de déstabiliser l'ensemble du système financier.

Plus grave encore, le retournement du marché plombe le moral des Chinois, qui voient leur patrimoine fondre au rythme de la baisse du prix du mètre carré. L'immobilier constitue en Chine l'essentiel de l'épargne des ménages, épargne de précaution destinée à faire face aux accidents de la vie et à financer sa retraite dans un pays où l'État providence se montre infiniment moins généreux qu'en France. Pas étonnant dans ces conditions que les Chinois préfèrent aujourd'hui se désendetter plutôt que courir les magasins.

Panique

Visiblement dépassé par les événements, le gouvernement tarde à réagirDifficile d'abord pour lui de mettre en œuvre un grand plan de relance budgétaire au moment où les agences de notation et les institutions internationales s'inquiètent de la dégradation de ses finances publiques. Selon le FMI, la dette publique chinoise (gouvernement central et administration locale) dépasse d'ores et déjà 120 % du PIB et pourrait atteindre les 150 % d'ici à 2027.

À LIRE AUSSI« La Chine fait tout pour dissimuler un ralentissement économique structurel »

 

Cédant à la panique devant la détérioration de la situation économique, les autorités chinoises viennent de prendre la décision radicale de suspendre la publication des très mauvaises statistiques du chômage des jeunes. Les membres du Comité central du Parti communiste n'ont pas eu l'occasion d'apprendre, lors de leur formation idéologique, cette loi fondamentale de l'économie selon laquelle la consommation est d'abord affaire de psychologie et de confiance. Un régime autoritaire peut aisément ordonner à des patrons d'entreprises d'État de produire et d'investir davantage, mais pas à des citoyens de dépenser leur argentConfronté à la défiance de consommateurs libres et qui détiennent le véritable pouvoir économique, le modèle « marxo-capitaliste » à la chinoise est en train de montrer ses limites et de révéler ses défauts structurels majeurs.

Pourquoi l'économie chinoise va si mal

Stagnation de la croissance, déclin démographique, secteurs immobilier et financier mal en point... La machine s'enraye.

L'économie chinoise fait grise mine. Après des décennies d'une croissance insolente, et après une reprise post-Covid, tous les indicateurs dont on dispose montrent des signes d'un ralentissement certain: le HCI, l'indice boursier de Hong Kong, est en baisse de 20% par rapport à son pic de janvier, le yuan a atteint son niveau le plus bas depuis seize ans, la croissance stagne, les exportations sont en berne et le chômage des jeunes atteint des niveaux inquiétants, rappelle CNN, qui s'interroge sur les raisons de ce marasme.

L'incapacité du gouvernement à amélorer la situation inquiète tant les analystes qu'ils tablent désormais sur une croissance inférieure à 5%, à peine 2 points de plus qu'en 2022, bien en dessous de ce à quoi le pays nous avait habitués.

Cercle vicieux

Selon Laura He, journaliste de CNN établie à Hong Kong, plusieurs causes expliquent ce ralentissement. D'abord, la crise de l'immobilier: après la défaillance du géant de l'immobilier Evergrande en 2021, cette année, un autre grand promoteur chinois, Country Garden, se retrouve en grande difficulté. Une nouvelle zone de turbulences pourrait faire mal à une économie fragilisée et un marché de l'immobilier chaotique.

Car malgré les adresses répétées des autorités aux dirigeants des principales banques et sociétés financières du pays pour accorder davantage de prêts et d'autres soutiens à l'économie, la demande de crédit s'essouffle. Et en dépit de la souplesse des établissement financiers, la construction et la vente de logements neufs n'avancent pas.

Cette atonie du marché ne fait pas les affaires du secteur: plus de cinquante promoteurs immobiliers sont à court d'argent, laissant des centaines de milliers d'appartements inachevés que de nombreuses familles, majoritairement de classe moyenne, avaient déjà achetés en contractant des prêts hypothécaires, rapporte le New York Times.

Ces difficultés ne sont pas que le lot de l'immobilier: les fonds d'investissement chinois, qui pèsent près de 2.900 milliards de dollars, ont eux aussi du mal à suivre –c'est le cas de Zhongrong International Trust. Le groupe d'investissement, qui gère 87 milliards de dollars de fonds pour des entreprises et des particuliers, n'a pas assuré les paiements auprès de certains de ses clients à hauteur de 19 millions de dollars, à tel point que des manifestants ont protesté devant le siège de la société pour exiger leur dû.

Autre problème majeur: la dette des administrations locales a explosé avec le coût des différents confinement. La baisse du marché de l'immobilier a entraîné une baisse des revenus fonciers liés à la vente de terrains aux promoteurs, créant des tensions budgétaires. En conséquence, les gouvernements locaux n'ont pas les moyens de soutenir la croissance pour tenter une relance.

Enfin, une possible crise démographique pourrait ajouter au chaos: le taux de fécondité continue sa baisse régulière, pour atteindre 1,15 enfant par femme en 2021, en dessous des 2,1 nécessaires au renouvellement de la population. Ainsi, pour la première fois en soixante ans, la population a décliné en 2022, affichant une baisse de 850.000 habitants.

Puisque le pays vieillit, la main-d'œuvre risque de se faire plus rare et les dépenses de santé pourraient augmenter, tendant un peu plus le budget et creusant la dette

La Chine entre officiellement en déflation, et ça pourrait bien durer : qu’est-ce que cela signifie ?

Pour la première fois depuis deux ans et demi, les prix à la consommation ont baissé en Chine. Le pays entre donc de facto en déflation. De quoi alimenter les appels au gouvernement pour qu’il mette en place davantage de mesures de relance.

 

Pourquoi est-ce important ?

Des prix à la consommation qui baissent, cela peut sembler être une bonne chose pour les consommateurs. Mais in fine, cela peut devenir très embêtant. Car si les prix reculent, c'est que la demande se tasse. Les entreprises diminuent alors leur offre, ce qui peut les mener à licencier des employés - ou du moins à ne plus embaucher. Elles peuvent également être tentées de proposer leurs produits à des prix encore plus faibles pour se défaire de leur stock, ce qui est mauvais pour leur rentabilité.

Les détails : la Chine entre en déflation.

  • L’indice des prix à la consommation en Chine a baissé de 0,3% en juillet (sur base annuelle).
    • Les prix de l’alimentation ont baissé de 1,7 %.
    • Les prix des légumes ont chuté de 1,5 %.
    • Les prix du porc (la viande la plus consommée) ont chuté de 26 %
    • Les prix non alimentaires sont restés stables.
  • L’économie chinoise tombe en déflation, un phénomène qu’elle n’avait plus connu depuis une courte période entre fin 2020 et début 2021.
  • L’indice des prix à la production – qui reflète le prix des produits à leur sortie de l’usine – a quant à lui chuté de 4,44% le mois dernier. Cela veut dire que les marges des entreprises sont réduites. Il en était déjà ainsi le mois dernier.
  • Autre indicateur du malêtre de l’économie chinoise : les exportations ont chuté de 14,5% en juillet, la plus forte baisse depuis la pandémie.

Les explications : c’était attendu.

  • En Chine, on ne se posait pas la question « Va-t-il y avoir une déflation ? », mais « Quand arrivera-t-elle ? », tellement l’économie est mal en point.
    • Le fait que cela se produise maintenant n’est pas une surprise. La plupart des analystes l’avaient prédit. Et ils s’attendaient même à une déflation plus prononcée (0,4-0,5%).
  • Cette déflation s’explique par une reprise post-Covid (très) décevante. Un marasme en partie causé par le crash du secteur immobilier, qui a longtemps représenté un quart du PIB chinois.
  • Les indicateurs manufacturiers déçoivent de mois en mois, la demande intérieure est en berne et les exportations sont plombées par la faible demande extérieure.
  • Si la précédente période de déflation avait été de courte durée, nombre d’analystes estiment que celle-ci pourrait davantage s’inscrire dans le temps.
    • « L’économie chinoise risque désormais sérieusement de sombrer dans un épisode déflationniste qui pourrait déclencher une spirale descendante auto-entretenue de la croissance et de la confiance du secteur privé », a ainsi commenté Eswar Prasad, expert en finance chinoise à l’Université Cornell, cité par le Financial Times.

La Chine peut-elle s’en sortir ?

Et maintenant : Pékin sommé d’agir.

  • Maintenant que la déflation est là, le gouvernement va recevoir encore plus d’appels à aider la relancer.
  • Les chiffres sont en effet bien éloignés des objectifs de Pékin, qui vise un taux d’inflation moyen de 3% au cours de 2023.
  • Fin juillet, les décideurs ont annoncé avoir préparé une série de mesures (détaillées ici) censées booster chaque secteur en difficulté de l’économie.
  • Reste à voir si Pékin, déjà lourdement endetté, osera vraiment sortir l’artillerie lourde ou si ce qu’elle proposera ne sera pas suffisant pour enrayer la spirale négative dans laquelle est engluée son économie.
    • Il faudra également s’assurer que les consommateurs et les entreprises y mettent du leur. Car avec le choc déclenché par la crise immobilière, chacun y réfléchit à deux fois avant d’emprunter et de dépenser.
  • Olivier Daelen
    publié le
L’économie chinoise ne tourne pas rond : après une demande intérieure en berne, les exportations s’effondrent

En mai, les exportations chinoises ont reculé pour la première fois depuis février. Un sondage de Reuters prévoyait une baisse de 0,4 % par rapport à l’année précédente, les données douanières ont montré que le chiffre était en fait de -7,5 %.

  • Hao Hong, économiste en chef du Grow Investment Group, a déclaré à CNBC que la Chine « ne pourra pas compter sur les exportations pour soutenir son économie au cours des six prochains mois ».
  •  
  • La raison invoquée est une réduction de la demande américaine, l’inflation et les taux d’intérêt, qui restent élevés dans ce pays.
  •  
    • Contrairement aux États-Unis la banque centrale chinoise appelle à une réduction des taux d’épargne dans la seconde partie de l’année pour stimuler la croissance économique.
    •  
  • Du côté des importations, une baisse de 4,5 % par rapport à l’année précédente a été observée. Les prévisions de Reuters tablaient sur une baisse de 8 %. En interne non plus, l’économie chinoise ne tourne pas rond.
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    • D’autres chiffres ont montré que les ventes au détail, l’industrie manufacturière, les prêts approuvés et les achats immobiliers ont tous baissé en avril par rapport à mars. Vendredi, la Chine publiera de nouveaux chiffres sur l’inflation.

(JM)

La ville chinoise de Wuhan d’où proviendrait le Covid-19 est en faillite totale

Pour lutter contre le Covid-19, les villes de Chine ont dépensé énormément d'argent. Aujourd'hui, Wuhan demande à ses créanciers de rembourser rapidement leurs dettes.

Après la crise sanitaire, c'est la crise économique qui touche de plein fouet Wuhan. La plus grande ville du centre de la Chine exhorte les entreprises à rembourser dès que possible les prêts auxquels elles ont souscrit. Vendredi 27 mai, le bureau des finances de la ville a déclaré dans un communiqué qu'au total, 259 entreprises et entités lui devaient plus de 100 millions de yuans, soit 13 millions d'euros. Les créanciers sont des entreprises publiques ou privées, des ministères et des groupes de réflexion, selon CNN.

Ce trou dans le budget de la ville s'explique notamment par les importantes et nombreuses dépenses liées à la campagne anti-Covid menée par le dirigeant chinois Xi Jinping. Les villes et les provinces ont payé des milliards d'euros lors des confinements, pour les tests PCR ou encore les centres de quarantaine... Plusieurs autres villes connaissent une situation financière semblables à celle de Wuhan. D'après les analystes, l'encours de la dette publique chinoise a dépassé les 123.000 milliards de yuans, soit plus de 16.000 milliards d'euros. Et cela serait sans compter la "dette cachée", estimée à 9.000 milliards d'euros, soutenue par les villes et les provinces. La situation financière de ces villes est telle que les prestations médicales aux personnes âgées notamment ont été revues à la baisse. Certains services de bus ont même été suspendus.

En outre, les confinements successifs ont beaucoup pesé sur le pouvoir d'achat des Chinois. Ne pouvant plus travailler, ils ont réduit drastiquement leurs dépenses, entraînant ensuite une baisse des recettes fiscales pour les gouvernements locaux.

Aucun chiffre précis n'a été communiqué par les dirigeants chinois au sujet des dépenses allouées pour lutter contre le Covid-19. Sauf la province de Guangdong qui a révélé avoir dépensé près de 20 milliards d'euros en trois ans.

 

 

https://www.capital.fr/economie-politique/la-ville-chinoise-de-wuhan-dou-proviendrait-le-covid-19-est-en-faillite-totale-1470014

Le bond en avant écologique de la Chine est un cauchemar pour l'Arabie saoudite et la Russie

La menace existentielle qui pèse sur l'Arabie saoudite et le cartel de l'OPEP vient de la Chine, et non pas du "net zero" ou des accords écologiques conclus en Occident.

En février, les ventes chinoises de voitures à essence et diesel ont chuté de 20 % en volume absolu par rapport à l'année précédente. Les ventes de véhicules électriques rechargeables ont continué à augmenter de manière explosive et ont atteint une part record de 32 % du marché des voitures particulières standard.

Au rythme actuel, les ventes de VE en Chine atteindront huit millions cette année, grâce à la prolifération des stations d'échange de batteries. Plutôt que de recharger sa propre voiture, on procède à un échange instantané. Pas besoin d'attendre. Pas besoin de bornes de recharge partout.

Les ventes ont bondi malgré la suppression des subventions à la fin de l'année dernière.  Le véhicule électrique le plus vendu en Chine est le BYD Song Plus, dont le prix de vente est d'environ 22 000 livres sterling. Le numéro deux est le Wuling Mini, plus petit. Son prix de départ est d'environ 4 000 livres sterling (ce n'est pas une faute de frappe).

"Ils produisent des VE bon marché pour le marché de masse, ce qui n'existe pas encore en Occident. C'est en train de décoller", a déclaré Lord Adair Turner, président de la Commission mondiale sur les transitions énergétiques (ETC).

Jusqu'à récemment, le consensus prévoyait que la pénétration des VE atteindrait 40 % des ventes chinoises d'ici à 2030. Ce seuil pourrait être franchi dès cette année si les fabricants parviennent à produire suffisamment vite pour répondre à la demande. "Nous pensons que les VE représenteront 80 % des ventes en Chine d'ici à 2030", a déclaré Kingsmill Bond, du cabinet de stratégie énergétique RMI.

L'électrification s'étend aux véhicules utilitaires légers, dont les ventes ont augmenté de 85 % d'une année sur l'autre.  Plus de 60 % des bus en service dans les villes chinoises sont déjà à faible émission de carbone. Tous les bus municipaux de la côte est seront électrifiés d'ici à 2025. Les camions long-courriers sont les prochains sur la liste.

Bloomberg New Energy Finance estime que les VE ont déjà remplacé 1,5 million de barils de pétrole par jour, soit 1,5 % de la demande mondiale. Ce phénomène est sur le point de s'accélérer de manière exponentielle.

"La demande de pétrole de la Chine va soudainement commencer à diminuer. La moitié du parc automobile chinois pourrait être électrique d'ici à 2030. Si l'on additionne les chiffres, cela pourrait permettre de soustraire plusieurs millions de barils de pétrole par jour", a déclaré Lord Turner.

"Le réseau ferroviaire à grande vitesse de la Chine signifie qu'il n'y aura pas non plus autant d'aviation interne. La consommation de pétrole par habitant n'atteindra jamais les niveaux américains", a-t-il ajouté.

L'OPEP maintient la fiction selon laquelle la demande de pétrole continuera à exploser jusqu'au milieu du siècle, mais cela repose sur le postulat obsolète que la classe moyenne croissante d'Asie fera plus que compenser la baisse des importations en Europe et en Amérique.

"Quoi qu'ils disent en public, les Saoudiens savent que les jeux sont faits. Ils voient bien que le plus grand marché automobile mondial pour les voitures à essence va s'effondrer", a déclaré M. Bond de l'IGR.    

Au cours des 40 dernières années, les Saoudiens ont joué (en grande partie) le rôle de "Réserve fédérale" du marché mondial du pétrole, en travaillant en étroite collaboration avec les États-Unis et l'Europe pour maintenir la stabilité. Ils empêchaient les têtes brûlées de l'OPEP de pousser les prix trop haut à des moments critiques, sachant que cela se retournerait contre eux en accélérant le passage à des technologies concurrentes.

Elle a abandonné ce rôle de régulateur du marché sous le prince héritier Mohammed bin Salman. Aujourd'hui, la stratégie consiste à extraire autant d'argent que possible des réserves de brut avant que la fenêtre ne se referme à jamais, en forçant délibérément les prix à la hausse (par des pratiques de cartel) afin d'exploiter la demande captive pour les anciens moyens de transport.

La décision prise le week-end dernier par l'OPEP et la Russie, sous l'égide de l'Arabie saoudite, de réduire l'offre mondiale de 1,1 million de b/j supplémentaires est un acte de faiblesse. Ce n'est pas l'action d'États cherchant à préserver un modèle commercial durable.

C'est un affront pour le président Joe Biden, mais ce n'est pas non plus une faveur pour Xi Jinping. Les chocs pétroliers sont terribles pour la Chine. Son intensité énergétique par unité de PIB est deux fois et demie plus élevée que celle des États-Unis.

L'Amérique est largement autosuffisante en pétrole brut : la Chine est de loin le premier importateur mondial, avec 10,8 millions de b/j. Sa dépendance à l'égard des importations de pétrole s'est accrue au cours des dernières années. Sa dépendance à l'égard des importations de pétrole a atteint 70 %, soit un niveau de vulnérabilité plus élevé que celui des États-Unis au pire moment de l'embargo sur le pétrole arabe en 1973.

Ce pétrole est principalement acheminé par pétroliers via le détroit de Moluque. La Chine est également le premier importateur mondial de gaz naturel liquéfié, également transporté par bateau. Il s'agit là d'une faiblesse géostratégique flagrante, alors que l'affrontement entre les superpuissances et les États-Unis devient de plus en plus dangereux.

Les stratèges chinois voient bien comment l'Occident utilise sa mainmise sur les flottes mondiales de pétroliers, l'assurance des navires et le financement du transport maritime pour asphyxier la Russie. Ils ont également étudié le blocus des importations de pétrole japonais par Franklin Roosevelt en 1941. Ils savent que la Chine ne peut pas prendre le risque d'une épreuve de force à propos de Taïwan tant qu'elle ne dispose pas d'un approvisionnement énergétique plus sûr.

D'où l'expansion massive de l'énergie renouvelable actuellement en cours. De grandes étendues désertiques en Mongolie intérieure, au Gansu et au Xinjiang sont recouvertes de panneaux solaires et de turbines terrestres, auxquels s'ajoutent des capacités de production de charbon supplémentaires pour éviter les pannes d'électricité en hiver.

Le plan initial de Xi Jinping prévoyait d'atteindre 1 200 gigawatts (GW) d'énergie éolienne et solaire d'ici à 2030. L'Académie chinoise de recherche sur les sciences de l'environnement estime que cet objectif sera atteint avec cinq ans d'avance, étant donné que le déploiement se fait au rythme de 180 GW par an.

À titre de comparaison, la capacité totale installée depuis le début de l'ère verte est de 33 GW en France, 42 GW au Royaume-Uni et 240 GW aux États-Unis.

Nikhil Bhandari et Amber Cai, de Goldman Sachs, pensent que la Chine va tripler son objectif, atteignant le chiffre stupéfiant de 3 300 GW d'ici la fin de la décennie, le tout soutenu par une vaste expansion du stockage de l'énergie. Ils estiment que le pays pourrait réduire de moitié ses importations totales d'énergie d'ici le début des années 2040.

Cela nécessiterait des investissements de 2 200 milliards de dollars, mais il ne faut pas y voir un coût. Goldman affirme que les énergies renouvelables combinées à un système de stockage fonctionnant 24 heures sur 24 seront très rentables d'ici 2030, car elles seront moins chères que le charbon, avec un taux de rendement du capital atteignant 10 %.

Ils pensent que les émissions totales de CO2 de la Chine atteindront leur maximum dès 2028.

La Chine ne fait pas cela pour rendre service à l'Occident. Elle le fait pour affronter l'Occident en position de force à l'avenir, et parce qu'elle entend devenir l'hégémonie mondiale en matière de technologies propres.

Les Chinois ont déjà accaparé 90 % de la production mondiale de panneaux solaires et contrôlent 70 % de la production de lithium - bien que cela puisse avoir moins d'importance avec l'arrivée des batteries sodium-ion.

On peut être trop cynique quant aux motivations de la Chine. Xi Jinping était un croisé de l'environnement il y a 20 ans en tant que chef du parti du Zhejiang.  Il a été l'un des pionniers de la campagne radicale du "PIB vert" en 2004, qui appelait les gouvernements locaux à soustraire les dommages écologiques des chiffres bruts du PIB. Il sait que la Chine est plus immédiatement vulnérable au changement climatique que les États-Unis ou l'Europe.

Les scientifiques chinois affirment que les glaciers de l'Himalaya - le troisième pôle - fondent encore plus vite qu'on ne le pensait. Ils diminueront de deux tiers au cours de ce siècle sous l'effet des tendances actuelles au réchauffement, exposant les anciens réseaux fluviaux de la Chine à la dévastation annuelle des inondations de printemps suivies des sécheresses d'été. Alors oui, la Chine doit agir.

Le bond en avant écologique de la Chine est un cauchemar pour les grandes compagnies pétrolières. Elle contraint l'Amérique et l'Europe à réagir de la même manière, ce qui entraîne un changement dans la course aux armements pour l'ascension des technologies propres.

Le recul de l'UE par rapport à l'interdiction des moteurs à combustion en 2035 ne change rien à ce contexte géoéconomique plus large. Les e-carburants autorisés, fabriqués à partir d'hydrogène vert, sont trop coûteux et gaspillent trop d'énergie pour avoir une quelconque pertinence commerciale. Ils ne conservent que 16 % de l'énergie d'origine, contre 77 % pour les véhicules électriques.

La prochaine génération de batteries à l'état solide et les variantes lithium-air achèveront l'anéantissement à la fin des années 2020, ouvrant la voie à des VE dotés d'une autonomie beaucoup plus longue, d'un coût beaucoup plus faible et d'une moindre dépendance à l'égard des minerais rares.

La technologie alliée aux forces du marché rendra superflues les interdictions d'utilisation des combustibles fossiles dans l'UE, au Royaume-Uni, au Japon, en Californie ou au Québec avant même qu'elles n'entrent en vigueur.

Personnellement, je m'attendais à ce que le pétrole connaisse une dernière heure de gloire au début des années 2020, alors qu'une décennie de sous-investissement ferait grimper les prix à 150 ou 200 dollars. Mais cela ne semble plus aussi inévitable. Les hausses ne cessent de s'estomper.

Les événements de la semaine dernière suggèrent que le processus de déplacement du pétrole est plus avancé que nous ne l'avions supposé. L'Arabie saoudite, la Russie et les États pétroliers sont déjà entrés dans la première phase de l'épuisement terminal.

. La Chine se détruit depuis des décennies.  Dans le « grand bond en avant » de Mao, on estime qu’environ 35 à 50 millions de personnes sont mortes de faim à partir de 1958, comme vous le lirez dans ma critique de livre de Shapiro J (2001) Mao’s War Against Nature : Politics and the Environment in Revolutionary China dans ce billet.  La Chine continue de se détruire en nivelant les montagnes pour obtenir des terres plus plates, en érodant la couche arable, en créant de la pollution terrestre et atmosphérique, en détruisant les forêts et plus encore (Li 2014).

D’autres pays s’infligent aussi des dommages environnementaux pour le dollar tout-puissant, mais la Chine est la « gagnante ». Aucun autre pays ne peut faire concurrence. La Chine détient environ 63 % des métaux rares des terres rares et 90 % de la chaîne d’approvisionnement, de l’extraction, de la transformation, de la séparation et du raffinage aux produits manufacturés. Si de nouvelles mines étaient construites dans d’autres pays pour réduire la dépendance, il faudrait environ 15 ans pour en construire une, et la majeure partie de la production serait probablement vendue à la Chine pour être transformée et assemblée en pièces pour des produits fabriqués en Chine (GAO 2010; AI 2019; Hui 2020).

Mais pourquoi rivaliser? Laissons la Chine monopoliser la deuxième industrie la plus polluante au monde. L’exploitation minière rejette les pluies acides, les eaux usées et les métaux lourds sur le sol, l’eau et l’air (PEBI, 2016). Un cinquième des terres arables de la Chine est pollué par les mines et l’industrie (BBC 2014). L’extraction des matériaux nécessaires à l’énergie renouvelable pourrait toucher 50 millions de kilomètres carrés, soit 37 % des terres de la Terre (moins l’Antarctique), et un tiers de ces terres chevauche des zones clés de biodiversité, de nature sauvage ou d’aires protégées. L’exploitation minière entraînerait une perte de biodiversité, nuirait aux forêts (pluviales) et empoisonnerait les écosystèmes (Kleijn et al. 2011; Hickel 2019; Sonter et al. 2020).

L’énergie renouvelable est tout sauf propre et verte.

Et une victoire à la Pyrrhus pour la Chine !

 

La Chine bientôt à l’origine d’une nouvelle crise financière ?

Selon le chancelier allemand, Olfa Scholz, l'afflux de prêts à long terme consentis par la Chine aux pays pauvres constitue un "danger sérieux" de voir le monde plonger dans une nouvelle crise financière.

La politique de prêts de la Chine est dans le collimateur de Berlin. L'afflux de prêts à long terme consentis par Pékin aux pays pauvres, particulièrement en Afrique, constitue "un danger sérieux" de voir le monde plonger dans une nouvelle crise financière, a en effet averti, ce vendredi 27 mai, le chancelier allemand Olaf Scholz. "Il existe un danger vraiment sérieux de voir (se déclencher) une prochaine grande crise de la dette dans les pays du Sud liée aux prêts accordés par la Chine, qui n'a elle-même pas une vue d'ensemble en raison des nombreux acteurs impliqués", a estimé le chancelier social-démocrate lors d'un débat au Congrès des catholiques qui se tient à Stuttgart. "Cela plongerait la Chine et les pays du Sud dans une grande crise économique et financière et, en outre, n'épargnerait pas le reste du monde", a insisté le dirigeant. "Il s'agit donc d'une inquiétude sérieuse."

La Chine est accusée de longue date par l'Occident d'utiliser le "piège de la dette" pour exercer une influence sur les autres pays. L'argument est que la Chine prête de l'argent à long terme à d'autres états, qui finissent par devoir céder le contrôle d'actifs clés s'ils ne peuvent pas le rembourser. Pékin rejette ces accusations, arguant que ses prêts visent à soulager la pauvreté. Scholz a dit vouloir convaincre la Chine de se joindre au Club de Paris, groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées aux difficultés de paiement de pays, en négociant des allègements ou des rééchelonnements de leur dette. "L'une des grandes ambitions que nous avons est d'intégrer la Chine" dans ce club, a-t-il dit.

"Nouvelles routes de la soie"

Pour contrer l'influence chinoise, l'Union européenne a dévoilé il y a quelques mois un plan d'aide au développement baptisé "Global Gateway", a-t-il rappelé. Dans ce cadre, l'UE compte investir plus de 150 milliards d'euros en Afrique ces prochaines années dans des projets d'infrastructure, de transport ou d'énergie renouvelable. L'initiative est vue comme la réponse européenne aux "nouvelles routes de la soie", le vaste programme chinois de prêts dans des dizaines de pays afin d'y développer des ports, routes, chemins de fer ou des infrastructures numériques.

Le Covid finira-t-il par avoir la peau de Xi Jinping ?

Les nuages s’accumulent pour le dirigeant chinois à la veille du XXe congrès du Parti communiste. Le mécontentement populaire commence à se faire entendre.

« La Russie est déjà le quasi-vassal économique de la Chine ! »

Selon le chercheur associé à Oxford George Magnus, la Russie s’est déjà mise entre les mains de son puissant voisin. Mais Pékin risque gros.

Depuis son invasion de l'Ukraine, la Russie est devenue un paria sur la scène internationale. Les principaux pays occidentaux ont pris, de manière coordonnée, une série de sanctions, avec une rapidité et une sévérité inédites, pour faire plonger son économie. Pour l'heure, Vladimir Poutine peut toutefois compter sur l'appui de son grand voisin et nouvel ami Xi Jinping. Mais quelles sont donc les véritables intentions de ce dernier ? Afin de mieux cerner les liens économiques qui se sont tissés ces dernières années entre ces deux pays-continents, et pour tenter de comprendre quelles seraient les conséquences pour Pékin d'un renforcement de son alliance avec Moscou, nous avons interrogé l'économiste britannique George Magnus. Spécialiste de l'empire du Milieu, chercheur associé au China Center de l'université d'Oxford et à la School of Oriental and African Studies de Londres (SOAS), il est notamment l'auteur d'un livre remarqué sur les faiblesses cachées de l'économie chinoise, Red Flags : Why Xi's China is in Jeopardy (presses de l'université de Yale, non traduit).

Le Point : À quel point les économies chinoise et russe sont-elles interconnectées ?

George Magnus : Ces deux pays commercent moins entre eux qu'ils ne commercent, chacun de leur côté, avec l'Union européenne. Cela dit, leurs liens économiques se sont sensiblement renforcés ces dernières années, le montant de leurs échanges bilatéraux ayant doublé depuis l'invasion de la Crimée pour atteindre environ 150 milliards de dollars par an. Pour Pékin, Moscou est loin d'être le premier partenaire commercial. Mais la Chine importe environ 15 % de ses besoins pétroliers de Russie et elle a récemment commencé à lui acheter du gaz. Ces commandes devraient s'amplifier puisque les deux pays ont annoncé, début février, de nouveaux contrats pétroliers et gaziers pour un montant total de 117,5 milliards de dollars. En revanche, pour la Russie, la Chine est déjà le premier partenaire économique.

La Russie pourrait-elle devenir le vassal économique de la Chine ?

La Russie est déjà un quasi-État vassal de la Chine. Les lourdes sanctions occidentales l'ont isolée sur les plans économiques et financiers, de nombreuses entreprises étrangères sont en train de la quitter, et les pays occidentaux devraient bientôt lui retirer le bénéfice de la clause de « la nation la plus favorisée » au sens de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui devrait leur permettre de lui imposer des droits de douane élevés. La Russie est devenue un paria économique ; elle de plus en plus dépendante de la Chine. Tant que Vladimir Poutine restera aux commandes, je ne vois pas comment cela pourrait changer.

Ces deux pays ont-ils une vision commune du monde ?

Avant d'être économique, leur alliance est d'abord idéologique. La Chine et la Russie veulent rendre le monde plus sûr pour les régimes autoritaires. Leurs deux dirigeants partagent la même vision : anti-américaine et antilibérale. Ils ont étendu leur coopération militaire, signé des accords de sécurité régionale et forgé des positions géopolitiques coordonnées afin de contrer l'Occident. En témoigne la longue déclaration commune de Vladimir Poutine et Xi Jinping publiée à l'occasion de la visite du président russe à Pékin début février.

Que risque la Chine si elle renforce davantage son partenariat avec la Russie ?

On présente souvent les dirigeants chinois comme de brillants joueurs d'échecs, capables de prévoir leurs cinquante prochains coups. Mais on se trompe. Avec la Russie, Xi Jinping a fait une erreur de calcul. Et il se retrouve comme un homme coincé sur un fil barbelé. Quoi qu'il fasse, il n'a aucune bonne option de sortie. Le risque principal pour lui, si la guerre en Ukraine dure et s'il continue à soutenir Vladimir Poutine, c'est d'être considéré comme son complice. Cela pourrait conduire les entreprises et les investisseurs occidentaux à recalibrer leurs stratégies d'investissements à son détriment. Pour le moment, le président chinois ne semble pas vouloir donner des gages de neutralité. Mais il devrait pourtant se souvenir que c'est la mondialisation qui a rendu possible l'ascension de son pays. Si le monde se referme, ses perspectives économiques, déjà ternes, vont se dégrader.

Le Covid-19 semble se propager dangereusement dans l'empire du Milieu. Xi Jinping a-t-il fait une erreur avec sa stratégie « zéro Covid » ?

En 2020 et 2021, la politique « zéro Covid » de la Chine a été un succès retentissant, et ses dirigeants en ont même profité pour se moquer des difficultés rencontrées par leurs homologues américains et européens en matière de lutte contre l'épidémie. Cela dit, la montée du virus à Hongkong et la découverte de nouveaux cas dans des provinces qui représentent près de la moitié du PIB chinois montrent que Pékin doit faire très attention à ne pas perdre le contrôle. Comme le vaccin local est largement considéré comme inefficace par la communauté scientifique internationale, que le gouvernement chinois n'autorisera pas les importations de sérums à ARN pour ne pas perdre la face, et que l'immunité collective est très faible dans le pays, la population chinoise pourrait bien être la plus vulnérable de la planète au variant Omicron. En Occident, on considère que la stratégie « zéro Covid » ne fonctionne pas face à ce variant. Mais il est peu probable que la Chine change de stratégie avant le 20e congrès du Parti communiste, qui se tiendra à l'automne prochain.

Selon le Premier ministre Li Keqiang, la Chine devrait atteindre une croissance économique de + 5,5 % en 2022, après + 8,1 % l'an dernier. Est-elle en perte de vitesse ?

Lorsque le Premier ministre Li a dévoilé cet objectif, la plupart des observateurs ont constaté qu'il s'agissait de la perspective de croissance la plus basse fixée par la Chine depuis des décennies. Mais il fallait surtout relever que cet objectif est nettement plus élevé que ce que le pays peut espérer atteindre sans une nouvelle relance considérable de son économie. Fin 2021, la croissance chinoise était à + 4 %, du fait de nombreux vents contraires. Les premières semaines de 2022 ont, certes, été meilleures, mais la guerre en Ukraine, qui pourrait avoir des répercussions sur les prix des denrées alimentaires et les exportations, ainsi que la recrudescence du Covid et des confinements dans le pays sont venues assombrir le tableau. Selon moi, cet objectif de + 5,5 % n'est pas réaliste. Il devrait toutefois être atteint grâce à un maquillage comptable et des mesures de relance supplémentaires.

Les investisseurs doivent-ils y réfléchir à deux fois avant de miser sur la Chine en ce moment ?

Les investisseurs devraient, en effet, réfléchir plus attentivement qu'avant. La transparence n'a jamais été le fort de la Chine, mais maintenant il y a le risque de ne plus pouvoir sortir facilement de ses positions. On peut également craindre que de grands groupes chinois soient ciblés par des sanctions ou par des réglementations contraignantes. Cet environnement ne plaide pas pour l'achat d'actions chinoises.

Pékin a augmenté son budget militaire de 7,1 % pour 2022 après une hausse de + 6,8 % en 2021. Les Taïwanais doivent-ils s'inquiéter ?

Bien sûr qu'ils doivent s'inquiéter ! Ils ont un voisin très puissant et très bruyant, dont le chef autocratique a juré d'unifier – il préfère dire « réunifier » – leur île avec le continent. Xi Jinping qualifie Taïwan de province « renégate » ; il nie son existence indépendante comme Vladimir Poutine nie celle de l'Ukraine. Les Taïwanais le savent déjà depuis longtemps, mais la hausse des investissements militaires de Pékin leur rappelle qu'ils ne peuvent pas rester les bras croisés. Je présume néanmoins qu'au regard de la guerre en Ukraine, les États-Unis et d'autres pays interviendront pour renforcer les capacités de défense de Taïwan.

Dans le scénario d'une attaque contre Taïwan, les pays occidentaux pourraient-ils sanctionner la Chine aussi fortement qu'ils l'ont fait avec la Russie ?

Je ne suis pas sûr que cela soit faisable à court terme. En raison de la taille de la Chine, de sa place centrale dans les chaînes d'approvisionnement mondiales et de ses interconnexions avec de nombreux pays, notamment asiatiques. Geler ses 3 000 milliards de dollars de réserve, la bannir du système de traitement des opérations bancaires internationales Swift, lui interdire d'acheter ou de vendre certains produits technologiques, comme l'Occident l'a fait avec la Russie… Tout cela pourrait la paralyser, évidemment. Mais cela reviendrait également à paralyser toute l'économie mondiale. Cependant, cela peut être faisable à moyen terme, disons dans cinq ans. Si nos gouvernements prennent des mesures préparatoires et si nos entreprises arrivent à diversifier leurs chaînes d'approvisionnement.

En cas de sanctions sévères de l'Occident, la Chine pourrait-elle être autosuffisante ?

Absolument pas. La Chine dépend de manière cruciale de l'étranger pour l'énergie et la nourriture. Voilà d'ailleurs pourquoi ses dirigeants mettent en ce moment l'accent sur la sécurité des d'approvisionnements alimentaire et énergétique. La Chine est également dépendante en matière de technologie sur de nombreux plans. Songez qu'elle dépense plus en importation de semi-conducteurs qu'en pétrole brut… Et son commerce extérieur se fait encore largement en dollars. L'Amérique peut être autosuffisante, mais pas la Chine. J'insiste toutefois sur ce point : la sanctionner entraînerait des pertes pour tout le monde.

Dette astronomique, faiblesse de la consommation intérieure, déclin démographique… Il y a trois ans, dans un livre brillant, vous aviez alerté qu'une série de signaux négatifs menaçaient la Chine. Quel est votre diagnostic à présent ?

Le constat reste valable. La Chine a atteint les limites de sa capacité d'endettement. Le secteur immobilier, qui représente entre 22 et 28 % du PIB, va mal, même si le gouvernement essaie de limiter la croissance des crédits. Le piège démographique, qui est la conséquence de l'arrêt trop tardif de la politique de l'enfant unique, est en train de se refermer sur le pays. La fécondité est de 1,3 enfant par femme seulement, et la part des personnes âgées dans la population augmente fortement. Bien des Chinois risquent d'être vieux avant d'être riches, dans un pays qui n'a pas de système de retraite à l'occidentale. Enfin, même si la Chine atteint en 2023 un revenu par habitant supérieur à 12 500 dollars par an, ce qui lui permettra de figurer parmi les pays à « revenu élevé » au sens de la Banque mondiale, elle reste trop dépendante des exportations et n'a pas encore atteint un niveau de productivité de ses travailleurs satisfaisant.

Comment peut-elle y remédier ?

 
 

La clé pour devenir une nation durablement riche réside dans des institutions qui favorisent la productivité. Cela peut être le système scolaire, par exemple : en Chine, seulement 30 % des personnes en âges de travailler ont un diplôme du secondaire (niveau lycée) ou supérieur. Cela peut-être aussi un État de droit. Comme l'Union soviétique d'autrefois la Chine a de nombreuses lois, mais le Parti communiste règne sur tous les pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Et le droit de propriété est opaque. Imaginez à quel point les entreprises et les travailleurs chinois pourraient être plus productifs s'ils jouissaient de vrais droits de propriété et de l'égalité devant la loi. Mais le régime de Xi Jinping n'en veut pas.

 

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Les 9 problèmes inquiétants qui poussent l’économie chinoise au bord de l’effondrement

Alors que la guerre en Ukraine fait rage, le monde entier observe le rôle que la Chine va jouer dans ce conflit. La superpuissance asiatique espère profiter du conflit pour dépasser les États-Unis sur la scène mondiale. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Comme l’Amérique, la Chine est aux prises avec une série de problèmes économiques croissants (et profondément imbriqués).

En 2009, la Chine a été le premier pays à renouer avec la croissance économique après la crise financière mondiale en adoptant des mesures de relance historiques. De même, pendant la pandémie de Covid-19, la Chine a été presque le seul pays au monde à enregistrer une croissance économique en 2020. Avec l’invasion russe en Ukraine, il semble que la Chine pourra absorber de plus en plus de matières premières russes et se positionner comme un gagnant économique de cette crise. 

Pendant ce temps, les États-Unis et l’Europe souffrent d’une inflation angoissante, obligeant leurs banques centrales à resserrer leur politique monétaire. Aux États-Unis, les taux d’intérêt pourraient être relevés à un point tel que le pays pourrait tomber dans une sorte de récession. Le seul obstable vers cette voie est la Réserve fédérale qui veut permettre un « atterrissage en douceur » de l’économie. 

Mais tout ne se passe pas sans heurts pour la Chine. Comme l’Occident, la Chine est confrontée à une série de problèmes évidents et croissants qui pourraient bien mettre un terme brutal à son ascension en tant que puissance mondiale dominante.

Les 9 plus grands défis de l’économie chinoise à l’étude :

1. La Chine est confrontée à la plus grande épidémie de Covid-19 depuis Wuhan

La stratégie chinoise « zéro-covid » ne fait pas le poids face au variant Omicron. Bien que le pays ait longtemps réussi à limiter le nombre et la propagation des infections en mettant en place des mesures de confinement « chirurgicales », des tests massifs et des restrictions strictes en matière de voyages, Omicron se répand aujourd’hui.

Dimanche, quelque 3.400 infections ont été détectées dans tout le pays, ce qui représente le double du nombre d’infections quotidiennes. Changchun, la plus grande ville de la province de Jilin, qui compte 9 millions d’habitants, s’est rapidement confinée après la découverte de 23 infections. Un jour plus tard, le reste de la province a dû se mettre en quarantaine également.

Des villes chinoises comptant des millions d’habitants se sont souvent confinées pendant la pandémie, mais cette épidémie a des conséquences particulièrement lourdes. Shanghai, par exemple, la plus grande ville de Chine avec 26 millions d’habitants et un endroit important pour le commerce maritime mondial, est également menacée de confinement. A Pékin et à Chongqing également, de plus en plus de nouveaux cas de Covid-19 apparaissent. Enfin, lundi, Shenzhen (17,5 millions d’habitants) a été confinée.

Shenzhen est la Mecque de la technologie en Chine et est même connue comme la Silicon Valley de la région. En conséquence, Foxconn, le fournisseur de puces d’Apple installé sur place, a dû interrompre sa production lundi. Le port de Shenzhen, une importante artère maritime, sera également fermé. Il s’agit d’un énième coup porté aux chaînes d’approvisionnement mondiales, mais l’économie chinoise ressentira sans doute aussi le lockdown de sa ville la plus innovante.

2. Les actions chinoises sont en chute libre

L’indice Hang Seng-tech de la bourse de Hong Kong a déjà subi un coup dur du fait du confinement de Shenzhen. Lundi matin, l’indice était en baisse de près de cinq pour cent. Mais les choses ne vont pas bien pour le marché boursier de Hong Kong depuis un certain temps. En un an, le Hang Seng a perdu près d’un tiers de sa valeur. En cinq ans, l’indice Hang Seng a chuté d’au moins 20%. 

L’indice NASDAQ Golden Dragon China, une liste des actions chinoises à Wall Street, a connu une chute vertigineuse de 66% en l’espace d’un an. Lundi, le même indice avait déjà enregistré une perte de 10% (!). À ce rythme, dans quelques jours, l’indice pourrait même être plus bas qu’au début de la crise du crédit en 2008. 

Et puis il y a les histoires tragiques d’Alibaba et de Didi, deux entreprises qui font l’objet d’une surveillance constante de la part des régulateurs chinois et qui ont été sévèrement sanctionnées. Le cours de l’action d’Alibaba a baissé d’au moins 70% depuis le pic atteint fin 2020. La semaine dernière, le prix des actions d’Alibaba était inférieur au prix de clôture du jour de son introduction en bourse. Didi, une application de taxi chinoise qui a osé faire son entrée en bourse à Wall Street, a subi une chute de 44% en bourse lundi.

3. Les obligations chinoises sont au bord de l’effondrement

Le marché obligataire chinois ressemble de plus en plus à un marché d’obligations de pacotille. Les obligations d’État, qui sont étroitement liées au secteur de l’immobilier (nous y reviendrons), sont soumises à une forte pression. La raison en est que les rendements moyens sur les marchés étrangers ont augmenté de 25%. Ce qui est préjudiciable aux obligations chinoises. 

En outre, le marché des obligations d’État chinoises présente d’autres symptômes inquiétants. Le rendement des obligations d’État à 10 ans a atteint 2,86%, son niveau le plus élevé de l’année. Les investisseurs craignent que cela soit le résultat d’une sortie croissante de capitaux.

4. Les investisseurs étrangers se débarrassent en masse des obligations chinoises

Les investisseurs étrangers se retirent fébrilement du marché des obligations d’État chinoises. Ce groupe a vendu pour au moins 5,5 milliards de dollars d’obligations chinoises en février. Selon Bloomberg, il s’agirait de la plus grande sortie mensuelle jamais enregistrée et également de la première réduction de la valeur du marché depuis mars 2021.

Selon certaines théories, ce sont les investisseurs russes qui vendent le plus d’obligations chinoises. En raison des sanctions occidentales, ils auraient de moins en moins accès aux avoirs étrangers par l’intermédiaire de leur banque centrale.

5. Le secteur immobilier chinois continue de s’effondrer

Le boom de la construction en Chine a été l’un des principaux moteurs de la croissance économique explosive du pays au cours des dernières décennies. Mais le gouvernement chinois a commencé à sévir contre les prêts excessifs et a fait dérailler la spéculation sur le marché immobilier il y a quelques années. En conséquence, certains titans de l’immobilier sont en grande difficulté. Le plus important d’entre eux est sans doute Evergrande, le promoteur immobilier qui doit rembourser plus de 300 milliards de dollars de dettes. 

Il y a déjà au moins 14 sociétés immobilières chinoises qui sont menacées de faillite. Le gouvernement chinois refuse de renflouer ces entreprises. Les gouvernements locaux veulent bien baisser les taux hypothécaires et autoriser à nouveau davantage de prêts bancaires pour les sociétés immobilières, mais cela ne semble guère stimuler la vente de biens immobiliers en Chine pour le moment.

Par exemple, les ventes de propriétés résidentielles en Chine ont chuté de façon spectaculaire au cours des deux premiers mois de 2022. China Vanke, le deuxième plus grand géant immobilier du pays, a déjà vu ses ventes chuter de 44% cette année. China Overseas Land, une société immobilière d’État, a même enregistré une baisse de 54%. Les craintes d’une implosion imparable du secteur immobilier chinois restent réelles.

6. Les violations des droits de l’Homme en Chine affectent désormais aussi l’économie locale

Le fonds pétrolier public norvégien, qui gère quelque 1.300 milliards de dollars d’actifs, a vendu sa participation dans la marque chinoise de vêtements de sport Li Ning la semaine dernière. Les Norvégiens ne sont pas amusés que Li Ning puisse utiliser le travail forcé des Ouïgours pour produire ses vêtements.

Cela rend plusieurs investisseurs en Chine et à l’étranger nerveux quant à la façon dont les grandes institutions occidentales pourraient investir dans les actions chinoises dans un avenir proche. La décision prise par les Norvégiens la semaine dernière a déjà provoqué une onde de choc sur les marchés boursiers chinois. L’indice CSI 300, un indice boursier chinois regroupant les 300 plus grandes actions négociées à la Bourse de Shanghai et à la Bourse de Shenzhen, a enregistré sa plus forte perte depuis mars 2020 et l’indice Hang Seng a clôturé avec l’une de ses plus fortes pertes depuis 2016.

Si les investisseurs occidentaux commencent effectivement à prendre au sérieux les violations des droits de l’Homme commises par la Chine au Xinjiang et à Hong Kong, cela pourrait bien sonner le glas de l’économie chinoise.

7. Les prêts chinois s’effondrent

Les chiffres du crédit chinois pour le mois de février ont été beaucoup plus faibles que prévu après que les prêts hypothécaires du pays se soient contractés pour la première fois en 15 ans. Après une année record, l’expansion du crédit a ralenti en février en raison des longues vacances du Nouvel An chinois et de la diminution du nombre de prêts contractés en raison de l’effondrement du marché immobilier décrit précédemment. Les banques n’ont prêté que 1,2 billion (1.200 milliards) de yuans en février, contre 4 billions de yuans en janvier. 

Tout ceci suggère que les entreprises deviennent plus réticentes à emprunter et à investir. « Il y a un manque de stimulation de la croissance, et la demande de l’économie réelle est faible. La banque centrale chinoise devra réduire les taux d’intérêt plus tôt que prévu », a suggéré Zhou Hao, économiste à la Commerzbank AG, dans une interview accordée à l’agence de presse Bloomberg.

8. La Chine double la bande de fluctuation du yuan par rapport au rouble russe

La banque centrale chinoise a récemment annoncé qu’elle allait doubler le taux de change entre le yuan et le rouble. Selon Bloomberg, les deux monnaies pourraient désormais s’échanger à environ 10% du taux de change fixe. Cette décision a été prise pour satisfaire la « demande de développement du marché » entre les deux pays, selon le système de commerce extérieur chinois. Auparavant, la limite de ce taux de fixation était d’environ 5%.

Cette volatilité introduite sur le marché monétaire pourrait bien entraîner une diminution de l’intérêt pour le commerce des monnaies chinoise et russe. Le rouble russe s’est effondré à la suite d’une série de sanctions occidentales impitoyables. Une monnaie chinoise qui se lie de plus en plus à un rouble faible deviendra également moins attrayante.

Le commerce bilatéral total entre la Russie et la Chine a été estimé à quelque 112 milliards de dollars en 2020. Cependant, Xi Jingping et Vladimir Poutine ont signé le mois dernier une série d’accords visant à augmenter sérieusement les fournitures russes de gaz, de pétrole et de blé.

9. Le PIB de la Chine pourrait bientôt diminuer

Les indicateurs décrits précédemment, à savoir l’affaiblissement de la consommation sur les marchés chinois et les problèmes persistants des chaînes d’approvisionnement, associés à l’épidémie de Covid-19, pourraient bien entraîner une baisse du PIB chinois au premier trimestre de cette année. 

La banque d’investissement Morgan Stanley prévoit déjà une croissance nulle du PIB chinois. Selon la banque américaine, les coûts économiques de la politique du « zéro-covid » l’emporteront de plus en plus sur les avantages.

Conclusion : la banque centrale de Chine pourrait bientôt être contrainte d’assouplir sa politique monétaire afin d’atténuer les problèmes économiques croissants du pays. Pendant ce temps, les États-Unis font le chemin inverse et envisagent de relever leurs taux d’intérêt. Les politiques monétaires des États-Unis et de la Chine vont donc diverger. Les conséquences de cette divergence ne sont pas encore tout à fait claires. 

Entre-temps, la banque centrale chinoise a ajusté son objectif de croissance économique pour cette année à 5,5%. Selon plusieurs économistes, ce chiffre est toutefois irréalisable. Seule une relance financière massive pourrait maintenant sauver la Chine d’une récession douloureuse. Même le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré lors de sa conférence de presse annuelle qu’il sera difficile d’atteindre ce taux de croissance. Ce n’est peut-être pas une coïncidence si Li a également annoncé lors de cette même conférence de presse que 2022 serait sa dernière année en tant que Premier ministre chinois.

Jeremy Van der Haegen
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La Chine est confrontée à sa pire pénurie d’électricité depuis une décennie. C’est un problème pour le monde entier

« La Chine est au milieu d’une énorme crise de production d’électricité alors que les conditions météorologiques extrêmes, la demande croissante d’énergie et les limites strictes de l’utilisation du charbon portent un triple coup dur au réseau électrique du pays. C’est un problème qui pourrait durer des mois, et mettre à rude épreuve la reprise économique du pays et peser sur le commerce mondial .

Plusieurs provinces chinoises ont déclaré qu’elles étaient confrontées à une crise de puissance ces dernières semaines, y compris certains des moteurs les plus importants du pays pour la croissance économique.

La province du Guangdong – un centre de fabrication responsable de plus de 10 %, de la production économique annuelle de la Chine et d’une plus grande part de son commerce extérieur – rationne son électricité depuis plus d’un mois. Les restrictions ont forcé des entreprises de toute la province à fermer leurs portes quelques jours par semaine. Certaines autorités locales préviennent que le rationnement de l’électricité pourrait durer jusqu’à la fin de l’année.

Il n’y a pas que le Guangdong. Au moins neuf provinces ont déclaré qu’elles étaient confrontées à des problèmes similaires, notamment le Yunnan, le Guangxi et le centre de fabrication du Zhejiang, obligeant les autorités régionales à annoncer des coupures de courant dans une région de la Chine de la taille du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France et du Japon réunis.
La crise de l’électricité a même contribué au ralentissement de la croissance de l’activité des usines en Chine en juin, a reconnu mercredi le Bureau national des statistiques du pays.

Cette fois-ci, le boom des matières premières post-pandémique et les conditions météorologiques extrêmes obligent à nouveau les centrales électriques au charbon à réduire leur production, tout en entravant l’hydroélectricité. Mais il y a une différence clé : la Chine est également aux prises avec la façon de répondre à la pression du président Xi Jinping pour une Chine neutre en carbone d’ici 2060. Cet objectif ambitieux pour le plus grand consommateur de charbon au monde a conduit les mines de charbon du pays à produire moins, entraînant une augmentation prix, selon Yao Pei, stratège en chef de la société de courtage chinoise Soochow Securities.

Les pénuries pourraient donner un coup de poing qui pourrait faire dévier la fragile reprise de la Chine, tout en créant de nouveaux problèmes pour les chaînes d’approvisionnement mondiales qui ont déjà du mal à faire face.
« Le rationnement de l’électricité nuira inévitablement à l’économie », a déclaré Yan Qin, analyste principal du carbone pour Refinitiv.

Une pénurie d’électricité pourrait réduire la production dans pratiquement tous les secteurs de l’économie, y compris les principales industries de la construction et de la fabrication. Ces entreprises ont utilisé près de 70 % de l’électricité de la Chine l’année dernière, selon le Bureau national des statistiques, et ont été les principaux moteurs de la reprise en 2021.

Chengde New Material, basé à Guangdong, l’un des plus grands producteurs d’acier inoxydable du pays, a déclaré à ses clients à la fin du mois dernier qu’il fermerait ses activités deux jours par semaine jusqu’à ce que l’électricité n’ait plus besoin d’être rationnée. La société s’attend à ce que les volumes de production diminuent de 20 %, soit jusqu’à 10 000 tonnes d’acier par mois.

« Les entreprises ne sont pas satisfaites de cela », a déclaré Klaus Zenkel, président de la Chambre de commerce de l’Union européenne dans le sud de la Chine. Il a déclaré que jusqu’à 80 des sociétés membres de la chambre pourraient avoir été affectées par les ordres du gouvernement de suspendre leurs opérations pendant quelques jours par semaine, ajoutant que les fabricants nationaux ont également été contraints d’échelonner la production. Certaines entreprises ont même commencé à louer des générateurs diesel coûteux pour poursuivre leurs activités, a-t-il déclaré.

Le rationnement de l’électricité dans la province clé productrice de métaux du Yunnan a même provoqué une baisse de l’offre de certains types de métaux, notamment l’aluminium et l’étain, selon des données gouvernementales et des recherches indépendantes.

Les réductions de production et la perspective de délais de livraison non respectés dans toute la Chine risquent également d’étirer une chaîne d’approvisionnement mondiale déjà serrée. Le Guangdong est à lui seul un centre manufacturier qui représente un quart du commerce total de la Chine, y compris les vêtements, les jouets et l’électronique.

« Cela [la pénurie d’électricité] pourrait ajouter aux retards d’expédition qui peuvent être ressentis dans le monde entier », a déclaré Henning Gloystein, directeur de l’énergie, du climat et des ressources chez Eurasia Group.

Les experts attribuent l’ampleur de la crise énergétique à une multitude de problèmes, allant de la forte demande d’énergie aux conditions météorologiques extrêmes.

Le plan de relance économique de Pékin axé sur les infrastructures est très intensif en carbone, selon Lauri Myllyvirta, analyste en chef pour le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur. Au cours des cinq premiers mois de l’année, la consommation d’électricité dans le sud de la Chine a dépassé les niveaux d’avant la pandémie, en hausse de 21 % par rapport à la même période en 2019, selon China Southern Power Grid, un grand opérateur de réseau public.

Le charbon participe toujours à la production d’environ 60 % de l’électricité du pays . Mais le gouvernement se méfie de l’augmentation de ce chiffre – et a donc essayé de réduire la consommation de charbon alors qu’il tente d’atteindre son objectif de devenir neutre en carbone d’ici 2060.
Les limitations de l’utilisation du charbon, cependant, ont coïncidé avec une soif d’énergie causée par le rajeunissement économique , ainsi que des conditions météorologiques extrêmes. Cela provoque une tension croissante entre l’offre et la demande ».

Pour résumer c’est pékin qui fait baisser volontairement la production électrique…
Donc vous avez compris. Certes il y a bien quelques problèmes de niveau d’eau dans les barrages, mais il n’y a là rien d’insurmontable si l’on remet en route les centrales à charbon volontairement éteinte par Pékin.

D’ailleurs comme le dit CNN, « finalement, les autorités devront peut-être penser à céder sur certains objectifs climatiques. Il a suggéré que Pékin pourrait « remettre en ligne » les centrales électriques qui ont été fermées plus tôt cette année pour lutter contre la pollution excessive ».

Pourtant, cela ne sera pas fait. « Qin a déclaré que les pénuries d’électricité resteront probablement un problème « assez souvent » pendant au moins un certain temps. La Chine semble déterminée à contrôler l’énergie sale et tente d’augmenter son utilisation des sources renouvelables et de réduire l’utilisation des combustibles fossiles.

« Le problème auquel est confrontée l’approvisionnement électrique de la Chine est de savoir comment répondre à la fois aux besoins croissants d’électrification et à l’objectif de décarbonisation », a déclaré Qin, ajoutant que si la Chine développe de nombreuses sources d’énergie renouvelables, ces sources ne sont pas encore aussi stables que celles qui utilisent des combustibles fossiles. »

merci à Eric Schmitt Prov pour le lien et la traduction

(posté par J-Pierre Dieterlen)

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