Raymond Barre et les gros sous..

Publié le par ottolilienthal

Héritage douteux : le fisc suisse autorisé à collaborer à l'enquête française sur les fils de Raymond Barre
 

Olivier et Nicolas Barre ont tout tenté.

 

Mais leur ultime recours juridique a échoué. La Cour suprême helvétique a rejeté leur demande cet été et a autorisé le fisc suisse à répondre aux demandes de son homologue français au sujet de l'héritage de Raymond Barre.

Les fils de l'ancien maire de Lyon sont mis en examen depuis l'an dernier pour blanchiment de fraude fiscale. Après avoir découvert que Raymond Barre avait dissimulé un compte de 11 millions de francs suisses de l'autre côté des Alpes, les enquêteurs s'étaient également intéressés aux manoeuvres des fils, soupçonnés d'avoir fait fructifier l'héritage en usant des mêmes méthodes que le père.

Ainsi, la célèbre villa familiale de Saint-Jean-Cap-Ferrat avait été récupérée par Olivier et Nicolas via leur société Les Dauphins basée à Villeurbanne, dans le but d'épargner à la veuve Eve Barre de payer plus de 3 millions d'euros dans le cadre des droits de donation.

Des faits que les frères Barre contestent, mais qui refusaient donc de voir des documents être transmis au fisc français. Parmi ces derniers, selon la parution économique Gotham City, tout ce qui concerne la villa et les flux d'argent qui auraient transité via une banque suisse mais aussi un établissement de Monaco.

Les millions suisses de Raymond Barre

«Le Canard enchaîné» révèle ce mercredi que l’ancien premier ministre français décédé, apôtre de la rigueur, avait caché au fisc 11 millions de francs

Raymond Barre avait un compte non déclaré chez Credit Suisse à Bâle, dont ses héritiers ont attendu 2013 pour régulariser les avoirs, estimés à 11 millions de francs (environ 9,8 millions d'euros), auprès du fisc français.

 

Cette information figure dans l’édition de ce mercredi du Canard enchaîné, qui donne le numéro du compte et a obtenu confirmation de la régularisation tardive par l’avocat des deux fils du premier ministre décédé en 2007, Me Jean-Louis Renaud. L’hebdomadaire satirique ne précise pas, en revanche, la date des dépôts effectués en Suisse par Raymond Barre, qui fut premier ministre de Valéry Giscard D'Estaing de 1976 à 1981, puis maire de Lyon de 1995 à 2001.

Le fait que des dirigeants politiques français de premier plan aient pu disposer de comptes non déclarés en Suisse, bien à l’abri du secret bancaire en vigueur jusqu’en 2017, n’a rien d’un scoop. L’une des affaires les plus célèbres est celle du compte helvétique de l’ancien ministre socialiste du Budget Jérôme Cahuzac, condamné en appel à quatre années de prison ferme en mai 2018 pour avoir entre autres caché au fisc l’existence d’environ 600 000 euros d’abord placés à UBS, puis à la banque genevoise Reyl & Cie, puis à Singapour à la banque Julius Baer.

Un million d’euros de pénalités

Un rapprochement existe toutefois entre Cahuzac et Raymond Barre: c’est à la suite des révélations sur le compte de l’ancien ministre par le site Mediapart à la fin de 2012 qu’a été créé le Parquet national financier, et qu’un mouvement massif de régularisations fiscales a eu lieu. Les fils de l’ancien chef du gouvernement – dont l’épouse Eve est décédée en 2017 – auraient alors déclaré leur «magot» aux services fiscaux et acquitté près de 1 million d’euros de pénalités selon Le Canard enchaîné.

https://www.letemps.ch/economie/millions-suisses-raymond-barre

 

L'extravagante fortune cachée de Raymond Barre en Suisse
Une information judiciaire est ouverte depuis le 29 avril 2016 concernant des soupçons de blanchiment de fraude fiscale visant de l'argent caché en Suisse par l'ancien Premier ministre Raymond Barre, dont auraient hérité ses enfants, a-t-on appris mardi de source judiciaire. N'y a-t-il pas aussi recel de détournement de fonds publics ?

https://www.challenges.fr/politique/le-canard-enchaine-epingle-l-extravagante-fortune-cachee-de-raymond-barre-en-suisse_661944

Selon le Canard enchaîné, qui a révélé l'information, c'est l'ancien patron de la DGFiP, Bruno Bézard, qui a saisi le parquet national financier (PNF)

Une information judiciaire est ouverte depuis le 29 avril 2016 concernant des soupçons de blanchiment de fraude fiscale visant de l'argent caché en Suisse par l'ancien Premier ministre Raymond Barre, dont auraient hérité ses enfants, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Ces investigations ont démarré à la suite d'un signalement de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), a précisé cette source.

Près de 7 millions d'euros

L'hebdomadaire précise que l'affaire a débuté avec l'envoi au fisc, par un informateur en 2013, d'une copie d'écran du réseau interne de la banque Crédit Suisse. Y figurent notamment le nom de Raymond Barre et deux mentions manuscrites: un numéro de compte et un montant de 11 millions de francs suisses, "confirmé depuis par les enquêteurs", souligne le journal.

Cette somme représentait l'équivalent de près de 7 millions d'euros, au moment du décès de Raymond Barre, en 2007.

Le Canard enchaîné affirme que les fils de l'ex-maire de Lyon, et troisième homme de l'élection présidentielle de 1988, ont depuis payé près d'un million d'euros pour régulariser leur situation fiscale.

(avec AFP)

 

Prolonger :

Quand Raymond Barre répondait à Lyon Capitale sur les fonds secrets

Le "père la rigueur" a bien dupé son monde. Devenu maire de Lyon en 1995, pour "tourner la page" des affaires Noir, l’ancien premier ministre avait, selon les informations du Canard Enchaîné, dissimulé un petit pactole en Suisse. Issu pour partie des fonds secrets de Matignon ? La question de leur utilisation lui avait été posée par un journaliste de Lyon Capitale lors d’une conférence de presse houleuse, le 11 septembre 2001.

Raymond Barre, la Suisse et les fonds secrets - Libération

Un témoin confirme à «Libération» que le compte helvétique de l'ancien Premier ministre aurait pu être alimenté par des fonds publics, il y a bientôt quarante ans.

Archéologie politique ou judiciaire ? Un vieux routier des affaires nous raconte la scène suivante. Mai 1981, Raymond Barre est encore locataire précaire à Matignon, Valéry Giscard d'Estaing venant d’être battu par François Mitterrand au second tour de l’élection présidentielle. Gestionnaire en titre des fonds secrets du gouvernement, le Premier ministre ordonne alors que lui soit apporté fissa tout l’argent non encore dépensé à ce titre. En cash et pour solde de tout compte. Des agents de la Banque de France, choqués par une telle démarche mais zélés serviteurs de l’Etat, se seraient alors vengés à leur manière, apportant le pognon sous petites coupures et en billets usagés. «Au lieu d’une grosse mallette, ce sera via une fourgonnette», s’en amuse encore notre témoin de la scène.

Échange d’informations Le clan Barre dans le viseur du fisc Écrit par Véronique Poujol Publié Le 22.09.2014 • Édité Le 23.09.2014

La veuve d’un ancien Premier ministre français et ses deux enfants, tous résidents en Suisse, tentent d’empêcher la transmission d’informations fiscales de Luxembourg vers la France. L’affaire a été plaidée ce lundi selon la procédure d’urgence devant le tribunal administratif.

Eve Barre, la veuve de l’ancien Premier ministre Raymond Barre, décédé en 2007, et la société luxembourgeoise constituée il y a deux ans par leurs deux enfants Olivier (59 ans) et Nicolas (53 ans), ont engagé un recours devant le tribunal administratif pour s’opposer à la transmission d’informations qui ont été réclamées par le fisc français à l’Administration des contributions directes (ACD). Cette dernière a accepté l’échange, estimant que les conditions de la coopération administrative étaient réunies.

Les mystérieux millions de Raymond Barre cachés en Suisse - Le Parisien

D'où vient ce pactole caché ?

Mais de nombreuses questions restent en suspens dans cette affaire. Et notamment celle de la provenance des fonds, que tente sans doute de déterminer le PNF. Rien, dans la carrière publique de Raymond Barre, n'explique en effet comment il a pu amasser une telle somme.

Avant de s'engager en politique, l'économiste de formation a en effet été professeur en faculté. Pas de quoi engranger des millions d'euros. Les ventes de son manuel d'économie, écoulé à l'époque à 250 000 exemplaires, ne semblent pas non plus suffisantes pour récolter plus de 6 millions d'euros. Le reste de la carrière politique de Raymond Barre, successivement vice-président de la Commission européenne, ministre, Premier ministre et enfin député-maire de Lyon ne permettait pas d'accumuler une telle fortune.

Millions en Suisse : la "banquière" de Raymond Barre "stupéfaite"

" Autre découverte troublante, cette société est en réalité contrôlée en sous-main, via le Luxembourg, par les deux fils Barre eux-mêmes ! Une sorte d’opération de « rachat » avec leurs propres fonds off-shore, leur permettant au passage de « blanchir » l’argent de l’étranger non déclaré. En 2016, comme le relève le Canard Enchaîné, Bercy décide de ne pas saisir la commission des infractions fiscales d’une demande de plainte pénale. Mais dans le même temps, Bruno Bézard, le directeur général des finances publiques, signale au PNF, via « un article 40 », une possible opération de blanchiment de fraude fiscale des deux fils Barre. "

https://blogs.mediapart.fr/patrick-cahez/blog/060719/lextravagante-fortune-cachee-de-raymond-barre-en-suisse

Millions en Suisse : la "banquière" de Raymond Barre "stupéfaite"
Gilberte Beaux, ancienne trésorière de la présidentielle de 1988, affirme à Marianne "avoir ignoré l’existence" du compte suisse de l’ancien Premier ministre, révélé cette semaine par "Le Canard enchaîné". D’autres proches de Raymond Barre restent interloqués. Plusieurs hypothèses circulent.

Elle « tombe de l’armoire » : « Je ne peux pas croire que Raymond Barre ait eu ce compte en Suisse »… Gilberte Beaux va fêter dans quelques jours ses 90 ans. Aujourd’hui à Paris, elle rentre lundi en Argentine où elle vit. Inconnue du grand public, cette femme d’affaires a longtemps été le bras droit de Jimmy Goldsmith, un flamboyant entrepreneur et patron de presse des années 80, et de Bernard Tapie avec lequel elle s'est fâchée. Mais surtout, dès la fin des années 70, Gilberte Beaux était la « banquière » de Raymond Barre. « C’est elle qui s’occupait de toutes les questions d’argent. Barre lui-même n’y entendait rien et ne s’en occupait jamais », certifie à Marianne un ancien proche du « premier économiste de France ». Cet ancien intime de Barre, lui aussi, depuis la révélation par le Canard Enchaîné de ce compte suisse, est plongé dans des abîmes de perplexité. « Je n’en reviens pas… Cela m’étonne beaucoup. Cela ne ressemble pas du tout à Raymond Barre… », répète-t-il.

La Très chère villa des barre

Selon le Canard, en 2013, une main anonyme a envoyé au fisc un numéro de compte au Crédit suisse de Bâle, accompagnant une notice biographique de Raymond Barre et un montant, « 11 millions de francs suisses », à la date de son décès le 25 août 2007. Soit 6,8 millions d’euros de l’époque. A réception du courrier anonyme, révélant un supposé compte suisse de l’ancien Premier ministre, l’administration fiscale réclame d’abord des explications à Eve Barre, la veuve de l’ancien député-maire de Lyon et à ses deux fils, Nicolas et Olivier. Pas de réponse. Installés en Suisse (Eva Barre est décédée en 2017), le trio estime sans doute être hors d’atteinte des questions fiscales françaises. Mal lui en a pris. En retour, l’administration déclenche un examen approfondi de leur situation, saisit Tracfin, et s’intéresse à la villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat, qui, elle, n’a pas déménagé en Suisse. Evaluée à 1,6 million dans la déclaration de succession de 2007, la maison, sur un terrain de 3000 m2, a été réévaluée à l’époque par le fisc à 4 millions d’euros. « Je m'y suis rendu à trois reprises, nous raconte un ancien chef d’entreprise. Certes, c’était un très beau terrain, avec une jolie vue, mais la maison elle même ne payait pas de mine, avec un escalier tout raide jusqu’à l’étage. C’était une belle maison de gardien... ».

Mais fisc découvre que le 28 mars 2013, la villa est officiellement cédée pour la somme rondelette de 14 millions d‘euros à une société de marchands de biens installée à Villeurbanne. Autre découverte troublante, cette société est en réalité contrôlée en sous-main, via le Luxembourg, par les deux fils Barre eux-mêmes ! Une sorte d’opération de « rachat » avec leurs propres fonds off-shore, leur permettant au passage de « blanchir » l’argent de l’étranger non déclaré. En 2016, comme le relève le Canard Enchaîné, Bercy décide de ne pas saisir la commission des infractions fiscales d’une demande de plainte pénale. Mais dans le même temps, Bruno Bézard, le directeur général des finances publiques, signale au PNF, via « un article 40 », une possible opération de blanchiment de fraude fiscale des deux fils Barre. « Ce n’est pas contradictoire, d’un coté l’administration estime que la fraude fiscale n’a pas à donner lieu à des poursuites pénales, et de l’autre, que le blanchiment, lui, peut être poursuivi », confie à Marianne un proche de l’ancien directeur général des finances publiques. Selon nos sources, les services fiscaux informent en personne le ministre des Finances de l’époque, Michel Sapin. François Hollande, à l’Elysée, a également été informé, en tête à tête, par son ministre des Finances.

Une réunion secrète avec Laurent Fabius en 1983

De son coté, le PNF, dirigé par Eliane Houlette, ouvre une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale visant les fils Barre. Celle-ci permettra-t-elle de retracer l’origine des fonds de ce compte suisse qui intrigue tant aujourd’hui les anciens proches du Premier ministre ? Possible. Depuis ce mercredi 3 juillet, plusieurs hypothèses circulent. En premier lieu, celle des fonds secrets de Matignon. Dans les années 70 et 80, tout occupant de Matignon quittait la rue de Varennes avec le coffre plein de billets de 500 francs neufs. C’était « une coutume », évoquée maintes fois dans des affaires politico-financières, qui n’a été abolie que sous Jospin en 1997. L’ancien chauffeur de Jacques Chirac, Jean-Claude Laumond, a raconté en 1976 avoir chargé un coffre de billets de Matignon jusqu’à l’hôtel de ville de Paris. De son coté, Gilberte Beaux « confirme » à Marianne avoir « entendu parler des fonds spéciaux pour les municipales de 1978 ». « Raymond Barre était alors Premier ministre, il fallait les gagner et je sais à ce moment là que les fonds spéciaux de Matignon ont été utilisés pour la campagne », confie-t-elle. Pour autant, quand il a quitté Matignon en 1981 après l’élection de François Mitterrand, Raymond Barre est-il parti lui aussi avec des fonds secrets ? Cela, Gilberte Beaux « l’ignore ».

Nommée trésorière de la présidentielle de 1988, cette dernière a ensuite été en charge de la collecte des fonds, quand les premières lois sur le financement de la vie politique se mettaient en place. Deuxième hypothèse, le compte suisse aurait-il été alimenté par des donateurs de la présidentielle ? « De façon générale, pour cette campagne, j’ai essayé de faire en sorte que cela soit propre », répond Gilberte Beaux à la question sur d’éventuelles espèces. « Il y avait une association de financement, en charge de réceptionner les fonds, et en aucun cas un compte suisse au nom de Raymond Barre n’a été ni alimenté, ni utilisé », ajoute celle qui « ne peut pas croire » que son ancien mentor « ait fait quelque chose d’illégal ». Ses fils ? « Je ne les connais pas suffisamment pour en parler », réagit-elle. Une autre source se souvient que le cadet avait eu « des petits » ennuis d’argent quand son père était à Matignon, « mais rien de très grave », et que l’aîné « a toujours fait des affaires ». « Cela fait longtemps que les fils se sont installés en Suisse », croit savoir cet ancien proche.

"en mai 1981, le directeur de cabinet de François Mitterrand ne retrouva dans les armoires blindées de la Présidence qu'"un coin déchiré de billet de 500 francs". Quelques jours plus tôt, un Premier ministre nommé Raymond Barre avait envoyé des collaborateurs  retirer en liquide, à la paierie générale du Trésor, le solde des crédits alloués pour le reste de l'année 1981. A ce jour, Mitterrand est le seul chef de l'Etat qui, en quittant le pouvoir, a rendu le magot. André Rousselet, son ancien directeur de cabinet, Pierre Chassigneux, qui lui succéda, et Michel Charasse ont en effet remis en échange d'un reçu signé par le directeur de cabinet du nouveau président Chirac, Bertrand Landrieu, la somme de 40 millions de francs (soit 8,2 millions d'euros actuels) à Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l'Elysée. Il s'agissait du solde, en liquide et en bons du Trésor, des fonds spéciaux restés inutilisés après quatorze années de présidence...

Entre 1958 et 2001 (année officielle de leur suppression sous le gouvernement de Lionel Jospin), les fonds secrets ont été utilisés à des fins plus ou moins avouables par tous les présidents de la République et les Premiers ministres, à l'exception de Mitterrand."

 

Canard enchainé, 10/07/2019

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