Sauvons les riches !

Publié le par ottolilienthal

Le milliardaire Olivier Bouygues sera jugé pour braconnage...

Le milliardaire fait partie des cinq personnes placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte début juin pour destruction d'espèces protégées...

Cinq personnes, dont le milliardaire Olivier Bouygues, sont convoquées devant le Tribunal correctionnel d’Orléans en mars 2026 dans le cadre d’une enquête ouverte après des suspicions de destruction d’espèces d’oiseaux protégées sur un domaine de chasse situé en Sologne, ont annoncé jeudi le Parquet et l’Office français de la biodiversité (OFB).

Mercredi, «quatre personnes ont été placées en garde à vue, parmi lesquelles le propriétaire et le régisseur du domaine», tandis qu’une cinquième personne a été entendue en audition libre, ont indiqué la procureure de la République d’Orléans Emmanuelle Bochenek-Puren et le directeur régional de l’OFB Jean-Noël Rieffel dans un communiqué commun.

Mme Bochenek-Puren avait confirmé mercredi à l’AFP qu’Olivier Bouygues faisait partie des personnes en garde à vue. «Libérées à l’issue de leurs interrogatoires, elles sont convoquées devant le Tribunal correctionnel d’Orléans» pour une audience prévue début mars 2026, ont-ils précisé. Elles encourent jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 750'000 euros d’amende.

Plusieurs associations de protection de l’environnement ont déjà manifesté leur intention de se constituer parties civiles. Début juin, le «Parquet d’Orléans a ouvert une enquête sous les qualifications d’atteinte illicite en bande organisée à la conservation d’une espèce animale protégée ou à son habitat et de destruction, transport et détention illicites d’une espèce animale non domestique» après la dénonciation de destructions d’oiseaux protégés par une personne souhaitant garder l’anonymat.

Pièges et carcasses d’oiseaux protégés retrouvés

Les faits se sont déroulés sur un domaine de chasse de 600 hectares situé à La Ferté-Saint-Aubin (Loiret) et appartenant à Olivier Bouygues, fils du fondateur du groupe de BTP, de télécoms et de médias, avait indiqué une source proche de l’enquête à l’AFP.

Lors d’une perquisition conduite début juin, «les enquêteurs ont découvert dans un charnier des carcasses d’oiseaux protégés (notamment faucon crécerelle, grande aigrette, busard, buse variable, grand cormoran)», précise jeudi le communiqué commun.

«Du matériel prohibé (armes, pièges à mâchoires, outils), des documents listant les espèces à éliminer et une pelleteuse utilisée pour l’enfouissement des cadavres d’animaux ont aussi été saisis», ainsi que des documents décrivant «les espèces dites "nuisibles" à éliminer et retraçant les destructions effectivement réalisées».

AFP

https://www.20min.ch/fr/story/france-le-milliardaire-olivier-bouygues-sera-juge-pour-braconnage-103379477

Oxfam alerte sur l'augmentation astronomique de la richesse des 1 % les plus riches du monde...

L'ONG Oxfam fait état d'une très forte augmentation de la richesse des 1 % les plus riches au cours de la dernière décennie. Cette somme suffirait à mettre fin à la pauvreté dans le monde plus de 20 fois, souligne le rapport.

Dans son dernier rapport consacré aux richesses privées, l'ONG britannique Oxfam dresse le constat accablant d'écart de richesse abyssaux en hausse. Alors que près de la moitié de la population mondiale - plus de 3,7 milliards de personnes - vit dans la pauvreté, les 3 000 milliardaires de la planète ont gagné 342 000 milliards de dollars au cours des dix dernières années, soit l'équivalent de 14,6 % du PIB mondial.

Selon Oxfam, ce montant est 22 fois suffisant pour mettre fin à la pauvreté dans le monde. Cette évaluation se fonde sur des données de la Banque mondiale datant de 2021, qui montrent que les personnes vivant dans la pauvreté ont besoin de 8,30 dollars supplémentaires par jour en moyenne pour subvenir à leurs besoins fondamentaux.

Pour mettre fin à la pauvreté, mais aussi pour atteindre tous les autres objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, y compris la protection de la planète, la somme nécessaire s'élèverait à 4 000 milliards de dollars par an.

"Des milliers de milliards de dollars existent pour atteindre les objectifs mondiaux, mais ils sont bloqués sur les comptes privés des ultra-riches", a déclaré Amitabh Behar, directeur exécutif d'Oxfam International, dans le rapport.

Alors que la richesse privée augmente, les gouvernements réduisent l'aide

Selon le rapport, les gouvernements riches ont procédé aux coupes les plus importantes dans l'aide à l'étranger depuis le début de l'enregistrement des données en 1960.

"Les pays du G7, qui représentent à eux seuls environ trois quarts de l'aide publique, réduisent leur aide de 28 % en 2026 par rapport à 2024", a déclaré le groupe.

Le rapport note également que 60 % des pays à faible revenu, où cette aide est la plus nécessaire, sont au bord d'une crise de la dette. Les pays à faible revenu sont souvent considérés comme "risqués", et ils paient donc beaucoup plus cher pour financer leur dette sur le marché en raison des taux d'intérêt élevés, ce qui laisse moins de fonds pour les soins de santé ou l'éducation.

Oxfam note dans son rapport que le financement du développement ne devrait pas reposer sur des investissements privés, et recommande plutôt une "approche publique d'abord".

"Les pays riches ont placé Wall Street aux commandes du développement mondial. Il s'agit d'une prise de contrôle de la finance privée mondiale qui a pris le pas sur les méthodes éprouvées de lutte contre la pauvreté par le biais d'investissements publics et d'une fiscalité équitable", a déclaré M. Behar.

Oxfam a suggéré que les gouvernements investissent dans le développement dirigé par l'État afin de garantir "des soins de santé universels de haute qualité, des services d'éducation et de soins, et d'explorer les biens fournis par l'État dans des secteurs allant de l'énergie au transport".

Cependant, les gouvernements occidentaux sont confrontés à une dette qui est souvent égale ou supérieure à leur production économique annuelle, ce qui exerce une pression sur les gouvernements.

La richesse publique ne croît pas aussi vite que la richesse privée.

Entre 1995 et 2023, la richesse privée mondiale a augmenté huit fois plus que la richesse publique, qui n'a progressé que de 44 billions de dollars (38 billions d'euros). La richesse privée a augmenté de 342 billions de dollars (292 billions d'euros) au cours de cette période. À titre de comparaison, le PIB mondial annuel est d'environ 100 billions de dollars (85 billions d'euros).

Oxfam a suggéré aux gouvernements de reconsidérer l'imposition des ultra-riches, affirmant que les milliardaires paient des taux d'imposition effectifs proches de 0,3 % de leur richesse.

Oxfam International et Greenpeace ont commandé une enquête pour savoir ce que les gens pensent de l'imposition des riches dans 13 pays, dont le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie.

"Les résultats d'une nouvelle enquête mondiale montrent que 9 personnes sur 10 sont favorables à l'idée de financer les services publics et l'action climatique en taxant les super-riches", indique l'étude, ajoutant qu'il existe un besoin alarmant de financement pour les objectifs de développement des Nations unies.

"Seuls 16 % des objectifs mondiaux sont sur la bonne voie pour 2030", conclut l'étude.

Doloresz Katanich
Publié le
https://fr.euronews.com/business/2025/06/26/combien-les-milliardaires-ont-ils-accumule-au-cours-des-dix-dernieres-annees?utm_source=firefox-newtab-fr-fr

Que les milliardaires lèvent le doigt ! Ce club très fermé reste encore largement méconnu, à l'exception de quelques noms emblématiques. Qui connaît Carrie Perrodo ? Et pourtant, elle est la deuxième femme la plus riche de France, la 10e fortune. Quant aux frères Wertheimer, numéro 3 et 4, ils sont loin d'être des figures familières du grand public, même si leur groupe, Chanel, l’est beaucoup plus ! Alors, combien sont-ils, ces milliardaires français ? Là commence la première difficulté. La vraie question ne devrait pas être combien de milliardaires en France, mais combien de milliardaires français, car l’exil fiscal complique les choses. La Suisse en est la preuve. De plus, ce sont souvent des familles, qui, au travers de générations et de structures complexes, sont milliardaires, et non un individu isolé comme il est souvent présenté, ce qui minimise leur nombre réel.

Ces précautions prises, le nombre de milliardaires varie entre 46 selon la banque suisse UBS (qui les comptabilise selon leur lieu de résidence fiscale) et 53 pour le magazine Forbes (qui fait de même mais inclut en plus les milliardaires français résidant à l’étranger lorsqu’ils conservent un lien fort avec la France, notamment ceux à la tête d’entreprises à forte empreinte nationale).


En se basant sur les données d’UBS, il ressort qu’en valeurs absolues, la France se situe à la 5e place européenne, au 12e rang mondial. En prenant en compte la population pour gommer les effets de taille, la Suisse est incomparable avec près de 10 milliardaires pour 1 million d’habitants. Plus significatif, la France, en revanche, en totalise deux fois moins qu’en Allemagne ou qu’au Royaume-Uni.

Première conclusion : la France se caractérise par une population de milliardaires relativement faible. Plutôt peu de milliardaires, mais jouissant parfois de fortune exceptionnelle. Bernard Arnault, selon les années, se dispute, par exemple, la place de l’homme le plus riche du monde avec Jeff Bezos ou Elon Musk. Il tire incontestablement la moyenne à la hausse, mais avec 12,5 milliards, le niveau moyen de richesse des milliardaires français est 2,5 fois plus élevé que celui des Britanniques ou des Allemands.

Autre question : d’où vient cette fortune ? Contre toute attente, les héritiers ne sont pas les plus nombreux, mais les entrepreneurs de première génération, à l’instar de Xavier Niel ou Mohed Altrad. Ce dernier, arrivé de Syrie à 16 ans, a fait fortune dans la production et la distribution de matériel pour le bâtiment en trois décennies seulement. a proportion des milliardaires entrepreneurs est plus élevée en Irlande, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, mais la France se place au-dessus de la moyenne européenne, devant l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne.

Si l’origine de la fortune n’est pas un signe distinctif, en revanche, deux tendances le sont. D’abord, la montée très rapide des héritiers, un phénomène beaucoup plus marqué en France qu’ailleurs. Ensuite, une progression de la fortune moyenne beaucoup plus lente. Il y a un effet de base dû au niveau élevé du point de départ, mais aussi une cause sectorielle : les milliardaires français sont plus présents dans les secteurs traditionnels (luxe, cosmétiques, IAA, construction, grande distribution) que dans des secteurs comme la finance, l’IA, internet, la robotique où les fortunes se font et croissent plus vite. Les milliardaires en France sont à une image à peine déformée du pays : ils vieillissent, sont de plus en plus souvent rentiers, ancrés dans des secteurs traditionnels et presque inexistants dans les technologies de rupture.

 
Alexandre Mirlicourtois

Publié le mardi 24 juin 2025

https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-Les-milliardaires-francais

La France est-elle en passe de redevenir une société d’héritiers ? La Fondation Jean Jaurès a lancé un sacré pavé dans la mare en estimant à plus de 9 000 milliards d’euros les flux successoraux cumulés entre 2025 et 2040, un transfert de richesse historique aussi appelé la « grande transmission ». Le phénomène devrait en outre s’accélérer, puisque, à la fin de cette période, les flux annuels représenteraient plus de 20% du PIB, 4 points de plus qu’actuellement.

Des faits incontestables sur la concentration des richesses

La prospective peut toujours être contestée, mais il n'y a pas de débat sur certains faits marquants des dernières années. Le premier : la remontée spectaculaire du patrimoine dans le revenu des ménages, désormais au niveau de celui du début du 20e siècle ; le second, la forte augmentation concomitante des flux successoraux dans le revenu national, indiquant que le patrimoine accumulé est largement transmis aux générations suivantes.

Il devient de moins en moins le fruit d’accumulations personnelles. Le cumul des flux hérités en représente désormais la plus grosse part, 60%, loin des 35% observés dans les années 1970. Cette tendance s’accompagne aussi d’une concentration de plus en plus marquée de la richesse. La moitié des Français les moins favorisés détient seulement 8% du patrimoine, tandis que les 10% les plus riches en possèdent près de la moitié. Ces inégalités se retrouvent aussi dans les montants hérités : 50% des individus héritent de moins de 70 000 euros, tandis que pour les 10% les plus favorisés, ce montant atteint 500 000 euros nets de droits. Parmi ce décile, le top 1% recevra en moyenne plus de 4,2 millions d’euros et les 0,1% les plus riches obtiendront environ 12,5 millions d’euros, soit 180 fois l’héritage médian. Ces écarts sont bien plus importants que ceux observés entre les revenus.

Les donations modifient les dynamiques générationnelles

L’héritage se transmet aussi différemment. L’augmentation de l’âge moyen des héritiers, liée à l’espérance de vie en hausse, ne signifie pas que les jeunes générations bénéficient moins tôt de l’héritage, car il y a aussi les donations qui permettent de transférer une partie de son patrimoine de son vivant et de bénéficier d’avantages fiscaux. Elles représentent désormais près de la moitié des transmissions, contre 10% en 1900. Près d’un ménage sur cinq reçoit une donation au cours de sa vie, souvent à 36 ans en moyenne. Si la moitié des dons sont inférieurs à 30 000 euros, environ un tiers se situent entre 30 000 et 100 000, et 19% dépassent cette somme. Ces dons jouent un rôle crucial pour l'accès à la propriété, augmentant de 20 points la probabilité de devenir propriétaire.

Une transmission qui dépasse les biens matériels

Enfin, l’héritage change de nature et a tendance à se financiariser, malgré la forte hausse de la valeur des biens immobiliers, comme l’indique l’évolution de la répartition du patrimoine brut des ménages entre actifs financiers et immobiliers. L’héritage n’est toutefois pas simplement une question de transmission de biens matériels. Dans une société où les inégalités se creusent, les familles jouent un rôle fondamental, non seulement dans la préservation du patrimoine, mais aussi dans la consolidation des positions sociales.

 
Alexandre Mirlicourtois

Publié le jeudi 12 juin 2025

https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-L-heritage-60-des-patrimoines-sans-effort_

Le cas le plus emblématique de redistribution à l'envers est peut-être celui des aides accordées par l'État, les régions et les villes aux opéras, qui, malgré des tentatives de démocratisation, offrent des spectacles toujours très majoritairement fréquentés par des CSP + âgés (51,5 ans en moyenne). Elles représentent plus des deux tiers de leurs ressources et une subvention publique d'environ 150 euros par place.

 

Autrement dit, la TVA que paient les femmes de ménage immigrées venant de banlieue pour nettoyer à l'aube les bureaux d'avocats parisiens contribue à baisser le prix des billets achetés par ces derniers pour aller le soir à l'Opéra Bastille voir La Traviata. Économiquement absurde et moralement choquant.

(extrait)

https://www.lepoint.fr/economie/robin-des-bois-a-l-envers-ou-quand-l-etat-fait-les-poches-aux-plus-demunis-16-05-2025-2589666_28.php?

Le libéralisme «à la tronçonneuse», cette méga-supercherie à la mode...
 
Incarné par Javier Milei, un certain libéralisme radical se vend comme l'antidote aux maux du socialisme. Or ce libéralisme qui vomit l'Etat doit sa survie à l'Etat. Ce faux libéralisme biberonné aux aides étatiques doit être débunké, selon notre journaliste Myret Zaki.
 
Une idéologie extrémiste et fallacieuse se propage, incarnée par Javier Milei. Encore plus décomplexé cette année, dopé par le soutien de Musk et Trump, le président argentin a monté les enjeux d’un cran à Davos: dans son discours du 23 janvier, il s’est posé en idéologue mondial d’une vision totalitaire de l’économie de marché. Une vision mensongère, surtout, qu’il est urgent de débunker, car ses théories ne résistent à l’épreuve d’aucun fait.
 
La droite qu’il défend est irresponsable, tricheuse, ingrate et fleure le Far West mal vieilli. Elle n'a pas grand-chose à voir avec le vrai libéralisme. Cherchant à faire émerger une alliance mondiale de ceux qui ne s’excusent pas, «qui disent les choses comme elles sont», Javier Milei met le déclin de l’Occident sur le compte du «socialisme». 
 

Le «socialisme» a sauvé l'économie de marché

Mais voilà: la réalité désagréable, c’est que l’économie de marché a profité plus que quiconque du «socialisme», ces dernières années, et dans des proportions sans précédent. Javier Milei ment quand il nous sert ce discours après deux décennies de soutien étatique massif à l’économie de marché. 

D’abord en 2008, suite au krach du marché subprime américain. Les Etats ont sauvé les banques et le système financier avec l’argent du contribuable. Aucune banque ou manager n’a rien payé. C’est le gouvernement qui s'est endetté pour tout éponger. Des banques qui auraient dû faire faillite ont été fusionnées, des masses de chômeurs et propriétaires floués ont été indemnisés. Personne n’a été sanctionné ou n’est allé en prison. Le «socialisme» a récompensé l’échec du marché. Seule Lehman Brothers a fait faillite, pour le symbole.

Des marchés assistés par les banques centrales

Puis rebelote en 2010-2012, lors de la crise de l’euro : les contribuables ont payé d’une austérité extrême les dégâts causés par les spéculateurs, qui ont empoché des milliards en attaquant les dettes souveraines de la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) a sauvé tout le système financier.

Depuis 17 ans, la Réserve fédérale américaine a fait sauter tous ses verrous pour intervenir massivement, à partir de 2009, en vue de faire remonter la Bourse américaine via l’achat de titres, ce qui a doublé les gains des investisseurs au fil des ans. C’est ainsi que les indices boursiers doivent la moitié de leur hausse à ces interventions. Un système financier aussi assisté, cela est difficile à imaginer en Occident. C’est pourtant une réalité.

Pourtant ce 23 janvier, Javier Milei a déclaré à Davos que «le marché ne peut pas échouer». Il a même attribué les seules faillites du marché à l’intervention de l’Etat. Des propos fort trompeurs et confus. Car il est vrai que les libertariens ne veulent aucune intervention étatique. Ni à la hausse, ni à la baisse. Ils sont contre les banques centrales. 

Mutisme quand l'Etat renfloue

Mais dans ce cas, Javier Milei aurait dû commencer par dénoncer toutes les aides et sauvetages reçus depuis 20 ans. Or, il ne l’a jamais fait. Où est-il quand l’économie privée vit sous perfusion de l’Etat? Pourquoi n'a-t-il jamais pipé un mot à ce sujet? Rester muet quand l’Etat donne à une économie à terre, puis piétiner l’Etat quand tout va bien: est-ce la nouvelle vision de ce faux libéralisme « qui ne s’excuse pas », et qui est surtout dénué de toute responsabilité?

De même, les subventions ne sont jamais dénoncées par Milei et ses adeptes. Or son ami Elon Musk a reçu 5 milliards à la création de Tesla. Quant à Apple et Google, ainsi que Pfizer, Moderna, AstraZeneca et BionTech, ils ont bénéficié de milliards étatiques sans lesquels ils n’auraient jamais pu innover dans ces proportions, ni croître et enrichir autant leurs actionnaires.

Bref, cet Etat que vomit le nouveau libéralisme « à la tronçonneuse », l’économie de marché lui doit tout. La supercherie de Milei se situe là. Lui qui dépeint un Etat qui coûte, et une économie qui rapporte, nous désinforme sur toute la ligne. 

Liberté ne va pas sans responsabilité

L’économie libérale n’a jamais pu créer de la valeur sans en détruire. Laissée à elle-même, sans argent public, elle ne serait qu’une fraction de ce qu’elle est aujourd’hui. L’évidence est là. Le libéralisme de marché n'arrive pas à survivre seul, et à éponger seul ses excès. Il compte sur la collectivité pour cela. Un Javier Milei qui élude ce fait n'a aucune crédibilité.

Une idéologie extrémiste et fallacieuse se propage, incarnée par Javier Milei. Encore plus décomplexé cette année, dopé par le soutien de Musk et Trump, le président argentin a monté les enjeux d’un cran à Davos: dans son discours du 23 janvier, il s’est posé en idéologue mondial d’une vision totalitaire de l’économie de marché. Une vision mensongère, surtout, qu’il est urgent de débunker, car ses théories ne résistent à l’épreuve d’aucun fait. La droite qu’il défend est irresponsable, tricheuse, ingrate et fleure le Far West mal vieilli. Elle n'a pas grand-chose à voir avec le vrai libéralisme. Cherchant à faire émerger une alliance mondiale de ceux qui ne s’excusent pas, «qui disent les choses comme elles sont», Javier Milei met le déclin de l’Occident sur le compte du «socialisme».

Le «socialisme» a sauvé l'économie de marché

Mais voilà: la réalité désagréable, c’est que l’économie de marché a profité plus que quiconque du «socialisme», ces dernières années, et dans des proportions sans précédent. Javier Milei ment quand il nous sert ce discours après deux décennies de soutien étatique massif à l’économie de marché. 

D’abord en 2008, suite au krach du marché subprime américain. Les Etats ont sauvé les banques et le système financier avec l’argent du contribuable. Aucune banque ou manager n’a rien payé. C’est le gouvernement qui s'est endetté pour tout éponger. Des banques qui auraient dû faire faillite ont été fusionnées, des masses de chômeurs et propriétaires floués ont été indemnisés. Personne n’a été sanctionné ou n’est allé en prison. Le «socialisme» a récompensé l’échec du marché. Seule Lehman Brothers a fait faillite, pour le symbole.

Des marchés assistés par les banques centrales

Puis rebelote en 2010-2012, lors de la crise de l’euro : les contribuables ont payé d’une austérité extrême les dégâts causés par les spéculateurs, qui ont empoché des milliards en attaquant les dettes souveraines de la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) a sauvé tout le système financier.

Depuis 17 ans, la Réserve fédérale américaine a fait sauter tous ses verrous pour intervenir massivement, à partir de 2009, en vue de faire remonter la Bourse américaine via l’achat de titres, ce qui a doublé les gains des investisseurs au fil des ans. C’est ainsi que les indices boursiers doivent la moitié de leur hausse à ces interventions. Un système financier aussi assisté, cela est difficile à imaginer en Occident. C’est pourtant une réalité.

Pourtant ce 23 janvier, Javier Milei a déclaré à Davos que «le marché ne peut pas échouer». Il a même attribué les seules faillites du marché à l’intervention de l’Etat. Des propos fort trompeurs et confus. Car il est vrai que les libertariens ne veulent aucune intervention étatique. Ni à la hausse, ni à la baisse. Ils sont contre les banques centrales. 

Mais dans ce cas, Javier Milei aurait dû commencer par dénoncer toutes les aides et sauvetages reçus depuis 20 ans. Or, il ne l’a jamais fait. Où est-il quand l’économie privée vit sous perfusion de l’Etat? Pourquoi n'a-t-il jamais pipé un mot à ce sujet? Rester muet quand l’Etat donne à une économie à terre, puis piétiner l’Etat quand tout va bien: est-ce la nouvelle vision de ce faux libéralisme « qui ne s’excuse pas », et qui est surtout dénué de toute responsabilité?

De même, les subventions ne sont jamais dénoncées par Milei et ses adeptes. Or son ami Elon Musk a reçu 5 milliards à la création de Tesla. Quant à Apple et Google, ainsi que Pfizer, Moderna, AstraZeneca et BionTech, ils ont bénéficié de milliards étatiques sans lesquels ils n’auraient jamais pu innover dans ces proportions, ni croître et enrichir autant leurs actionnaires.

Bref, cet Etat que vomit le nouveau libéralisme « à la tronçonneuse », l’économie de marché lui doit tout. La supercherie de Milei se situe là. Lui qui dépeint un Etat qui coûte, et une économie qui rapporte, nous désinforme sur toute la ligne. 

Liberté ne va pas sans responsabilité

L’économie libérale n’a jamais pu créer de la valeur sans en détruire. Laissée à elle-même, sans argent public, elle ne serait qu’une fraction de ce qu’elle est aujourd’hui. L’évidence est là. Le libéralisme de marché n'arrive pas à survivre seul, et à éponger seul ses excès. Il compte sur la collectivité pour cela. Un Javier Milei qui élude ce fait n'a aucune crédibilité.

Le libéralisme, c’est la liberté d'entreprendre sans limites, qui correspond à la liberté de perdre sans limites, ce qui revient à assumer l'entier de ses gains, et par conséquent l'entier de ses pertes. Au risque de gagner, correspond un risque symétrique de perdre. Liberté et responsabilité ont toujours été de pair. Oublier ce point essentiel, c’est violer le contrat même du libéralisme. Et commettre une désinformation crasse.

Myret Zaki   Journaliste spécialisée économie

Malgré les crises, les milliardaires se multiplient et dominent la richesse mondiale...

Malgré les crises, le patrimoine des ultra-riches a bondi en dix ans, selon un rapport de la banque suisse UBS. Entre 2015 et 2024, la fortune totale des milliardaires a augmenté de 121% dans le monde, passant de 6 300 milliards de dollars à 14 000 milliards de dollars.

La fortune mondiale des milliardaires a explosé en dix ans. Malgré les crises, le patrimoine des plus riches a fortement progressé, révèle le rapport 2024 UBS Billionnaire Ambitions, publié ce jeudi 5 décembre. Selon cette étude, le nombre de milliardaires est passé de 1 757 à 2 682 entre 2015 et 2024. Le pic a été atteint en 2021 avec 2 686 milliardaires. leur fortune cumulée est passée sur la période de 6 300 milliards de dollars à 14 000 milliards de dollars, soit une progression de 121% sur la décennie.

Les milliardaires américains ont enregistré les gains les plus importants en 2024, ce qui renforce la position du pays en tant que principal centre d'entrepreneurs milliardaires dans le monde. Par ailleurs, la fortune des milliardaires du secteur technologique a augmenté le plus rapidement, suivie par celle des milliardaires du secteur industriel. De 2015 à 2020, la fortune des milliardaires a augmenté à un taux annuel de 10%, précise le document. Et si depuis 2020, cette croissance a ralenti à 1%, ce chiffre masque toutefois une expansion continue aux États-Unis, en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et dans certaines parties de l'Asie, notamment en Inde.

Principalement des milliardaires «self-made»

Les milliardaires américains ont enregistré les plus grandes hausses de fortune en 2024, souligne le rapport d’UBS. Leur fortune a augmenté de 27,6 % pour atteindre 5 800 milliards de dollars, représentant plus de 40% de la fortune mondiale des milliardaires. Le nombre de milliardaires américains a augmenté de 11,2% pour atteindre 835.

A noter que les nouveaux milliardaires de l'année sont principalement des «self-made» alors que l’année dernière, la plupart des nouveaux milliardaires étaient des milliardaires multigénérationnels ayant hérité, précise l’étude. Les personnes devenant milliardaires pour la première fois sont au nombre de 268, dont 60% sont des entrepreneurs.

Selon UBS, la croissance du patrimoine de ces milliardaires a même été bien plus élevée que celles des Bourses mondiales sur la période. L'indice MSCI AC World des actions mondiales a ainsi enregistré une hausse de 73% entre 2015 et 2024 contre une progression de 121% pour le patrimoine des milliardaires.

https://www.capital.fr/entreprises-marches/malgre-les-crises-les-milliardaires-se-multiplient-et-dominent-la-richesse-mondiale-1506544

 

"La grande majorité de la prétendue richesse des riches existe sous forme de promesses qui ne peuvent être tenues dans le futur que s’il y a suffisamment d’énergie adéquate pour tenir ces promesses. Leur richesse future promise n’a aucune incidence sur la consommation d’énergie actuelle. Même si la consommation d’énergie des personnes riches est quelque peu supérieure à celle des personnes pauvres, une grande partie de la différence disparaît lorsqu’une personne considère le fait qu’une grande partie de sa richesse est essentiellement une « richesse papier » qui peut ou non être réellement présente dans l’avenir. se déroule."

 

Gail Tverberg 22 08 24

  • Riches et en faillite !
    1.  l’économie mondiale est passée de la croissance à la contraction.


    2. Rappelons-nous les deux façons dont l’argent est créé. Tout d’abord, les banques centrales peuvent le créer à partir de rien. Deuxièmement, la majeure partie est prêtée par le système bancaire. La réglementation est l’un des contrôles, et la nécessité de garanties est l’autre. Les prêteurs ne vous donneront pas un million de dollars pour votre parole, mais ils le feront si vous pouvez leur montrer un actif qui garantit votre capacité à remplir au moins une partie de votre nouvelle obligation.

      Mais c’est circulaire, parce que les prix des actifs, qui fournissent cette garantie, sont une fonction inverse du coût et de la disponibilité du capital. Par conséquent, une montagne de crédit doit créer une bulle spéculative sur les prix des actifs, et vice versa.
      Le moyen de contrôle, s’il existe vraiment, est le taux d’intérêt. Si ceux-ci sont fixés à des niveaux inférieurs à l’inflation, les prêts sont rentables. Cette incitation entraîne une hausse tant du crédit que de la valeur des actifs, ces derniers semblant constituer une sûreté sur le premier. Soi-disant, nous pouvons nous sentir à l’aise en ajoutant X billions de dollars à notre pile de dettes si nous avons également ajouté X billions de dollars à la valeur collatérale des actifs.

      Mais ces évaluations agrégées d’actifs ne sont que des notionnelles. Au niveau national, la “valeur” ajoutée du parc immobilier d’un pays n’a aucun sens, car les seules personnes à qui l’ensemble du parc pourrait être vendu sont les mêmes que celles auxquelles il appartient déjà. Globalement, le même principe s’applique aux actions, obligations et autres catégories d’actifs. Ce principe est que nous nous trompons lorsque nous appliquons des prix de transaction marginaux aux agrégats d’actifs existants.


    3. En fait, il y a deux façons principales d’évaluer les actifs. L’une est le prix que le propriétaire pourrait obtenir en vendant l’actif à une autre personne. L’autre est la valeur d’utilité : une propriété a une valeur dans la mesure où elle fournit au propriétaire un endroit où vivre, lui évitant d’avoir à payer un loyer. La valeur utile d’une action est la valeur que le propriétaire obtiendra à l’avenir, par le biais des dividendes mais, finalement, par le biais des bénéfices.


    4. Il n’est pas possible que les valeurs actuelles des actions ou de la propriété puissent se justifier sur la base de l’utilité, même si l’économie était encore capable de croître. En résumé, ce que nous avons, c’est une confection – comparable à un soufflé - dans laquelle une charge de crédit excessive est soutenue par des titres d’actifs gonflés qui sont à leur tour une fonction du crédit suralimenté.

      En outre, lorsque nous injectons du crédit dans l’économie, cet argent est dépensé, ce à quoi il sert. Cela se manifeste comme une activité transactionnelle, qui est ce que nous mesurons comme le PIB.

    5. La relation fonctionnelle directe entre le crédit et l’activité transactionnelle (enregistrée en tant que PIB) peut être mesurée.
      Au cours des vingt dernières années, chaque dollar de “croissance” du PIB réel déclaré s’est accompagné de 3,20 dollars de nouveaux prêts nets, et même ce ratio exclut des augmentations plus larges du passif incluant le secteur de la "banque parallèle" (NBFI). Acheter 1 dollar de “croissance” en empruntant et en dépensant plus de 3,20 dollars est une farce pure et simple.

  • Au-delà d’être tout simplement insoutenable, elle nous amène à la condition paradoxale d’être riches et en faillite. Nous serions riches parce que la valeur de nos actifs sur papier aurait explosé et, en même temps, nous serions en faillite parce que nos dettes seraient si grandes qu’elles ne pourraient jamais être remboursées.


  • Pendant ce temps, le PIB est artificiellement gonflé par l’injection de plus en plus de crédit dans l’économie. Étant donné que l’argent peut changer de mains (et le fait habituellement) sans valeur ajoutée, il n’y a pas de corrélation entre le PIB transactionnel et la création de valeur économique matérielle. Et si le PIB perd sa validité en tant que mesure de la production, toutes les mesures basées sur lui sont également perdues. Cela signifie que la relation entre la dette et le PIB devient peu fiable, et nous ne pouvons pas mesurer efficacement la vitesse de l’argent.


  • La même fausseté au cœur de la “croissance” déclarée est autour de nous. Certaines juridictions envisagent des prêts hypothécaires à long terme, qui pourraient étendre le coût de l’achat d’un logement à, et au-delà, de la vie professionnelle de la personne moyenne. Cela revient à reconnaître que le rapport entre le prix du logement et le revenu disponible est devenu dysfonctionnel. Mais nous ne pouvons l’admettre, parce que si nous le faisions, les marchés immobiliers s’effondreraient, faisant un trou gigantesque dans la prétendue valeur des garanties.

    Le modèle d’affaires de la mode est la collecte d’informations auprès des consommateurs pour les vendre aux annonceurs et leur permettre d’offrir les mêmes produits aux mêmes personnes, un modèle qui n’ajoute aucune valeur économique réelle.


  • Une autre tactique est la réduction des coûts par la précarisation de la main-d’œuvre à travers l’emploi . Ces travailleurs, au moins, ne vont pas augmenter leurs achats de produits annoncés, ou “souscrire” à ces abonnements que le même modèle d’affaires présente comme un moyen de générer de nouvelles et précieuses sources de revenus du secteur domestique.



  • Les entreprises utilisent la dette bon marché pour racheter des actions dans un processus qui, loin d’augmenter la valeur, fournit l’euphorie d’une brève hausse des prix des actions, tandis que les entreprises sont confrontées à une dette croissante, ce qui les rend de plus en plus vulnérables à toute modification des taux d’intérêt en dessous de l’inflation.

  • Le terme générique pour tout cela, et plus encore, est un artifice. Cela a une longue et déshonorante histoire. Cela a commencé dans les années 1990, lorsque l’accès à la dette a été facilité plus que jamais : il s’écoulait rarement un jour sans que les offres de crédit ne remplissent la boîte aux lettres des ménages occidentaux. Puis, quand ce processus d'"aventurisme de crédit" a éclaté en 2008-09, nous sommes passés à l'"aventurisme monétaire" pur et dur, subventionnant essentiellement le crédit en fixant le coût réel du capital à des niveaux négatifs.

  • Cela a mis en péril la valeur même de l’argent. Nous avons d’abord jeté la viabilité du système bancaire et, deuxièmement, la durabilité de nos propres monnaies sous les roues d’un monstre imparable. Le nom peint sur le côté de ce mammouth est “inflexion”, ce qui signifie que la croissance économique du passé devient la contraction économique du présent et de l’avenir.

  • La fin de tout cela est prévisible, du moins en partie. Le système de création de monnaie super rapide échoue, les prix des actifs s’effondrent et les défauts de paiement ravagent le système.

  • La dette publique, tant publique que privée, est une énorme sous-estimation de l’ampleur réelle des passifs, qui comprennent à la fois les actifs de crédit du système "bancaire parallèle" comme les promesses de pensions impayées faites au public par les gouvernements.
  • La réponse à la crise financière mondiale a été de recourir à l’argent ultra-bon marché. Cela aurait pu se produire si, par exemple, en 2008, les dettes mondiales avaient été cumulées et si un taux d’intérêt normal avait été appliqué pour calculer le coût global du service de la dette, atteignant un niveau totalement inabordable. C’est la raison pour laquelle les dossiers “temporaires” d’assouplissement quantitatif , politique monétaire à taux zéro et politique de taux d’intérêt négatifs sont devenus des éléments permanents du système.

    C’est une simplification admissible que d’affirmer que le niveau général des prix des actifs est l’inverse du coût de l’argent. Plus le capital disponible est bon marché et abondant, plus les cours des actions, des obligations, des biens et autres actifs vont augmenter.

    L’inconvénient, bien sûr, est que les prix agrégés des actifs n’ont aucun sens, parce que ces évaluations agrégées ne peuvent jamais être converties en argent. Tout comme les prix des actifs ont grimpé, la dette et la quasi-dette. Il est évident que nous ne pouvons pas vendre l’ensemble du marché boursier, à qui? - pour payer les dettes contractées pour les gonfler. L’application des prix marginaux de transaction pour "évaluer" les unités agrégées est une illusion qui ne convainc que ceux qui sont prêts à se laisser persuader.

    Ce n’est que maintenant que nous commençons à découvrir que la création de nouveaux fonds à partir de l’éther est inflationniste, une réalité que nous avons ignorée en nous persuadant que la hausse des prix des actifs “ne compte pas comme inflation”.

    Il est probable que l’éclatement de la “bulle de tout” provoque une “crise de tout”. Même la dette non garantie est, en fin de compte, soutenue par la “garantie psychologique” de l’hypothèse que l’économie se développera suffisamment pour nous permettre de remplir nos obligations collectives.

  • (d'après Tim Morgan)

Les ultrariches se préparent à la catastrophe qu’ils ont eux-mêmes contribué à provoquer. Alors que le monde plonge peu à peu dans le chaos climatique, ils se bâtissent des bunkers, s’achètent des îles privées et s’aménagent des existences qu’ils rêvent à l’abri des violences, pour continuer à vivre dans le luxe, le calme et la volupté.

Voilà déjà quelques années que les médias ont révélé le phénomène. La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont tout accéléré. Avec leurs jets privés, leurs yachts et leurs « gated communities » (quartiers résidentiels privés), les milliardaires ont décidé de faire sécession.

La Nouvelle-Zélande et la Patagonie sont devenues leurs repaires. Ils investissent aussi dans des contrées isolées comme l’Alaska, la Scandinavie ou le Kamtchatka en Russie. Steve Huffman, le cofondateur du réseau social Reddit, le dit lui-même : une bonne moitié de ses collègues milliardaires de la Silicon Valley ont acheté des « biens immobiliers apocalyptiques » dans le monde. Les médias anglo-saxons évoquent même « un rush ».

Des jets privés prêts à décoller pour la Nouvelle-Zélande

Le dernier en date à avoir défrayé la chronique est le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg. Son bunker de luxe à Hawaï, baptisé « Koolau Ranch », devrait coûter plus de 250 millions d’euros. L’abri de 464 m2, protégé par une porte blindée et un système de vidéosurveillance hors norme, est capable de se fournir lui-même en électricité ainsi qu’en eau grâce à une gigantesque citerne. Une ferme biologique de 27 hectares lui est associée pour pouvoir vivre en autarcie. Au bord du Pacifique, le milliardaire attend la fin du monde en écoutant le bruit des vagues.

À une dizaine de milliers de kilomètres de là, en Nouvelle-Zélande, l’engouement des ultrariches est tel que les autorités sont débordées. Elles ont créé un visa spécial pour les grandes fortunes qui souhaitent s’y implanter. Le visa Investor Plus exige un investissement minimum de 6,7 millions de dollars (6,2 millions d’euros) sur trois ans. Peter Thiel, le cofondateur milliardaire de Paypal, a obtenu la nationalité néo-zélandaise après n’avoir passé que douze jours dans le pays. De nombreuses villas se sont construites sur des terrains en pleine nature, avec des pistes d’atterrissage et des fermes.

Le milliardaire Julian Robertson est propriétaire d’un manoir surplombant le lac Wakapitu. Le président de Fidelity National Financial Inc. Bill Foley possède une propriété dans la région de Wairarapa. James Cameron, le réalisateur de Titanic, a acheté un immense manoir qui domine le lac Pounui.

L’attrait pour cette île s’explique par sa stabilité politique et son éloignement géographique. Pour la rejoindre en cas de crise, cinq dirigeants d’entreprises de la Silicon Valley possèdent un énorme jet privé caché dans un hangar du Nevada. L’avion est prêt à décoller à n’importe quel moment avec leur famille (et celle du pilote !). Son prix est estimé à 61 millions de dollars (56,2 millions d’euros) et sa maintenance à un million de dollars par an, selon le média Bloomberg.

« Accaparement de la terre par les ultrariches »

Les journalistes racontent aussi comment des bunkers de survie de 150 tonnes sont construits en secret au Texas avant d’être acheminés par bateau jusqu’à la Nouvelle-Zélande. Ils y sont enfouis à trois mètres de profondeur, loin des regards et avec la complicité de la douane.

Pour le chercheur en sciences politiques, Édouard Morena, on assiste à une nouvelle forme d’« accaparement de la terre par les ultrariches ». En Écosse, 67 % des terres rurales écossaises appartiennent à 0,0025 % de la population. « Les ultrariches investissent dans de grandes propriétés pour cultiver l’entre-soi et se préserver du reste de la planète mais aussi parce qu’ils estiment que dans un futur proche, ces terres constitueront une formidable richesse », dit-il à Reporterre.

Premiers propriétaires terriens d’Argentine

En Patagonie, la situation est frappante. Ted Turner, le boss de la chaîne de la télévision CNN, s’est offert 5 000 hectares ; Amalita Lacroze de Fortabat, « la reine du ciment » s’est construit une villa en face du lac Nahuel Huapi et a embauché des hommes de main pour bloquer l’accès aux habitants locaux. La pampa s’est hérissée de barbelés.

Le milliardaire Joe Lewis, qui a fait fortune dans les Hard Rock Cafe, a racheté une superficie grande comme Paris et a même détourné le cours d’une rivière. À quelques kilomètres de là, Sylvester Stallone s’est offert un lac et 14 000 hectares à proximité d’El Bolson. George Soros a, quant à lui, acheté un domaine de 350 000 hectares et a même été le premier propriétaire terrien argentin avant d’être détrôné par la famille Benetton qui possèdent aujourd’hui 900 000 hectares du côté d’Esquel.

« Les ultrariches rêvent d’être seuls »

« Les ultrariches rêvent d’être seuls et de se réfugier dans leur château. » Dans un best-seller non traduit, intitulé La survie des plus riches, les fantasmes d’évasion des millionnaires de la tech (notre traduction) l’intellectuel Douglas Rushkoff analyse l’attrait des milliardaires pour l’effondrement. Il raconte dans le Guardian sa rencontre lunaire avec cinq milliardaires technophiles qui lui expliquent leur plan pour faire face à « l’événement » — l’euphémisme qu’ils utilisent pour parler de la crise climatique.

 

Invité à donner une conférence sur les nouvelles technologies, il se retrouve à répondre à une myriade de questions des milliardaires : combien de temps faut-il prévoir pour survivre sans aide extérieure ? Un abri doit-il avoir sa propre alimentation en air ? Quelle est la probabilité de contamination des eaux souterraines ? Le PDG d’une maison de courtage qui vient de terminer la construction d’un bunker souterrain lui demande aussi comment maintenir l’autorité sur sa force de sécurité.

L’intellectuel, déboussolé, tente de les raisonner et de leur dire de ne pas investir uniquement dans « des munitions » ou « des clôtures électriques ». Mais les milliardaires s’entêtent. Ils envisagent d’utiliser des serrures à combinaison spéciale pour l’approvisionnement en nourriture qu’ils seraient les seuls à connaître. Ou de faire porter aux gardes une sorte de collier disciplinaire en échange de leur survie. Ou encore de construire des robots qui serviraient de gardien et de travailleurs — si cette technologie pouvait être développée « à temps ».

Un tournant libertarien

Pour Douglas Rushkoff, « leur extrême richesse et leurs privilèges les ont rendus obsédés par l’idée de s’isoler du danger réel, écrit-il. Ils veulent s’échapper d’un monde qu’ils ont rendu invivable. »

Ce rêve d’évasion est assez inédit dans l’histoire, même si pendant la guerre froide, les riches se construisaient déjà des bunkers pour survivre à un hiver nucléaire. Dans une interview à L’Obs, le philosophe Bruno Latour estimait que la bascule a eu lieu dans les années 1980 et 1990. C’est à partir de ce moment que les riches auraient suivi « un processus de radicalisation solitaire ».

 

En 1997, au sein de la Silicon Valley, un manifeste technolibertaire est sur toutes les lèvres : The Sovereign Individual : How to Survive and Thrive During the Collapse of the Welfare State (éd. Simon & Schuster), que l’on peut traduire par L’individu souverain : comment survivre et prospérer durant l’effondrement de l’État-providence, de James Dale Davidson et William Rees-Mogg. Il prédit que la faillite de l’État-nation est inéluctable et que seule une « aristocratie » et « une élite cognitive » survivra. Pour les auteurs, « le développement technologique est devenu moins une histoire d’épanouissement collectif que de survie personnelle ». Le progrès pour tous n’est plus à atteindre. Le projet est de bâtir une forteresse pour une minorité de riches.

« Les membres les plus astucieux des classes dominantes ont alors compris que la globalisation n’était pas soutenable écologiquement, raconte Bruno Latour. Au lieu de changer de modèle économique, ils ont décidé de renoncer à l’idée d’un monde commun. » Autrement dit, « la classe dominante s’est immunisée contre la question écologique en se coupant du monde ».

Si elle a si facilement adhéré aux thèses de l’effondrement, c’est aussi parce que cette idée ne la menaçait pas directement. « L’effondrement est une façon de contourner une critique frontale du capitalisme et des rapports de classe, elle ne cible pas en priorité les riches mais nous invite à tous changer d’attitudes et de pratiques », estime le chercheur Edouard Morena. D’où sa popularité dans les hautes sphères.

L’ère du « misanthropocène »

L’idéologie séparatiste n’a cessé, depuis, de croître. Le sociologue Nicolaj Schultz parle même de « misanthropocène » pour évoquer notre époque. « Les maîtres du monde se préparent à nous abandonner comme des miettes sur une assiette », écrit-il.

On retrouve cette idée d’exode poussée à son paroxysme dans les fantasmes extraplanétaires d’un Elon Musk ou d’un Jeff Bezos qui rêvent de « terratransformer » Mars ou de bâtir des colonies géantes flottant dans le système solaire.

Puisqu’il n’est, pour l’instant, pas très sympathique de vivre dans l’espace, les ultrariches passent de « la planète B » au « plan B ». À défaut de pouvoir coloniser Mars, Mercure ou la Lune, ils s’assurent de posséder sur cette planète un luxueux refuge-bunker résistant aux aléas climatiques. Après moi, le déluge.

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