Terre inhabitable

Publié le par ottolilienthal

JO de Tokyo : malaises dans la fournaise

Les athlètes souffrent de la chaleur et d’un taux d’humidité très élevé. Faudra-t-il un drame pour que les organisateurs s’alarment ?

Les images de la joueuse de tennis espagnole, Paula Badosa, évacuée sur un fauteuil roulant après un coup de chaleur a fait le tour du monde. La colère des joueurs de tennis, terrassés par la chaleur et l’humidité, s’est répandue comme une traînée de poudre à l’instar du russe Daniil Medvedev qui, au cours de son match, a invectivé l’arbitre se plaignant des conditions climatiques et demandant sur un ton agacé qui serait responsable s’il venait à mourir.

La chaleur fait des ravages dans ces jeux décidément pas comme les autres. L’archère russe Svetlana Gomboeva a fait un malaise et est sortie sur une civière, beaucoup d’athlètes rapportent rencontrer des difficultés à supporter ces conditions météo malgré une préparation dans des conditions les plus proches de celles rencontrées sous le soleil nippon.

Le risque du coup de chaleur

La température corporelle, normalement autour de 37 °C, peut grimper au cours de l’effort jusqu’à 40 °C, voire 41 °C, et même 42 °C en cas de fortes chaleurs. Dès lors les problèmes s’enchaînent en cascade, ils affectent un certain nombre d’organes vitaux et peuvent conduire, rarement bien heureusement, à la mort. L’hyperthermie touche ainsi le système nerveux central, le foie, les muscles, les reins, le cœur et affecte la coagulation sanguine.

Les premiers symptômes sont l’asthénie (la fatigue), les crampes musculaires, les maux de tête, les troubles digestifs et, parfois, des troubles du comportement, tels que l’agressivité ou la confusion mentale. Si l’effort n’est pas stoppé dès l’apparition de ces premiers signes cliniques, il peut y avoir une perte de connaissance, parfois accompagnée de convulsions. Quand un athlète est victime d’un coup de chaleur, il doit immédiatement être pris en charge et recevoir des soins de refroidissement afin d’accélérer la dissipation de chaleur. Il s’agit alors d’appliquer de la glace ou de l’eau fraîche sur la peau et d’orienter un flux d’air sur le corps.

Les compétitions à l’épreuve du réchauffement climatique

Le choix de faire se dérouler les jeux en plein été est éminemment économique. Il existe pourtant un précédent qui avait conduit à décaler les premiers jeux de Tokyo en octobre 1964 après un épisode caniculaire survenu durant les Jeux olympiques de Rome en 1960. Comment expliquer que les mêmes dispositions n’aient pas été prises cinquante ans plus tard alors que le réchauffement climatique fait galoper les températures ? L’acquisition à prix d’or des droits télé par les chaînes du monde entier n’y est sûrement pas étrangère et un décalage des épreuves à l’automne risquerait de voir se superposer les Jeux avec d’autres compétitions très populaires, comme le football ou le basket. La santé, la vie des athlètes ne pèsent pas lourd face aux sommes colossales générées par les revenus publicitaires. Le réchauffement climatique impose de repenser l’organisation des grandes compétitions internationales, tant les villes susceptibles de les accueillir que les saisons auxquelles elles devront se tenir.

Selon une étude parue dans The Lancet en 2016, peu de villes seront en capacité d’accueillir les Jeux olympiques d’été à l’horizon 2050. Les auteurs ont défini le concept de température au thermomètre-globe mouillé (WBGT) qui prend en compte la température, mais aussi le taux d’humidité et le rayonnement solaire. Le niveau de température WBGT limite défini par les chercheurs est de 25 °C, température au-delà de laquelle la pratique sportive devient dangereuse. La prédiction de l’évolution des températures au XXIIe siècle conduit à circonscrire drastiquement la liste des villes qui seraient éligibles pour accueillir les Jeux, elles ne seraient que huit. Le comité international olympique semble étrangement ignorer le phénomène de réchauffement climatique, et les risques encourus par les athlètes, comme en témoigne l’attribution des jeux 2032 à Brisbane, en Australie. La prochaine Coupe du monde de football, qui se tiendra à Doha au Qatar, est une nouvelle illustration de l’inconscience des organisateurs et du refus manifeste de faire entrer la santé des sportifs dans l’équation économique de l’attribution des compétitions.

 

   1/08/2021

Climat : deux régions du globe sont désormais trop chaudes et inhabitables

C'est l'une des conséquences du dérèglement climatique, pointé du doigt par le GIEC dans son dernier rapport. 

Une vie sous plus de 35 degrés au thermomètre, avec 90% d'humidité dans l'air : une vie où chaque geste compte, et où travailler comme faire du sport n'est plus possible. Deux régions du globe ont déjà atteint ce seuil, invivable pour les humains : Jakobabad au Pakistan, et Ras Al Khaimah, dans le golfe Persique. 

Le cocktail chaleur et humidité peut être mortel pour l'organisme. "Quand l'air est sec, (…) on est capable de résister à des chaleurs extrêmes, 60 degrés, jusqu'à 100 degrés si ça ne dure pas trop longtemps", indique la journaliste Valérie Heurtel. Le corps est équipé d'un thermostat naturel, qui a pour rôle de maintenir la température à 37 degrés. "Au contact d'un air sec, la sueur s'évapore, et c'est cette évaporation qui nous rafraîchit, ajoute-t-elle. Dans un air saturé en humidité, la sueur a du mal à s'évaporer, résultat le corps est en surchauffe." 

30 ans d'avance sur les prévisions des climatologues

Que risque-t-on à vivre dans des conditions aussi extrêmes ? "La température de l'intérieur va commencer à grimper, (…) on peut commencer à avoir des troubles de la vision, des vertiges, des troubles neurologiques, ça peut terminer par du coma, des convulsions, et ça peut aboutir à des complications cardiaques ou rénales gravissimes", explique le Dr. Laurent Uzan, cardiologue du sport. 

Les climatologues avaient prédit les canicules humides pour dans 30 ans. Mauvaise nouvelle, elles sont arrivées. Et les relevés météo des 40 dernières années sont inquiétants : si le Pakistan et le golfe Persique ont déjà franchi le pont de bascule, d'autres région du globe n'en sont pas loin, comme la Chine ou une grande partie de l'Inde. Les plus menacées sont les régions tropicales et les zones côtières, où les fortes chaleurs se mêlent à l'évaporation de la mer. Seule solution pour enrayer la machine : contrôler nos émissions de gaz à effet de serre.

V.Heurtel, E.Martin, B.Bervas, T.Bove, F.Legros - France 2
France Télévisions

 

https://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/climat-deux-regions-du-globe-sont-desormais-inhabitables_4717025.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20210727-[lesimages/image0]

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