le coin des orateurs
L'approche de John Maxwell pour exceller dans le leadership s'articule autour de quatre fondements essentiels : votre aptitude à encadrer votre équipe, à communiquer efficacement avec elle, à convaincre de la valeur de vos propositions et à diriger vers des buts partagés. Nous avons exploré des conseils pratiques pour réveiller le coach en vous. Il est maintenant temps de se pencher sur les éléments clés d'une communication efficace avec votre équipe, afin d'affiner vos talents d'orateur.
L’art oratoire, qu’est-ce que c’est ?
Avant toute chose, qu’entend-on par « art oratoire » ? Il s’agit d’une expression vieille comme le monde ! L’art oratoire, est un mélange de rhétorique et d’éloquence, permettant à une personne de convaincre, de persuader, grâce à un discours qui se veut même parfois émouvant.
L’art oratoire nous vient de la Grèce antique ! Initialement, il s’agissait avant tout et surtout de discours à visée politique. Puis cet art de la prise de parole s’est étendu à l’art dramatique.
Pourquoi parle-t-on d’art ? Si vous fermez les yeux, il est fort probable que vous pensiez à une personne de votre entourage, qui, dès lors qu’elle ouvre la bouche, a cette capacité à retenir l’attention, à raconter des histoires, à vous tenir en haleine. Il y a une dimension assez esthétique à cette prise de parole. Vous auriez même envie de l’applaudir à chaque fin de discours !
L’art oratoire, c’est la manière un peu magique de transformer une simple prise de parole en un discours marquant, impactant, profond et authentique dont on se souvient.
Être le meilleur orateur : 7 conseils à appliquer !
L’art oratoire repose sur une bonne connaissance de vous-même. C’est aussi une compétence qui se maîtrise avec le temps ! Plus vous prendrez la parole en public, plus vous vous y habituerez, plus vous serez à l’aise et en capacité de prendre plaisir à le faire. Car c’est un fait, la prise de parole n’est évidente pour personne. C’est une mise à nue, d’une certaine manière, puisque tout le monde est suspendu à vos lèvres, les yeux rivés sur vous.
Si vous devez réaliser une présentation devant votre équipe, quelle qu’elle soit, il est crucial de vous préparer.
Dans un premier temps, aidez-vous d’un support visuel, sans trop de texte, qui vous permettra tout simplement de capter l’attention de votre équipe, mais aussi d’avoir quelque chose sous la main pour soutenir vos propos, garder le cap, ne pas vous perdre dans vos idées. En le concevant, vous organisez vous-même vos idées !
Bien entendu, votre présentation et votre support visuel doivent s’adapter aux collaborateurs : le niveau de complexité, les termes employés, l’objectif de la présentation, etc. Pensez aux détails de manière à embarquer tout un chacun. Vous ne vous adresserez pas de la même manière à votre équipe qu’à un client ou à votre hiérarchie.
Votre posture de manager fait de vous le pilier de votre équipe. Aux yeux de vos salariés, vous êtes celui qui maîtrise, la personne de référence, de confiance. Ils s’attendent à ce que vous soyez à l’aise lors de votre prise de parole et ils doivent avoir le sentiment que c’est vrai !
Alors, répétez vos présentations, au début, vous permet de gagner en confiance et en assurance tout en vous délestant également de vos éventuelles fiches. Vous gagnez du temps car vous optimisez votre prise de parole en allant droit au but.
Ensuite, lorsqu’il s’agira de discuter de façon informelle avec votre équipe, lors de points rapides, ou au quotidien, vous aurez ces bons réflexes.
Votre voix, sachez-le, révèle énormément de choses sur vous. Et c’est par ce biais que vous parviendrez à embarquer votre équipe.
Vous pensez certainement à quelqu’un qui a une jolie voix, qui s’exprime toujours correctement en public ? Ou à l’inverse, vous avez peut-être le souvenir d’une conférence ou d’une réunion où le temps vous a paru long car la personne qui s’exprimait avait un ton monotone, plat, ponctué de « euh », etc.
Votre voix se travaille ! Un bon orateur dispose des ingrédients suivants :
- Une voix dynamique : la ponctuation a l’écrit doit être retranscrite à l’oral ! C’est notamment en répétant votre présentation que vous serez plus libre de ponctuer votre discours.
- Une voix projetée : ne parlez pas dans votre barbe. Parlez en regardant au fond de la salle de manière à envoyer inconsciemment votre voix tout là-bas !
- Une voix posée : inutile de vous transformer en TGV lorsque vous parlez à votre équipe ! Au mieux, ils vous demanderont de répéter, au pire, ils ne le feront pas et n’auront rien retenu de votre discours. Prenez votre temps !
En tant que manager, vous avez des objectifs à atteindre pour votre entreprise. Celle-ci a des valeurs, des mots-clés, répétés ici et là dans l’ensemble des canaux de communication, pour embarquer les équipes.
Eh bien, c’est exactement la même chose pour vous ! Lorsque vous parlez avec votre équipe, même lors de simples discussions, il est essentiel de conserver un fil rouge :
- Rappeler la stratégie mise en place pour l’année, l’objectif principal à atteindre.
- Mettre en lumière les valeurs de l’entreprise.
- Mettre en évidence l’objectif de la réunion, de la prise de parole, dans votre présentation.
- Faire un lien entre chaque grande partie de votre présentation pour ne perdre personne, y compris vous !
Ce fil rouge vous permet de garder le cap et de donner du sens à vos propos tout en rappelant le pourquoi du comment à chaque collaborateur.
Votre gestuelle peut vous desservir. En effet, la communication non verbale correspond aux réactions conscientes ou inconscientes du corps, du souffle, de la voix, du regard, lorsque nous parlons et même lorsque nous ne disons rien.
- Soyez ancré lorsque vous prenez la parole, tout va bien se passer. Les deux pieds posés au sol, comme enracinés, ou une marche lente, maîtrisée, vers les uns et les autres, pour les plus avertis et à l’aise.
- Prenez conscience de votre gestuelle de stress : faire trembler votre jambe, se manger l’intérieur des joues, jouer avec vos cheveux, jouer avec vos mains, ne pas tenir en place, les bras collés à votre corps, etc. Essayez d’y prêter attention, pour trouver la posture qui vous mette le plus à l’aise en public.
- Décollez vos bras de votre corps ! Vos mains peuvent accompagner vos propos, dynamiser votre prise de parole, créer un lien avec votre auditoire.
- Faites attention à votre posture générale : épaules ouvertes, dos droit.
- Souriez, vous êtes écouté ! Vous êtes stressé, certes, mais n’oubliez pas pour autant d’inviter votre équipe au partage en commençant par afficher un visage serein, souriant, content d’être là, tout simplement ! Votre équipe n’a pas besoin que vous soyez parfait, mais en phase avec vous-même, authentique, en confiance avec chacun.
Votre regard va vous aider dans votre prise de parole. L’art oratoire c’est aussi cette capacité à retenir l’attention de tout un chacun.
- Regardez votre équipe quand vous vous adressez à elle, en passant d’un collaborateur à un autre. Les premiers temps, n’hésitez pas à regarder quelqu’un en particulier si cela peut vous rassurer et vous donner de la force. Si c’est encore trop difficile pour vous, fixer un point à hauteur de leurs visages, sans avoir à les regarder eux.
- Vous souriez, alors votre regard sourit également !
Le regard est un moyen intense de créer une connexion avec votre équipe et vous permet de déceler certains signes : impatience, incompréhension, enthousiasme, questionnement, etc.
Vous stressez avant de prendre la parole, que ce soit en réunion ou simplement lors d’une discussion. Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul !
Ce trac, même s’il est invalidant, se maîtrise. Et c’est justement en ayant conscience, en l’acceptant, que vous aurez toutes les clés pour l’apaiser.
La respiration peut vous aider à maîtriser votre stress, qui aura pour conséquence de poser votre voix plus facilement pour qu’elle tremble moins.
Inspirer et expirer par le ventre à plusieurs reprises, fermer les yeux et visualiser un environnement qui vous remplit de joie et de sérénité, vous répéter que vous allez réussir votre prise de parole, son des astuces simples à mettre en place et efficaces.
Lors de votre discours, il est capital de faire des pauses ! Déjà, cela vous permet de reprendre votre souffle, de préparer la suite de votre propos, de remettre de l’ordre dans vos idées.
Ensuite, c’est une manière de saisir votre équipe. Une pause annonce quelque chose, dynamique votre discours, donne du poids à votre propos. Ce temps de pause, aussi court soit-il vous permet ensuite de sonder votre équipe : lui laisser l’opportunité de poser une question, identifier les incompréhensions, les doutes, etc.
Les pauses permettent aussi à tout un chacun de réfléchir à ce que vous venez de dire.
L’art oratoire se travaille ! Si certaines personnes sont très à l’aise en prise de parole, d’autres le sont un peu moins, et cela n’est pas grave. S’entraîner est le meilleur moyen de parvenir à embarquer votre équipe. Racontez une histoire, votre histoire et celle de votre équipe !
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7 conseils pour être un bon orateur et ne plus être stressé de parler en public, selon Harvard Savoir s'exprimer est un art permet de se distinguer et de montrer tout l'étendu de votre talent. Voici plusie
Le discours tenu par la candidate Les Républicains (LR) Valérie Pécresse lors de son meeting au Zénith de Paris ce 13 février a subi un déferlement de critiques. En cause notamment sa voix jugée mal placée et artificielle, selon bon nombre de commentaires sur les réseaux sociaux. « Marianne » en a discuté avec Hervé Pata, expert en techniques vocales.
Adopter un timbre de voix juste est, depuis quelques années, un défi majeur pour les candidats à l’élection présidentielle. Alors que François Hollande et Emmanuel Macron – dont on se souvient du « Parce que c’est notre projeeeet ! » prononcé avec une voix égosillée – ont chacun eu recours à un coach vocal pour préparer leurs discours, Valérie Pécresse, elle, n’aurait fait appel à aucun spécialiste de la voix, selon un article du JDD ce dimanche 13 février. Ce qui a peut-être pu jouer lors de sa piètre prestation le 13 février lors de son meeting au Zénith de Paris. Marianne a posé la question à Hervé Pata, expert en techniques vocales et maître de conférences à Sciences Po Paris.
Marianne : À première vue, qu’est-ce qui ne convient pas dans la voix de Valérie Pécresse lors de son meeting au Zénith de Paris ? Il lui est notamment reproché d’avoir forcé sur sa voix.
Hervé Pata : Ce n’est pas tellement sa voix qui pose problème mais l’utilisation qu’elle en fait. Il est probable que son discours soit l’un des plus mauvais de la Ve République tant sur le fond que sur la forme. Elle a voulu le faire seule comme une grande mais ça n’a pas marché. Sa voix n’est pas mauvaise intrinsèquement mais elle parle faux, tout son discours est artificiel. Sur le plan psycho-vocal, Valérie Pécresse a un complexe d’infériorité très important, elle essaie d'être dans un rapport de virilité masculine. Son envie de réussir l'obsède et sur le plan neurovégétatif, cela l’oblige à se concentrer sur sa façon de faire et comme elle ne sait pas faire, elle commet des maladresses. La parole représente la pensée, on ne peut pas penser lorsque l'on parle. Si le discours n'est pas préparé au préalable, alors il paraîtra faux.
Avant l’apparition des communications orales, on accordait de fait plus l’importance au contenu du discours qu’à la voix. Peut-on détacher la voix du contenu du discours ?
Non, c'est la forme qui fait passer le fond et jamais l’inverse. À l’époque de Pierre Mendès France et Léon Blum, l’on attachait beaucoup plus d’importance au contenu. Avec l’apparition de la sonorisation au début du XXe siècle puis de la télévision, des médias et des réseaux sociaux, la politique devient « spectacle ». On s’attache davantage à la forme. Si Jean-Luc Mélenchon a fait un bon résultat à la dernière élection présidentielle, c’est en grande partie grâce à la forme qu’il utilise, c’est un bon orateur. Mais quand il a crié « La République c’est moi » lors de la perquisition au siège de la France insoumise, il a tout de suite chuté dans les sondages.
Certains spécialistes de la voix disent que plus la voix est grave, plus elle a de l’incidence. Valérie Pécresse possède un timbre de voix plutôt grave et pourtant elle ne réussit pas à convaincre… Est-ce surprenant ?
Les derniers résultats des travaux menés par le CNRS montrent en effet que les voix graves ont plus d’attractivité mais il faut tout même considérer la variété, c’est-à-dire la rythmicité mélodique qui va la créer. Si l’on se souvient des comptines, c’est uniquement parce qu’elles ont une forme rythmique et mélodique. Quand on utilise une bonne mélodie, l'on est attractif. Il faut apprendre à varier.
« Ce qu'elle a réalisé dimanche est dramatique. Comme elle n’a pas travaillé la forme de son discours, elle s’est dit qu’elle allait tout donner dans la force. »
Valérie Pécresse a une voix médium mais dans ses discours, elle termine toujours par des phrases aiguës. Or, c'est le moment où l'on a le moins d'air donc on assiste à des choses très particulières, qui, répétées, sont dangereuses pour la voix. D'une part, elle n'arrive pas à gérer sa voix car elle ne résonne pas donc elle s'expose aux problèmes de la voix rauque et de la voix cassée. D'autre part, elle ne travaille pas sa prosodie, c'est-à-dire le rythme et la mélodie de son discours. Or, c'est ce qui fait que le public va adhérer à ses propos. Ce qu'elle a réalisé dimanche est dramatique. Comme elle n’a pas travaillé la forme de son discours, elle s’est dit qu’elle allait tout donner dans la force.
Est-ce qu’il faut nécessairement parler fort pour convaincre ?
Absolument pas. En fait, ce qui est intéressant c’est la variété, c’est-à-dire la prosodie en fonction du sens du texte. Lors de son meeting au Zénith, Valérie Pécresse a parfois essayé d’accentuer certains mots, ce qui crée énormément d’appuis consonantiques dans ses phrases. Or, la voyelle est du son, lorsque la consonne est du bruit, et le cerveau humain préférera toujours le son…
En fait, en pensant convaincre, elle envoie des codes d’agressivité. Même Jean-Luc Mélenchon n'agit pas comme cela. Comme je dis toujours : les mots ont un sens, les sons ont un pouvoir. Le problème de Valérie Pécresse est que toutes ses phrases sont prévisibles, elle lit son prompteur, et ne crée aucun effet de surprise.
Sur un plan plus technique, n’est-il pas question d’un mauvais choix de micro ?
Non, au contraire, la sono était de très bonne qualité mais la candidate a porté sa voix comme si elle n’avait pas de micro. Elle a sans doute voulu être à la hauteur de ses condisciples masculins en jouant sur la force de sa voix. Or, on voit bien qu’elle ne sait pas gérer ses respirations et ne sait pas utiliser les résonateurs de voix. À plusieurs reprises, elle a dû boire de l’eau car sa voix devenait rauque, ses cordes vocales commençaient à être congestionnées à cause du forçage musculaire. Dans ce cas, les cordes vocales sont tellement tendues qu’il faut prendre des anti-inflammatoires.
Dans le livre de Chloé Morin On a les politiques qu’on mérite (Fayard), Valérie Pécresse lance : « C’est très, très compliqué la voix, pour nous les femmes. Alors qu’a la vérité, l’autorité n’a rien à voir avec la voix. » Est-il plus facile de convaincre pour un homme ?
Cela est plus compliqué parce que les caractéristiques physiologiques vocales des femmes diffèrent de celles des hommes : elles possèdent des cordes vocales de 17 mm tandis que celles des hommes mesurent 23 mm en moyenne, leur voix est une octave au-dessus des hommes, et leur capacité respiratoire est moindre du fait de leur taille. Néanmoins, cela ne signifie pas que tout homme a, par définition, plus de facilités vocales qu'une femme. La voix se travaille, la capacité respiratoire se développe et s'optimise.
Plus généralement, que pensez-vous des voix des autres candidats à l’élection présidentielle. Certains sont-ils plus avantagés que d’autres ?
Comme je le disais, Jean-Luc Mélenchon est bon, tout comme Emmanuel Macron. Si ce dernier impose une autorité au lieu de proposer des idées, il possède malgré tout une bonne prosodie. Il a travaillé avec un coach vocal qui aurait pu lui donner encore plus d’épaisseur dans sa voix mais toujours est-il que l’on sent beaucoup plus d’assurance dans sa voix cinq ans après son élection. Yannick Jadot, par sa taille et sa capacité respiratoire, pourrait être avantagé mais il lui manque l'humilité et la volonté d'apprendre. C’est un chanteur qui s’ignore. Quant à Christiane Taubira, elle a une voix qui se pose naturellement, c'est une bonne oratrice.
Ce qui n'est pas le cas d'Éric Zemmour, qui, certes s'en sort bien dans les médias en tant que journaliste mais pas en meeting. Il est trop prévisible, sa prosodie fonctionne mal. Idem pour Marine Le Pen qui ne fait aucun progrès depuis des années et fonctionne comme un « bulldozer », et pire encore pour Anne Hidalgo qui ne travaille absolument pas sa voix.
Le grand livre de la technique vocale, de Hervé Pata, Éd. Eyrolles, 264 p., 24,90 €