la pomme de terre a la patate !
Dalida, Duchesse, Bintje : dans ce laboratoire, on fabrique la pomme de terre du futur...Connaissez-vous le groupement du Centre des producteurs de plants de pommes de terre, le GROCEP ? Probablement pas, pourtant, c'est bien là, sur ce site, un site scientifique et agronomique que naissent de nouvelles variétés de ce légume décliné sur toutes les tables.
Symbole central de l’alimentation populaire, la pomme de terre, dont le prix a quasiment triplé en un an, devient un produit cher et rare en Russie. Entre récolte en chute libre, dépendance aux importations et pénurie de semences, le tubercule préféré des Russes révèle les fragilités du secteur agricole...
Devant un immense étal de légumes sur un marché, une cliente secoue la tête : non, “ce sera sans pommes de terre aujourd’hui”. Pour Olga Dmitrievna, habitante moscovite, “le prix du kilo ne peut pas dépasser 100 roubles”. Dans un reportage de la chaîne de télévision officielle russe Mir, elle se souvient quand le kilo était à 50 ou 60 roubles, soit environ 0,55 et 0,66 euro, il y a quelques années. Aujourd’hui, elle prépare de moins en moins souvent ses draniki, ces galettes biélorusses à base de pommes de terre.
Depuis plusieurs mois, ce phénomène prend de l’ampleur. La Russie fait face à une “hausse historique” des prix des pommes de terre, observe le quotidien économique Kommersant. À la fin du mois d’avril, le kilo atteignait en moyenne 85,4 roubles (environ 0,95 euro), soit 2,8 fois plus qu’un an plus tôt. À Moscou comme dans les régions, certains consommateurs tombent sur des étiquettes affichant le kilo jusqu’à 200 roubles (environ 2,22 euros).
The Moscow Times souligne que même Vladimir Poutine a été contraint de reconnaître le problème fin mai : “Il nous manque des patates, apparemment”, a-t-il lancé lors d’une réunion avec les acteurs du secteur agroalimentaire...
Antoine Parmentier, celui qui a mis la pomme de terre dans toutes les assiettes : "c'était un féculent que l'on jugeait dangereux pour les humains"....Antoine Augustin Parmentier est un savant des Lumières au sens où on l'entendait à l'époque : homme de multiples talents et savoirs. On le réduit souvent au fait qu'il soit celui qui a vulgarisé l'usage de la pomme de terre dans l'alimentation des Français
De 1845 à 1852, l'Irlande fut frappée plusieurs années de suite par le mildiou de la pomme de terre. Il en résulta une famine qui provoqua la mort de plus d'un million d'habitants ainsi qu'un exode massif, notamment vers les États-Unis. Une étude vient de trancher entre plusieurs hypothèses sur l'origine du pathogène (université d'État de Caroline du Nord).
L'un est un fruit, l'autre un tubercule. La tomate et la patate sont issues de plantes de la même famille, celle des Solanacées. C'est pour cette raison qu'elles peuvent être greffées l'une sur l'autre (avis aux amateurs de frites-ketchup maison !). Et c'est aussi pour cela qu'elles souffrent d'un même mal : Phytophthora infestans, l'agent responsable du mildiou de la pomme de terre.
En Irlande, de 1845 à 1852, ce parasite – autrefois considéré à tort comme un champignon – ruina pendant plusieurs années de suite les récoltes qui assuraient la subsistance du tiers de la population. Ainsi, plus d'un million d'habitants moururent de faim, et le double fut contraint à l'exode, notamment vers les États-Unis.
Longtemps, les scientifiques se sont divisés sur l'origine du pathogène, les uns présentant des indices faisant remonter celui-ci au Mexique, les autres évoquant plutôt l'Amérique du Sud, d'où est également originaire la pomme de terre. Les auteurs d'une étude publiée le 24 janvier dans la revue PLOS One affirment être parvenus à trancher grâce à la génétique (A. L. Coomber et al., 2025).
Chers cousins d'Amérique…
En comparant les génomes intégraux de P. infestans avec ceux de Phytophthora andina et P. betacei, deux pathogènes apparentés et se trouvant uniquement en Amérique du Sud, ces chercheurs ont en effet mis en évidence des similitudes très fortes. Tandis que deux cousins mexicains, P. mirabilis et P. ipomoea, présentaient en revanche davantage de différences.
L'étude met ainsi en évidence différents flux de Phytophthora à travers le monde (figure ci-dessous). "Il s'agit de l'une des plus grandes études sur le génome entier non seulement de P. infestans, mais aussi des lignées sœurs", a déclaré la Professeure Jean Ristaino, co-auteure de l'étude, dans un communiqué de l'université d'État de Caroline du Nord où elle enseigne la phytopathologie.

Par conséquent, si une espèce de pomme de terre sauvage mexicaine (Solanum demissum) a été utilisée pendant plus d'un siècle pour sélectionner des lignées résistantes au mildiou, les auteurs suggèrent de se tourner désormais vers les Andes afin de progresser dans la lutte contre cette maladie qui continue de semer la désolation à travers le monde.
Patate chaude ?
"Le changement climatique accentue la sécheresse dans les hautes terres andines, de sorte que nous pourrions perdre certaines de ces pommes de terre avant de savoir si elles peuvent offrir une résistance à la maladie du mildiou", avertit cependant la chercheuse.
Les hauts plateaux andins de Bolivie, du nord du Chili et du sud du Pérou sont en effet des "points chauds" du stress hydrique, en raison de leur climat semi-aride et de leur saisonnalité marquée. Les eaux de fonte des glaciers y jouent par conséquent un rôle important de "mécanisme tampon" (UNESCO, 2018).
Or, parmi les glaciers andins, le recul et la perte de volume les plus marqués sont attendus au niveau des Andes tropicales (Venezuela, Colombie, Équateur et Pérou). Même dans des scénarios de réchauffement modéré, des pertes de volume de glace de 78 à 97 % sont prévues d'ici la fin du siècle (UNESCO).
https://actu.geo.fr/environnement/le-parasite-qui-provoqua-la-grande-famine-en-irlande-ne-venait-pas-d-ou-l-on-pensait-224370?
Pour remercier le roi des Français de lui avoir laissé cultiver ce tubercule aux grandes vertus nutritives, l'agronome lui en offre une fleur...
Le 24 août 1786, le pharmacien-agronome Antoine Parmentier se rend à Versailles pour offrir à Louis XVI et à Marie-Antoinette les fleurs des premières pommes de terre cultivées dans la plaine des Sablons à Neuilly-sur-Seine. Avec ce geste, Parmentier veut remercier le roi d'avoir mis un champ à sa disposition, mais, surtout, d'avoir fait découvrir cette plante encore trop mal connue en France. Ce jour-là, le roi est d'excellente humeur. « Donnez-moi la main et embrassez la reine ! » lance-t-il à l'agronome, qui n'en demandait pas tant. Sur ce, Louis XVI détache une fleur du bouquet pour la mettre à sa boutonnière, et une autre qu'il fixe sur le chapeau de Marie-Antoinette.
Le jour même, un plat de « parmentières » est servi à la table royale. Louis XVI possède peut-être tous les défauts de la terre, mais il a au moins la qualité de croire en la science. Avant beaucoup d'autres, il a compris que la pomme de terre serait capable d'épargner à ses sujets des famines récurrentes. Et dire que, pour le remercier, les Français lui couperont la tête.
Comme chacun le sait, la pomme de terre a été apportée en Europe par les premiers conquistadors. Elle a mis très longtemps à s'imposer, car, contrairement aux céréales, le tubercule pousse sous terre, dans le domaine du diable. Sans compter qu'elle appartient à une famille de plantes toxiques si on n'y prend pas garde. En Europe, ce sont les Irlandais qui l'adoptent les premiers à grande échelle. En fait, ils n'ont pas le choix. C'est ça ou crever de faim, puisque les Anglais, très fair-play comme d'habitude, accaparent tout le blé irlandais. Peu à peu, la plante conquiert l'Autriche, l'Allemagne, la Suisse, et même l'est de la France.
À la fin du XVIe siècle, le célèbre agronome Olivier de Serres la cultive dans le Vivarais (aujourd'hui l'Ardèche). Puis elle gagne le Lyonnais, le Dauphiné et la Franche-Comté. Ce n'est pas pour autant qu'elle gagne les écuelles. Les paysans la réservent exclusivement à leurs cochons, l'assimilant à une herbe de sorcières. Ils la croient capable de transmettre la lèpre. D'autant que l'Église n'encourage absolument pas la culture d'une plante sur laquelle elle ne perçoit aucune dîme ! Dans leurs prêches, les curés n'hésitent absolument pas à rappeler que la pomme de terre n'est pas mentionnée dans la Bible.
Et vint Antoine Parmentier ! Pharmacien des armées, Antoine Parmentier découvre la pomme de terre lorsqu'il est prisonnier de guerre en Westphalie durant la guerre de Sept Ans (1756-1763). En effet, les sympathiques Allemands nourrissent alors leurs captifs français avec la bouillie de pommes de terre qu'ils servent à leurs cochons. C'est le meilleur service qu'ils pouvaient leur rendre, puisque ceux-ci mangent à s'en faire péter la sous-ventrière.
En 1771, quand l'Académie des sciences de Besançon lance un concours intitulé « Quels sont les végétaux qui pourraient être substitués en cas de disette à ceux que l'on emploie communément et quelle en devrait être la préparation ? », Parmentier s'empresse de remettre un mémoire pour souligner les vertus de la pomme de terre. Il gagne le concours haut la main en préconisant la fabrication de pains de pomme de terre. En 1772, juste après sa nomination comme apothicaire en chef de l'hôtel des Invalides, la faculté de médecine de Paris déclare la pomme de terre sans danger, ce qui fait lever l'interdiction du Parlement de Paris qui frappait sa consommation depuis 1748.
Parmentier se met à cultiver la patate sur un terrain loué à des religieuses près des Invalides. Il organise des dîners où sont invités des scientifiques, tels Benjamin Franklin et Lavoisier, à qui il propose une vingtaine de plats à base des tubercules. Il publie même un livre de recettes en 1777 intitulé Avis aux bonnes ménagères des villes et des campagnes sur la meilleure manière de faire leur pain. En effet, à cette époque, le pain est encore la nourriture principale des paysans, le premier réflexe est donc d'essayer de faire du pain avec de la farine de pomme de terre. Pas évident. C'est pourquoi les Français y restent réfractaires. En 1785, les religieuses reprennent leur terrain à Parmentier qui, du coup, se met à en chercher un nouveau. C'est alors que Louis XVI qui soutient les efforts des agronomes en faveur de la pomme de terre, lui octroie deux arpents de terre dans la plaine des Sablons, à Neuilly, un site autrefois utilisé comme champ de manœuvre par les troupes. Le terrain est pauvre, mais cela n'est pas gênant pour la culture des pommes de terre.
Parmentier a une idée de génie : faire croire que ses « parmentières » sont un mets de choix réservé à la table du roi et des plus hauts seigneurs. Pour cela, il les fait garder par des soldats durant le jour. Mais dès que le soleil se couche, les gardes se retirent, laissant les « parmentières sans protection ». C'est ça l'idée de génie, car, alors, des ombres s'introduisent dans le champ pour voler les pommes de terre si précieuses. Lors de la première floraison, Parmentier offre donc un bouquet des magnifiques fleurs blanches au roi et à la reine. Lors de la Révolution, Parmentier est d'abord regardé d'un œil suspicieux en raison du soutien de Louis XVI. Peu à peu, il regagne la faveur du peuple et lance une deuxième révolution, celle qui porte la pomme de terre précieuse sur la table des Français.
Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
https://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/24-aout-1786-marie-antoinette-est-faite-reine-des-patates-par-antoine-parmentier-23-08-2012-1498662_494.php?M_BT=6286141392673#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20220824-[Article_7]
la culture de la pomme de terre a un EROI beaucoup plus important que celui des céréales car il permet de produire plus de nourriture avec moins d’énergie et de machines...