Jean Marc Jancovici
Seize départements étaient en vigilance rouge canicule, ce mardi 2 juillet. La chaleur et les températures frôlant les 40 degrés dans une bonne partie de la France ont fait la une des médias toute la journée. De nombreux spécialistes des sujets climatiques et énergétiques ont été interrogés et ont apporté leur expertise, en plateau ou par téléphone.
« Rien sur les maisons qui se fissurent, sur les maladies »
Parmi eux, Jean-Marc Jancovici. Le président du Shift Project et co-auteur de la BD Le Monde Sans Fin était sur BFM TV le matin et au journal de 20 heures de France 2 le soir. Sur son compte LinkedIn, l’ingénieur est revenu sur ses interventions et a regretté ne pas avoir eu « la possibilité de passer des messages forts ».
Partisan de la stratégie du « bon élève » (« répondre aux questions posées ») plutôt qu’à celle « du politique » (« dire ce que l’on veut dire quelle que soit la question »), il a estimé « avoir eu droit les deux fois à une longue série de questions sur la climatisation et à une question sur la centrale nucléaire de Golfech : pas vraiment le cœur du problème ».
« Rien sur ce que nous pouvons faire pour limiter le réchauffement à venir et le lien avec la disponibilité déjà décroissante des combustibles fossiles en Europe, rien sur l’agriculture, sur la disponibilité de la ressource en eau, sur les forêts et les écosystèmes, sur les maisons qui se fissurent, sur les maladies, voire même sur les conditions de travail en extérieur », a développé Jean-Marc Jancovici.
Des consultations aux urgences plus nombreuses
Celui qui est régulièrement invité dans les médias aurait souhaité évoquer le « milliard d’êtres humains qui, en 2050, pourraient expérimenter des conditions extérieures à risque pour leur vie plus d’un jour sur deux avec « juste » 2°C de réchauffement ». « Certes, ces individus ne sont pas en France. Mais leur problème est bien plus important que d’avoir quelques mauvaises nuits dans l’année… », a-t-il expliqué, pointant que cela n’était « pas sans conséquence » pour les Français.
« Notre ‘mode de vie’ dépend en effet de systèmes de production largement situés à l’étranger. Ce dernier sera modifié si les usines, ports et canaux, trains, centrales électriques, champs ou mines situées à l’étranger ne fonctionnent plus normalement. »
La vigilance rouge canicule ne concernait plus en fin de journée ce mercredi que l’Aube, l’Yonne, le Loiret et le Cher, « avec des pointes voisines de 39°C prévues », selon Météo-France.
Les consultations aux urgences ou auprès de SOS Médecins pour des symptômes directement associés aux fortes températures (hyperthermie, déshydratation) ont nettement augmenté, pour toutes les tranches d’âge, a indiqué mercredi l’agence française de santé publique.
La 50e vague de chaleur en France
Si l’impact sanitaire sera long à mesurer, une première estimation de la surmortalité sera connue deux semaines environ après la fin de la canicule, selon le gouvernement.
Cette vague de chaleur sur l’ensemble de la métropole est la 50e depuis 1947, dont 33 ont eu lieu au XXIe siècle, illustrant l’augmentation de la fréquence des fortes chaleurs à cause de la combustion des énergies fossiles dans le monde.
Juin 2025 est le deuxième mois de juin le plus chaud depuis 1900, derrière juin 2003 dont l’été caniculaire est resté dans les mémoires, avec 15 000 décès prématurés attribués aux chaleurs extrêmes.
https://www.lavoixdunord.fr/1602420/article/2025-07-02/leur-probleme-est-bien-plus-important-apres-son-passage-au-20-heures-les-regrets



Pendant que la France suffoque sous une nouvelle vague de chaleur, les scientifiques tirent une fois de plus la sonnette d’alarme : le seuil de +1,5°C de réchauffement est désormais hors de portée. Et les +2°C, pourtant fixés comme limite maximale, semblent eux aussi de plus en plus inaccessibles.
La France a chaud ! Des grosses chaleurs qu’on avait presque oubliées, parce que pendant l’été 2024, nous avons eu de la chance : les vagues de chaleur nous ont relativement épargnées. Nous, les Français, ou du moins les métropolitains. Mais il faut se rappeler qu’il a quand même fait très chaud, juste à côté de chez nous. Cet été, on commence à y avoir droit, et cela va devenir la nouvelle norme.
Car lorsqu’il fera deux fois plus chaud, plus exactement, quand l’élévation de température atteindra 2°C plutôt qu’1°C, les vagues de chaleur ne seront pas simplement deux fois plus nombreuses, mais bien multipliées par 4, 5, voire 10.
En parallèle, cette vague de chaleur percute une autre réalité, confirmée cette semaine : l’objectif de l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement à 1,5 °C, n’est désormais plus atteignable. Une publication scientifique vient de le confirmer, même si, malheureusement, beaucoup de gens le pressentaient déjà.
il faut savoir que, sur les douze derniers mois, ce qu’on appelle une période glissante, le seuil de 1,5 °C a déjà été dépassé. Mais en matière de climat, on se réfère à des moyennes sur 5 ou 10 ans pour conclure à un dépassement durable.
Or, à ce stade, si l’on veut éviter de franchir définitivement ce seuil de 1,5°C, il faudrait que l’humanité n’émette pas plus que trois fois les émissions de l’année dernière… jusqu’à la fin du siècle. Cela semble évidemment impossible, sauf guerre thermonucléaire ou impact d’une comète. On peut donc considérer que, malheureusement, les 1,5°C de réchauffement sont un objectif à oublier. Même celui des 2°C semble désormais très ambitieux.
Pour l’atteindre, il faudrait que les émissions mondiales diminuent de 5 % par an dès maintenant. Autrement dit : l’équivalent d’un covid mondial, chaque année, à partir de 2025.
Mais 2°C, cela semble peu. Nous avons souvent tendance à croire que les conséquences sont proportionnelles aux causes. C’est une erreur. Je compare souvent cela à des kilos de carottes : deux kilos coûtent deux fois plus qu’un kilo. En matière de climat, hélas, ce raisonnement ne tient pas.
Il faut plutôt voir cela comme le corps humain. Si votre température passe de 37 à 38 °C, vous serez un peu mal en point. Mais si elle monte de 5 °C : vous mourrez. Avec le climat, c’est pareil : les conséquences augmentent bien plus vite que la température.
Ainsi, 2°C de réchauffement, ce n’est pas 30 % plus grave que 1,5°C. C’est potentiellement 2, 3, 5, voire 10 fois plus grave. À 2°C supplémentaires, la quasi-totalité des coraux risquent de disparaître. Tandis qu’à 1,5°C, on parvient encore à en sauver quelques-uns. Idem pour les forêts françaises : bien plus d’espèces mourront à 2°C qu’à 1,5°C.
Il faut donc vraiment tout faire pour limiter le réchauffement. Comme le rappellent souvent les climatologues : chaque dixième de degré compte, car les conséquences s’aggravent bien plus rapidement que la température.
https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/climat-meme-un-rechauffement-a-2-c-semble-desormais-ambitieux-affirme-jean-marc-jancovici-7900517917
Changement climatique, déchets nucléaires, alternatives à la voiture, consommation de viande, intelligence artificielle… Face à l’urgence écologique, les questions se multiplient. Pour y répondre, nous avons reçu Jean-Marc Jancovici, ingénieur et expert reconnu des enjeux climatiques. Il s’est prêté au jeu du Q&A et a abordé, sans détour, vos préoccupations, vos doutes et les grands défis de l’écologie de demain.
Le Shift Project de Jean-Marc Jancovici récolte plus de 3,3 million d'euros de dons pour imaginer un futur sans pétrole, ni gaz, ni charbon... Il s'agit d'un record européen pour ce type de campagne participatif...."Une bonne partie de l’opinion ne veut pas laisser à ses enfants un monde en ruine", confie Matthieu Auzanneau. Certains sont convaincus qu’ils peuvent "marquer l’histoire". Le directeur du Shift Project salue cet "esprit de résistance face au backlash écologique", le contrecoup qui agrège les mécontentements à l'égard de la transition écologique.
Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur : pour le patron du Shift Project, même si la dernière année a été marquée par un certain attentisme, les lignes ont bien bougé depuis 2020. Et il en est raisonnablement convaincu : le train de la prise en compte des changements environnementaux va repartir.
Quel regard portez-vous sur les évolutions en matière environnementale ces cinq dernières années ?
« Si j’observe le monde économique par exemple, je dirai qu’il y a eu deux grandes phases depuis 2020 : pendant quatre ans, la montée des préoccupations environnementales a été constante. Puis depuis un an, depuis la dissolution en gros, c’est plus compliqué. Ce qui est certain, c’est que les incertitudes politiques nées du résultat des législatives 2024 ne sont, bien entendu, pas propices aux prises de décisions majeures. Comme pour tous les sujets de long terme, la volatilité est préjudiciable. Ce qui est regrettable, c’est qu’aucune coalition parlementaire n’a été possible sur ces sujets alors qu’ils rassemblent 70 % des Français. Mais les fondamentaux sont là : le train va repartir. »
Les perspectives d’ici à 2030 vous semblent-elles satisfaisantes ?
« Il ne faudrait tout de même pas que le train tarde trop à se remettre en marche car plus le temps passera, plus nous irons vers des surprises et plus il sera nécessaire de réfléchir à des plans, des mesures qui seront à même de résister à ces surprises. Nous sommes dans un système contraint par des flux physiques : plus le temps passe, plus le risque de craquement est élevé. »
Quid de l’horizon 2050 ?
« Les plans d’actions à court terme me semblent devoir être la priorité dans la perspective de l’objectif de neutralité carbone en 2050. Or, aujourd’hui, dans beaucoup de domaines, nous sommes très au-dessous de l’effort à consentir pour atteindre les objectifs affichés… Le logement ? Il y en a 30 millions à rénover, c’est-à-dire environ 1 million par an. Mais nous n’avons pas les artisans… La mobilité électrique ? On ne dispose ni des infrastructures, ni des matériaux pour les batteries pour les millions de véhicules nécessaires. La décarbonation de l’industrie ? Ce sera à la condition de protéger les producteurs des distorsions de concurrence et d’assumer le débouché des produits… C’est un vrai sujet culturel en Europe ! »
L’Europe est dans la seringue : ce qui doit changer dans les 10 prochaines années....La fin de l’abondance énergétique a déjà commencé. Et le déclin de l’Europe est acté pour beaucoup. Mais rares sont ceux qui en comprennent la cause profonde : une crise énergétique systémique....
JM Jancovici : "Trouver une voie compatible avec des limites ne nous empêchera pas d'être heureux"...Le président du groupe de réflexion Shift Project Jean-Marc Jancovici était l'invité du Grand Entretien de France Inter ce lundi.
Donald Trump est le plus révolutionnaire de nos scientifiques.... Il a commencé par revisiter le climat, déclarant que le réchauffement climatique était un canular, et que les personnes qui s'en occupent doivent être extirpés de l'administration américaine comme on extirpe Saruman de Theoden.
Son dernier fait d'armes en la matière est d'avoir "remercié" les quelques centaines de personnes qui étaient en charge de rédiger le prochain "National Climate Assessment", prévu pour 2027 : https://t.ly/eYdSA , et ce alors que ce rapport a été demandé par le Congrès (il sera intéressant de voir si ce dernier proteste vigoureusement et s'il y aura des suites judiciaires).
Désormais, il revisite aussi la biologie. Supprimons les limites à la pêche, et les poissons apparaîtront comme par miracle dans l'océan, comme la multiplication des petits pains ! Un décret ("executive order") de la Maison Blanche, publié mi-avril, ordonne en effet au ministre du commerce "d'envisager de suspendre, de réviser ou d'abroger les réglementations qui pèsent excessivement sur la pêche commerciale (...) Dans les 30 jours suivant la date de la présente ordonnance, le secrétaire au commerce (...) [réduira] la charge réglementaire qui pèse sur les pêcheries les plus surreglémentées (...) et [augmentera] la production (...) : https://t.ly/mBNFj Oubliée, la contrainte de renouvellement du stock ! Inutile, le fait de laisser les poissons se reproduire ! Sans objet, le besoin de préserver leurs habitats !
En fait, de l'Ukraine aux fonds marins (qui sont aussi envisagés comme une source de minerais), la mentalité qui s'exprime actuellement au sein du pouvoir américain est assez simple : la limite physique ou biologique n'existe pas ; quand il n'y en a plus il y en a encore ; s'il n'y en a plus chez nous il y en a chez les autres, et s'il n'y en a plus sur Terre il y en aura sur Mars.
Bien évidemment, sur une planète aux ressources finies (et ne rêvons pas de Mars, jamais nous n'y reproduirons quoi que ce soit qui ressemble à un champ de blé, une forêt, une rivière, ou quoi que ce soit d'autonome sans lien avec la Terre) il y aura toujours une limite. Mais, celles-ci ayant été historiquement plus loin pour les Américains que pour les Européens, les premiers vont s'accrocher plus longtemps à l'idée que l'on peut s'en affranchir.
Trump a donc un grand mérite : il nous rappelle de manière brutale et caricaturale que l'Europe ne va pas pouvoir continuer à essayer de singer les USA très longtemps. Nous n'en avons déjà plus les moyens physiques.
Notre voie doit être ailleurs, et plus nous tarderons à l'accepter, plus la fin de l'histoire sera désagréable pour nous.
Bien sûr, nous resterons toujours intéressés par les moyens de conserver une forme de puissance, parce que cette dernière est indissociable, dans notre esprit, d'une maîtrise de notre destin. Mais il faut désormais la chercher plus du coté de David que de Goliath.
Jean Marc Jancovici
La Grande Simplification - avec Nate Hagens (Conversation enregistrée le 2 avril 2025)...sous titres en français possibles....Alors que les pressions économiques, politiques et environnementales continuent de remodeler nos choix quotidiens, il devient de plus en plus évident que l'ère de l'hyperconsommation qui a marqué le siècle dernier n'est plus tenable. Reconnaître cette réalité et s'y adapter représente l'un des changements culturels les plus profonds de notre époque, exigeant réflexion et coopération collectives.
« L’IA, c’est la nouvelle promesse d’eldorado formulée par une partie du monde “tech” »...
Dans notre série de prises de parole d’experts, politiques, entrepreneurs et investisseurs, nous avons relevé le post sur Linked In de Jean-Marc Jancovici, Founding Partner de Carbone 4 et président du Shift Project, avec son habituel ton incisif, sur la frénésie autour de l’intelligence artificielle. « L’intelligence artificielle, c’est la nouvelle promesse d’eldorado formulée par une partie du monde “tech” », écrit-il, tout en rappelant que les ressources nécessaires à son développement ne sont pas infinies.
Selon lui, la France joue la carte de « l’électricité décarbonée » et de ses « ingénieurs compétents » pour attirer les serveurs et les projets d’IA. Il s’interroge néanmoins sur les conséquences dans un contexte de sobriété : « Dans le monde fini, ce qui va se passer n’est pas un développement profitable à tous et sur tous les plans, mais plutôt un effet d’éviction sur d’autres secteurs, avec un risque social et environnemental à la clé. »
Pour Jean-Marc Jancovici, la course à l’IA ne doit pas faire oublier la nécessité d’investir dans l’industrie, l’agriculture et les infrastructures durables. Il met en garde : « Si nous mettons plus de cerveaux, de kWh, et de cuivre pour faire de l’intelligence artificielle, il en restera moins pour rendre durables et résilientes l’industrie, l’agriculture, les infrastructures de transport, ou encore les logements. »
Il pointe aussi les limites de l’IA face aux enjeux concrets du changement climatique : « Ce n’est pas Chat GPT qui va faire baisser la température sous les combles en cas de canicule, ou rendre les abeilles résistantes aux néonicotinoïdes ! »
Il invite les décideurs à réfléchir à l’emploi de ressources jugées « déjà limitées » : « Le temps, les cerveaux, les moyens matériels et l’électricité que nous allons mettre dans le superflu manquera – et en fait manque déjà – au nécessaire. »
Un rapport intermédiaire du Shift Project paraîtra le 6 mars, se focalisant sur « l’impact de l’IA sur les émissions et la consommation d’énergie », une lecture que nous attendons avec impatience.
https://www.frenchweb.fr/pour-jean-marc-jancovici-lia-cest-la-nouvelle-promesse-deldorado-formulee-par-une-partie-du-monde-tech/451270
Jean-Marc Jancovici : « Il faut revenir à des villes significativement plus petites » Après les errements de 2024, l’année 2025 sera-t-elle une année fructueuse pour l’environnement ? Rien n’est moins sûr. Jean-Marc Jancovici (*), ingénieur et spécialiste des questions vertes, aborde avec nous les défis de la France et du monde sur le front de l’énergie, des transports, mais aussi des stations de ski.
Créateur du bilan carbone, Jean-Marc Jancovici rappelle que le PIB « reflète de plus en plus mal » la situation économique. Pour mieux l’apprécier, il faut se tourner vers « des indicateurs physiques ». Selon lui « pour éviter un mur physique » il faudrait aussi « mettre des limites » à l’économie. Le PIB, indicateur de croissance fétiche du monde économique, ne prend pas en compte les effets du changement climatique. Pour mieux apprécier réellement et physiquement la situation économique, le créateur du bilan carbone et ingénieur polytechnicien Jean-Marc Jancovici propose de se tourner vers des indicateurs d’activités concrets
"le pétrole, le gaz, le charbon sont partout dans l'agriculture". Le Shift Project a réalisé un sondage auprès de 7 711 agriculteurs pour voir s'ils étaient prêts à s'engager dans une agriculture plus vertueuse. Tous sont conscients du changement climatique et considèrent qu'il s'agit de la principale menace sur leur activité....
CLIMAT - La France a été épargnée cet été, mais "le changement climatique continue", alerte Jancovici......
La légende veut que Franklin Roosevelt, lors du New Deal (juste après la grande crise de 1929), ait évalué la reprise de l'économie américaine en comptant les trains de marchandises qui circulaient (enfin pas lui directement, probablement !). A l'époque, point de PIB pour suivre l'activité : il n'était qu'embryonnaire dans la tête de quelques personnes, mais ne faisait pas partie des indicateurs suivis au niveau national. Et, de fait, un bon proxy de l'état de la production (donc de l'économie "réelle") était de nombre de trains utilisés pour transporter des marchandises, puisque le producteur et le consommateur d'un bien ne sont qu'exceptionnellement au même endroit.
Désormais, ce n'est plus le train qui assure l'essentiel des échanges physiques, mais le camion. A quelques rarissimes exceptions près, tout produit qui sera acheté par un consommateur "final" (les ménages, mais aussi les entreprises et l'administration pour leur usage propre, et non pour incorporer le bien à une production vendue) passera dans une caisse à roulettes. En s'inspirant de ce que faisait Roosevelt, on peut donc se dire que l'état de l'économie "physique" est mieux reflété par la quantité de tonnes qui sont chargées dans les camions que par le PIB, qui est désormais calculé avec un tel nombre de conventions et d'approximations qu'il est de plus en plus difficile d'interpréter ses variations.
Et là, surprise : ces tonnes chargées dans les camions - qui incluent aussi les biens intermédiaires - diminuent depuis 2007 dans notre pays, c'est à dire en gros depuis le pic de production du pétrole conventionnel dans le monde, qui a marqué le début de la baisse subie de l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Le maximum (des tonnes chargées) a aussi eu lieu en 2007 pour l'Europe dans son ensemble. Cet indicateur physique vient se rajouter à d'autres (les m2 construits dans l'année, ou les kWh d'énergie disponibles) qui plaident pour le fait que, sur le plan physique, la contraction de l'économie dure désormais depuis plus de 15 ans.
Quoi que disent les indicateurs monétaires, et quel que soit le mécanisme économique qui en est la traduction, la réalité physique ressentie par une fraction croissante de la population est donc que l'accès à des kg de nourriture, des m2 de logement, ou des kg (ou m3) de biens manufacturés est de plus en plus restreint.
De là à considérer que le vote que nous venons de vivre est logique, il n'y a qu'un pas. Il n'y a qu'à "remonter" le niveau physique de la production, diront d'aucun(e)s. Sauf que c'est très exactement ce qu'essaient de faire les politiques depuis des décennies, et ça fonctionne moyen, précisément parce que les flux physiques se heurtent à des limites... physiques.
Le défi qui nous attend est donc de nous doter de projets compatibles avec un "pouvoir d'achat physique" qui continue globalement à baisser. Pas facile, certes, mais à croire que nous pourrons faire autrement la désillusion risque d'être cruelle.
Equinoxe, le parti écolo et pro nucléaire qui monte...Apparu dans le paysage politique français en 2021, le parti Equinoxe n’en sera, avec les législatives, qu’à sa troisième campagne électorale..c’est quoi ce parti d’inspiration Jancovicienne ?
Sénat : Suivez l'audition de Jean-Marc Jancovici, professeur à Mines Paris-PSL, par la commission d’enquête #Électricité (Franck Montaugé / Vincent Delahaye).
La BD sur l'énergie "Le Monde sans fin" atteint le seuil du million d'exemplaires vendus... Deux ans et demi après sa sortie, l'ouvrage de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain en est à sa 24e réimpression, a annoncé l'éditeur Dargaud, vendredi...C'est une performance rare, d'ordinaire réservée aux héros comme Astérix, Lucky Luke, Gaston Lagaffe ou Titeuf.
Une interview dans Ouest France à l’occasion des Européennes....Qu’attendez-vous de ce débat avec les candidats aux élections européennes ? Une précision préliminaire me paraît importante : je n’ai pas pris l’initiative ! J’ai juste répondu à une invitation. Quand je suis sollicité, je me demande toujours si mon intervention va servir à quelque chose et si je vais toucher un public que je n’ai pas encore touché.
Une interview dans Le Temps en novembre 2023
https://jancovici.com/publications-et-co/interviews/une-interview-dans-le-temps-en-novembre-2023/
Une interview dans Le Temps en novembre 2023...Le Temps : Pourquoi est-ce important pour vous de venir à l’Université de Genève pour les prix Latsis universitaires 2023? Jean-Marc Jancovici : Parce que le montant offert pour cette conférence est important et que je vais en faire don au Shift Project. Vous plaisantez ? Aujourd’hui, je reçois entre dix et quinze demandes d’interventions par jour. Je suis donc fatalement amené à faire des choix


Jean-Marc Jancovici : "La décroissance ne fait pas plaisir mais elle est inexorable !"...Jean-Marc Jancovici, associé co-fondateur de Carbone 4, fondateur et président de The Shift Project, était l'invité de l'émission Ecorama enregistrée lors de la REF du Medef le 28 août 2023 à l'Hippodrome de Longchamp, et présentée par David Jacquot sur Boursorama.com. Parmi les sujets abordés : l’ère de "l’ébullition mondiale", la montée du climatoscepticisme, la sobriété par la décroissance, le développement des énergies renouvelables.
Canicule: "Quand vous êtes dans une situation qui change en permanence, la norme n'existe plus", pour l'ingénieur Jean-Marc Jancovici Dix départements sont placés en vigilance orange canicule par Météo-France pour la journée de mercredi. Il s'agit des deux départements corses, des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence, du Var, du Vaucluse, des Pyrénées-Orientales, des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l’Hérault.
Emeutes : le gouvernement met la pression sur les réseaux sociaux
"Quand survient une manifestation de violence au sein des sociétés humaines, qu'il s'agisse d'une guerre comme en Ukraine ou en Syrie, d'émeutes comme en Argentine ou en ce moment chez nous, ou des révoltes du Printemps Arabe, c'est rarement "à chaud" que les explications sur les sous-jacents de l'évolution en cours sont largement diffusées, ou utiles pour l'action.
Mais si ces poussées de violence découlent d'une évolution structurelle, c'est bien de cette dernière dont il faut se soucier dès que la situation "se calme".
Dans ce cadre, existe-t-il un lien entre ces émeutes et l'environnement, c'est à dire le monde physique ? Historiquement, la limite physique a hélas souvent amené de la violence. Malthus attribue à la décrue de la production agricole dans les pays du nord de l'Europe les "invasions barbares", et plus près de nous nombre de conflits viennent d'une insuffisance de ressources prenant la population à revers.
Or, depuis 2008 notre pays - et toute l'Europe - est en légère "contraction physique", parce que l'approvisionnement énergétique - donc les machines au travail qui créent l'économie - est en baisse subie. En témoignent par exemple la baisse des m² construits (en tendance), la baisse de la production industrielle et des tonnes chargées dans les camions, et la baisse depuis 2010, logique à la suite, du revenu disponible des ménages.
Dès lors que, "en tendance", les ménages voient leur revenus réels diminuer, les plans qui fonctionnaient dans le passé vont-ils fonctionner à l'avenir ?
Les grosses villes et les emplois tertiaires ont été créés par l'abondance énergétique (voir https://t.ly/fHG8 ). Faut-il chercher à garder une population essentiellement urbaine dans le monde de demain ? Ne va-t-on pas, avec la contraction énergétique, donner naissance des groupes de plus en plus en plus abondants "d'urbains désoeuvrés", qui seront alors le terreau du désarroi puis de la violence ? Quels métiers seront adaptés à moins de flux physiques ?
La société de consommation devient de plus en plus un rêve inaccessible quand les revenus diminuent, alors même que la publicité et les "influenceurs" poussent à conserver ce rêve. Cette injonction contradictoire ne doit-elle pas fatalement déboucher sur, au choix, de la neurasthénie ou de la violence ?
Assimiler une population immigrée est facile en période d'expansion économique, mais moins évident en période de ressources moins grasses (aucun propos raciste là-dedans : je suis moi-même un immigré de la 2è génération). Comment gérer nos relations avec les pays "du sud" pour que la population de ces pays se sente bien chez elle et n'ait pas spécialement envie d'aller ailleurs dans un monde avec moins de ressources ?
Autant de questions (très) difficiles (et bien d'autres), qu'il serait peut-être sage de ne pas trop tarder à se poser dès que les gendarmes et les émeutiers auront - provisoirement - réintégré leur base arrière. Sinon les mêmes causes risquent hélas de produire les mêmes effets."
JM Jancovici
https://www.lesechos.fr/…/emeutes-le-gouvernement-met-la-pr…
(posté par Joëlle Leconte)