Jean Marc Jancovici
Créateur du bilan carbone, Jean-Marc Jancovici rappelle que le PIB « reflète de plus en plus mal » la situation économique. Pour mieux l’apprécier, il faut se tourner vers « des indicateurs physiques ». Selon lui « pour éviter un mur physique » il faudrait aussi « mettre des limites » à l’économie. Le PIB, indicateur de croissance fétiche du monde économique, ne prend pas en compte les effets du changement climatique. Pour mieux apprécier réellement et physiquement la situation économique, le créateur du bilan carbone et ingénieur polytechnicien Jean-Marc Jancovici propose de se tourner vers des indicateurs d’activités concrets
"le pétrole, le gaz, le charbon sont partout dans l'agriculture". Le Shift Project a réalisé un sondage auprès de 7 711 agriculteurs pour voir s'ils étaient prêts à s'engager dans une agriculture plus vertueuse. Tous sont conscients du changement climatique et considèrent qu'il s'agit de la principale menace sur leur activité....
CLIMAT - La France a été épargnée cet été, mais "le changement climatique continue", alerte Jancovici......
La légende veut que Franklin Roosevelt, lors du New Deal (juste après la grande crise de 1929), ait évalué la reprise de l'économie américaine en comptant les trains de marchandises qui circulaient (enfin pas lui directement, probablement !). A l'époque, point de PIB pour suivre l'activité : il n'était qu'embryonnaire dans la tête de quelques personnes, mais ne faisait pas partie des indicateurs suivis au niveau national. Et, de fait, un bon proxy de l'état de la production (donc de l'économie "réelle") était de nombre de trains utilisés pour transporter des marchandises, puisque le producteur et le consommateur d'un bien ne sont qu'exceptionnellement au même endroit.
Désormais, ce n'est plus le train qui assure l'essentiel des échanges physiques, mais le camion. A quelques rarissimes exceptions près, tout produit qui sera acheté par un consommateur "final" (les ménages, mais aussi les entreprises et l'administration pour leur usage propre, et non pour incorporer le bien à une production vendue) passera dans une caisse à roulettes. En s'inspirant de ce que faisait Roosevelt, on peut donc se dire que l'état de l'économie "physique" est mieux reflété par la quantité de tonnes qui sont chargées dans les camions que par le PIB, qui est désormais calculé avec un tel nombre de conventions et d'approximations qu'il est de plus en plus difficile d'interpréter ses variations.
Et là, surprise : ces tonnes chargées dans les camions - qui incluent aussi les biens intermédiaires - diminuent depuis 2007 dans notre pays, c'est à dire en gros depuis le pic de production du pétrole conventionnel dans le monde, qui a marqué le début de la baisse subie de l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Le maximum (des tonnes chargées) a aussi eu lieu en 2007 pour l'Europe dans son ensemble. Cet indicateur physique vient se rajouter à d'autres (les m2 construits dans l'année, ou les kWh d'énergie disponibles) qui plaident pour le fait que, sur le plan physique, la contraction de l'économie dure désormais depuis plus de 15 ans.
Quoi que disent les indicateurs monétaires, et quel que soit le mécanisme économique qui en est la traduction, la réalité physique ressentie par une fraction croissante de la population est donc que l'accès à des kg de nourriture, des m2 de logement, ou des kg (ou m3) de biens manufacturés est de plus en plus restreint.
De là à considérer que le vote que nous venons de vivre est logique, il n'y a qu'un pas. Il n'y a qu'à "remonter" le niveau physique de la production, diront d'aucun(e)s. Sauf que c'est très exactement ce qu'essaient de faire les politiques depuis des décennies, et ça fonctionne moyen, précisément parce que les flux physiques se heurtent à des limites... physiques.
Le défi qui nous attend est donc de nous doter de projets compatibles avec un "pouvoir d'achat physique" qui continue globalement à baisser. Pas facile, certes, mais à croire que nous pourrons faire autrement la désillusion risque d'être cruelle.
Equinoxe, le parti écolo et pro nucléaire qui monte...Apparu dans le paysage politique français en 2021, le parti Equinoxe n’en sera, avec les législatives, qu’à sa troisième campagne électorale..c’est quoi ce parti d’inspiration Jancovicienne ?
Sénat : Suivez l'audition de Jean-Marc Jancovici, professeur à Mines Paris-PSL, par la commission d’enquête #Électricité (Franck Montaugé / Vincent Delahaye).
La BD sur l'énergie "Le Monde sans fin" atteint le seuil du million d'exemplaires vendus... Deux ans et demi après sa sortie, l'ouvrage de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain en est à sa 24e réimpression, a annoncé l'éditeur Dargaud, vendredi...C'est une performance rare, d'ordinaire réservée aux héros comme Astérix, Lucky Luke, Gaston Lagaffe ou Titeuf.
Une interview dans Ouest France à l’occasion des Européennes....Qu’attendez-vous de ce débat avec les candidats aux élections européennes ? Une précision préliminaire me paraît importante : je n’ai pas pris l’initiative ! J’ai juste répondu à une invitation. Quand je suis sollicité, je me demande toujours si mon intervention va servir à quelque chose et si je vais toucher un public que je n’ai pas encore touché.
Une interview dans Le Temps en novembre 2023
https://jancovici.com/publications-et-co/interviews/une-interview-dans-le-temps-en-novembre-2023/
Une interview dans Le Temps en novembre 2023...Le Temps : Pourquoi est-ce important pour vous de venir à l’Université de Genève pour les prix Latsis universitaires 2023? Jean-Marc Jancovici : Parce que le montant offert pour cette conférence est important et que je vais en faire don au Shift Project. Vous plaisantez ? Aujourd’hui, je reçois entre dix et quinze demandes d’interventions par jour. Je suis donc fatalement amené à faire des choix
Jean-Marc Jancovici : "La décroissance ne fait pas plaisir mais elle est inexorable !"...Jean-Marc Jancovici, associé co-fondateur de Carbone 4, fondateur et président de The Shift Project, était l'invité de l'émission Ecorama enregistrée lors de la REF du Medef le 28 août 2023 à l'Hippodrome de Longchamp, et présentée par David Jacquot sur Boursorama.com. Parmi les sujets abordés : l’ère de "l’ébullition mondiale", la montée du climatoscepticisme, la sobriété par la décroissance, le développement des énergies renouvelables.
Canicule: "Quand vous êtes dans une situation qui change en permanence, la norme n'existe plus", pour l'ingénieur Jean-Marc Jancovici Dix départements sont placés en vigilance orange canicule par Météo-France pour la journée de mercredi. Il s'agit des deux départements corses, des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence, du Var, du Vaucluse, des Pyrénées-Orientales, des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l’Hérault.
Emeutes : le gouvernement met la pression sur les réseaux sociaux
"Quand survient une manifestation de violence au sein des sociétés humaines, qu'il s'agisse d'une guerre comme en Ukraine ou en Syrie, d'émeutes comme en Argentine ou en ce moment chez nous, ou des révoltes du Printemps Arabe, c'est rarement "à chaud" que les explications sur les sous-jacents de l'évolution en cours sont largement diffusées, ou utiles pour l'action.
Mais si ces poussées de violence découlent d'une évolution structurelle, c'est bien de cette dernière dont il faut se soucier dès que la situation "se calme".
Dans ce cadre, existe-t-il un lien entre ces émeutes et l'environnement, c'est à dire le monde physique ? Historiquement, la limite physique a hélas souvent amené de la violence. Malthus attribue à la décrue de la production agricole dans les pays du nord de l'Europe les "invasions barbares", et plus près de nous nombre de conflits viennent d'une insuffisance de ressources prenant la population à revers.
Or, depuis 2008 notre pays - et toute l'Europe - est en légère "contraction physique", parce que l'approvisionnement énergétique - donc les machines au travail qui créent l'économie - est en baisse subie. En témoignent par exemple la baisse des m² construits (en tendance), la baisse de la production industrielle et des tonnes chargées dans les camions, et la baisse depuis 2010, logique à la suite, du revenu disponible des ménages.
Dès lors que, "en tendance", les ménages voient leur revenus réels diminuer, les plans qui fonctionnaient dans le passé vont-ils fonctionner à l'avenir ?
Les grosses villes et les emplois tertiaires ont été créés par l'abondance énergétique (voir https://t.ly/fHG8 ). Faut-il chercher à garder une population essentiellement urbaine dans le monde de demain ? Ne va-t-on pas, avec la contraction énergétique, donner naissance des groupes de plus en plus en plus abondants "d'urbains désoeuvrés", qui seront alors le terreau du désarroi puis de la violence ? Quels métiers seront adaptés à moins de flux physiques ?
La société de consommation devient de plus en plus un rêve inaccessible quand les revenus diminuent, alors même que la publicité et les "influenceurs" poussent à conserver ce rêve. Cette injonction contradictoire ne doit-elle pas fatalement déboucher sur, au choix, de la neurasthénie ou de la violence ?
Assimiler une population immigrée est facile en période d'expansion économique, mais moins évident en période de ressources moins grasses (aucun propos raciste là-dedans : je suis moi-même un immigré de la 2è génération). Comment gérer nos relations avec les pays "du sud" pour que la population de ces pays se sente bien chez elle et n'ait pas spécialement envie d'aller ailleurs dans un monde avec moins de ressources ?
Autant de questions (très) difficiles (et bien d'autres), qu'il serait peut-être sage de ne pas trop tarder à se poser dès que les gendarmes et les émeutiers auront - provisoirement - réintégré leur base arrière. Sinon les mêmes causes risquent hélas de produire les mêmes effets."
JM Jancovici
https://www.lesechos.fr/…/emeutes-le-gouvernement-met-la-pr…
(posté par Joëlle Leconte)