Jean Marc Jancovici
Dans quelques mois auront lieu les élections municipales. Pour éclairer le débat qui aura lieu à ce moment là, le Shift Project et les Shifters lancent une "grande consultation des maires et des élus municipaux", sur le même modèle que la “grande consultation des agriculteurs” qui a eu lieu fin 2024.
Notre objectif ? Evaluer comment les maires et les élus municipaux perçoivent les enjeux climat et énergie, ce qu'ils ont envie de faire et pourquoi (et comment), et ce qu'ils n'ont pas envie de faire et pourquoi.
Comme pour les agriculteurs, le but du jeu n'est pas de faire de la morale de manière déguisée en tournant les questions de telle sorte que l'on ait mauvaise conscience si la réponse n'est pas “sympathique”, mais juste de comprendre où en sont ces élus locaux par rapport aux enjeux.
Pourquoi s'être concentrés sur les maires ? Parce que, dans le monde politique, ce sont ceux qui sont le plus proches des publics “habituels” du Shift Project, qui d'habitude s'adresse à des acteurs de la société civile (dirigeants économiques, associatifs, hauts fonctionnaires, monde académique et culturel, etc).
En effet, ce sont certes des élus, mais ce sont aussi des chefs d'entreprise. Ils ont à rendre des services (adduction de l'eau potable, évacuation des ordures ménagères et des eaux usées, gestion de la voirie, des écoles primaires et de l'éclairage public, etc), ils ont à gérer du personnel, ils ont à négocier avec un banquier, ils ont des fournisseurs, bref ils font un métier qui a beaucoup de points communs avec celui d'un décideur économique.
Ce sont, par ailleurs, les élus qui sont le mieux considérés par la population (surtout en ce moment probablement !). S'il doit y avoir un travail – nécessaire – de reconstruction de la confiance dans les institutions, ce n'est pas le plus mauvais endroit par lequel commencer.Enfin, dans le domaine réglementaire, ils ont la main sur un certain nombre de “leviers” qui comptent beaucoup pour la décarbonation et la préservation de la biodiversité.
C'est au niveau de la commune ou de l'intercommunalité que se décident les plans d'urbanisme (et les permis de construire), la vitesse limite sur une partie de la voirie, les places de stationnement, la mise à disposition de terrains ou de moyens pour des activités particulières, et d'autres décisions essentielles pour la '“transition”.
C'est aussi à cet échelon que l'action devra avoir lieu pour rendre notre pays le plus résilient possible face à la modification du climat en cours (et n'a pas fini de produire ses effets) et à venir.
Si vous voulez en savoir plus sur l'initiative au travers d'une présentation (par ma pomme) en vidéo, c'est par là : https://www.youtube.com/watch?v=Jh538Jx0QYU
Si vous êtes maire ou élu(e) municipal(e), et que vous voulez bien nous accorder un peu de votre précieux temps pour répondre aux questions, c'est par là :
Plus d'info : https://theshiftproject.org/publications/lancement-grande-consultation-maires/
Participer à la consultation : https://s2.sphinxonline.net/SurveyServer/s/theshiftproject/GrandeConsultationdesMaires/formulairepardefautcopie.htm#1
Nous publierons les résultats avec nos analyses un peu avant les municipales. Nous espérons que cela sera utile !
(post de Jean-Marc Jancovici sur LinkedIn)
Allons nous tous déménager en Bretagne à cause du changement climatique ? Un récent sondage commandité par le réseau de radios Ici (ex- France Bleu) indique que 3 Français(es) sur dix envisagent de changer de commune de résidence à cause du réchauffement climatique, et c'est en Bretagne qu'irait le premier contingent en pareil cas. C'est en Ile de France que le pourcentage est le plus élevé (38%), et... en Bretagne qu'il est le plus faible (19%).
Ce sondage mesure ensuite le sentiment de menace pour un certain nombre de conséquences du réchauffement climatique : canicules, sécheresses, tempêtes, inondations, incendies. Ce qui n'est pas une surprise, c'est la répartition géographique des réponses : les Ch'tis et les Bretons ont moins peur des canicules et des incendies que les Provençaux, mais les premiers ont plus peur des inondations que les habitants d'Auvergne-Rhône-Alpes.
Ce qui est un peu plus une surprise, c'est que rares sont les personnes qui n'ont peur de rien. Il était déjà connu que le taux de "climatosceptiques" dépendait de la manière de poser la question. Quand cette dernière porte sur les conséquences déjà visibles ou redoutées du réchauffement, il devient particulièrement faible.
Le choix "Vous ne croyez pas à un dérèglement climatique lié aux activités humaines" ne recueille ainsi que 8% des réponses. Et seuls 4% pensent que "l’impact du dérèglement climatique restera acceptable et supportable". A quelques mois des municipales, ce sondage porte aussi sur les attentes à l'égard des élus communaux en matière "d'adaptation" au réchauffement climatique. Les maires sont les élus auxquels nous faisons le plus confiance pour s'occuper de la question, même si la valeur absolue n'est pas très élevée. La végétalisation des villes est l'action qui est la plus désirée. C'est assez logique venant d'une population qui voit dans les canicules la première menace. Gageons que si la première menace perçue était d'avoir faim à cause de mauvaises récoltes, ce n'est pas cela qui arriverait en tête !
Enfin ce sondage se termine par un test de l'envie que nous avons de mettre en oeuvre des actions pour limiter notre empreinte carbone personnelle. Et là il y a une novation très pertinente : pour chaque action le gain en émissions est mentionné (il n'est pas dit si ce gain était indiqué aux personnes sondées avant qu'elles ne répondent).
Dans la liste proposée, les deux actions que les Français(es) sont le moins désireux de faire sont d'acheter une voiture électrique et de passer à un régime végétarien. Mais le succès du leasing social laisse penser que pour la voiture électrique cela dépend considérablement de l'équation économique...
Bien que le sujet ne soit pas réjouissant, ce sondage est une excellente nouvelle : il vient confirmer une fois de plus que la question climatique reste bien présente dans nos esprits. Il serait bon que nos élu(e)s - et particulièrement nos parlementaires - s'en rappellent.
Jean Marc Jancovici 24 09 25
https://fr.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_allons-nous-tous-d%C3%A9m%C3%A9nager-en-bretagne-%C3%A0-activity-7376701076739207168-iwqw
Intervenant lors d'un sommet sur l'écologie et l'économie à l'EPFL, Jean-Marc Jancovici était l'invité de La Matinale mercredi. Interrogé sur la situation d'instabilité politique dans son pays, l'ingénieur et vulgarisateur français en a profité pour exposer les raisons qui le poussent à s'adresser en priorité à la société civile, soit les mondes économique, syndical, associatif ou encore académique. Et non au monde politique, qu'il juge trop instable et opportuniste.
"Dans le domaine des politiques environnementales, on est sur du long terme, des évolutions qui prennent place sur une à trois générations. Avec un chef qui change tous les quatre matins, c'est extrêmement difficile", lance-t-il. "Donc la seule manière de faire quelque chose d'utile, c'est d'essayer d'ancrer dans la société civile des points de consensus suffisamment forts pour que ça s'impose à la classe politique."
Population "plus audacieuse" que ses dirigeants
Les enjeux écologiques ont encore un poids très fort dans les sociétés européennes, juge-t-il. À ce titre, il cite l'exemple de l'expérience de la Convention citoyenne pour le climat en France (2019-2020), qui a réuni 150 personnes volontaires tirées au sort pour proposer des mesures de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
"À l'arrivée, on s'est retrouvé avec des gens beaucoup plus courageux collectivement que ce qu'ils auraient accepté individuellement avant cet exercice", explique Jean-Marc Jancovici. "Pour moi, ça démontre une chose: quand on demande aux gens de réfléchir par eux-mêmes pour dire ce qui est bon pour la collectivité, ils sont souvent plus audacieux. C'est dans cette direction qu'il faut aller."
La décarbonation mènera tôt ou tard à une refonte profonde de nos modèles économiques et sociaux. Les entreprises doivent d’ores et déjà s’y préparer, estime l’ingénieur et conférencier français JeanMarc Jancovici.
Quand Jean-Marc Jancovici expose ses résultats de recherche, ses propos donnent parfois le vertige. C’est peut-être précisément cette habileté à user du franc-parler qui lui a valu sa notoriété, aussi bien auprès des décideurs politiques et économiques que du grand public. L’ingénieur, auteur et conférencier français de 63 ans le clame sans détour et chiffres à l’appui: l’abondance énergétique qui a forgé le monde moderne est un pur produit des énergies fossiles. Il est très peu probable que les sources renouvelables puissent prendre le relais sans un réaménagement économique et social majeur. Pour lui, le défi est aussi colossal qu’inévitable.
L’humanité est prise en tenaille: d’un côté, les émissions de gaz à effet de serre menacent les conditions d’habitabilité de la planète. De l’autre, les réserves d’énergies fossiles ont déjà commencé à s’épuiser. L’auteur de l’essai «Le Changement climatique expliqué à ma fille» (Éd. du Seuil) et de la bande dessinée «Le Monde sans fin» (Éd. Dargaud) souligne cependant que la plupart des acteurs économiques ont déjà bien compris les enjeux, et participent à dessiner les contours de la société de demain.
L’humanité doit réduire drastiquement ses émissions de CO2 pour limiter le dérèglement climatique. Mais, selon vous, nos sociétés devront se décarboner de toute façon, indépendamment de leur volonté d’échapper au réchauffement planétaire. Pourquoi?
Réchauffement climatique ou pas, les ressources fossiles qui ont permis l’avènement de la société moderne diminuent progressivement quand on s’en sert. Tôt ou tard, cela mène à une décrue énergétique. On en voit déjà les premiers signes en Europe, où la disponibilité du pétrole, du charbon et du gaz est en déclin depuis plus de 15 ans. Cette raréfaction des ressources fossiles conduit déjà à une forme de contraction économique. En outre, le réchauffement climatique, tel qu’il est engagé aujourd’hui, conduira à des désordres structurels importants, qui se répercuteront forcément sur les économies.
Rien qu’à 2°C de réchauffement (l’Accord de Paris a fixé l’objectif de limiter le réchauffement mondial «bien en dessous de 2°C», ndlr.), 90% des glaciers alpins auront disparu. En Suisse, cela causera des difficultés à l’activité agricole, à la gestion des cours d’eau et à la stabilité des sols. Des événements extrêmes comme l’effondrement survenu à Blatten (VS) se multiplieront, ce qui mettra les infrastructures sous pression.
La limitation du réchauffement planétaire constitue déjà une raison largement suffisante pour se diriger rapidement vers une sortie des énergies fossiles. Mais nous y serons par ailleurs contraints par l’épuisement des ressources naturelles, quoi que nous fassions.
La baisse de la consommation d’énergie que l’on observe en Europe n’est donc pas due aux politiques climatiques, et à l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’économie?
Pas seulement. Il y a trois explications, toutes d’ordre géologique, à cette baisse régulière de la consommation d’énergie en Europe, que l’on observe depuis 2008.
La première c’est que la production charbonnière européenne décroît depuis les années 1980. Les mines de charbon, exploitées depuis près de trois siècles, ont commencé à s’épuiser. À cette limite géophysique, s’ajoute un écueil technique: les tonnages nécessaires à faire fonctionner les centrales à charbon sont tels qu’il est très difficile de remplacer la production domestique par des importations. Une grande centrale à charbon allemande consomme l’équivalent d’un train entier par heure! Par conséquent, la quantité de charbon disponible en Europe baisse depuis 40 ans.
La consommation de gaz naturel du Vieux-Continent a augmenté jusqu’en 2005, date à laquelle les champs gaziers de la mer du Nord ont atteint leur pic. Depuis, la production de gaz naturel décroît en Europe, et les importations sont constantes: il y a donc moins de gaz disponible.
Enfin, le pétrole conventionnel a passé son pic en 2008. La production mondiale est en baisse, à l’exception notable du pétrole dit «non conventionnel», comme le «shale oil» et les sables bitumineux extraits en Amérique du Nord. Mais ce surplus de production a principalement profité aux États-Unis, au Canada et aux pays émergents. Cela a conduit à une diminution du pétrole à disposition des économies européennes sur les 15 dernières années. Il s’agit d’un phénomène subi, et non du résultat des politiques climatiques ou des mesures d’économie d’énergie.
Pourtant, en parallèle de cette décrue des énergies fossiles, les pays européens investissent des dizaines de milliards d’euros dans les énergies renouvelables chaque année. Cela n’a pas eu d’effet?
Si. Au niveau mondial, le solaire et l’éolien s’ajoutent à une consommation fossile en croissance, mais en Europe, où les combustibles fossiles déclinent, on observe un phénomène de substitution, notamment dans le domaine de la production d’électricité. Toutefois, l’activité économique reste largement dépendante des énergies fossiles.
L’Europe a donc déjà entamé sa transition vers le renouvelable, qui représente désormais près de 25% de la consommation finale des pays de l’UE.
C’est surtout vrai dans le domaine de l’électricité, qui ne représente qu’environ 20% de l’énergie utilisée par les machines de toute sorte. En outre, ce développement advient au sein d’une économie mondialisée où les énergies fossiles sont encore, globalement, en croissance. Rappelons que près de 90% des panneaux photovoltaïques installés en Europe sont fabriqués en Chine, et c’est précisément cette délocalisation qui a fait chuter leur prix. Contrairement à l’Europe, la Chine continue d’augmenter sa production d’électricité à partir de charbon. Cela lui permet de produire toutes sortes de biens industriels à prix abordables pour les Européens.
À ce jour, personne n’est capable de dire si les procédés de minage, de métallurgie et de chimie nécessaires à la construction d’éoliennes ou de panneaux solaires, des dispositifs techniquement très complexes, seront toujours réalisables à un prix acceptable dans un monde où les énergies fossiles seront devenues marginales.
La transition énergétique paraît donc difficile à déployer à large échelle. Pourquoi sommes-nous si dépendants des énergies fossiles?
À cause de la physique. Les énergies renouvelables ont deux limites qui ont poussé l’humanité à les remplacer par des énergies fossiles: elles sont globalement peu denses, et très dépendantes du lieu et des conditions ambiantes. Les éoliennes et les panneaux solaires produisent nettement moins d’énergie par mètre carré occupé que les centrales à charbon ou à gaz, par exemple.
En outre, ces installations sont intermittentes: elles ne produisent de l’électricité que lorsque le vent souffle ou que le soleil brille. Le bois présente une densité plus importante que le rayonnement solaire et le vent, mais son exploitation à long terme dépend de la capacité des forêts à se régénérer.
L’hydro-électricité affiche un rendement intéressant, mais elle ne peut être déployée que sur des terrains montagneux. La Suisse, à l’instar de l’Autriche, de la Suède et de la Norvège, par exemple, peut espérer tirer une quantité considérable d’électricité de ses barrages. Mais les pays à la topographie plus plane n’ont pas ce privilège.
La loi sur l’électricité acceptée en votation populaire en juin 2024 prévoit que la Suisse produise une électricité entièrement décarbonée, en parallèle d’une sortie du nucléaire, d’ici 2050. Peut-on espérer que cette transition réussisse?
Je n’ai pas fait les calculs, mais c’est a priori envisageable. Tout va en effet dépendre de la quantité totale d’électricité requise. La Suisse possède de très bonnes capacités hydro-électriques, une source d’énergie dite «pilotable», qui permet de compenser l’intermittence des éoliennes et des panneaux solaires.
Concernant l’éolien, il faut toutefois noter que c’est sur les crêtes de montagne qu’il faut déployer des rotors en grand nombre, car la force du vent y est généralement bien plus importante qu’en plaine. Et je sais combien le paysage alpin est un élément identitaire fort pour les Suisses. Dans les pays moins bien dotés en capacités hydro-électriques, l’intermittence du solaire et de l’éolien doit être compensée par d’autres modes pilotables comme le gaz, le nucléaire, le fioul ou le charbon.
C’est l’une des raisons pour lesquelles il est très difficile de mettre en place une production électrique entièrement renouvelable à l’échelle du continent européen.
Pourquoi ne pas stocker une partie de l’électricité produite par le photovoltaïque et l’éolien pour compenser l’intermittence et s’assurer un approvisionnement permanent?
Parce que les quantités d’énergie sont telles qu’il est techniquement très difficile et économiquement extrêmement coûteux de les stocker dans des batteries. Personne n’a encore trouvé le moyen de stocker en masse à l’échelle d’un pays et sur une durée longue.
Les centrales nucléaires sont parfois décrites comme un moyen efficace pour produire beaucoup d’électricité bas carbone. Mais le souvenir des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima les rend impopulaires aux yeux d’une partie de la population. Peut-on encore miser sur cette énergie aujourd’hui?
Les centrales nucléaires présentent un bilan carbone très faible au regard de la quantité d’énergie qu’elles produisent. Leur construction est cependant longue et coûteuse, notamment parce que le niveau de sécurité exigé pour ces infrastructures est nettement plus élevé que pour les autres types d’installations industrielles. En fait, le nucléaire a développé des exigences de sécurité qui lui sont propres, et qu’on ne retrouve dans aucune autre industrie.
Historiquement, le nucléaire a nettement moins tué que le charbon ou que les barrages, mais il fait beaucoup plus peur. Au vu de l’importance des énergies fossiles dans le mix énergétique, et les délais de mise en œuvre du nucléaire actuellement, une substitution totale paraît irréaliste dans un horizon temporel de quelques décennies. L’atome reste une partie de la solution, mais une partie seulement.
En plus de la production d’électricité, il reste aussi à décarboner d’autres postes de consommation d’énergie non électrifiés.
Oui. Même si l’on parvient à produire de l’électricité uniquement avec des sources renouvelables, il faudra remplacer la chaleur industrielle – par exemple celle qui sert à fabriquer l’acier – le chauffage des bâtiments et les carburants pour la mobilité. La solution se trouve en partie dans l’électrification des procédés et, dans une moindre mesure, dans la biomasse.
Pour les raisons que l’on a évoquées précédemment, cette transition énergétique ne permettra pas de garantir une consommation d’énergie constante, et encore moins croissante. Il faudra donc réduire la consommation, et cela passe aussi par une diminution des usages.
Qu’entendez-vous par «diminution des usages»?
Par exemple, la diminution des surfaces des bâtiments que l’on utilise, de la masse des véhicules que l’on conduit, de la quantité d’objets que l’on achète, de la quantité de viande que l’on mange, etc. Cette réduction de la consommation est amenée à se produire dans les décennies à venir, indépendamment de notre volonté, et en Europe elle est déjà amorcée.
Il nous reste à choisir si nous voulons organiser collectivement cette transition sous forme de sobriété, ou laisser la pression des limites géologiques forger notre avenir, ce qui s’apparentera sans doute à un appauvrissement généralisé et non maîtrisé.
L’efficacité énergétique des machines et des objets que l’on utilise est pourtant nettement meilleure aujourd’hui qu’il y a 50 ans.
Oui. Historiquement, les entreprises et les acteurs économiques ont toujours cherché à réaliser des gains d’efficacité énergétique. Mais ces gains n’ont pas conduit à une réduction de la consommation d’énergie globale. Au contraire, cette amélioration des rendements a été mise au service de l’augmentation des usages, c’est-à-dire par une démultiplication du nombre d’objets, ou par un développement de leurs fonctionnalités. Les machines plus économes rendent les biens et services moins chers.
Cela crée une augmentation de la demande, et donc de la consommation. L’empreinte carbone par unité consommée décroît, mais l’empreinte globale continue d’augmenter. Cet effet est constaté dans tous les domaines: dans l’automobile, les moteurs sont plus efficaces mais les véhicules en circulation sont nettement plus nombreux. Dans le logement, l’isolation thermique s’est améliorée mais la taille des surfaces s’est agrandie. Dans l’électronique, les circuits sont plus économes mais les appareils sont plus puissants.
L’économie suisse est très dépendante des exportations et des flux internationaux, eux-mêmes tributaires de l’abondance énergétique. Faudra-t-il démondialiser pour décarboner?
Ce serait très efficace pour faire baisser les émissions, mais ce serait évidemment catastrophique sur le plan économique. Si les banques suisses se contentent de ne gérer que des actifs suisses, si Rolex ne vend des montres qu’aux Suisses et si Givaudan ne vend des arômes qu’aux Suisses, l’économie nationale en pâtirait terriblement. En fait, le modèle suisse fonctionne précisément parce qu’il est branché sur l’économie mondiale.
Il faut donc attendre que le monde se décarbone par ailleurs avant d’agir à l’échelle de l’économie suisse?
Non. Vous pouvez bien sûr agir sur les émissions domestiques en réduisant l’empreinte carbone des bâtiments, de la mobilité et des industries. Mais il faut rappeler que ces émissions ne représentent qu’une petite partie des rejets de gaz à effet de serre qui vous permettent de maintenir votre niveau de vie (En 2023, les émissions domestiques suisses équivalaient à 3,67 tonnes de CO2 par personne, mais l’empreinte carbone moyenne d’une personne résidant en Suisse était de 13,87 tonnes de CO2 en 2023. La différence entre ces deux valeurs correspond aux «émissions importées», ndlr).
Les émissions liées à la consommation des Suisses sont plus élevées qu’en France ou qu’ailleurs en Europe, tout simplement parce que le pouvoir d’achat y est plus fort. À cela s’ajoutent les rejets de CO2 qui ont eu lieu partout ailleurs dans le monde, et qui permettent à l’économie suisse de tourner, par exemple ceux des émirs du Golfe ou des analystes financiers de la City qui achètent des montres suisses de luxe.
Ces émissions sont encore plus importantes que celles liées à la consommation des Suisses, et sans elles, l’économie suisse ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
Comment les autorités peuvent-elles agir pour pousser l’économie à se décarboner?
En tant que pays libéral, la Suisse dispose d’une marge de manœuvre relativement limitée. Elle peut toutefois décider de favoriser certaines filières industrielles, par exemple au travers des programmes de recherche dans les universités.
Il est donc d’autant plus important que l’économie agisse d’elle-même pour réussir sa transition vers un modèle bas carbone. Par où les entreprises devraient-elles commencer?
Cela dépend de la nature de leur activité. Une entreprise doit d’abord dresser son bilan carbone, pour déterminer quels procédés sont les plus dépendants des énergies fossiles. À partir de là, il faut élaborer une stratégie pour réduire cette dépendance. Dans une entreprise industrielle, on agit généralement sur les besoins en chaleur ou en électricité des machines, sur les matières premières, sur la logistique, sur les conditions de chaleur et de froid dans lesquelles les opérations ont lieu ou encore sur les déplacements.
Les acteurs économiques ont-ils pris conscience des enjeux liés à la décarbonation?
Il est désormais assez rare que les entreprises n’aient pas un début de maturité sur le sujet. Beaucoup font appel à des sociétés de conseil comme Carbone 4 pour obtenir des réponses à des questions ciblées et techniques. On peut citer l’exemple d’un groupe agro-alimentaire qui commande une analyse détaillée sur l’empreinte carbone des différents modes de production de la viande de bœuf.
On trouve aussi des entreprises industrielles qui demandent une analyse du cycle de vie pour leurs produits ou qui cherchent à obtenir des projections à moyen et long terme en matière de ventes dans un scénario où le monde se décarbone.
Au-delà du bilan carbone, quels sont les outils à disposition des entreprises pour entamer leur transition vers un modèle résilient?
Dans un monde volatil et incertain, il est risqué de n’établir que des prévisions uniques. À Carbone 4, nous avons développé des analyses par scénario qui permettent aux entreprises de se confronter à différents cas de figure. Ces scénarios sont très utiles pour réfléchir à des stratégies d’entreprise à moyen et long terme. En outre, les employeurs doivent aussi consolider leur stratégie d’adaptation au dérèglement climatique.
Il s’agit ici principalement d’évaluer la vulnérabilité des actifs de l’entreprise, de ses clients et de sa chaîne d’approvisionnement aux effets du réchauffement planétaire. Aujourd’hui, la plupart des entreprises dépendent de fournisseurs installés partout dans le monde. Leurs affaires sont donc concernées par les effets du changement climatique à l’échelle globale.
Rappelons par exemple que la sécheresse à Taïwan – plus grand producteur mondial de semi-conducteurs – en 2021 a perturbé la production des outils électroniques dans le monde entier.
Dans une économie sous contrainte énergétique, les entreprises parviendront-elles à survivre, pour autant qu’elles s’adaptent?
Il y aura forcément des gagnantes et des perdantes. Parmi celles qui bénéficieront de la décarbonation, on peut citer les constructeurs et les opérateurs ferroviaires, les producteurs d’électricité décarbonée, les fournisseurs de composants pour réseaux électriques, les fabricants de matériaux d’isolation, les artisans du bâtiment qui améliorent les performances thermiques ou encore les fabricants de vélos.
Il y a ensuite les entreprises actives dans des secteurs à risque, dont certains acteurs peuvent survivre s’ils prennent des mesures pour se décarboner avant les autres. Enfin, il y aura forcément des entreprises dont l’activité même paraît très difficile à décarboner, par exemple les négociants en pétrole ou les compagnies aériennes, pour qui la seule issue à long terme est de nettement moins produire.
Vous avez souligné que l’abondance énergétique avait mené à la tertiarisation massive des emplois. Un phénomène que l’on observe notamment en Europe et en Suisse. Dans une économie bas carbone, à quoi ressemblera le travail?
On peut s’attendre au détricotage progressif de ce qui a été construit avec les énergies fossiles, à savoir des emplois très largement tertiaires et hautement spécialisés. L’abondance énergétique a permis la multiplication des flux physiques, et donc la complexification de l’économie mondiale. Pour gérer cette complexité, il a fallu créer beaucoup d’emplois tertiaires spécialisés.
Si les flux physiques et la complexité diminuent, il est probable que le nombre d’emplois tertiaires décroisse également. Moins d’énergie signifiera à terme moins de machines, donc probablement plus de travaux manuels, moins spécialisés qu’aujourd’hui.
Après 2024 qui était exceptionnellement pluvieuse et fraîche, nous voici de retour dans des épisodes de sécheresses estivales accompagnées de canicules...
Le niveau des nappes phréatiques s'en ressent :
État des nappes d’eau souterraine au 1er août 2025 selon le BRGM
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𝗤𝘂𝗲 𝗿𝗲𝘁𝗲𝗻𝗶𝗿 ?
La vidange se poursuit (c’est normal en cette saison)
Les pluies de juillet ont eu peu d’impact sur les nappes phréatiques
La situation est hétérogène sur les nappes réactives. Elle est globalement satisfaisante pour les nappes inertielles.
Globalement, les niveaux sont bien en-dessous de ceux de l’année dernière à la même période (qui avait connu une recharge 2023-2024 exceptionnelle).
𝗟𝗲 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗲𝗻 𝗰𝗵𝗶𝗳𝗳𝗿𝗲𝘀 :
24% des niveaux aux normales mensuelles
44% des niveaux sont sous les normales mensuelles, plus que le mois dernier (39%) et bien plus qu’au 1er août 2024 (17%)
32% des niveaux sont au-dessus des normales mensuelles et 24% sont comparables
Ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que les modèles de prévision en tendance, très fiables, nous disent que les bons étés (en terme de nappe phréatique) seront de moins en moins fréquents et moins bons alors que les mauvais étés seront de plus en plus fréquents et plus mauvais .
Une année comme 2024 qui a permis de récupérer de 2022 et 2023 est peu probable à l'avenir. Il est plutôt probable que nous rentrions dans une ère où le niveau bas des nappes phréatiques se dégradent d'années en années
(par adrien Couzinier)
4,6 millions d’euros. 36 000 contributeurs. Aucun soutien direct des pouvoirs publics. La campagne “Décarbonons la France” trace une ligne claire entre volonté populaire et inertie politique...
Transition écologique : une campagne inédite portée par la société civile
Du 13 mai au 8 juillet 2025, la campagne “Décarbonons la France” a rassemblé plus de 36 000 participants, pour un total de 4,6 millions d’euros collectés via la plateforme Ulule. Porté par le Shift Project, organisme de recherche dédié à la décarbonation de l’économie française, le projet s’est imposé comme la plus grande levée citoyenne d’Europe en matière de transition écologique. Cette mobilisation s’est faite sans aucun appui institutionnel, ni accompagnement gouvernemental. Le panier moyen de 120 euros dépasse largement les standards habituels du financement participatif (50 euros), soulignant une implication financière forte de la population.
Le 19 mai 2025, suite à une intervention de Jean-Marc Jancovici sur France Inter, la campagne connaît un pic de 299 000 euros récoltés en 24 heures. La visibilité médiatique et l’autorité scientifique ont joué un rôle décisif. Pourtant, aucun représentant de l’État n’a publiquement salué l’initiative, ni proposé de soutien logistique ou financier. Cette absence d’engagement contraste avec l’ampleur de la mobilisation. Le 24 juin 2025, à l’approche de la clôture, une dernière impulsion porte la collecte à 124 922 euros sur une seule journée, confirmant l’adhésion du public. Le silence politique, lui, reste intact.
Selon Arnaud Burgot, cofondateur d’Ulule et membre des Shifters, “Cette mobilisation exceptionnelle prouve que lorsque l’expertise scientifique rencontre l’intelligence collective, des moyens considérables peuvent être déployés pour répondre aux défis de notre temps.”.
Le constat est clair : face à un État souvent critiqué pour ses retards sur la transition écologique, la population a pris les devants. Les 292 648 visites enregistrées sur la page de campagne témoignent d’un intérêt public massif, à rebours du manque d’initiatives comparables dans le champ institutionnel.
Alors que les discours gouvernementaux multiplient les appels à la “sobriété”, cette campagne en offre une incarnation concrète. Pourtant, aucune prise de position politique, ni au Parlement ni au sein de l’exécutif, n’est venue reconnaître ce projet. Le record précédent, 2,3 millions d’euros pour le projet “Odyssée” en 2023, avait déjà démontré la puissance du financement participatif. “Décarbonons la France” double ce chiffre, sans susciter la moindre réaction publique.
Seize départements étaient en vigilance rouge canicule, ce mardi 2 juillet. La chaleur et les températures frôlant les 40 degrés dans une bonne partie de la France ont fait la une des médias toute la journée. De nombreux spécialistes des sujets climatiques et énergétiques ont été interrogés et ont apporté leur expertise, en plateau ou par téléphone.
« Rien sur les maisons qui se fissurent, sur les maladies »
Parmi eux, Jean-Marc Jancovici. Le président du Shift Project et co-auteur de la BD Le Monde Sans Fin était sur BFM TV le matin et au journal de 20 heures de France 2 le soir. Sur son compte LinkedIn, l’ingénieur est revenu sur ses interventions et a regretté ne pas avoir eu « la possibilité de passer des messages forts ».
Partisan de la stratégie du « bon élève » (« répondre aux questions posées ») plutôt qu’à celle « du politique » (« dire ce que l’on veut dire quelle que soit la question »), il a estimé « avoir eu droit les deux fois à une longue série de questions sur la climatisation et à une question sur la centrale nucléaire de Golfech : pas vraiment le cœur du problème ».
« Rien sur ce que nous pouvons faire pour limiter le réchauffement à venir et le lien avec la disponibilité déjà décroissante des combustibles fossiles en Europe, rien sur l’agriculture, sur la disponibilité de la ressource en eau, sur les forêts et les écosystèmes, sur les maisons qui se fissurent, sur les maladies, voire même sur les conditions de travail en extérieur », a développé Jean-Marc Jancovici.
Des consultations aux urgences plus nombreuses
Celui qui est régulièrement invité dans les médias aurait souhaité évoquer le « milliard d’êtres humains qui, en 2050, pourraient expérimenter des conditions extérieures à risque pour leur vie plus d’un jour sur deux avec « juste » 2°C de réchauffement ». « Certes, ces individus ne sont pas en France. Mais leur problème est bien plus important que d’avoir quelques mauvaises nuits dans l’année… », a-t-il expliqué, pointant que cela n’était « pas sans conséquence » pour les Français.
« Notre ‘mode de vie’ dépend en effet de systèmes de production largement situés à l’étranger. Ce dernier sera modifié si les usines, ports et canaux, trains, centrales électriques, champs ou mines situées à l’étranger ne fonctionnent plus normalement. »
La vigilance rouge canicule ne concernait plus en fin de journée ce mercredi que l’Aube, l’Yonne, le Loiret et le Cher, « avec des pointes voisines de 39°C prévues », selon Météo-France.
Les consultations aux urgences ou auprès de SOS Médecins pour des symptômes directement associés aux fortes températures (hyperthermie, déshydratation) ont nettement augmenté, pour toutes les tranches d’âge, a indiqué mercredi l’agence française de santé publique.
La 50e vague de chaleur en France
Si l’impact sanitaire sera long à mesurer, une première estimation de la surmortalité sera connue deux semaines environ après la fin de la canicule, selon le gouvernement.
Cette vague de chaleur sur l’ensemble de la métropole est la 50e depuis 1947, dont 33 ont eu lieu au XXIe siècle, illustrant l’augmentation de la fréquence des fortes chaleurs à cause de la combustion des énergies fossiles dans le monde.
Juin 2025 est le deuxième mois de juin le plus chaud depuis 1900, derrière juin 2003 dont l’été caniculaire est resté dans les mémoires, avec 15 000 décès prématurés attribués aux chaleurs extrêmes.
https://www.lavoixdunord.fr/1602420/article/2025-07-02/leur-probleme-est-bien-plus-important-apres-son-passage-au-20-heures-les-regrets
Pendant que la France suffoque sous une nouvelle vague de chaleur, les scientifiques tirent une fois de plus la sonnette d’alarme : le seuil de +1,5°C de réchauffement est désormais hors de portée. Et les +2°C, pourtant fixés comme limite maximale, semblent eux aussi de plus en plus inaccessibles.
La France a chaud ! Des grosses chaleurs qu’on avait presque oubliées, parce que pendant l’été 2024, nous avons eu de la chance : les vagues de chaleur nous ont relativement épargnées. Nous, les Français, ou du moins les métropolitains. Mais il faut se rappeler qu’il a quand même fait très chaud, juste à côté de chez nous. Cet été, on commence à y avoir droit, et cela va devenir la nouvelle norme.
Car lorsqu’il fera deux fois plus chaud, plus exactement, quand l’élévation de température atteindra 2°C plutôt qu’1°C, les vagues de chaleur ne seront pas simplement deux fois plus nombreuses, mais bien multipliées par 4, 5, voire 10.
En parallèle, cette vague de chaleur percute une autre réalité, confirmée cette semaine : l’objectif de l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement à 1,5 °C, n’est désormais plus atteignable. Une publication scientifique vient de le confirmer, même si, malheureusement, beaucoup de gens le pressentaient déjà.
il faut savoir que, sur les douze derniers mois, ce qu’on appelle une période glissante, le seuil de 1,5 °C a déjà été dépassé. Mais en matière de climat, on se réfère à des moyennes sur 5 ou 10 ans pour conclure à un dépassement durable.
Or, à ce stade, si l’on veut éviter de franchir définitivement ce seuil de 1,5°C, il faudrait que l’humanité n’émette pas plus que trois fois les émissions de l’année dernière… jusqu’à la fin du siècle. Cela semble évidemment impossible, sauf guerre thermonucléaire ou impact d’une comète. On peut donc considérer que, malheureusement, les 1,5°C de réchauffement sont un objectif à oublier. Même celui des 2°C semble désormais très ambitieux.
Pour l’atteindre, il faudrait que les émissions mondiales diminuent de 5 % par an dès maintenant. Autrement dit : l’équivalent d’un covid mondial, chaque année, à partir de 2025.
Mais 2°C, cela semble peu. Nous avons souvent tendance à croire que les conséquences sont proportionnelles aux causes. C’est une erreur. Je compare souvent cela à des kilos de carottes : deux kilos coûtent deux fois plus qu’un kilo. En matière de climat, hélas, ce raisonnement ne tient pas.
Il faut plutôt voir cela comme le corps humain. Si votre température passe de 37 à 38 °C, vous serez un peu mal en point. Mais si elle monte de 5 °C : vous mourrez. Avec le climat, c’est pareil : les conséquences augmentent bien plus vite que la température.
Ainsi, 2°C de réchauffement, ce n’est pas 30 % plus grave que 1,5°C. C’est potentiellement 2, 3, 5, voire 10 fois plus grave. À 2°C supplémentaires, la quasi-totalité des coraux risquent de disparaître. Tandis qu’à 1,5°C, on parvient encore à en sauver quelques-uns. Idem pour les forêts françaises : bien plus d’espèces mourront à 2°C qu’à 1,5°C.
Il faut donc vraiment tout faire pour limiter le réchauffement. Comme le rappellent souvent les climatologues : chaque dixième de degré compte, car les conséquences s’aggravent bien plus rapidement que la température.
https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/climat-meme-un-rechauffement-a-2-c-semble-desormais-ambitieux-affirme-jean-marc-jancovici-7900517917
Changement climatique, déchets nucléaires, alternatives à la voiture, consommation de viande, intelligence artificielle… Face à l’urgence écologique, les questions se multiplient. Pour y répondre, nous avons reçu Jean-Marc Jancovici, ingénieur et expert reconnu des enjeux climatiques. Il s’est prêté au jeu du Q&A et a abordé, sans détour, vos préoccupations, vos doutes et les grands défis de l’écologie de demain.
Le Shift Project de Jean-Marc Jancovici récolte plus de 3,3 million d'euros de dons pour imaginer un futur sans pétrole, ni gaz, ni charbon... Il s'agit d'un record européen pour ce type de campagne participatif...."Une bonne partie de l’opinion ne veut pas laisser à ses enfants un monde en ruine", confie Matthieu Auzanneau. Certains sont convaincus qu’ils peuvent "marquer l’histoire". Le directeur du Shift Project salue cet "esprit de résistance face au backlash écologique", le contrecoup qui agrège les mécontentements à l'égard de la transition écologique.
Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur : pour le patron du Shift Project, même si la dernière année a été marquée par un certain attentisme, les lignes ont bien bougé depuis 2020. Et il en est raisonnablement convaincu : le train de la prise en compte des changements environnementaux va repartir.
Quel regard portez-vous sur les évolutions en matière environnementale ces cinq dernières années ?
« Si j’observe le monde économique par exemple, je dirai qu’il y a eu deux grandes phases depuis 2020 : pendant quatre ans, la montée des préoccupations environnementales a été constante. Puis depuis un an, depuis la dissolution en gros, c’est plus compliqué. Ce qui est certain, c’est que les incertitudes politiques nées du résultat des législatives 2024 ne sont, bien entendu, pas propices aux prises de décisions majeures. Comme pour tous les sujets de long terme, la volatilité est préjudiciable. Ce qui est regrettable, c’est qu’aucune coalition parlementaire n’a été possible sur ces sujets alors qu’ils rassemblent 70 % des Français. Mais les fondamentaux sont là : le train va repartir. »
Les perspectives d’ici à 2030 vous semblent-elles satisfaisantes ?
« Il ne faudrait tout de même pas que le train tarde trop à se remettre en marche car plus le temps passera, plus nous irons vers des surprises et plus il sera nécessaire de réfléchir à des plans, des mesures qui seront à même de résister à ces surprises. Nous sommes dans un système contraint par des flux physiques : plus le temps passe, plus le risque de craquement est élevé. »
Quid de l’horizon 2050 ?
« Les plans d’actions à court terme me semblent devoir être la priorité dans la perspective de l’objectif de neutralité carbone en 2050. Or, aujourd’hui, dans beaucoup de domaines, nous sommes très au-dessous de l’effort à consentir pour atteindre les objectifs affichés… Le logement ? Il y en a 30 millions à rénover, c’est-à-dire environ 1 million par an. Mais nous n’avons pas les artisans… La mobilité électrique ? On ne dispose ni des infrastructures, ni des matériaux pour les batteries pour les millions de véhicules nécessaires. La décarbonation de l’industrie ? Ce sera à la condition de protéger les producteurs des distorsions de concurrence et d’assumer le débouché des produits… C’est un vrai sujet culturel en Europe ! »
L’Europe est dans la seringue : ce qui doit changer dans les 10 prochaines années....La fin de l’abondance énergétique a déjà commencé. Et le déclin de l’Europe est acté pour beaucoup. Mais rares sont ceux qui en comprennent la cause profonde : une crise énergétique systémique....
JM Jancovici : "Trouver une voie compatible avec des limites ne nous empêchera pas d'être heureux"...Le président du groupe de réflexion Shift Project Jean-Marc Jancovici était l'invité du Grand Entretien de France Inter ce lundi.
Donald Trump est le plus révolutionnaire de nos scientifiques.... Il a commencé par revisiter le climat, déclarant que le réchauffement climatique était un canular, et que les personnes qui s'en occupent doivent être extirpés de l'administration américaine comme on extirpe Saruman de Theoden.
Son dernier fait d'armes en la matière est d'avoir "remercié" les quelques centaines de personnes qui étaient en charge de rédiger le prochain "National Climate Assessment", prévu pour 2027 : https://t.ly/eYdSA , et ce alors que ce rapport a été demandé par le Congrès (il sera intéressant de voir si ce dernier proteste vigoureusement et s'il y aura des suites judiciaires).
Désormais, il revisite aussi la biologie. Supprimons les limites à la pêche, et les poissons apparaîtront comme par miracle dans l'océan, comme la multiplication des petits pains ! Un décret ("executive order") de la Maison Blanche, publié mi-avril, ordonne en effet au ministre du commerce "d'envisager de suspendre, de réviser ou d'abroger les réglementations qui pèsent excessivement sur la pêche commerciale (...) Dans les 30 jours suivant la date de la présente ordonnance, le secrétaire au commerce (...) [réduira] la charge réglementaire qui pèse sur les pêcheries les plus surreglémentées (...) et [augmentera] la production (...) : https://t.ly/mBNFj Oubliée, la contrainte de renouvellement du stock ! Inutile, le fait de laisser les poissons se reproduire ! Sans objet, le besoin de préserver leurs habitats !
En fait, de l'Ukraine aux fonds marins (qui sont aussi envisagés comme une source de minerais), la mentalité qui s'exprime actuellement au sein du pouvoir américain est assez simple : la limite physique ou biologique n'existe pas ; quand il n'y en a plus il y en a encore ; s'il n'y en a plus chez nous il y en a chez les autres, et s'il n'y en a plus sur Terre il y en aura sur Mars.
Bien évidemment, sur une planète aux ressources finies (et ne rêvons pas de Mars, jamais nous n'y reproduirons quoi que ce soit qui ressemble à un champ de blé, une forêt, une rivière, ou quoi que ce soit d'autonome sans lien avec la Terre) il y aura toujours une limite. Mais, celles-ci ayant été historiquement plus loin pour les Américains que pour les Européens, les premiers vont s'accrocher plus longtemps à l'idée que l'on peut s'en affranchir.
Trump a donc un grand mérite : il nous rappelle de manière brutale et caricaturale que l'Europe ne va pas pouvoir continuer à essayer de singer les USA très longtemps. Nous n'en avons déjà plus les moyens physiques.
Notre voie doit être ailleurs, et plus nous tarderons à l'accepter, plus la fin de l'histoire sera désagréable pour nous.
Bien sûr, nous resterons toujours intéressés par les moyens de conserver une forme de puissance, parce que cette dernière est indissociable, dans notre esprit, d'une maîtrise de notre destin. Mais il faut désormais la chercher plus du coté de David que de Goliath.
Jean Marc Jancovici
La Grande Simplification - avec Nate Hagens (Conversation enregistrée le 2 avril 2025)...sous titres en français possibles....Alors que les pressions économiques, politiques et environnementales continuent de remodeler nos choix quotidiens, il devient de plus en plus évident que l'ère de l'hyperconsommation qui a marqué le siècle dernier n'est plus tenable. Reconnaître cette réalité et s'y adapter représente l'un des changements culturels les plus profonds de notre époque, exigeant réflexion et coopération collectives.
« L’IA, c’est la nouvelle promesse d’eldorado formulée par une partie du monde “tech” »...
Dans notre série de prises de parole d’experts, politiques, entrepreneurs et investisseurs, nous avons relevé le post sur Linked In de Jean-Marc Jancovici, Founding Partner de Carbone 4 et président du Shift Project, avec son habituel ton incisif, sur la frénésie autour de l’intelligence artificielle. « L’intelligence artificielle, c’est la nouvelle promesse d’eldorado formulée par une partie du monde “tech” », écrit-il, tout en rappelant que les ressources nécessaires à son développement ne sont pas infinies.
Selon lui, la France joue la carte de « l’électricité décarbonée » et de ses « ingénieurs compétents » pour attirer les serveurs et les projets d’IA. Il s’interroge néanmoins sur les conséquences dans un contexte de sobriété : « Dans le monde fini, ce qui va se passer n’est pas un développement profitable à tous et sur tous les plans, mais plutôt un effet d’éviction sur d’autres secteurs, avec un risque social et environnemental à la clé. »
Pour Jean-Marc Jancovici, la course à l’IA ne doit pas faire oublier la nécessité d’investir dans l’industrie, l’agriculture et les infrastructures durables. Il met en garde : « Si nous mettons plus de cerveaux, de kWh, et de cuivre pour faire de l’intelligence artificielle, il en restera moins pour rendre durables et résilientes l’industrie, l’agriculture, les infrastructures de transport, ou encore les logements. »
Il pointe aussi les limites de l’IA face aux enjeux concrets du changement climatique : « Ce n’est pas Chat GPT qui va faire baisser la température sous les combles en cas de canicule, ou rendre les abeilles résistantes aux néonicotinoïdes ! »
Il invite les décideurs à réfléchir à l’emploi de ressources jugées « déjà limitées » : « Le temps, les cerveaux, les moyens matériels et l’électricité que nous allons mettre dans le superflu manquera – et en fait manque déjà – au nécessaire. »
Un rapport intermédiaire du Shift Project paraîtra le 6 mars, se focalisant sur « l’impact de l’IA sur les émissions et la consommation d’énergie », une lecture que nous attendons avec impatience.
https://www.frenchweb.fr/pour-jean-marc-jancovici-lia-cest-la-nouvelle-promesse-deldorado-formulee-par-une-partie-du-monde-tech/451270
Jean-Marc Jancovici : « Il faut revenir à des villes significativement plus petites » Après les errements de 2024, l’année 2025 sera-t-elle une année fructueuse pour l’environnement ? Rien n’est moins sûr. Jean-Marc Jancovici (*), ingénieur et spécialiste des questions vertes, aborde avec nous les défis de la France et du monde sur le front de l’énergie, des transports, mais aussi des stations de ski.
Créateur du bilan carbone, Jean-Marc Jancovici rappelle que le PIB « reflète de plus en plus mal » la situation économique. Pour mieux l’apprécier, il faut se tourner vers « des indicateurs physiques ». Selon lui « pour éviter un mur physique » il faudrait aussi « mettre des limites » à l’économie. Le PIB, indicateur de croissance fétiche du monde économique, ne prend pas en compte les effets du changement climatique. Pour mieux apprécier réellement et physiquement la situation économique, le créateur du bilan carbone et ingénieur polytechnicien Jean-Marc Jancovici propose de se tourner vers des indicateurs d’activités concrets
"le pétrole, le gaz, le charbon sont partout dans l'agriculture". Le Shift Project a réalisé un sondage auprès de 7 711 agriculteurs pour voir s'ils étaient prêts à s'engager dans une agriculture plus vertueuse. Tous sont conscients du changement climatique et considèrent qu'il s'agit de la principale menace sur leur activité....
CLIMAT - La France a été épargnée cet été, mais "le changement climatique continue", alerte Jancovici......
La légende veut que Franklin Roosevelt, lors du New Deal (juste après la grande crise de 1929), ait évalué la reprise de l'économie américaine en comptant les trains de marchandises qui circulaient (enfin pas lui directement, probablement !). A l'époque, point de PIB pour suivre l'activité : il n'était qu'embryonnaire dans la tête de quelques personnes, mais ne faisait pas partie des indicateurs suivis au niveau national. Et, de fait, un bon proxy de l'état de la production (donc de l'économie "réelle") était de nombre de trains utilisés pour transporter des marchandises, puisque le producteur et le consommateur d'un bien ne sont qu'exceptionnellement au même endroit.
Désormais, ce n'est plus le train qui assure l'essentiel des échanges physiques, mais le camion. A quelques rarissimes exceptions près, tout produit qui sera acheté par un consommateur "final" (les ménages, mais aussi les entreprises et l'administration pour leur usage propre, et non pour incorporer le bien à une production vendue) passera dans une caisse à roulettes. En s'inspirant de ce que faisait Roosevelt, on peut donc se dire que l'état de l'économie "physique" est mieux reflété par la quantité de tonnes qui sont chargées dans les camions que par le PIB, qui est désormais calculé avec un tel nombre de conventions et d'approximations qu'il est de plus en plus difficile d'interpréter ses variations.
Et là, surprise : ces tonnes chargées dans les camions - qui incluent aussi les biens intermédiaires - diminuent depuis 2007 dans notre pays, c'est à dire en gros depuis le pic de production du pétrole conventionnel dans le monde, qui a marqué le début de la baisse subie de l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Le maximum (des tonnes chargées) a aussi eu lieu en 2007 pour l'Europe dans son ensemble. Cet indicateur physique vient se rajouter à d'autres (les m2 construits dans l'année, ou les kWh d'énergie disponibles) qui plaident pour le fait que, sur le plan physique, la contraction de l'économie dure désormais depuis plus de 15 ans.
Quoi que disent les indicateurs monétaires, et quel que soit le mécanisme économique qui en est la traduction, la réalité physique ressentie par une fraction croissante de la population est donc que l'accès à des kg de nourriture, des m2 de logement, ou des kg (ou m3) de biens manufacturés est de plus en plus restreint.
De là à considérer que le vote que nous venons de vivre est logique, il n'y a qu'un pas. Il n'y a qu'à "remonter" le niveau physique de la production, diront d'aucun(e)s. Sauf que c'est très exactement ce qu'essaient de faire les politiques depuis des décennies, et ça fonctionne moyen, précisément parce que les flux physiques se heurtent à des limites... physiques.
Le défi qui nous attend est donc de nous doter de projets compatibles avec un "pouvoir d'achat physique" qui continue globalement à baisser. Pas facile, certes, mais à croire que nous pourrons faire autrement la désillusion risque d'être cruelle.
Equinoxe, le parti écolo et pro nucléaire qui monte...Apparu dans le paysage politique français en 2021, le parti Equinoxe n’en sera, avec les législatives, qu’à sa troisième campagne électorale..c’est quoi ce parti d’inspiration Jancovicienne ?
Sénat : Suivez l'audition de Jean-Marc Jancovici, professeur à Mines Paris-PSL, par la commission d’enquête #Électricité (Franck Montaugé / Vincent Delahaye).
La BD sur l'énergie "Le Monde sans fin" atteint le seuil du million d'exemplaires vendus... Deux ans et demi après sa sortie, l'ouvrage de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain en est à sa 24e réimpression, a annoncé l'éditeur Dargaud, vendredi...C'est une performance rare, d'ordinaire réservée aux héros comme Astérix, Lucky Luke, Gaston Lagaffe ou Titeuf.
Une interview dans Ouest France à l’occasion des Européennes....Qu’attendez-vous de ce débat avec les candidats aux élections européennes ? Une précision préliminaire me paraît importante : je n’ai pas pris l’initiative ! J’ai juste répondu à une invitation. Quand je suis sollicité, je me demande toujours si mon intervention va servir à quelque chose et si je vais toucher un public que je n’ai pas encore touché.
Une interview dans Le Temps en novembre 2023
https://jancovici.com/publications-et-co/interviews/une-interview-dans-le-temps-en-novembre-2023/
Une interview dans Le Temps en novembre 2023...Le Temps : Pourquoi est-ce important pour vous de venir à l’Université de Genève pour les prix Latsis universitaires 2023? Jean-Marc Jancovici : Parce que le montant offert pour cette conférence est important et que je vais en faire don au Shift Project. Vous plaisantez ? Aujourd’hui, je reçois entre dix et quinze demandes d’interventions par jour. Je suis donc fatalement amené à faire des choix
Jean-Marc Jancovici : "La décroissance ne fait pas plaisir mais elle est inexorable !"...Jean-Marc Jancovici, associé co-fondateur de Carbone 4, fondateur et président de The Shift Project, était l'invité de l'émission Ecorama enregistrée lors de la REF du Medef le 28 août 2023 à l'Hippodrome de Longchamp, et présentée par David Jacquot sur Boursorama.com. Parmi les sujets abordés : l’ère de "l’ébullition mondiale", la montée du climatoscepticisme, la sobriété par la décroissance, le développement des énergies renouvelables.
Canicule: "Quand vous êtes dans une situation qui change en permanence, la norme n'existe plus", pour l'ingénieur Jean-Marc Jancovici Dix départements sont placés en vigilance orange canicule par Météo-France pour la journée de mercredi. Il s'agit des deux départements corses, des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence, du Var, du Vaucluse, des Pyrénées-Orientales, des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l’Hérault.
Emeutes : le gouvernement met la pression sur les réseaux sociaux
"Quand survient une manifestation de violence au sein des sociétés humaines, qu'il s'agisse d'une guerre comme en Ukraine ou en Syrie, d'émeutes comme en Argentine ou en ce moment chez nous, ou des révoltes du Printemps Arabe, c'est rarement "à chaud" que les explications sur les sous-jacents de l'évolution en cours sont largement diffusées, ou utiles pour l'action.
Mais si ces poussées de violence découlent d'une évolution structurelle, c'est bien de cette dernière dont il faut se soucier dès que la situation "se calme".
Dans ce cadre, existe-t-il un lien entre ces émeutes et l'environnement, c'est à dire le monde physique ? Historiquement, la limite physique a hélas souvent amené de la violence. Malthus attribue à la décrue de la production agricole dans les pays du nord de l'Europe les "invasions barbares", et plus près de nous nombre de conflits viennent d'une insuffisance de ressources prenant la population à revers.
Or, depuis 2008 notre pays - et toute l'Europe - est en légère "contraction physique", parce que l'approvisionnement énergétique - donc les machines au travail qui créent l'économie - est en baisse subie. En témoignent par exemple la baisse des m² construits (en tendance), la baisse de la production industrielle et des tonnes chargées dans les camions, et la baisse depuis 2010, logique à la suite, du revenu disponible des ménages.
Dès lors que, "en tendance", les ménages voient leur revenus réels diminuer, les plans qui fonctionnaient dans le passé vont-ils fonctionner à l'avenir ?
Les grosses villes et les emplois tertiaires ont été créés par l'abondance énergétique (voir https://t.ly/fHG8 ). Faut-il chercher à garder une population essentiellement urbaine dans le monde de demain ? Ne va-t-on pas, avec la contraction énergétique, donner naissance des groupes de plus en plus en plus abondants "d'urbains désoeuvrés", qui seront alors le terreau du désarroi puis de la violence ? Quels métiers seront adaptés à moins de flux physiques ?
La société de consommation devient de plus en plus un rêve inaccessible quand les revenus diminuent, alors même que la publicité et les "influenceurs" poussent à conserver ce rêve. Cette injonction contradictoire ne doit-elle pas fatalement déboucher sur, au choix, de la neurasthénie ou de la violence ?
Assimiler une population immigrée est facile en période d'expansion économique, mais moins évident en période de ressources moins grasses (aucun propos raciste là-dedans : je suis moi-même un immigré de la 2è génération). Comment gérer nos relations avec les pays "du sud" pour que la population de ces pays se sente bien chez elle et n'ait pas spécialement envie d'aller ailleurs dans un monde avec moins de ressources ?
Autant de questions (très) difficiles (et bien d'autres), qu'il serait peut-être sage de ne pas trop tarder à se poser dès que les gendarmes et les émeutiers auront - provisoirement - réintégré leur base arrière. Sinon les mêmes causes risquent hélas de produire les mêmes effets."
JM Jancovici
https://www.lesechos.fr/…/emeutes-le-gouvernement-met-la-pr…
(posté par Joëlle Leconte)
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