l’Argentine implose....
Le Trésor américain vient d’annoncer un ensemble de mesures de soutien financier massif à l’Argentine.
- l’achat d’obligations argentines en dollars US,
- la mise en place d’un crédit stand-by via le Fonds de Stabilisation des Échanges (ESF),
- une ligne de swap de devises de 20 milliards de dollars avec la Banque Centrale argentine (BCRA).
Car, contrairement à toutes les fanfaronnades des néolibéraux libertariens de tous pays qui, depuis l’arrivée au pouvoir de leur mascotte Milei, espèrent reproduire cette grossièreté à travers le monde : l’Argentine implose.
Peso en chute libre, bourse en liquéfaction de près de 50 % (en dollars) à ce jour en 2025, 40% de la population sous le seuil de pauvreté. La fierté du surplus budgétaire vantée haut et fort est évidemment un mirage, car accompli en sabrant les retraites, en réduisant massivement les aides sociales, y compris les soins aux handicapés. “Grand réformateur”, Milei a précipité la récession brutale.
Nonobstant ces «progrès impressionnants» (termes du Secrétaire d’Etat US au Trésor, Scott Bessent), les États-Unis déploient l’artillerie lourde et sont prêts à tout pour soutenir l’Argentine.
Corruption au cœur du pouvoir
Passons sur les arrière-pensées électoralistes du moment choisi par les autorités américaines car Milei – face à une opposition de plus en plus déterminée – risque gros avant le vote crucial de mi-mandat du 26 octobre prochain. C’est vrai qu’il y a plus grave, à savoir des allégations circonstanciées de corruption concernant au premier chef la propre sœur du Presidente, Karina Milei, figure clé de son administration, impliquée dans un scandale explosif. Des enregistrements audio montrent qu’elle aurait exigé des commissions de 3 % à des laboratoires pharmaceutiques en échange de contrats avec l’Agence Nationale des Services pour les Handicapés (ANDIS). Il s’agirait là rien moins que de médicaments vitaux destinés aux personnes handicapées qui auraient été retenus, aggravant la souffrance des plus vulnérables, dans un environnement déjà ravagé par l’austérité.
Une somme disproportionnée
Comment les Etats-Unis d’Amérique en viennent-ils à soutenir financièrement un tel régime ? Et si massivement, car ces 20 milliards promis représentent une multiplication par 2000 de l’aide accordée en 2023 à l’Argentine laquelle dépassait à peine 8 millions de dollars. L’émetteur souverain le moins fiable au monde qu’est l’Argentine exposera directement les contribuables américains. Dépassant 33 000 milliards de dollars, la dette publique US est dans une situation suffisamment inquiétante sans l’aggraver de 20 milliards ayant peu de chances d’être remboursés. Le gouvernement américain en est aujourd’hui réduit – oui – à émettre massivement des bons du Trésor à court terme (T-bills), faute de demande suffisante pour ses obligations à long terme. Signe d’une confiance ébranlée, les rendements sur les taux longs américains grimpent lentement mais sûrement.
Les Swaps de Devises : outil technique ou arme politique ?
Une des bouées mise à disposition de l’Argentine par les USA est cette ligne de swap, facilité permettant à une banque centrale étrangère d’obtenir des dollars contre sa monnaie nationale, dans le but de stabiliser ses réserves et d’éviter une dépréciation brutale en l’occurrence du Peso. Ainsi, en 2008 et pendant la Covid-19, la Fed avait-elle ouvert ses vannes en faveur des grandes banques centrales (BCE, BoJ, BoE) pour éviter une crise mondiale de liquidités. L’Argentine n’ayant ni la crédibilité – encore moins la stabilité- de ces partenaires, ce swap doit donc être considéré pour ce qu’il est vraiment : un instrument politique au service de Milei, Cette opération de sauvetage politique revient au «bailout» d’un régime incompétent. Officiellement destiné à renforcer Milei face aux «spéculateurs», il transforme un outil de stabilité et le subvertit en ingérence électorale. Ironie du sort : c’est ce même Milei, prétendu chantre d’un État minimaliste, qui se tourne à présent vers un bailout étatique massif, au lieu d’explorer des alternatives décentralisées, plus en adéquation avec son idéologie.
L’échec de Milei est donc patent
Et ce swap de devises condamné à n’être qu’un pansement sur une hémorragie qu’il sera impossible de juguler. Alors que les Américains risquent le shutdown de leur Etat, c’est des milliards qui vont fuir leur pays pour prendre la route d’un autre où la corruption prive les handicapés de soins.
Nous vivons bien dans une matrice dystopique où les priorités sont inversées.
Michel Santi 27 09 25
https://michelsanti.fr/argentine/30307-argentine-usa
Un café à 3,5 dollars : l'Argentine est le pays le plus cher d'Amérique latine...
Une comparaison des prix avec le Brésil, le Mexique, la Colombie et le Chili montre les conséquences de l'utilisation du taux de change comme stratégie de lutte contre l'inflation...
Le président argentin, Javier Milei, répétait vers la fin de l'année 2023 que le peso, la monnaie nationale, « ne vaut pas un excrément ». Il était alors en campagne pour la présidence et proclamait encore que la dollarisation et la fermeture de la Banque centrale étaient le seul remède possible contre l'inflation, qui atteignait alors plus de 10 % par mois.
Un peu plus d'un an plus tard, Milei a ramené l'inflation à moins de 3 % par mois, mais il n'a pas dollarisé, il n'a pas fermé la Banque centrale et le peso n'est plus un « excrément ». La formule appliquée par le ministre de l'économie, Luis Caputo, était plus orthodoxe : zéro émission et décalage du taux de change. En d'autres termes, il a progressivement vidé le marché du peso et maintenu le dollar à distance avec un taux de change qui augmente de 1 % par mois et des obstacles au libre échange de devises, le fameux « cepo ».
Les dommages collatéraux de cette stratégie ont été une flambée des prix mesurés en dollars, car l'inflation en pesos, bien qu'elle ait diminué, ne s'est pas arrêtée. Tout touriste étranger de passage à Buenos Aires peut en témoigner. Aujourd'hui, un café dans un bar de la capitale argentine coûte l'équivalent d'environ 3,5 dollars, contre 1,5 dollar à Bogota ou São Paulo, ou 2,5 dollars à Mexico ou Santiago du Chili.
Dans une comparaison de certains prix de référence, effectuée par des journalistes de EL PAÍS America et EL PAÍS Mexico, l'Argentine est le pays le plus cher de la région. Pour une heure de stationnement, un porteño dépensera 4,5 dollars par heure, contre deux dollars pour un Mexicain ou un Colombien. Il en va de même pour un litre de lait ou une canette de Coca-Cola au supermarché.
L'écart est particulièrement important pour un menu de midi dans un restaurant du centre-ville : 18 dollars à Buenos Aires, contre une moyenne de sept dollars dans le reste des grandes villes d'Amérique latine. Les prix grimpent encore plus haut dans le cas des vêtements, des voitures et de l'électronique, des secteurs qui, en Argentine, sont fortement protégés de la concurrence étrangère. Même le salaire minimum, qui n'est que légèrement supérieur à celui du Brésil et bien inférieur à celui du Chili ou du Mexique, ne compense pas cette situation.
La conséquence immédiate de la hausse des prix en dollars est que les classes moyennes et supérieures achètent le plus possible en ligne avec leurs cartes de crédit à l'étranger, maintenant que le Milei a réduit les droits de douane et facilité l'entrée des produits en provenance de l'étranger.
La photo de cet été a également vu les plages du Brésil et de l'Uruguay bondées d'Argentins fuyant les prix des stations balnéaires de leur pays, ainsi que des heures de queue aux guichets de l'immigration au Chili ou au Paraguay pour aller faire du shopping dans les centres commerciaux de l'autre côté de la frontière.
Ce n'est pas la première fois que les Argentins jouissent d'un « peso fort », comme le célèbre aujourd'hui Milei, et il a trouvé des raisons de défendre la réévaluation de cet « excrément » d'antan. L'économiste Juan Manuel Telechea, chroniqueur pour ce journal, rappelle qu'il y a eu « trois épisodes importants d'appréciation du peso » dans le passé. « Par ordre de grandeur, nous avons celui de la dictature des années 1970, suivi de la convertibilité du peso avec le dollar dans les années 1990 et, enfin et plus récemment, celui qui s'est produit pendant le second mandat de Fernández de Kirchner et une partie du gouvernement de Mauricio Macri. Cette dernière s'est terminée par une dévaluation de 50 % en 2018, après qu'un renflouement ait été demandé au Fonds monétaire international », explique-t-il.
Juan Carlos Hallak, économiste à l'université de Buenos Aires et chercheur au Conicet, prévient qu'« il y a des signes très forts d'arriérés de taux de change et à chaque fois que cela s'est produit, les comptes extérieurs ont fini par ne pas être viables ». « Les importations vont augmenter considérablement, en raison du prix relatif favorable, de la suppression des taxes et de l'élimination de nombreuses autres restrictions tarifaires et non tarifaires.
C'est une bonne chose en général, mais aujourd'hui, cela contribue à une nouvelle augmentation des importations. Et avec un taux de change qui n'est pas flexible, la balance commerciale et les comptes courants se détérioreront. Ce taux de change n'est pas viable, à moins que beaucoup de capitaux ne viennent financer un déficit croissant », explique M. Hallak.
Milei assure que, tôt ou tard, ces capitaux arriveront car l'économie va décoller et l'activité aura besoin d'investissements importants. Dans l'immédiat, il s'attend à ce que le FMI envoie un ballon d'oxygène de quelque 12 milliards de dollars pour renforcer les réserves de la Banque centrale, qui sont actuellement négatives de 6 milliards de dollars. Milei a déclaré dans une interview lundi que l'accord « ne manque que l'arc » et qu'il inclura « des fonds frais ». Il a profité de l'occasion pour nier avec véhémence que l'Argentine a des arriérés de change.
La défense de la politique de change a occupé une bonne partie de la semaine de Milei, engagé dans une âpre dispute avec des économistes qu'il considère comme « econochantas », quelque chose comme « pas très sérieux », pour utiliser une traduction polie. Le week-end dernier, le président a publié une tribune dans le journal La Nación dans laquelle, avec des arguments techniques, il nie que le peso soit surévalué.
« Naturellement, dans le modèle actuel, il n'y a pas de déficit fiscal, il n'est donc pas nécessaire d'émettre pour financer le Trésor, l'inflation diminue et les réserves ont augmenté », a-t-il écrit. L'essentiel est de convaincre les investisseurs qu'il n'y aura pas de dévaluation en Argentine.
Le combat avec Cavallo, le père de la convertibilité
Le ton académique choisi par Milei pour sa chronique dominicale a duré moins de 24 heures. Dans sa croisade pour défendre sa politique économique, Milei s'est confronté lundi à un ennemi inattendu : Domingo Cavallo, ministre de l'économie de l'ultra-libéral Carlos Menem (1989-1999) et père de la convertibilité.
« C'est un imprésentable », a lancé Milei à celui qu'il considérait, il y a encore quelques mois, comme “le meilleur ministre de l'économie de l'histoire argentine”, un “héros” qu'il rêvait d'imiter.
Il se trouve que Cavallo a commis le péché de la critique. Il a soutenu sur son blog personnel que, selon lui, l'appréciation réelle du peso est de l'ordre de 20%, semblable à « celle qui existait dans les trois dernières années de la convertibilité », avant la crise du corralito de décembre 2001. « Une appréciation réelle qui a conduit à une déflation très coûteuse, car elle a transformé la récession qui avait commencé à la fin de 1998 en une véritable dépression économique », a-t-il ajouté.
Comme solution, M. Cavallo a recommandé à Milei de lever la couverture du taux de change dans un délai maximum de trois mois, avant que les effets du « peso fort » n'affectent l'industrie nationale et ne découragent les investissements à l'exportation.
Milei a relevé le gant lundi et a attaqué férocement. « Comment le dollar va-t-il augmenter si je retire tous les pesos qui flottent ? Le dollar doit tomber comme un piano. Je vais lui dire, en particulier à l'imprésentable Cavallo », a-t-il déclaré lors d'une interview. « Ce programme économique est beaucoup plus réussi que la convertibilité parce que nous n'avons pas eu besoin d'avoir une hyperinflation pour le faire », a-t-il ajouté, rappelant la crise de 1989 qui avait contraint le président Raúl Alfonsín à avancer la date de la passation de pouvoir de Menem.
Pour compléter ses attaques, Milei a ordonné quelques heures plus tard l'expulsion de Sonia Cavallo, la fille de l'ancien ministre, en tant que représentante de l'Argentine auprès de l'Organisation des États américains (OEA). « Son père ne cesse de saboter le programme économique », a averti Milei, »et on ne peut pas être à la fois dans la masse et dans le cortège. Soit vous êtes d'un côté, soit vous êtes de l'autre ».
Le président argentin Javier Milei risque d’être destitué en raison d’une promotion des crypto-monnaies qui a entraîné d’importantes pertes financières pour les investisseurs. Les dirigeants de l’opposition demandent qu’il soit démis de ses fonctions à la suite de l’approbation controversée.
Milei a d’abord recommandé $LIBRA, une obscure crypto-monnaie, sur les médias sociaux. La valeur de la pièce est montée en flèche après son approbation, atteignant près de 5 dollars l’unité. Cependant, elle a rapidement chuté à moins d’un dollar, ce qui a donné lieu à des accusations d’escroquerie. Un « rug pull » potentiel implique que les développeurs abandonnent un projet et prennent les fonds des investisseurs.
Réaction du gouvernement et controverse
L’attention internationale a été attirée sur cet incident en raison de l’implication du président argentin. Milei affirme qu’il n’était pas au courant des détails entourant $LIBRA et qu’il a supprimé son soutien initial après avoir découvert le crash. Il maintient qu’il n’avait aucun lien avec la crypto-monnaie.
Malgré les dénégations de Milei, un législateur de l’opposition a demandé une procédure de destitution, citant l’embarras national causé par cet événement. La chambre argentine de la fintech a également exprimé ses inquiétudes quant au risque d’activités frauduleuses liées à la crypto-monnaie.
https://fr.businessam.be/le-president-argentin-milei-risque-detre-destitue-a-la-suite-du-krach-des-crypto-monnaies/
En un an, le président argentin est parvenu à profondément transformer l’économie du pays et à enrayer la spirale du déclin...
Le 10 décembre 2023, après sa victoire inattendue au terme d'une campagne menée avec la tronçonneuse qui symbolisait sa volonté de rupture avec l'État péroniste, Javier Milei prenait ses fonctions de président de l'Argentine. Et ce au cœur d'une des pires crises de l'histoire du pays, que l'hyperinflation (211 %) et le surendettement public (155 % du PIB) entraînaient vers un nouveau défaut et un chaos de type vénézuélien.
Très nombreux furent ceux qui annoncèrent son échec programmé et sa chute rapide en raison de sa personnalité excentrique, du radicalisme de ses idées, de son inexpérience politique et de la faiblesse de son soutien parlementaire. Un an après, Javier Milei a tenu promesse. L'Argentine s'est profondément transformée. Elle a expérimenté la plus vigoureuse thérapie de choc depuis celle appliquée par Margaret Thatcher au Royaume-Uni.
Les dépenses publiques ont été diminuées de 44 à 32 % du PIB en quelques mois, avec des coupes claires dans les retraites, les salaires du secteur public, les subventions à l'énergie et aux transports, les aides sociales. Simultanément, des privatisations massives ont été engagées et une dévaluation de 50 % du peso a été réalisée.
Conversion accélérée du modèle étatiste
Cet ajustement d'une brutalité et d'une rapidité extrêmes a conjuré la faillite et permis de stabiliser l'économie. L'inflation a été ramenée de 27 à 2,7 % par mois, ce qui a transformé la vie des Argentins. Le déficit public a été éradiqué, passant de 5,4 % du PIB à zéro, et un excédent primaire de 1,8 % a été dégagé. Le peso a retrouvé stabilité et crédibilité.
La prime de risque sur la dette argentine a été réduite de 2 200 à 750 points de base. Plus de 20 milliards de dollars de capitaux ont été rapatriés, et 50 milliards d'investissements étrangers réalisés. Les exportations de produits agricoles, de matières premières et d'énergie ont bondi. La suppression du contrôle des loyers a permis d'augmenter l'offre locative de 30 % et de diminuer leur montant de 20 %.
Cette conversion accélérée du modèle étatiste, protectionniste et inflationniste péroniste a un coût élevé. Elle a été acquise au prix d'une récession de 3,5 %, qui sera compensée par une croissance de 5,2 % attendue en 2025, et surtout de 3,4 millions de pauvres supplémentaires, ce qui porte à 53 % de la population les indigents. Mais les Argentins imputent à juste titre la responsabilité première de la crise à la classe politique traditionnelle et maintiennent leur confiance à Javier Milei, dont le taux de popularité atteint 56 %.
En quête d'un modèle de développement durable
Au total, le président argentin a été capable d'appliquer une ligne politique très claire et cohérente, tout en effectuant les compromis indispensables. Il a renoncé à dollariser le pays et à supprimer la banque centrale pour privilégier le choix souverain de la dévaluation et de la stabilisation du peso.
Il a utilisé pleinement les pouvoirs présidentiels tout en négociant le soutien du Parlement, avec l'aide du parti libéral de Mauricio Macri, et en concluant des accords avec les 23 gouverneurs des régions dont il a cependant sabré les budgets.
À LIRE AUSSI Retrouvez l'intégralité de notre série « Argentine : Javier Milei, un an après »
Il a affiché sa proximité avec Donald Trump, qu'il a été le premier dirigeant étranger à rencontrer à Mar-a-Lago après son élection, comme avec Elon Musk, figure de proue du techno-libertarianisme, tout en normalisant les relations de l'Argentine avec ses voisins, notamment le Brésil de Lula, et en la réintégrant dans le cercle des nations développées.
Les défis qui se présentent à Javier Milei restent majeurs. Après la réussite de sa thérapie de choc, l'Argentine demeure en quête d'un modèle de développement stable et durable. Pour cela, le démantèlement du contrôle des changes et des capitaux est aussi indispensable que risqué.
Dès 2025, une échéance financière clé se présentera avec le remboursement de la première tranche de 15 milliards de dollars de l'emprunt de 44 milliards souscrit auprès du FMI. Et en octobre prochain se dérouleront les élections de mi-mandat décisives pour l'élargissement d'une base parlementaire limitée à 7 sénateurs sur 72 et à 38 députés sur 257.
Au total, en deux décennies, le néo-péronisme des époux Kirchner et de leurs affidés a ruiné et détruit l'un des pays les plus riches d'Amérique latine. En un an, Javier Milei n'a pas sauvé l'Argentine. Mais il lui a rendu l'espoir en la libérant du piège fatal du populisme.
Le salut dans la responsabilité et la liberté
La descente aux enfers et le douloureux relèvement de l'Argentine sont riches d'enseignements, notamment pour la France qui se trouve engagée sur la même voie avec la décomposition de son système productif, l'expansion incontrôlée de son État-providence et la perte de contrôle de ses finances publiques.
L'Argentine nous rappelle tout d'abord que les États peuvent faire faillite et que les premières victimes des défauts sur la dette publique sont les plus pauvres. Elle souligne que les populistes exacerbent tous les maux qu'ils prétendent combattre.
Elle montre que seules les thérapies de choc peuvent casser la spirale du déclin et remettre un pays sur la voie du développement et du progrès social, ainsi que le confirment les stratégies de rupture conduites avec succès par le général de Gaulle en France en 1958 et par Margaret Thatcher au Royaume-Uni en 1979.
Javier Milei note enfin qu'une démocratie en crise ne peut chercher son salut que dans la responsabilité et la liberté. Contrairement à la démagogie péroniste, il a dit aux Argentins la vérité sur la situation naufragée de leur pays et sur le fait qu'ils en étaient les seuls coupables.
La tradition libertarienne dont il se réclame est extrême : inspirée de l'anarcho-capitalisme de Murray Rothbard, elle voue une détestation profonde à la puissance publique, mais n'a rien à voir avec l'extrême droite, car elle récuse toute idéologie d'État et affirme le primat absolu de l'individu.
Sa devise, « Viva la libertad, carajo ! » (soit « Vive la liberté, putain ! »), sonne de manière provocatrice. Elle dessine pourtant la seule solution crédible à l'interminable et tragique chute de la France depuis plus de quatre décennies et la seule qui n'ait jamais été essayée.
Quel bilan après un an de tronçonneuse en Argentine ? Il faut revenir sur la personnalité du nouveau Président, Javier Milei. Économiste de formation, il fait sensation en 2019 avec son personnage de super-héros : « le général Ancap », pour « anarcho-capitaliste ». Cinq ans plus tard, l’excentrique libertarien, adepte de l’école autrichienne, école de pensée économique ultralibérale, succède à Alberto Fernandez issu de la traditionnelle gauche péroniste. La rupture est totale.
Une situation économique héritée catastrophique
Une réussite économique ne se mesure pas en termes absolus, mais relatifs. Il faut donc qualifier la situation héritée par le nouveau Président : en un mot, catastrophique ! On l’a oublié mais au début des années 30, l’Argentine faisait partie des 7 pays les plus riches du monde. Économie formidablement prospère, son PIB par tête était au niveau de celui de la France jusqu’au milieu des années 50, il est vrai marqué par les séquelles de deux guerres. En 2023, il en représentait nettement moins que la moitié, tombé au 67? rang mondial, coincé entre la Russie et la Bulgarie. Il faut y voir le fruit de décennies d’errements économiques. Finalement, à la prise de fonction de Milei, l’économie argentine c’est : une croissance négative, une inflation supersonique à plus de 200%, des finances publiques dégradées avec un déficit budgétaire supérieur à 5% du PIB et une dette à plus de 155%, des comptes extérieurs dans le rouge, un peso dévalorisé et, pour couronner le tout, des réserves de change qui ont fondu comme neige au soleil. Bref, c’est la crise économique, la plus grave depuis 2001 !
Une reprise économique spectaculaire, mais à quel prix ?
Un an après, en matière budgétaire, un assainissement des finances a été opéré et le solde public est passé au vert sur les 9 premiers mois de l’année. L’inflation mensuelle est tombée à 2,7%. C’est très élevé pour les standards européens, mais c’est le taux le plus bas depuis trois ans et la tendance est bonne. Tout un symbole : la fin du contrôle des loyers à Buenos Aires a entraîné un doublement de l'offre locative et a fait baisser le montant des loyers. Quant aux comptes extérieurs, ils sont rétablis et à nouveau en excédent. Le rebond de l’économie est aussi perceptible depuis le 2? trimestre et la croissance argentine devrait connaître un fort rebond en 2025 avec un PIB en hausse de 5% selon le FMI. Sur le papier, la copie rendue est parfaite, si ce n’est que ces bons résultats ont un coût social extraordinairement élevé.
L’amélioration des comptes publics est indéniable mais elle s’explique en grande partie grâce à une véritable décapitation des dépenses publiques : plus de 33 000 emplois publics ont ainsi été supprimés en moins d’un an, et cela va continuer (la cible étant de 50 000). Mais c’est aussi une diminution drastique des dépenses sociales avec des coupes budgétaires dans l’éducation, la santé et les services sociaux. Vient également s’ajouter le gel des projets d’infrastructures et la suspension des chantiers publics avec, à la clé, des milliers d’emplois perdus dans la construction. Et la liste ne s’arrête pas là : la fin des subventions pour les transports et l’énergie entraîne des augmentations de coûts pour le consommateur, et c’est enfin la réduction des transferts fédéraux aux provinces. Résultat du passage de la tronçonneuse, la situation sociale s’est considérablement dégradée. Selon les standards du pays, le taux de pauvreté a grimpé de moins de 42% au second semestre 2023 à près de 53% sur les 6 premiers mois de 2024, soit plus de 1 sur 2. En un semestre, 5,2 millions d’Argentins auraient ainsi basculé dans la pauvreté.
Les hydrocarbures, une bouée de sauvetage
Trop doser un remède de cheval, tue le cheval. Mais le Président dispose d’un atout pour mettre de l’huile dans les rouages ou plutôt du pétrole et du gaz de schiste. La découverte en Patagonie du gisement de Vaca Muerta, l’un des plus vastes au monde, est récente (2010). Ce sont ses prédécesseurs qui l’ont développé et mis en exploitation mais la montée en puissance et ses bénéfices c’est maintenant : 400 000 barils produits par jour (1 million prévu d’ici 2030), la tendance est la même pour le gaz et les contrats pleuvent pour développer les infrastructures et approvisionner les pays voisins. La martingale des hydrocarbures est peut-être finalement ce qui sauvera l’Argentine.
Alexandre Mirlicourtois 09 12 24
https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-Argentine-massacre-a-la-tronconneuse-un-an-apres_
Argentine: la récession s’installe, le chômage augmente
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Argentine a enregistré une forte contraction de 5,1% en glissement annuel au cours du premier trimestre, tandis que le chômage frappe désormais 7,7% de la population, selon les chiffres officiels publiés lundi.
D’après l’institut de statistiques Indec, le PIB a chuté de 2,6% lors du premier trimestre par rapport au quatrième trimestre 2023.
https://www.20min.ch/fr/story/leco-en-bref-uniqlo-accuse-shein-davoir-copie-son-mini-sac-star-103021435
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Javier Milei: dernière chance de l'Argentine - Michel Santi
https://michelsanti.fr/deregulation/javier-milei-derniere-chance-de-largentine
Javier Milei: dernière chance de l’Argentine...Nombre de pays ont décidé de ne plus utiliser leur monnaie mais d’adopter le dollar américain comme standard d’échanges. Pour certaines économies mal gérées, rongées par la corruption, l’abandon de la monnaie nationale est souvent le dernier recours avant la liquéfaction
En Argentine, une révolution économique est en marche. Sous l'impulsion de nouvelles mesures de déréglementation, le pays ouvre la voie à des transactions innovantes, et notamment en crypto-monnaies et en produits alimentaires.
Révolution en Argentine ! La semaine prochaine marquera le début d'une ère nouvelle pour l'économie argentine avec des mesures pour le moins audacieuses en matière de déréglementation. L'une des annonces les plus marquantes concerne la possibilité de réaliser des transactions pouvant prendre différentes formes de valeur, rapporte elciudadano.com, le 22 décembre 2023. L'annonce officielle a été faite par Diana Mondino, la ministre argentine des Affaires étrangères. Dans un message sur les réseaux sociaux, elle a déclaré : «L'Argentine se positionne résolument dans l'avenir des transactions. Les accords peuvent désormais être conclus non seulement en Bitcoin, mais également en d'autres formes de valeur, telles que des produits alimentaires essentiels.»
Face aux interrogations quant à la légalité de ces transactions, le chancelier argentin a tenu à rassurer tout le monde. Il a rappelé que la réforme récente du Code civil et commercial autorise cette évolution. Sous le décret du président en fonction, Javier Milei, l'article 766 a été modifié pour assurer que la valeur spécifiée dans un contrat est garantie, que ce soit en monnaie traditionnelle ou en d'autres formes d'actifs.
Le troc n’est pas nouveau en Argentine
L'Argentine a déjà exploré le concept de troc dans le passé. Au cours de la crise économique de 2001, sous la gouvernance de Fernando de la Rúa, le troc est devenu une méthode courante d'échange, en particulier dans les régions transandines. Cette expérience passée a sans doute influencé la décision actuelle de l'Argentine d'embrasser davantage de diversité dans ses transactions. L'intégration des crypto-monnaies et d'autres actifs tangibles dans le cadre de l'article 766 soulève également de nombreuses questions.
Pierre Fougères
Un candidat d'extrême droite à la tête de la troisième puissance d'Amérique latine : dimanche, Javier Milei, 53 ans, a été élu à la tête de l'Argentine en proposant une thérapie de choc face à l'inflation record dans le pays. «L'Argentine a depuis des décennies un déficit budgétaire important : une forte culture d'attentes sociales, mais peu de croissance, donc des dépenses qui ne sont plus finançables», résume l'historien Roy Hora, du centre de recherche Conicet. Le «traitement de choc» promis pour équilibrer les comptes vise à réduire à la «tronçonneuse» la dépense publique (de 15%), et des privatisations, pour parvenir à la discipline budgétaire requise par le FMI, auquel le pays s'éreinte a rembourser un prêt de 44 milliards de dollars octroyé en 2018. Il prône aussi la fin des subventions chroniques (transports, énergie), une libéralisation des prix, la suppression des taxes à l'export.
Javier Milei préconise «un ajustement beaucoup plus dur» que celui demandé par le FMI. Cette volonté de tarir la dépense publique soulève le problème de l'impact social, dans un pays où 40% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et 51% reçoivent une forme d'aide ou subside. «La douleur sera aigüe et largement ressentie s'il y a un vrai plan de stabilisation, et il n'est pas dit que les Argentins en voient le bon côté», prédit Benjamin Gedan, spécialiste de l'Argentine au think tank américain Wilson Center. «Javier Milei apporte avec lui un ingrédient de confrontation politico-sociale, un discours belliqueux, agressif, d'ajustement envers des secteurs, telle la fonction publique, à forte capacité de mobilisation», estime Gabriel Vommaro, politologue à l'université San Martin. «Avec, peut-être, une voie répressive, dont on ne sait pas comment elle pourrait finir».
Nécessite de «dollariser» l'économie
La dollarisation de l'économie, pour laisser mourir de sa belle mort un peso argentin en constante dépréciation, est une clef du programme du futur président pour «assécher» l'inflation. Mais comment dollariser un pays en manque de réserves de change, de dollars ? Facile, dit le camp Milei : utiliser les dollars que les Argentins économisent depuis des années sous l'oreiller. Le pays «est le troisième au monde en quantité de dollars physiques» détenus. Il s'agirait de leur redonner la confiance et la possibilité de les utiliser. Mais face à un taux de change officiel considéré comme irréel (369 peso pour un dollar), les «choses pourraient déraper hors de contrôle» d'ici à l'investiture le 10 décembre. Dévaluation ? Inflation accrue ? «S'ouvre un période d'instabilité», pour l'analyste Ana Iparraguirre, du cabinet GBAO Stratégies.
Le parti de Javier Milei, La Libertad Avanza, était entré en 2021 au Parlement avec trois députés. Il est désormais la 3e force - 38 députés sur 257 - dans une chambre basse sans majorité absolue, mais où le bloc péroniste (centre-gauche) reste dominant (108). Des alliances, ponctuelles ou durables, seront indispensables, comme avec le bloc de droite Juntos por el Cambio (93 députés). Mais celui-ci n'a jamais paru aussi proche d'imploser, après s'être déchiré sur la question du soutien ou non à Javier Milei au second tour. Il devra rebâtir des relations avec des pays-clefs pour lesquels il a eu des mots très durs, notamment le Brésil de Lula, la Chine, les deux premiers partenaires commerciaux de l'Argentine. «Je ne ferai pas d'affaires avec des communistes. Je suis un défenseur de la liberté, de la paix et de la démocratie», a déclaré Javier Milei pour qui ses alliés sont «les Etats-Unis, Israël et le monde libre». Le président brésilien Lula, qu'il avait traité de «communiste corrompu», lui a souhaité dimanche «bonne chance et réussite».
Changement sur les Malouines ?
En revanche, il pourrait apporter un ton nouveau sur la question des îles Malouines, où il s'est dit disposé à négocier, non pas la souveraineté argentine, mais une solution à long terme du type de celle qui mena à la rétrocession de Hong Kong à la Chine (1997). Pour la première fois en 40 ans de démocratie, un consensus sur le legs de la dictature (1976-1983) s'est fissuré lors de la campagne, avec la négation par Javier Milei du bilan de morts et disparus (30 000 selon les organismes de droits humains). «8 753», selon lui. Sa référence à une «guerre» (entre guérillas de gauche et Etat) plutôt que «dictature» pour qualifier cette époque, a choqué. Comme sa demande d'une justice «équitable» pour les militaires actuellement en détention préventive (une centaine) dans le cadre des 360 procédures en cours pour crimes pendant la dictature dérange.
L'héritage de la dictature, sujet hyper-sensible, a jusqu'à présent été épargné par les divisions partisanes. Une rupture pourrait, là aussi, donner matière à mobilisations. Tout n'est pas que problème pour le futur président Milei. 2024 devrait, en théorie, offrir une manne bienvenue : la sécheresse historique de 2022-2023, la pire en un siècle, liée au phénomène La Niña, avait privé le pays, agro-exportateur par excellence, de quelque 20 milliards de dollars de recettes. Ils seront bienvenus. Aidera, aussi, la montée en puissance progressive du gazoduc, inauguré cette année, du gisement de gaz et de pétrole de Vaca Muerta, qui devrait faire économiser quelques 10 milliards de dollars par an d'importations d'énergie, selon l'économiste Elizabeth Bacigalupo du cabinet Abeceb.