la gazette des pollutions

Publié le par ottolilienthal

À bout de souffle : les expats fuient la pollution de Delhi...

New Delhi suffoque. Entre ambassades qui s’adaptent et familles qui fuient, la pollution oblige expatriés et locaux à des choix drastiques, explique “The Indian Express”, sur place, et “Business Standard”, de Bombay...

L’air toxique de New Delhi force expatriés et habitants à prendre des mesures radicales. L’indice de qualité de l’air (IQA) est jugé bon entre 1 et 27, acceptable entre 28 et 49 et mauvais à partir de 50. Dans la capitale indienne, l’IQA dépasse fréquemment les 400. Entre migrations temporaires et départs définitifs, les répercussions sur les communautés étrangères comme sur les locaux qui ont les moyens de partir sont palpables, tandis que les solutions tardent à émerger, explique Business Standard, de Bombay.

Caroline Gabriel, une Australienne vivant à Delhi, a temporairement quitté la ville pour protéger sa santé. “Je prévois de revenir le mois prochain, quand les niveaux d’IQA s’amélioreront”, confie-t-elle au quotidien. Cette stratégie n’est pas isolée : beaucoup d’expatriés organisent des escapades durant les pics de pollution. Christopher Elms, porte-parole de l’ambassade américaine, précise : “Certains planifient leurs vacances dans des régions comme Goa, Kerala ou les stations de montagne.”

Les ambassades elles-mêmes adaptent leurs pratiques. L’ambassade des États-Unis a instauré un conseil de la qualité de l’air, installé des capteurs dans ses véhicules et offert la possibilité de travailler à distance. Les ambassades suisse et britannique ont pris des mesures similaires.

Cette situation désespérée touche aussi les résidents locaux. Jyoti Pande Lavakare, autrice de Breathing Here Is Injurious to Your Health (2020 ; “Respirer ici est mauvais pour votre santé”, inédit en français), a déménagé à Goa pour quelques mois : “À Coonoor [une ville du Tamil Nadu située à 1 850 mètres d’altitude], l’IQA était de 2. Ce n’est pas juste d’être poussé hors de chez soi à cause de l’air.”

Mais, pour beaucoup, l’exil reste complexe et coûteux. Lavakare donne l’exemple de son père : “Âgé, il ne peut pas voyager. Sa chambre est une bulle d’air pur où il reste enfermé tout l’hiver.” Sur le réseau social X, un médecin résident senior de l’All India Institute of Medical Sciences (AIIMS, le plus important CHU de New Delhi) a même déclaré :

“Si vous le pouvez, fuyez Delhi ! Vous me remercierez plus tard, dans quelques années.”

À Gurgaon, dans la périphérie de New Delhi, The Indian Express est allé à la rencontre des communautés japonaise et coréenne, qui semblent particulièrement affectées. Kenji Hirose, chef cuisinier japonais, compare : “À Tokyo, l’air était mauvais, mais des mesures ont été prises. L’Inde peut s’inspirer de la Chine, qui a réussi à améliorer la situation.” Son compatriote Kodai Miyao, traducteur du japonais a, lui, vu son asthme se transformer en pneumonie récemment et constate que de nombreux Japonais et Coréens rentrent dans leur pays pour l’hiver, lorsque la pollution est maximale. “Le problème nécessite une attention urgente, car chaque année des gens souffrent, mais le gouvernement ne fait rien”, explique-t-il.

La situation est critique. Les écoles ferment, les bureaux fonctionnent à moitié en télétravail, mais les solutions de fond manquent. “C’est la même chose chaque année. Après l’hiver, les gens vont à nouveau ignorer le problème”, regrette un restaurateur coréen. Pourtant, la pollution de Delhi dépasse la simple crise sanitaire : elle redessine les dynamiques sociales, réservant le droit à un air pur aux plus privilégiés, en mesure de partir. Pour les autres, le quotidien reste synonyme de compromis et de dangers

 

Des pipelines abandonnés sur le point de créer une catastrophe écologique en mer du Nord

En cause notamment, la libération de mercure dans l'eau.

La mer du Nord est une bombe à retardement. Alors que dans certains pays, comme l'Australie, les entreprises sont tenues de retirer les oléoducs et gazoducs une fois que les puits de pétrole cessent de fonctionner, en mer du Nord, cette contrainte n'existe pas. Les entreprises sont autorisées à les laisser pourrir.

Résultats, nombre d'entre eux, en ruines et à l'abandon, seraient en train de libérer dans l'eau toutes sortes de produits toxiques, tels que du mercure, du plomb radioactif et du polonium, rapporte The Guardian. Un danger majeur pour la faune et la flore.

Conséquences dramatiques

Ce qui inquiète particulièrement les scientifiques, notamment Lhiam Paton, chercheur à l'Institut de chimie analytique de l'Université de Graz, c'est la pollution au mercure, métal présent naturellement dans le pétrole et le gaz, et qui s’accumule au fil du temps à l’intérieur des pipelines. Une accumulation qui finit par être rejetée dans la mer lorsque ces derniers se corrodent.

Au total, les quelque 27.000 km de gazoducs dans la mer du Nord pourraient engendrer une augmentation de ce métal dans la mer de 3 à… 160%, estiment les scientifiques. Même en tablant sur une légère augmentation, les conséquences pourraient être dramatiques.

Le mercure est une toxine particulièrement pernicieuse. Elle peut s'accumuler dans le cerveau des animaux -notamment des dauphins, baleines et phoques-, entraînant des échecs de reproduction, des changements de comportements et la mort. Une autre substance inquiète particulièrement: les matières radioactives naturelles, présentes dans certains réservoirs de pétrole et de gaz sous le fond marin.

Aujourd'hui, il reste difficile de prédire l'impact exact de ces pipelines abandonnés, car très peu de recherches ont été effectuées sur le long terme. En attendant, en janvier 2024, l'Autorité de transition de la mer du Nord a annoncé que 24 nouvelles licences pétrolières et gazières avaient été proposées à des sociétés.

 

 

 

Ernest Ginot -

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