tourisme niouzes

Publié le par ottolilienthal

Les manifestations contre les touristes en Espagne se propagent dans tout le pays...

Bien que la haute saison touristique du mois d’août soit passée, l’Espagne reste confrontée au problème du surtourisme, les visiteurs recherchant le soleil de l’hiver. Ce problème s’étend au-delà des mois d’été, alimentant des manifestations et des protestations dans diverses régions..

Des manifestations ont éclaté dans tout le pays, notamment à Saint-Sébastien, à Séville et dans les îles Canaries. Les manifestants expriment leurs inquiétudes quant aux effets négatifs du tourisme sur leurs communautés, en soulignant des problèmes tels que l’augmentation du coût des loyers et la pression exercée sur les services publics.

Inquiétudes et revendications croissantes

Ces sentiments reflètent un changement d’attitude plus général à l’égard du tourisme en Espagne et en Europe. Le boom des voyages qui a suivi la pandémie s’est traduit par un nombre record de visiteurs, et les projections indiquent une poursuite de la croissance. Si le tourisme contribue de manière significative à l’économie espagnole, en générant des emplois et des revenus, il suscite également des inquiétudes quant à sa durabilité et à son impact sur les résidents locaux.

Les critiques affirment que le modèle actuel donne la priorité à la satisfaction à court terme des visiteurs plutôt qu’aux besoins des résidents permanents. Ils soulignent la prédominance de l’industrie du tourisme dans l’aménagement des villes, le déplacement des habitants en raison de l’augmentation du coût du logement et la marchandisation des espaces publics. Les manifestants réclament une évolution vers des modèles touristiques plus durables et plus équitables, qui profitent à la fois aux visiteurs et aux résidents.

Réponses du gouvernement et critiques

Les autorités répondent à ces préoccupations par diverses mesures. Barcelone prévoit d’interdire les locations touristiques de courte durée d’ici 2028, Palma de Majorque a plafonné les arrivées de bateaux de croisière et Tenerife a mis en place des limites de visiteurs dans les parcs naturels. Séville introduira une taxe pour l’accès à la Plaza de España. Toutefois, les manifestants estiment que ces mesures sont insuffisantes et réclament des changements plus fondamentaux pour s’attaquer aux causes profondes de leurs griefs.

Le débat sur l’avenir du tourisme en Espagne met en lumière un dilemme complexe auquel sont confrontées de nombreuses destinations dans le monde : trouver un équilibre entre les bénéfices économiques et la préservation des communautés locales et des identités culturelles.

 

Tous les ministres en charge du secteur le claironnent : la France est championne du monde du tourisme. C’est pourtant totalement faux, c’est une imposture, elle ne domine même pas le palmarès européen. Tous s’appuient sur le même chiffre trompeur : le nombre de touristes étrangers arrivés sur le territoire. Un peu plus de 89 millions en 2023, aucun pays n’a fait mieux.


Une offre touristique exceptionnelle, mais...


C’est quand même un drôle de chiffre. Certes, la France, avec l’Italie, dispose d’un patrimoine culturel unique au monde. Le pays bénéficie aussi de deux formes de tourismes de loisirs, balnéaire et de sports d’hiver grâce à son domaine skiable hors normes, auxquels il faut encore ajouter le tourisme d’affaires. C’est un fait objectif, l’offre de la France en matière touristique est complète, ce qui est exceptionnel. Mais de là à caracoler en tête, notamment devant les États-Unis ou la Chine qui bénéficient pourtant d’un sérieux effet de taille, c’est étrange.


La France est en fait un pays de passage. Nombre de vacanciers d‘Europe du Nord et de l’Est ne font que la traverser le plus vite possible avant de rejoindre leur destination finale, en l’occurrence l’Espagne, le Portugal ou l’Italie. Ils dépensent peu et leur principal budget est celui du carburant et des péages. D’après les estimations de l’Insee, 20% des touristes ne feraient que traverser la France. Et, selon la Direction générale des entreprises, seule la moitié des touristes y passeraient au moins 3 nuits.


Faire face à la réalité des chiffres


Bref, notre chiffre de fréquentation fait de la « gonflette ». Cela devient une évidence, dès lors qu’il est rapproché de celui des recettes touristiques. En centrant l’analyse uniquement sur les pays européens, la France passe alors nettement en dessous de l’Espagne dont les dépenses effectuées par les visiteurs étrangers sont 33% plus élevées. Sur cet indicateur, l’Hexagone est plus proche de l’Italie en 3ème position. Ce classement en termes de dépenses réalisées par les visiteurs étrangers est encore très flatteur. Il faut a minima le compléter. D’abord en le rapprochant des dépenses des Français réalisées à l’extérieur des frontières. C’est une chose d’attirer la clientèle internationale, c’en est une autre de satisfaire la demande domestique. Or, les Français partent à l’étranger et y dépensent même beaucoup. Parmi les Européens, ils se placent dans le top 3 des plus dépensiers derrière les Allemands et les Anglais. Le solde touristique donne alors son verdict. Si l’Espagne est hors concours, la France tombe de son piédestal et glisse à la 5ème place, coincée entre la Grèce et la Croatie. Les recettes touristiques sont aussi à mettre en rapport avec le nombre de touristes pour dégager un chiffre d’affaires moyen par visiteur. C’est un indicateur de performance. Il faut alors piocher dans le top 15 pour retrouver la France tombée à la 13ème place.


Un potentiel touristique sous-exploité


Si l’écart des prix relatifs entre pays peut expliquer certaines positions, le classement de la France renvoie l’image d’un pays qui sous-exploite son potentiel touristique. Impression confirmée, dès lors que les recettes sont rapportées au PIB pour gommer les effets de taille des pays. Deux pays se détachent : le Monténégro et la Croatie. Avec Chypre et Malte, il s’agit de petites économies mono-spécialisées sur le tourisme. Toutefois, le classement de la France détonne. Il faut plonger à la 22ème position pour la retrouver, coincée entre la Lituanie et la Pologne. S’il est difficile de comparer des petites économies hyperspécialisées avec d’autres dont la base sectorielle est plus large, la France ne tient pas son rang et se situe nettement derrière l’Espagne, mais aussi l’Autriche, destination phare hivernale ou bien encore l’Italie.


Il faut l’admettre, nous ne sommes ni les premiers, ni les meilleurs et il faut sortir de l’autosatisfaction. À trop se focaliser sur le nombre d’arrivées, les faiblesses en termes d’accueil et de services sont masquées tout comme cette évidence : loin des cocoricos, la France sous-exploite son potentiel touristique.

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