Doggerland, le signal d'alarme qui vient du passé....

Publié le par ottolilienthal

Une terre de l'âge de pierre engloutie sous la mer du Nord révèle les secrets d'une civilisation disparue...

À 20 mètres de profondeur, des archéologues ont découvert de nombreux objets qui témoignent du danger du réchauffement climatique...

Et si une civilisation de l'âge de pierre dormait sous la mer du Nord? C'est précisément ce que des archéologues viennent de mettre au jour. Grâce à des recherches menées à 20 mètres de profondeur, ils ont exhumé près de 100 objets en silex, fabriqués par des humains de l'âge de pierre il y a environ 15.000 ans avant J.-C. Cette trouvaille provient de Doggerland, une vaste étendue de terres qui reliait autrefois la Grande-Bretagne au continent européen.

Doggerland abritait à l'époque des communautés de chasseurs-cueilleurs vivant principalement de la pêche, de la chasse aux cerfs et aux sangliers, et de la collecte de coquillages. Inondée entre 10.000 et 7.500 ans avant J.-C. par une montée rapide du niveau des eaux, cette région est aujourd'hui une pépite archéologique. Les travaux, dirigés par l'Université de Bradford, offrent une fenêtre inédite sur une époque largement effacée par le temps –et le réchauffement climatique. The Independent nous en dit plus.

Parmi les objets retrouvés figurent un certain nombre de petits outils coupants en silex, ainsi que des dizaines de paillettes de silex provenant de la fabrication d'outils. Ils ont été récupérés sous la mer à trois emplacements distincts, tous situés près d'estuaires aujourd'hui submergés. Ces sites, à quelques kilomètres au large de la côte du comté de Norfolk, en Angleterre, devraient livrer des centaines d'objets supplémentaires qui commenceront à révéler comment vivaient les habitants de cette terre perdue.

Certaines parties du fond de la mer du Nord sont d'une importance archéologique considérable car elles ont été relativement épargnées par l'humain depuis qu'elles ont été inondées. Or, sur terre, les établissements néolithiques, de l'âge du bronze, de l'âge du fer, romains, médiévaux et modernes, ou encore les routes, l'activité forestière et l'agriculture, ont détruit d'énormes quantités d'objets des premiers temps de l'humanité.

Tragique mise en garde

De fait, ce coffre aux trésors préhistoriques cache une histoire tragique et une mise en garde. En l'espace de 1.500 ans (de -8.000 à -6.500), une zone presque aussi grande que la Grande-Bretagne a disparu sous l'eau à la suite d'une élévation du niveau des océans provoquée par une période de réchauffement climatique intense. Au fur et à mesure que les terrains de chasse étaient engloutis par la mer, les générations successives d'habitants de la région ont dû quitter leurs terres traditionnelles.

«Nos recherches au fond de la mer du Nord ont le potentiel de transformer notre compréhension de la culture de l'âge de pierre dans et autour de ce qui est aujourd'hui la Grande-Bretagne et le continent proche», affirme le responsable de l'enquête archéologique sur la mer du Nord, le professeur Vince Gaffney du Submerged Landscape Research (centre des paysages submergés) de l'Université de Bradford.

Plus encore, les futurs travaux archéologiques devraient permettre de comprendre comment ce drame s'est déroulé. Néanmoins, une chose est déjà certaine: ce qui est arrivé au monde préhistorique britannique perdu de la mer du Nord est un avertissement clair pour les humains du XXIe siècle quant aux conséquences du réchauffement climatique moderne.

 

Solveig Blakowski

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