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Publié le par ottolilienthal

Crise institutionnelle, tensions sociales, fractures politiques, défaillances d’entreprises à un niveau record, chômage qui repart. Le « malheur » français fait la Une des journaux, mais aussi du 13h et du 20h. Pourtant, une autre France existe, qui économiquement va bien, qui traverse les crises sans dommage, sans véritable casse. Pour la dénicher, il faut une grille d’analyse. Elle comporte trois entrées.

Les revenus stables protègent du cycle économique

La première : la source de revenu. Une part importante de la population dispose de ressources financières régulières, totalement déconnectées du cycle économique. C’est le cas des retraités, et ils sont nombreux : 17,2 millions de personnes perçoivent une pension de retraite de droit direct d’au moins un régime, soit 17% de l’ensemble de la population. Leur niveau de vie médian, 2 030 euros, est égal à celui des actifs. Certes, la moitié touche moins, et 20% disposent de moins de 1 160 euros par mois, mais les plus aisés disposent de plus de 3 600 euros. Les pensions sont en grande partie indexées sur l’inflation, ce qui protège leur pouvoir d’achat. Les effectifs de la fonction publique sont également à l’abri des soubresauts de l’économie : près de 6 millions d’agents travaillent dans la fonction publique, soit 8,5% de la population, et bénéficient d’une rémunération assurée entre 2 254 euros net mensuel dans la fonction publique territoriale et 2 886 euros dans la fonction publique d’État. À cela s’ajoutent les salariés des grandes entreprises publiques (SNCF, RATP, EDF, La Poste, France Télévisions, Aéroports de Paris).

Des secteurs privés qui prospèrent malgré tout

La deuxième porte d’entrée : les employés du privé des secteurs qui prospèrent en période de crise ou qui résistent parfaitement. Ces derniers sont de trois sortes. Il y a d’abord les activités « contracycliques », qui répondent aux besoins spécifiques créés ou accentués par les difficultés économiques. S’y retrouvent pêle-mêle tous les spécialistes de la gestion du poste client/fournisseur : affacturage, assurance-crédit, recouvrement... Les spécialistes du « restructuring » ou les cabinets d’outplacement, lesquels accompagnent les salariés à la suite d’un licenciement. Davantage en prise directe avec les particuliers en proie aux difficultés financières, les huissiers et les professionnels du rachat de crédits font partie de ce groupe, auquel il faut aussi adjoindre les secteurs qui « surfent » sur la crise. Il s’agit notamment de tous les secteurs liés à la sécurité, le sentiment d’insécurité s’accroissant avec les difficultés économiques.

Les résistants et les offensifs d’avenir

La deuxième catégorie des secteurs « gagnants » est celle des « résistants ». Il s’agit notamment des secteurs imperméables, en partie, à l’état de la conjoncture, parce que leur activité est récurrente, voire rendue obligatoire par la réglementation ou dictée par la loi : contrôle technique de véhicules, syndic d’immeuble, commissaires aux comptes. Les professionnels dont la fonction répond à la satisfaction de besoins élémentaires en font partie, comme les services funéraires, mais aussi les professions dont l'activité implique une fabrication longue générant un phénomène de file d'attente : ferroviaire, naval, aéronautique. Ultime catégorie : les « offensifs d’avenir », qui regroupent les secteurs d’activité qui, malgré la crise, progressent en profitant des transformations structurelles de la société (vieillissement de la population qui stimule le secteur de l’aide à domicile ou des résidences médicalisées, par exemple).

La troisième porte d’entrée est celle des professions en tension : cuisiniers, ingénieurs, spécialistes des technologies numériques et de l’intelligence artificielle, dont les compétences irriguent tous les secteurs. La France heureuse. Et si c’était elle, la majorité silencieuse ? Pas forcément une bonne nouvelle : en creux, cela signifie que les ajustements douloureux s’effectuent sur une minorité dont le ras-le-bol peut s’exprimer violemment.

 
Alexandre Mirlicourtois

Publié le jeudi 16 octobre 2025

https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-Cette-France-qui-va-bien-sans-bruit

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