Impressions de West Point
La confiance du public dans le gouvernement américain est à son plus bas niveau en 2023-2024. Moins de 20 % de la population américaine est favorable à un retour à la conscription, similaire à celui auquel nous avons assisté pendant la guerre du Vietnam. Les gens doivent se soucier des motivations d’une guerre avant d’être prêts à y mourir. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui. Au-delà de cela, nous devons prendre en compte qui sont les combattants de la guerre : qui l’Amérique envoie-t-elle généralement combattre et mourir ?
Dans le passé, ce sont toujours les conservateurs majoritaires qui se sont ralliés à la cause ; les gens qui avaient la capacité mentale et physique de se battre ainsi que la motivation patriotique. Ce sont les soldats de première ligne – et non ceux de l’arrière. Pas les logisticiens. Pas les mécaniciens, les cuisiniers et les gens qui travaillent à un bureau ; les gars qui appuient réellement sur la gâchette.
L’armée américaine a passé la majeure partie des sept dernières années à éloigner les conservateurs du service militaire au profit d’une idéologie éveillée et de la propagande du DEI. Alors, qui reste-t-il pour mener les vrais combats ? Eh bien, qu’en est-il des progressistes ?
Comme les groupes de réflexion de DC le savent bien, l'indignation des médias sociaux face à la simple mention d'un nouveau projet montre clairement que la génération Z ne se conformera pas à la conscription. Les progressistes sont terrifiés par cette idée tandis que les conservateurs sont très méfiants.
Sans oublier que 70 % de la génération Z est de toute façon physiquement ou mentalement inapte à répondre aux normes de formation de base.
Et si on ajoutait des femmes au projet ? Cela ne double-t-il pas le bassin de conscription ? Non, cela affaiblit en fait le bassin de conscription, car pour recruter des femmes dans des rôles de combat, il faudrait abaisser considérablement les normes de formation de base. Comme le Corps des Marines l’a découvert en expérimentant des unités mixtes, l’inclusion des femmes dans des rôles de combat réduit considérablement les performances des unités.
Toute armée qui envoie un grand nombre de femmes en première ligne perdra gravement.
Les hommes qualifiés pour se battre sont pour la plupart des conservateurs et ils ne feront pas la guerre pour l’administration actuelle. Ils ne vont certainement pas mourir pour l’Ukraine et je doute que beaucoup soient intéressés non plus à mourir pour Israël. S’ils mènent une guerre, ce sera ici, chez eux, pour éliminer les fonctionnaires fantoches omniprésents et corrompus ainsi que leurs maîtres fantoches mondialistes.
Brandon Smith (extrait)
Les cadets de West Point constituent, depuis l'origine des Etats-Unis, l'élite de l'armée américaine : il faut donc rencontrer ces jeunes gens et jeunes filles qui, demain, combattront pour l'Amérique et certainement au-delà de ses frontières.
Les cadets sont sérieux, disciplinés, studieux, beaucoup plus que les étudiants de leur âge dans les universités civiles. Le niveau intellectuel est élevé, la capacité de s'exprimer est impressionnante. On leur parle (en l'occurrence, de la Chine), ils prennent tout en notes et posent de bonnes questions. Ils ne sont pas représentatifs de la société américaine : presque tous sont issus des Etats du Sud et tous semblent très religieux. La Bible et la patrie se confondent aisément, semble-t-il. De même que se confondent la défense des valeurs américaines et celle du "monde libre". Encore faut-il désigner l'ennemi.
On s'attendrait à ce que soient évoqués l'Islam, l'Iran. Mais le Moyen-Orient apparaît pour cette génération tel un combat du passé, en voie de s'achever, voire anecdotique. La nation qui à l'horizon, seule, ferait ombrage au gendarme américain, c'est la Chine. Ce pourquoi, j'ai été convié à en parler.
La Chine est encore un nain militaire et économique, par comparaison avec la capacité d'innovation aux Etats-Unis et la puissance de feu américaine. Mais les cadets, qui ont vingt ans, raisonnent à long terme. Ce à quoi aussi les invitent leurs professeurs.
Le chef des études, le Colonel Meese - qui fait aussi autorité dans la lutte contre le terrorisme - croit repérer, dans les initiatives chinoises, une vaste ambition géopolitique. Les investissements chinois en Afrique (Soudan), en Amérique latine (Argentine) lui semblent procéder, par seulement de nécessités d'approvisionnement en matières premières, mais de la constitution d'un réseau d'alliés futurs, avec des régimes politiques peu acquis à la démocratie.
Comme dans un jeu de go, à l'échelle de la planète, chacun s'emploie à encercler, contourner l'autre. Les Américains créent autour de la Chine un "cordon sanitaire" qui passe par l'Inde, le Vietnam, le Japon, les Philippines, la Corée du Sud. Les Chinois échappent au filet en posant des jalons par-delà ce cordon.
Qui est paranoïaque, qui ne l'est pas ? En principe, à écouter ses dirigeants et à compulser les statistiques, la Chine a besoin de trente ans de stabilité avant de devenir une puissance moyenne, intégralement développée. Mais les voies chinoises sont impénétrables, les processus de sélection des dirigeants et leurs intentions véritables, obscurs.
La Chine en soi n'est pas un ennemi, le Parti communiste chinois et l'armée chinoise pourraient le devenir. Ainsi que le déclare le Colonel Meese, les Américains ne préparent pas une guerre contre la Chine mais ils "gèrent" (manage) sa montée en puissance. Nul doute, en tout cas, que les cadets de West Point, quand ils auront gagné leurs galons d'officiers, ne reculeront pas : ils perpétuent la tradition martiale des Etats-Unis. La guerre pour les Américains est toujours une option, autant que la négociation, voire supérieure à celle-ci : vue de West Point, la guerre est une manière acceptable et efficace de gérer les affaires du monde.
Guy Sorman
/https%3A%2F%2Falt-market.us%2Fwp-content%2Fuploads%2F2024%2F07%2FNoAmount1.jpg)