zone euro...

Publié le par ottolilienthal

Dans le cas de l’Europe, deux facteurs aggravent la situation...

Premièrement, les dirigeants européens ont collectivement tourné le dos à leur plus grand fournisseur d’énergie relativement bon marché. 

Deuxièmement, les gouvernements sont obsédés par le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables.

Les résultats des élections – et même les conversations occasionnelles – indiquent que les populations sont largement d’accord avec ces deux politiques, de sorte qu’il ne sert à rien que ces populations se plaignent des effets négatifs.

N’oublions pas que tout cela est dû à la baisse de l’énergie nette par habitant.

(commentaire sur le blog de Tim Morgan)

L'Europe au bord du précipice...

 

L'échec des pourparlers de « paix » à Londres mercredi précipitera à terme un krach financier en Europe et au Royaume-Uni, catalysant une explosion de l'inflation et une dépression économique.

Les « pourparlers de paix », qui devaient se tenir à Londres le mercredi 23 avril, ont échoué, le secrétaire d'État américain Marco Rubio et l'envoyé de Trump, Steve Wytkoff, ayant annulé leur présence. M. Wytkoff se rendra alors à Moscou pour sa quatrième rencontre avec Vladimir Poutine. Ce sera un tournant pour les puissances européennes, anéantissant leur dernier espoir de voir les États-Unis intervenir et fournir une garantie de sécurité illimitée au régime de Zelensky, ou à un autre gouvernement de Kiev aligné sur l'Occident. Je pense que cela précipitera à terme un événement capital sur le marché du crédit en Europe et déclenchera un krach irréversible sur les marchés financiers européens.

Comme je l'ai expliqué dans mon rapport du mois dernier sur le trafic de terres rares en Ukraine, le rôle américain en Ukraine était essentiel pour protéger les intérêts européens. Le 16 janvier dernier, Sir Keir Starmer s'est rendu à Kiev et a signé un partenariat de 100 ans avec Kiev. En contrepartie du soutien britannique, notamment à hauteur de 3 milliards de livres sterling par an (aussi longtemps que nécessaire), Zelensky a cédé l'essentiel des ressources et des infrastructures de l'Ukraine à des intérêts britanniques.

Pas un sou ne peut être versé…

Le butin britannique en Ukraine servirait de garantie supplémentaire pour consolider le système financier britannique, en manque de garanties. De son côté, le président français Emmanuel Macron a imaginé un plan visant à utiliser les avoirs gelés de la Russie comme garantie pour les banques françaises afin de financer la reconstruction de l'Ukraine. Mais comme l'a expliqué Boris Johnson, sans la garantie de sécurité américaine, « pas un centime ne peut être tiré de cet investissement ». Starmer a confirmé que « le filet de sécurité américain est vital ».

Le filet de sécurité américain est désormais hors de question et la Grande-Bretagne et la France, noyau dur de la « coalition des volontaires » européenne, ont dû renoncer à leur plan astucieux consistant à déployer leurs propres troupes de maintien de la paix en Ukraine, consolidant ainsi sa défaite face à la Russie. Il est donc quasiment inévitable que les conditions de la paix soient dictées par le Kremlin.

Moscou dictera les conditions de la paix

D'une manière ou d'une autre, que ce soit par la conquête militaire ou le contrôle administratif, Moscou ramènera l'Ukraine dans son orbite, et on peut s'attendre à ce que le futur gouvernement de Kiev se réaligne sur la Russie. Le rôle des intérêts occidentaux sera sévèrement réduit, voire complètement écarté, et les accords signés par Sir Kier et l'agent Zelensky seront annulés et déclarés nuls et non avenus.

Au final, pas un centime de leurs « investissements » en Ukraine ne reviendra à Londres ou à Paris. Aïe !

Un nouvel accord pour les États-Unis

Les États-Unis pourront récupérer une partie de leur investissement dans le Projet Ukraine grâce à de nouveaux accords avec la Russie, mais uniquement à des conditions mutuellement avantageuses. Cependant, il est évident que cette alternative est bien plus attractive pour les États-Unis : compte tenu des immenses richesses de la Russie en ressources naturelles, les avantages seront considérables, avec un risque de baisse quasi nul.

En revanche, fournir un filet de sécurité aux puissances européennes comporterait un inconvénient majeur et un potentiel de hausse très douteux : les États-Unis devraient assumer le coût de la sécurité et risquer une confrontation militaire avec une puissance nucléaire rivale. L'avantage, c'est le jeu de cartes des « terres rares » de Londres, brandi devant Trump par son agent Zelensky l'automne dernier.

Il était extrêmement optimiste pour la cabale Starmer-Johnson de penser pouvoir réussir cette escroquerie, Donald Trump, entre tous. Comme l'a expliqué Marco Rubio : « Le président Trump ne se laissera pas avoir. Il ne se laissera pas avoir. Il espère que Zelensky ne cherche pas à arnaquer les États-Unis, ce qui ne sera pas productif. »

Bien sûr, tout le monde comprend désormais que Zelensky reçoit ses instructions détaillées de Londres.

L'événement de crédit imminent

Sauf miracle, l'Ukraine est vouée à la défaite totale et Londres et Paris à la faillite. À un moment donné, les marchés financiers reconnaîtront la réalité et les marchés obligataires britanniques et européens s'effondreront, entraînant leurs devises. Pour l'instant, ce n'est pas encore le cas, mais un événement déclencheur imprévisible déclenchera une avalanche qui précipitera la chute irréversible des anciens régimes coloniaux de Paris et de Londres.


Substack d’Alex Krainer est une publication soutenue par les lecteurs

 

La Pologne gagne en autonomie économique et entend bien faire de même sur le plan militaire. Elle est d’ailleurs le pays européen qui en fait le plus en la matière en ayant consacré plus de 4% de son PIB à sa défense en 2024 et ambitionne d’approcher 4,7% d’ici la fin de l’année. Elle noue pour l’instant des partenariats stratégiques avec des entreprises étrangères mais à long terme est d’aller vers une autonomie stratégique et de développer une industrie de défense indépendante, capable de répondre à ses besoins, mais aussi d’exporter pour devenir un acteur clé européen. Emmené par le conglomérat PGZ classé 64ème parmi les 100 plus grandes entreprises mondiales d’armement, le secteur de l’armement est en plein essor.

Une montée en gamme économique impressionnante

Elle est loin l’image du « plombier polonais », symbole du dumping social. Quelques chiffres suffisent d’ailleurs à montrer combien le pays se rapproche désormais des standards de l’Ouest, comment son « business model » s’émancipe de la tutelle allemande. 9ème puissance économique à son entrée dans l’UE en 2004, elle pointe désormais à la 6ème place. L’Autriche, la Belgique et la Suède ont été débordées. Quant à son PIB par habitant, il représente aujourd’hui plus près de 60% de la moyenne de l’UE contre à peine plus du quart il y a près de 20 ans.

Une dépendance allemande qui se transforme en rivalité

Ce n’est plus non plus la simple arrière-boutique de l’Allemagne, même si les deux économies restent fortement imbriquées. Loin devant les autres partenaires, l’Allemagne est à la fois le 1er client et 1er fournisseur, et se positionne aussi comme la principale détentrice du stock d’investissements directs étrangers du pays. Si la conjoncture allemande pèse sur l’activité polonaise, les cycles de croissance se désynchronisent peu à peu, notamment sur la période récente. Si la Pologne surperforme, c’est que son économie gagne en efficacité. C’est le sens qu’il faut donner à l’augmentation de son PIB rapporté à sa force de travail disponible. Cela synthétise à la fois l’évolution de la productivité et la capacité du pays à mobiliser sa main-d’œuvre pour créer des richesses. Un indicateur qui s’est envolé depuis 30 ans, bien au-delà de la performance allemande.

Une main-d'œuvre qualifiée, abondante et compétitive

Partenaires de sous-traitance et sous influence technologique, les industriels polonais deviennent en partie de redoutables concurrents de leur ex-mentor. D’autant qu’ils ne manquent pas d’atouts, notamment grâce à la main-d’œuvre. Non pas tant par son coût, à plus de 1 000 euros mensuels, le SMIC polonais se situe entre son équivalent espagnol et portugais, mais bien plus par son niveau de qualification, sa productivité et son abondance. 23 millions des habitants ont entre 20 et 64 ans.

Une attractivité renforcée par les investissements et les aides

Deuxième atout, un système fiscal et d’aides attractif. S’ajoutent aussi les transferts venus de l’Union européenne pour se moderniser. Enfin sa capacité à attirer les investissements directs étrangers, 14ème bénéficiaire mondial. Ces entrées de capitaux permettent de financer une partie du déficit courant, mais aussi de bénéficier de transferts de technologies, de renforcer certaines positions historiques ou d’en acquérir d’autres : dans l’aéronautique, l’automobile, les IAA. Proche de la souveraineté alimentaire, la Pologne dispose également d’un secteur minier important et se développe rapidement dans les activités tertiaires (finance, R&D, informatique principalement). L’assise sectorielle de l’économie est large. La Pologne ne saurait bien sûr être un îlot de prospérité dans une Europe en panne, mais elle dispose de tous les atouts pour s’affirmer comme la future place forte économique des PECO.

 
Alexandre Mirlicourtois

Publié le mercredi 23 avril 202

https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-La-Pologne-au-seuil-des-puissances-economiques-europeennes

Menacé par les États-Unis, le Canada peut-il rejoindre l'Union européenne?...

Donald Trump aimerait en faire le 51e État américain, mais les Canadiens ne se laisseront pas faire. Ainsi, un rapprochement semble inéluctable entre l'UE et le pays à la feuille d'érable, qui est déjà «le plus européen des pays non européens»...

La Société des alcools du Québec (SAQ) et la Régie des alcools de l'Ontario (LCBO) comptent parmi les plus gros acheteurs de vins et d'alcools au monde. Monopoles hérités de la Prohibition canadienne –qui a eu lieu à cheval sur les XIXe et XXe siècles et à ne pas confondre avec la Prohibition américaine, qui assura la fortune des familles québécoises–, la distribution et l'achat d'alcools restent le privilège de chaque gouvernement provincial au Canada. Depuis le début du mois de mars 2025, en réponse aux droits de douane imposés par Donald Trump à son voisin, les vins et alcools états-uniens ont disparu des rayons des magasins de trois provinces du pays à la feuille d'érable, l'Ontario, le Québec et le Manitoba; tandis que la Colombie-Britannique a de son côté choisi de bannir les alcools en provenance des États républicains.

Ce n'est pas tout. Les Canadiens revendent leurs véhicules électriques Tesla, le constructeur automobile dirigé par Elon Musk, figure de proue clivante de la nouvelle administration Trump. Les passages à la frontière entre les deux pays se sont écroulés de 70%. Mi-février, à Montréal, un match de hockey sur glace entre les sélections du Canada et des États-Unis a été le théâtre de trois bagarres rangées entre les joueurs lors des neuf premières secondes de la partie, juste après que le public montréalais a copieusement sifflé l'hymne du voisin nord-américain.

Depuis près de trois mois et l'investiture de Donald Trump à la tête des États-Unis le 20 janvier, une révolution est en train de se mettre en place le long de «la plus longue frontière la moins gardée du monde». Si les électeurs trumpistes prétendent que les Canadiens devraient payer leur «fair share» –autrement dit leur part– et que même certains sénateurs républicains s'interrogent sur cette situation, de plus en plus de Canadiens voudraient s'éloigner des États-Unis. Les insultes répétées de Donald Trump –«51e État», «gouverneur Trudeau» à plusieurs reprises–, les menaces et applications des droits de douane sur les produits canadiens ont créé les conditions d'un réveil nationaliste au sein de la confédération. Un rapprochement économique et stratégique avec l'Union européenne (UE) est inévitable. Jusqu'où ira-t-il?

D'abord, les élections fédérales du 28 avril

Tous les Canadiens vous le diront. Après plus de neuf ans de «règne» depuis novembre 2015, le Premier ministre Justin Trudeau, alors chef du Parti libéral du Canada (PLC, centre), était devenu une figure impopulaire et a annoncé sa démission de ces deux postes le 6 janvier. Si bien que le Parti conservateur du Canada (PCC, droite), mené par Pierre Poilievre, un libertarien originaire de l'Alberta (le berceau de la droite populiste canadienne), caracolait dans les sondages avec 20 à 25 points d'avance. Jusqu'au 7 janvier 2025. Ce jour-là, lors d'une conférence de presse sur sa future politique étrangère, Donald Trump lance ses premières attaques envers l'Europe, le Mexique ou le Canada (entre autres). Dès le lendemain, la courbe commence à s'inverser.

En deux mois, emmené par son nouveau Premier ministre Mark Carney, entré officiellement en fonction le 14 mars, le PLC reprend plus de 20 points dans les sondages, rattrapant ainsi son retard et dépassant même le PCC dans les intentions de vote aux prochaines élections fédérales, convoquées de manière anticipée après la démission de Justin Trudeau. Avec le but de renouveler les députés de la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement canadien, ce scrutin se tiendra le lundi 28 avril 2025. De mémoire de Canadiens, on n'avait jamais vu un tel renversement de situation. Si la possible victoire de Mark Carney et du Parti libéral se confirme dans les urnes, ce sera le plus étonnant come-back de l'histoire du pays.

Pour cela, il faut remercier Donald Trump. Depuis septembre 2022 et son arrivée à la tête du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre avait mené sa campagne sur le wokisme, le «zéro émission nette», les excès du Covid-19, la baisse des impôts, le forage du pétrole. Et soudain, il doit se battre sur le terrain du nationalisme, alors que l'existence même du Canada est contestée par son voisin du sud.

Comme l'a dit Mark Carney lors d'une conférence de presse à Ottawa le 27 mars, «la vieille relation que nous avions avec les États-Unis, basée sur une intégration profonde de nos économies et une coopération étroite en matière de sécurité et de défense, est terminée». Le Premier ministre canadien a poursuivi ainsi: «Je fais la promesse solennelle que si le président Trump nous menace de nouveau, nous allons riposter. Nous riposterons avec nos moyens pour obtenir le meilleur “deal” pour le Canada. Nous allons construire un futur indépendant pour notre pays qui sera plus fort que jamais. […] La route devant nous sera longue.»

Les États-Unis comme jalon de l'unité canadienne

Le Canada est un conglomérat de provinces, parfois dépeuplées, séparées par de très grandes distances. Il existe des régions à identité forte comme la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick ou l'Acadie, dans l'est du pays. Il y a les provinces historiquement tentées par l'indépendance, le Québec (francophonie) et ensuite l'Alberta (un peu «le Texas du Canada»). Puis il y a celles qui se sentent plus proches des États-Unis; elles sont rurales, conservatrices, individualistes, comme le Manitoba, la Saskatchewan et l'Alberta, situées dans l'Ouest canadien. Enfin, il y a l'Ontario, le cœur économique du pays, la province dépositaire de la mission sacrée de défendre l'intégrité territoriale du Canada et qui abrite la capitale nationale Ottawa.

En marge du dernier référendum québécois de 1995, lors duquel le «oui» a bien failli l'emporter (49,42%), certaines provinces de l'Ouest canadien auraient d'ailleurs entamé des discussions avec Washington en cas de sécession de la province francophone. Si le Canada ne s'est pas divisé, c'est peut-être aussi à cause des États-Unis. En effet, l'identité canadienne, un produit de l'histoire, se définit aussi par opposition au système de valeurs américain.

Cet immense pays avec une population de «seulement» 41,5 millions d'habitants serait un peu une «non-Amérique»: évolution contre Révolution, communauté contre individualisme, etc. Comme les Européens, les Canadiens ne font pas étalage de leur foi. Ils veulent le contrôle des armes à feu. Ils croient en l'utilité des impôts, en l'État-providence, dans les dépenses sociales. Ils accordent une grande importance à la nature, à l'écologie, aux sciences. Ils ne remettent pas en cause l'avortement. Ils sont pacifistes. Ils refusent un système de justice fondé sur l'argent. Ils ont un régime parlementaire plutôt que présidentiel (en Europe, la France fait figure d'exception). Ils favorisent les institutions internationales et le multilibéralisme, le libre-échange, l'immigration…

En bref, le Canada est un pays européen, probablement le seul pays européen hors du Vieux Continent. Mais le Canada est aussi un pays tourné vers l'Europe. Environ 65% de la population réside dans l'est du Canada; six heures d'avion séparent Londres de Montréal; ses deux langues officielles, l'anglais et le français, sont d'origine européenne. Mark Carney, le Premier ministre, connaît très bien l'Europe, puisqu'il a été le gouverneur de la Banque d'Angleterre –la banque centrale du Royaume-Uni– entre 2013 et 2020. D'ailleurs, au milieu du mois de mars, pour son premier déplacement officiel à l'étranger, il a choisi de se rendre à Paris et à Londres, où il a décrit le Canada comme «le plus européen des pays non européens».

Une alliance Canada-Union européenne est inévitable

Selon un sondage de l'institut canadien Abacus Data, publié le 10 mars, 46% des Canadiens sont favorables à ce que leur pays rejoigne l'Union européenne, avec seulement 29% qui s'y opposent. Si les Canadiens de l'Est et les libéraux sont attachés à l'Europe continentale, les conservateurs et les Canadiens de l'Ouest se sentent plus proches du Royaume-Uni et des États-Unis.

Outre ces scores, supérieurs à certains pays d'Europe, les complémentarités sont évidentes. D'abord, l'Union européenne est le second partenaire commercial du Canada, après les États-Unis. Ensuite, l'UE représente un marché de 450 millions d'habitants (plus de 500 avec le Royaume-Uni), le plus important après la Chine et l'Inde. Le Canada, en revanche, est le deuxième plus grand pays du monde après la Russie. C'est une puissance énergétique: pétrole (l'Alberta est aussi «le Koweït de l'Amérique du Nord»), gaz, schistes bitumineux, énergie hydroélectrique (suffisante pour assurer la consommation électrique du Québec), minéraux rares, uranium, or, etc. Mais aussi agricole: avec 9 millions d'hectares et 2 millions de lacs, le Canada a assez de superficie cultivable pour potentiellement nourrir toute la planète.

Ensuite, depuis peu, le pays partage une frontière avec l'Union européenne. Il s'agit de l'île Hans, un minuscule bout de terre situé entre l'île d'Ellesmere (tout au nord du Canada) et le nord-ouest du Groenland (territoire autonome appartenant au Danemark). Désertique, l'îlot a été divisé en deux le 14 juin 2022, mettant ainsi fin à un vieux contentieux entre le Canada et le Danemark.

Enfin, le souverain du Canada est le roi britannique Charles III. Économie de marché, régime démocratique, histoire commune, langues communes, frontière, souverain: le Canada n'est pas seulement un pays européen à part entière, il apporte à l'Europe espace, ressources naturelles et indépendance énergétique.

L'Atlantique Nord, le nouveau projet géopolitique européen

La présidence de Donald Trump n'est pas une anomalie dans l'histoire des États-Unis. Le «décrochage» des valeurs, en marche depuis quatre décennies, entre «empire américain» et démocraties libérales parlementaires, est là pour durer. Dans cette nouvelle compétition où s'affrontent la Chine, la Russie, les États-Unis, l'Union européenne aura le choix entre soumission et indépendance.

Pour ne pas faire les frais d'un nouveau Yalta entre Pékin, Moscou et Washington, l'UE devra se doter d'une défense forte, construire une indépendance industrielle, énergétique, agricole et probablement jouir d'un espace élargi. Après la tentation d'une «Europe méditerranéenne» dans les années 1980 (entrée de l'Espagne et du Portugal, de la Grèce dans la Communauté économique européenne, partenariats Nord-Sud…), celle de l'Europe orientale dans les années 1990 (chute du rideau de fer, fin de l'Union soviétique, réunification allemande, volonté d'engagement de la Russie), l'Europe pourrait s'engager dans une nouvelle voie.

Deux évènements majeurs expliquent le «glissement» géostratégique à venir. L'invasion de l'Ukraine a fait prendre conscience à l'UE de sa fragilité militaire et politique. La deuxième présidence Trump lui fait réaliser que le pacte d'alliances issu de la Guerre froide est caduc. En réponse à ce monde nouveau, le centre de gravité européen pourrait se déplacer quelque part dans l'Atlantique Nord. Dans le nouveau grand jeu qui s'ébauche, la Norvège, l'Islande, le Groenland et le Royaume-Uni seront naturellement les bénéficiaires d'un rapprochement entre le Canada et l'UE.

Mais pour cela, une révolution culturelle européenne est nécessaire. La vision originelle du club de Rome devra évoluer. Il faudra abandonner une supranationalité impossible à accepter pour la plupart des nations, réformer la politique agricole commune (PAC), diversifier les types de coopération (sur le modèle de la Norvège ou de la Suisse), sortir les dépenses de défense des critères de Maastricht. Le résultat serait un club intégré de démocraties libérales attachées à un système de valeurs commun, unis par une histoire transatlantique commune, qui s'étend du Canada à la Norvège et à l'Estonie, jusqu'à la Méditerranée orientale.

Dans un contexte de référendum islandais sur l'adhésion à l'UE en 2027, d'un retour du Royaume-Uni à une alliance plus étroite, l'indépendance possible du Groenland, le dépôt d'une demande d'adhésion du Canada devient possible. L'Europe économique et sociale a été une réussite; l'Europe politique et militaire un échec. Le rapprochement Canada-UE jettera les bases d'un nouveau bloc transatlantique, indépendant au niveau agricole, énergétique, industriel, militaire et capable d'offrir un modèle alternatif aux «nouveaux empires».

Émile Vaizand

« L’UE est une association de commerçants qui n’a jamais été destinée à organiser une armée »...

Face à la menace russe et un allié américain qui se dérobe, l’Europe proclame un réarmement massif, sans stratégie claire, alerte l’ancien lieutenant-colonel Guillaume Ancel...

L'Union européenne bombe le torse. Quelques jours après la capitulation ukrainienne orchestrée par Donald Trump et Vladimir Poutine, la Commission, sous l'impulsion d'Ursula von der Leyen, proclame un plan colossal de 800 milliards d'euros pour doper sa défense. Une annonce tonitruante, censée répondre à une Russie triomphante et à une Otan fragilisée par l'effacement américain. Pourtant, derrière les chiffres ronflants, le flou persiste et les vieilles failles resurgissent. L'ancien lieutenant-colonel Guillaume Ancel, qui publie ces jours-ci un ouvrage percutant (Petites Leçons sur la guerre : comment défendre la paix sans avoir peur de se battre, éditions Flammarion), pointe ce paradoxe : l'Europe multiplie les effets de manche mais esquive encore les choix qui fâchent – une union politique, une stratégie claire. Pour le spécialiste des conflits armés, ce décalage entre paroles musclées et inaction chronique pourrait coûter cher face aux menaces qui s'amoncellent. Entretien.

Le Point : Les dirigeants européens, notamment Emmanuel Macron, parlent d'un réarmement massif avec des chiffres impressionnants. Pourtant, les détails stratégiques restent flous. Est-ce encore un exercice rhétorique, ou y a-t-il une volonté réelle de transformation ?

Guillaume Ancel : De la part d'Emmanuel Macron, il y a indéniablement une volonté de mobiliser les sociétés européennes et de leur montrer l'importance de se réarmer, ce qu'on aurait pu faire depuis longtemps. Il est triste d'avoir dû attendre que Donald Trump impose à l'Ukraine une capitulation pour que nous réalisions que nous n'avions pas les moyens de contrebalancer cette décision. Le simple fait que Trump décide que les Ukrainiens ne peuvent plus accéder aux renseignements américains, qui sont cruciaux sur le champ de bataille, va de facto mettre fin à la guerre.

Le discours d'Emmanuel Macron est toutefois étonnant, car les centaines de milliards annoncées pour renforcer notre défense ne pallieront pas l'absence de projet politique. À quoi serviront des milliards réinvestis dans vingt-sept armées différentes, sans compter l'armée suisse et l'armée de la Grande-Bretagne ?

Imaginons une seconde que les États-Unis aient cinquante armées différentes, une pour chaque État ? Est-ce qu'on aurait peur de l'armée de Floride, équipée différemment de celle du Texas ? Est-ce que quelqu'un irait supplier le Michigan d'intervenir ? Non. C'est pourtant la situation des pays européens aujourd'hui.

L'Union européenne est en réalité une association de commerçants, qui n'a jamais été destinée à organiser une armée, encore moins à la diriger. La Commission peut mettre en place un programme de réarmement commun, mais qui sera le chef de guerre ? Quelle sera notre doctrine ? Vingt-sept armées moyennes reposant sur vingt-sept dirigeants différents ne feront jamais le poids face à un empire menaçant comme la Russie ou, pire encore, les États-Unis de Trump.

Quand le président affirme que « la Russie est devenue une menace existentielle pour l'Europe », est-ce vraiment le cas aujourd'hui ?

Il faut distinguer deux temporalités. D'abord, la guerre en Ukraine va s'achever par la seule volonté d'un homme qui s'appelle Donald Trump, pour montrer qu'il est le président le plus puissant du monde. Le problème est que cette paix se fera sur le dos des Ukrainiens et des Européens, et qu'il va offrir à Poutine tout ce que trois années de guerre ne lui avaient pas permis de remporter : 20 % de territoires ukrainiens conquis, l'interdiction pour l'Ukraine d'adhérer à l'Otan, et probablement la tête du président Zelensky, qui est un héros de guerre. Un tournant de l'histoire va se jouer dans les semaines qui viennent, car Trump a manifestement déjà passé un accord avec Vladimir Poutine.

Mais il y a une autre menace, à plus long terme, à laquelle l'Europe veut répondre : celle d'une armée russe qui, dans quelques années, va se réarmer. Paradoxalement, l'armée russe n'a jamais été aussi faible qu'aujourd'hui, étrillée par ces trois années de guerre. Ce n'est pas l'armée actuelle qui menace l'Europe, mais celle qui sera reconstituée dans trois ou quatre ans. Et on sait que Poutine n'a pas de marche arrière : il reprendra ses combats contre l'Ukraine, mais aussi probablement contre les pays Baltes ou la Finlande, en prétextant un péril pour sa sécurité.

C'est à cette menace-là qu'il faut se préparer, avec du sang-froid et une véritable stratégie industrielle. L'Europe doit définir quelle industrie de défense elle veut mettre en place et, surtout, quelle institution politique lui manque. Gaspiller de l'argent chez des orfèvres de l'armement n'a aucun intérêt si un projet politique n'a pas été défini au préalable. Emmanuel Macron, dans ses discours, contourne totalement dans cet obstacle.

La crédibilité de l'Otan est-elle remise en cause ? Si demain l'Estonie était attaquée, croyez-vous que les Européens appliqueraient réellement l'article 5 ?

L'Otan a eu un immense mérite : cet organisme extraordinaire de standardisation et de coordination a permis à pratiquement toutes les armées européennes d'avoir des standards communs et de travailler ensemble, malgré la multitude d'équipements. Cela vaut la peine d'être conservé, et n'est pas incompatible avec un projet européen.

Mais le fameux article 5, celui de la défense collective, n'a jamais défini précisément de quelle manière on devait protéger un pays. Si l'Estonie, membre de l'Otan, était attaquée demain, il est probable que les pays européens ne viendraient pas à son secours. La France, par exemple, pourrait très bien se contenter d'envoyer quelques lots de couvertures de survie et de casques en kevlar, et personne ne pourrait l'obliger à faire plus. On constate que l'assureur essentiel de l'Otan était les États-Unis et, avec l'arrivée de Donald Trump, cet assureur est défaillant.

La situation actuelle est absurde : 500 millions d'Européens demandent à 300 millions d'Américains de les protéger contre 140 millions de Russes, alors que l'Europe, qui est l'espace de prospérité le plus important du monde, devrait être l'espace de sécurité dominant. Si les 400 milliards de budget de la défense des pays européens étaient consacrés à une défense commune, plutôt qu'à reproduire vingt-sept fois des armées différentes, nous pourrions construire une armée qui serait d'ores et déjà la deuxième armée du monde.

N'oublions pas qu'il y a trois ans, les Américains nous ont prévenus que Poutine allait envahir l'Ukraine. Si l'Europe, alors, était intervenue avec une armée réduite de 50 000 hommes, soit l'équivalent de ses forces de réaction rapides, il est peu probable que Poutine ait pu lancer son offensive. Il l'a fait parce que nous n'avons pas réagi autrement que par des « strong protest » diplomatiques.

Aujourd'hui, la Russie de Poutine essaie de reconstituer son ancien empire. Mais demain, d'autres menaces peuvent surgir – qu'elles viennent de la Chine, du Sud… Que ferons-nous à ce moment-là ? Parierons-nous sur le fait que d'autres viendront nous protéger ?

Vous parlez souvent des « États-Unis d'Europe ». En quoi consisterait concrètement ce projet ?

Nous sommes face à notre destin, et l'Europe, en projetant de mettre quelques centaines de milliards supplémentaires sur la table, n'est pas à la hauteur de l'enjeu. L'enjeu est d'abord politique : c'est l'occasion, imposée par les circonstances, de faire en sorte que les pays qui le souhaitent s'allient enfin dans des États-Unis d'Europe, dont on élira un président ou une présidente qui sera chef des armées – ce que ne peut pas faire la présidente de la Commission européenne aujourd'hui.

Ça peut très bien reposer sur des États qui gardent une immense autonomie, comme aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Prenons l'exemple de l'Allemagne : le fédéralisme ne pose pas de problème d'autonomie aux Länder, mais permet une défense puissante. C'est simplement une question d'union.

Si j'avais la chance de conseiller Emmanuel Macron aujourd'hui, je lui dirais : « Une fois dans ta vie, sois modeste et renonce à vouloir tout diriger. Confie aux autres le soin d'organiser une Union qui nous permette de rassembler tous nos moyens en t'effaçant face à l'intérêt collectif. » Ce qui inquiète les pays européens dans nos initiatives, c'est qu'ils ont le sentiment que la France veut tout diriger.

Il faut un projet impulsé par la France, mais pas une France qui dirait « amenez-moi vos moyens et je vais vous expliquer comment on va les utiliser », comme elle le fait souvent quand elle parle de culture ou de défense en Europe. Il faut un projet politique qui nous permette de constituer un « État-puissance ».

Cette union est-elle vraiment nécessaire pour la dissuasion nucléaire européenne dont parle Emmanuel Macron ?

La dissuasion nucléaire nécessite d'abord une autorité politique crédible qui garantit le fait qu'elle sera en capacité d'utiliser l'arme atomique si nous étions menacés. Or aujourd'hui, si nous devions demander l'accord à dix États différents, nous aurions toujours la Hongrie d'Orban pour nous expliquer qu'il vaut mieux se coucher devant Poutine. C'est donc inatteignable en l'état actuel.

Les États-Unis d'Europe, c'est un club très restreint au départ, de pays qui ont compris que nous ne pourrons pas nous défendre séparément.

Mais l'Europe a-t-elle la capacité industrielle de se défendre par elle-même ?

Si les 400 milliards actuels de budget de défense des pays européens étaient consacrés à une défense commune au lieu de reproduire vingt-sept fois des armées différentes, on ferait des économies considérables et on construirait déjà la deuxième armée du monde. Cela n'a jamais nécessité de dépenser 4-5 % du PIB, comme le demande Donald Trump. Les États-Unis n'en dépensent que 3,3 %.

Il faut construire une industrie européenne de la défense à l'instar d'Airbus, qui est une référence absolue. Si nous étions restés à l'ère de Latécoère, nous ne serions pas aujourd'hui un compétiteur de Boeing. Airbus a su fédérer des industriels et des prestataires qui ont tous leur expertise, dans des lieux extrêmement diversifiés, mais parfaitement coordonnés, permettant de produire en masse avec une qualité extraordinaire.

Il faut sortir de nos héritages des manufactures royales en France et arrêter de faire des canons César ou des avions Rafale qui sont extraordinaires, mais produits à l'unité. Il faut passer d'un mode militaire manufacturier à un mode industriel qui permet de produire des matériels peut-être moins sophistiqués, mais en masse, utilisables par une armée mobilisable comme dans la guerre en Ukraine.

Des pays comme l'Allemagne, qui ont commandé des F-35 américains, devraient-ils revenir sur ces décisions ?

La question des F-35 est très intéressante. Avec ces avions, les Allemands auraient la capacité d'emporter une arme nucléaire américaine, mais dans la réalité, ces appareils sont fermés par un système digital très complexe qui permet aux Américains de verrouiller toute utilisation non approuvée par eux. Si Trump décidait qu'en aucun cas on ne doit se battre contre la Russie, les F-35 seraient probablement inopérants.

Cela en dit long sur la capacité de dissuasion nucléaire réelle de la Grande-Bretagne, car il est probable que ses missiles nucléaires américains ont le même dispositif de neutralisation à distance. La question est donc : voulons-nous continuer à dépendre d'un président devenu chef mafieux aux États-Unis, ou décidons-nous de prendre en main notre destin ? L'équipement en F-35 est parfaitement regrettable. Le problème, c'est qu'on n'a pas encore d'Airbus de la défense qui fournirait à l'Allemagne des chasseurs bombardiers de très bonnes technologies capables d'être produits en masse, ce qui n'est pas dans la capacité de Dassault aujourd'hui.

L'Ukraine doit-elle intégrer l'Union européenne rapidement ?

D'un point de vue politique, dire que l'Ukraine va rentrer dans l'Union européenne est essentiel pour montrer son arrimage à l'Ouest. Mais il est hors de question qu'elle devienne demain matin un membre de l'Union, alors qu'elle n'est absolument pas préparée et serait incapable de se conformer aux standards européens.

 

La question est de la faire rentrer dans ce couloir, non pas de la mort, mais de l'avenir, où elle avance étape par étape pour se conformer au droit européen et devenir un pays membre à part entière. Le processus doit commencer dès maintenant. Ce serait un sacré camouflet à Trump, qui déteste l'Union européenne parce qu'il sait qu'elle peut challenger réellement le champ qui lui est cher, celui du business.

 
La stratégie européenne énergétique en mode autodestruction...

Contrairement à Bruxelles, Washington et Pékin anticipent le rôle majeur de l’énergie comme arme d’influence, de puissance militaire et de développement technologique dans les années à venir.

A contrario, les stratégies énergétiques de l’Europe sont de véritables leçons d’autodestruction.

Pauvre en hydrocarbures et en minerais, elle a délaissé le Moyen-Orient et la Russie. En position délicate, le Vieux-Continent paie des prix forts pour accéder au gaz méthane et son électricité coûte trois fois plus cher qu’en Chine ou aux Etats-Unis.

A la suite des annonces américaines sur l’Ukraine, hésitant entre choc, déni et colère, quelques dirigeants européens sont en train de comprendre la systémique mondiale qui est en train de se jouer.

Certains ont déjà repris langue avec la Russie pour accéder à nouveau au gaz russe. En un seul coup de téléphone, Trump aura rebrassé les cartes de l’énergie mondiale.

(extrait)

https://2000watts.org/index.php/home/reflexion/1416-avec-lukraine-trump-rebrasse-les-cartes-de-lenergie-mondiale.html

L’Europe entame 2025 sans élan. Après deux ans de stagnation, la croissance reste au point mort. L’Espagne et le Portugal affichent des performances solides, mais ce sont des petites cylindrées incapables de compenser l’apathie des poids lourds du continent. Résultat : l’ensemble de la zone euro tourne au ralenti, sans véritable levier de relance. Et il se profile deux grandes menaces venues de l’extérieur.


Une double menace commerciale


Il y a d’abord le spectre d’une guerre commerciale avec les États-Unis. Le retour de Donald Trump aux affaires alimente les inquiétudes. L’ancien président a déjà montré sa volonté d’augmenter les droits de douane et de renforcer le protectionnisme américain. Une guerre commerciale avec l’Oncle Sam serait un coup dur pour l’industrie européenne, notamment pour les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, de l’acier, de l’aluminium, de l’alimentaire et des boissons, tous fortement dépendants du marché nord-américain.


Ensuite, l’Europe devra compter sur une nouvelle offensive chinoise. Confronté à une demande domestique sans tonus et à une pression accrue des États-Unis, l’Empire du Milieu va vouloir écouler ses excédents de production ailleurs. Bref, si Washington impose de nouvelles restrictions aux importations chinoises, Pékin redirigera massivement ses exportations vers l’Europe. L’industrie européenne, déjà fragilisée, devra affronter une concurrence encore plus agressive, notamment sur les voitures électriques, les batteries, les équipements industriels et autres biens de consommation.


La confiance en berne freine l’économie


Dans ce climat incertain et anxiogène, ménages et entreprises sont en mode prudence car la confiance fait défaut. Les particuliers, bien que disposant d’une épargne importante, dépensent peu. Leur volonté d’épargner atteint même un niveau record depuis 1985, un mauvais signal pour la consommation.


Côté entreprises, le climat des affaires se dégrade rapidement. Moins confiants dans l’avenir, les chefs d’entreprise repoussent leurs investissements, décalent voire annulent les embauches prévues. Et comme si cela ne suffisait pas, la politique budgétaire devient plus restrictive.


La Commission européenne a placé sept pays, dont la France, sous surveillance pour déficit excessif. Si une cure d’austérité brutale semble exclue, la tendance est clairement à un ralentissement des dépenses publiques. Cette rigueur budgétaire limitera le soutien à l’économie.


Productivité : un retard structurel qui s’aggrave


Au-delà des problèmes conjoncturels, l’Europe traîne un handicap structurel majeur : son retard en matière de productivité. Le coût de l’énergie, bien que stabilisé, reste plus élevé qu’aux États-Unis, pénalisant l’industrie. Pire encore, l’Europe peine à rattraper son retard dans les technologies stratégiques, de l’intelligence artificielle aux semi-conducteurs, à l’informatique quantique, aux énergies vertes et aux biotechnologies. Sans un effort massif d’investissement, le fossé avec les États-Unis et la Chine continuera de se creuser.


Alors certes, le prolongement de la désinflation aidant, la BCE va poursuivre son cycle d’assouplissement monétaire. Une bouffée d’oxygène pour toute l’économie eurolandaise, mais pas de quoi lui donner un second souffle.
Croissance en berne, consommation sous tension, incertitudes géopolitiques, restriction budgétaire et perte de compétitivité : tous les signaux sont au rouge pour 2025.

Alexandre Mirlicourtois

https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-2025-annee-de-tous-les-dangers-pour-l-Europe

 
 

Publié le jeudi 20 février 2025 .

L'effondrement imminent de l'Union européenne...?
 

 

L'Union européenne entre dans une phase de déclin économique qui pourrait bientôt se transformer en un véritable effondrement. Elle souffre des problèmes typiques des grandes organisations : corruption, excès de bureaucratie, inégalité, copinage, injustice, et bien d'autres encore. L'effondrement imminent de l'UE illustre le fait que toutes les grandes structures sont soumises à la loi de Tainter sur les rendements décroissants de la complexité.

Au cours des années 1990 et 2000, j'ai visité la Russie à plusieurs reprises dans le cadre de mon travail de chercheur. C'était après l'effondrement de l'Union soviétique, l'une des pires périodes de l'histoire récente de la Russie. Je dois admettre qu'au début, je croyais à l'interprétation selon laquelle il s'agissait d'une démonstration de l'échec du communisme et de la supériorité des démocraties libérales occidentales. Il m'a fallu du temps pour comprendre que les choses n'étaient pas si simples. Finalement, je me suis trouvé en plein accord avec la thèse du livre de Dmitry Orlov Reinventing Collapse (2008). (1)

Selon Orlov, les mêmes facteurs qui ont conduit l'Union soviétique à s'effondrer conduiraient à terme à l'effondrement des États-Unis. Cela ne s'est pas produit jusqu'à présent, bien que l'empire américain présente des fissures inquiétantes dans sa structure politique interne. Mais je pense que l'analyse d'Orlov est plus pertinente aujourd'hui si l'on transpose ses considérations à l'Union européenne.

À bien des égards, l'UE reflète à la fois l'URSS et les États-Unis. Il s'agit d'une énorme organisation bureaucratique dirigée par une élite incompétente dont le principal objectif est de s'enrichir, ainsi que de divers requins du monde des affaires, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Europe. En outre, elle a des problèmes spécifiques qui lui sont propres. L'UE ne dispose que de peu ou pas de ressources minérales internes ; elle dépend essentiellement des importations.

Comme elle n'a pas d'armée, le problème de l'épuisement des ressources ne peut être résolu par les méthodes qui ont permis aux États-Unis et à l'URSS de survivre un peu plus : augmenter la production interne et utiliser la puissance militaire pour contrôler ou intimider les producteurs étrangers. Il est donc probable que la prochaine grande organisation étatique à suivre l'URSS sur la falaise de Sénèque ne sera pas les États-Unis, mais l'Union européenne.


Le point le plus intéressant de ces considérations est la similitude de ces structures étatiques. Mon point de vue est celui d'un citoyen de l'UE, mais j'ai vécu plusieurs années aux États-Unis et j'ai travaillé dans la Russie post-soviétique pendant de longues périodes. Mon expérience est que tous ces endroits sont très similaires, à quelques détails près. Partout, les gens se réveillent le matin, vont au travail, rentrent chez eux, dînent, regardent la télévision, discutent avec leurs amis et leur famille - il n'y a pas de différences dans ces choses fondamentales.

Certes, tout n'est pas exactement pareil partout. Aux États-Unis, les gens étaient un peu plus riches qu'en Union soviétique, presque tout le monde conduisait une voiture et ils avaient rarement des problèmes de stationnement. En Russie soviétique et post-soviétique, les gens étaient un peu plus pauvres, mais ils n'avaient pas non plus de problèmes de stationnement parce qu'ils utilisaient rarement des voitures privées. Les citoyens russes ne pouvaient pas facilement acheter des armes, mais la vodka était très bon marché. Jusqu'à récemment, les États-Unis avaient moins de censure que la Russie, mais aujourd'hui, c'est probablement l'inverse. L'UE était, et est toujours, plus riche que l'ancienne URSS et plus pauvre que les anciens États-Unis. Et elle a des problèmes de stationnement bien plus importants que les deux.

Étant donné que ces organisations sont si semblables, il n'est pas surprenant qu'elles soient toutes confrontées aux mêmes problèmes. Et elles se dirigent toutes vers l'effondrement, bien qu'en suivant des voies différentes. C'est une histoire que Joseph Tainter a examinée en détail pour proposer sa « loi des rendements décroissants de la complexité »


L'idée de Tainter est logique en termes qualitatifs : plus un État est grand, plus il a besoin de bureaucratie. Mais quelle est l'ampleur exacte de cet effet ? Le cas de l'Union européenne nous donne l'occasion de voir un exemple qui est au moins en partie quantitatif. Il s'agit de la manière dont l'Union traite les langues des États membres.

Vous savez que l'UE a commencé avec 6 États membres, et qu'elle en compte aujourd'hui 27. Elle prévoit d'en atteindre 35 d'ici 2030 (2). Il en résulte qu'il y a maintenant 24 langues « officielles » dans l'UE (3). Cela signifie que chaque document officiel de la bureaucratie européenne doit être traduit et diffusé dans 24 langues. En comparaison, la tour de Babel était un jouet pour enfants.

En principe, le nombre de traducteurs nécessaires augmente  avec le nombre de langues, comme c'est le cas pour les interactions par paire dans les réseaux entièrement connectés (il augmente en fonction de n(n-1)/2 où n est le nombre de nœuds). Pour l'Union à 6 membres, 15 équipes de traducteurs étaient suffisantes. Pour 24 langues, il faut 276 équipes. Et si le nombre de langues passait à 32, par exemple, il faudrait près de 500 équipes de traducteurs. Disons que rien que pour la situation actuelle, il faut au moins un millier de personnes travaillant comme traducteurs, probablement beaucoup plus. Je ne sais pas s'il y en a vraiment autant à Bruxelles et s'ils prévoient d'en avoir beaucoup plus à l'avenir. Toutes les traductions ne sont peut-être pas effectuées directement de chaque langue vers toutes les autres, mais c'est ainsi que les choses sont censées se passer, du moins en théorie.

Les traductions basées sur l'IA peuvent réduire les coûts, mais il faut toujours des traducteurs humains pour vérifier ce que fait l'IA. Et le problème ne se limite pas aux langues : pensez au nombre de choses qui se font à Bruxelles, comme dans toutes les structures gouvernementales : documents, lois, comités, commissions, groupes politiques, sessions parlementaires, discours, etc. Et tout cela doit être communiqué dans 24 langues différentes en même temps. Vous voyez où est le problème : la complexité a un coût, ce n'est pas seulement une question de traducteurs. Si l'on veut augmenter la taille d'une structure, il faut en payer le prix. Ce n'est pas si difficile si la richesse de la structure dépend de l'extraction d'une ressource minérale comme le pétrole. La production de pétrole a connu une croissance exponentielle jusqu'aux années 1980, et il est bien connu qu'une fonction exponentielle croît plus vite que n'importe quelle fonction quadratique.

Cependant, aucune fonction exponentielle ne peut croître indéfiniment et, avec le ralentissement de la disponibilité de l'énergie fossile, la complexité croissante des structures construites sur cette source, y compris l'Union européenne, doit s'arrêter. Et il ne s'agit pas seulement d'un arrêt : à mesure que la disponibilité de l'énergie diminue, la complexité de la structure doit diminuer. C'est ce que nous appelons « l'effondrement de Sénèque ». Mes collègues Perissi et Falsini et moi-même avons décrit ce comportement dans un article publié il y a quelques années. C'est exactement le phénomène que Tainter avait identifié dans le concept des « rendements décroissants de la complexité ».

Dans la pratique, les structures complexes ne se contentent pas d'assister à leur effondrement. Elles ont tendance à agir afin d'éviter une contraction trop rapide et trop traumatisante. La stratégie la plus simple consiste à décomposer la structure, en repoussant ou en éliminant un ou plusieurs de ses membres. Il ne s'agit pas nécessairement d'une extermination physique, mais d'une élimination culturelle .

Une autre méthode, moins radicale, consiste à adopter une structure de réseau qui n'entraîne pas une croissance quadratique de la complexité. Une structure hiérarchique a cette propriété. Hypothétiquement, si l'on transformait l'Union européenne en un Empire dirigé par un Kaiser ou un Tsar, il n'y aurait plus besoin de traduire quoi que ce soit. Pour toutes les affaires liées à l'État, tout le monde devrait parler la langue de l'empereur, et c'est tout. Dans ce cas, le coût de l'ajout d'un État membre à l'empire croît de façon linéaire, et non quadratique.

C'est une stratégie commune aux empires ; c'est pour cette raison que les élites de l'empire russe multilingue à l'époque des tsars parlaient français entre elles. Les empires n'ont qu'une seule langue officielle, toutes les autres étant des dialectes. Les principaux empires actuels : Russie, États-Unis et Chine, ont adopté ou sont en train d'adopter des structures gouvernementales verticales. C'est la raison pour laquelle Trump prévoit de « drainer le marais ». Il s'agit de créer une structure impériale capable de se débarrasser des petits potentats qui se battent entre eux pour drainer les ressources de l'État. Cela ne sauverait pas nécessairement les États-Unis, mais cela pourrait leur donner suffisamment de temps pour réorganiser leur système industriel et leur approvisionnement en énergie avant de subir un krach majeur.

Mais l'Europe n'est pas un empire, et les diverses tentatives de l'histoire récente pour en faire un empire ont échoué lamentablement. Personne ne peut imposer aux membres de l'UE de parler, par exemple, allemand ou français. Peut-être pourrions-nous tous décider de parler une langue que personne ne parle en tant que langue nationale : Le latin, le luxembourgeois ou la langue des signes Lakota, mais ce ne serait pas si facile.

Peut-être avons-nous suffisamment de matériel génétique provenant du cadavre de Napoléon pour le cloner et le laisser essayer à nouveau de créer un empire européen. Mais jusqu'à présent, nos capacités en matière de génie génétique semblent se limiter à des boulettes de viande de mammouth, sans succès d'ailleurs.

Entre-temps, le gouvernement de l'UE a commis toutes les erreurs qu'un gouvernement peut commettre (4), notamment en poussant l'Europe dans une guerre que personne ne voulait, que l'Europe ne peut pas gagner et qui pourrait devenir nucléaire. Il n'est pas surprenant que les États membres fassent la cour à ce qu'ils appellent le « souverainisme », qui signifie simplement le retour à des États-nations indépendants. Cela signifie la désintégration de l'Union européenne, éclatée en petits États sans grand poids sur la scène mondiale.

Est-ce là le destin de l'Europe dans un avenir proche ? Je dirais que oui, bien que le terme « avenir proche » soit vague. Des événements tels que l'effondrement d'une grande organisation étatique sont des points de basculement. Ils apparaissent soudainement après une longue période de préparation. Les symptômes sont souvent ignorés par ceux qui devraient les remarquer, et le résultat est que tout le monde est pris par surprise.

C'est là qu'apparaît la falaise de Sénèque : la croissance est lente, mais la ruine est rapide. C'est une des lois de l'univers. S'il n'y avait pas d'effondrements, rien ne changerait jamais...

(1) C'est une conversation avec Dmitry Orlov qui m'a amené à développer un modèle mathématique de « l'effet Sénèque » : « La croissance est lente, mais la ruine est rapide ». La chute de l'Union soviétique est l'un des meilleurs exemples de cet effet.

(2) Les génies au sommet du gouvernement européen semblent penser que 35 États membres en 2030 seront mieux que les 27 actuels. C'est comme si l'on mesurait la santé d'une personne en se basant sur l'idée que plus on est gros, mieux c'est.

(3) Il y a 27 États membres de l'UE, mais seulement 24 langues officielles. C'est parce que i) le Luxembourg s'est sagement abstenu de demander que le luxembourgeois soit une langue officielle de l'UE, ii) Chypre utilise le turc qui, pour une raison quelconque, n'est pas censé être une langue officielle, et iii) l'Allemagne et l'Autriche utilisent toutes deux l'allemand.

(4) Ils n'ont même pas réussi à créer un drapeau européen décent. Celui que nous avons aujourd'hui semble avoir été dessiné par une équipe de nématodes pour représenter une pizza au fromage devenue bleue après avoir été attaquée par des moisissures.

 
Nov 18, 2024

 

 

L'Europe ne peut pas continuer ainsi....
 

 Il y a quelques années, lors de la mise en place des sanctions contre la Russie, approuvées par le Parlement européen, j'ai commenté le suicide politique de l'Europe :

https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2022/04/el-suicidio-de-europa-o-el-gran-reset.html


Le résultat a été désastreux pour l'économie européenne. Un simple coup d'œil suffit à certifier le mauvais état économique des principaux pays européens.

https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/11/europa-se-dirige-la-desintegracion.html


Et les derniers PMI européens confirment l'entrée en récession, tant dans le secteur manufacturier que dans le secteur des services.

« Le secteur des services, qui a soutenu l'ensemble de l'économie, s'est contracté pour la première fois depuis janvier. C'est une mauvaise nouvelle pour les perspectives de croissance globale, d'autant plus que cette faiblesse est observée dans les trois principales économies de la zone euro. »


Que se passe-t-il ?


La politique de sanctions contre le pétrole et le gaz russes est très préjudiciable à l'économie européenne. Mais le pire, c'est que les critères d'application des sanctions à la Russie sont très stricts dans le cas européen et très laxistes dans les cas américain et chinois, ce qui entraîne une différence fondamentale. Le gaz est payé en Europe à un prix supérieur aux chiffres américains (ainsi qu'au gaz que la Chine achète à la Russie par le biais des énormes gazoducs russo-chinois), ce qui a une autre conséquence néfaste en termes de coût de l'électricité.


En outre, les sanctions elles-mêmes présentent des incohérences. Le gaz russe ne peut être importé par gazoduc, mais il n'y a aucune objection à importer du GNL russe, qui est beaucoup plus cher.

Même les journaux reflètent cette énorme contradiction, c'est le moins que l'on puisse dire.

https://elperiodicodelaenergia.com/la-verguenza-de-europa-las-importaciones-de-gnl-ruso-se-incrementan-en-2024-a-pesar-de-la-caida-de-la-demanda/


La honte de l'Europe : les importations de GNL russe augmenteront en 2024 malgré la baisse de la demande


Mais ce n'est pas la seule contradiction. Nous n'importons pas de pétrole russe, mais nous détournons le regard lorsque nous importons des dérivés du pétrole de l'Inde, qui proviennent à leur tour du pétrole bon marché que la Russie vend à l'Inde.

https://www.elradar.es/europa-compra-petroleo-ruso-a-traves-de-india-a-precios-record/

L'Inde tire profit de l'importation de pétrole russe à prix réduit dans le contexte des sanctions européennes, ainsi que de la vente de ce même pétrole sur les marchés de l'UE au prix fort une fois raffiné, écrit le quotidien britannique The Independent.

Les importations européennes de pétrole raffiné en provenance de l'Inde ont atteint un niveau record en 2023, alors que les importations de pétrole brut russe de New Delhi ont plus que doublé d'une année sur l'autre.

Cela signifie que les consommateurs européens ont reçu des volumes sans précédent d'essence, de diesel, de paraffine et d'autres produits pétroliers en provenance de Russie via l'Inde l'année dernière, malgré les sanctions imposées ».


Pendant ce temps, nos « amis » américains n'hésitent pas à acheter de l'uranium russe.

https://www.abc.es/internacional/estados-unidos-compra-uranio-ruso-intensidad-nunca-20240402183817-nt.html


Les États-Unis achètent de l'uranium russe plus intensivement que jamais.

En matière de sanctions, c'est comme d'habitude. Les critères varient en fonction des besoins, mais uniquement dans le cas des États-Unis. Alors que le gaz russe bon marché était vital pour l'industrie allemande, les États-Unis ont détourné le regard en imposant des sanctions au Venezuela, permettant au pétrole vénézuélien de circuler en grandes quantités, malgré les « résultats » non démocratiques des élections vénézuéliennes.

[Je soupçonne que si les États-Unis avaient dépendu du gaz russe bon marché, les sanctions n'auraient pas eu lieu, (comme dans le cas de l'uranium].

Tout cela aboutit à une situation absolument insoutenable en Europe, avec une menace certaine de récession prolongée, tandis que nos « amis » américains nous imposent des tarifs douaniers, nous « obligent » à acheter du GNL coûteux à partir de gaz de schiste (pour le moment, ils sont excédentaires, mais nous verrons ce qui se passera lorsque la période de vaches maigres commencera aux États-Unis) et nous poussent à dépenser d'énormes sommes d'argent pour stimuler l'industrie de la défense afin de soutenir le projet de l'OTAN.

L'Europe ne peut pas être un vassal des États-Unis si elle veut survivre. Nous n'avons pas de ressources, nous manquons de gaz et de pétrole et nous sommes passés du gaz et du pétrole russes au gaz et au pétrole américains, mais les réserves de ces derniers sont trop faibles pour leur production actuelle et lorsque la production commencera à décliner, le premier cadavre sera l'Europe, lorsque le pic des exportations d'énergie arrivera.

La dette et le déficit européens constituent un fardeau insoutenable, au moment même où la récession frappe à la porte. Soit nous changeons de politique, soit l'Europe se désintégrera dans quelques années. Nous ne pouvons pas détourner le regard, alors que les résultats des élections indiquent que le sentiment des personnes vivant en Europe montre une nette défiance à l'égard des hommes politiques qui gouvernent les destinées de l'Union européenne, par exemple, les résultats en France.

Il ne s'agit pas d'activer à nouveau la planche à billets (plan Draghi), mais de transformer la société vers quelque chose de plus simple, y compris l'élimination des dépenses non essentielles, avant que la perte de confiance dans la classe dirigeante ne finisse par contaminer l'euro. Seule la BCE, avec son soutien, a maintenu le projet européen, mais un tsunami de défiance se profile déjà à l'horizon, lorsque le pouvoir d'achat aura été érodé par l'inflation réelle et le manque de ressources associé à un processus consumériste (une transition énergétique aux multiples projets pharaoniques), nous conduisant à la destruction de l'Europe, par suicide assisté.

Imposer des normes d'émission de CO2 plus sévères (objectif 2035) que celles du reste du monde n'aide pas beaucoup la planète (il faut marcher tous dans la même direction et à la même vitesse, pour éviter des décalages préjudiciables à l'une des parties), mais pèse sur la solvabilité des entreprises européennes, du fait de restrictions plus importantes.

Seul le maintien de l'emploi (nous verrons pour combien de temps) nous sépare de l'entrée dans la phase dure de la crise économique naissante, tandis que les grands dirigeants restent ancrés dans leur idée de croissance infinie et verte. 

 Entre le suivisme américain et le grand reset vert, l'Europe assiste à une autodestruction assurée et si nous ne faisons pas quelque chose rapidement, le résultat final est la désintégration du projet européen.

Il va sans dire qu'au cours des trois dernières années, l'Allemagne a souffert de manière indicible et qu'elle traverse une crise industrielle majeure, les entreprises commençant à migrer vers d'autres destinations où l'énergie est moins chère, comme les États-Unis (la différence de prix est abyssale, comme le montre le graphique ci-dessous).


https://www.eleconomista.es/economia/noticias/13023544/10/24/el-efecto-domino-que-amenaza-a-europa-una-tormenta-de-quiebras-en-alemania-y-todo-el-continente.html


C'est officiel, la locomotive de l'Europe est sur la voie de la récession. Selon les estimations du gouvernement allemand, l'année 2024 devrait se solder par une contraction économique de 0,2 %, aggravant le taux négatif de 0,1 % de 2023. La faiblesse de son industrie, confrontée à des taux d'intérêt élevés et à un affaiblissement de la demande extérieure, est déjà devenue chronique et, bien que les salaires et la consommation se maintiennent, la réalité est que la nation d'Europe centrale est en difficulté.

Dans ce contexte, une menace cachée commence à émerger dans son économie avec plus de force que jamais : une vague de faillites qui accélérera le déclin de son économie.

Les faillites, qui augmentent parallèlement à l'affaiblissement de l'économie, sont une constante. Toutefois, ce ne sont plus les petites entreprises qui font faillite. La face la plus sombre de la crise commence déjà à se manifester dans les grandes entreprises, dont l'effondrement a déjà un impact significatif sur le vaste réseau de PME et d'entreprises de taille intermédiaire qui soutiennent le tissu industriel allemand. L'une des dernières à tirer la sonnette d'alarme a été Landwarme, une entreprise de biométhane déjà très importante.

Cela s'est passé en août, mais le 30 septembre, l'équipementier automobile VKW, qui emploie plus de 3 000 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 560 millions d'euros, a déposé son bilan, faute de pouvoir rembourser ses créanciers. Il y a quelques mois, le géant FTI Touristik a pris la même décision. Le grand magasin historique Kaufhof et le géant du textile Esprit ont également fermé leurs portes.

L'effet de l'« énergie bon marché » se fait déjà sentir. Alors qu'en Allemagne, comme on le voit, les usines ferment, aux États-Unis, la construction de nouvelles usines explose (surtout depuis 2022).

https://wolfstreet.com/2024/12/02/factory-construction-spending-boom-soars-to-new-record-16-yoy-242-since-2019-result-of-a-corporate-strategic-rethink/

« L'investissement dans la construction d'usines de fabrication aux États-Unis a atteint le chiffre record de 21,1 milliards de dollars en octobre, en hausse de 4,0 % par rapport au mois précédent, de 16,3 % par rapport à l'année précédente, de 177 % par rapport au début de 2022 et de 242 % par rapport à 2019, selon les données publiées aujourd'hui par le Census Bureau.

Après des décennies de mondialisation débridée, une refonte complète de l'industrie manufacturière américaine est en cours. Toutes ces usines seront hautement automatisées et produiront des produits complexes et de grande valeur. Oubliez les T-shirts : ils ne seront pas produits aux États-Unis.

Les usines de production de semi-conducteurs, de véhicules électriques, de batteries pour véhicules électriques, d'équipements et de composants électriques, etc. sont en tête de liste...

Ce n'est qu'un avis.

Quark 05 12 24

https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/12/europa-no-puede-seguir-asi.html

Bon diagnostic, mauvais remède...

Le rapport de Mario Draghi sur la morosité de l'économie européenne est un signal d'alarme nécessaire, mais sa prescription - plus de dépenses publiques - ne peut qu'aggraver le problème.

Le 17 septembre, Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et ancien premier ministre italien, a présenté au Parlement européen à Bruxelles un rapport accablant sur la situation économique morose de l'Europe. En résumé, il tente de tirer la sonnette d'alarme en montrant que l'UE est aujourd'hui prise en étau entre les États-Unis et la Chine. Le développement économique et militaire de cette dernière rattrape celui de l'Europe et pourrait à terme menacer le continent lui-même. De son côté, la Chine continue d'accumuler les innovations technologiques, militaires et financières qui réduisent l'Europe à l'état de parc d'attractions pour touristes. Par exemple, le rapport Draghi note que le revenu par habitant a augmenté deux fois plus vite aux États-Unis qu'en Europe depuis 2000. Cet appauvrissement relatif est passé pratiquement inaperçu parce que la population européenne diminue. La part du gâteau économique de chacun est donc plus ou moins constante, mais le gâteau lui-même se rétrécit. Si l'Europe ne se réveille pas rapidement, la prochaine génération n'aura que des miettes.

Bien qu'elle ait été un centre d'innovation pendant quatre siècles, l'Europe semble aujourd'hui avoir gaspillé sa capacité d'innovation et se trouve incapable de suivre le rythme. Ainsi, M. Draghi estime que les Européens se concentrent follement sur les activités de loisirs et les industries obsolètes telles que les transports. En ce qui concerne la nouvelle économie, l'Europe est un acteur absent. Elle ne compte aucune entreprise importante dans le domaine des technologies de l'information, des microprocesseurs ou de l'intelligence artificielle, du moins aucune qui puisse rivaliser avec celles des États-Unis, de la Chine ou même de l'Inde. Les Européens cultivent leur propre jardin, pour le plus grand plaisir des touristes et leur propre confort, relatif mais temporaire. Ils semblent ignorer la dure réalité : leur existence quotidienne, qu'elle soit privée ou professionnelle, dépend entièrement des microprocesseurs chinois, de l'IA américaine et de la désintégration de leur commerce international.

Alors que la Russie menace sa sécurité, l'Europe est incapable de voler de ses propres ailes. Les États-Unis ne produisent et n'exportent qu'un seul type de char, alors que l'Europe en possède une douzaine, tous incompatibles entre eux. L'UE seule n'effraie ni Vladimir Poutine ni Xi Jinping, et ces dictateurs à tendance impérialiste sont logiquement indifférents à la diplomatie européenne. En fait, ce qui attire le plus les Russes et les Chinois en Europe, ce sont les vacances sur la Costa Brava ou la Côte d'Azur.

L'Europe doit-elle se plaindre ? La vie y est plutôt agréable, après tout. Les pensions sont généreuses et le niveau de solidarité sociale généralement accepté. Mais, comme le demande Draghi : Pour combien de temps ?

Les observations de M. Draghi ne sont pas nouvelles, mais elles ont l'avantage de rassembler les aspects disparates de la faiblesse de l'Europe en un tout cohérent et d'expliquer dans quelle mesure cette anémie - due à un manque d'innovation - est une maladie véritablement collective. En théorie, une telle pathologie devrait appeler une réponse européenne tout aussi collective. Si le constat est indéniable, les solutions sont moins convaincantes. Draghi, bien que prédisant un avenir incertain, semble être un homme du passé, proposant des politiques publiques qui se sont révélées inefficaces par le passé. Selon lui, il faut investir massivement dans la recherche, et surtout dans la « décarbonation ». Selon lui, c'est là que réside l'avantage comparatif de l'Europe. Vraiment ? Pour y parvenir, il exhorte les nations européennes à emprunter massivement, à s'endetter collectivement et à dépenser cet argent pour réveiller la créativité qui sommeille. Mais depuis quand les fonds publics réveillent-ils la créativité ?

Le rapport de Draghi ne tient pas compte du fait que tous les États européens sont en déficit et que, quel que soit le niveau d'endettement, les taux de croissance sont partout comparativement faibles. De même, aucune relation entre dépenses publiques et croissance n'a jamais été vérifiée nulle part. S'il est vrai que les États-Unis sont plus endettés que les pays européens, il est impossible d'établir la moindre corrélation entre le déficit budgétaire américain et l'innovation dans la Silicon Valley, par exemple, où les start-ups sont financées par du capital-risque privé.

De plus, comme le dollar reste roi, les prêteurs savent qu'ils seront remboursés. C'est un luxe que les Européens n'ont pas : trop de dettes menaceraient l'euro. Les solutions de Draghi, me semble-t-il, sont de vieilles rengaines sociales-démocrates, des politiques « keynésiennes » qui conduisent, comme toujours, au gaspillage de l'argent public, voire à l'inflation. Il est intéressant de noter que l'économiste français Thomas Piketty, le maître à penser de la vieille gauche, a applaudi le rapport de Draghi. C'est un mauvais présage.

Ce que le rapport Draghi ne fait pas, c'est examiner les raisons sous-jacentes du manque d'esprit d'entreprise en Europe. Sur l'ensemble du continent, les entreprises sont surtout entravées par trois facteurs : premièrement, par la masse des réglementations nationales et européennes ; deuxièmement, par le coût de la redistribution des revenus et des richesses ; et troisièmement, par l'idéologie écologiste. Cette idéologie rend les entreprises aveugles et décourage par conséquent l'innovation tout en augmentant les coûts globaux, en particulier les coûts de l'énergie. Draghi constate à juste titre que le prix de l'électricité freine la croissance, mais il plaide aussi pour une énergie « propre », qui rend l'électricité encore plus chère. Il ne voit pas le paradoxe, préférant apparemment suivre une ligne plus à la mode.

Alors, qu'est-ce qui pourrait réveiller l'Europe ? Certainement pas plus d'intervention publique, mais plus de libéralisme de marché. Et elle a besoin de plus d'immigration pour compenser l'effondrement des taux de natalité. L'Europe n'est pas seulement coincée entre la Chine et les États-Unis, mais aussi entre le confort temporaire de la social-démocratie et la nécessité du libéralisme de marché. Il fut un temps, dans les années 1980, où de véritables leaders politiques tels que Ronald Reagan, Margaret Thatcher, Helmut Kohl et José Maria Aznar étaient les porte-drapeaux de cette école de pensée. Cette génération n'a pas encore été remplacée.

Aujourd'hui, il n'y a pas de chef de gouvernement ou de leader de l'opposition capable de dire la vérité. Tous semblent d'accord pour endormir les Européens, car se réveiller signifierait travailler plus, au lieu de surveiller notre « empreinte carbone ». L'écologie et la social-démocratie sont des drogues récréatives qui entraînent une accoutumance prolongée dans l'esprit collectif européen et les médias dominants. Pour se réveiller, il faudrait une cure de désintoxication, ce que le rapport Draghi ne propose pas. Il semblerait que le courage politique ne paie pas assez et que les vérités économiques n'intéressent pas grand monde. C'est là que réside la véritable maladie européenne.

Guy Sorman

Guy Sorman, collaborateur du City Journal et président du conseil d'administration de la Maison française de l'université de New York, est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Economics Does Not Lie : A Defense of the Market in a Time of Crisis (L'économie ne ment pas : une défense du marché en temps de crise), The Empire of Lies (L'empire du mensonge) : The Truth About China in the Twenty-First Century (L'empire du mensonge : la vérité sur la Chine au XXIe siècle) et The Genius of India (Le génie de l'Inde). Cet article a été traduit par Alexander Uff et Guy Sorman.

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)


Les investissements dans les voitures électriques ont été complètement interrompus en Europe. L'une des bases fondamentales du remplacement du pétrole connaît une évolution inquiétante, malgré les politiques en faveur de ces investissements.

https://www.eleconomista.es/motor/noticias/12986343/09/24/la-matriculacion-de-coches-electricos-cae-al-125-y-se-queda-casi-a-la-mitad-de-lo-fijado-para-2025.html  

Les « prévisions » tablaient sur une part de marché de 22 % pour les voitures électriques en 2025 et il s'avère qu'en 2024, la part de marché a diminué par rapport à 2023.

L'utilisation de véhicules hybrides rechargeables en tant que véhicules à essence constitue un autre revers majeur, selon l'UE elle-même. « Le diable se cache dans les détails...

Le problème de la démographie (en particulier en Europe) devait être résolu par une main-d'œuvre bon marché issue de l'immigration. L'augmentation de la population élimine le risque de stagnation économique, tout en réduisant les coûts salariaux.

Mais les derniers résultats électoraux surprennent les dirigeants, car une partie de l'opinion publique ne voit que les problèmes qu'apporte l'immigration et non ses avantages. Le résultat est la croissance des partis populistes et les conséquences sont un ralentissement des politiques d'immigration établies, comme nous le voyons dans cette récente décision en Allemagne.

https://gaceta.es/europa/alemania-suspende-schengen-en-su-repentina-guerra-contra-la-inmigracion-ilegal-20240913-1519/  

(extrait)

https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/09/2020-el-ano-del-gran-reset.html

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

 
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Face à la crise de la dette, les responsables européens agissent "trop peu et trop tard", affirme le Français Jacques Delors, un des principaux architecte de la monnaie unique, qui juge également que l'euro était voué à l'échec dès le départ, dans une interview au Daily Telegraph publiée aujourd'hui.

Pour l'ancien président de la Commission européenne, les problèmes actuels de l'euro sont la conséquence d'"une combinaison entre l'obstination de la vision allemande du contrôle monétaire et l'absence d'une vision claire de la part des autres pays". Mais maintenant, "même l'Allemagne" va devoir se battre, car "les marchés sont les marchés. Et ils sont désormais minés par l'incertitude", souligne-t-il, alors que la chancelière allemande Angela Merkel a martelé vendredi son intention de modifier les traités européens pour réformer la zone euro en une véritable union budgétaire, avant un nouveau sommet européen les 8 et 9 décembre.

Quant aux Britanniques, comme ils ne font pas partie de la zone euro, ils ne "partagent pas le fardeau", néanmoins, ils sont "au moins aussi embarrassés que les leaders européens par cette crise", ajoute M. Delors. Et selon lui, la création d'eurobonds constituerait "un gros souci" pour la City.

Remontant plus loin dans le temps, il estime que la crise actuelle a été générée par "un défaut d'exécution" des responsables politiques qui ont supervisé les premiers pas de la monnaie unique, car ils ont tourné le dos aux faiblesses et aux déséquilibres des Etats membres. "Les ministres des Finances (de l'époque) ne voulaient rien voir qui soit désagréable et qu'ils auraient été obligés de gérer", déclare-t-il au journal britannique. "Chacun doit examiner sa conscience", poursuit l'ancien ministre français de l'Economie (1981-1984).

Il reconnaît néanmoins qu'"il y avait du vrai" dans les mises en garde des responsables politiques et des économistes "anglo-saxons" qui affirmaient qu'une monnaie unique et une banque centrale sans Etat unique serait intrinsèquement instable.

 

 

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