Diam’s : Dieu à la place de la gloire
Le film de l’ex-rappeuse sur sa conversion, applaudi à Cannes, ravira les islamistes. Moins les femmes qui, dans le monde, se voient imposer le voile.
La séquence est digne des hagiographies des saints du proto-christianisme : un homme licencieux, amateur de vins et d'amour, belle voix au chant, suspend d'un coup sa carrière de barde au spectacle d'un cadavre, d'une météorite dans le ciel, ou encore à l'enterrement d'un ami, abandonne tout et prend le chemin de la contrition. Il racontera alors à tout-va comment il a découvert le salut après le succès, la paix de l'âme sans le corps.
C'est vieux comme saint Augustin (ou d'autres) mais aussi neuf que le film de Diam's, l'ex-rappeuse française. Dans Salam (redondance hallalisée du slam), l'ex-chanteuse, aujourd'hui voilée et convaincue, raconte aussi son moment de « repentance ». La séquence est toujours pareille : une vie de déchéance « avant », un moment d'illumination, un « après » de prêche, visage vidé par une extase monosyllabe, yeux larmoyants de gratitude envers l'idée fixe.
Nota bene : en décembre 1977, c'est une autre star qui a subi une « repentance » retentissante : Yusuf Islam, alias Cat Stevens, un Britannique. Mais c'était avant Internet, avant Daech, avant la « conquête universelle islamiste » et avant l'invention du néocolonial permanent, du « woke universel », de l'« islamophobie » prétexte nourricier du victimaire. Cat Stevens est aussi un homme, ce qui donne à sa conversion une intensité moindre.
Diam's est une femme, donc un péché vivant, et son repentir se fait au prix de son corps entier et pas seulement d'une barbe. Sa conversion est plus stratégique, car son crime est plus grand : femme, occidentale et star de chant.
Cette séquence dont raffole la propagande islamiste n'est donc pas une nouveauté, sauf à Cannes peut-être. En Algérie, comme dans d'autres pays du monde dit arabe, la galaxie des médias conservateurs et islamistes déguste ces images d'ex-stars en pleurs, les mains levées vers le ciel vigilant, un coran sous les yeux parfois, racontant en détail le « climax » religieux.
Le show-business est le domaine du péché, et rien de mieux pour gonfler les rangs des sympathisants que de convertir une star. Cela prouve, par bénéfice induit, que l'art est un crime, l'Occident le diable et l'islamisme la solution (slogan des frères musulmans en Égypte).
Cheb Dj… était une célébrité du raï à Oran, depuis quinze ans. Aujourd'hui il élève des vaches, s'habille en abaya (robe traditionnelle) et promet d'éditer des chansons religieuses (sans instruments car ils sont proscrits) pour inciter à prier Dieu. Et il n'est pas le seul chanteur de raï à « basculer ». La séquence, prise en gros plan comme pour Diam's, offre ce visage à l'extase simpliste et cette ferveur qui procède de l'autohypnose.
Aux plus lucides des observateurs elle propose l'image de femmes ou d'hommes fragilisés par le succès, confrontés à leur personnage et soumis aux contradictions de leur vie ou de leur culture. Angoissés, souvent sans assise intellectuelle pour se défendre contre la « Vérité », rescapés de la solitude la plus violente et donc aptes au « salut », ils sont exhibés comme des bêtes sauvages. Et, si la détresse est réelle, l'usage qu'en fait la machine islamiste est tout aussi prédateur que ce que l'ex-star dénonce : chanter « salam » à la place du slam, ce n'est souvent que changer de parolier et de producteur.
La propagande islamiste en Occident et dans le monde dit musulman n'a pas, en effet, le monopole des images insoutenables de Daech. Le versant soft procède d'autres recettes. L'islamisme a appris comment nourrir son identité de « victime », a monté un véritable engineering du victimaire qui parasite l'univers des ONG dans le monde, des « droits de l'homme » et des médias autoculpabilisateurs en Occident.
Aujourd'hui, les islamistes savent comment tirer profit des faiblesses des démocraties et profiter des lois et même d'un festival. Le film Salam, quand on en scrute de courtes séquences, met mal à l'aise. il raconte certes une détresse mal soldée, mais, quand on est du « Sud » on y découvre surtout ce qui est vendu concomitamment et parfois inconsciemment : l'idée que le voile est un salut, que l'art, le chant ou la fête sont le mal, et que le seul moyen de trouver la paix est de trahir son corps et se soumettre.
Le résumé est violent, mais, si le film peut être applaudi à Cannes, il ne le sera pas par celles qui se voient imposer le voile le plus noir dans les pays sans droits, celles qui luttent pour refuser cette soumission, celles qui savent ne pas confondre paix et abdication, celles qui osent se « dévoiler » et danser et chanter dans les émirats rétrogrades.
Un genre se consacre sous nos yeux : l'iconographie islamiste, représentée par Diam's, d'ex-stars égyptiennes du cinéma et même des footballeurs internationaux dont le dernier, Idrissa Gueye, est devenu une vedette confessionnelle pour avoir refusé de porter un maillot contre l'homophobie.
Par Kamel Daoud
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L'ex-rappeuse Diam's ouvre une agence de voyages
https://www.capital.fr/entreprises-marches/lex-rappeuse-diams-ouvre-une-agence-de-voyages-1362902
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https://www.lepoint.fr/people/diam-s-change-de-cap-bye-bye-la-france-17-10-2018-2263687_2116.php
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On l’appelait Diam’s, elle était rappeuse. Elle portait la voix de la gent féminine, une voix qui exprimait la colère. Elle utilisait le rap pour faire passer son message, ses indignations.
Oui, cette gloire pleine d’anxiété octroyée ici sur Terre par notre Créateur.
- Diam’s, femme musulmane