L'ONF rétrécit...

Publié le par ottolilienthal

l'hostilité contre les gardes forestiers se propage dans tout l'Hexagone

C'est un métier qui paraît paisible. Pourtant, de plus en plus de gardes forestiers se font agresser verbalement et même physiquement. Leurs engins sont vandalisés, les coupes d'arbres leur sont reprochées.

 

 

En forêt de Versailles, voici ce que des agents de l'État, de l'Office national de forêts (ONF) retrouvent inscrit sur leurs panneaux : des tags, des insultes, des appels au suicide, parfois jusqu'à leur domicile. Ces bûcherons sont pris à parti par des riverains, des promeneurs, qui ne comprennent pas pourquoi l'ONF abat des arbres. Pourtant, leur travail ne consiste selon eux à ne couper que les arbres morts ou dangereux, victimes du dérèglement climatique, de maladie. "Le but, ce n'est pas la destruction de la forêt, c'est [son] entretien", assure un garde-forestier.

Création d'une cellule de gendarmes spécialisée

L'hostilité contre les forestiers se propage dans tout l'hexagone. En pleine nature dans le massif du Morvan, l'une des machines d'une coopérative forestière est détruite par les flammes. Il y a un mois, cet engin quasi neuf, acheté 350 000 euros, prend feu en pleine nuit. Lionel Say, directeur général de la Coopérative forestière CFBL, est persuadé que son entreprise a été victime d'un acte criminel. C'est la sixième fois que sa coopérative est vandalisée en trois ans. L'industrie du bois réclament la création d'une cellule de gendarmes spécialisés.

H. Puffeney, B. Gouronnec, A. Fleurent - France 2
France Télévisions

 

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/droit-et-justice/environnement-l-hostilite-contre-les-gardes-forestiers-se-propage-dans-tout-l-hexagone_5134864.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220514-[lesimages/image2]

 

Parmi les petites purges budgétaires passées plus ou moins inaperçues, "Le Journal du dimanche" (30/9) en a déniché une nouvelle :  "L'Office national des forêts va être soumis à des coupes claires". Dès l'an prochain, 226 postes vont être supprimés, a annoncé le directeur de l'ONF à ses cadres. Et le syndicat desdits cadres craint que 1 500 autres soient liquidés d'ici la fin du quinquennat. Accessoirement, les rares nouveaux embauchés sont payés moins que les

8 500 salariés actuels et n'ont plus le statut de fonctionnaire.

 

Le Canard enchaïné, 3/10/2018

 

C’était au début de l’été, le 1er juin 2015. Un ouvrier forestier de l’Office national des forêts, l’établissement public chargé d’administrer et d’exploiter les bois et les forêts françaises, mettait fin à ses jours. Un acte qui porte à trois le nombre de suicides à l’ONF depuis le début de l’année, et à 38 depuis 2005.

Cet acte fatal n’a pas obtenu de reconnaissance professionnelle (cela a été le cas de seulement 2 des suicides sur les 38 répertoriés en dix ans) car, explique Dominique Bouthier, directeur des ressources humaines, le faisceau d’explications est souvent plus complexe que l’unique cause professionnelle :

Autre risque important : 20 % des agents ont une mission de police et ont, à cet effet, une arme à feu.

Même si la direction souligne la prise en compte du mal-être de ses équipes et la volonté de prévenir les risques psychosociaux, la crise couve toujours dans l’organe de gestion des forêts françaises. Qu’est-ce qui explique ce malaise profond dans l’établissement public ? Que peut-il se passer désormais ?

Activités déficitaires

L’ONF est chargé de la gestion et de l’équipement des forêts appartenant à l’Etat, indique la loi du 24 décembre 1964. Aujourd’hui, l’établissement a vu ses missions évoluer, et il assure la gestion durable des forêts publiques, soit près de 10 millions d’hectares sur le territoire métropolitain et dans les départements d’outre-mer (ce qui en fait la quatrième forêt européenne en superficie totale).

 

L’ONF fournit 40 % du bois français, alors que la forêt publique ne représente qu’à peine plus du quart de la forêt française. La forêt privée, plus morcelée, est elle moins exploitée.

 

L’ONF, sous la double tutelle des ministères de l’agriculture et de l’écologie, est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), comme l’Etablissement français du sang, la Comédie-Française, le Centre national d’études spatiales ou encore l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

En tant qu’EPIC, il doit gérer une activité de service public, mais peut également dégager des profits du fait de l’exploitation forestière. Après une année de résultat net négatif (une perte de 900 000 euros en 2012), l’établissement affiche un rebond progressif avec un résultat de 2,5 millions d’euros en 2013 et de plus de 10 millions en 2014.

« Profond malaise »

La nomination, cet été, d’un nouveau directeur à la tête de l’Office a remis en lumière les tensions au sein de l’organisation. L’énarque Christian Dubreuil, ancien directeur général de l’Agence des espaces verts de la région Ile-de-France, nommé en juillet, aura pour prochaine mission de rétablir le dialogue dans une organisation traumatisée par les récents événements.

« Les mauvaises conditions d’emploi et de travail ont contribué à ce nouveau drame intolérable », a estimé la fédération CGT agroalimentaire et forestière juste après le dernier suicide. Un constat déjà confirmé par un audit réalisé en 2012, qui avait mis en évidence un « malaise social profond et multifactoriel », détaille la Cour des comptes dans un rapport qu’elle a consacré à l’établissement l’an dernier.

Ce malaise est lié aux réductions d’effectifs qui s’accompagnent d’une augmentation de la charge de travail, de l’abandon de certaines missions de service public, d’une opposition à la politique de coupe du bois, de la fragilisation de populations ouvrières et d’interrogations sur l’avenir de l’ONF. Le contrat 2012-2016 avec l’Etat prévoit plus de 600 suppressions de postes. L’Office a perdu plus du tiers de ses effectifs en 25 ans ; il compte aujourd’hui 9 200 agents, dont deux tiers de fonctionnaires, les autres dépendent du privé (principalement des ouvriers forestiers).

Les salariés doivent se réunir en intersyndicale ce vendredi 4 septembre pour déterminer les actions à mettre en place avant la conférence internationale sur le climat organisée en fin d’année à Paris.

Situation inquiétante

Le nouveau directeur va devoir conduire les négociations en vue de la signature, en octobre prochain, du prochain contrat d’objectifs et de permanence (COP), qui détermine les orientations de gestion et les programmes d’action de l’établissement et doit entrer en vigueur au 1er janvier 2016.

La situation est d’autant plus inquiétante que la transparence ne semble pas être la norme : organigramme complet impossible à consulter selon les syndicats, absence de système informatique pour gérer les ressources humaines, rémunérations biaisées par des primes dont les montants ne sont pas connus, multiplication des filiales (plus d’une vingtaine actuellement)…

L’une d’elles est d’ailleurs l’un des projets les plus décriés de l’ONF : Huttopia, des camps de vacances de luxe, dont le terme est annoncé, car l’accord du ministère pourrait lui être retiré. Qualifiée d’« exotique » par la Cour des comptes, l’opération est en effet assez éloignée de l’activité de l’ONF et a été mise en place avec une entreprise privée dans des conditions peu favorables à l’établissement public (qui a amené les fonds mais ne possède pas la majorité des parts).

L’établissement défend « un concept innovant (…) qui permet, le cas échéant, un retour facile du site à son état initial » et la valorisation intéressante de la forêt de châtaigniers très peu productive dans laquelle Huttopia serait située.

Mais, plus globalement, il s’agira surtout de continuer à faire des économies. L’ONF a en outre dû revoir ses emprunts à la hausse (300 millions d’euros à fin 2014), des emprunts dédiés à son fonctionnement quotidien et non à des investissements… ce qui met encore un peu plus en péril son avenir.

 

 

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