JO Paris 2024, idéologie d'état officielle

Publié le par ottolilienthal

JO de Paris 2024 : bloquer la Seine, un couac majeur pour le transport des céréales

L'arrêt total de la circulation fluviale pour préparer les Jeux Olympiques, en pleine période des moissons, menace des filières entières. Les pertes pourraient atteindre un demi-milliard d'euros.

Il a encore à l'oreille cette remarque d'un énarque, lâchée avec candeur en marge d'une rencontre : « Et on ne pourrait pas décaler la date des récoltes, par exemple au 29 juillet ? » Non, on ne peut pas, a patiemment tenté de lui expliquer Jean-François Lépy. « Quand le blé est mûr, il faut le couper. » Et, quand il est coupé, il faut sans tarder l'acheminer vers le silo où il sera stocké, à l'abri, avant d'être vendu. Au risque que la récolte soit ruinée.

Depuis des mois, le secrétaire général d'Intercéréales, référent logistique au sein de l'interprofession céréalière, tente d'alerter les pouvoirs publics sur ce problème majeur, auquel personne, au sein du Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) comme au sein du gouvernement, n'avait pensé. « Les organisateurs ont prévu de couper toute circulation sur la Seine du 19 au 27 juillet, possiblement même quelques jours plus tôt, pour déminer le parcours des athlètes et installer les éléments provisoires de Paris 2024 sur le fleuve », explique Jean-François Lépy. Ensuite, pendant les Jeux, la circulation fluviale sera coupée au total une vingtaine de jours de 2 heures à 11 heures du matin pour permettre le bon déroulement des épreuves. La Seine étant un axe important de circulation fluviale, des contacts ont été noués très tôt avec les autorités portuaires, de même qu'avec les entreprises et professionnels utilisateurs du fleuve sur lequel transitent chaque année 22 millions de tonnes de marchandises… « Mais personne n'a pensé que les céréales, justement, ne sont pas une marchandise comme les autres. Pour elles, c'est la nature qui commande. »

Pour remplacer les bateaux, il faudrait 70 000 camions

Début septembre, la réalité a brusquement rattrapé les organisateurs : si l'on peut décaler certaines activités, acheminer par la route la marchandise de 300 enseignes Franprix (qui transite par le fleuve) ou reprogrammer des chantiers de construction, on ne peut absolument pas décréter la date des moissons, qui commencent historiquement, en Île-de-France, autour du 15 juillet. Et le bel échafaudage pensé pour réguler les activités pendant les Jeux a brutalement viré au casse-tête : « Chaque année, 3 millions de tonnes de grains sont acheminées au port de Rouen par la Seine pour être exportées, dont 600 000 à 700 000 tonnes entre juillet et août », détaille Jean-François Lépy. Or la plupart des volumes sont chargés en amont, à l'est de Paris… Qu'en faire ? « On ne peut pas les stocker en bout de champ, c'est insensé ! »

Alors qu'une cinquième réunion de crise doit se tenir, ce 21 décembre, à la préfecture de région pour tenter de résoudre le problème, aucune des précédentes rencontres n'a permis de dégager de solution. « Le transport par rail est impossible : les sillons sont réservés trois ans à l'avance. Et, pour transporter ce grain par la route, il faudrait 70 000 camions », calcule Jean-François Lépy. « Non seulement on ne les a pas, mais ce serait un désastre pour l'environnement, et ils ne pourront même pas traverser Paris. » « C'est simple, les deux tiers des bateaux qui transitent sur la Seine en été transportent des céréales », détaille Didier Léandri, président de la fédération professionnelle des Entreprises fluviales de France (E2F), qui pointe des conséquences en cascade. « L'impact sur nos activités est réel, mais c'est l'arbre qui cache la forêt des filières industrielles et commerciales ! La France est le premier exportateur européen de céréales. La marchandise dépend de la Bourse, des marchés de courtage… La moindre faille logistique engendre des préjudices énormes. »

En plein événement international, on a omis de penser à la sécurité alimentaire des autres pays que nous sommes censés livrer.Sébastien Graff, responsable chez InVivo des projets stratégiques

Un demi-milliard de pertes

Premier collecteur de céréales d'Europe et leader mondial du malt, le groupe Soufflet (filiale du géant coopératif InVivo) angoisse. « Nos silos vont tourner à vide dans le port de Rouen et sur la façade atlantique. Qu'est-ce qu'on fait de la récolte qu'on ne peut pas transporter ? » s'emporte Sébastien Graff, responsable chez InVivo des projets stratégiques. « On risque surtout de créer un trou dans le marché qui impactera la ferme France. D'autres pays vendront à notre place, avec un risque de rupture en bout de chaîne. En plein événement international, on a omis de penser à la sécurité alimentaire des autres pays que nous sommes censés livrer. Quel gâchis ! » « Nous travaillons d'arrache-pied à une solution », confie le président de la Communauté portuaire de Paris, Olivier Jamey. « Mais j'avoue que, pour l'instant, je ne vois pas de plan B. »

L'interprofession évalue les pertes potentielles… à un demi-milliard d'euros. Un montant colossal. À moins que… le ministère de l'Intérieur, comme les autorités organisatrices, ne consente à revoir ses plans en acceptant de laisser circuler les bateaux la nuit pendant les moissons en juillet. « Nous sommes conscients des problèmes de sûreté, mais la circulation peut s'organiser avec des bateaux-pilotes, des accompagnants », propose Jean-François Lépy.

L'espoir d'une moisson précoce

Les autorités, qui n'avaient rien anticipé, réfléchissent. Mais le sujet reste sensible. « C'est d'autant plus compliqué que la Seine va être un élément central de ces Jeux. Les athlètes vont y défiler et des spectacles surprises qui pourraient y avoir lieu sont tenus dans le plus grand secret. On n'est même pas certains des vraies dates de la fermeture du fleuve, tempête un proche du dossier. C'est à s'arracher les cheveux ! »

 

Le ministère de l'Agriculture, mis tardivement au courant, commence à s'intéresser au dossier. « Avec le réchauffement climatique, on peut espérer une récolte plus précoce. Cela réglerait le problème », souffle une source rue de Varenne, où des modalités de compensations financières sont aussi étudiées. Mais les professionnels n'y croient pas. « À cause des inondations de cet automne, de nombreux agriculteurs ont dû décaler leurs semis. Plus de 130 000 hectares sont concernés, s'alarme Sébastien Graff. On ne peut pas s'en remettre à la chance, c'est déraisonnable. » Les agriculteurs, eux, devront prendre le risque : la marchandise acheminée par le port de Rouen sera vendue sur les marchés bien avant la récolte, au printemps. « Les exportateurs ne vont pas se tirer une balle dans le pied en vendant une marchandise qu'ils ne pourront pas acheminer. »

Il reste quelques mois aux organisateurs des JO pour résoudre l'équation.

https://www.lepoint.fr/societe/jo-de-paris-bloquer-la-seine-un-couac-majeur-pour-le-transport-des-cereales-21-12-2023-2547853_23.php

 

JO de Paris : chronique d’un désastre annoncé

Une ville en état de siège, des transports en commun saturés… Pour faire de Paris une fête, il faut d’urgence revenir aux réalités.

Les JO de Paris 2024 rassembleront 15 000 athlètes et 20 000 journalistes et se dérouleront devant 15 millions de spectateurs et 4 milliards de téléspectateurs. Ils constituent pour la France une occasion unique de restaurer son image et son influence, abîmées par son décrochage économique, sa faillite financière, son impuissance devant la contamination de la violence et son isolement diplomatique. Le sport est en effet devenu un instrument privilégié de projection de puissance, comme le Qatar en a fait la démonstration avec la Coupe du monde de football. Et les Jeux olympiques sont l'événement le plus médiatisé de la planète.

Mais la France n'a pas droit à l'erreur. Les Jeux peuvent symboliser le renouveau ou la liberté retrouvée d'un pays, comme ce fut le cas à Barcelone en 1992 pour la transition démocratique de l'Espagne. Il arrive aussi qu'ils incarnent la corruption – comme à Rio en 2016 – ou les bulles financières – comme à Athènes en 2004 –, qu'ils basculent dans la tragédie – comme lors de la prise d'otages des athlètes israéliens à Munich en 1972 – ou qu'ils figurent l'ascension des régimes autoritaires et la course à la guerre – comme à Berlin en 1936.

La faille majeure de la sécurité

Or les Jeux de Paris s'inscrivent dans un contexte international qui rappelle les années 1930, en parfaite opposition avec les valeurs de l'olympisme : l'amitié, le respect et l'excellence. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a ramené la guerre de haute intensité en Europe et ouvert une grande confrontation entre régimes autoritaires et démocraties qui fragmente le monde en blocs. La violence s'est émancipée des institutions et des règles qui s'efforçaient de l'encadrer, de l'Ukraine au Proche-Orient en passant par l'Arménie ou le Myanmar.

Le djihadisme poursuit son expansion à partir de l'Afghanistan, de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie ainsi que du Sahel. Les valeurs universelles des droits de l'homme sont contestées par les tyrannies, soutenues par le Sud global en raison de son ressentiment contre l'Occident. L'heure est à la haine, à la vengeance, à la primauté de la force sur le droit et de la terreur sur la dignité et la liberté des hommes.

Seule une nation forte et unie, sûre de son histoire et de ses principes, pourrait ériger l'esprit olympique en antidote à la barbarie qui gagne la planète. Mais la France, pour l'heure, prend le chemin opposé. La préparation des Jeux est placée sous le signe de la maxime « Tardius, Inferius, Impotentius » (plus lent, plus bas, plus faible), aux antipodes de la devise olympique « Citius, Altius, Fortius » (plus vite, plus haut, plus fort). Elle se caractérise par un grand écart entre des ambitions démesurées et des performances consternantes. La situation du sport français, miné par les scandales et gangrené par une violence extrême dont le football est devenu l'étendard, est emblématique non seulement d'une impréparation générale mais également d'un profond mépris pour l'esprit olympique, pour les athlètes et pour les spectateurs.

La faille majeure concerne la sécurité, qui oscille entre l'amateurisme et la tentation autoritaire. Face à la multiplication des conflits armés – dont la guerre à Gaza, qui trouve des prolongements immédiats dans la société française –, face à la recrudescence des attentats djihadistes et à la fin de tout contrôle de la criminalité, face à l'incapacité d'endiguer la violence autour des stades, la cérémonie d'ouverture, qui entend faire défiler 10 000 athlètes sur 116 bateaux sur 6 kilomètres le long de la Seine devant 600 000 spectateurs, apparaît comme un pari aussi irresponsable. La solution choisie, qui consiste à transformer Paris en camp retranché, quadrillé par un Big Brother numérique, et à faire en sorte qu'une large partie du public soit en réalité composée de policiers et de militaires, est digne d'une démocrature.

Paris, une ville éventrée, insalubre et dangereuse

La situation des transports est tout aussi catastrophique. La candidature française a prétendu assurer la mobilité de 15 millions de spectateurs uniquement par les transports en commun en prohibant la voiture, y compris sur les 13 sites de petite et moyenne couronne. Mais aucun des projets d'infrastructure (CDG Express, Eole, lignes 16 et 17 du métro) ne sera livré, pas plus que les matériels roulants d'Alstom, qui affiche un retard de plus de trois ans pour le RER B et de dix ans pour le métro de Lille. La seule mesure correctrice à la pénurie de l'offre de transports collectifs a consisté à doubler leur prix, avec un ticket de métro à 4 euros, un carnet à 32 euros et un passe Paris 2024 à 72 euros. Il en va de même pour l'hébergement avec une explosion des tarifs pour des services très dégradés.

La situation de Paris, censé être la vitrine de la France, est pour sa part critique. La ville est éventrée, insalubre et dangereuse. Elle demeure de très loin la capitale la plus sale d'Europe. Elle est totalement embolisée et hors d'état d'accueillir des millions de visiteurs alors que la vie de ses habitants est devenue infernale et que l'insécurité est endémique.

L'accumulation des retards et des incohérences a naturellement un coût. Le principe selon lequel les Jeux étaient censés financer les Jeux relève de la grande illusion. Comme à l'accoutumée, seul le CIO s'enrichira sans compter. Le coût final dépassera 10 milliards d'euros contre un budget initial de 6,2 milliards. L'État, déjà surendetté, s'est engagé à prendre en charge les dépassements. L'investissement est pour le moins risqué, puisque les retombées pour l'économie française sont estimées entre 6 et 10 milliards d'euros.

On doit changer les équipes qui perdent ou tout au moins modifier leur stratégie et leur mentalité. Il est encore temps de repenser les JO de Paris pour les réussir au lieu de poursuivre la chronique d'un désastre annoncé. Sortons du déni autour de l'ensauvagement du monde et imaginons une cérémonie d'ouverture compatible avec les contraintes de sécurité qui ne mette pas Paris en état de siège. Prenons acte de la défaillance des transports en commun et autorisons les voitures, particulièrement pour les sites difficiles d'accès comme Versailles ou la base nautique de Vaires-sur-Marne.

Arrêtons le saccage de Paris et investissons dans la propreté et la sécurité. Renonçons aux comportements prédateurs, et concentrons-nous sur la qualité de l'accueil des athlètes et des spectateurs. Il est encore temps de faire de Paris une fête et des Jeux une magnifique occasion de découvrir la France, voire un laboratoire pour son redressement. Mais à une condition : revenir aux réalités, au bon sens et à la raison.

Comme si la dette de Paris 2024 ne suffisait pas, les Alpes françaises se lancent dans les Jeux Olympiques d’hiver 2030. C'est une excellente nouvelle pour la Suisse qui voulait tenter le coup et qui s'est fait recaler.

La France pourrait tester, en grandeur nature, l'effet sur son économie, d'organiser deux événements qui plombent durablement le budget des régions.

Le prix des transports publics sera multiplié par deux lors des Jeux Olympiques de Paris.

 

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1359-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-novembre-2023.html

et si la canicule gâchait la fête ?

Comment les athlètes vont supporter la chaleur lors des Jeux olympiques 2024 à Paris ? Certains s’y préparent déjà dans des « chambres thermiques ». Pas question, en tout cas, de reporter l’événement, assurent les organisateurs.

C’est la fin du deuxième set. Le champion Daniil Medvedev est proche de s’effondrer sur le court. L’arbitre s’enquiert de son état de santé. Le tennisman se demande s’il ne va pas « mourir » de chaleur. La scène se déroule le 28 juillet 2021, lors des huitièmes de finale du tournoi de tennis des Jeux olympiques de Tokyo. « Dès le début du match, j’ai senti que j’avais du mal à respirer. C’était comme si mon diaphragme était bloqué », a ensuite expliqué la tête de série n°2, finalement venu à bout de l’Italien Fabio Fognini après avoir eu recours à deux temps morts médicaux.

Reverrons-nous pareille scène lors des Jeux olympiques 2024, à Paris ? Les organisateurs s’en préoccupent à la marge — pas question de reporter l’événement — tandis que les athlètes s’y préparent tant bien que mal. Certains s’entraînent dans des salles surchauffées... Mais combien d’athlètes seront contraints de jeter l’éponge ou s’entêteront, au péril de leur santé ?

Dans la capitale nippone, les températures dépassaient les 30 °C avec, de surcroît, des taux d’humidité supérieurs à 80 %. Les participants enchaînaient les épreuves pendant que la population était, elle, invitée à rester cloîtrée. Sous la fournaise, les corps ployaient. L’archère russe Svetlana Gomboeva a perdu connaissance. La joueuse de tennis espagnole Paula Badosa a été évacuée en fauteuil roulant, serviette sur la tête, à cause d’une insolation. Dans un environnement a priori plus clément, au milieu des vagues, le canoéiste Martin Thomas s’est plaint : « L’eau chauffe aussi. » Les joueurs de beach-volley, eux, se sont brûlé les pieds sur le sable.

Selon les instituts météorologiques, tous les ingrédients sont réunis pour que les athlètes cuisent au bain-marie lors des prochains JO. L’effet conjoint du réchauffement climatique et du phénomène El Niño — s’il se prolonge — augure des températures inédites. Les dates choisies pour organiser la compétition, en plein cœur de l’été, du 26 juillet au 11 août, vont renforcer le problème. Et il y a la ville hôte, Paris, qui est la plus mortelle d’Europe en cas de canicule. Ses rues imperméables, ses revêtements sombres, et son bâti dense emmagasinent la chaleur et font d’elle un « immense radiateur la nuit l’été », comme l’expliquait la mission d’information et d’évaluation (MIE) du Conseil de Paris.

Paris, ville la plus mortelle d’Europe en cas de canicule

Nos organismes, aussi affûtés soient-ils, seront mis à rude épreuve. Quand il fait chaud, le corps peine à assurer sa thermorégulation, c’est-à-dire à se maintenir à une température confortable. « Il existe une température optimale pour réaliser un effort physique, qui est variable selon les individus », observe Geoffroy Berthelot, chercheur à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep). Pour une activité intensive et prolongée, comme un marathon, la température optimale se situe autour de 10 °C. Pour les efforts plus brefs, comme les sprint, elle est d’environ 23 °C. « Dès que les températures s’en éloignent, les risques d’abandons et d’accidents s’amplifient », poursuit le chercheur.

Un exemple marquant : le marathon de Chicago, en 2007. Par plus de 30 °C et 86 % d’humidité, près de 300 personnes ont terminé la course à l’hôpital, souffrant de déshydratation, de nausées, de palpitations et de vertiges. L’une d’elle est morte après un « coup de chaleur », la forme la plus grave des affections provoquées par la chaleur, qui entraîne une élévation majeure de la température corporelle et le dysfonctionnement de nombreux organes.

Des chambres thermiques pour acclimater artificiellement les athlètes

Et dans la fournaise, il n’y a pas que les blessures physiques. Les vagues de chaleur ont aussi des conséquences sur la santé mentale, comme le précise le Giec dans son dernier rapport. Les chercheurs estiment qu’un lien certain a été démontré entre l’augmentation des températures, au-delà de 30 °C, et une hausse des suicides. Pour la chercheuse Aurélie Collado, spécialisée en psychologie de la performance, les sportifs sont particulièrement exposés : « On s’occupe très peu de leur santé mentale, mais ils sont déjà dans une course à la performance qui peut impliquer des excès et qui n’est pas équilibrante. La chaleur et la fatigue qu’elle provoque viennent se surajouter. »

Dans ces conditions, comment continuer de réaliser des prouesses ? Dans son laboratoire parisien à l’Insep, Geoffroy Berthelot s’est penché sur l’histoire des records olympiques depuis 1896. Selon ses calculs, les athlètes ont atteint 99 % de leur potentiel dans les limites naturelles de la physiologie humaine. Sous l’effet des nouveaux paramètres climatiques, les performances olympiques promettent d’être stagnantes, et des records ne vont certainement plus être battus à l’avenir. « Ils ne tomberont pas indéfiniment, et encore moins en plein été. Il faudra sortir de ce paradigme », avance Geoffroy Berthelot.

Mais les grandes nations du sport ne sont pas près de renoncer à affoler les chronos. Leur parade : des chambres thermiques, où elles tentent d’acclimater artificiellement leurs athlètes au « stress environnemental » attendu lors des Jeux olympiques. Le recordman français du monde du 50 km marche Yohann Diniz s’était préparé de cette façon pour les Jeux olympiques de Tokyo, après avoir été victime des conditions climatiques extrêmes aux JO de Rio puis aux Mondiaux de Doha. En France, l’Insep a récemment obtenu l’un de ces caissons, qui consiste en une salle d’entraînement « où l’on maîtrise tous les paramètres environnementaux, la température, l’humidité, l’oxygène... », explique Geoffroy Berthelot.

Pour éviter de mettre les sportifs sous bulle, ne faudrait-il pas, plutôt, décaler les Jeux olympiques ? « C’est une meilleure solution pour préserver les athlètes et leurs niveaux de performance », affirme Guillaume Coudevylle, chercheur spécialisé en psychologie de la santé et de la performance. C’est d’ailleurs ce que préconise le « Guide pour un été 2023 sportif et responsable », édité par le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Il recommande de prévoir l’aménagement, le report, voire l’annulation d’un évènement sportif en cas de vagues de chaleur. Mais du côté du Comité d’organisation des JO (COJO), contacté par Reporterre, cette option n’est pas envisageable.

Pas question de changer la localisation de certaines épreuves

Lambis Konstantinidis, directeur de la planification et coordination des JO, assure que l’organisation « fera le maximum pour anticiper les fortes chaleurs et ne pas mettre en danger la santé des participants ». « Nous sommes flexibles, prêts à adapter le programme à la réalité sur le terrain. Quand on pourra reporter certaines compétitions, nous le ferons », poursuit-il. En revanche, pas question de changer la localisation de certaines épreuves, comme le beach-volley ou le tir à l’arc, qui se disputeront respectivement sur le Champ-de-Mars et l’Esplanade des Invalides, au centre de Paris. « En organisant le beach-volley sur une plage, les chances d’avoir du vent et des températures plus douces auraient pourtant été plus grandes » regrette Guillaume Coudevylle.

Les salles et les stades, eux, ne seront pas climatisés... « sauf si la salle est déjà équipée, comme à l’AccorHotels Arena de Bercy, ou quand c’est inévitable, à la marge », dit Lambis Konstantinidis. L’enceinte du Stade Pierre Mauroy de Lille, où se disputera le tournoi de basket-ball, sera ainsi refroidie, « sinon le taux d’humidité fera glisser les joueurs sur le parquet ».

Autre sujet épineux : la question du repos, essentiel aux athlètes. Or, canicules et sommeil ne font pas bon ménage et l’organisation a fait le choix de ne pas climatiser les chambres du Village des athlètes, réparti sur les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Île-Saint-Denis. « L’urbanisme du Village assure le rafraîchissement naturel des bâtiments, et la température sera au moins 6 °C plus basse qu’à l’extérieur », justifie Lambis Konstantinidis. « C’est beaucoup plus intéressant d’un point de vue écologique. »

La décision a quand même fait bondir les délégations, qui veulent optimiser le temps de récupération de leurs sportifs. Elles craignent que l’architecture ne suffise pas à rafraîchir suffisamment les pièces. Certaines fédérations ont menacé de déserter le village, obligeant le comité à reculer : les délégations ont désormais le choix d’installer, ou non, des appareils de refroidissement de l’air. « Elles le feront à leur charge, et ça ne doit surtout pas être la norme », prévient le directeur de la planification et coordination.

27 juillet 2023

 

 

https://reporterre.net/JO-2024-les-sportifs-craignent-le-coup-de-chaud

JO 2024 : le contribuable paiera si le budget dérape, alerte la Cour des comptes

Si l'optimisme reste de vigueur du côté des Sages de la rue Cambon, son président a néanmoins averti qu'en cas de dérapage budgétaire, l'addition serait pour le contribuable.

À un an des Jeux olympiques de Paris, la Cour des comptes vient de rendre son rapport concernant le budget consacré à l'événement. Si l'organisation semble dans les temps, avec des délais respectés concernant les équipements et les infrastructures, les sages de la rue Cambon appellent tout de même à la vigilance, comme le rapporte Le Parisien.

Dans le viseur : la sécurité et les transports. "Nous recommandons d’anticiper : des décisions doivent être prises au plus tard en octobre 2023. (...) Sur la sécurité des JO, il faut aller vite, ne pas tergiverser, évaluer l’ampleur du recours des forces de sécurité intérieure et le planifier", alerte Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes. Quant aux transports, si l'optimisme reste de vigueur, "il n’y a pas de marge en matière de calendrier", indique le patron de l'institution, dans les colonnes du quotidien francilien.

Sur le plan financier, la Cour des comptes veille au grain, alors que le budget des JO 2024 a été augmenté de 15 % (+ 573 millions d’euros) en décembre dernier. La raison ? "Une sous-estimation du budget de candidature. Celui présenté au moment de la candidature n’était tout simplement pas réaliste", selon Pierre Moscovici. Si l'équilibre budgétaire peut être tenu, il n'y a cependant "aucune marge de manœuvre substantielle". Et si le budget venait à déraper, la note finale serait assurément "pour le contribuable", lance le président de la Cour des comptes.

Mais Pierre Moscovici préfère rester optimiste. "Ne jetons pas l’opprobre, d’autant que ce serait injustifié. Il est toutefois nécessaire d’être extrêmement attentifs, car on sait que la dernière ligne droite est parfois le moment où des parties prenantes peuvent être amenées à commettre des irrégularités plus ou moins importantes", explique celui qui assure que les Sages garderont le contrôle sur les comptes, avant de publier un bilan de l'événement au 1er octobre 2025.

JO 2024 : la Creuse refuse de voir la flamme olympique passer par son département !

Alors que la flamme olympique doit faire une tournée dans l’Hexagone pour les Jeux olympiques de Paris 2024, la Creuse a refusé son passage.

La flamme olympique, ce sera sans elle. Alors que le comité d’organisation des Jeux olympiques 2024 de Paris souhaitait toucher l’intégralité des départements français, la Creuse s’est finalement opposée à son passage, rapporte France Bleu. En cause, ni plus ni moins, l’aspect financier. Avec un brin d’amertume, car au départ, l’idée a séduit les dirigeants creusois. "Le comité olympique nous demandait 80.000 euros, on a regardé comment on pouvait les trouver, on a même demandé à des communes si elles étaient prêtes à participer. Mais dernièrement, on nous a demandé 150.000 euros, alors on a dit non", déplore Marie-Christine Bunlon, vice-présidente du conseil départemental.

Cette somme, qui apparaît pour le moins importante, est similaire pour tous les départements. Marie-Christine Bunlon, qui est chargée des sports, aurait préféré un prorata par rapport à la densité de la population en Creuse, comparée aux autres territoires. "Pour nous, les Jeux olympiques, c'est les jeux de tous, les jeux des enfants notamment pour découvrir ce monde de l'olympisme, ses valeurs de solidarité", regrette-t-elle, comme elle le confie à France Bleu.

D’autant que la flamme olympique ne devait rester que quelques heures dans le département. "Même si c’était un relais de la flamme, des enfants, des sportifs de haut niveau...", lâche-t-elle encore. De fait, l’argent devrait plutôt être réinvesti dans d’autres secteurs plus prioritaires et en adéquation avec les attentes et les besoins des administrés. Du côté du comité d’organisation des JO 2024, Michaël Aloïsio, porte-parole, explique que "cette somme paye une partie de ce que coûte chaque journée du passage de la flamme : c'est de la logistique, de la signalétique, des relayeurs, des animations..." Le reste étant réglé par divers partenaires du secteur privé. L’objectif des organisateurs, par cette initiative, était de (re)lier tous les territoires français.

D’aucuns déplorent la nouvelle en Creuse, car ce passage de la flamme aurait pu braquer les projecteurs sur le département et laisser une bonne image. Le conseil départemental a tout de même demandé un geste aux organisateurs, ces derniers étudient la demande, mais l’optimisme n’est pas forcément de mise. 80% des départements auraient accepté l’événement, conclut France Bleu.

 

 

https://www.capital.fr/entreprises-marches/jo-2024-la-creuse-refuse-de-voir-la-flamme-olympique-passer-par-son-departement-1428090

le mot du maire :

  Anne Hidalgo elle-même, qui confiait il y a peine deux ans que «les Jeux, c'est très joli, mais il n'y a pas une ville qui s'y soit retrouvée sur le plan financier».

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