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le coin des politiques

Publié le par ottolilienthal

Retraite de la SNCF: irresponsabilité au sommet de l’Etat...
Comment le gouvernement, autorité et justice en bandoulière, peut-il demander aux Français du privé, les seniors en première ligne, de travailler davantage tout en autorisant les employés du rail à partir de 9 à 18 mois plus tôt, tout en conservant une part de leur rémunération?
 
Ainsi personne ne savait. Et le président de la République, et le Premier ministre, et le ministre de l’Economie, et celui des Transports, et la directrice du Budget et le directeur de l’Agence des participations de l’Etat, membres du conseil d’administration, et le commissaire du gouvernement, et même le contrôleur économique et financier (l'œil de Bercy au siège) ignoraient donc tout de l’accord très avantageux sur la « cessation anticipée d’activité » signé entre les syndicats et la direction de la SNCF. Cette cécité sonne comme une défausse générale.
Au sommet de l’Etat, c’est irresponsabilité à tous les étages.
 

Car de deux choses l’une. Soit le pouvoir cache la vérité parce qu’il a fermé les yeux, acceptant un « quoi qu’il en coûte catégoriel », pour ne pas dire un hold-up consenti sur le dos des contribuables, au nom de la sacro-sainte paix sociale avant les Jeux olympiques. Soit il n’avait pas été informé des manigances des rentiers déconnectés de la SNCF, démontrant par là même sa négligence ou son incompétence – nos bureaucrates si fiers de leur supposée omniscience choisiront l’option...

 

Quoi qu’il en soit, la convocation par Bruno Le Maire du PDG de la SNCF, aussi théâtrale qu’illusoire, paraît bien fragile pour étouffer le scandale. Comment l’Etat impécunieux peut-il laisser hors de contrôle une entreprise à capitaux 100 % publics qui aura été renflouée en 2022 de 20 milliards d’euros – dont 3,2 milliards pour les seules pensions ? Et comment le gouvernement, autorité et justice en bandoulière, peut-il demander aux Français du privé, les seniors en première ligne, de travailler davantage tout en autorisant les employés du rail à partir de 9 à 18 mois plus tôt, tout en conservant une part de leur rémunération ? Est-ce un « dysfonctionnement » ? Non, c’est un reniement honteux.

 

Rémi Godeau

https://www.lopinion.fr/politique/retraite-de-la-sncf-irresponsabilite-au-sommet-de-letat?utm_campaign=Edition_de_7h30&utm_medium=email&utm_source=newsletter&actId=ebwp0YMB8s3YRjsOmRSMoKFWgZQt9biALyr5FYI13OrzvX4JyQgixkaJzpCEBODB&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=509493

 
 

« J'ai l'impression que la classe politique se contente de gérer le déclin, en alternant entre la purge et le chèque. Ça va très mal se finir. La France peut connaître une énorme crise des finances publiques, ou une révolte sociale à côté de laquelle les Gilets jaunes et les agriculteurs sont des gâteaux apéritifs. »

(David Djaïz, major de Normale sup, énarque, inspecteur des Finances, enseignant à Sciences Po, coprésident d'une agence de conseil, et ancien conseiller du président de la République.)

Faire de la politique pour ensuite « faire du fric » ? Une idée délétère...

 

On a appris cette semaine que l'ancien ministre de la Santé, Olivier Véran, neurologue de formation, secteur en pénurie de médecins, suivait une formation à la très chic clinique des Champs-Elysées pour se reconvertir dans la médecine esthétique, tout en restant député !

Il fait absolument ce qu'il veut de sa vie professionnelle, mais ce n'était pas le meilleur service à rendre aux responsables politiques au moment où leur image est si dégradée dans l'opinion. Le danger, c'est d'accréditer l'idée que la politique, ce n'est plus une mission au service du bien commun mais une ligne prestigieuse sur un CV, un booster de notoriété pour partir ensuite « faire du fric », comme disait Nicolas Sarkozy.

Attention aux symboles donc, surtout quand, comme Olivier Véran, on prétend lutter contre le Rassemblement national...

Ouf! François Bayrou ne sera pas ministre
« Peut-être faudra-t-il qu’Emmanuel Macron perde un à un ses alliés pour qu’il accepte l’idée qu’il est empêché et se résolve à reconstruire, vraiment, une majorité d’alliances »
 
Le Haut-Commissariat au plan l’a échappé belle, il a failli perdre son Haut-Planificateur. Mais tout est bien qui finit bien : la planification, cet art français du bavardage, est sauvée, François Bayrou ne rejoindra pas le gouvernement Attal. Il pourra donc rester là où il n’a pas de bilan.

La macronie l’a échappé belle : elle a failli prendre un sacré coup de vieux en imposant à son gouvernement un grand bond en arrière de trente ans, retour à l’époque où le ministère de l’Education était cogéré avec les syndicats, produisant les résultats sur le long terme que l’on admire tant. Mais tout est sauf : François Bayrou ne sera pas ministre de l’Education. Il ne sera pas davantage ministre d’Etat, ni détenteur d’aucun portefeuille ministériel au titre plus ronflant que la réalité de son pouvoir.

 

Gabriel Attal l’a échappé belle : il n’aura pas, lui le jeunot, le gandin, de père la morale dans les pattes, pas de donneur de leçon sur la façon de gouverner le pays, d’écouter les Français, de conduire les affaires publiques. Pas d’ennemi de l’intérieur, en somme, même s’il devra compter avec cet adversaire de l’extérieur. Mais il l’était déjà, rien de nouveau sous le soleil de Pau.

 

Emmanuel Macron l’a échappé belle : il voit désormais clairement qu’il ne faut plus accorder au Béarnais « le bénéfice du doute ». Adepte des petits marchandages et de la petite phrase, François Bayrou va ainsi retrouver, au sein des dépouilles de la majorité, la posture qu’il a toujours affectionnée, celle de la corde qui soutient le pendu. Bien entendu, ce rétrécissement programmé des marges de manœuvre du gouvernement est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui croient en l’urgente nécessité de l’action publique. Mais peut-être faudra-t-il qu’Emmanuel Macron perde un à un ses alliés pour qu’il accepte l’idée qu’il est empêché et se résolve à reconstruire, vraiment, une majorité d’alliances.

Nicolas Beytout

https://www.lopinion.fr/politique/ouf-francois-bayrou-ne-sera-pas-ministre?utm_campaign=Edition_de_7h30&utm_medium=email&utm_source=newsletter&actId=ebwp0YMB8s3YRjsOmRSMoKFWgZQt9biALyr5FYI13OrzvX4JyQgixkaJzpCEBODB&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=508719

Emmanuel Macron, le président qui n’a pas d’amis

Le chef de l’État, qui vient de perdre son premier grognard, Gérard Collomb, n’a pas su construire autour de lui un cercle de fidèles.

Un proche d'Emmanuel Macron, aujourd'hui en froid avec lui, avait coutume à son propos d'énoncer la sentence suivante : « On ne comprend rien au président si on n'intègre pas qu'il ne déteste personne et qu'il n'aime personne, à part Brigitte, côté cœur, et Alexis Kohler, pour la partie boulot. » Chef de l'État, animal froid ? Est-on condamné, après quelques années au sommet du pouvoir, à voir l'oxygène se raréfier et les fidèles s'égayer ?

La disparition ce 25 novembre de Gérard Collomb, qui fut l'un des premiers grognards d'Emmanuel Macron, l'un des tout premiers à croire en ce jeune homme venu de nulle part, a fait rejaillir l'image d'un chef de l'État solitaire qui peine à entretenir ses fidélités politiques, faute de temps comme de volonté. L'ancien ministre de l'Intérieur et maire de Lyon, qui avait claqué la porte du gouvernement en octobre 2018, avait, sur la fin de sa vie, pris ses distances avec lui. C'est aussi le cas de plusieurs autres anciens « premiers de cordée » de la macronie qui s'avouent désormais amers, sous le couvert bien sûr de l'anonymat, après l'avoir porté au pinacle et révéré.

« Pour Macron, les gens sont interchangeables »

L'appât du gain, si l'on ose dire, n'explique pas tout, tant s'en faut. Certes, certains de ces déçus n'ont pas obtenu les postes qu'ils convoitaient, mais c'est surtout le sentiment d'avoir été négligé qui transpire de leurs propos. C'est cet historique du mouvement En marche, rebaptisé Renaissance, qui avait tout plaqué pour le suivre et qui lâche aujourd'hui, comme dégrisé : « Je crois qu'on s'est trompé sur ce mec. »

Ou cet autre qui s'est plié en quatre, espérant entrer un jour au gouvernement – Emmanuel Macron avait tout fait pour entretenir cet espoir – et qui, depuis, n'a presque plus de nouvelles. C'est cet ancien ministre de premier plan dont le portable n'a plus affiché le nom d'Emmanuel Macron depuis des lustres. Ou cet ami déçu, qui nous met au défi : « Vous devriez tenter de dresser la carte du tendre d'Emmanuel Macron ! Il n'y a ni carte, ni tendresse. Pour lui, les gens sont interchangeables… Il a fait sa campagne présidentielle de 2017 avec des demi-soldes, ce qui était normal pour quelqu'un qui débarquait en politique. Mais qu'il n'y ait pas eu de poids lourds à ses côtés pour celle de 2022 signifie une chose : c'est qu'il n'en veut pas ! »

Le président a-t-il seulement le choix ? Lucide sur le fait que ceux qu'il a construits politiquement depuis 2017, les portant au sommet, n'hésiteront pas à lui tourner le dos, bien qu'ils lui doivent tout, lorsque sonnera l'heure de la présidentielle de 2027, si tel est leur intérêt.

La leçon de Louis XII

Certains de ses proches l'assurent toutefois, le président est un animal à sang froid qui ne sait pas « traiter » les gens, selon l'expression consacrée en politique, comme savaient si bien le faire un Jacques Chirac ou un Nicolas Sarkozy. Lorsqu'il était président de la République, ce dernier, immense affectif, ne manquait jamais de fêter l'anniversaire d'un ami ou d'un allié et célébrait les siens, entouré de ses éternels copains, les Pierre Charon et Brice Hortefeux, autour de grandes tablées. Politiquement, Emmanuel Macron est sur ce point le digne héritier de François Hollande. Un ami de l'ancien président socialiste, agacé que la garde rapprochée passe souvent au dernier plan durant son quinquennat, avait coutume de dire : « Quand on a un souci, il ne faut pas compter sur François ! Il peut nous regarder comme une tortue retournée sur le dos pour voir combien de temps on va mettre à se remettre tout seul sur nos pattes… »

Le rôle de Brigitte Macron

Susceptible et un brin rancunier, Emmanuel Macron n'apprécie pas qu'on lui dise ses quatre vérités. Comme Gérard Collomb l'avait fait en le mettant en garde contre la dangereuse image d'arrogance que renvoyait le pouvoir macroniste à l'entame du premier mandat. En septembre 2018, quelques semaines avant que n'explose la révolte des Gilets jaunes, le « premier flic de France » avait suggéré que, « peut-être, les uns ou les autres, nous avons manqué d'humilité ». « En grec, il y a un mot qui s'appelle hubris, c'est la malédiction des dieux. Quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous, vous pensez que vous allez tout emporter », avait-il poursuivi, déclenchant l'ire présidentielle, au point qu'un dîner d'explication à trois avait été organisé à l'instigation de Brigitte Macron.

Dans la galaxie présidentielle, c'est elle qui met du liant, qui réconforte les déçus. Si bien que certains des « Mormons », ces conseillers de la première heure, la surnommaient parfois, ironiquement, « le bureau des pleurs ». « Et pourquoi Macron n'a-t-il jamais pardonné à Manuel Valls, qui était si facile à récupérer ? » s'agace un ex-fidèle, en citant cette tirade prêtée à Louis XII au nom de la réconciliation : « Le roi de France ne venge pas les injures faites au duc d'Orléans. »

Moderne, le président préfère envoyer des textos que recevoir. Question de gain de temps et d'époque. « Et parce qu'il répugne à la confrontation intellectuelle ! » pique un déçu. De grands élus se plaignent ainsi de ne l'avoir jamais rencontré, à commencer par les présidents de région, jamais reçus collectivement et qui se perdent en conjectures. La maire de Paris elle-même souligne qu'elle n'a été conviée qu'une fois en six ans. « Il ne se comporte pas bien. Il ne nous a jamais appelés pour nous remercier, alors qu'on a passé des nuits à effacer les tags d'insultes qui le visaient sur l'Arc de triomphe », maugréait un proche d'Anne Hidalgo il y a peu, avant « l'affaire Tahiti ».

 

Si bien que le président apparaît comme un monarque condamné à l'isolement en son palais, où sévit une guerre des clans. Comme dit l'un de ses anciens affidés, froissé : « Il n'est pas darwinien, c'est juste qu'il n'aime pas manager les gens. Ça l'emmerde, profondément ! »

Nathalie Schuck

Nicolas Sarkozy et François Hollande : combien les anciens présidents ont coûté à l’Etat français ?

En réponse à la question au gouvernement d’une députée publiée ce mardi 10 octobre, le gouvernement revient sur le détail de la prise en charge des frais des anciens présidents de la République.

419 055 euros. C’est ce qu'ont coûté, à deux, les anciens présidents de la République, François Hollande et Nicolas Sarkozy, à l’Etat en 2022. Dans une réponse à une question de la députée socialiste, Christine Pires Beaune, datant du 4 juillet dernier, le gouvernement revient sur les moyens matériels et humains alloués aux ex-chefs de l’Etat.

Le décret n° 2016-1302 du 4 octobre 2016 prévoit notamment la mise à disposition de «locaux meublés et équipés» aux anciens chefs de l’Etat. Dans le détail, le loyer, les charges et les frais généraux sont pris en charge. En revanche, ces locaux doivent être utilisés comme des «bureaux professionnels» précise la réponse à la question au gouvernement. Dans le cadre de cet avantage, 169 646 euros ont été dépensés par Nicolas Sarkozy en 2022. François Hollande a, quant à lui, dépensé 153 903 euros en loyers et taxes.

Les anciens présidents de la République peuvent également bénéficier de la mise à disposition d’un cabinet de sept membres et de deux agents de service, et ce, pour une durée de cinq années à compter de la fin de leur mandat. Une fois ce délai passé, le dispositif est réduit à trois collaborateurs et un agent de service. Depuis 2017, Nicolas Sarkozy ne bénéficie plus que de cette prise en charge réduite. C’est le cas également pour François Hollande depuis mai 2022.

Plus d’un million d’euros de frais de protection

La rémunération de ces collaborateurs est déterminée par la grille statutaire de leur corps comme les autres agents de la fonction publique. Pour les contractuels, le niveau de rémunération varie selon la «qualification, la technicité et les compétences requises par le poste» précise la réponse. Ils peuvent aussi bénéficier d’indemnités de sujétions spéciales (ISS), soit des primes, dans le cadre du décret n° 2001-1148 du 5 décembre 2001. La moyenne de rémunération de ces collaborateurs était de 6 392 euros net pour le cabinet de Nicolas Sarkozy et de 5 448 euros net pour François Hollande en décembre 2022.

L’Etat prend aussi en charge les frais de réception et de déplacement pour l’ancien Président et un collaborateur pour les activités liées à leur mandat. Un véhicule et des conducteurs sont d’ailleurs mis à disposition par le ministère de l’Intérieur dans le cadre du dispositif de protection du Président. Ces frais ne sont pas pris en compte dans le total des dépenses de Nicolas Sarkozy et François Hollande. En 2022, ils s’élèvent à 1 303 050 euros pour le premier et 1 210 286 euros.

Emmanuel Macron s'est donc exprimé à la télévision française dimanche dernier, au cours d'une interview dont la "sphère environnementale" semble avoir retenu avant tout sa déclaration d'amour à la voiture. La transcription de cette interview est disponible sur le site de l'Elysée.
 
Le constat majeur est que ni les questions posées par les journalistes mentionnés dans la transcription (Laurent Delahousse et Anne-Claire Coudray) ni les réponses du président ne s'articulent autour d'une trame globale.
 
On passe de l'immigration à l'inflation, de l'emploi à l'écologie, et des conflits/crises impliquant la France (Niger, Mali, Arménie...) à la qualité du débat politique sans donner le moindre élément qui permette de relier ou pas ces éléments entre eux.
 
Et du côté des questions c'est pareil : lors du passage sur le prix des carburants, les deux journalistes font tout pour amener le président à justifier une absence de vente à perte, sans faire le moindre lien avec les questions posées ensuite à la rubrique "environnement".
Le "monde physique" est donc un peu évoqué lors de la séquence environnement (et même, pas tant !), mais pas du tout lors des conflits, de l'immigration, de l'inflation ou de l'industrialisation, alors qu'il est un sous-jacent évident dans tous les cas de figure.
 
Faut-il en déduire que, à l'automne 2023, ni notre président ni ses interlocuteurs n'ont réalisé que les sociétés humaines sont avant tout dépendantes de leur environnement ?
Par ailleurs il n'y a que rarement de question portant sur les ordres de grandeur, qui permettrait aux téléspectateurs de faire la différence entre 1 et 100.
 
Le plus probable est malheureusement que les interviewers ne les maîtrisent pas eux-mêmes.
 
Un point important concerne le passage sur la fiscalité sur les carburants, considérée comme indispensable pour financer la transition. Or, si nous décarbonons, les taxes sur les carburants sont aussi peu pérennes que l'usage de ces derniers.
 
Ces taxes devraient donc être affectées exclusivement à la "sortie de la voiture à pétrole", sinon l'Etat se rend dépendant pour d'autres dépenses publiques d'une recette qui vise à "s'autodétruire", et cela l'incitera à ne pas décarboner la mobilité à la bonne vitesse !
Incidemment notre président indique que le carburant vaut cher parce que le prix du pétrole en dollars a augmenté. C'est exact, mais depuis 2007 l'euro s'est aussi fortement affaibli face au dollar (de 1,5 à 1 dollar par euro en gros ), et comme nous payons le pétrole en dollars la variation du change augmente aussi le prix carburants.
 
Certes, des choses intéressantes ont été évoquées lors de cette séquence (pompes à chaleur, empreinte carbone de fabrication des voitures, réindustrialisation "verte", etc).
Mais il reste encore beaucoup de travail pour accoucher d'un récit global, qui est indispensable pour la cohérence de l'action publique, et pour embarquer plus fortement la société civile.
 
(par adrien couzinier)
https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/pfbid04kLY3rSnfEriiKUXfvSpgxXRbKvU1YLkDEWqHub8Mb1yCUSwjF3gEcr3pa2XfF9ml?ref=embed_page
Emploi fictif : Michèle Alliot-Marie va devoir rembourser 600.000 euros au Parlement européen

L'ancienne ministre Michèle Alliot-Marie fait face à des accusations de détournement de fonds au Parlement européen. Elle risque de devoir rembourser 600 000 euros pour un emploi fictif présumé de son neveu.

L'ancienne ministre Michèle Alliot-Marie se trouve aujourd'hui au centre d'une controverse qui pourrait avoir d'importantes conséquences financières. Selon des informations révélées par Le Monde le 11 septembre dernier, elle risque de devoir rembourser près de 600 000 euros au Parlement européen. Cette somme fait suite à des allégations selon lesquelles elle aurait employé son neveu, Florimond Olive, en tant qu'assistant parlementaire entre 2014 et 2019, sans que les missions correspondantes aient été effectivement réalisées. Michèle Alliot-Marie a une carrière politique riche, ayant occupé des postes ministériels sous trois présidents différents, ainsi que des fonctions de députée européenne à plusieurs reprises. Cependant, c'est son mandat de députée européenne qui est aujourd'hui au centre de la polémique. Les accusations portent sur l'utilisation de fonds parlementaires pour rémunérer son neveu, un emploi qui est désormais qualifié d'"emploi fictif".

Les révélations autour de cette affaire sont survenues dans le sillage de l'enquête sur les assistants parlementaires européens fictifs du Rassemblement national. Cette enquête a mis en lumière un système d'emplois fictifs au sein du parti politique dirigé par Marine Le Pen, anciennement connu sous le nom de Front national, en 2016. Le préjudice financier estimé à l'époque était de 7 millions d'euros. L'Office européen de lutte antifraude (OLAF) avait principalement visé le FN, mais l'attention s'est rapidement portée sur une vingtaine d'eurodéputés français, dont Michèle Alliot-Marie. Les journaux à l'origine de ces révélations affirment que l'OLAF avait recommandé au Parlement européen de réclamer 600 000 euros à l'ancienne ministre, qui a depuis pris sa retraite politique.

Cependant, cette recommandation n'a pas encore été validée par le Parlement européen, qui mène actuellement d'autres vérifications pour déterminer s'il y a d'autres sommes à rembourser. Le neveu de Michèle Alliot-Marie a répondu à ces allégations en affirmant que son travail d'assistant parlementaire avait été effectif, et il a également mentionné un long congé en 2017, qu'il avait pris pour participer au début de la campagne présidentielle de Michèle Alliot-Marie, campagne qui avait finalement échoué faute de signatures suffisantes. La décision finale repose désormais sur Michèle Alliot-Marie et son neveu, qui doivent prouver que le travail d'assistant parlementaire européen a été réalisé conformément aux règles en vigueur. L'issue de cette affaire pourrait avoir un impact significatif sur la carrière politique et la réputation de l'ancienne ministre.

Capital (avec 6medias)
 
https://actu.capital.fr/economie-politique/emploi-fictif-michele-alliot-marie-va-devoir-rembourser-600000-euros-au-parlement-europeen-1478912?utm_source=taboola&utm_medium=cpc&utm_campaign=pmo_cap_article_desktop_desktop_flux_global_rtg&utm_term=24617073|leprogres-web|3731439844&tblci=GiAp4VJ0K3RSRiGP1xJ-jh1eBKkwHXtbsub4h0ZtkqwdeSCIm1AoodC6huja0LT0AQ#tblciGiAp4VJ0K3RSRiGP1xJ-jh1eBKkwHXtbsub4h0ZtkqwdeSCIm1AoodC6huja0LT0AQ
Dette, déficit, gaspillage... : ce qui ne change pas au 1er août

Ce qui change ce 1er août montre que rien ne change en France. Prenez la hausse du tarif réglementé de l'électricité. Ce qui change : 22 millions de foyers français vont voir leur facture s’alourdir de 10 %. Ce qui ne change pas : l’Etat, donc les contribuables, va continuer de subventionner à crédit, pour des milliards d’euros, le coût de l'énergie, n’hésitant pas à financer par la dette des dépenses courantes.

Ce qui ne change pas : tétanisé par la menace de révoltes sociales, le gouvernement gaspille à tout-va puisque le «bouclier» ne sera toujours pas ciblée sur les plus démunis, qu’elle brouillera toujours le signal-prix dans un contexte de transition énergétique forcément inflationniste et qu’elle instillera toujours l’idée folle d’une administration protectrice partout et en tout, dans une société à irresponsabilité illimitée.

Ce qui ne change pas : il est quasi impossible de renoncer à des aides, sauf à se faire traiter l’ultralibéral ou d’austéritaire. Depuis 1974, les ménages modestes reçoivent ainsi à partir d’août une allocation de rentrée scolaire censée favoriser l'égalité des enfants devant l’accès à l'école, mais devenue un simple coup de pouce au pouvoir d’achat. Distribuez, distribuez, il en restera quelque chose...

Ce qui change, objecteront les Finances, c’est que l’exécutif va engager des économies sans précédent dans le budget pour 2024. Ce qui ne change pas : Bercy présente comme un exploit la baisse de dépenses exceptionnelles pour mieux camoufler son incapacité à redresser les comptes publics, un cas unique au sein de l’Union européenne. Ce qui ne change pas : la France étatiste et centralisée ne parvient pas à sortir d’un demi-siècle de déficits successifs, au prix d’un déni sur sa perte de souveraineté et sur son appauvrissement généralisé. Oui, le 2 août, rien n’aura changé.

Rémy Godeau

 
 
Fonds Marianne : "un fiasco", la lourde charge de la Commission d'enquête du Sénat

La Commission d'enquête du Sénat a dénoncé "le manque de rigueur, l'opacité et la désinvolture" du Fonds Marianne, qui ont conduit à son "fiasco", lors d'une conférence de presse, jeudi 6 juillet.

Des conclusions accablantes. "Le manque de rigueur, l'opacité et la désinvolture ont conduit au fiasco" du Fonds Marianne contre le séparatisme, mis en place en 2021 par Marlène Schiappa, a conclu, jeudi 6 juillet, la Commission d'enquête du Sénat consacrée à ce dispositif controversé. "Le constat est sans appel sur la dérive de ce que nous appelons 'un coup politique' ", a asséné lors d'une conférence de presse le rapporteur de la commission, le sénateur (LR) Jean-François Husson.

Ce fonds doté de 2,5 millions d'euros avait été créé par en avril 2021 par Marianne Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, quelques mois après l'assassinat du professeur d'histoire Samuel Paty par un jeune radicalisé, pour financer sur internet des "contre-discours" à l'islam radical. "Nous avons le sentiment que le Fonds Marianne a été conçu comme une grande opération de communication" par la ministre, a encore observé M. Husson.

La "promesse" inhérente à ce dispositif, "n'a pas été tenue, ce qui relève pleinement de la responsabilité politique de la ministre", a-t-il poursuivi. "Nous l'avons longuement auditionnée (...) je ne l'ai jamais vue proposer à notre commission d'enquête des éléments tangibles. Elle a eu beaucoup de pertes de mémoire, il y a certaines prises de parole qui sont consternantes de mon point de vue, et affligeantes", a étrillé le sénateur. Pour le rapporteur, certaines des associations ayant bénéficié du fonds "ont effectué un vrai travail", mais ce n'est pas le cas des deux principales d'entre elles. Au final, le "label" du Fonds Marianne "devient un véritable fardeau", voire "un boulet attaché à l'allégorie de la République", selon lui.

 

 

https://www.capital.fr/economie-politique/fonds-marianne-un-fiasco-la-lourde-charge-de-la-commission-denquete-du-senat-1473524

Réindustrialisation : la nouvelle arnaque de Macron

C’est le thème de communication du président des deux dernières semaines, entre interviews, déplacements sur le terrain, sommet avec les investisseurs et annonces triomphalistes. Mais si la plupart des médias ont relayé la propagande de l’exécutif docilement, la réalité, comme souvent avec Macron, n’a rien à voir avec la fable communiquée, quel que soit l’angle d’analyse pris.

 

Entre Orwell et Pravda

Mais comment les média peuvent relayer les éléments de langage de la présidence, sans les remettre en perspective par des faits pourtant basiques  ? Service du pouvoir, incompétence : aucune des explications n’est vraiment rassurante… Car la réalité n’a vraiment rien à voir avec le conte sur papier glacé raconté depuis Versailles lundi. Un simple fait devrait disqualifier tout le discours de la majorité sur la réindustrialisation : notre déficit commercial sur les produits industriels, qui a battu un nouveau record en 2022, à 78,5 milliards d’euros, quatre fois plus qu’il y a 10 ans ! Pire, pour qui prend la peine d’étudier les statistiques, ce déficit a doublé en 3 ans, puisqu’il a augmenté de 15 milliards en 2022, après avoir augmenté de 7 en 2021 et 21 en 2020. Comment peut-on parler de réindustrialisation alors que notre déficit est passé de 35 à 78 milliards d’euros de 2019 à 2022 ? En fait, la situation s’aggrave…

D’ailleurs, la construction automobile en France a atteint un plus bas depuis 60 ans en 2022  ! Et, assez logiquement sur l’emploi, la situation n’est pas brillante non plus. La France comptait près de 5 millions d’emplois industriels dans les années 1970. Nous sommes tombés depuis à 2,7 millions, et ce chiffre semble être un plancher depuis quelques années. Cependant, avec la légère augmentation de la population active, cela revient à une légère baisse de la part des emplois industriels dans la population active, comme l’avait pointé Aurélie Trouvé. D’ailleurs, sur le front de l’emploi, les annonces faites à l’issue du sommet sont très modestes : à peine huit mille emplois, sur plusieurs années, 0,3% du total… Nous sommes dans l’épaisseur du trait. Pourtant, on imagine que ce total ratisse assez large, et ne comporte pas seulement les nouvelles discussions issues du sommet. Une réindustrialisation taille XXS.

Et c’est bien le problème de toutes ces annonces, comme l’a très timidement pointé Gilles Bouleau face à Macron lundi soir  : chaque projet génère peut d’emplois en France, une trentaine en moyenne, bien moins qu’en Allemagne et en Grande-Bretagne. Martial You, sur RTL pointaint il y a peu que les projets espagnols génèrent dix fois plus d’emplois. Voilà pourquoi la macronie ne rapporte que le nombre de projets pour raconter que nous serions les plus attractifs… Si nous comptions en nombre d’emplois créés, la position de la France serait beaucoup moins glorieuse. Comme toujours, la macronie manipule les statistiques grossièrement pour isoler le chiffre qui lui est le plus favorable, au mépris d’une représentation juste de la réalité. Pire, cette comptabilité omet les faillites, en forte augmentation.

Pire, ce faisant, les commentateurs à la mémoire courte, ou biaisés, oublient de mentionner la poursuite des soldes de nos actifs industriels, lourd passif du ministre Macron (Alcatel, Alstom, Technip), qui continue malheureusement malgré le discours sur la souveraineté et la réindustrialisation. Mais pourquoi la France a laissé filer Exxelia cette année, une pépite industrielle qui fournit Dassault, Airbus et Boeing  ? En effet, nous savons trop bien que la prise de contrôle par des intérêts étrangers peut être le prélude à une délocalisation des activités. Voilà un autre point que Gilles Bouleau aurait dû mentionner. Idem sur le coût exorbitant des baisses de taxes destinées à améliorer notre compétitivité depuis 10 ans (autour de 100 milliards par an), qui n’a eu aucun effet positif sur notre balance commerciale…

Il n’y aura pas de réindustrialisation sans protectionnisme et politique industrielle, impossibles dans l’UE. Et si quelques usines ouvrent, il n’y a pas de véritable réindustrialisation, ni même de véritable politique mise en place pour le faire depuis dix ans. Il y a juste un exercice effarant de communication relayé trop servilement par la plupart des médias. Rappel utile que rien de ce que dit Macron ne peut être cru.

Laurent Herblay

 

 

https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/reindustrialisation-la-nouvelle-248539

Il y a quarante ans, la France entamait le virage de la rigueur. Jean Peyrelevade, alors directeur adjoint du cabinet du Premier ministre Pierre Mauroy entre mai 1981 et mars 1983 en fut l’un des principaux architectes. Reconverti par la suite en banquier, à la tête de Suez, de la banque Stern, de l‘UAP et du Crédit lyonnais, il livre aujourd’hui dans un essai, Réformer la France, paru récemment aux éditions Odile Jacob, une photographie sans concession de cette période vécue encore comme un traumatisme par une grande partie de la gauche. Son analyse de la politique économique d’Emmanuel Macron est tout aussi féroce.

L’Express : L’agence de notation Standard & Poor’s n’a finalement pas modifié la note de la dette française, une victoire pour le gouvernement ?

Jean Peyrelevade : L’agence Standard & Poor’s a maintenu au même niveau la notation de la France, en disant explicitement que sa décision était due à la révision de la stratégie de consolidation budgétaire du gouvernement. Les promesses de Bruno Le Maire ont donc été prises au sérieux. Que se passera-t-il d’ici deux ou trois ans, quand Standard & Poor's s’apercevra qu’elles ne sont pas tenables ? Du temps gagné ne veut pas dire que le problème est résolu, sauf à pratiquer un déni de réalité au profit du verbe…

Justement, vous avez été au cœur du virage de la rigueur de 1983. Depuis cette époque, on a l’impression que le mot rigueur est devenu tabou, même à droite de l’échiquier politique. Comment l’expliquez-vous ?

Le concept de rigueur a toujours été minoritaire à gauche. Encore aujourd’hui, ce courant politique est dominé par sa composante radicalisée, utopique pour ne pas dire démagogique. Jean-Luc Mélenchon en est la parfaite incarnation. La gauche réformiste, à laquelle j’appartiens, a été cachée, vilipendée, accusée de haute trahison pour avoir amorcé ce fameux tournant de 1983. Mais votre remarque est fondée : ce qui me surprend aujourd’hui, c’est que la droite, qui a longtemps porté la rigueur budgétaire comme l’une de ses valeurs cardinales, a abandonné ce combat. Il n’y a plus aucun discours économique structuré à droite. Pire, ce déni de réalité, qui a toujours dominé la gauche, s’est installé à droite et au sein même du gouvernement. J’ai retenu une chose fondamentale de mon éducation scientifique : la solution de tout problème est dans son énoncé. La première chose dont on a besoin pour construire un raisonnement structuré, c’est d’un diagnostic. J’estime qu’il n’y a plus aucun homme politique d’envergure nationale qui porte un discours de raison, de rationalité et de rigueur.

Bruno Le Maire défend pourtant la fin du "quoi qu’il en coûte"…

Je n’ai jamais vu un ministre des Finances aussi laxiste. Il pratique la fiction dans tous les domaines, même dans le champ professionnel ! Quant à Emmanuel Macron, il incarne le déni de réalité à lui seul.

Pourtant, pour une grande partie de l’opinion publique, Emmanuel Macron entraîne le pays dans une dérive néolibérale… On est très loin de la vérité, non ?

Selon moi, son problème principal est son inaptitude à bâtir un vrai diagnostic sur l’ensemble des sujets qu’on a à résoudre et, en même temps, une incapacité totale à se projeter dans l’avenir. C’est-à-dire à engager des opérations de long terme. Que reste-t-il de son action ? Des paroles parfois maladroites ou ressenties comme telles par une large partie du peuple. De ce point de vue, la manière dont il a supprimé l’ISF et simultanément diminué les allocations logement est lourde d’enseignements. Pour le peuple, il est donc un homme de droite. Pour moi, c‘est un homme de nulle part.

Regardez le dernier acte : celui du rapport commandé par la Première ministre à l’économiste Jean Pisani-Ferry sur le financement de la transition énergétique. L’analyse est déjà, de mon point de vue, assez hors sol et très optimiste puisque Jean Pisani-Ferry propose de résoudre le problème avec 25 points de PIB de dette en plus et un impôt de seulement 5 milliards d’euros par an sur le patrimoine financier des 10 % les plus riches. Et immédiatement, le gouvernement ferme les deux portes entre-ouvertes : pas de nouvel impôt et pas de dette supplémentaire. Donc, il ne nous reste rien pour financer notre part du problème n° 1 de la planète !

En parlant de réforme, il y a celle des retraites qui vient d’être adoptée. Vous êtes sévère : vous dites à la fois que le diagnostic du Conseil d’orientation des retraites est faux et que le report de l’âge à 64 ans est insuffisant. En même temps, vous avez soutenu la retraite à 60 ans en 1981…

Je reconnais que nous avons fait une erreur en 1981 sur les retraites, sans doute notre seule grave erreur. En réalité, l’âge de départ est un très mauvais concept. Le meilleur, c’est celui de la durée de cotisations. Avec l’outil du nombre d’annuités, vous pouvez jouer sur des incitations négatives ou positives pour conduire les gens à travailler plus longtemps sans casser le totem de l’âge. Mais sur le fond de l’affaire, on a, là encore, besoin d’un vrai diagnostic : en réalité, le déficit n’est pas d’une dizaine de milliards d’euros mais d’une trentaine car le déficit du régime de la fonction publique est volontairement masqué. De ce fait, la mesure adoptée du recul de l’âge à 64 ans couvre moins de la moitié des vrais besoins de financement de la retraite par répartition. Enfin, je regrette que le débat sur l’ajout d’une strate de retraite par capitalisation collective n’ait même pas été abordé.

Vous dites que les Français ont un rapport particulier au travail et vous affirmez même qu’ils sont "paresseux" en comparaison de leurs voisins européens. Un peu osé pour un homme de gauche, non ?

Quand je parle de paresse, je prends comme point de départ un fait statistique. C’est en France que les salariés travaillent le moins de tous les pays de l’OCDE. Dans l’imaginaire de gauche, l’idée selon laquelle le travail salarié est une forme de servage est très ancrée. Jean Jaurès l’exprime dans ces termes. Je pense que l’organisation du pouvoir économique en France, et notamment dans les entreprises de plus de quelques centaines de salariés, est telle que, inconsciemment ou pas, les salariés la ressentent comme une forme de servage. Cette paresse relative a donc des causes.

De fait, le conflit capital-travail est encore prédominant dans l’organisation de la société française, dans le fonctionnement du monde du travail, dans l’imaginaire politique. Les responsabilités sont partagées. Depuis des années, j’essaie d’expliquer la nécessité de développer une forme de capitalisme rhénan avec un vrai système de codécision des salariés. Résultat ? Nul ! Le syndicat le plus ouvert sur la question, la CFDT, ne veut pas entrer dans cette discussion. Car d’une certaine manière, le conflit capital-travail leur convient puisque, lorsqu’un vrai conflit s’installe, la CFDT est la plus à même de trouver un compromis. J’en ai parlé aussi avec le Medef, et notamment avec Pierre Gattaz, il y a quelques années. Il m’a répondu : "Moi jamais !". C’est pourtant une réforme fondamentale. Dans tous les pays du nord de l’Europe, la gouvernance impose une stricte distinction entre conseil de surveillance et directoire, et le premier n’est pas aux ordres des actionnaires.

Diriez-vous que les conseils d’administration ne jouent pas leur rôle en France ?

Mais ils ne le peuvent pas. Comment voulez-vous qu’un PDG rende des comptes au conseil d’administration qu’il préside ! Il y a un conflit d’intérêts évident. Qui s’est opposé aux fantaisies de Carlos Ghosn lorsqu’il était à la tête de Renault-Nissan ? Quelles conclusions le conseil en a tirées ? Rien… Dans les pays nordiques, le conseil de surveillance est là pour faire respecter l’intérêt social de l’entreprise. Il n’est soumis ni aux actionnaires, ni au management. C‘est une réforme assez facile à faire. L’invention du PDG est une invention de Vichy. Napoléon III, dictateur en politique mais avec de bonnes idées en économie, a écrit la première gouvernance des entreprises : il avait imaginé un pouvoir dualiste.

Or, en France, on déteste les structures duales, dans l’entreprise comme en politique. Le refus du dualisme est un facteur de division de la société française. Et donc une forme d’encouragement à la radicalité. Il faut s’attaquer à la question du pouvoir dans l’entreprise. Et c’est un ancien PDG qui vous le dit ! Autre exemple très parlant mais très symbolique : aujourd’hui le comité social et économique, qui rassemble les représentants des salariés et qui n’a d’ailleurs aucun réel pouvoir, est présidé par le chef d’entreprise, lequel délègue souvent son DRH. Dans les pays nordiques, ce comité est présidé par un représentant des salariés élu. Vous voyez la portée symbolique d’une telle décision !

Pour la transition climatique, vous proposez d’augmenter les prélèvements - TVA, impôt sur le revenu ou sur le patrimoine -, alors que la France est déjà championne d’Europe en la matière…

Premier point : si on augmentait le taux d’emploi des Français en le mettant au niveau des Allemands, il n’y aurait plus de problème de déficit budgétaire. Cela permettrait de dégager 10 points de PIB de plus, et donc 5 points de PIB de recettes publiques sans augmentation de la pression fiscale. Une économie dans laquelle les Français acceptent de travailler davantage, car ils ont un vrai pouvoir et peuvent participer aux décisions de leur entreprise, changerait tout.

Deuxième point : tout le monde s’accorde à dire que les dépenses de l’Etat doivent augmenter dans l’éducation, l’armée, l’hôpital, la justice et maintenant la transition écologique. Le problème, c’est que nous faisons aujourd’hui face à un déficit gigantesque.

Troisième point : les dépenses publiques sont vertueuses dès lors qu’il s’agit d’un investissement. Mais quel est le niveau d’investissement de l’Etat français ? Environ 1,5 % du PIB. Tous les gouvernements successifs, embêtés par la dérive des finances publiques, ont coupé dans les investissements pour financer des dépenses courantes. C’est une situation absurde et grave, à laquelle Emmanuel Macron n’a apporté aucun remède.

Pour la transition climatique, la première chose à faire est donc d’augmenter le taux d’emploi. Ensuite, je pense que nous serons obligés d’augmenter les impôts. Notre impôt sur la TVA, autrement dit sur la consommation, est l’un des plus faibles d’Europe, alors qu’on sait bien que la transition écologique demande d’investir beaucoup et de consommer moins. Qui le dit ?

Mais la réforme la plus nécessaire, et la plus délicate, c’est un impôt sur le patrimoine. En France, les inégalités de revenus restent stables. En revanche, les inégalités de patrimoine se sont creusées. Le patrimoine des ménages représente plus de cinq fois le PIB annuel. Depuis vingt ans, il a plus que doublé et progressé beaucoup plus vite que la richesse nationale. Les 10 % de ménages les mieux dotés possèdent un patrimoine de plus de 600 000 euros, alors que celui des plus modestes est inférieur à 3 800 euros, soit 160 fois moins. Un impôt modéré sur la totalité du patrimoine est, à mes yeux, un facteur incontournable pour restaurer une certaine cohésion sociale. Un impôt annuel sur le patrimoine de 0,1 à 0,2 % prélevé sur les 50 % des Français les plus riches, éventuellement progressif, rapporterait entre 0,5 et 1 % du PIB en recettes annuelles.

Dans le livre, vous épinglez l’inculture économique, l’illusion monétaire, voire l’anticapitalisme primaire de nombreuses figures de la gauche. Jean-Pierre Chevènement, par exemple, en prend pour son grade…

Chevènement, fondamentalement, a toujours été nationaliste et antieuropéen. Sa radicalité vient de là. J’ai toujours été étonné que des hommes politiques de réputation nationale, attachés à la grandeur du pays, puissent considérer que la dévaluation monétaire, aussi forte que possible, représente un acte de souveraineté. D’autant plus que Chevènement prétend comprendre l’économie mieux que tout le monde…

Heureusement, l’opinion publique française est largement devenue pro-européenne, même s’il y a des menaces venant de l’extrême droite, de l’extrême gauche, mais aussi désormais de la droite classique. L’Europe est le seul sujet sur lequel la gauche réformiste, sociale-démocrate, l’a emporté sur la gauche radicalisée. Aujourd’hui, la gauche est majoritairement pro-européenne, et on voit bien que le sujet est un caillou dans la chaussure de Jean-Luc Mélenchon. L’homme décisif, à cet égard, reste quand même François Mitterrand. Forcé par le tournant de la rigueur, il a eu l’habileté de s’en servir pour engager une vraie politique européenne.

Mais, hélas, sur tous les autres sujets, la gauche réformiste n’a pas osé s’affirmer et s’est laissé dominer. Pierre Mauroy a été un grand homme d’Etat, malheureusement pas reconnu comme tel, car trop discret. Mais même lui n’a jamais osé dire : "Je suis social-démocrate". Jamais ! Ma déception est, qu’après son départ de Matignon en 1984, il ne s’est pas engagé dans ce combat de l’affirmation du réformisme. Pourtant, il était libre et avait toutes les qualités pour le faire. Mais il se pensait minoritaire au sein du Parti socialiste et il était fatigué par les luttes intestines.

Et Jacques Delors ou Michel Rocard ?

Jacques Delors a renoncé lui-même à se présenter à l’élection présidentielle en 1995, alors qu’il était en tête des sondages. Le Parti socialiste venait à nouveau de céder à ses vieux démons et de basculer dans la radicalité verbale sous la conduite d’Henri Emmanuelli. Delors a cité la probable absence de majorité à gauche pour conduire ses réformes comme cause principale de son renoncement. C’était peut-être un défaut de caractère, ou un excès de lucidité…

Michel Rocard a lui a été tué par François Mitterrand, avec l’appui de Bernard Tapie qui a conduit aux élections européennes de 1994 une liste radicale provoquant l’échec de la liste socialiste.

Vous jugez sévèrement le rôle de Lionel Jospin, qui, Premier ministre, a selon vous bénéficié d’une conjoncture exceptionnelle en matière de croissance, mais n’en a rien fait…

Jospin est un ancien trotskiste. Pour lui, la seule chose qui compte est la politique. Toute décision n’est jugée que par son impact politique. Il a dit être en faveur de "l’économie de marché", tout en imposant, avec les 35 heures, à la totalité du patronat français le mode de gestion des entreprises. S’il avait fait une loi favorisant la réduction du travail avec des avantages fiscaux, on aurait pu comprendre. Mais là, il a imposé de façon arbitraire, sans préavis ni discussion, une hausse soudaine de 11 % du salaire horaire sur la totalité de l’appareil productif ! Les hôpitaux français ne s’en sont, par exemple, jamais remis. Et Jospin fait ça alors que la France entre dans l’euro. C’est-à-dire au moment même où n’importe quel économiste sérieux sait qu’on ne pourra plus régler nos problèmes de compétitivité par de la dévaluation.

Non seulement les ménages vont travailler moins pour un même salaire, mais Jospin a aussi diminué la TVA et le poids de l’impôt sur les revenus. Alors qu’il bénéficie d’une croissance exceptionnelle grâce à la conjoncture internationale, Jospin a utilisé la "cagnotte fiscale" pour faire de la démagogie à court terme plutôt que de restaurer l’équilibre des finances publiques. Rappelons aussi qu’il a mis un terme brutal au nucléaire de quatrième génération en fermant la centrale expérimentale Superphénix, une décision politique pour plaire à ses alliés Verts, et que nous payons chèrement aujourd’hui.

Quand vous regardez les chiffres, vous voyez que la désindustrialisation s’accélère énormément à partir du début des années 2000. La balance des paiements, jusqu’alors équilibrée, ne cesse depuis de se dégrader. Surtout, les grandes entreprises françaises sont celles qui ont le plus externalisé leurs activités. Mais je me mets à la place d’un industriel : si vous prenez soudain dans la figure une augmentation de 11 % du coût horaire décidée par l’Etat, vous ne construisez pas votre nouvelle usine en France.

Vous rappelez que les deux grandes icônes de la gauche, Jean Jaurès et Léon Blum, étaient très radicales sur le plan économique…

Il y a eu un écrasement horrible des classes ouvrières par la IIIe République. Clemenceau a par exemple envoyé l’armée contre les mineurs grévistes. Face à cela, Jaurès et Blum sont deux philosophes de formation qui n’ont aucune connaissance économique. Tous deux s’affirment comme anticapitalistes, souhaitant la disparition des patrons. Mais, à la différence d’un Jules Guesde, ils veulent prendre le pouvoir par la démocratie et non par la révolution. Jaurès a disparu trop vite, mais il appelait de ses vœux le collectivisme. Blum est au départ un marxiste encore plus orthodoxe, adhérant pleinement à l’idée de la lutte des classes. Mais il réalise qu’il ne peut prendre le pouvoir qu’à travers une coalition. Comme il est honnête intellectuellement, il tempère sa rigueur doctrinale, en centrant le Front populaire sur la résolution des seuls problèmes sociaux. En même temps, son gouvernement fragilise les petites et moyennes entreprises, le tissu économique de l’époque, ce qui lui vaut d’être lâché par le parti radical. Cependant, pendant la Seconde Guerre mondiale où il est fait prisonnier, Blum réfléchit aux échecs du Front populaire et nuance ses positions antérieures. Après la guerre, il essaie, avec Daniel Mayer, d’éloigner la SFIO de sa radicalité, mais c’est Guy Mollet, personnage opportuniste et médiocre, qui va dominer le parti pendant près de vingt-cinq ans, sans rien céder sur le plan doctrinal.

On répète souvent que la social-démocratie a disparu. En réalité, elle n’a chez nous jamais existé, toujours dominée, étouffée, par la gauche originelle, celle de la radicalité.

Aujourd’hui, l’anticapitalisme n’est-il pas à nouveau dominant à gauche, entre les Insoumis et une partie des écologistes ?

L’immense majorité des Insoumis et une forte proportion des Verts proclament que la disparition du capitalisme est un préalable au sauvetage écologique de la planète. Mais je constate qu’une gauche réformiste est en train de se recomposer et de s’affirmer en tant que telle. Les sondages montrent que pour la prochaine élection européenne, si chaque formation se présente, leur résultat global sera meilleur que celui de la Nupes réunie. Insoumis, écologistes et PS sont tous aux alentours de 10 %. Au sein même du PS, Nicolas Mayer-Rossignol a failli l’emporter. Je pense que la prochaine fois, Olivier Faure va tomber.

Je vois ainsi naître un début d’alliance, informelle, entre vrais sociaux-démocrates et réformistes non macroniens, qu’ils soient au PS ou pas, comme Mayer-Rossignol, Carole Delga ou Bernard Cazeneuve. Des macroniens venant de la gauche commencent eux à se demander ce qu’ils vont faire en 2027. Et il y a un dialogue possible avec une partie des écologistes, comme Yannick Jadot. Un travail de fond est en train d’être fait pour essayer de monter un programme de gouvernement, qui soit clairement réformiste. Il est plus que temps.

source : l'Express

Jean Peyrelevade : « La France aurait pu devenir le Venezuela »

L’ancien conseiller de Pierre Mauroy à Matignon dénonce dans un essai la folie de la « pensée magique économique », de Mitterrand à Macron. Percutant.

Diplômé de Polytechnique, où il a longtemps enseigné l'économie, ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy sous le premier septennat de François Mitterrand puis banquier, Jean Peyrelevade a atteint l'âge (83 ans) auquel on ne retient plus ses coups. Son dernier livre*, à la fois docte et fluide, est un objet hybride passionnant. Mi-Mémoires, mi-vade-mecum pour sortir notre pays de sa torpeur. Jacques Attali, Laurent Fabius, Jean-Pierre Chevènement et, bien sûr, François Mitterrand… les principales figures tutélaires de la gauche de gouvernement en prennent pour leur grade. L'ex- conseiller des puissants n'épargne pas non plus Emmanuel Macron. Le président le lira-t-il ?

Le Point : Vous commencez votre livre par un avertissement : « Tout laisse à penser qu'à un horizon assez court nous sommes exposés au risque d'un retour d'une forme autoritaire, voire dictatoriale, de l'exercice du pouvoir. » Pourquoi ?

Jean Peyrelevade : Malheureusement, quand on regarde l'histoire des réformes en France, on se rend compte que la plupart d'entre elles ont été réalisées en dehors du cadre démocratique. C'est-à-dire sous la Révolution, Napoléon Ier, Napoléon III, ou à la Libération, avec le programme du Conseil national de la résistance. À deux exceptions près : les gouvernements de Léon Blum et de Pierre Mauroy. Ces derniers ont d'ailleurs un point commun : Blum a explicitement renoncé à son idéologie anticapitaliste ; Mauroy était un vrai social-démocrate, même s'il ne l'affichait pas. Certes, à droite, le président Valéry Giscard d'Estaing a essayé de régler un certain nombre de sujets, notamment sociétaux, mais il a fini par se faire trahir par ses alliés. On voit donc que le bilan est mince. Cette impuissance historique de la démocratie française à fabriquer de la réforme m'inquiète. Et elle me conduit à penser que nous sommes à nouveau dans l'une de ces périodes, nombreuses dans notre histoire, qui précèdent l'arrivée au pouvoir d'un personnage providentiel, ce qui est rarement compatible avec le cadre démocratique.

Votre ouvrage raconte notamment votre passage à Matignon, sous Pierre Mauroy. En résumé, c'est l'arrivée d'un homme des chiffres dans la jungle des utopistes…

À l'époque, la gauche était sous l'emprise d'une idéologie radicalisée et anticapitaliste. Au congrès de Metz, en 1979, les modérés, Pierre Mauroy et Michel Rocard, s'étaient fait balayer. Ce contexte explique le programme économique complètement déconnecté de François Mitterrand. Il consistait à faire de la relance keynésienne par la consommation au moment même où le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Paul Volcker, lançait la remontée des taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation mondiale. La recette parfaite pour aller droit dans le mur. À cette époque-là, je cesse de militer et m'éloigne du Parti socialiste. Mais quand Pierre Mauroy, devenu le Premier ministre de François Mitterrand après l'élection présidentielle de 1981, m'appelle pour me proposer de le rejoindre à Matignon comme directeur adjoint de son cabinet et conseiller économique, j'ai une telle relation de confiance avec lui que j'accepte.

En quoi Pierre Mauroy était-il différent des autres socialistes ?

C'était un homme sérieux, attaché au principe de réalité. Dès la dévaluation du franc d'octobre 1981, soit six mois après l'entrée en fonction du président Mitterrand, il sait que le retour à l'équilibre économique est nécessaire. Pour lui, c'est la condition indispensable pour installer la gauche durablement au pouvoir. Il dit alors à François Mitterrand : « Monsieur le Président, si vous ne faites pas le tournant de la rigueur, vous allez terminer votre mandat sous les tomates. » Et, alors que sa pensée économique est tout à fait minoritaire, voire clandestine, chez les socialistes, il impose le retour au sérieux. Les opposants étaient nombreux dans nos rangs. Notamment Jean-Pierre Chevènement, qui a ensuite accusé Mauroy de trahison dans ses Mémoires. On nous a reproché d'avoir fait passer le pays du bonheur à l'austérité. On nous a fait des procès en « complicité avec le capitalisme ». Or, ce virage était nécessaire. Il faut se rendre compte de l'ambiance de l'époque. En mars 1983, Mitterrand dit ceci à Mauroy : « Je vous garde comme Premier ministre, mais on sort du Serpent monétaire européen (SME). » Ce à quoi Mauroy lui répond cette phrase formidable pour un non-économiste : « Je ne sais pas conduire sur verglas. » Si Mauroy avait obtempéré à cette demande du président, la France aurait eu une monnaie flottante, et probablement un destin semblable à celui du Venezuela ou de l'Argentine. C'est-à-dire un défaut monétaire, suivi d'un déclassement économique et d'une marginalisation sur la scène internationale. Mitterrand n'aurait certainement pas fait deux mandats. Et nous aurions été dans l'impossibilité de créer l'euro.

Pierre Mauroy est celui qui a abaissé l'âge de départ à la retraite de 65 à 60 ans. Une mesure généreuse en principe, mais aux lourdes conséquences économiques. À l'époque, vous y étiez opposé. Avez-vous échoué à le convaincre ?

C'est la seule faute économique que je m'attribue. Il faut préciser que la situation démographique était bien différente : on ne voyait pas de problème à court ou à moyen terme à passer cette réforme. Le problème était à long terme, et je n'étais pas assez expert du sujet pour élaborer un argumentaire convaincant. Jacques Delors, alors ministre de l'Économie et des Finances, avait, lui aussi, ses doutes. Mais, de toute façon, nous étions minoritaires. A posteriori, il est clair que le passage à 60 ans a été une erreur. Ce que nous aurions dû faire, c'est raisonner non pas en âge de départ mais en nombre d'annuités, ce qui est plus facile à modifier dans le temps et plus souple pour les Français. On a d'ailleurs vu que la réforme portée par Marisol Touraine est passée bien plus facilement que celle d'Élisabeth Borne.

À vous lire, on comprend que François Mitterrand n'entendait rien à l'économie…

François Mitterrand n'avait aucune culture économique. Et il était entouré d'opportunistes et d'incompétents aux opinions multiples. Jacques Attali, alors conseiller spécial du chef de l'État, passait son temps à dire que la croissance économique mondiale allait revenir très vite et que les autres pays allaient suivre la politique française. Or, rien n'était plus faux ! Je me rappelle aussi le ministre délégué au Budget, Laurent Fabius, qui a milité jusqu'à la dernière minute pour la sortie du SME. Il y avait en outre les « conseillers du soir » du président, tous nuls en macroéconomie, comme l'industriel Jean Riboud, l'homme de presse Jean-Jacques Servan-Schreiber ou encore le financier Lucien Pfeiffer. Certains disaient : « Nul besoin de rétablir la balance commerciale ! » D'autres affirmaient : « Il suffit d'interdire les importations ! » Il faut enfin mentionner les fanatiques de l'endettement, dont faisaient partie Jean-Pierre Chevènement mais aussi, ce qui peut sembler plus surprenant, Michel Rocard. Ce dernier nous poussait à dévaluer le franc et à continuer, en même temps, la relance keynésienne, alors que nous étions dans un moment où l'inflation était gigantesque. En somme, il nous conseillait de mettre de l'huile sur le feu. Finalement, c'est Pierre Mauroy qui a sauvé le pays de toutes ces folies. Avec pour unique allié au gouvernement Jacques Delors. Les autres étaient tous dans la pensée magique économique. Le paradoxe étant que les socialistes l'étaient plus encore que les quatre ministres communistes, car ces derniers avaient quand même des liens avec le monde du travail, et en particulier l'industrie.

Ce déni de réalité économique reste-t-il d'actualité ?

Bien sûr. On entend le même type de discours fantaisiste aujourd'hui dans les rangs de la Nupes. De fait, à gauche, le déni est revenu deux ans à peine après le tournant de la rigueur. Et, depuis, il n'a fait que s'accroître, avec en outre une droite silencieuse et perdue. Le problème, c'est que la situation économique actuelle de la France est bien plus sombre que celle que nous avons eu à redresser il y a quarante ans. Notre pays est aux prises avec un déséquilibre budgétaire structurel et profond, alors même qu'il a devant lui un défi climatique immense à relever.

La part de la France dans les exportations de marchandises est passée de 5,1 % à 2,7 % depuis 2000, notre dette se situe autour de 3 000 milliards d'euros, ce qui nous classe parmi les mauvais élèves en Europe. Enfin, notre pression fiscale, à 45 % de la richesse nationale, est la deuxième plus forte du continent, malgré des services publics peu performants…

C'est exact. Et je voudrais ajouter deux autres points. En premier lieu, l'État français est débiteur net vis-à-vis de l'étranger. Autrement dit, nous avons plus de dettes que de créances vis-à-vis de l'étranger. Cela pose un problème de souveraineté. En second lieu, nous sommes, de tous les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), celui qui a le plus externalisé sa production (62 %). Cela veut dire que nos entreprises françaises préfèrent réaliser leurs investissements à l'international plutôt que sur notre sol. On n'en parle quasi jamais. Pourtant, c'est très préoccupant.

Comment expliquez-vous ces délocalisations ?

D'abord, on a détruit notre appareil productif, en le surtaxant par rapport à ses concurrents étrangers (impôts de production, cotisations sociales, etc.) : les prélèvements sociaux seuls pèsent pour 10 % du produit intérieur brut (PIB), contre de 7 à 8 % pour la moyenne européenne. Ensuite, il y a le problème de la relation au travail. Par comparaison, les Français sont paresseux. Ils travaillent moins que les autres, et ils sont nombreux à penser que le travail est un enfer. Cela plaide pour un changement du mode de fonctionnement du dialogue social en entreprise, avec moins de verticalité. Mais ce sera difficile, car on a fabriqué un conflit artificiel « capital contre travail », qui est lié à la radicalité de la gauche française et au mauvais comportement historique de la grande bourgeoisie du pays. Cette vision des choses est un fléau auquel il faut mettre fin.

Que pensez-vous de l'action d'Emmanuel Macron en la matière ?

Emmanuel Macron n'a aucune vision de long terme. Pour lui, la politique, c'est la prise du pouvoir. Mais pour faire quoi ? Ça n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'importance à ses yeux. Il semble résoudre les problèmes uniquement quand ils se présentent à lui, sans vision longue. Chez lui, la parole paraît remplacer l'action. Il parle beaucoup, mais se soucie peu de déterminer un plan clair, et encore moins de veiller à son exécution. Or, tout dirigeant doit d'abord avoir une vision longue, et définir ensuite clairement les moyens de la déployer. À part la réforme du chômage et de l'apprentissage, je ne vois pas quelle mesure il faudrait mettre à son crédit. Six ans pour faire une mauvaise réforme des retraites, il fallait le faire ! D'autant que celle qui vient d'être adoptée ne suffira pas à équilibrer le système. On devra y revenir.

Vous écrivez : « Le pouvoir politique se vante de plus en plus bruyamment de l'attractivité de la France alors que nos entreprises, beaucoup plus qu'ailleurs, la fuient. » Vous soutenez aussi que notre pays masque sciemment la réalité de ses chiffres aux Français comme aux investisseurs. On nous ment ?

Oui, la France ment sur la réalité de ses chiffres. J'ai commencé à dénoncer la désindustrialisation française dès 2005. On la voyait très bien dans les données. Pourtant, personne n'en parlait. Aujourd'hui, aucun ministre ne parle du déficit de la balance commerciale. Tous les mauvais chiffres sont masqués aux Français. Avez-vous entendu le chef de l'État dire qu'il va falloir investir deux ou trois points de PIB de plus par an pour régler la question du réchauffement climatique ? Non. Pourtant tous les économistes spécialistes du sujet le savent. Et tous les conseillers de Bercy aussi. Qui le dit aujourd'hui dans l'espace politique ? Personne. Autre exemple : le gouvernement vient d'indiquer à la Commission européenne, dans un document qui l'engage, qu'il fera seulement +0,6 % de dépenses publiques en moyenne d'ici à 2027. Or, tout le monde sait qu'il n'y parviendra pas.

À vous entendre, il faut que le gouvernement s'attelle au désendettement s'il veut pouvoir répondre à la question climatique. Mais le Parlement comme la population semblent rétifs à tout retour au sérieux budgétaire. Comment procéder ?

Le gouvernement a barré tous les sujets qui pourraient rétablir l'équilibre : le premier est la relation des Français au travail. Si nous avions le même taux d'emploi que les Allemands, nous serions en excédent budgétaire. Qui s'en occupe ? Personne, semble-t-il. Deuxième sujet : les impôts. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, affirme qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôts, après en avoir baissé, parfois inutilement. Donc cela veut dire un rétablissement des équilibres par la diminution de la dépense publique puisque l'on sait que la croissance ne sera pas suffisante. Je suis curieux : dans quoi coupe-t-on ? Pour le moment, le gouvernement n'apporte aucune réponse convaincante. Bruno Le Maire, décidément, préfère la fiction à la réalité.

« Réformer la France », de Jean Peyrelevade (Odile Jacob, 288 p., 22,90 €).

L'environnementalisme du roi Canute de Joe Biden

Sommes-nous en train d'assister à une relecture du roi Canute ordonnant aux vagues de se retirer ? Cette pensée m'est venue à l'esprit en lisant la dernière mesure prise par l'administration Biden pour faire avancer l'objectif fixé par le président en 2021, à savoir que la moitié des nouvelles voitures soient électriques d'ici à 2030.

L'analogie n'est pas exacte : la pensée actuelle est que Canute savait que ses courtisans se trompaient lorsqu'ils affirmaient qu'il pouvait arrêter la marée montante. Le roi était apparemment âgé d'une trentaine d'années et ne présentait aucun signe de déficience cognitive à ce moment-là, au bord de la mer. Mais considérons tout de même l'analogie.

L'analogie a été suscitée par l'ordonnance prise la semaine dernière par l'Agence de protection de l'environnement pour réglementer les émissions de dioxyde de carbone à l'échappement des voitures, des SUV et des camionnettes des années modèles 2027 à 2032. L'objectif était clairement de forcer les constructeurs automobiles à produire des véhicules électriques afin qu'ils représentent les deux tiers des ventes en 2032, soit environ 10 fois la part de 6 % qu'ils représentaient en 2022.

Le conseiller climatique de la Maison Blanche, Ali Zaidi, se dit convaincu que "l'ingéniosité des travailleurs et de l'industrie américains" peut produire cette énorme transformation de la fabrication et de la chaîne d'approvisionnement - ce qui ressemble à la confiance des courtisans dans la capacité de Canute à dominer les vagues

Le chef du principal lobby des constructeurs automobiles est manifestement sceptique. "La question de savoir si nous disposons des conditions nécessaires sur le marché et dans la base industrielle", a-t-il déclaré au Wall Street Journal, est "une question cruciale que nous devons continuer à examiner".

L'une de ces conditions est de savoir si les constructeurs automobiles peuvent se procurer les matières premières nécessaires à la production d'un si grand nombre de véhicules électriques. Selon l'analyste et historien de l'énergie Daniel Yergin, il faut environ deux fois et demie plus de cuivre que pour les véhicules à essence. Ce ne sera pas facile.

Près de la moitié du cuivre mondial est produit au Pérou et au Chili, deux pays politiquement instables. La nouvelle grande mine qui s'ouvre en Mongolie est enclavée entre la Chine et la Russie. Les batteries des voitures nécessitent du cobalt, dont quelque 70 % sont produits en République démocratique du Congo dans des conditions de travail que vous ne voulez pas connaître.

Enfin, il y a le petit détail qui consiste à savoir où les propriétaires de voitures électriques vont se procurer l'électricité nécessaire pour faire rouler leur véhicule. Il n'y a pas beaucoup de stations de recharge disponibles aujourd'hui. Même si c'était le cas, l'Amérique aurait besoin de beaucoup plus d'électricité qu'elle n'en produit actuellement pour alimenter un parc de véhicules électriques aussi important. De plus, l'approvisionnement en électricité des États-Unis est de moins en moins fiable.

Grâce aux écologistes, l'Amérique a progressivement abandonné les centrales nucléaires et les centrales au charbon, qui peuvent augmenter leur production de manière fiable pour répondre à une forte demande. Le pays dépend de plus en plus de l'électricité éolienne et solaire, qui n'est fiable que lorsque le vent souffle et que le soleil brille, ce qui n'est pas toujours le cas dans la majeure partie de l'Amérique du Nord.

D'ailleurs, les États qui bénéficient du plus grand soutien politique en faveur des énergies renouvelables n'ont malheureusement pas beaucoup de vent et de soleil fiables. La production éolienne actuelle est la plus élevée dans les Grandes Plaines, y compris au Texas. L'énergie solaire ne fournit que 16 % de l'électricité californienne, tandis que l'énergie hydraulique est limitée en dehors du nord-ouest du Pacifique.

Et ne comptez pas sur la construction de nouvelles centrales électriques pour accueillir tous ces véhicules électriques. Les progressistes excellent dans l'utilisation des procès environnementaux pour arrêter les nouvelles constructions - un point soulevé récemment par de jeunes libéraux réfléchis tels que Derek Thompson de l'Atlantic ("nous sommes à la traîne pour construire ce que nous avons inventé") et Ezra Klein du New York Times (qui déplore "une avalanche de règles et de normes bien intentionnées qui ralentissent les projets publics à San Francisco - et à l'échelle du pays"). Cet état d'esprit BANANA ("ne rien construire à proximité de qui que ce soit") menace de bloquer les centrales électriques, les lignes de transmission et les stations de recharge nécessaires à l'augmentation considérable du nombre de véhicules électriques ordonnée par l'administration Biden.

Mais les gens achèteront-ils ces voitures ? Même avec des subventions, les véhicules électriques coûtent plus cher que les véhicules à essence. Il faut beaucoup plus de temps pour recharger un véhicule électrique que pour remplir un réservoir d'essence. Les voitures électriques peuvent se transformer en briques si leurs batteries sont vidées par les climatiseurs ou les chauffages, souvent nécessaires presque partout en Amérique du Nord. Comme le rapporte Josh Kraushaar d'Axios, Gallup constate que seuls 12 % des Américains veulent un nouveau véhicule électrique, et 41 % disent qu'ils n'en achèteront jamais. Pew constate que 55 % des Américains s'opposent à l'élimination progressive des voitures à essence en 2035.

"La décarbonisation complète de l'économie mondiale d'ici 2050 est désormais concevable", écrit le grand historien des technologies Vaclav Smil dans son livre "How the World Really Works" (2022), "uniquement au prix d'un recul économique mondial impensable, ou à la suite de transformations extraordinairement rapides reposant sur des avancées technologiques quasi-miraculeuses".

Il semble que l'administration Biden se soit fixé un objectif qui ne peut être atteint qu'au prix d'un coût exorbitant et d'une résistance surdéterminée, ce qui conduit à soupçonner que l'administration Biden a émis cet ordre, comme l'ordre du roi Canute aux vagues, pour apaiser un groupe d'intérêt, en s'attendant à ce qu'il soit annulé par les tribunaux.

 

Michael Barone est analyste politique principal au Washington Examiner, chercheur résident à l'American Enterprise Institute et coauteur de longue date de l'Almanach de la politique américaine.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

https://www.realclearpolitics.com/articles/2023/04/21/joe_bidens_king_canute_environmentalism_149132.html

Post de Jean-Marc Jancovici sur LinkedIn ce matin, qui fait un carton monumental.

"Comme un certain nombre de personnes dans notre pays (et même au-delà !), j'ai écouté le discours d'Emmanuel Macron d'hier soir. Et comme beaucoup de français(es) qui en profitent pour devenir des animateurs de radio bistrot, cela m'inspire quelques commentaires .

Le premier est que notre président affirme que travailler plus va permettre de produire plus. Cela serait exact si c'était le travail humain disponible qui était le premier facteur limitant de notre production économique. Mais, en Europe et en France, ce n'est pas le cas. Depuis que nous vivons dans un monde de machines, c'est le parc de machines au travail - chez nous et chez les autres, car une partie de notre PIB consiste en des valeurs ajoutées "physiques" créées à l'étranger et rapatriées chez nous par des sociétés ou des activités financières - qui est le premier facteur limitant.

Cela explique pourquoi depuis 2007, année où l'Europe est passée par le maximum de son approvisionnement énergétique propre, le PIB n'augmente quasiment plus (son augmentation résiduelle provient pour partie d'artefacts comptables, de dette et d'une mauvaise correction de l'inflation des actifs), et la production industrielle plus du tout en volume (en tonnes).

Deuxième point très brièvement abordé (et qui a un lien avec le précédent) : le climat. La planification écologique a certes été évoquée, mais aucune annonce précise n'accompagnait cette déclaration d'intention, alors que juste après notre ministre de l'intérieur d'un soir a annoncé le nombre de brigades de gendarmerie qui va être créé en zone rurale, puis notre ministre de la santé d'un soir a annoncé des chiffres très précis sur le nombre de patients qui vont bénéficier d'un médecin traitant.

Or le réchauffement climatique a lui aussi - comme d'autres limites planétaires - le pouvoir de contrarier nos plans pour l'avenir (dont le "sauvetage des retraites"). Il est donc dommage que le lien ne soit toujours pas fait - du moins en apparence - entre le cadre physique dans lequel nos sociétés évoluent, et les projets que nous pouvons faire ou pas.

S'il ne veut pas lire "The Limits to Growth" (https://bit.ly/2HkwcIl ) parce que ça le déprime trop, peut-être que l'on pourrait conseiller à notre président de lire ou relire "De l'inégalité parmi les sociétés" (https://bit.ly/3KOtLjA ) de Jared Diamond (que j'ai trouvé bien plus intéressant que "Effondrement"). Cela lui rappellerait opportunément que l'économie est un système de représentation qui n'a pas beaucoup de capacité prédictive, et qui en aura de moins en moins à mesure que les ressources naturelles (dont un climat stable) seront de plus en plus difficiles d'accès.

La planification écologique, qui doit permettre de concilier limites physiques et projets pour l'avenir, il me semble urgent de s'y coller pour de vrai à tous les échelons de la société (à commencer par l'Elysée), et pas juste d'en parler !"

Lien vers le post :
https://www.linkedin.com/…/urn:li:activity:705397560077181…/

(publié par Cyrus Farhangi)

https://www.elysee.fr/emmanuel-mac…/…/adresse-aux-francais-2

Macron a réussi “à liguer le pays tout entier contre lui”

La réforme des retraites tombe sous le sens, assure cet hebdomadaire conservateur britannique. Mais l’entêtement de président français se révèle contre-productif, en particulier pour ses ambitions internationales.

La “dernière aventure” d’Emmanuel Macron a tout d’une vraie galère, raille The Spectator. Grimé en Tintin à la une de l’hebdomadaire conservateur britannique, le chef de l’État français slalome entre les manifestants, les poubelles et les incendies dès l’entame de son second mandat à l’Élysée.

“À chaque génération, ou presque, la vie politique française se décide dans la rue”, constate le chroniqueur Jonathan Miller, dans ce numéro à paraître samedi 1er avril. Après 1968 et 1995, 2023 vient compléter la liste. “L’esprit révolutionnaire est tellement ancré dans la société française qu’il existe une force de police spécialisée dans la gestion des foules en colère”, raille le Britannique, résident du sud de la France, en référence aux CRS, unité sans équivalent outre-Manche.

Sur la question des retraites, pourtant, Emmanuel Macron a mille fois raison, assène Miller. La France vit “au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps”. Sa réforme, utile et nécessaire, vise à “sauver le système” par répartition. “Et ne sera sans doute même pas suffisante pour y parvenir”, prédit l’auteur de France, a Nation on the Verge of a Nervous Breakdown (“La France, une nation au bord de la crise de nerf”, non traduit en français). Les manifestants et les grévistes, de leur côté, se comportent “comme si on pouvait dépenser sans compter puis s’énerver au moment de payer l’addition”.

Les Français sont tout aussi entêtés

Mais l’approche inflexible du chef de l’État, dans le même temps, suscite le malaise. “Il a peut-être fait un très mauvais calcul.” Au point de s’enfoncer “dans le déni”, lâché même par “les journalistes qui l’adulaient” et des membres de son gouvernement aux ambitions à peine dissimulées :

“Il n’y a pas si longtemps, Macron espérait gouverner la France, mais aussi l’Europe de l’après-Merkel. Aujourd’hui, il se retrouve piégé par son manque d’intérêt pour les affaires courantes. Il est apparemment bien plus attiré par la scène internationale que par la tâche ingrate de diriger le pays.”

“S’il compte tenir tête à son pays, il va vite se rendre compte que les Français sont tout aussi entêtés”, annonce Miller. Sondage après sondage, une majorité significative de personnes interrogées assure soutenir le mouvement. Malgré les violences, contrées de “la seule manière enseignée dans les écoles de police française : avec des gaz lacrymogènes et des matraques”. Macron pensait, “à juste titre”, pouvoir réformer la France radicalement. “Mais tout ce qu’il a réussi à faire pour l’instant, c’est de liguer le pays tout entier contre lui.”

The Spectator
Londres Royaume-Uni Hebdomadaire en anglais Site Internet

“Le Spectateur” est une institution de la presse britannique. Fondé en 1828, c’est le journal de référence des intellectuels et dirigeants conservateurs, mais aussi des eurosceptiques : The Spectator a soutenu la sortie de l’Union européenne lors du référendum de 2016. Réputé pour ses analyses et son ton incisif, il appartient depuis 1989 au même groupe que The Daily Telegraph.

La Ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher est entrée dans l’album collector. Agnès est liée à une société pétrolière détenue par son père et ses enfants mineurs. Baptisée Arjunem, l’entreprise familiale partage des intérêts financiers avec Perenco, numéro 2 du pétrole en France, et détient plus de €1 million dans des paradis fiscaux.

Donc la ministre de la transition est assise sur un pactole créé par une entreprise pétrolière qui a évité les impôts en passant par un paradis fiscal.

Ainsi la ministre dont l’objectif affiché est de "sortir la France des énergies fossiles" baigne dans le pétrole. Est-il possible de placer la barre encore plus haut ?

 

https://2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1310-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-novembre-2022.html

 

 

"La France n'est pas prête aux événements actuels et d'autant plus ceux à venir". C'est en substance le message délivré, mercredi 31 août, par la climatologue Valérie Masson-Delmotte au gouvernement. Cette coprésidente du Giec, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, était l'invitée du séminaire gouvernemental consacré à l'écologie. Une intervention qui arrive à point nommé, après l'été caniculaire qu'a connu la France.

Dans sa présentation, une vingtaine de pages de graphiques que franceinfo s'est procurées, la scientifique insiste d'abord sur le fait que "cet été 2022 en France" est "emblématique de conséquences du changement climatique qui s'aggravent". Elle cite "un été le plus chaud derrière 2003", une "sécheresse plus généralisée qu'en 1976 et 2003" ainsi que des "incendies majeurs", des "vagues de chaleur marines" et "le recul des gaciers".

Des émissions de gaz à effet de serre record

Celle qui est également membre du Haut Conseil pour le climat, un organisme indépendant chargé d'évaluer la politique climatique française, rappelle ensuite que "malgré une action pour le climat qui monte en puissance", les émissions de gaz à effet de serre battent des records dans le monde. Elle explique que 100% du réchauffement aujourd'hui observé est le fait de l'activité humaine et qu'il a déjà atteint 1,7 °C en France et 1,1 °C à l'échelle globale.

La climatologue souligne que le niveau de réchauffement sera déterminé par les émissions à venir. "Chaque incrément de réchauffement supplémentaire intensifie des risques majeurs, dans chaque région du monde" et "intensifie la dégradation des écosystèmes et les risques de perte de biodiversité", résume Valérie Masson-Delmotte.

"Chaque décision compte"

Face à cette situation, "c'est le moment d'agir, chaque décision compte", a martelé aux ministres la climatologue, qui rappelle que l'enjeu pour la France est de doubler son rythme de réduction des émissions, actuellement insuffisant. Elle relève que "des leviers d'actions sont disponibles dans chaque secteur", "y compris les stratégies favorisant des styles de vie sobres en carbone".

Au-delà des mesures prises pour limiter le réchauffement à venir, Valérie Masson-Delmotte a évoqué devant le gouvernement la nécessité de prendre des mesures pour s'adapter aux effets déjà constatés. "Les écarts se creusent entre les mesures d'adaptation nécessaires et celles qui sont réellement mises en œuvre", constate-t-elle. A la fin de sa présentation, la scientifique liste toute une série d'obstacles à surmonter, où figurent notamment "la perception de l'urgence à agir", les "enjeux d'équité et de transition juste" et... la "volonté politique, l'exemplarité et le leadership des institutions, la dynamique collective".

France Télévisions
 
Publié

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/c-est-le-moment-d-agir-face-a-la-crise-climatique-ce-qu-a-dit-la-climatologue-valerie-masson-delmotte-aux-ministres_5335474.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220902-[lestitres-coldroite/titre5]

Post de Jean-Marc Jancovici sur Linkedin :


"La quasi-totalité des départements français sont en restriction d'eau après une année de déficit et un mois de juillet historiquement sec et chaud (https://bit.ly/3BrhuPj ). Nous avons eu une vague de chaleur puis une autre, sur terre (https://bit.ly/3vsUziG ) et dans la Méditerranée (https://bit.ly/3zdDZEo ). La végétation brûle ou dépérit, les animaux meurent de chaud ou de soif, les bâtiments se fissurent, le niveau des cours d'eau est bas à très bas (https://bit.ly/3JgUF2H), et les récoltes diminuent (https://bit.ly/3QckfrT ).

Les Saoudiens viennent d'annoncer que leur pic de production de pétrole était en vue (https://bloom.bg/3SpBCYa ), après les russes qui l'ont passé (plus d'un quart du pétrole mondial à eux deux). Le gaz va manquer, et il est fort possible que nous ayons à relativement bref délai un problème sur le cuivre (https://bit.ly/3PSTmJF ).

Mais en fait tout va bien. Les décrets d'attribution des nouveaux ministres - ou des ministres aux compétences remaniées - du gouvernement Borne 2 viennent de sortir. Ces textes donnent aux ministres leur "feuille de route", et, même si nous ne sommes pas dans le "juridiquement contraignant", ils reflètent les priorités.

Résultat des courses : ces décrets continuent à être rédigés comme s'il n'y avait toujours pas de limites planétaires. Ces dernières n'existent donc pas pour notre gouvernement.

Par exemple, le décret concernant Bruno Le Maire ne mentionne pas les mots climat, pétrole, ressources, métaux, décarbonation : https://bit.ly/3vwvLpZ . Ce décret ne mentionne pas plus la résilience à développer face au changement climatique. Par contre notre ami doit "promouvoir la croissance", ce qui laisse entendre que ca ne dépend que de nous (on verra...).

Ces mots - climat pétrole etc - ne figurent pas plus dans les attributions de Pap Ndiaye (Education Nationale ; https://bit.ly/3zo3va3), Clément Beaune (transports ; https://bit.ly/3zhydlr), Olivier Klein (ville et logement ; https://bit.ly/3vq51Yo), Carole Grandjean (formation professionnelle ; https://bit.ly/3oFTQqz), et j'en passe.

La promotion de l'usage durable des ressources échoit à Christophe Béchu (https://bit.ly/3vQJBnx) alors qu'il n'a quasiment pas autorité sur les utilisateurs desdites ressources (les entreprises). Et le mot décarbonation n'apparaît pas plus dans sa feuille de route.

Dans "Collapse", Jared Diamond tente une nomenclature des facteurs qui peuvent amener une société à s'effondrer. L'un d'entre eux est "une réponse politique ou culturelle inadaptée" à des problèmes externes ou internes. Il me semble que nous sommes malheureusement en plein dans ce cas de figure."


(posté par Joëlle Leconte)

 

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/pfbid02XDhjhrHVUA1opLjjGdgGG8mf9zPHy8KHLwmFnRePnhB7ZB6DfC8679JGTcpVszGjl

La sidérante médiocrité de l’opposition à Macron

Élisabeth Borne taxée d’« ultralibérale », Pap Ndiaye attaqué sur sa personne… les anti-Macron s’opposent par anticipation. Un spectacle affligeant.

Dans quelques jours, les Français choisiront une majorité pour gouverner le pays. Ils feront aussi le choix de l'opposition qui ferraillera contre elle. En ces temps inquiets, éruptifs, le besoin de bretteurs intelligents, précis, utiles se fait sentir. De ceux qui élèvent le débat sans l'esquiver, et critiquent le pouvoir tout en se mettant à sa place.

L'opposition à Macron n'en prend pas le chemin, c'est un euphémisme. Caricaturale, elle s'oppose désormais par anticipation. Elle ne juge plus sur les actes, et encore moins sur les discours : par avance, elle décrète. C'est la critique a priori. Le jugement hors-sol.

À peine la nomination d'Élisabeth Borne à Matignon était-elle connue que mélenchonistes et lepénistes affublaient cette dernière des pires qualitatifs. Dans leurs éléments de langage de plus en plus communs, ainsi que dans le répertoire de quelques socialistes et républicains, on retrouvait les mêmes adjectifs outrés et outranciers : antisociale, (ultra)libérale…

« Ultralibérale », Élisabeth Borne ?

La même ultralibérale Élisabeth Borne qui a annoncé ce week-end le maintien du blocage des prix de l'énergie, un chèque alimentation, la revalorisation des retraites et minima sociaux, le triplement de la prime Macron… Un programme fort éloigné du thatchérisme dénoncé par les antimacronistes primaires.

Zemmour et Le Pen, eux, suivis par une partie de la droite, n'ont pas même attendu le discours du nouveau ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, pour le dépeindre comme un héraut de l'indigénisme et du racialisme.

Qu'il ne soit pas sur la même ligne que son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, c'est l'évidence même. Quelle est donc la conviction réelle d'Emmanuel Macron concernant un sujet aussi crucial que l'Éducation nationale ? Remplacer un républicain laïque, pourfendeur de l'islamo-gauchisme, par un chantre du multiculturalisme à l'anglo-saxonne : le président changerait-il de politique éducative comme de chemise ?

Qui a lu Pap Ndiaye ?

Parmi ceux qui tirèrent les premiers sur Pap Ndiaye, combien l'avaient seulement lu ou écouté ? S'opposer nécessite parfois de se plonger dans les écrits de son adversaire. Cela exige un effort. Disons-le tout net : certains, planqués ou non derrière l'anonymat des réseaux sociaux, le jugèrent à sa seule couleur de peau. Senghor, réveille-toi, ils sont devenus fous !

Dans les commentaires au sujet de Pap Ndiaye, il y a pourtant matière à divergences. Et il ne faudra pas se priver de le critiquer. Pourquoi serait-il intouchable ? Mais c'est sur le terrain des idées qu'il faut rester. Et juger sur les actes. Est-ce trop demander aux oppositions dans ce pays ? Quand ce n'est pas l'idéologie qui pense à leur place, c'est le réflexe pavlovien qui les fait tirer sur tout ce qui bouge. L'époque n'est pas à la foire. Il est temps de sortir les baltringues.

"Le premier raté écologique de Macron.🤦

« Le prochain mandat sera écologique ou ne sera pas » disait le président entre les deux tours.

Ça n’a pas fait long feu.

Les députés européens issus de la majorité (groupe Renew) ont voté contre l’interdiction du #chalutage de fond dans « toutes les aires marines protégées » (AMP), proposé par les verts. A la place, ils ont préféré une version peu ambitieuse et trop floue pour réguler efficacement cette activité qu’un député français de Renew Europe a proposé.

Car ces aires marines protégées ne le sont pas vraiment en réalité. Moins de 30% de leur surface est réellement protégée. Autrement dit, sur tout le reste de leur surface, la #pêche était « autorisée ».

Préférant les intérêts court termistes d’un secteur particulièrement impacté par les activités humaines, le parlement européen par le vote entre autres de nombreux députés français de Renew Europe a refusé de s'aligner avec la stratégie biodiversité adoptée en 2020 et qui vise à protéger 30 % des terres et des mers d’ici à 2030. Évidemment la droite et l’extrême droite ont également voté contre.

Autant vous dire que ce n'est pas vraiment le début de quinquennat auquel on s'attendait.

Mais en quoi le chalutage de fond est-il un vrai problème ?

Tout d’abord parce que cette technique de pêche est incapable d’être sélective. Elle attrape sans distinction tout ce qu’elle peut, même si certaines des espèces peuvent être protégées.

Ensuite parce qu’en raclant le fond marin, des écosystèmes qui ont pu mettre des milliers d’années à se former sont détruits, arrachés. Les panaches de sédiments engendrés nuisent également cette #biodiversité.

En détruisant certaines espèces et en perturbant cette biodiversité, c’est tout l’écosystème marin qui est perturbé, déréglé. A commencer par les #ressources piscifères et en terminant par la capacité de nos océans à absorber une partie du CO2 que nous émettons (et qui l’asphyxie déjà par ailleurs).

L’argument avancé pour porter la version affaiblie du texte est celui de la brutalité des #changements socio-économiques engendrés par une mesure trop engagée. Mais ce n’est pas servir les pêcheurs que d’épuiser les ressources dont ils dépendent et de permettre la destruction d'un écosystème dont nous avons besoin !

Crédit à BLOOM Association pour le visuel!"

(publié par Cyrus Farhangi)

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/pfbid0wpVAnb9t1vuMYQhbkVJBzYtrKLVJUsyvH9zsv8HATfegLbeKhq8M4X67UNmRmcHrl

Marine Le Pen accusé de détournement de fonds publics dans un rapport européen de lutte contre la fraude

L'office européen de lutte antifraude accuse Marine Le Pen et des proches d'avoir détourné quelque 600.000 euros de fonds publics, d'après des informations révélées samedi 16 avril.

Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, et des proches, sont accusés d'avoir détourné environ 600.000 euros d'argent public européen, au cours de leurs mandatures en tant qu'eurodéputés. L'accusation émane de l'office européen de lutte antifraude, selon un nouveau rapport révélé samedi 16 avril par le site français d'information Mediapart et remis à la justice française. Sollicité par l'AFP, le parquet de Paris a confirmé avoir reçu le 11 mars ce rapport, en cours d'analyse.

"Je m'étonne du timing toujours fort à propos de la révélation" et de son "instrumentalisation", a réagi auprès de l'AFP Me Rodolphe Bosselut, l'avocat de Marine Le Pen, en campagne pour le second tour de l'élection présidentielle, qui aura lieu le 24 avril, et où elle affrontera le président sortant Emmanuel Macron. Me Bosselut se dit par ailleurs "consterné par la façon dont agit l'Olaf (office européen de lutte antifraude), sans caractère contradictoire" et sur des "faits anciens de plus de dix ans" pour certains.

Marine Le Pen "n'a pas été convoquée par quelque autorité judiciaire française que ce soit", a-t-il ajouté, déplorant par ailleurs que ni lui ni sa cliente n'aient été destinataires du rapport final. Selon lui, l'enquête de l'Olaf est ouverte depuis 2016 et Mme Le Pen a été interrogée par courrier en mars 2021. Le nouveau rapport de l’Olaf, dont Mediapart publie des extraits, concerne les frais que peuvent utiliser les groupes politiques dans le cadre de leur mandat de député européen et que Marine Le Pen et ses proches auraient utilisés à des fins de politique nationale, pour des dépenses personnelles ou pour des prestations au profit de sociétés commerciales proches de son parti, le Rassemblement national (RN) et du groupe parlementaire d’extrême droite Europe des nations et des libertés (ENL).

L'Olaf met en cause Marine Le Pen, trois autres anciens députés européens, son père Jean-Marie Le Pen, son ancien compagnon Louis Aliot et Bruno Gollnisch, membre du bureau national du RN, et l'ENL. L'office les accuse d'avoir détourné environ 600.000 euros, dont il préconise le remboursement. Selon le rapport, la candidate du Rassemblement national aurait personnellement détourné environ 137.000 euros d'argent public du Parlement de Strasbourg quand elle était eurodéputée entre 2004 et 2017. Depuis juin 2017, Marine Le Pen est par ailleurs poursuivie dans l'enquête menée à Paris sur des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen d'assistants du parti. Elle est mise en examen pour "détournement de fonds publics" et "complicité" de ce délit dans le cadre de cette enquête.

 

 

https://www.capital.fr/economie-politique/marine-le-pen-accuse-de-detournement-de-fonds-publics-dans-un-rapport-europeen-de-lutte-contre-la-fraude-1434097

Riss : « Les milléniaux d’aujourd’hui sont les vieux cons de demain »

INTERVIEW. Dans un essai au vitriol, le directeur de la publication de « Charlie Hebdo » met en garde contre la toxicité démocratique des Gafa.

Qu'est-ce qu'un bon président de la République ? La gauche va-t-elle disparaître ? Faut-il faire rendre gorge aux Gafa ? Comment faire de la France le pays le plus fabuleux du monde ? C'est sous une pluie battante de questions que Riss, directeur de la publication de Charlie Hebdo, s'est attelé à la rédaction de sa longue Lettre au futur locataire de l'Élysée (Les échappés). Dans une missive acide et spontanée, le journaliste dresse un inventaire sans détour des problèmes que devra gérer – ou tout au moins tenter de gérer – le prochain président de la République. Qu'il s'agisse de questions de souveraineté, de spiritualité ou d'espoir collectif, le diagnostic de Riss ne transpire pas forcément l'optimisme. Qu'importe. L'humour restant la dernière politesse du désespoir, le lecteur pourra toujours s'amuser devant le reflet de son propre naufrage. Interview.

Le Point : Certains ont cru que les Gafa allaient nous aider à bâtir la nouvelle Athènes et une démocratie revivifiée. Que n'avons-nous pas vu venir ?

Riss : On n'a rien vu venir parce que la classe politique n'a aucune imagination. Elle suit ce qu'on lui met sous le nez. Zuckerberg veut faire du métavers ? Alors Macron dit à son tour que la France doit faire du métavers. Les politiques sont des suiveurs, ils n'ont aucun plan pour organiser la société et ne se fient qu'aux tendances qu'ils voient autour d'eux. Sans vision et sans ambition, pourquoi voter pour eux ?

Estimez-vous que la classe politique est dépassée dans son approche de la science et du progrès ?

Je pense que la classe politique n'a pas de culture scientifique. Ils craignent que s'ils se montrent suspicieux à l'égard d'innovations technologiques, on les accuse d'être obscurantistes ou passéistes. Alors, pour ne pas passer pour des ringards ou des réactionnaires, ils suivent tout ce qui leur semble vaguement innovant en se disant qu'ils passeront pour des gens innovants. Mais ce n'est pas ça, la modernité ! On attend de la classe politique qu'elle porte un jugement sur les développements des technologies et de la société. On a le droit, le devoir même, de porter un jugement moral sur ces développements ! Mais ils ne le font pas, par trouille de passer pour des vieux cons ou des boomers.

Vous pensez à quelqu'un en particulier ?

Quand Mélenchon parle des technologies ou d'Internet, on sent que c'est le candidat le plus vieux de tous et qu'il a peur de passer pour un ringard. Il en fait des tonnes sur l'innovation et la jeunesse… Lors de son meeting à Nantes, il tenait des discours à la Jules Verne en disant qu'on créera des machines qui prendront les courants froids au fond de l'eau et qui ramèneront les courants chauds vers le haut et que c'est la jeunesse qui fabriquera ces machines… Bref, on voit bien qu'il court, comme beaucoup d'autres, après une modernité qu'il ne comprend pas. Quand c'est nécessaire, un politique doit oser dire que certaines technologies ne sont pas adaptées à la société, car sa légitimité politique lui en donne le droit, et même le devoir.

Vous dites que les Gafa sont devenus des ennemis politiques…

Ce sont au moins des forces politiques dotées d'une puissance de diffusion qui dépasse allègrement la puissance de la cellule communication de l'Élysée… Les Gafa ont une puissance de communication mondiale, à la mesure de leur puissance économique. Le problème, c'est qu'ils ne sont soumis à aucun contrôle de la souveraineté populaire. Aux trois pouvoirs traditionnels de Montesquieu, on peut considérer qu'un quatrième pouvoir s'est ajouté, celui des Gafa. Or, le principe dans une démocratie, c'est que dès qu'un pouvoir émerge, il faut un contre-pouvoir. S'il n'y a pas de contre-pouvoir, apparaît alors une forme d'arbitraire.

La question est de savoir comment on rééquilibre l'exercice de ce pouvoir des Gafa. Aux États-Unis, Zuckerberg a récemment comparu devant le Sénat. Il était comme un petit élève qui n'en menait pas large. Les politiques ont fait les gros yeux, mais c'est tout. On ne peut pas compter uniquement sur le hasard d'une ancienne cadre de Facebook qui démissionne et révèle des dysfonctionnements de cette entreprise pour que l'on sache ce qui se passe réellement dans ces boîtes. Je pense que la classe politique mondiale devrait exiger que les gouvernements puissent faire partie des conseils d'administration de ces entreprises, pour au moins savoir ce qu'il s'y passe.

On peut quand même reconnaître des vertus aux réseaux sociaux. Depuis qu'ils existent, la communication n'a jamais été si facile, l'accès à la connaissance n'a jamais été aussi simple. Les réseaux sociaux sont imparfaits, mais ils contribuent à une forme d'émancipation, non ?

Moi, je ne pense pas. Une récente étude de l'Ifop* montre que le niveau de connaissance que les gens ont de certains événements liés au terrorisme depuis 10 ans suit le critère de l'âge… Plus les gens sont âgés, plus ils sont informés. Seulement 12 % des 18-24 ans affirment connaître l'affaire Illan Halimi ou l'assassinat de Mireille Knoll. Ce chiffre est hallucinant. Cela signifie que cette nouvelle génération qui ne voit le monde qu'à travers Internet n'a pas accès à l'évidence. L'accès à la connaissance ne peut donc pas se limiter à Internet.

Ceux qui lisent des journaux, des livres, écoutent la radio et regardent la télé ont beaucoup plus d'outils de compréhension du monde que ceux qui se contentent d'Internet. On peut s'émerveiller de voir des gamins de 12 ans utiliser Internet comme si c'était quelque chose de naturel, mais au final, les informations qu'on y trouve sont les mêmes et tournent en boucle : c'est de l'écume de connaissance. Ce n'est pas parce qu'il y a énormément d'informations sur Internet que ces informations sont énormément pertinentes… Trop souvent, les sites se copient les uns les autres. Internet donne l'illusion de posséder la totalité des connaissances humaines, alors qu'à vue de nez, je dirais qu'on n'y trouve pas plus de 15 % des informations dont on a besoin pour faire des citoyens bien instruits et bien construits.

 

Alors que faut-il faire ?

Je pense qu'il faut fédérer les pays d'Europe et les États-Unis pour exiger que les États puissent exercer la souveraineté populaire sur ces structures. Car, pour le moment, ces entreprises sont avant tout au service de leurs actionnaires, et pas de la souveraineté populaire. On pourrait imaginer créer des sociétés d'économie mixte de manière à ce que les États aient un droit de regard minimum sur les activités des Gafa. Ces entreprises sont tellement énormes qu'elles ne peuvent pas être gérées avec l'opacité du privé. Ces entreprises ne fabriquent pas des charpentes métalliques ou des fromages au lait cru, elles fabriquent de la connaissance, de la communication. Ce sont des secteurs stratégiques pour l'avenir des démocraties.

Est-ce que vous ne nous vendez pas un peu ici une réflexion de boomer ?

Boomer ou pas, j'en ai rien à foutre. Les milléniaux d'aujourd'hui sont les boomers et les vieux cons de demain. Aujourd'hui, ils se croient modernes, mais dans 50 ans, ils seront à leur tour dépassés, dévorés par ce qu'ils auront contribué à créer ! Ce qui est important, c'est de savoir ce que l'on peut faire pour qu'ils soient structurés politiquement et culturellement capables de faire des choix politiques qui aient du sens. Ce n'est pas Internet et les messages que les gens diffusent sur Instagram qui vont remplacer tout ce qu'ils n'ont pas lu depuis 20 ans. Rien ne compense rien. Je suis frappé quand je discute avec des collégiens ou des lycéens qui souvent me disent : « Oui, c'est vrai, je ne sais pas ça, mais je sais autre chose, ça compense. » Ben non. Ce n'est pas parce que tu connais tous les vainqueurs du Tour de France ou de Koh-Lanta que ça remplacera ton ignorance des tables de multiplication ou de l'Histoire de France. Ce n'est pas parce qu'on est un virtuose des réseaux sociaux que cela dispense de lire des classiques de la littérature ou des bouquins de géopolitique.

Vous dirigez un journal plutôt classé à gauche. Où va la gauche dans cette élection présidentielle ?

Quand on lit le vieux Charlie Hebdo des années 1970, on retrouve une gauche qui était dans le désir d'accéder au pouvoir et qui y consacrait toute son énergie militante. Elle cherchait réellement et sincèrement à conquérir le pouvoir. Cette énergie a commencé à décliner au soir du 10 mai 1981. Dans les années qui ont suivi l'élection de Mitterrand, les militants ont commencé à moins militer. Ils avaient atteint leur but, le pouvoir, et ils ont commencé à ressentir une forme d'autosatisfaction un peu paresseuse qui les conduira à le perdre à nouveau. Pour conserver le pouvoir, il faut en faire un usage ambitieux et sans arrêt mobiliser ses troupes. Il faut réexpliquer les combats et reconquérir les âmes à chaque génération…

Comment expliquez-vous que la gauche française soit à ce point divisée sur des sujets fondamentaux comme le nucléaire, la politique internationale, la laïcité ? On a l'impression qu'elle n'est plus d'accord sur rien.

Je pense qu'elle n'a jamais été d'accord sur rien, tout comme la droite d'ailleurs. Un leader de gauche, s'il veut entraîner derrière lui, doit être capable de définir ce qu'est l'intérêt général au-delà de son camp, c'est-à-dire pour le pays tout entier. On ne remporte pas une élection sans développer une vision qui bénéficie à tout le monde. Aux discours très marqués et parfois bornés de la conquête du pouvoir succèdent, de manière un peu magique, des discours d'unité. Le président est celui de tous les Français, y compris de ceux qui ne l'aiment pas.

Il faudrait à gauche une personnalité capable de voir au-delà de son camp afin de parler aussi aux gens qui ne sont pas de gauche. Ce qu'on voit aujourd'hui, à gauche comme à droite, ce sont des boutiques tenues par des boutiquiers. Chacun vise les législatives et non la présidentielle, d'où l'absence de vision. Les partis de gauche sont trop souvent dans une logique de IVe République. C'est un peu le même problème à droite aussi… Zemmour affirme qu'il veut réunir la droite, mais on voit bien qu'elle est totalement fracturée.

À gauche comme à droite, on a des candidats extrêmes qui prétendent devenir le barycentre de leur camp…

Oui, dans leurs rêves ! Zemmour a beau dire que son modèle est le RPR, il ne cherche absolument pas à rassembler son camp. Même chose pour Mélenchon, qui n'est pas un rassembleur, mais un orateur de la IVe ou de la IIIe République. Après, il y a le fond. Pendant longtemps, être de gauche, c'était croire au clivage de la lutte des classes. Mais après l'expérience Mauroy, la gauche s'est convertie au libéralisme et a cessé de proposer des choses innovantes. Elle a simplement montré qu'elle pouvait gérer comme la droite… Le dernier marqueur reste le sociétal. Là, on vire dans l'outrance pour cacher la misère. Quant aux propositions économiques, elle ne propose que de prélever davantage d'impôts sur une économie capitaliste… histoire de compenser les inégalités créées par le système capitaliste. C'est sans fin cette affaire. Cela revient à espérer que le capitalisme produise davantage, ce qui n'est, vous l'admettrez, pas vraiment au cœur d'une pensée de gauche…

(*Risque terroriste, antisémitisme : le regard des Français 10 ans après les attentats de Montauban et Toulouse. Étude Ifop pour le Crif, mars 2022.)

Dernier ouvrage paru :Lettre au futur locataire de l'Élysée (éd. Les échappées).

Propos recueillis par

Analyse de Jean-Marc Jancovici : "Le gouvernement a présenté hier son "plan de résilience économique et sociale" qui constitue la réponse de l'Etat à la situation tendue sur l'énergie créée dans notre pays par la guerre en Ukraine : https://www.gouvernement.fr/…/dossier_de_presse_-_plan_de_r…

La "gros du plan" vise à soulager les trésoreries : subvention des carburants (particuliers et professionnels), garantie par l'Etat de diverses catégories de prêts, ou décalage des paiements de la TVA (ou des charges sociales).

Mais ces mesures ne diminuent en rien notre dépendance aux importations de combustibles fossiles (au contraire la subvention aux consommateurs la pérennise). Nous ne serons pas en meilleure posture "physique" après ces mesures qu'avant.

Ce qui contribuerait à résoudre "physiquement" le problème à l'horizon de la semaine ou du mois serait la baisse immédiate de la consommation à ces mêmes échelles de temps. On peut songer (exemples illustratifs) :


- à la limitation de la vitesse sur autoroute
- à la mise en place à très bref délai d'un plan de covoiturage entreprises (domicile - travail = 1/3 de la mobilité en voiture)
- à l'optimisation du taux de remplissage des transporteurs routiers (obligation de remplissage minimum pour pouvoir rouler)
- à la baisse de la température de consigne dans tous les bâtiments chauffés au fioul ou au gaz (et même pour l'électricité dans la mesure où une partie de cette dernière est produite au gaz)
- à la baisse immédiate et réglementée du nombre de vols autorisés à décoller (avant covid 10% du carburant utilisé en France concernait l'aviation).

Le plan propose aussi une accélération des investissements "décarbonants" (bâtiments, mobilité, ENR). Outre que certains sont plus décarbonants que d'autres, ces mesures sont à moyen et long terme. Leur appliquer le terme de "résilience" à court terme est donc à nuancer.

En matière d'agriculture, le plan consiste à subventionner les éleveurs exposés à la hausse du prix des céréales, et à s'assurer que toute hausse sera bien passée au consommateur final via la distribution. A nouveau pas d'incitation à procéder autrement.

Enfin le plan évoque la diversification des débouchés pour les exportateurs (en 2021, la France a exporté 6,5 Mds € de biens vers la Russie) et la sécurisation des importations. Mais à court terme ces mesures sont partielles. Trouver de nouveaux clients est parfois rapide (forte demande et chaines logistiques faciles à modifier), mais pas toujours.

Et surtout pour les importations de métaux critiques (tungstène, palladium, platine...) la diversification des approvisionnements est un problème de moyen et long terme.

Après le covid, la guerre en Ukraine est une nouvelle forme de "démondialisation accidentelle" : rupture des approvisionnements ou des débouchés.

Ce que révèle ce plan, c'est que nous n'avons toujours pas pensé le 21è siècle très différemment du 20è."

(publié par Cyrus Farhangi)

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/519728809510673


"Dans son allocution aux français(es) effectuée ce soir, Emmanuel Macron a demandé au premier ministre, dans un contexte d'inflation énergétique renforcée par les événements en Ukraine, de "préparer un plan de résilience économique et sociale" pour répondre à la situation (à 10' dans la vidéo : https://lnkd.in/e7yp9g_p ). Le président a aussi indiqué qu'il fallait "augmenter l'indépendance du pays" afin de mieux maîtriser notre destin énergétique.

Vous savez quoi ? Ce cahier des charges est exactement celui du plan de transformation de l'économie française : https://lnkd.in/esiqHkbf

Notre pays utilise 4 fois plus de gaz que d'électricité pour le chauffage des bâtiments. 15% du pétrole est aussi utilisé pour le chauffage. Gaz et pétrole sont importés en totalité dans notre pays (et la Russie fournit un tiers du pétrole et du gaz communautaires en ordre de grandeur). Quelle meilleure occasion que les événements actuels pour décider de remplacer en 30 ans pétrole et gaz importés par de l'isolation et des pompes à chaleur ?

Nous souhaitons une agriculture moins consommatrice d'engrais azotés et plus riche en emplois. Les engrais azotés sont faits avec du gaz et la moitié des engrais azotés est importée.

Nous souhaitons une économie plus sobre en matériaux de base (acier, plastique et ciment). L'acier est aujourd'hui fait avec du charbon importé (en l'espèce plus souvent d'Australie que de Russie mais il est importé quand même !), le plastique avec du pétrole et du gaz importés, et le ciment avec des combustibles souvent importés.

Nous souhaitons des transports plus sobres. Les transports fonctionnent essentiellement au pétrole... importé.

Et il se trouve que ce plan répondrait aussi à une "petite" actualité du moment : la publication par le GIEC du rapport du groupe 2, qui explique que le rouleau compresseur du changement climatique est en marche.

A l'évidence, la population acceptera beaucoup mieux les décisions courageuses à prendre pour le climat si elles sont aussi les décisions à prendre pour diminuer rapidement notre dépendance à des ressources largement importées de Russie. De fait, c'est pour partie notre argent qui finance l'armée russe actuellement...

A quelque chose malheur est bon, l'occasion est probablement inespérée pour enclencher un tel plan de décarbonation accélérée.

Alors, M. Le président, chiche ?"

JM Jancovici


https://ilnousfautunplan.fr/
(posté par Joëlle Leconte)

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, était l'invité du Grand entretien de France Inter
 

Commentaire de Jean-Marc Jancovici : «Bruno Le Maire a fait quelques affirmations sur l'énergie sur France Inter qui m'ont semblé mériter quelques précisions.

Il a dit "L'Europe doit être indépendante du point de vue énergétique". L'Union importe actuellement 96% de son pétrole (dont 35% de Russie), 80% de son gaz (un tiers russe aussi) et 35% de son charbon. Elle importe 100% de son uranium, quasiment 100% de ses panneaux solaires, une fraction de ses éoliennes, 100% de son cuivre (nécessaire aux réseaux et appareils électriques), 100% des métaux pour batteries, et j'en passe. Ne pas dépendre de pays tiers pour des denrées indispensables à notre système énergétique sera hélas impossible. De quelle indépendance parle-t-on ?

Bruno Le Maire impute la hausse des prix de l'énergie à la "demande plus forte que prévue" en pétrole et en gaz à cause de la reprise. Il ne faudrait pas oublier ce qui a joué encore plus (sans jugement de valeur sur la pertinence de la hausse des taxes) : la mise de l'électricité dans le marché (qui cale les prix spot pour tous sur le mode de production le plus onéreux), le prix des quotas qui atteint pas loin de 100 euros la tonne de CO2 et qui renchérit le MWh au gaz, la hausse des taxes sur les carburants (notamment le diesel) et enfin la fiscalité (d'abord affectée aux ENR, puis non affectée) qui a augmenté sur l'électricité.

Il espère que d'ici la fin 2022 les prix vont baisser. Que disent "les marchés" ? Le prix du gaz pour livraison dans un an et dans deux ans est à peu près le même que le prix pour demain. Un peu plus loin il a parlé de "sortie de crise". Mais si le gaz reste proche de 100 euros le MWh (et donc l'élec pas loin de 250 avec le rendement des centrales et le prix du CO2) pendant 2 ans, ca n'est plus vraiment "une crise", c'est plutôt un nouvel état de fait....

Bruno Le Maire explique que l'Etat a imposé une charge de 8 milliards à EDF (dont une partie financera une filiale de Total !) "parce que c'est une entreprise publique" et "sous le contrôle de l'Etat". Cela veut-il dire que l'on ne peut pas, au nom de l'intérêt général, imposer une charge à une entreprise privée ? Que l'Etat n'a aucun contrôle sur le secteur privé ?

Le ministre qualifie EDF de "service public". Objection votre honneur : si on a voulu un marché concurrentiel il n'y a plus de service public. Il y a des concurrents, et si on fait les poches de l'un d'eux on doit faire les poches de tous. Cela n'empêche pas l'invité de dire un peu plus loin que pour les pétroliers "c'est à eux de faire des propositions" (aucune obligation !). Amusant...

Enfin notre ministre déclare que "nous avons des besoins en électricité décarbonés infiniment supérieurs à ce à quoi nous nous attendions". Pour ce que j'en ai vu depuis 20 ans, la question de la disponibilité physique future de l'électricité décarbonée n'a jamais fait l'objet d'une "attente" quantifiée du monde politique : elle a fait l'objet de certitudes d'une absence de difficultés fondées sur... rien.»

https://www.franceinter.fr/…/l-invite-de-8h20-le-grand-entr…

(posté par J-Pierre Dieterlen)

Présidentielle 1995 : comment le Conseil constitutionnel a validé les comptes de campagne irréguliers de Chirac et Balladur

Les archives du Conseil constitutionnel qui viennent de s’ouvrir racontent, 25 ans après, comment l’institution a manoeuvré pour valider les comptes de campagne de Jacques Chirac et d’Édouard Balladur en 1995. Les deux candidats avaient pourtant largement dépassé le plafond des dépenses autorisées et commis de nombreuses irrégularités.

Après l'élection présidentielle de 1995, le Conseil constitutionnel a validé les comptes de campagne de Jacques Chirac et Édouard Balladur en dépit des nombreuses irrégularités qu’ils comportaient. En droit, les deux comptes auraient dû être rejetés avec des conséquences financières et politiques incommensurables pour les deux hommes. C’est ce qui ressort des archives de l'institution, qui viennent d’être rendues publiques 25 ans après leur rédaction, et que la Cellule investigation de Radio France a pu consulter. 

Tout au long des trois mois qu’a duré l’examen de leurs comptes, les "Sages" ont minoré, dissimulé, effacé les infractions commises par les deux candidats, malgré les constats clairs et circonstanciés des rapporteurs chargés de l’examen des comptes. Ces éléments étaient déjà partiellement connus. En 2010, une fraction de ces archives avaient été saisies par la justice dans le cadre de l’instruction sur le volet financier de l’affaire Karachi. Un an plus tard, un conseiller constitutionnel de l’époque, Jacques Robert, rompt en partie son serment de secret en donnant quelques détails sur ce qui s’était dit dans le huis-clos de la rue de Montpensier. 

Mais à ce jour, la preuve qu’un président de la République a pu être élu en France malgré des infractions majeures dans le financement de sa campagne n’était toujours pas établie. Pas plus qu’il n’était certain que les garants de la Constitution avaient bafoué le droit. Ces faits sont désormais irréfutables.

 

Le plafond des dépenses de campagne largement dépassé par Jacques Chirac et Édouard Balladur

 

Les candidats à la présidentielle de 1995 ont déposé leur compte de campagne début juillet au Conseil constitutionnel, comme le prévoyait la loi en vigueur à l’époque (aujourd’hui, c’est la commission des comptes de campagne qui remplit ce rôle). Une équipe de rapporteurs - de jeunes conseillers d’État ou de la Cour des comptes - a été constituée pour les examiner. Après trois semaines de travail, ils présentent aux "Sages" leurs premières conclusions, les 28 et 29 juillet. Laurent Touvet, le rapporteur principal du compte d’Édouard Balladur donne le ton : "Il nous est vite apparu que le souci de l’association de financement de M. Balladur a été de maintenir les dépenses du candidat sous le plafond de 90 millions (...). D’ailleurs, les factures sont d’autant plus rares que les manifestations sont proches du scrutin", explique-t-il. 

Parmi les bizarreries repérées par les rapporteurs, le candidat Balladur n’a déclaré que trois permanences de campagne, alors qu’ils en ont identifié 86 sur tout le territoire. Ils ont également recensé des dizaines de meetings pour lesquels on ne leur a fourni aucune facture. Édouard Balladur a clôturé son compte à 83 millions de francs, ce qui est assez proche du plafond de dépenses du premier tour, fixé à 90 millions. Après avoir écouté le rapporteur, le conseiller Jacques Robert conclut : "Donc si vous en ajoutez, on dépasse le plafond."

Le lendemain, c’est au tour du rapporteur principal du compte de Jacques Chirac de faire part de ses interrogations. Le président élu a arrêté son compte à 116,6 millions de francs, tout près du plafond de 120 millions autorisés au second tour. Or, là aussi, il semble que de nombreuses factures manquent à l’appel. "Il sera demandé au représentant du candidat des explications sur certaines anomalies", précise le rapporteur François Loloum.

À leur retour de vacances, en septembre, les conseillers constitutionnels retrouvent sur leur bureau les nouvelles conclusions des rapporteurs qui, eux, ont travaillé tout l’été. Cette fois-ci, le doute n’est plus permis. Édouard Balladur et Jacques Chirac ont bien "explosé" le plafond des dépenses de campagne et omis d’intégrer de nombreux éléments dans leur comptabilité. Pour quel montant ? D’après les rapports annexés dans les archives du Conseil constitutionnel, on découvre que, selon les rapporteurs, Édouard Balladur a dépassé le plafond de six millions de francs et Jacques Chirac de cinq millions. Ces estimations sont une fourchette basse, comme l’admettent d’ailleurs les Sages dans leurs débats. De nombreuses dépenses n’ont pas été retenues, faute de documents et de réponses des candidats.

Des versements en liquide suspects chez les deux candidats de la droite

Les hauts fonctionnaires ont également découvert d’importants dépôts en espèces suspects sur les comptes des deux candidats. Chez Jacques Chirac, 31 personnes se sont présentées à la banque Rivaud le même jour, le 6 mai, veille du deuxième tour, pour  déposer un total de 3,5 millions de francs en liquide. Pour Édouard Balladur, 10,25 millions de francs ont été versés en une fois au Crédit du Nord, trois jours après le premier tour. Interrogée, la banque précise : "en quatre sacs de billets de 500 francs". 

Interrogés sur ces importantes recettes en liquide, les deux candidats ont livré la même explication : elles sont le fruit de collectes dans les meetings et de vente de t-shirts et gadgets divers. L’explication n’a manifestement pas convaincu les Sages. "Chacun sait très bien d’où venait cet argent", lance ainsi le conseiller Maurice Faure, évoquant probablement les fonds secrets du gouvernement dans lesquels les partis politiques ont largement puisé à l’époque. Concernant Édouard Balladur, il est possible que ces fonds soient provenus de rétrocommissions sur des marchés de ventes d’armes. Certains conseillers s’en agacent. "Ce qui me gêne dans le compte de M. Balladur, c’est l’attitude du candidat face aux questions qu’on lui pose, déplore l’ancien professeur de droit Jacques Robert. Soit il nous répond qu’il n’y a pas de dépense, (...) soit que les dépenses figurent au compte et qu’on l’a mal lu, soit encore que les dépenses ont été réalisées en sa qualité de Premier ministre, soit enfin qu’elles ont été effectuées sans son accord". Et Roland Dumas de surenchérir : "Et si on demande des preuves, on nous dit que les documents ont été détruits !

Le rejet des comptes de Jacques Chirac n’a jamais été envisagé

La lecture des près de 300 pages de compte-rendus et d’annexes des 13 séances qui se sont déroulées entre le 27 juillet et le 11 octobre 1995 ne laisse pas de doute. Aucun conseiller ne semble avoir envisagé le rejet du compte de Jacques Chirac. Le 7 septembre, après une longue discussion sur les dépenses n’apparaissant pas dans les comptes, Étienne Dailly lâche : "Je ne me sens pas en mesure de rejeter un compte de campagne." Deux semaines plus tard, il se fait encore plus précis.

Je ne me verrais pas rejeter le compte du président élu. Et je serais très gêné s’il y avait un élément décisif.Etienne Dailly, membre du Conseil constitutionnelen septembre 1995

Le 3 octobre, c’est Noëlle Lenoir (qui sera par la suite ministre sous la deuxième présidence de Jacques Chirac) qui affirme : "On ne va pas rejeter un compte avec les conséquences politiques que l’on sait."

Quelles conséquences d’ailleurs ? Le rejet du compte entraîne le refus du remboursement par l’État des dépenses de campagne. En revanche, la loi ne prévoit pas explicitement l’invalidation de la présidentielle, contrairement à toutes les autres élections. Même sanctionné, Jacques Chirac aurait pu - en théorie - rester à l’Élysée. Mais la crise politique majeure était plus que probable.

Les conseillers constitutionnels n’en ont pas voulu. Tout au long de la journée du 4 octobre 1995, réunis en l’absence des rapporteurs, ils vont donc "raboter" les comptes du candidat Chirac jusqu’à les faire passer sous le plafond. Quand ils y parviennent, Maurice Faure lance un cri, retranscrit tel quel sur le compte-rendu de séance : "Il est sauvé !" Dans les faits, pour réussir leur "sauvetage", les Sages vont devoir ensuite faire plier les rapporteurs pour qu’ils rédigent des conclusions conformes à leurs aspirations. Pour cela, les fonctionnaires devront accepter de fermer les yeux sur de nombreuses dépenses.

À contrecoeur, ils vont accepter une interprétation très laxiste de la loi qui leur a été imposée par les Sages : toutes les dépenses non expressément autorisées par le candidat ne doivent pas figurer au compte. Ils ont ainsi dû tirer un trait sur des millions de francs de frais d’autocars qui servaient à transporter les militants dans les meetings au prétexte qu’ils auraient été affrêtés par les sections locales du RPR, et non par l’association de campagne du candidat. De la même façon, les meetings de soutien d’Alain Juppé ou Philippe Séguin ont été considérés comme des initiatives personnelles qui n’auraient pas recueilli l’assentiment de Jacques Chirac... Les rapporteurs ont néanmoins tenté de résister aux membres du Conseil. L'un d’eux, Rémi Frentz, semble perdre patience le 3 octobre et lance aux neuf Sages : "Qu'est-ce qui empêche le Conseil de se borner à constater que certaines dépenses ont été engagées, certains avantages en nature accordés, pour constater le dépassement du plafond et rejeter le compte ?" Les rapporteurs ont dû revoir leur copie à plusieurs reprises avant de présenter des projets de décision conformes aux volontés des Sages. 

Un profond désaccord autour du cas d’Édouard Balladur

Une fois le "cas Chirac" réglé dans une belle unanimité, la discussion autour du compte d’Édouard Balladur est nettement moins sereine et fracture le Conseil en deux camps. D’un côté, ceux qui estiment que les 10 millions d’euros déposés en liquide sans justificatifs sur le compte du candidat sont une faute inexcusable. De l’autre, ceux qui pensent qu’ils doivent également fermer les yeux sur cette irrégularité. Ne serait-ce que parce que le compte de Jacques Chirac avait lui même été abondé avec des versements d’espèces suspects et qu’il était difficile de rejeter un compte sur ce motif sans faire de même pour l’autre. 

 

Les conséquences personnelles pour Édouard Balladur auraient été terribles. Elles sont écrites noir sur blanc dans un document rédigé par les rapporteurs : "Monsieur Balladur reversera au Trésor public la somme de 6 350 776 F, conformément à l’article L52-15 du code électoral". Cette somme correspond au montant du dépassement du plafond évalué par les fonctionnaires. En outre, l’ancien Premier ministre n’aurait pas eu droit aux 32 millions de francs de remboursement de l'État alors qu’il s’était personnellement porté caution sur un emprunt bancaire de 31 millions. La ruine personnelle se profilait pour le candidat.

Pendant une partie de l’après-midi du 4 octobre, les neuf membres du Conseil vont s’entredéchirer. "On peut être indulgent sur les dépassements de dépenses mais si on laisse passer cela [le versement suspect de 10 millions en liquide], le Conseil perd sa crédibilité !", lâche ainsi Jacques Robert. Georges Abadie lui répond : "Moralement, je partage les mêmes sentiments de fond. Mais (...) chez M. Chirac aussi il y a un versement unique de trois millions de francs. Où place-t-on la barre ?" Au final, quatre conseillers (Michel Ameller, Noëlle Lenoir, Jacques Robert et Marcel Rudloff) votent pour le rejet du compte. Les cinq autres, dont le président Roland Dumas, sont contre. Le compte est validé. 

Les comptes de deux autres candidats entachés d’irrégularités

Outre ceux de Jacques Chirac et d’Édouard Balladur, deux autres comptes ont donné du fil à retordre aux rapporteurs : ceux de Jean-Marie Le Pen et de Jacques Cheminade.

Aujourd’hui, un compte de campagne tel qu’était présenté celui de Jean-Marie Le Pen en 1995 serait probablement rejeté. Factures en vrac, comptabilité truffée d’erreurs, justificatifs manquants… Le compte du leader du Front national était un capharnaüm dans lequel les rapporteurs ont dû naviguer à vue pendant des semaines avant d’en avoir une vision à peu près claire. Ils soupçonnent que certaines dépenses ont été "gonflées" afin d’augmenter le montant du remboursement de l’État au candidat. Ils ont aussi découvert que les ristournes  accordées par certains fournisseurs du candidat FN étaient excessives et pouvaient être qualifiées d’avantages en nature consentis par des entreprises, ce qui est interdit. Malgré l’importance de ces remises (3,4 millions de francs au total), le Conseil constitutionnel a choisi de ne pas relever l’infraction. Les comptes de Jacques Chirac et Édouard Balladur présentaient eux aussi ce genre de problème.

À l’arrivée, Jacques Cheminade a été le seul candidat dont le compte a effectivement été rejeté cette année-là. Son examen a révélé que des factures, établies par des sociétés dont il était proche, semblaient fictives. Dans le même temps, un prêt d'1,4 million de francs lui avait été accordé par un couple de particuliers, officiellement au chômage. L’argent provenait notamment d’un compte en Suisse et avait été versé via un chèque anonyme. Pour les rapporteurs, le candidat du parti "Solidarité et progrès" (qui réunit 0,28% des voix en 1995) aurait tenté "d’inventer" des dépenses et des recettes fictives pour augmenter le remboursement de l'État auquel il pouvait prétendre. Mais ils n’en avaient pas la preuve absolue. Alors qu’ils ont régulièrement plaidé que "le doute doit profiter au candidat" dans le cas des comptes Chirac et Balladur, les Sages ont donc décidé de sanctionner le "petit" candidat. Pour cela, ils ont dû trouver un biais juridique. Ils ont considéré que l’absence d’intérêts sur un prêt d’1,4 millions de francs pouvait être assimilé à un don illégal.

Quel rôle a joué Roland Dumas ?

La lecture des compte-rendus de séance ne semble pas montrer que Roland Dumas ait eu du mal à convaincre ses collègues de la nécessité d’éviter une crise politique en fermant les yeux sur les irrégularités commises durant cette campagne. Maurice Faure ou Étienne Dailly ont parfois ouvertement exprimé leur parti-pris devant les rapporteurs. À tel point que Roland Dumas a dû les rappeler à l’ordre le 3 octobre : "Ce matin (…) la séance a dérapé et nous avons commencé à délibérer en présence des rapporteurs, en commentant leurs conclusions. Ils ont été 'froissés' et me l’ont fait savoir." Ce à quoi Étienne Dailly répondit plus tard : "Savoir ce que les rapporteurs pensent de moi m’est égal. Je ne leur dois aucun compte. Nous, nous avons prêté serment, pas eux." Malgré ce serment qui prévoit que les Sages exercent leurs fonctions "en toute impartialité dans le respect de la Constitution", le Conseil a décidé à l’unanimité de "sauver" le président élu. Concernant le cas d’Édouard Balladur, les conseillers étaient divisés, 4 contre 4, et la voix de Roland Dumas a été déterminante. 

 

En revanche, les relations avec les rapporteurs ont été beaucoup plus tendues. Lors d’une séance, Roland Dumas interrompt l’un d’eux alors qu’il s’apprête à lire son projet de décision de rejet du compte de Jacques Chirac. "Nous avons compris", lui dit-il... On peut noter qu’à plusieurs reprises, Roland Dumas suspend les séances pour se réunir avec les rapporteurs dans son bureau. Que s’est-il dit lors de ces apartés ? Aucun d’entre eux n’a jamais trahi publiquement son serment de secret. Certains sont encore en fonction aujourd’hui en tant que préfet, conseiller d'État ou président de chambre à la Cour des comptes. À la fin de ces trois mois de procédure, Roland Dumas a souhaité les inviter à déjeuner pour les féliciter de leur travail. Tous ont décliné.

Des neufs conseillers constitutionnels qui ont participé à ces délibérations, cinq sont aujourd’hui décédés : Georges Abadie, Jean Cabannes, Étienne Dailly, Maurice Faure et Marcel Rudloff. Michel Ameller est âgé de 94 ans, Roland Dumas de 98, Noëlle Lenoir de 72 et Jacques Robert de 92. 

Cellule investigation de Radio France Elodie Guéguen Sylvain Tronchet Radio France

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https://www.francetvinfo.fr/politique/affaire/affaire-karachi/enquete-franceinfo-presidentielle-1995-comment-le-conseil-constitutionnel-a-valide-les-comptes-de-campagne-irreguliers-de-chirac-et-balladur_4148081.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20201020-[lestitres-coldroite/titre7]

Pourquoi les Balkany, condamnés à de la prison ferme, ne sont pas emprisonnés?

L'absence de mandat de dépôt et les délais de recours en cassation permettent au couple d'élus de rester, pour l'instant, en liberté.

«"Cinq et quatre ans de prison ferme, sans incarcération immédiate", ça veut dire quoi ?» nous demandez-vous en citant un article de l’Obs concernant la condamnation, ce mercredi 27 mai en appel, d’Isabelle et Patrick Balkany, à respectivement quatre et cinq ans de prison ferme pour blanchiment de fraude fiscale. Dans la dépêche AFP sur laquelle s’appuie ce papier, on lit en effet qu’il n’y a «pas d’incarcération immédiate» pour les anciens édiles de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Cela signifie notamment que la cour d’appel de Paris n’a pas prononcé de mandat de dépôt à l’endroit des deux condamnés. L’avocat d’Isabelle Balkany, Pierre-Olivier Sur, s’en est d’ailleurs réjoui sur Twitter. Un mandat de dépôt désigne l’ordre d’un magistrat à la direction d’une prison pour qu’elle accueille, dès la sortie de son audience, une personne condamnée (ou mise en examen).

Possible pourvoi en cassation

Outre l’absence d’un mandat de dépôt, un deuxième élément explique que les Balkany ne soient pas en prison actuellement : il leur est toujours possible de se pourvoir en cassation.

Or, «pendant les délais du recours en cassation et, s’il y a eu recours, jusqu’au prononcé de l’arrêt de la Cour de cassation, il est sursis à l’exécution de l’arrêt de la cour d’appel», dispose l’article 569 du Code de procédure pénale. C’est pourquoi on dit, dans une affaire pénale, que le pourvoi en cassation est suspensif.

«Nous avons 10 jours pour former un pourvoi en cassation et sommes en train de réfléchir, nous fait savoir l’avocat de Patrick Balkany, Romain Dieudonné. Le délai habituel de 5 jours, mais il est aujourd’hui doublé compte tenu de la période d’état d’urgence sanitaire. Un pourvoi est possible voire probable.»

 
«Certificats médicaux»

Comme Libé le fait remarquer dans son article sur le sujet, cette condamnation n’est pas la première des anciens édiles de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) : «Les peines infligées, identiques à celles prononcées en première instance, s’ajoutent à celles déjà prononcées en mars par la même cour d’appel sur le seul volet fraude fiscale : trois ans ferme chacun.»

Notons qu’en première instance dans le volet fraude fiscale, Patrick Balkany avait été condamné à quatre ans ferme, avec mandat de dépôt. Il avait donc été incarcéré, à la prison de la Santé.

Cette peine a ensuite été allégée en appel, au mois de mars 2020. Surtout, les juges n’avaient pas renouvelé le mandat de dépôt contre Patrick Balkany «en raison de l’état de santé actuel de l’intéressé». Il avait d’ailleurs été remis en liberté pour motif médical peu de temps avant son procès en appel.

 

La santé du couple est le dernier élément qui l’éloigne de la case prison : il est vraisemblable qu’Isabelle et Patrick Balkany puissent, si la peine acquiert un caractère définitif (par exemple s’il n’y a pas de pourvoi en cassation), obtenir un aménagement de cette peine. C’est d’ailleurs ce qu’écrivait Libé à la suite de l’arrêt de la cour d’appel : «Vu les certificats médicaux fournis par l’un et l’autre des époux Balkany, il est loin d’être certain qu’ils les purgeront un jour.»

 

Fabien Leboucq

«Faut arrêter les conneries» : deux mois de couacs au sein de l’exécutif confiné
 

Hésitations sur le confinement, non-dits sur les masques, appui aléatoire sur les scientifiques, gaffes et surmoi des ministres, dissensions entre Macron et Philippe… Depuis la mi-mars, la gestion et la communication au sommet de l’Etat ont souvent vacillé.

 

Le confinement touche à sa fin… pour le gouvernement. Pendant deux mois, confronté à une catastrophe médicale, humaine et économique sans précédent, l’exécutif ne s’est pas vraiment sublimé en termes de communication. En commençant par faire disparaître le manque de masques de protection derrière l’énoncé d’une doctrine bancale et difficilement tenable pendant une pandémie, pour finir par se marcher sur les pieds dans les annonces sur le déconfinement. «J’ai connu dans un autre mandat des gouvernements qui se sont illustrés par leurs couacs à répétition. Ça n’a jamais été le cas avec celui-ci. La machine est bien huilée», a pourtant osé le ministre de la Santé, Olivier Véran, le week-end dernier. Retour en trois temps sur une gestion et une parole officielle pas totalement confinée.

Un scientifique paravent… pour un temps seulement

Au départ, c’est un mot banni du vocabulaire du pouvoir en public : «confinement». Début mars, le nouveau coronavirus Sars-Cov-2 est déjà présent en France, il a fait de premiers dégâts dans des «clusters» isolés - l’Oise, le Morbihan, le Haut-Rhin - mais, compte tenu de ce qui se passe en Chine et en Italie, les éléments de langages envoyés aux responsables et conseillers de la majorité ont de quoi étonner. Le message en résumé : quand le virus «circulera librement» dans la population - le «stade 3» de l’épidémie de Covid-19 -, cela ne signifiera pas la mise en place d’un confinement. La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, multiplie alors les passages télé et radio, appliquant la consigne à la lettre. «Au stade 3 de l’épidémie, on ne va pas arrêter la vie en France», assure-t-elle ainsi le 4 mars. «Une fois que l’épidémie est installée sur tout le territoire national, ça ne sert plus à rien d’empêcher les enfants d’aller à l’école ou autre»,poursuit-elle le lendemain. Déjà, celle qui a géré la communication du candidat Macron pendant la campagne puis les premiers temps à l’Elysée s’appuie sur les «scientifiques» pour justifier les décisions de l’exécutif : «Ce n’est pas nous qui allons décider du moment où la France sera dans une telle situation épidémique, ce sont des faits scientifiques.»

 

A LIRE AUSSIA l’Assemblée : «On a été plus que confinés, on a été confits !»

C’est aussi le 5 mars qu’Emmanuel Macron met en scène les infectiologues pour la première fois dans cette crise. A l’Elysée, il reçoit 30 spécialistes des épidémies pour «faire un point collectif sur l’état des lieux du virus et des solutions». «Il était nécessaire de s’appuyer sur la parole scientifique, approuve Thierry Herrant, professeur de communication publique à Sciences-Po. Car depuis l’affaire du sang contaminé et les multiples crises sanitaires, la parole politique est décrédibilisée en France.» Parmi ces spécialistes conviés par le président, le professeur Jean-François Delfraissy, immunologue et président du Comité consultatif national d’éthique.

Quelques jours plus tard, ce dernier sera propulsé par Emmanuel Macron à la tête de son «conseil scientifique» qui permettra d’étayer ses premiers choix de crise. Y compris les plus difficiles. Le 12 mars, dans sa première allocution télévisée liée au coronavirus, le chef de l’Etat prend appui sur le conseil pour maintenir le premier tour des municipales prévu trois jours plus tard. «Ils considèrent que rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes», assure Macron devant près de 22 millions de Français. «Il aurait dû interrompre les municipales même si les professionnels de santé lui disaient que ce n’était pas dangereux, analyse Stéphane Rozès, président de la société Conseils, analyses et perspectives (CAP) et ex-dirigeant de l’institut de sondages CSA. Dire aux personnes âgées qu’elles peuvent voter et en même temps les inviter à rester chez elles, ça ne pouvait pas être compris.»

C’est aussi «selon les scientifiques» que Macron justifie la fermeture «jusqu’à nouvel ordre» des crèches et lieux scolaires, l’instauration du confinement en France et le choix de «réserver les masques en priorité pour l’hôpital». Sauf que cette décision est liée à l’absence de stock et à la difficulté de s’en procurer à l’étranger compte tenu de la demande mondiale. Un choix pragmatique qui s’est imposé à l’exécutif. Pas une recommandation scientifique. «Il fallait assumer bien plus tôt et dire qu’on n’avait pas assez de masques, déplore un communicant ministériel. Il fallait en appeler à tout le monde et à la solidarité du pays bien avant.» Philippe Moreau Chevrolet, spécialiste en communication politique et président de MCBG Conseil, abonde : «En com de crise, tout le monde sait qu’il faut être transparent. Il faut dire toute la vérité ou a minima ne pas mentir. Là, ils ont adopté la pire des stratégies : ils ont un peu dit la vérité et un peu menti. Je pense qu’ils ont paniqué.»

 

A la décharge du gouvernement, même l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a changé de doctrine en cours de pandémie sur les masques. Ce qu’Edouard Philippe ne se privera pas de répéter pendant deux mois. Mais pour Franck Louvrier, ancien conseiller communication de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, c’est un peu court : «Vous pouvez ne pas dire certaines choses, mais en situation de crise, vous êtes obligés de tout dire parce que vous êtes sous pression médiatique.» D’autant, pointe le professeur de communication publique Thierry Herrant, «que les Français comme les ministres ont découvert au fil de cette pandémie sans précédent que tous les scientifiques n’étaient pas d’accord entre eux, que la parole scientifique est diverse. Et aujourd’hui, on ne sait plus trop où on en est du point de vue scientifique».

Ce paravent scientifique va cependant jouer son rôle à plein pendant un bon mois. Car à mesure que le confinement produit ses effets catastrophiques sur le monde du travail, ce ne sont plus seulement les statistiques médicales qui guident le politique mais davantage les courbes économiques. Qui plongent… Résultat, quand le conseil scientifique préconise de ne rouvrir les écoles qu’en septembre dans l’espoir d’épargner au pays une deuxième vague épidémique, l’exécutif va garder pour lui l’avis de ces experts pendant plusieurs jours. Le ministère de la Santé se targuait pourtant jusque-là de les publier en toute «transparence». Le 13 avril, Emmanuel Macron annonce donc que les écoles rouvriront le 11 mai, date du début du déconfinement. Les raisons sociales et économiques ont pris le dessus sur les préventions scientifiques. Dans cette allocution présidentielle, le mot «scientifique» n’est d’ailleurs jamais prononcé par le chef de l’Etat.

Trop de ministres… qui parlent trop

«Flegmatique mais ravageur.» Voilà comment un membre du gouvernement qualifie le «coup de gueule» d’Edouard Philippe à ses ministres le 27 mars par visioconférence. Cela fait deux semaines que la parole gouvernementale part dans tous les sens. Il est temps pour le chef du gouvernement de recadrer tout le monde. Ordre est donné de s’en tenir aux «EDL» (les éléments de langage) de l’Elysée et Matignon. Car un jour, c’est le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, moqué pour son appel à «l’armée de l’ombre» pour aller ramasser fraises et asperges. Un autre, c’est la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui évoque un Tour de France à huis clos. Sans parler de Jean-Michel Blanquer, qui annonce tout seul dans son coin la date du 5 mai pour une reprise possible de l’école, ou encore de Sibeth Ndiaye qui évoque des «professeurs qui ne travaillent pas» alors qu’ils se sont mis à l’enseignement à distance au prix d’importantes contorsions professionnelles et personnelles. «Dans une crise, il faut centraliser les messages et limiter le nombre d’interlocuteurs sinon on risque la distorsion,rappelle Franck Louvrier. Là, tous les matins on avait un ministre qui venait parler de son domaine. Ça ne rassure pas les Français, au contraire.»

 

D’où le choix du chef du gouvernement de resserrer les boulons et de monter en première ligne médiatique. Le 28 mars, un samedi après-midi, Edouard Philippe se lance dans une très longue séance de questions-réponses, à coups d’explications scientifiques, de statistiques et de dates. «Je veux parler clair, énonce-t-il. Je veux vous dire ce que nous savons et ce que nous ne savons pas, ce que nous préparons et ce que nous réussissons, parce qu’il y a des choses que nous réussissons, et ce qui nous inquiète.»Conférence de presse, 20 heures de TF1 : le retour aux fondamentaux va fonctionner… une semaine. Car le surmoi de certains ministres reprend vite le dessus. L’aile droite du gouvernement n’a plus l’air très à l’aise avec le«quoi qu’il en coûte» présidentiel pour sauvegarder l’économie. Pour s’en sortir, «il faudra probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant», lance ainsi la secrétaire d’Etat à l’Economie, Agnès Pannier-Runacher, totalement raccord avec les messages insistants envoyés par le Medef depuis la mi-mars. Son ministre de tutelle, Bruno Le Maire, a beau expliquer par la suite qu’il s’agit là d’une «drôle d’idée», il a lui-même allumé la mèche en lançant qu’«à la sortie de cette crise, il faudra faire des efforts».

Deux semaines plus tard, c’est au tour du ministre de l’Education nationale de reprendre ses mauvaises habitudes. Devant la commission des affaires culturelles, Blanquer détaille un plan de retour des élèves en classe… qui n’est pas encore totalement arbitré par l’étage du dessus et qui sera démenti une semaine plus tard par le Premier ministre. «Une annonce ne devrait être faite que quand l’exécutif est bien sûr de ce qu’il veut dire, insiste Philippe Moreau Chevrolet. Là, les ministres lancent des ballons d’essai. On ne peut plus se permettre de demi-annonces ou des off. Faut arrêter les conneries.»

«Une crise n’est pas une compétition sur qui passera à la télé : c’est une communication ordonnée, recentrée autour d’un porte-parole unique», s’agace à son tour Franck Louvrier. Qui verrait bien dans ce rôle… Jean Castex. Le nouveau «Monsieur déconfinement» du gouvernement est aussi un ancien conseiller élyséen de l’ère Sarkozy. C’est surtout un énarque ayant choisi la préfectorale qui est aujourd’hui maire d’une petite commune dans les Pyrénées-Orientales. «Avec lui c’est le terrain qui parle, le bon sens paysan», vante Louvrier. «La mission propose, le pouvoir politique dispose»,temporise mercredi Jean Castex. Du coup jeudi, lorsqu’il s’agit de livrer les derniers détails de la sortie du confinement, prévue pour le 11 mai, ce n’est pas Castex qui apparaît à l’écran mais Edouard Philippe. Qui fait défiler six ministres au pupitre pour détailler sous bonne garde leur partie de la délicate opération.

Elysée-Matignon, un couple en tensions

La petite phrase a dû faire très plaisir à Edouard Philippe. Appuyé sur le bureau d’un instituteur dans une salle de classe de Poissy (Yvelines), mardi, Macron répond aux deux journalistes de TF1 et de France Télévisions qui lui font face. «Non, je n’ai pas ces grands mots.» Lui, président de la République, ne reprend pas à son compte le terme d’«écroulement» utilisé une semaine plus tôt par son Premier ministre pour qualifier le risque qu’encourt la France si le confinement devait se prolonger. La petite pique du chef de l’Etat en direct ne plaide pas dans le sens des entourages des deux hommes, qui martèlent qu’il y a un «alignement complet» entre la Rue du Faubourg-Saint-Honoré et la Rue de Varenne. Interrogé jeudi sur le sujet, Philippe, visiblement agacé, défend face caméra une «fluidité […] qui a peu de précédents» entre lui et Macron, s’agaçant contre les «journalistes politiques» et jurant que les Français se «contrefichent» de leurs articles.

Pourtant, rarement depuis 2017 les journalistes n’auront autant eu vent des désaccords entre les deux hommes. Avant même l’annonce du confinement par Macron le 16 mars, leur mésentente au sujet des municipales atteint les oreilles des conseillers et responsables de la majorité. «Macron doute, mais ne pas reporter cette élection c’était une demande expresse du Premier ministre et de tous les vieux crocodiles de droite qui viennent aujourd’hui nous faire la leçon», s’agace l’entourage d’un ministre de poids. Cet épisode fondateur annonce un confinement compliqué pour les deux hommes. Au départ, pourtant, les places de chacun sont respectées : à Macron les déclarations solennelles - empruntant un étrange registre guerrier - et au Premier ministre les explications pratiques et la mise en œuvre de la politique du gouvernement. «Ses interventions mettent en lumière un défaut du ministère de la Santé : [le directeur général de la santé, Jérôme] Salomon s’est un peu paumé en route en lisant le même communiqué macabre tous les soirs sans faire de pédagogie,analyse un ministre. Philippe a donc assumé le rôle de super-ministre de la Santé.»

La tonalité choisie - assumer de dire qu’«on ne sait pas tout» - devient même celle du Président. Le 13 avril, Emmanuel Macron abandonne la rhétorique martiale, qui a atteint son apogée lors de son discours de Mulhouse devant les tentes kakis de l’hôpital de campagne installé par l’armée sur le parking du CHU. Un registre jamais endossé par un Premier ministre qui joue plus rationnel et moins passionnel. «L’allocution présidentielle du 13 avril est très bonne, juge Philippe Moreau Chevrolet. Macron sort alors de sa posture de chef de guerre et va sur le quotidien, mais il donne aussi l’impression de ne pas savoir quel rôle jouer : d’abord il fait du Clemenceau puis refait du Macron 2017 qui bouscule la technostructure et impose un rythme. Mais ça ne marche pas car l’administration s’est cabrée et le chef de l’Etat n’a pas de maîtrise sur son Premier ministre.»Stéphane Rozès analyse : «On a l’impression que le Président fait de la com, dit ce qui est souhaitable, et que le Premier ministre, lui, dit le réel, le possible. La répartition des rôles n’est pas bonne car il n’y a pas de "en même temps" en crise sanitaire : le Président doit trancher entre le souhaitable et le possible.»

 

Résultat, les deux plus hauts rouages du pouvoir se grippent vite. Le 13 avril, Emmanuel Macron annonce le déconfinement pour le 11 mai, suscitant une attente exponentielle chez des Français enfermés depuis des semaines. Sauf qu’Edouard Philippe ne centre pas du tout sa deuxième conférence de presse sur le sujet six jours plus tard. «C’est humiliant pour le Président, souligne Philippe Moreau Chevrolet.Si le chef de l’Etat parle et que l’agenda c’est le déconfinement, alors la conférence doit porter sur le déconfinement. Ou alors on se tait. Quand on a parlé à 36,5 millions de personnes de tarte à la fraise, que tout le débat de la semaine porte sur comment on fait la tarte à la fraise et que le dimanche vous arrivez en disant qu’on va plutôt faire des crêpes, c’est qu’on se fout de votre gueule.»

En réalité, la question du déconfinement est bien plus compliquée à vivre pour les deux têtes de l’exécutif que celle du confinement. Macron a choisi cette date du 11 mai et «il a eu raison de prendre le risque», fait valoir Franck Louvrier : «Il décide de la date, maintenant il doit décider de la com.» Il voit son Premier ministre appuyer sur le frein et intervient pour confirmer la «nouvelle étape» enclenchée. On est plus dans le «si», mais le «comment». Nuance de taille.

Plutôt que de laisser Philippe en première ligne - et le laisser prendre les risques en mode paratonnerre -, Macron a finalement été omniprésent dans cette dernière semaine de confinement. Son Premier ministre parle au Sénat pour redonner les grandes lignes de son plan de sortie ? Le chef de l’Etat intervient quelques minutes plus tard pour livrer, depuis l’Elysée, sa propre vision des choses et efface totalement son Premier ministre des médias du jour.

 

Rebelote le lendemain à Poissy, avec sa sortie sur les «grands mots» de son Premier ministre. «Macron est en train de se transformer en Hollande avec des petits calculs politiciens pour nuire à son Premier ministre, regrette Moreau Chevrolet. Sa com est aussi peu maîtrisée qu’avant 1974.» Pour lui, cette séquence école à Poissy est même «un désastre»«Il met du temps à mettre un masque et ne comprend pas les gestes barrières. C’est anxiogène de voir le Président se mettre en danger.» Un peu comme sa visite pas du tout incognito à Pantin fin mars, qui avait provoqué un attroupement de curieux en dépit de toutes les recommandations de distanciation physique.

Quant à sa vidéo du 1er Mai, où le chef de l’Etat évoque, bronzé et en costume trois-pièces, les cortèges «chamailleurs» des syndicats alors que les manifestations de 2018 et 2019 ont été émaillées de violences avec la police, c’est carrément «de l’amateurisme» pour le communicant. «Le Premier ministre a trouvé son registre : il a les mains dans le cambouis, se pose en exécutant avec une forme d’humilité. Mais le Président donne le sentiment de ne pas trouver sa place dans le dispositif», constate Chloé Morin, de la Fondation Jean-Jaurès. Ou de vouloir occuper le centre de l’image coûte que coûte. Manches de chemise retroussées, cheveux ébouriffés, débit de mitraillette, Emmanuel Macron a appelé mercredi des acteurs du monde de la culture à «enfourcher le tigre»,comprendre se bouger, face à un Etat qui ne pourra pas tout. Le tout est filmé sans filtre, passe en direct sur les chaînes info. Vingt-quatre heures plus tard, Edouard Philippe apparaîtra dans une sobriété extrême, de décor et de mots, pour présenter les détails de la «reprise».

 

A Matignon, on fait mine de ne pas prêter attention à ces différences. «C’est le problème des journalistes politiques, ironise-t-on dans l’entourage de Philippe. Vous aimez Schönberg, la musique atonale… Tout ce qui est un peu harmonieux vous emmerde.» La mélodie des sondages, elle, ne trompe pas : on compte les points dans l’opinion et le Président est de nouveau moins populaire que son Premier ministre. Avec 40 % d’opinions favorables, Macron enregistre une perte de 6 points en un mois dans le dernier baromètre Ifop pour Paris-Match quand Philippe, lui, gagne 3 points et se retrouve à 46 %. «Le problème, c’est qu’Emmanuel Macron s’est fait élire comme un Bonaparte, mais ce sont les orléanistes qui tiennent le sommet de l’Etat à Matignon et Bercy», conclut Rozès. Tant qu’ils ne pensent pas à la Restauration.

 Lilian Alemagna et Nicolas Massol — 8 mai 2020

 

Retour sur le discours de Macron du 13 avril


Commentaire de Jean-Marc Jancovici :


"Il nous faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience qui seules peuvent permettre de faire face aux crises à venir", a déclaré hier soir notre premier magistrat dans son allocution télévisée, où l'on sentait bien l'envie de rappeler De Gaulle, avec l'évocation du nom du programme du Conseil National de la Résistance (les Jours Heureux).

Il n'est pas totalement certain que notre ami ait bien compris les contreparties majeures qui vont implicitement avec cette promesse (entre autres la divergence frontale que cela crée avec le fonctionnement actuel de l'Europe, du commerce mondial, de la finance, et d'autres champs où les acteurs n'ont que les mots "marché" et "suppression des contraintes" en tête), mais à tout le moins le fait d'en avoir parlé permettra à tous ceux qui sont convaincus que le court termisme a vécu de donner de l'écho à leurs propositions concrètes en ce sens.

The Shift Project se félicite donc de cette déclaration, et fera tout (même si c'est peu !) pour qu'elle ne reste pas des mots en l'air."


(publié par Joëlle Leconte)

Au procès du couple, l’aplomb inoxydable d’Isabelle Balkany

Le couple comparaît en appel après avoir été jugé coupable de fraude fiscale en septembre. Patrick Balkany a été condamné à quatre ans de prison avec incarcération immédiate, sa femme à trois ans ferme.

 

 

 

 

 
 

« J’ai 72 ans et je n’ai jamais rempli de déclaration d’impôt, [et] Patrick non plus. » Seule à la barre, lundi 16 décembre, Isabelle Balkany a réduit la fraude fiscale reprochée au couple à une erreur « en toute bonne foi », devant la cour d’appel de Paris.

Les débats, ouverts mercredi dernier, ont repris en l’absence de Patrick Balkany, hospitalisé depuis quatre jours. Debout devant le box vide, la première adjointe au maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) ferraille avec les magistrats, alternant sourires, indignations et « petites plaisanteries ».

Avec un aplomb désarmant, elle prend la parole quand bon lui semble, demande une précision à l’un de ses avocats, rectifie une question « colimaçonnesque » de l’accusation, boit une gorgée d’eau, balaie les interrogations précises de la cour en plaidant une « ignorance totale » des choses fiscales, puis interrompt l’audience pour « rappeler l’hôpital ».

Comme son mari, qui avait affronté seul le premier procès alors qu’elle se remettait d’une absorption massive de médicaments, Isabelle Balkany sidère par son culot et son énergie.

 

« Personne ne nous a dit de refaire des déclarations communes »

Dans ce dossier de fraude fiscale, elle a été condamnée en septembre à trois ans ferme, son époux à quatre ans avec incarcération immédiate et tous deux à dix ans d’inéligibilité, une sanction pour une « délinquance fortement rémunératrice ».

Ils sont poursuivis pour n’avoir pas payé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) entre 2010 et 2015, malgré des actifs estimés à 16 millions d’euros annuels, mais également d’avoir déclaré des revenus amplement sous-évalués entre 2009 et 2014.

La présidente, Sophie Clément, demande pourquoi les Balkany, mariés depuis 1976, ne remplissaient pas de déclaration commune de revenus – les sommes éludées sont estimées à 4 millions d’euros ; un montant vigoureusement contesté par la défense.

 

Sur le ton de la confidence, Isabelle Balkany revient sur l’épisode de sa « séparation avec Patrick » entre « 1995 et 1997 ». Il avait alors quitté le domicile conjugal du moulin de Cossy à Giverny (Eure) et ils faisaient des déclarations séparées.

« Nos déclarations ont été faites tous les ans par un expert-comptable et une ancienne receveuse des impôts à la retraite une de nos élues, 80 ans, que je croise encore sur les marchés », dit-elle. « Quand Patrick est revenu, personne ne nous a dit de refaire des déclarations communes. »

La présidente laisse poindre son étonnement, fait remarquer qu’une adresse à Levallois figure sur la déclaration de M. Balkany. « Mais il avait un appartement », rétorque la première adjointe. « Ce n’était pas sa résidence », relève la cour.

 

« L’ISF, ce merveilleux impôt » qui « a été supprimé »

Isabelle Balkany ne désarme pas : « C’est incontestablement une erreur, mais en toute bonne foi. » Elle se tourne vers ses avocats : « Les avantages n’étaient pas si importants, non ? »

Elle reconnaît elle-même l’inverse quelques minutes plus tard : « Si on avait fait des déclarations communes, on aurait déclaré l’ISF. » L’évaluation la plus basse du seul moulin normand – 3,2 millions d’euros selon le fisc et 1,3 million selon la défense – les aurait contraints à s’acquitter de cet impôt sur la fortune.

« L’ISF, ce merveilleux impôt qui est tellement formidable qu’il a été supprimé », ironise Isabelle Balkany. « Pas tout à fait », rectifiera la présidente.

Tout cela agace la prévenue. Les déclarations, « il y a des gens qui s’en occupent bien et d’autres pas, regardez M. Delevoye », lance-t-elle, en référence au haut-commissaire aux retraites démissionnaire, qui avait omis de déclarer dix mandats.

 

Concernant la villa Pamplemousse de Saint-Martin et le luxueux riad de Marrakech, la position des édiles n’a pas varié : Isabelle Balkany a reconnu posséder la villa antillaise – payée par de l’argent familial venu de Suisse, a-t-elle affirmé – mais elle a nié fermement être propriétaire du riad marocain.

Alors que les Balkany sont en contentieux avec le fisc, notamment sur l’évaluation des propriétés, Isabelle Balkany a remarqué que sa villa antillaise n’avait « pas vue sur la mer » à cause des palmiers des voisins, contrairement à celle de Donald Trump.

L’audience reprend mardi après-midi.

 

Le Monde avec AFP Publié le 17 décembre 2019

 

"Il est désolant que les politiques disent souvent le contraire de ce qu'ils pensent. (..)

Ce qui est dommage en politique, c'est qu'il faut plaire aux cons !"

(extrait d'un entretien de Laurent Ruquier par Nathalie Mauret, 13/01/2013, "Le Progres")

Alain Duhamel : « Il ne faudrait pas que la politique devienne une occupation d’amateurs »

Pour Alain Duhamel, journaliste, membre de l’Académie des sciences morales et politiques (1) et grand témoin de la vie politique française, nous vivons une période de rupture, marquée par l’effacement des professionnels de la politique.

 

La Croix : Comment interprétez-vous l’arrivée de nouveaux visages comme têtes de liste aux européennes ?

Alain Duhamel : La juvénilité du président et l’arrivée de la génération En Marche à l’Assemblée ont poussé les autres partis à un renouvellement de l’offre d’autant plus marquant que, dans la tradition française, les européennes sont souvent l’occasion de recycler des personnalités sur le déclin, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays. Le fait de mettre en avant des jeunes comme Jordan Bardella (RN) ou Manon Aubry (LFI) manifeste aussi l’intention de toucher la jeunesse, qui d’ordinaire se mobilise très peu pour cette élection.

 

 

Vit-on un moment de rupture ?

A. D. : La vie politique est jalonnée de renouvellements tous les vingt ou trente ans. Il y a eu la génération politique née de la rupture de 1958, celle issue de 1981. Sans aucun doute assiste-t-on avec la génération 2017 à un tel moment de renouvellement, bénéfique.

Que dit la présence de nombreuses figures hors partis ?

A. D. : La politique a longtemps attiré les plus ambitieux et les plus talentueux, passés par les grandes écoles. Mais aujourd’hui, les élites se détournent de la politique, perçue comme un repoussoir.

Le pouvoir réel des responsables publics s’est réduit au profit de celui des décideurs économiques, des acteurs internationaux. Dans le même temps, quoi qu’en pense l’opinion publique, la classe politique a vu son niveau de vie baisser, avec la fin de certains avantages et du cumul des mandats. S’ajoute à cela l’extrême brutalité des alternances qui rend caduque la perspective d’une carrière assurée. Les partis ont donc du mal à attirer des talents.

Que vous inspire cette remise en cause de la « profession » politique ?

A. D. : Je regarde cette évolution avec intérêt et circonspection. Peut-être va-t-on vers un système à l’anglo-saxonne dans lequel des personnalités venues du privé consacrent une partie de leur vie à la chose publique ? Mais il ne faudrait pas que la politique devienne une occupation d’amateurs. Je suis pour le renouvellement générationnel, pas pour l’appauvrissement du personnel politique. Il s’agit de trouver le bon équilibre.

L’arrivée de philosophes vous surprend-elle ?

A. D. : Ce n’est pas du tout un hasard si ce sont les deux grands partis d’alternance au pouvoir qui ont choisi pour tête de liste de jeunes philosophes. Les formations de gouvernement n’ont plus de projet de société. Les grands partis ont besoin de retrouver des idées, des hommes porteurs de valeurs pour formuler de nouveaux projets ambitieux.

Bellamy et Glucksmann réussiront-ils à rester des philosophes en politique ou deviendront-ils des politiciens ex-philosophes ? Pour l’instant, je suis dubitatif. Les propos de François-Xavier Bellamy en tant que tête de liste font systématiquement écho à ceux de Laurent Wauquiez. Et quand il se range parmi ceux qui refusent de sanctionner Viktor Orban, je me demande si le « porteur de valeurs » pourra résister à la politique politicienne.

Concernant Gluksmann, j’entends une petite polémique monter. Certains se demandent si c’est un socialiste sincère ou un libéral reconverti…

Au regard de l’histoire, reconnaissons que les philosophes n’ont jamais fait de grands politiques. C’est vrai de Barrès à droite comme de Lamartine à gauche. Lequel a été l’homme politique le plus populaire de France… durant trois mois !

 
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"L’État est là": Macron s'efforce de rassurer Saint-Martin, un an après Irma
Sommes-nous au coeur du centre de la contradiction (pour ne pas dire de la schizophrénie) où nous enferme actuellement notre modèle de croissance ? Emmanuel Macron souhaite relancer le tourisme à Saint-Martin pour aider les habitants de l'île à surmonter le passage dévastateur de l'ouragan Irma. Mais le tourisme contribue fortement au réchauffement climatique.

Jean-Marc Jancovici : "Il est hélas très répandu qu'une "solution" à un problème causé par le changement climatique, ou destiné à le limiter... aggrave le problème. Cela concerne aussi le dessalement de l'eau de mer avec du gaz, la climatisation - logements et véhicules - pour lutter contre la hausse des températures, la déforestation induite pour produire des "biocarburants", l'électricité au charbon pour remplacer le pétrole des voitures... Comme

disait l'autre, nous ne sommes pas sortis de l'auberge !"

"Colérique", "égoïste", "immature" : la face cachée de Nicolas Hulot
 

 

 

Démissionnaire surprise ce 28 août du ministère de l'Écologie, Nicolas Hulot semblait agacer ses collègues, explique Le Parisien. Des sautes d'humeur qui minaient même toutes ses équipes.

De bonne humeur, de mauvaise humeur...

 

 

les collaborateurs de Nicolas Hulot ne savaient pas sur quel pied danser. Le Parisien révèle en effet que l'année passée au ministère de la Transition écologique a été pénible à plus d'un titre pour beaucoup, du fait des sautes d'humeur du ministre. Pour un membre du gouvernement, Nicolas Hulot « n'a jamais pris de plaisir là où il était ». Un autre élu LRM que cite Le Parisien, dézingue l'ancien animateur, qu'il décrit comme systématiquement ronchon.

"Il était torturé, c'est un insatisfait. Il a obtenu Notre-Dame-des-Landes, l'interdiction du glyphosate sous trois ans, la réduction du nucléaire... Qu'est-ce qu'il lui faut de plus ? Hulot, il a un problème personnel, pas de fond", dit-il.


Mais c'est bien avec ses équipes que l'ex-ministre aurait été le plus dur. S'il répétait "tous les quinze jours qu'il allait démissionner" (plus personne ne s'inquiétait donc), d'autres le décrivent comme "colérique", "égoïste" ou "caractériel".

Des accès de colère

Des témoignages conséquents, à l'image de cet épisode le soir de l'annonce d'Édouard Philippe du démantèlement de Notre-Dame-des-Landes. Un collaborateur explique la furie du ministre quand il apprend que l'une de ses secrétaires d'État, en l'occurrence, Brune Poirson, doit faire une matinale avant lui le lendemain. "C'était humiliant pour elle. Il était incontrôlable", raconte-t-il.

Pour d'autres qui l'ont croisé, le constat est le même. Roselyne Bachelot, à la tête de l'écologie sous Jacques Chirac, décrit un homme "fragile et immature". "Il laissait éclater sa colère avec un ton très agressif", précise-t-elle.

Enfin, dernier aspect de ce portrait peu élogieux, son travail. Pour un conseiller ministériel, il ne mettait "pas assez les mains dans le cambouis", s'octroyant même son vendredi après-midi. Enfin, Nicolas Hulot n'appréciait pas les déplacements et se plaignait des tonnes de dossiers qu'il avait à gérer. De quoi cristalliser les tensions dans ses équipes, et même jusque dans le gouvernement ?

 

6Medias, publié le mardi 28 août 2018

Machine arrière toute sur le dossier du casier vierge pour être élu !

C'était l'une des promesses de campagne électorale d'Emmanuel Macron visant à assainir l'image du politique. Mais l'exécutif a fait marche arrière par crainte de voir la mesure déclarée anticonstitutionnelle.

D'un côté on nous vend toujours plus d'assainissement des pratiques politiques et de l'autre la réalité des faits. L'Assemblée Nationale entre les mains d'une majorité d'élus de la République En Marche a finalement fait machine arrière toute, évoquant une crainte d'anti-constitutionnalité. Bref... l'une des mesures phares qui aurait pu permettre de tirer un trait définitif sur des cas de plus en plus courants sera donc remisée.

Quand Laurent Wauquiez ne cirait pas ses chaussures pour faire plus rural

 

 

>> A lire aussi : Non, il assure ne pas s’être teint les cheveux en gris pour paraître plus crédible

« Le gars de la Haute-Loire »

Et cette image rurale, à laquelle il tient tant, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes la cultive dans les moindres détails. Selon L’Express, citant un proche de Laurent Wauquiez, ce dernier « faisait exprès d’arriver à Paris sans avoir ciré ses chaussures, histoire de montrer qu’il avait les pieds dans la glaise, lui, le gars de la Haute-Loire ».

Toujours pour peaufiner son image, Laurent Wauquiez s’était même adjoint les services d’un coach vocal pour retrouver son accent de Haute-Loire, avait révélé Le Monde en septembre.

«On se rapproche très nettement de la situation américaine»
 

Pour Emmanuel Dockès, spécialiste du droit du travail, la réforme détruit les protections des salariés français sans adopter celles du modèle allemand.

Professeur de droit du travail à l’université Paris-Nanterre, Emmanuel Dockès estime que la réforme engagée par le gouvernement éloigne le modèle social français du modèle allemand.

Avec ces modifications dans notre code du travail, se rapproche-t-on du «modèle allemand» ?

Non. Le modèle allemand contient au contraire de fortes protections contre les licenciements qui se font, notamment, en concertation avec les représentants du personnel qui ont souvent un rôle de codécision ou de codétermination dans les entreprises. Le modèle allemand est un modèle de concertation très fort. La réforme du code du travail en France affaiblit considérablement le rôle des représentants du personnel et le contrôle des licenciements. C’est très rude. Et ça nous éloigne encore du droit allemand.

En Allemagne, peut-on se passer de représentants syndicaux dans les entreprises de moins de 50 salariés ?

En Allemagne, il n’y a pas de négociation collective possible sans syndicat. La loi date de 1949 et a été très peu modifiée depuis. Alors qu’en France, on ne cesse d’ouvrir des possibilités de négociation dérogatoire.

C’est un modèle bien plus libéral qui se dessine ?

Oui. Notamment en matière de droit du licenciement, nous étions déjà bien moins protecteurs que nos voisins allemands. Et l’écart s’accroît.

Vous diriez que nous allons vers une situation à l’anglaise ou à l’américaine ?

On se rapproche très nettement de la situation américaine où il est très facile, sans guère de justification, de licencier. C’est l’image de la personne, dans les séries télé, à qui on dit, sans motif, «prenez la porte», la personne remplit son carton et s’en va… Le licenciement à l’américaine va devenir possible en France.

Nos dirigeants ne cessent cependant de faire référence au «modèle allemand»…

Pourtant, les comités d’entreprise de nos voisins sont bien plus développés que les nôtres. La différence avec la France est peut-être dans l’importance de la loi, qui est inférieure là-bas. Corrélativement, il y a une plus grande inégalité de situation selon les différentes entreprises. Jusqu’ici, le modèle français se caractérisait par l’existence d’un socle de protection égal pour tous, plus développé que ce qu’on peut connaître en Allemagne. Mais cette réforme du code du travail réduit ce socle et donc l’égalité entre salariés.

Pourquoi ce socle est-il différent entre nos deux pays ?

Parce qu’en Allemagne, beaucoup plus de décisions se prennent au niveau de la branche et de l’entreprise, et moins au niveau de la loi. Les Allemands sont sur un modèle d’entreprise mais, et c’est une grande différence avec la France, avec des partenaires sociaux très forts, notamment du fait de l’histoire syndicale du pays. En France, on décide de ramener le niveau de négociation et des décisions au niveau des branches et de l’entreprise mais, dans le même temps, on affaiblit les représentants du personnel. C’est une grande différence ! Tout ce qui est proposé pour aider les syndicats, ce sont des mesurettes. En sens inverse, les ordonnances restreignent la possibilité de recourir aux experts pour les comités d’entreprise, on réduit les informations dont ils peuvent bénéficier… Au final, on détruit les protections du modèle français sans adopter les protections du modèle allemand.

Lilian Alemagna
Les rémunérations très embarrassantes de Nicolas Hulot

"Le Canard enchaîné" s'est penché dans son édition de ce mercredi sur les différentes sociétés du nouveau ministre de la Transition écologique.

 
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