Napoléon...
Les voix commencent à se lever pour contester la célébration du bicentenaire de la mort de l’Empereur. Et si on retrouvait notre calme ?...Napoléon stimule les fantasmes des partisans du moindre effort. À son propos, l'offuscation tient lieu de raisonnement sans que même soit nécessaire de justifier la nature d'un tel mouvement de l'esprit...
Dans le huis clos de Sainte-Hélène, Napoléon a pu compter sur Mme de Montholon pour consoler sa solitude… Avec une belle compensation financière à la clé.
Quand Napoléon débarque à Sainte-Hélène en 1815, l'humeur est maussade : l'îlot est battu par les vents, l'humidité permanente, la nourriture médiocre et les loisirs inexistants… Sans compter une surveillance des Anglais tatillonne, qui plombe encore plus le confinement des Français, comme le détaille l'historien Pierre Branda dans son dernier ouvrage truffé d'anecdotes, Napoléon à Sainte-Hélène (Perrin). D'autant qu'une grande majorité de la suite de l'Empereur déchu est jeune : sur la quinzaine d'officiers et domestiques qui gravitent autour de sa personne, une dizaine n'a pas trente ans. Inutile de préciser qu'ils tombent vite dans un ennui profond et ne tardent pas à courtiser les rares jeunes filles qui habitent Longwood House, tout en fréquentant des femmes de petite vertu que l'on fait monter depuis Jamestown, la capitale de l'île confetti.
Napoléon, 46 ans, s'en offusque : il n'ignore rien du trafic de son entourage, certains officiers accueillant des prostituées dans leur chambre aux minces cloisons, à quelques mètres de celle de l'Empereur… Si celui-ci ne tomba pas dans ce commerce – très attaché à son rang – il est quasiment certain qu'il entretint plusieurs mois une relation avec Albine de Montholon, 37 ans, qui fit le voyage au côté de son époux le comte de Montholon, l'ancien chambellan du souverain…
Cette romance ne passe évidemment pas inaperçue, d'autant que l'Empereur se permet quelques familiarités, comme pincer le postérieur de Madame en public… Le domestique Ali surprit un jour la comtesse sortir de la chambre de Napoléon en se rajustant. Quant au général Gourgaud, ennemi des Montholon, il se mit à épier leur manège, allant même jusqu'à prévenir le mari cocu, qui feint l'étonnement. En janvier 1817, Gourgaud écrit dans son journal : « L'Empereur nous fait demander. Il joue au billard avec la Montholon. Cette dernière fait tout ce qu'elle peut pour faire la passionnée avec Sa Majesté : yeux doux, pieds en avant, robe pincée sur la taille… Enfin, elle cherche à faire la belle et ce n'est pas facile. »
Exaspéré par le favoritisme des Montholon, Gourgaud joue les langues de vipère et tente d'arracher son maître au bras de celle qu'il finit par surnommer « la putain » – il enrage de la voir toucher une pension de 12 000 francs de la part de l'Empereur, autant que son mari. « Elle se gratte trop la gorge et crache dans son assiette, ce n'est pas une femme bien élevée », persifle-t-il aux oreilles de Napoléon. Lequel lui répond aussi sec : « J'ai été habitué à vivre avec des femmes trop gracieuses pour ne pas voir les ridicules et mauvaises manières de Mme de Montholon ! Mais, enfin, ici, il faudrait faire sa société d'une perruche si on n'avait pas autre chose… » Ce qui laisse deviner dans quels ennui et lassitude se trouvait le captif de Longwood.
Tel un courtisan déchu, Gourgaud s'enferme dans son aigreur, devient insupportable et va même jusqu'à provoquer plusieurs fois le comte en duel, ce qui irrite fortement l'Empereur. « Lassé de ces querelles, Napoléon finit par demander à Gourgaud de partir de l'île, explique l'historien Pierre Branda. Et ce dernier, amèrement déçu par son maître, va passer à table en racontant à l'ennemi que Napoléon entretient une correspondance secrète à l'extérieur, qu'il pourrait s'évader facilement et qu'il se porte comme un charme, laissant entendre qu'il joue la comédie à merveille. Quand ces informations parviennent aux Anglais, ces derniers vont renvoyer le médecin et ami de l'Empereur, O'Meara, avec de graves conséquences sur la santé de Napoléon. Ils stoppent également son déménagement prévu à Rosemary Hall, dans la partie occidentale de l'île, bien plus riante et ensoleillée que celle où est situé Longwood. De ce point de vue, la trahison de Gourgaud a des conséquences désastreuses sur les conditions d'exil de l'Empereur. »
Au bout de quatre longues années confiné à Sainte-Hélène, le couple Montholon envisage son retour. Napoléon se résigne à laisser partir Albine, mais refuse de se séparer de son ancien chambellan. Les tractations financières commencent : pour bons services rendus à l'Empereur, Albine repart avec une véritable fortune, à savoir 140 000 francs, plus une pension annuelle de 20 000 francs, à quoi s'ajoute un titre de rente rapportant près de 40 000 francs l'an – à cette époque, le revenu moyen avoisine les 1 000 francs par an. Mais l'absence de la comtesse pèse rapidement sur le moral de l'Empereur, preuve que cette liaison était sans doute bien plus sincère pour lui que pour elle. Une chape de plomb tombe soudain sur Longwood House, l'Empereur tourne en rond, dépérit, abandonne même quelques mois l'écriture de ses Mémoires… « Votre femme semait des fleurs sur ma tombe, depuis il n'y croît plus que des ronces », confie-t-il au comte. À la mort du conquérant, en 1821, Montholon se verra également gratifié de plus de 2 millions, la plus belle part de l'héritage, bien plus que Bertrand ou Marchand, les autres compagnons de captivité. Jamais cocufiage ne fut plus rentable…
Marc Fourny
Quand, exilé à Sainte-Hélène, Napoléon se remémorait la bataille d’Austerlitz À l’occasion de la foire Brafa Art Fair, la galerie française Arts & Autographes présente un manuscrit dicté et corrigé par Napoléon. Il revient sur les hostilités de 1805...
Un manuscrit unique dicté et annoté par Napoléon durant son exil sur l’île de Saint-Hélène et relatant dans les moindres détails - et toujours à son avantage - les préparatifs et le déroulement de la bataille d’Austerlitz en 1805 sera mis en vente fin janvier à Paris.
Vaccination : Napoléon déclare la guerre à la variole...qu’aurait fait Napoléon ? On ne le saura évidemment jamais. On dispose cependant d’un exemple concret : son attitude face à un fléau incroyable de son temps : la petite vérole, autrement dit la variole....
En juillet 2020, des archéologues français se sont rendus sur l’île de Cabrera, dans l’archipel espagnol des Baléares dans le cadre d’un projet lié à l’un des épisodes les plus dramatiques et largement ignoré de l’épopée napoléonienne : la captivité de Cabrera. Une île-prison où des milliers de soldats furent abandonnés et moururent dans le plus grand dénuement.
Véritable joyau protégé pour sa faune et sa flore, l’îlot de Cabrera, dans l’archipel des Baléares, est aujourd’hui un parc national terrestre et maritime. Avec ses falaises abruptes baignées d’eau translucide, et quelques voiliers immobiles au mouillage, ce rocher ensoleillé situé au sud de l’île de Majorque, ne laisse rien soupçonner du drame dont cet endroit fut le théâtre entre 1809 et 1814…
Les prisonniers périrent par milliers à Cabrera
"Sur ce caillou, plus de 11.000 soldats impériaux, en grande partie des prisonniers de la défaite de Bailén, en Espagne (juillet 1808)*, ont été déportés en plusieurs convois, entre mai 1809 et mai 1814. Des prisonniers moribonds –soldats napoléoniens Français, Belges, Suisses, Polonais ou Italiens- acheminés depuis les effroyables 'pontons' de Cadix, (bateaux-épaves qui servaient de prisons), où ils mourraient déjà en grand nombre. Déposés à Cabrera, abandonnés de tous, ils périrent par milliers", déclare Frédéric Lemaire, archéologue de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), à la tête du projet scientifique.
"Si l’archéologie contribue à faire passer les batailles du champ de la mythologie à celui de l’histoire, elle en révèle aussi souvent des épisodes moins connus", poursuit le spécialiste. Ainsi en est-il des sites de captivité qui ont succédé aux combats, un nouveau thème d’investigation de l’archéologie. "Cabrera est en effet idéale pour développer un projet de recherches archéologiques et anthropologiques sur les soldats napoléoniens en captivité", explique Frédéric Lemaire, évoquant la désertique île-prison (l’Île de la Chèvre)
Fallait-il se battre pour les "vaincus" de Bailén ? se demandait-on à l’époque
Préservé du tourisme, son sol a en effet permis une fossilisation des vestiges et la conservation de toutes les traces de l’ancien camp de détention sur les 15 km2 qu’offrent la superficie de l'île. Une véritable aubaine pour tous les spécialistes. Des restes d’habitats aux espaces funéraires, tout y est encore en place. "Cette étude permettra de mieux documenter la réalité historique des conditions de vie effroyables que ces hommes eurent à affronter". Des détenus qui malgré l’oubli des autorités espagnoles autant que des françaises – (fallait-il se battre pour les "vaincus" de Bailén ? se demandait-on à l’époque) -, s’étaient organisés, pour survivre, jusqu’à former une petite colonie primitive. Une quinzaine de récits de survivants et les archives du gouverneur de Palma en témoignent.
"En effet, sans être totalement coupés du monde, les captifs de Cabrera ont rapidement compris qu’ils allaient rester là longtemps. Et pour faire face au désespoir, au fils des ans, certains ont tenté d’établir une forme de société", précise Frédéric Lemaire. Alors que deux cents d’entre eux étaient partis se réfugier dans des grottes et abri-sous-roche dans la montagne, -où ils ont pour la plupart rencontré la folie et la mort-, d’autres, avec le peu d’outils avec lesquels ils avaient été débarqués sur l’île, ont commencé à bâtir quelques habitations en pierre. En 2003, des archéologues espagnols s’étaient du reste intéressés à une petite agglomération érigée à proximité "du port". Un lieu que les prisonniers avaient ironiquement baptisé le "Palais Royal", -et que les survivants incendièrent en 1814, le jour de leur évacuation par la marine royale française. L’îlot qui compte plusieurs centaines de ces abris, possédait aussi paradoxalement que cela puisse paraître, un « marché » et un « théâtre » bâtis par les captifs. Des sites que Frédéric Lemaire et son équipe compte bien retrouver, au même titre que l’unique source d’eau douce de l’île. Un maigre filet qui suintait d’un rocher, autorisant une ration d’une demi tasse à boire par jour et par personne
Pour survivre, certains avaient également développé un petit artisanat d’abord sur bois… puis, une fois les rares végétaux présents sur l’île épuisés en raison de leur surexploitation,.. sur os humain ! Ceux prélevés sur les dépouilles de leurs camarades décédés, dont les squelettes resurgissaient régulièrement du sol du fait des mauvaises conditions d’inhumations dans la roche. Ces petites sculptures favorisaient une forme de troc avec les quelques pêcheurs majorquins qui passaient au large de l’île, en échange, d’aliments et de semences. "Une ville de fortune, s’est ainsi érigée pour partie avec des matériaux issus des occupations antiques de l’île, et une forme de société se recomposa en l’absence des officiers évacués vers l’Angleterre dès juillet 1810", ajoute l’archéologue.
Après la capitulation de Bailén, les officiers –comme c’était le cas dans toutes les armées de l’époque- jouirent en effet de privilèges inaccessibles aux hommes du rang (ceux de pouvoir conserver leurs biens personnels, un logement, des repas, etc.). Ils échappèrent de surcroit à la détention insulaire de Cabrera par un rapatriement en France ou une captivité en semi-liberté en Angleterre.
Ce qui ne fut pas le cas des 3500 survivants affamés, squelettiques, n’ayant plus sur le dos que des haillons pleins de vermines qui débarquèrent à Marseille en 1814, après avoir été récupérés en deux convois par les officiers et marins qui procédèrent à leur rapatriement.
"Des spectres sortis des abîmes de la terre", dira-t-on à l’époque, lesquels durent par ailleurs boire leur coupe jusqu’à la lie… A leur retour en France, ces hommes à qui rien n’avait été épargné devaient en effet découvrir, flottant au vent, le drapeau honni des Bourbons, en même temps qu’ils apprenaient les revers subis par l’invincible Grande Armée ; son anéantissement dans les plaines gelées de Russie en plus de la détention par les Anglais de cet empereur à qui ils avaient tout donné. Avec cette ultime étude qu’il s’apprête à lancer pendant trois saisons (2020 -2023), Frédéric Lemaire achèvera un triptyque entamé sur les camps, les champs de bataille et la captivité… après l’étude de trois grands sites de l’épopée napoléonienne - le camp de Boulogne (Boulogne-sur-Mer); le site de la bataille de la Berezina (1812), et désormais Cabrera.
"Un volet des recherches concernera en outre une étude d’impact environnemental. Car ces milliers d’hommes affamés sur cet îlot ont pour se nourrir, épuisé toutes ses ressources, que ce soit les poissons, les rats, les lapins, les lézards, les oiseaux et tout ce qui s’y trouvait pouvant être consommé ! La faim était tellement omniprésente que des cas d’anthropophagie sont attestés", raconte l’archéologue. Cabrera, véritable radeau de la Méduse terrestre, ne manque pas de rappeler par certains de ses aspects un autre drame, celui des survivants de l’île de Tromelin, dans l’océan Indien, où des esclaves malgaches furent abandonnés pendant quinze années, en 1761, sur un minuscule écueil cerné de vagues, à la suite d’un naufrage.
S’il n’avait cherché à récupérer les soldats de Cabrera, - l’espace maritime est à l’époque aux mains des Anglais -, un étrange retournement de l’histoire, fit que Napoléon, après avoir perdu son armée, puis son empire, devait aussi connaître une détention dans une île prison… à Sainte-Hélène.
Entre 3500 et 5000 hommes sont morts à Cabrera. Frédéric Lemaire est déterminé à en retrouver la trace.
* Première capitulation militaire depuis le début des guerres napoléoniennes que jamais Napoléon ne pardonna. « Après Bailén, Napoléon promulgua une loi qui condamnait à mort tout officier qui capitulait en rase campagne... Lorsque les survivants de Cabrera furent rapatriés en France en mai 1814, le ministre de la Guerre du gouvernement de la Première Restauration ne leur accorda aucune attention ». Malheur aux vaincus !
Fatale guerre d’Espagne
«Si la campagne de Russie fut un effroyable désastre qui engloutit la Grande Armée, Napoléon reconnut, exilé à Sainte-Hélène, que les « affaires » d’Espagne avaient été fatales au destin de son Empire. Voulant mettre en coupes réglées la péninsule, pour y faire appliquer le décret de Berlin (le blocus) ou par ambition dynastique, il dresse contre lui une nation entière qui, sans le vaincre, va lentement dévorer ses forces. En Espagne, la France fut saignée à mort. La guerre d’Espagne fut une « sale » guerre, une guerre sans gloire. Napoléon y perdit le prestige consacré à Tilsit en juillet 1807 », écrit Frédéric Lemaire.
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8 août 1815 : Napoléon part pour Sainte-Hélène
https://www.contrepoints.org/2020/08/08/214747-8-aout-1815-napoleon-part-pour-sainte-helene
8 août 1815 : Napoléon part pour Sainte-Hélène Pourquoi Napoléon a-t-il décidé de se rendre aux Anglais ? Que s’est-il donc passé entre le 15 juillet et le 8 août 1815 ?..Le 18 juin 1815, et pour la seconde fois, Napoléon était vaincu sur un champ de bataille..
..Et le typhus sévit durant la campagne de Russie...Plus encore que les armes et le froid, c'est la maladie qui décima la Grande Armée en 1812, comme le raconte le médecin en chef J. R. L. de Kerckhove....
Petits témoins de la grande histoire : la bataille de Trafalgar
https://www.lepoint.fr/culture/petits-temoins-de-la-grande-histoire-la-bataille-de-trafalgar-21-10-2019-2342365_3.php
Wellington, le vainqueur de Napoléon (I)
https://www.contrepoints.org/2019/04/30/342848-wellington-le-vainqueur-de-napoleon-i
Wellington, le vainqueur de Napoléon (II)
https://www.contrepoints.org/2019/05/01/342940-wellington-le-vainqueur-de-napoleon-ii
Napoléon empoisonné ? Probablement pas...
https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/physique-napoleon-empoisonne-probablement-pas-14648/
« Quand je veux interrompre une affaire, je ferme son tiroir, et j’ouvre celui d’une autre ». Pour Napoléon, l’art du management prend des formes très pratiques… et très imagées !
De retour d’Égypte, et après le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), Bonaparte devient Premier Consul, dans une constitution écrite par lui et pour lui, lui donnant de nombreux pouvoirs. Dans sa biographie sur Bonaparte, Patrice Gueniffey consacre un chapitre à ses méthodes de travail et de « management ».
Napoléon écoute, réfléchit et agit seul
On comprend que Bonaparte n’aime pas le système des assemblées qui débattent et décident par vote (il est convaincu que c’est ce qui a miné la Révolution et empêché les bonnes décisions). Ce qu’il aime, c’est réunir les experts, écouter, réfléchir, et ensuite décider, plutôt seul, et surtout pas immédiatement, mais plus tard, après avoir intégré les avis. C’est un peu ce que l’on pratique aujourd’hui dans les sessions de brainstorming et d’intelligence collective…
C’est ainsi qu’avec Bonaparte il n’y a pas de conseil des ministres. Comme l’indique Patrice Gueniffey :
« D’abord parce que les ministres, conformément aux principes en vigueur depuis 1789, ne formaient pas un conseil qui eût possédé une existence collective ». « Bonaparte préférait travailler en tête à tête avec ses ministres, ou dans le cadre de conseils d’administration qui portaient sur un dossier ou un domaine spécifiques et réunissaient, aux côtés du Premier consul, le ministre compétent, ses principaux collaborateurs et, éventuellement, des techniciens, ingénieurs des ponts et chaussées ou spécialistes des constructions navales. Chaque ministre venait avec ses dossiers, les présentait, répondait à d’éventuelles questions, puis remettait ses papiers au secrétaire d’État. Jamais la décision du Premier consul ne lui était notifiée sur le champ : Bonaparte ne s’était pas mis dans la sujétion de signer en conseil. Il prenait sa décision plus tard, et hors de la présence du ministre concerné, qui l’apprenait par Maret (le secrétaire d’État) ».
Dans ce modèle, le travail avec les ministres et les différents conseils n’ont pour fonction que d’informer le Premier consul et lui permettre de prendre une bonne décision, sans qu’aucune des instances consultées y contribue formellement. Patrice Gueniffey cite Antoine Clair Thibaudeau, un des conseillers du Premier consul dans ses Mémoires :
« Sous le Consulat, qui fut un temps d’organisation et où toutes les grandes questions furent agitées sous la présidence du Premier consul, il laissa le plus libre cours à la discussion. Souvent même, lorsqu’elle paraissait languir, il la ranimait. Le Conseil était composé d’hommes d’opinions très diverses : chacun soutenait librement la sienne, La majorité n’était pas oppressive. Loin de se rendre à son avis, le Premier consul excitait la minorité. Il laissait se prolonger pendant des heures entières des discussions qu’il aurait pu terminer en un quart d’heure ».
Ainsi le Conseil d’État, qu’il a créé en 1799, n’est pas un conseil de gouvernement, qui posséderait son propre pouvoir d’initiative et de décision, mais un conseil du gouvernement, comme son auxiliaire.Les discussions au Conseil d’État, dont Bonaparte était le Président, étaient ainsi pour lui « une sorte de petite musique qui l’aidait à réfléchir ».
Mais alors, c’est quoi cette histoire de tiroirs ?
Cela fait référence à l’énorme quantité de travail que fournissait Bonaparte pour rester informé et se mêler de l’ensemble des dossiers, car il entrait dans les détails. Il disait que dans sa tête « les divers objets et les diverses affaires se trouvaient casés comme ils eussent pu l’être dans une armoire ». Il passait enfin d’un sujet à l’autre en ouvrant et refermant les « tiroirs », ainsi cela permettait d’aborder un sujet nouveau sans que celui qu’il venait de quitter exerçât la moindre influence sur celui auquel il se consacrait maintenant. Ainsi disait-il :
« Quand je veux interrompre une affaire, je ferme son tiroir, et j’ouvre celui d’une autre ».
Mais le plus subtil, c’est quand on veut faire une pause de tous ces tiroirs qui s’ouvrent et se ferment. On voit bien le danger que cela peut représenter.
Là encore, Bonaparte est de bon conseil :
« Veux-je dormir, je ferme tous les tiroirs, et me voilà au sommeil »
Peut-être que cela pourrait marcher encore pour nos dirigeants d’aujourd’hui…
Gilles Martin.
https://www.contrepoints.org/2016/08/25/263736-napoleon-manager
Napoléon n'a pas été vaincu par les canons ou l'hiver russes
Sans les poux, les Russes n’auraient pas pu battre l’empereur français lors de la campagne de Russie de 1812.