finances : vous reprendrez bien un peu de déconfiture ?

Publié le par ottolilienthal

La banque PacWest déclare envisager "toutes les options" après que ses actions ont chuté de plus de 50 %.

Un autre prêteur régional américain pris dans la pire crise bancaire depuis 2008 cherche de l'aide.

La PacWest Bank (PACW), basée en Californie, a confirmé jeudi qu'elle étudiait "toutes les options stratégiques" après que le cours de son action a été divisé par deux dans les échanges après les heures de bourse, à la suite d'un rapport de Bloomberg indiquant qu'elle envisageait une vente.

L'expression "explorer les options stratégiques" est le jargon de Wall Street qui signifie "aidez-nous". La dernière banque à avoir annoncé qu'elle étudiait des options stratégiques était la First Republic Bank (FRC). Cette banque régionale a fait faillite lundi et JPMorgan a racheté la plupart de ses actifs.

"Conformément aux pratiques habituelles, la société et son conseil d'administration examinent en permanence les options stratégiques", a déclaré PacWest dans un communiqué. "Récemment, la société a été approchée par plusieurs partenaires et investisseurs potentiels - les discussions sont en cours. La société continuera à évaluer toutes les options afin de maximiser la valeur pour les actionnaires".

Bloomberg, citant des sources anonymes, a rapporté mercredi que la banque cherchait à se vendre, mais que les soumissionnaires ne sortaient pas du bois. Selon Bloomberg, la PacWest Bank envisagerait de scinder l'entreprise ou, comme alternative, d'essayer de lever des capitaux pour s'autofinancer.

À l'instar de nombreuses autres banques régionales américaines, la valeur des prêts et des obligations détenus par PacWest s'est effondrée avec la hausse des taux d'intérêt. Les clients ont retiré leurs dépôts en mars, craignant que la banque ne fasse faillite et qu'ils ne se retrouvent dans la panade. Bien que la Federal Deposit Insurance Corporation assure les comptes jusqu'à 250 000 dollars, de nombreuses entreprises ont beaucoup plus d'argent sur leurs comptes, dont une grande partie n'est pas assurée.

La banque et ses concurrents étaient donc confrontés à un problème potentiel : si les clients continuaient à retirer de l'argent de leurs comptes, la banque risquait de manquer de liquidités pour les payer. Cela a rendu les investisseurs nerveux : Les actions de PacWest ont chuté de 72 % cette année.

PacWest semblait s'être stabilisée au cours des dernières semaines, depuis l'effondrement en mars de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank. La semaine dernière, PacWest a indiqué que les clients avaient cessé de retirer leur argent et que 73 % des dépôts de la banque étaient assurés. Jeudi, elle a déclaré que 75 % de ses dépôts étaient assurés au 2 mai.

"La banque n'a pas connu de flux de dépôts exceptionnels à la suite de la vente de la First Republic Bank et d'autres nouvelles", a déclaré la banque dans son communiqué. "En outre, la société a récemment remboursé 1 milliard de dollars d'emprunts grâce à ses liquidités excédentaires. Notre trésorerie et nos liquidités disponibles restent solides et ont dépassé nos dépôts non assurés, représentant 188%."

Lorsque First Republic a fait faillite en début de semaine, les investisseurs se sont inquiétés de la possibilité d'une autre faillite. Les actions de PacWest ont chuté de 28 % mardi et de 2 % mercredi.

D'autres banques régionales ont également chuté après la séance de mercredi, notamment Western Alliance (WAL), qui a perdu près de 30 %.

Updated 3:44 AM EDT, Thu May 4, 202

Harry Dent, économiste et auteur de plusieurs livres à succès, a déclaré la semaine dernière au David Lin Report qu'un krach financier majeur se produira probablement d'ici la mi-juin. M. Dent, qui a l'habitude de faire des prédictions controversées, pense que la bulle boursière actuelle va éclater et entraîner un effondrement financier.

Selon lui, cette bulle est le résultat de la politique monétaire laxiste de la Réserve fédérale américaine, qui a artificiellement gonflé le marché boursier. Il s'attend à ce que le S&P 500 s'effondre de 86 % "dans ce krach" et que le Nasdaq plonge de 92 %.

Le marché des cryptomonnaies va s'effondrer en même temps que les actions, a averti l'économiste, qui prévoit que le bitcoin chutera de 95 à 96 % par rapport à son plus haut niveau de novembre 2021.

"Le bitcoin passera de 69 000 dollars à environ 3 000 ou 4 000 dollars", a-t-il déclaré, ajoutant que "c'est exactement ce qu'ont fait Amazon et les sociétés point-coms".

M. Dent explique son pessimisme par ce qu'il considère comme des crises qui se chevauchent. La pandémie a ébranlé l'économie mondiale à bien des égards, entraînant des pertes d'emplois et réduisant les dépenses de consommation. En outre, l'inflation sans précédent dans la plupart des pays riches et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement ont suscité de vives inquiétudes chez les investisseurs et les économistes, les obligeant à prendre conscience qu'"il ne s'agit pas d'une grande correction, mais d'un krach majeur, comme vous n'en avez jamais vu de votre vivant, et comme même les milléniaux n'en verront pas de plus grand", a ajouté M. Dent.

Selon l'économiste, malgré les efforts des banques centrales et leur "guerre déclarée contre la récession", "nous continuons à retomber dans la récession" parce que l'économie est "vraiment faible et a vraiment besoin de se débarrasser d'un grand nombre de mauvaises dettes et d'entreprises zombies, et les banques centrales ne veulent pas laisser l'économie faire ce qu'elle a à faire".

M. Dent a mis en garde contre l'arrivée d'une troisième vague de la crise, soulignant que, selon lui, "la Réserve fédérale va s'approcher de plus en plus" avant qu'elle ne puisse inverser le processus de resserrement.

"Nous n'avons pas nettoyé les dettes massives et les surévaluations de la plus grande bulle d'actifs financiers de tous les temps. Nous n'avons jamais eu une telle bulle d'actifs financiers. Cette bulle n'a pas été autorisée à éclater et à se débarrasser de ses excès, ce que nous devons faire. Et je pense que nous sommes entrés dans ce processus", a conclu M. Dent.

L'économiste s'attend à "un krach plus proche de 1929 à 1932", en référence à la Grande Dépression, soulignant qu'il s'agit là de sa "meilleure prévision à l'heure actuelle".

 

Posted 2023-04-12,  Russia Today

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Etats-Unis : l'immobilier commercial, nouveau foyer de crainte pour les banques

Les banques régionales sont très exposées à un secteur qui a perdu de la valeur depuis la pandémie. Des montants inédits de prêts doivent être refinancés, en pleine hausse des taux d'intérêt.

« C'est de loin le problème le plus grave qui se profile à l'horizon », selon Elon Musk. Le patron de Space X et de Twitter ne parle pas de la conquête spatiale, ni de la politisation à outrance de la vie politique américaine, mais d'une possible nouvelle crise bancaire, qui serait cette fois liée à l'immobilier commercial.

« Au cours des cinq prochaines années, plus de 2.500 milliards de dollars de dettes immobilières commerciales arriveront à échéance ». Or « les taux ont plus que doublé et l'immobilier commercial n'est occupé qu'à 60-70 %. Le refinancement de ces prêts sera incroyablement coûteux et conduira probablement à la prochaine crise majeure », alertait ces derniers jours la lettre professionnelle Kobeissi, à laquelle Elon Musk réagissait sur Twitter.

« Problème d'actifs »

« Bien que les récents problèmes aient été en grande partie des problèmes de liquidité, il y a aussi des problèmes d'actifs », pointe également la société d'analyse Oxford Economics. « Les banques américaines sont assises sur d'importantes pertes non réalisées sur les titres [obligataires] - potentiellement jusqu'à 3 % des actifs - en raison de la hausse des taux », mais elles sont aussi « confrontées à des pertes potentiellement importantes, de l'ordre de 15 % ou plus, dans des domaines tels que l'immobilier commercial, qui constitue une grande partie de leurs actifs, et les prêts à effet de levier », détaille dans une note Adam Slater, chef économiste.

Et après la débâcle de la californienne SVB et de ses petites consoeurs, ce sont encore les banques régionales qui sont en première ligne : les banques de moins de 250 milliards de dollars d'actifs « représentent environ 80 % des prêts immobiliers commerciaux », rappelle Goldman Sachs. Dès cette année, quelque 270 milliards de prêts commerciaux arrivent à échéance, selon la société d'études Trepp.

La Fed tempère les inquiétudes

Au-delà des conditions de financement qui se tendent, les prêts sont le plus souvent garantis sur les biens eux-mêmes, immeubles de bureaux ou pas-de-porte commerciaux. Or la valeur de ces biens a chuté depuis la pandémie : dans les grandes métropoles, le travail à distance a limité la demande, créant une offre excédentaire de mètres carrés.

La pression pour faire la vérité des prix pourrait s'accentuer rapidement avec la vaste vente d'un portefeuille de prêts d'immobilier commercial de la banque Signature en faillite. La FDIC, le fonds de garantie des dépôts, en a confié la cession au spécialiste des transactions immobilières Newmark.

A ce stade, la Réserve fédérale tempère toutefois les inquiétudes. « Nous sommes bien conscients des concentrations » de prêts dans l'immobilier commercial », mais « je ne pense vraiment pas que ce soit comparable » avec une situation à la SVB, a jugé le président de la Fed Jerome Powell, lors de sa dernière conférence de presse, le 22 mars. « Le système bancaire est fort, il est solide, il est résilient, il est bien capitalisé, et je ne vois pas du tout cela comme une situation analogue », a-t-il insisté.

Dans le meilleur des cas, Goldman Sachs estime de son côté que le seul resserrement du crédit induit par la crise de SVB, notamment dans l'immobilier commercial, amputera la croissance américaine d'un quart à un demi point de PIB cette année.

Véronique Le Billon (Bureau de New York)

La “mère de toutes les crises” arrive selon Roubini, la Bourse va vers un krach “inévitable”

La planète va au devant d’une profonde récession économique et d’une crise financière d’envergure, sur fond d’éclatement de bulles, d’envolée du coût de l’emprunt et d’érosion du pouvoir d’achat, avertit le célèbre économiste Nouriel Roubini.

Alors que le CAC 40 et le Dow Jones se sont envolés ces derniers mois, la Bourse pourrait réserver de bien mauvaises surprises aux investisseurs en actions. C’est du moins l’avis du célèbre économiste Nouriel Roubini, professeur d'économie à la Stern School of Business de l'université de New York, qui s’est déjà illustré en ayant averti de la survenue de la crise des subprime. Surnommé Dr Doom (Docteur Catastrophe) pour ses prévisions souvent noires, Nouriel Roubini récidive, en estimant cette fois-ci dans Project Syndicate que “la mère de toutes les crises économiques se profile”.

Après des années de politiques monétaire, budgétaire et fiscale, et de crédit ultra-accommodantes, et alors que des niveaux de dette (publique et privée) faramineux ont été atteints, les pressions stagflationnistes (inflation forte et croissance économique molle, voire récession) à l’œuvre risquent fort de mener la planète au bord du précipice, et les autorités auront peu de leviers disponibles pour arranger la situation, juge l’économiste.

La dette totale (publique et privée) est passée de 200% du PIB en 1999 à 350% en 2021. Ce ratio est de 420% dans les économies avancées, 330% en Chine et 420% aux Etats-Unis - un niveau plus élevé que lors de la Grande Dépression des années 30 ou qu’après la Seconde Guerre mondiale ! Et une bonne partie de la dette est improductive, en n’étant destinée qu’à financer des dépenses de consommation au-dessus de ses moyens - “la recette de la faillite”, dénonce Nouriel Roubini. Par ailleurs, de nombreux ménages empruntent pour financer l’achat d’un bien immobilier artificiellement trop cher, de nombreuses entreprises le font dans des projets à la rentabilité hasardeuse, ou encore des gouvernements le font pour faire bâtir des méga-projets d’infrastructures pas forcément indispensables. L’envolée de la dette, qui dure depuis des décennies, est tout sauf soutenable, selon l’économiste.

Et l’inflation, attisée par la politique budgétaire, monétaire et de crédit ultra-accommodante, force la Fed et la BCE à remonter leurs taux directeurs de façon frénétique, mettant ainsi la pression sur les emprunteurs “zombies” insolvables, fait valoir Nouriel Roubini. Ces “zombies” doivent faire face à la fois à un coût d’emprunt plus élevé, à un “effet richesse” négatif (la chute des prix des actions, des obligations et des biens immobiliers les appauvrit) et à l’érosion de leur pouvoir d’achat (l’inflation progresse plus vite que les salaires).

Le spectre de la stagflation menace, à l’image des années 70. Mais c’est pire maintenant. En effet, à l’époque, les niveaux de dette étaient beaucoup moins élevés que ceux de 2022. La planète doit maintenant composer avec “les pires aspects des années 70” (les chocs stagflationnistes) et les “pires aspects de la crise financière mondiale”, résume Nouriel Roubini.

Or, si les autorités devaient venir à la rescousse, cela ne ferait qu’attiser un peu plus l’inflation, fait valoir l’économiste, qui s’attend ainsi à la fois à une profonde récession économique et une crise financière d’envergure, sur fond d’éclatement de bulles, d’envolée du coût de l’emprunt et de revenus nets d’inflation sous pression. “La mère de toutes les crises de la dette stagflationnistes” peut être “reportée mais pas évitée”, avertit enfin Nouriel Roubini.

 

 

https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-mere-de-toutes-les-crises-arrive-selon-roubini-la-bourse-va-vers-un-krach-inevitable-1454238

La BCE broie du noir

ÉDITO. Le dernier rapport de la Banque centrale européenne dresse un tableau apocalyptique de ce qui attend la zone euro

En parfaite harmonie avec l'hiver qui approche et les températures qui chutent, les dirigeants de la Banque centrale européenne tiennent des propos de plus en plus réfrigérants. Sa présidente, Christine Lagarde, estime non seulement qu'une récession dans la zone euro est désormais hautement probable, mais aussi que « l'expérience historique suggère qu'une récession a peu de chances de faire baisser l'inflation de manière significative ». Ce qui signifie en clair que de nouvelles hausses de ses taux directeurs sont à prévoir.

Dans le Financial Stability Review qu'elle vient de publier, la BCE va même un peu plus loin en matière de noirceur et de pessimisme en affirmant que « les risques pour la stabilité financière dans la zone euro ont augmenté sur fond d'envolée des prix de l'énergie, d'inflation élevée et de croissance économique faible » et que « l'ensemble de ces vulnérabilités pourraient se concrétiser simultanément et donc se renforcer les unes les autres ».

Les 128 pages de ce rapport semestriel dressent une liste longue et assez déprimante des risques financiers potentiels auxquels la zone euro se trouve aujourd'hui confrontée : faillites des entreprises les plus consommatrices d'énergie ; insolvabilité de nombreux ménages modestes touchés de plein fouet par l'inflation ; fragilisation du secteur bancaire en raison de la montée des créances douteuses ; vague de défiance des investisseurs à l'égard des États les plus endettés ; chute des marchés immobiliers du fait de la hausse des taux d'intérêt ; violente correction sur des marchés boursiers sous-estimant les conséquences d'une récession, etc. Difficile de faire plus sombre.

Ce message ouvertement et délibérément anxiogène a tout de même de quoi surprendre de la part d'une BCE dont la communication est supposée rassurer les entreprises, les ménages et les investisseurs, pas les inquiéter et leur faire peur. Et censée inspirer confiance dans la solidité et la stabilité de l'euro en rappelant que sa politique monétaire veille à garantir l'ordre économique et financier. Au lieu de cela, la BCE préfère jouer les Cassandre en prédisant des malheurs de toutes sortes.

Prophétie autoréalisatrice

Ce discours alarmiste se comprend sans doute mieux lorsqu'on sait que l'optimisme dont la BCE avait fait preuve tout au long de l'année 2021 à propos de la montée des tensions inflationnistes jugées transitoires et bénignes a été cruellement démenti par les faits. Elle préfère désormais se couvrir en pronostiquant le pire, quitte à exagérer les risques et à surfaire les dangers. Quitte à, malheureusement aussi, plomber définitivement le moral de tous les agents économiques et à favoriser ainsi, dans une sorte de prophétie autoréalisatrice, la survenue d'une récession.

C'est également une façon pour la BCE de faire oublier ses propres responsabilités dans le désordre actuel. De faire oublier qu'elle a, en comparaison de la Réserve fédérale américaine, procrastiné et beaucoup trop tardé à agir contre l'inflation. Ou encore que sa politique de taux zéro a largement contribué à la flambée du marché de l'immobilier dans la zone euro (+ 10 % en 2021) dont elle dit maintenant redouter, de façon tout de même un peu culottée et hypocrite, qu'il se retourne brutalement en provoquant des catastrophes. Enfin, de faire oublier qu'en faisant fonctionner à plein régime la planche à billets pour financer les déficits des États creusés par les crises sanitaire et énergétique, elle a aussi activement contribué à la situation de surendettement dans laquelle se retrouvent de nombreux États européens et qui semble tellement l'inquiéter.

Il ne reste plus à souhaiter que la BCE se trompe autant aujourd'hui qu'elle s'était trompée hier, qu'elle surestime les risques de récession et de crise financière de la même façon qu'elle avait sous-estimé les menaces inflationnistes. Ce serait, certes, une mauvaise nouvelle supplémentaire pour sa crédibilité, mais une très bonne nouvelle pour tous les citoyens européens.

 
Le plus grand hedge fund au monde parie sur un scénario noir pour l'économie

"Nous sommes à l'approche d'un ralentissement" de l'économie, estime l'un des responsables de Bridgewater.

Après le sombre avertissement du patron de la banque américaine J.P. Morgan sur un prochain "ouragan économique", voici celui de Bridgewater, le plus grand hedge fund au monde, qui estime que la combinaison noire d'inflation élevée et de croissance faible (qu'on appelle "stagflation") va s'abattre durablement sur l'économie mondiale. Le fonds spéculatif invite donc à la prudence, en privilégiant des investissements qui présentent un risque peu élevé, relate Les Echos le jeudi 9 juin. La société a par exemple revendu toutes ses actions Tesla, dont la valeur boursière a chuté en 2022. "Nous sommes à l'approche d'un ralentissement", "dans un monde radicalement différent", a déclaré Greg Jensen, l'un des responsables des investissements de Bridgewater, au Financial Times le mercredi 8 juin.

Concrètement, le fonds spéculatif parie sur un ralentissement imminent de la croissance mondiale, qui aura un impact significatif sur les entreprises européennes et américaines. C'est pour cette raison que Bridgewater a constitué une position courte sur les obligations d'entreprises et d'États. En d'autres termes, il parie sur la chute de ces obligations.

Une inflation beaucoup plus tenace que prévu, estime Greg Jensen

Greg Jensen a également expliqué au journal britannique que l'inflation serait beaucoup plus tenace que ne le prévoient les économistes et le marché, ce qui pourrait pousser la banque centrale américaine (la Fed) à relever les taux d'intérêt plus haut que ce qui est attendu. Or, si la Fed est déterminée à ramener l'inflation à son objectif de 2 %, "ils pourraient resserrer les taux d'une manière très forte, ce qui ferait craquer l'économie et probablement les [entreprises] les plus faibles de l'économie", a-t-il expliqué à nos confrères.

Bridgewater, qui gérait 151 milliards de dollars d'actifs au début de l'année 2022, est connu pour son approche macroéconomique globale, selon laquelle la société cherche à réaliser des bénéfices en faisant des paris sur les grandes tendances économiques. Un pari souvent gagnant puisque son fonds d'investissement phare Pure Alpha est en hausse de 26,2 % cette année jusqu'à la fin du mois de mai, contre une baisse de 13,3 % pour l'indice de référence S&P 500 sur cette période, relate le Financial Times.

 

Sur quoi faut-il alors miser ? Greg Jensen a expliqué que l'environnement de stagflation étant voué à durer, il privilégierait les matières premières et les obligations indexées sur l'inflation, deux classes d'actifs qui engrangeraient, selon lui, des bénéfices dans un tel contexte.

 

https://www.capital.fr/economie-politique/le-plus-grand-hedge-fund-au-monde-parie-sur-un-scenario-noir-pour-leconomie-1438667

Le spectre du krach

À peine remise du choc du Covid, l’économie mondiale subit de plein fouet l’inflation et la remontée des taux. Faut-il craindre le pire ?

Sur les marchés financiers, l’euphorie fait place à une inquiétude de plus en plus vive. La sévère correction menace de se transformer en krach. L’indice S & P 500 a perdu 18 % depuis le début de l’année et le Nasdaq, plus de 28 %. Partie de la technologie, la chute des cours s’étend progressivement à tous les secteurs d’activité, à commencer par la distribution, touchée de plein fouet par l’envolée des prix.

Le krach est déjà effectif pour les cryptomonnaies, dont la valorisation a chuté de quelque 370 milliards de dollars – dont plus de 40 milliards pour la seule Luna en trois jours –, comme pour les NFT et les actifs achetés dans le métavers. Il touche également l'immobilier en Chine, qui représente 30 % du PIB. Les faillites de promoteurs et les défauts sur les prêts se multiplient. La dette immobilière de 4 700 milliards de dollars est insoutenable, alors qu'un logement sur cinq est vacant et que les ménages cherchent à fuir les villes en raison des confinements. Le basculement brutal de l'espoir d'une forte reprise portée par la sortie de la pandémie à la peur d'un krach financier résulte de trois changements.

La probabilité d'une récession devient de plus en plus forte, au croisement de la chute de l'activité et du chaos résultant, d'un côté, des confinements en Chine au nom de la stratégie du zéro Covid, de l'autre, des pénuries et de l'envol du prix de l'énergie, des matières premières et des denrées agricoles provoqués par la guerre en Ukraine. Le double choc négatif sur l'offre, avec les ruptures d'approvisionnement et les hausses de coûts, et sur la demande, minée par la diminution du pouvoir d'achat, débouche en effet sur une baisse synchronisée de l'activité en Chine, aux États-Unis, en Europe et dans les grands pays émergents.

Pas d'atterrissage en douceur

La prise de conscience s'impose de ce que l'inflation n'est pas provisoire mais s'installe durablement. Elle ne constitue pas une parenthèse mais ouvre une nouvelle ère. Sous la disruption des marchés de l'énergie et de l'alimentation liée à l'invasion de l'Ukraine pointent des mutations fondamentales. Le marché du travail connaît un déficit de compétences et une montée des revendications salariales. La fragmentation de la mondialisation et le retour en force des contraintes de sécurité et de souveraineté annihilent le principal facteur de baisse des prix depuis le début du XXIe siècle. Or le consommateur ne pourra supporter seul les hausses dont une partie devra être prise en charge par les entreprises, ce qui implique une chute de leurs profits.

Enfin, la flambée d'inflation ne se corrigera pas d'elle-même mais devra être éradiquée par des politiques restrictives. Dopés par les flux de liquidités déversées pour faire face au krach de 2008 puis à l'épidémie de Covid, les marchés ont voulu croire que les banques centrales continueraient à donner la priorité au soutien de l'activité pour éviter une récession et privilégieraient des thérapies douces. Mais l'ampleur du choc inflationniste a tout changé. Le risque d'une stagflation comparable à celle des années 1970 les contraint à revenir à leur mission première, qui consiste à garantir la stabilité de la monnaie en enclenchant une remontée significative de leurs taux directeurs, à l'image de la Fed, qui les a relevés d'un demi-point le 4 mai. Compte tenu du surendettement public et privé, la fin de l'argent facile laisse peu de place pour un atterrissage en douceur et risque fort de se transformer en violent ajustement.

Le capitalisme a connu deux krachs financiers depuis le début du XXIe siècle. Le premier, en 2000, résulta de l'éclatement de la bulle spéculative sur les valeurs technologiques, amplifié par les dysfonctionnements de l'information financière mis en lumière par le scandale Enron. En 2008, le déchaînement de la spéculation immobilière, le surendettement hypothécaire, les excès de la dérégulation financière puis la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre, déclenchèrent le plus violent effondrement du crédit depuis 1929. Il ne fut endigué que par le lancement d'un plan de relance keynésien à l'échelle de la planète.

Détonateur

Force est de constater que la plupart de ces facteurs se trouvent aujourd'hui réunis, avec le cumul des immenses liquidités déversées par les banques centrales durant l'épidémie de Covid, de la multiplication des bulles spéculatives, de la généralisation du surendettement, de l'absence de régulation des actifs crypto. Ne manque que le défaut d'un acteur important sous la pression de la montée des taux pour servir de détonateur à un krach.

Les banques centrales, auxquelles les gouvernements ont délégué depuis 2008 l'essentiel de la politique économique, ne disposent plus de marges de manœuvre face au retour en force de l'inflation. C'est aux gouvernements de prendre leurs responsabilités pour prévenir un nouveau choc en traitant les problèmes structurels de l'économie, qu'il s'agisse des contraintes qui brident l'offre, de la reprise du contrôle des finances publiques, de la lutte contre les inégalités, de la transition écologique ou de la régulation du capitalisme. Mais, pris en étau entre la crise intérieure des démocraties et leur déni du réel, en ont-ils encore la volonté et la capacité ?

Par

 «Le krach qui vient»

 

 La croissance mondiale ralentit très fortement. La progression du commerce international a chuté. L’économie mondiale se trouve à un point de bascule.

Les orages n’éclatent pas seulement dans les ciels bleus mais aussi dans les horizons chargés. Les krachs ont en commun de naître de l’augmentation incontrôlée et de la gratuité des moyens de paiement qui favorisent le gonflement de bulles spéculatives. Ils éclatent quand les profits gonflés par l’euphorie diminuent et ne permettent plus de rembourser les dettes accumulées. L’économie mondiale se trouve précisément à ce point de bascule.

La croissance mondiale ralentit très fortement, revenue à 2,9 %, soit son plus faible niveau depuis dix ans. La progression du commerce international a chuté de 4,6 % à 1,2 % en deux ans sous l’effet de la généralisation des mesures protectionnistes. L’industrie, qui avait été au cœur de la mondialisation et des «quarante glorieuses» chinoises, se trouve frappée de plein fouet par la guerre commerciale et technologique, expliquant la chute de l’activité en Chine, en Allemagne, qui s’apprête à entrer en récession, ou en Corée du Sud.

Au total, les dettes publiques et privées culminent à 250.000 milliards de dollars, soit 320 % du PIB mondial, entraînant une floraison de bulles spéculatives de l’immobilier au private equity en passant par le marché de l’art. Sous l’apparence de liquidités illimitées et de records boursiers pointent deux réalités. D’un côté, les introductions en Bourse sont à l’arrêt et les opérations de fusion-acquisition en recul de plus de 12 % depuis le début de l’année. De l’autre, le secteur financier, pris en tenaille entre les taux négatifs et les fintechs, prend des risques déraisonnables en termes de prêts à des entreprises et des ménages de plus en plus fragiles pour entretenir l’activité et en termes de placements dans des actifs de plus en plus illiquides et risqués pour générer de la rentabilité. Ceci est tout particulièrement vrai en Europe où une partie du secteur bancaire n’a pas été restructurée, notamment en Allemagne, et où les activités les plus rentables sont monopolisées par les institutions américaines.

La crise de crédit est ouverte

La bulle sur les actifs technologiques montre des signes d’éclatement. En 2018, plus de 134 milliards de dollars ont été investis dans les start-up aux États-Unis, dont une partie ne capitalise que des promesses de pertes. L’annulation de l’introduction en Bourse de WeWork venant après les échecs d’Uber, de Lyft, Slack ou Peloton, marque le retour des investisseurs à la raison. Mais ce changement pourrait être fatal à des entreprises comme SoftBank, dont le fonds Vision Fund a investi 97 milliards de dollars, levés au Moyen-Orient et en Asie, dans des entreprises technologiques dont bon nombre ne présentent aucun espoir de rentabilité.

Au plan structurel, les bouleversements provoqués par la révolution numérique et l’indispensable transition écologique

La crise de crédit est désormais ouverte pour les États et les entreprises les plus vulnérables. En témoignent l’Argentine, au bord d’un neuvième défaut en dépit d’une aide sans précédent de 57 milliards du FMI en 2018, la situation critique de la Turquie et de l’Afrique du Sud. Simultanément se multiplient les faillites d’entreprises zombies fondées sur des empilements de crédits et de dettes, à l’image de Thomas Cook ou des compagnies aériennes Aigle Azur et XL Airways.

Ces alertes ont pour toile de fond trois évolutions. Au plan conjoncturel, l’épuisement du cycle d’expansion qui a débuté en 2009 aux États-Unis et les désordres croissants provoqués par une politique monétaire ultra-expansionniste: le jugement de Maurice Allais est pleinement confirmé qui soulignait, lors de la crise asiatique de 1997, que «le mécanisme actuel de la création de monnaie par le crédit est certainement le cancer qui ronge les économies de marché». Au plan structurel, les bouleversements provoqués par la révolution numérique et l’indispensable transition écologique. Au plan géopolitique, la remontée en flèche des risques, sous l’effet de la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Chine, de l’ascension des violences à Hongkong, de la montée des tensions dans le Golfe et du chaos créé par le Brexit, qui confortent la volatilité des marchés.

Les autorités politiques, qui se sont entièrement reposées sur les banques centrales pour piloter la sortie du krach de 2008, doivent désormais ouvrir les yeux sur les risques d’un nouveau choc financier. Sa violence sera en effet démultipliée par l’augmentation du stock des dettes et sa gestion rendue beaucoup plus difficile par la démondialisation impulsée par Donald Trump.

Les priorités sont claires. Se préparer à activer tous les leviers de la politique économique, y compris l’arme budgétaire pour les pays qui, comme l’Allemagne et l’Europe du Nord, en ont les moyens. Mettre fin à la zizanie mortifère au sein de la BCE et renforcer la zone euro par la réalisation de l’union bancaire et des marchés de capitaux. Réintégrer la finance de l’ombre et les fintechs dans la supervision des risques systémiques. Améliorer le filet de sécurité européen et mondial pour abonder la liquidité internationale en cas de choc. Et, enfin, préserver le système multilatéral et la possibilité de stratégies concertées pour éviter un effondrement des échanges et des paiements mondiaux.

 

Nicolas Baverez
Mis à jour le 06/10/2019

Nicolas Baverez:« La folie de l’argent gratuit »

 

 

 

L’expansion monétaire incontrôlée qui se répand dans le monde est dangereuse et irresponsable.

 

De la spéculation sur les tulipes à Amsterdam au XVIIe siècle aux krachs de 1929 et 2008 en passant par la banqueroute de Law en 1720, les bulles autour des actions des chemins de fer au XIXe siècle, de l’automobile au XXe siècle, du numérique au XXIe siècle, tous les grands chocs du capitalisme ont pour point commun l’augmentation incontrôlée et la gratuité des moyens de paiement. Tous sont nés des mêmes illusions mêlant la foi dans une prospérité illimitée, la fascination pour les fortunes rapides, l’émancipation des contraintes d’équilibre financier, monétaire ou budgétaire au nom d’un mode de croissance, d’une révolution technologique ou d’une configuration géopolitique présumés inédits et différents.

Onze ans après le pire krach du capitalisme depuis 1929, la politique monétaire n’a jamais été aussi expansive.

 

Sous la pression des autorités politiques qui remettent de plus en plus en cause le principe de leur indépendance, les banques centrales arbitrent en faveur du soutien à tout prix de l’activité. Aux États-Unis, la Fed a interrompu la réduction de la taille de son bilan, qui atteint 3 800 milliards de dollars, et baissé ses taux de 0,25 % pour la première fois depuis 2008. En Europe, la BCE, sous l’impulsion de Mario Draghi, prépare le lancement d’un nouveau programme de rachat d’actifs et une baisse des taux, déjà à un plancher historique (- 0,40 %). Dix banques centrales ont baissé leurs taux au deuxième trimestre 2019 et huit en juillet. Depuis 2014, les taux d’intérêt négatifs se sont ainsi généralisés au Japon puis en Europe.

 

Le premier effet de la diminution des taux consiste à lever toute contrainte sur l’endettement des États. L’expansion monétaire va donc de pair avec des relances budgétaires, à l’image des États-Unis, où le déficit public atteindra 1 000 milliards de dollars en 2020, soit 5,5 % du PIB, au moment où le taux de chômage (3,7 %) est au plus bas depuis 1969. La frénésie de l’emprunt s’étend désormais aux ménages, notamment pour financer leurs investissements immobiliers, et aux entreprises, notamment dans les secteurs d’activité les plus exposés à la révolution numérique ainsi que dans les régions les plus fragiles comme l’Europe du Sud.

 

La pénalisation de l’épargne contribue à la déstabilisation des classes moyennes des pays développés et nourrit le populisme

 

L’expansion monétaire incontrôlée qui se répand dans le monde est dangereuse et irresponsable. Sur le plan économique, elle ne soutient que marginalement l’économie réelle car si les banques centrales savent émettre des moyens de paiement, elles ne peuvent en contrôler l’usage et l’affectation.

 

Les liquidités déversées, loin d’aller en priorité à la production et à l’investissement pour améliorer la croissance potentielle et la productivité, ont conforté les rentes, les entreprises en situation d’oligopole et les inégalités.

 

Sur le plan financier, les banques sont ruinées par les taux négatifs, ce qui se traduit par la montée de la « finance de l’ombre » avec un basculement des actifs vers le secteur financier non bancaire. Sur le plan politique, la pénalisation de l’épargne contribue à la déstabilisation des classes moyennes des pays développés et nourrit le populisme.

 

Surtout, l’argent facile et gratuit constitue une machine à distribuer du pouvoir d’achat fictif et à créer des bulles spéculatives qui se généralisent, de l’immobilier à l’art contemporain en passant par les dettes souveraines ou les actions et les obligations à haut rendement pour les entreprises. La récession n’est donc reportée qu’au prix de la préparation méthodique d’un nouveau krach qui entraînera l’effondrement de l’activité et de l’emploi, des prix et des revenus. Or l’accélération actuelle de l’expansion monétaire et budgétaire prive dans le même temps les autorités politiques et les banques centrales de toute capacité de réaction. Par ailleurs, le travail de sape poursuivi par Donald Trump contre les institutions multilatérales limite les possibilités de coopération internationale et de stratégies concertées qui jouèrent un rôle décisif pour endiguer les risques de déflation mondiale en 2008.

 

La monnaie demeure le plus puissant et le plus rapide des instruments de politique économique. Il est indispensable de l’activer en période de krach ou de déflation, mais non pas en période de plein-emploi pour conforter la surchauffe. Il est par ailleurs illusoire de se reposer sur elle pour reporter ou éluder les réformes structurelles nécessitées par le vieillissement démographique, la révolution numérique ou le changement climatique.

 

L’argent gratuit est une addiction économique qui ne peut connaître d’issue heureuse. Sa fin est connue : le krach, dont seul le moment reste incertain

 

L’argent gratuit est une addiction économique qui ne peut connaître d’issue heureuse. Sa fin est connue: le krach, dont seul le moment reste incertain. Son risque ultime n’est autre que l’effondrement de la monnaie, à l’image du Zimbabwe ou du Venezuela.

 

Face au net ralentissement de la croissance mondiale (3 %) et du commerce international (2,5 %), la priorité doit être donnée à la reconstitution des marges de manoeuvre budgétaires et monétaires, au renforcement de la zone euro par la réalisation de l’union bancaire et des marchés de capitaux, à l’amélioration du filet de sécurité mondial pour abonder la liquidité internationale en cas de choc (actuellement doté de 4 000 milliards de dollars), à la préservation du système multilatéral pour gérer les risques systémiques du capitalisme universel.

 

C’est à raison qu’Ernest Hemingway rappelait que «la première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et politiques ».

 

Nicolas Baverez Mis à jour le 05/08/2019

 

 

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Mensonge.

Le nuage s’est arrêté à la frontière, dormez tranquillement. Mensonge.

Les banques sont solides. Dormez braves gens. Mensonge.

Les exemples sont multiples. Les « fake news » les plus dangereuses sont en réalité les mensonges d’État, et ils sont nombreux. Trop nombreux.

Le coup de tonnerre vient du Financial Times, qui nous explique qu’ils ont délibérément menti sur la gravité de la situation.

Pendant qu’ils écrivaient que tout se passerait bien, les mêmes journalistes faisaient la queue dans leurs banques pour récupérer leur pognon avant que vous ne perdiez le vôtre…

Mais ce mensonge n’est pas grave, car comme le dit ce journaliste du Financial Times, « Le droit à la liberté d’expression ne nous donne pas le droit de crier au feu dans un cinéma bondé ; il y avait le risque d’un incendie, et nous aurions pu allumer l’étincelle en criant à ce sujet ».

Il n’y a pas de censure, il y a le principe de « responsabilité ».

Pour justifier que l’on ne parle pas d’un sujet, il y a ce principe bien pratique de « responsabilité ». Je suis responsable donc je me tais.

Mais responsable de quoi ?

Être responsable est une bonne chose, mais de quoi le système médiatique est-il responsable désormais ?

D’une chose simple.

De la stabilité du système en place.

Fallait-il avoir peur de dénoncer certains errements de ce système économique avant qu’il ne provoque un effondrement mondial avec son cortège de malheurs humains ? Facile d’invoquer la « responsabilité » à la fin quand on a été irresponsable tout au long de la montée d’un processus qui nous menait à une catastrophe prévisible.

La « responsabilité », le cache-sexe de l’irresponsabilité et de la complaisance.

L’affaire Benalla ne devrait pas avoir lieu si tout le système médiatique faisait son travail. Pourtant, il se contente de plaire et de cirer les pompes. Irresponsabilité.

Irresponsabilité du même système quand vous n’entendez personne critiquer ni mettre en garde (ou si peu) contre les politiques monétaires des banques centrales qui sont une fuite en avant particulièrement risquée.

Irresponsabilité toujours quand on voit chaque année la dette de la France grossir inexorablement nous menant à la faillite, et l’on sait quelles funestes conséquences attendent un pays en faillite. Là encore, silence coupable, et quand ceux qui savent iront chercher l’argent de leur contrat d’assurance vie, ils ne vous diront rien… par « responsabilité » pour ne pas… déclencher la panique, parce que vous comprenez, « Le droit à la liberté d’expression ne nous donne pas le droit de crier au feu dans un cinéma bondé ».

C’est beau de savoir se mentir à ce point-là pour encore mieux justifier les mensonges aux autres.

Le mieux c’est de ne pas être irresponsable en camouflant tant qu’il en est encore temps plutôt que d’attendre de devoir être « responsable » quand les conséquences de la vérité pourraient être désagréables. Ce type de problèmes et de dilemmes moraux ne devraient pas se produire.

Voilà ce que dit John Authers, Chief Markets Commentator et Associate Editor pour le Financial Times

« Il est temps d’admettre qu’un jour j’ai délibérément caché des informations importantes aux lecteurs. C’était il y a dix ans, la crise financière était à son comble, et je pense avoir fait ce qu’il fallait. Mais dix ans après la crise de 2008 (nos premières pages de la période sont sur ft.com/financialcrisisis), j’ai besoin d’en parler.

Le moment est arrivé le 17 septembre, deux jours après la faillite de Lehman. Ce mercredi a été – pour moi – le jour le plus effrayant de la crise, lorsque la finance mondiale s’est rapprochée le plus de la faillite totale. Mais je n’ai pas écrit autant dans le Financial Times.

Deux nouvelles cruciales avaient été diffusées mardi soir. Premièrement, AIG a reçu un renflouement de 8,5 milliards de dollars. Elle en avait besoin parce qu’elle devait payer des opérations de swaps sur défaillance qu’elle avait garanties. Sans ces garanties, les obligations figurant au bilan des banques et considérées comme sans risque seraient plutôt considérées comme sans valeur. Cela rendrait instantanément de nombreuses banques qui les détiennent techniquement insolvables. Un échec d’AIG, de l’avis de beaucoup, signifierait un effondrement instantané du système bancaire européen, qui détenait un crédit américain très dégradé.

Le fait que les États-Unis aient craché tant d’argent suggère que les garanties d’AIG ne sont pas dignes de confiance – alors quelle garantie pourrait être bonne pour un prêt ?

Entre-temps, le Reserve Fund, le plus important fonds commun de placement indépendant du marché monétaire américain, a annoncé une perte sur ses avoirs en obligations Lehman. Par conséquent, son prix serait inférieur à 1 $ l’action.

C’était terrifiant parce que les fonds du marché monétaire, qui détiennent des obligations à court terme, étaient considérés comme garantis. Aucun fonds du marché monétaire n’avait jamais « cassé le dollar » (ou n’était tombé en dessous d’un prix de 1 $).

Les fonds étaient des clients essentiels pour la dette à court terme. Sans eux, comment les banques ou les grandes entreprises pourraient-elles se financer elles-mêmes ? Les investisseurs se sont précipités pour retirer de l’argent des fonds monétaires, tandis que les gestionnaires des fonds ont abandonné les obligations de sociétés pour la sécurité des bons du Trésor.

C’était une course sur la banque. La solvabilité des plus grandes banques de Wall Street était en cause. Dans le chaos, le rendement des bons du Trésor est tombé à son plus bas niveau depuis Pearl Harbor. Les gens désespérés avaient besoin de sécurité ; les taux d’intérêt n’avaient pas d’importance.

Contrairement à ce qui s’était passé en 2007 sur Northern Rock au Royaume-Uni, rien de tout cela n’était visible. Il n’y a pas de file d’attente autour du pâté de maisons pour acheter des bons du Trésor. Mais les Wall Streeters, à qui j’ai parlé, pensaient que le système bancaire risquait d’échouer.

En fait, j’avais beaucoup d’argent liquide sur mon compte bancaire, à la Citibank. J’étais au-dessus de la limite couverte par l’assurance-dépôts américaine, donc si Citi faisait faillite, un événement autrefois inconcevable que je pouvais maintenant imaginer, je perdrais de l’argent pour de bon.

À l’heure du déjeuner, je me dirigeais vers Citi, prévoyant de retirer la moitié de mon argent et de le mettre sur un compte à la succursale Chase d’à côté. Cela doublerait l’argent que j’avais assuré.

Nous étions dans le centre de Manhattan, entourés de bureaux de banque d’investissement. Chez Citi, j’ai trouvé une longue file d’attente, tous des Wall Streeters bien habillés. Ils faisaient la même chose que moi. À côté, Chase était aussi plein de banquiers anxieux.

Elle m’a demandé si j’étais mariée et si j’avais des enfants. Puis elle a ouvert des comptes pour chacun de mes enfants et un compte joint avec ma femme. En quelques minutes, j’avais quadruplé ma couverture d’assurance-dépôts. J’étais maintenant exposé à l’Oncle Sam, pas à Citi. Avec un sourire, elle m’a dit qu’elle avait fait ça toute la matinée. Ni elle ni son amie à Chase n’avaient jamais eu de demandes pour faire cela jusqu’à cette semaine.

J’avais un peu de mal à respirer. Il y a eu une ruée vers les banques, dans le quartier financier de New York. Les gens qui paniquaient étaient les Wall Streeters qui comprenaient le mieux ce qui se passait.

Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’avoir un photographe pour prendre quelques photos des banquiers bien habillés qui faisaient la queue pour leur argent, et d’écrire une légende pour l’expliquer.

Nous n’avons pas fait cela. Une telle histoire en première page du FT aurait pu suffire à pousser le système à l’extrême. Nos lecteurs n’ont pas été avertis, et le système s’est mis à paniquer sans le produit final.

C’était la bonne décision ? Je pense que oui. Tous nos concurrents ont également évité les photos des succursales de la banque de Manhattan. Le droit à la liberté d’expression ne nous donne pas le droit de crier au feu dans un cinéma bondé ; il y avait le risque d’un incendie, et nous aurions pu allumer l’étincelle en criant à ce sujet… »

Mais ce n’est pas tout et sans doute pas le plus grave…

Le plus grave c’est qu’il recommence et conclut son article en vous disant de dormir… tranquille !

« Dix ans plus tard, les banques américaines sont pratiquement les seuls acteurs du monde financier à être nettement plus sûrs qu’auparavant. Elles ont accumulé du capital, et le risque d’un effondrement soudain est maintenant beaucoup plus lointain.

Le problème aujourd’hui, c’est que l’élimination de ce risque a entravé la réduction des autres risques.
Aujourd’hui, les risques résident dans le gonflement des prix des actifs, dans les investissements à effet de levier et dans les fonds de pension qui les détiennent.

La prochaine crise ne concernera pas les banques, mais les fonds de pension qui, en se dégonflant, laisseront une génération sans assez d’argent pour la retraite.

La mauvaise nouvelle, c’est qu’il s’agit d’une crise dont la solution peut toujours attendre un autre jour.
Les politiciens peuvent l’ignorer.

La bonne nouvelle : je n’ai pas besoin de me taire cette fois-ci. »

Traduction ?

Les banques ne sont pas plus sûres, la bulle des actifs est terrible et ce sont les banques qui financent ces actifs en « bulle », les fonds de retraite sont en faillite et les anciens n’auront plus de pension, les taux sont bas et, remontant, peuvent provoquer un krach d’anthologie… y compris la faillite d’États devenant insolvables, alors que le capital « accumulé » par ces banques est placé… en obligations d’États en faillite virtuelle.

C’est vrai, c’est sûr, cette fois, personne n’est obligé de se taire, raison pour laquelle, semble-t-il, tout le monde se précipite pour vous expliquer les véritables risques qui pèsent sur nos économies, sur votre épargne, et justement la guerre sans merci que livrent les banques centrales pour tenter d’éviter que le pire ne se produise.

 

Charles SANNAT  13 Sep 2018

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Source Financial Times via Silverdoctors ici

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P
Bonjour,<br /> Je ne savais pas que les banques pouvaient utiliser le dépôt des épargnants en cas de crise. C’est gentil d’avoir partagé cette information.<br /> A+
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