finances : vous reprendrez bien un peu de déconfiture ?

Publié le par ottolilienthal


    Le capital-investissement, bien qu'il soit indubitablement un problème, n'est pas la question centrale. C'est la canalisation des capitaux des IFNB (intermédiaires financiers non bancaires) vers le crédit à la consommation et le crédit aux entreprises qui pose le plus gros problème. Cela se produit lorsque des crédits non bancaires sont accordés aux consommateurs et aux entreprises, essentiellement sur la base d'une agence, un processus motivé par la recherche de rendement par les IFNB dans un environnement de taux bas.

    De nombreuses entreprises ont des clients désireux d'acheter leurs produits et services mais  n'ont pas les moyens de le faire, un problème qui peut être « résolu » en accordant des crédits aux clients. Les consommateurs achètent des choses au-dessus de leurs moyens en recourant au crédit. Si ce crédit provenait du système bancaire réglementé, nous saurions au moins où se situe l'exposition, mais le crédit provenant des IFNB est plus opaque.

    Certains pays ne communiquent même pas de données sur les IFNB au CSF - c'est une démarche volontaire - tandis que le seul centre financier offshore qui le fait est celui des Caïmans, bien que l'on puisse dire que le Luxembourg appartient à la même catégorie.

    Comme je le dis depuis longtemps, c'est ce qui pourrait faire exploser le système. Les chiffres de la Grande-Bretagne sont extrêmes, mais moins que ceux de l'Irlande, des Pays-Bas et, bien sûr, du Luxembourg et des Caïmans.

Tim Morgan 26/04/2024

 

Le véritable problème est celui des marchés non réglementés (OTC). Le volume qu’ils gèrent dépasse le PIB mondial à plusieurs reprises, de sorte qu’une explosion de ces marchés emporterait le monde entier, sans que les BC ne puissent rien faire.

(Quark 06/05/2024)

 Le Japon et le “moment George Soros”. La crise finale du système fiduciaire...

 

Avant de commenter ce que signifie "la crise finale du système fiduciaire", il convient d’expliquer les antécédents de crises passées, où une monnaie fiduciaire (dans ce cas la livre sterling) a subi une attaque furieuse par les spéculateurs professionnels, a fini par céder et dévaluer la monnaie de 15%, et comment cet épisode peut se répéter avec le cas actuel du Japon.

Hugo Ferrer a décrit (il y a quelques années) dans un article extraordinaire, les tenants et aboutissants de la chute de la livre sterling en 1992. Il est important de lire l’intégralité du récit pour comprendre comment “fonctionnent” les marchés en situation de crise. Je reproduis les extraits les plus importants, mais je recommande leur lecture complète.

https://inbestia.com/analisis/la-forma-exacta-en-la-que-soros-gano-1-000-millones-quebrando-al-banco-de-inglaterra

"Comment le légendaire macroinvestisseur mondial George Soros a fait faillite de la Banque d’Angleterre en gagnant 1 milliard de dollars en une seule journée est une histoire curieuse, car ce n’est pas vraiment lui qui a fait l’opération, mais le directeur principal de Soros Funds Management, Stanley Druckenmiller- et, bien sûr, il n’a pas fait faillite de la Banque d’Angleterre, car techniquement une banque souveraine ne fait pas faillite en étant capable d’imprimer sa propre monnaie. Et, pour couronner le tout, il n’était pas le seul à gagner beaucoup d’argent ce jour-là, appelé Mercredi noir, mais il était la tête la plus visible parmi plusieurs hedge funds et macro traders qui ont vu venir le krach de la livre sterling et partageaient des informations entre eux."

"En 1979, le système monétaire européen serait adopté, avec pour objectif de stabiliser les taux de change entre les pays européens comme étape préalable à l’union monétaire et à une monnaie unique, en établissant des politiques de coordination de la politique monétaire par les banques centrales. En effet, le principal outil du SME a été la création de l’European Exchange Rate Mechanism (ERM) ou du mécanisme européen de taux de change.

Dans ce système, les deux principaux outils de contrôle de la marge de fluctuation d’une devise par rapport à d’autres devises étaient les taux d’intérêt officiels fixés par les banques centrales et les achats de devises eux-mêmes (interventions) de ces entités. Ainsi, si la peseta espagnole atteignait la fourchette inférieure par rapport au mark allemand, la Banque d’Espagne achèterait des pesetas et, le cas échéant, augmenterait également les taux d’intérêt officiels qu’elle payait pour défendre la peseta. Et sinon, une monnaie très forte forcerait la vente de la monnaie locale par la banque centrale et devrait abaisser les taux pour rendre sa monnaie moins attrayante."

"La récession du début des années 1990, la réunification allemande et la grande divergence

Cependant, dans le monde, le moment où les choses se produisent est très important. Lorsque le Royaume-Uni est finalement entré dans le MCE, l’économie britannique glissait déjà dans une récession, comme beaucoup d’autres économies occidentales. La récession, qui selon le consensus a été provoquée par les politiques monétaires restrictives de plusieurs pays qui luttaient contre les pressions inflationnistes et contre le choc provoqué par la hausse des prix du pétrole lorsque Saddam Hussein a envahi son voisin le Koweït, a mis le Royaume-Uni dans une position très inconfortable.

Au milieu d’une récession, la politique monétaire manuelle et logique est que la banque centrale d’un pays réduise les taux d’intérêt pour stimuler l’économie. Toutefois, lorsque les taux d’intérêt baissent, la monnaie de ce pays s’affaiblit, ce qui est une contradiction pour le Royaume-Uni, qui s’était récemment engagé à maintenir la livre sterling dans des limites maximales de fluctuation, être forcée de faire tout ce qui était en son pouvoir pour rester dans cette fourchette. Ainsi, entre 1990 et 1992, outre le maintien de taux d’intérêt trop élevés pour la situation de leur économie, des achats massifs de livres sterling ont été effectués pour défendre leur devise en utilisant les réserves en devises.

Tout cet environnement compliqué s’est révélé encore pire que possible parce que la banque centrale allemande, la Bundesbank, qui était également la banque centrale de référence dans le MCE, était en train de pratiquer une politique de hausse des taux d’intérêt officiels dans le but de freiner les pressions inflationnistes, qui s’étaient également intensifiées en Allemagne en raison de la réunification après la chute du mur de Berlin. Ce n’est pas que l’inflation était élevée en Allemagne, nous avons déjà vu qu’elle était un tiers de la Grande-Bretagne, mais comme nous le savons tous, c’est une partie essentielle de la philosophie allemande de garder les prix sous contrôle, car dans sa mémoire collective, une des raisons de l’accession au pouvoir d’Hitler, a été l’instabilité politique et économique des années 20 et 30.

En fin de compte, il s’avère que le Royaume-Uni est finalement entré dans le MCE pour enrayer ses pressions inflationnistes au moment même où commençait une récession dans plusieurs pays occidentaux, avec la malchance qu’il ne pouvait pas baisser les taux, une fois qu’ils se sont rendus compte qu’ils étaient en récession, parce que le pays de référence, l’Allemagne, était engagé dans un processus de hausse des taux parce qu’il s’inquiétait de la reprise de l’inflation, générant ainsi de grandes divergences de politiques monétaires.

C’est à partir de ce moment-là que de nombreux macro opérateurs mondiaux, et pas seulement Soros et compagnie, ont commencé à flairer le sang, soit le Royaume-Uni restait ferme avec les taux élevés, ce qui entraînait une plus grande destruction économique et le chômage, Ou bien il  baissait les taux d’intérêt en permettant à la livre de se déprécier.

En d’autres termes, de nombreux investisseurs macro ont commencé à comprendre ce dilemme, cette impasse, et ont parié que le Royaume-Uni quitterait le MCE, même temporairement, laissant la livre se déprécier, parce que la pression politique interne qui provoque une récession économique deviendrait insupportable à partir d’un certain moment. C’est pourquoi ces hedge funds ont commencé à prendre des positions baissières sur la livre à partir de l’été 1992, en achetant effectivement d’autres devises et en vendant la monnaie britannique.

Druckenmiller, George Soros, Schlesinger et le mercredi noir

Au cours de cet été, la pression s’était accrue contre les devises européennes en difficulté, y compris la peseta espagnole et la lire italienne, et, pour les investisseurs qui pariaient contre la livre sterling, la question n’était plus de savoir quoi, mais quand. Quand et quel serait le catalyseur qui l’empêcherait de se déprécier fortement.

Stanley Druckenmiller, dont j’ai établi le profil il y a quelque temps en tant que l’un des meilleurs macro traders de tous les temps, a été le protagoniste du mercredi noir et a gagné 1 milliard de dollars en une journée. Il les a gagnés pour son patron George Soros. Druckenmiller était devenu depuis l’automne 1988 le directeur principal de Soros Funds Management. Et même si ses débuts avec Soros étaient un peu problématiques parce que Druckenmiller n’obtenait pas l’indépendance d’action qu’il exigeait, allant même jusqu’à menacer de partir, la chute du mur de Berlin a poussé son chef à se détourner des opérations quotidiennes pour se concentrer sur la promotion de la cause de la liberté dans les pays d’Europe de l’Est, ce qui est de son plus grand intérêt puisque Soros est né en Hongrie, qu'il a dû fuir en pleine Seconde Guerre mondiale avec l’arrivée des nazis.

Ainsi, la relation qu’ils entretenaient selon les propres mots de Soros, était comme celle d’un joueur et d’un entraîneur, Druckenmiller étant aux commandes, concevant et exécutant toutes les opérations, et Soros conseillant simplement sur certains aspects

Comme nous le disions, à l’été 1992, Druckenmiller était conscient de cette situation ou dilemme sur le marché des changes européen et avait déjà pris une position courte ou baissière contre la livre, et dans le cas du Royaume-Uni, il était conscient qu’une hausse des taux pour protéger la livre était une idée suicidaire si la Banque d’Angleterre la réalisait, puisque le paiement des hypothèques payées par les familles britanniques, augmenterait automatiquement en réduisant la consommation et en approfondissant la récession. D’un point de vue opérationnel, c’était le genre de situation qui risquait fort d’aller dans la direction souhaitée, car il n’y avait pas beaucoup d’alternatives ou les alternatives étaient absurdes et présentaient un coût politique important pour ceux qui les mettaient en œuvre.

C’était un pari asymétrique presque parfait. À la fin du mois d’août, Druckenmiller (Soros Funds) détenait déjà une position vendue de 1,5 milliard de dollars.

Cependant, il y avait encore un facteur qui pouvait empêcher la livre de s’effondrer, à savoir la baisse des taux d’intérêt par la Bundesbank, ce qui allégerait la pression sur les autres devises. C’est-à-dire qu’il céderait dans sa mission principale et unique de contenir la pression sur les prix en Allemagne, pour sauver les autres pays en faiblesse, ce qui aurait été un geste de nature politique contraire à sa mission monétaire. C’était le grand doute et ce qui maintenait le suspense... les Allemands viendraient-ils à la rescousse ? Pourrait-on retirer la Bundesbank de son mandat et faire un geste politique avec la nouvelle Europe sortie du traité de Maastricht?

Début septembre, du 4 au 5 septembre, les ministres des finances des pays européens et les membres des banques centrales se sont réunis à Bath, en Angleterre. Les Italiens, les Français et les Britanniques, avec leur ministre des Finances Norman Lamont, tous en récession, ont fait pression pour que l’Allemagne baisse ses taux, mais n’ont pas obtenu le compromis du président de la Bundesbank, Helmut Schlesinger, que l’Allemagne n’augmenterait plus les taux d’intérêt à court terme. Schlesinger est sorti très contrarié de cette réunion, car il s’est senti attaqué à l’indépendance de la banque centrale et  par des ministres de pays étrangers... Selon plusieurs sources, l’attitude de certains ministres des finances, comme le Lamont lui-même, n’était pas très délicate, oubliant parfois qu’il était avec un banquier central qui n’était qu’un bureaucrate non politique, peu habitué à des situations “violentes”.

Après la réunion, Lamont, le ministre britannique des Finances, s’est précipité, désespérément sous la pression de la livre sterling, pour vendre à la presse le succès de la réunion alors qu’il n’avait accompli que ce que tout le monde croyait acquis, que l’Allemagne n’allait pas augmenter les taux à court terme.

Ce passage devant la presse n’est pas très bien passé dans les rangs de la Bundesbank, car on avait eu l’impression que cette institution avait renié son indépendance au profit d’autres pays. Et c’est à partir du moment où les événements se déclenchent, avec un gouverneur de la Bundesbank en colère, Schlesinger, se sentant dans l’obligation de clarifier publiquement cette impression que la banque centrale allemande avait cédé devant d’autres pays.

C’est pourquoi, quelques jours plus tard, le 8 septembre, Schlesinger a déclaré qu’il n’y avait aucune garantie quant aux décisions de la Bundesbank sur les taux d’intérêt. Et non seulement cela, mais dans l’intention de se venger de l’impression que la Bundesbank pourrait tomber sous l’influence d’autres nations, il a également déclaré qu’il avait peu confiance dans le système des taux de change plus ou moins fixes (MCE) parmi les partenaires européens.

Schlesinger avait lâché une bombe en réaction à la façon dont Lamont avait vendu ce qui n’était qu’une idée générale de ce que ferait la banque. La bombe que l’Allemagne, en particulier la Bundesbank, n’était pas là pour sauver les partenaires européens et oui pour défendre la tradition de plusieurs décennies de ne pas permettre des rebondissements inflationnistes. À partir de ce moment-là, le dernier obstacle à l’entrée de la livre en chute libre s’est dissipé et c’est à partir de là que la pression sur la livre a commencé à augmenter, avec de nouvelles vagues de ventes des hedge funds

"Cependant, malgré le coût élevé du financement de positions baissières, les hedge funds, comme Soros et Druckenmiller, étaient déjà convaincus que le moment était venu et que rien ne pouvait être fait pour éviter la dévaluation de la livre, d'autant plus après les paroles de Schlesinger. Ainsi, après l’annonce de la hausse des taux, la livre n’a pas non plus réagi. Elle était simplement tombée dans le coma. La théorie des autorités britanniques n’a pas fonctionné contre la conviction des opérateurs.

À ce moment-là, Norman Lamont réalisa qu’ils avaient perdu la bataille, qu’il n’y avait rien à faire et que maintenir la livre contre le mark allemand coûtait aux contribuables une fortune, le tout pour financer une récession qui ne faisait qu’empirer. Mais, à sa grande surprise, après avoir informé son Premier ministre que la bataille était perdue, celui-ci, John Major, lui répondit d’augmenter les taux d’intérêt de 3 % supplémentaires, jusqu’à 15 %. Mais même après cette décision, la Livre Sterling est restée sans réponse et les opérateurs des hedge funds n’ont pas non plus hésité à comprendre que ce n’était qu’un acte de désespoir du gouvernement de Major. Enfin, le même après-midi, le Royaume-Uni a annulé cette hausse de 3 % et annoncé son départ du MCE européen. Ce mercredi 16 septembre, il serait baptisé Mercredi noir."

J’insiste sur la lecture de l’article complet pour ne perdre aucun détail.

Japon.

Les caractéristiques de l’économie japonaise sont complètement différentes de celles de l’économie britannique de 1992, mais elles ont en commun certains problèmes.

Ce tableau résume les données fondamentales du Japon. (1)

Une dette publique énorme (255% du PIB) et un déficit considérable (6,15%) limitent les performances du Japon.

La dette japonaise a ce tableau de taux. Un taux moyen de toute la dette très, très bas. (1)

Toutes les économies occidentales ont augmenté leurs taux, sauf le Japon. Il a une inflation de 2,8% par an, mais il ne peut pas augmenter les taux, car la dette publique est si élevée qu’elle détruirait immédiatement les comptes publics.

Une hausse moyenne à 3% impliquerait des paiements d’intérêts de 324 milliards d’euros, 8% du PIB seulement en paiement d’intérêts!.

C’est impossible.

L’impossibilité d’augmenter les taux a dévasté la valeur du yen, ce qui a provoqué une faiblesse qui se manifeste par le graphique contre le dollar.

La valeur du yen a atteint son niveau le plus bas en 34 ans contre le dollar et menace de s’effondrer.

Comme en 1992 pour la livre sterling, le Japon a "menacé" à plusieurs reprises les spéculateurs en prenant des mesures drastiques.

https://es.investing.com/news/economy/japon-repite-la-advertencia-verbal-a-los-inversores-bajistas-en-el-yen-2617761

"Le Japon a poursuivi jeudi sa campagne pour éviter de nouvelles chutes du yen, et le porte-parole du gouvernement a de nouveau averti que Tokyo n’exclurait aucune option pour contrer les mouvements excessifs de la monnaie.

Le secrétaire en chef du Cabinet, Yoshimasa Hayashi, n’a pas précisé si les options incluaient l’intervention d’achat de yens, disant seulement que les autorités "observaient les mouvements de devises avec un fort sentiment d’urgence".

"Si des mouvements excessifs se produisent, nous aimerions répondre de manière appropriée et nous n’exclurons aucune option", a déclaré Hayashi lors d’une conférence de presse périodique.

Leurs déclarations ont coïncidé avec celles faites mercredi par Masato Kanda, le principal diplomate japonais en matière de devises, selon lesquelles les autorités n’excluraient aucune mesure pour contrer les mouvements désordonnés des monnaies.

Mercredi, le yen est tombé au plus bas depuis 34 ans face au dollar, alors que la Banque du Japon (boj) s’attendait à une hausse lente des taux d’intérêt, maintenant ainsi l’énorme écart entre les taux d’intérêt japonais et américains"

Le Japon a plusieurs façons de défendre le yen. Augmenter les taux ou acheter des yens (et vendre des dollars) sur le marché, pour défendre le cours du yen.

La première option est impossible pour ce qui a déjà été mentionné et la seconde implique des montants énormes, puisque le marché des changes est gigantesque et l’effet de levier brutal.

Il a une troisième option venant de l’extérieur : que les États-Unis. commence le processus de chute des taux d’intérêt officiels.

Si l’on se souvient de l’article précédent d’Hugo Ferrer, ils sont dans la même situation que la Banque d’Angleterre, alors qu’elle s’attendait à ce que l’Allemagne baisse les taux.

Si les USA ne baissent pas leurs taux en juin, la pression sur le yen pourrait devenir insoutenable et une dévaluation violente pourrait se produire tout au long de 2024.

Pour les spéculateurs, le gouvernement japonais a fourni un point de référence contre lequel placer ses positions. Courts avec le yen à 152 et l’avalanche peut se développer si l’Amérique. refuse de baisser les taux en juin 2024, se terminant par une violente dévaluation du yen, si c’est la même chose qu’en 1992.

Crise finale du système fiduciaire.

Cette crise commencerait avec la dévaluation du yen et ne serait que la première pièce de l'échiquier à tomber. La livre sterling, l’euro et, en dernier lieu, le dollar, seraient les suivantes, suivis d’une restructuration radicale du système.

Le dollar est la monnaie de réserve mondiale et sera donc la dernière à rester debout, lorsque toutes les autres auront été dévaluées. Mais la dynamique de la spirale infernale de la dette des États-Unis, suppose que le dollar doit être dévalué contre quelque chose, en l’occurrence des actifs fixes solides.

Et le candidat principal est l’or.

Marquer des sommets historiques récurrents, comme cela se passe en 2024, n’est pas une bonne référence pour maintenir la stabilité du système fiduciaire mondial, parce que ce que nous voyons n’est pas une revalorisation de l’once d’or, mais une dévaluation déguisée de toutes les monnaies par rapport à l’or. L’or est à des sommets historiques dans toutes les monnaies du monde.

Par exemple, le graphique de l’or en dollars est représentatif.

La pression haussière a brisé toutes les résistances et est en hausse libre.

C’est un danger pour le système fiduciaire (sans soutien) et cela augure d’une crise définitive du système qui a commencé après la fin des accords de Bretton Woods en 1972.

Nous devons maintenant être attentifs à ce qui se passe avec le Japon en premier lieu, mais si l’attaque sur le yen a lieu, nous pouvons être sûrs qu’il ne restera pas sur la monnaie japonaise et encore moins sur le graphique de l’or.

L’une des caractéristiques de la monnaie lors de la dévaluation est la recherche d’actifs pour se protéger contre la dévaluation.

Au Japon, ils doivent être très clairs quand on regarde le cours de l’or en yen.

Quark

(1) L'article étant long et complexe, les graphiques peuvent être visionnés via le lien :

https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/03/japon-y-el-momento-george-soros-la.html

Cet article n'est en aucun cas un conseil d'investissement, mais il est d'une logique imparable et représente un futur possible, sans certitude..

 

Analyse de la tendance haussière de la bourse américaine.....


 Tout le monde "sait" que la bourse à long terme est très haussière.

Sans tenir compte de l’inflation, la progression est étonnante. Et la grande dépression de 1929 est restée dans une "correction" de plus, sans grande importance sur le long graphique.

 

 

 

 

 

 

Si nous prenons le graphique corrigé de l’inflation du Dow Jones depuis 1915, les choses changent un peu.

 

 

La tendance à la hausse continue change dans deux périodes très différentes.

1º). De 1915 à 1981-1982, la bourse a à peine augmenté. Même de 1966 à 1982, il a connu une forte dépréciation (n’oublions pas , corrigé de l’inflation).

2º) De 1982 à aujourd’hui, la hausse est spectaculaire, y compris les périodes baissières de 2000-2009.


Que s’est-il passé entre 1982 et aujourd’hui ?

 

Ratio dette et taux d’intérêt.


Il nous faut deux autres graphiques pour l’expliquer.

Le premier nous signale qu’un endettement public (USA) réellement gigantesque a été généré. Il s’agit de la dette publique corrigée de l’inflation en dollars de 2023.

Nous pouvons voir que de l’après-guerre jusqu’en 1982, la dette corrigée de l’inflation est restée complètement stable. En revanche, depuis 1982, la croissance a été majestueuse et tout contrôle sur son montant a été perdu. Actuellement à la fin de Février 2024 atteint 34,470 milliards de dollars.  


Le deuxième graphique montre la chute des taux d’intérêt depuis (précisément) 1981. Une telle croissance de la dette nécessitait de faibles taux d’intérêt à mesure qu’elle augmentait. Le niveau atteint est si élevé que les taux bas sont indispensables.


    

 

 

Mais, il y a toujours un mais, après la pandémie et après les inondations désespérées d’argent pour protéger les dépenses, l’inflation fait acte de présence et force à augmenter les taux, ce qui met en péril la stabilité budgétaire américaine. À l’heure actuelle, les paiements d’intérêts ont dépassé le billion de dollars, transformant le déficit budgétaire en boule de neige descendant vers le bas, devenant plus grand.


En même temps que la dette et le déficit continuent à atteindre des niveaux impensables il y a des années, la bourse s’est installée dans une hausse permanente, battant record après record.

L’une des caractéristiques de cette période est la revalorisation historique de la bourse américaine par rapport au reste du monde.

Une autre caractéristique est la concentration excessive de la capitalisation boursière en très peu de titres. Similitude avec 1929.

L’analyse à partir de là est simple.

Tant que la liquidité sous forme de dette continuera à submerger les marchés, la bourse continuera d’augmenter. Mais nous savons aussi qu’une dette aussi importante associée à des taux d’intérêt très élevés provoque une instabilité lorsque la spirale de la dette et des intérêts s’enclenche.

La clé, c’est l’inflation. Si elle reste élevée, non seulement les taux ne baisseront pas, mais ils continueront à augmenter, causant des ravages dans les comptes de l’État et des entreprises endettées elles-mêmes.

La dernière donnée américaine est dangereuse. L’inflation est en baisse, mais ce qui compte vraiment (l’inflation des services) a encore explosé. Les services représentent 70% du PIB américain. En fait, l’inflation globale ne diminue que grâce à l’énergie, qui est une composante très variable et peut à tout moment commencer à augmenter à nouveau.

Entre la dette qui a atteint une croissance de 3000 milliards de dollars par an et une inflation à la hausse qui implique des taux plus élevés, la situation est très compliquée.

 

Contraction des prêts bancaires.

Si, à un moment donné, il y a une contraction des prêts pour éviter les retards de paiement croissants, la nourriture des dieux, qui est l’excès de liquidités, peut être drainée soudainement, provoquant l’explosion de la bulle des marchés.


Jusqu’à présent, le taux de défaut bancaire est ridicule, mais il commence à augmenter. C’est souvent une conséquence des récessions, pas un indicateur qui anticipe une récession.

Mais les prêts commerciaux américains connaissent déjà une forte baisse, anticipant des temps difficiles.

Pourquoi y aurait-il une récession ?

Habituellement, une hausse rapide des taux d’intérêt provoque une contraction économique, mais pas immédiatement. En effet, la récession commence généralement lorsque les taux commencent à baisser (bien sûr, ils baissent parce que le refroidissement s’est produit).

Dans la récession de 2008, les taux sont restés autour de 5% pendant plus d’un an, avant de parvenir à refroidir la bulle immobilière. Nous n’avons que quelques mois de taux "élevés" et la récession semble encore lointaine, mais n’oublions pas que l’inflation guette et ce qui sont aujourd’hui des prévisions de baisses de taux, peuvent demain se transformer en hausses si l’inflation reprend.


Depuis le début des années 80, nous sommes sous l’influence d’une économie soutenue par la dette. Au début, l’augmentation était modérée, mais depuis 2008 elle s’est accélérée à un point qui n’est pas soutenable et depuis 2020, l’excès de dette publique est le principal moteur de l’économie américaine.

Personne ne sait comment serait la croissance économique avec une dette "normale". L’économie mondiale est dopée par la dette, nous sommes devenus des toxicomanes attendant une nouvelle dose de stimulation sous forme de liquidités. Sans cette contribution, nous serions "grillés", mais c’est quelque chose qui est nié encore et encore. Les performances des entreprises continuent à s’améliorer, "justifiant" des bourses plus élevées, mais il est évident que l’endettement excessif fournit l’expansion monétaire nécessaire pour augmenter le pouvoir d’achat des utilisateurs. Sans cette dette croissante, la consommation s’effondrerait. La réponse facile des "analystes économiques" est que la dette est sous contrôle et finalement, peu importe, parce que la seule chose pertinente est la capacité de paiement. La dette mondiale atteint de nouveaux sommets, apportant de plus en plus de liquidités, même lorsque la Fed réduit son bilan. Les conditions financières restent trop laxistes, permettant l’endettement des entreprises de tous types. Les écarts avec les obligations à haut rendement sont bas.

En réalité, nous sommes entrés dans une nouvelle phase d’accélération qui nous conduit au précipice. Mais comme le crash prend du temps, tout ou presque tous les analystes pensent que cette dynamique peut durer éternellement.

On va s’écraser, et il ne reste plus qu’à dater l’événement. N’importe qui peut comprendre que créer de l’argent à partir de rien pour couvrir toutes les dépenses ne renforce pas l’économie, mais gagne seulement du temps. Et si le processus devient assez grand, il détruira la monnaie fiduciaire par hyperinflation (abus de l’imprimante qui fait perdre la confiance dans la devise).

S’endetter de 3000 milliards de dollars par an dans un processus autodestructeur, lorsque les tensions inflationnistes augmentent et que les taux d’intérêt sont contraints de freiner cette inflation. Le résultat final est désastreux pour l’économie dans ses deux sorties. Soit la dette s’arrête, et tout le château de cartes s’effondre, soit la quantité d’argent en circulation gonfle, provoquant une catastrophe inflationniste.

C’est juste une question de temps ...


Ce crash aura plusieurs phases.

D’abord, nous subirons une violente correction qui, après les premières baisses graves de la bourse, verra l’intervention des BC, pour ralentir la saignée. Mais comme la dette a atteint des proportions colossales, l’intervention ne fera augmenter la dette que jusqu’à des extrêmes qui remettent en question la solvabilité de la monnaie elle-même, moment où les doutes commenceront lorsque l’inflation atteindra des niveaux des années 80.

À ce moment-là, les gestionnaires devront décider quel type de décès ils préfèrent. L’effondrement économique avec la dépression et la déflation violente comme 1929 ou l’hyperinflation si elles continuent à gonfler l’émission de monnaie.

Puisque les bulles sont insondables (*), le timming est impossible à deviner. Ils peuvent même durer des années avant d’exploser, tout en atteignant des dimensions sidérales. Nous ne pouvons pas faire grand-chose en attendant...

Les processus inflationnistes et déflationnistes à long terme se prolongent souvent pendant des décennies, provoquant des tremblements de terre à la hausse ou à la baisse, accompagnant leur mouvement. La baisse due à l’inflation et les hausses de taux des années 1970 ont été très faibles, car la dette était minime et les taux élevés peu dommageables. Le niveau actuel de la dette est beaucoup plus élevé et l’impact des taux élevés sera bien pire qu’alors. Nous ne pouvons pas exclure une dépression comme celle des années 1930 au XXIe siècle.

En même temps que nous vivons une époque de guerres, d’épuisement des ressources et d’autres "conditionnalités" comme une transition énergétique globale, sont des facteurs qui aggravent considérablement la prévision, parce qu’ils suggèrent une forte demande de ressources en période de pénurie généralisée. La seule façon d’ajuster le bilan offre-demande est probablement de réduire la consommation par une contraction économique sévère.

Face à cette analyse, la grande majorité des experts pensent que nous ne connaîtrons qu’une légère correction, en cas de petite récession. Les mêmes experts s’attendent à une inflation contrôlée ou stable dans le pire des cas.

Juste un avis ...  

(*) Minsky a décrit les cinq phases d’une bulle financière.

- Délocalisation : à ce stade, les investisseurs sont attirés par des actifs innovants à potentiel historiquement faible ou des taux d’intérêt, ce qui entraîne un changement des attentes.

- Boom : c’est l’étape où le récit prend racine et où les prix commencent à augmenter progressivement. La peur de manquer ce qui pourrait être une occasion unique dans la vie, prépare le terrain pour plus de participants à entrer dans le marché.

- Euphorie : c’est là que les prix montent en flèche. Les agents commencent à acheter sans précaution et le risque augmente avec la possibilité d’enrichissement.

- Prise de profit : à mesure que les prix augmentent, les acheteurs commencent à diminuer. Ainsi commence une étape critique où les investisseurs commencent à prendre conscience de la situation et le marché est très vulnérable à toute nouvelle.

- Panique : la valeur des actifs change à mesure que l’offre dépasse la demande. C’est là que la bulle éclate, car les ventes massives pour récupérer une partie de l’investissement entraînent les prix à la baisse.


Apparemment, nous serions entre la troisième et la quatrième phase, puisque bien que la prise de profit globale n’a pas commencé, au début de l’année 2024, nous connaissons de fortes ventes des principaux initiés, comme Jeff Bezos sur Amazon.  Dimon dans JP Morgan. Un autre exemple est la liquidité record détenue par BRK, avec WB disant qu’il n’y a pas d’opportunités en bourse.

Il est évident que nous devons être attentifs à la quatrième phase, car la cinquième est la panique.

 https://futurocienciaficcionymatrix.blogspot.com/2024/03/analisis-de-la-tendencia-alcista-de-la.html

L’économie mondiale repose sur “un pari à 30 000 milliards de dollars”...

Le Brexit, la toute-puissance de la Big Tech, les cryptomonnaies, les fake news et même la hausse des prix du café : tout s’explique par le “quantitative easing”, affirme “The New Statesman”. L’hebdomadaire britannique choisit de faire sa une sur les risques et les limites de cette politique monétaire.

C’est “en toute discrétion” que l’assouplissement quantitatif, ou quantitative easing (QE) en anglais, est “devenu l’idée maîtresse de notre époque”, raconte The New Statesman. Cette politique monétaire (que la Banque de France décrit comme “non conventionnelle”) fait la une de son édition du 1er mars. Avec un titre qu’on peut difficilement traduire en français : “The QE theory of everything” est une double allusion à la théorie du tout, qui, en physique, permettrait de décrire l’ensemble des interactions fondamentales, et à la théorie générale de l’emploi et de la monnaie, proposée en 1936 par John Meynard Keynes, une pièce essentielle de la pensée économique.

Même le prince Harry et Meghan Markle

Pour expliquer en quoi ce “pari à 30 000 milliards de dollars a changé le monde”, Will Dunn revient dans un long article de l’hebdomadaire britannique sur les origines du QE, qui consiste pour les banques centrales à acheter des actifs, notamment des titres de la dette publique, pour doper l’inflation et relancer l’économie en y injectant de l’argent.

Il explique : “Au cours des quinze dernières années, chaque évolution majeure de notre économie et de la superstructure culturelle qui en dépend – la croissance explosive des réseaux sociaux et de la Big Tech, le boom de l’immobilier, l’économie à la tâche, Elon Musk, les cryptomonnaies, les fake news, le café hors de prix, le Brexit, le capitalisme woke, Donald Trump et, oui, peut-être même le prince Harry et Meghan Markle – peut être reliée aux énormes sommes d’argent frais qui ont perturbé toutes les grandes économies.”

Le premier à avoir évoqué le QE est Richard Werner, en 1995. Ce jeune économiste allemand qui travaillait pour un fonds d’investissement à Hong Kong avait proposé comme “remède” à la récession au Japon “un nouveau type de création de prêts par la Banque centrale”, l’assouplissement monétaire quantitatif.

Les décennies qui ont suivi ont donné lieu à de multiples applications du QE, explique le journaliste économique britannique. “Au Japon en 2001, puis aux États-Unis et en Europe en 2008, et à encore plus grande échelle depuis 2020.” Aujourd’hui, le montant total des crédits créés par les banques centrales par le biais de l’assouplissement quantitatif “s’élève à 30 000 milliards de dollars”.

Grand moteur d’inégalité et de stagnation

Le problème, c’est que cette solution pour redémarrer l’économie est devenue le “combustible invisible qui fait grimper la température”. Et qu’il n’est pas certain qu’on puisse “arrêter ce grand moteur d’inégalité et de stagnation”.

Le journal de la gauche indépendante britannique reproche à cet outil son inefficacité dans la redistribution.

“La richesse créée par le QE est restée là où elle était.”

L’économiste Mohamed El-Erian, président du Queens’ College à Cambridge, qui a travaillé aux côtés du président Obama de 2012 à 2017, explique que cet instrument “a été très efficace pour stimuler le prix des actifs, mais pas pour stimuler l’activité économique”.

Au contraire, s’est développée l’économie des petits boulots, les Uber et Deliveroo, qui ont favorisé un marché de l’emploi à temps partiel. “Partout en Europe, en Amérique et au Royaume-Uni, des pans entiers de la société n’ont pas profité du boom de la richesse et ont été laissés pour compte.”

Dégonfler la superbulle

Tout s’est accéléré à partir de 2020, quand les banques centrales ont voulu rassurer les marchés affolés par le Covid-19 en “achetant massivement des obligations d’État”.

Avec l’inflation galopante post-Covid, les banques centrales ont entamé “l’ère du resserrement quantitatif”. Mais elles pourraient se lancer dans une “dangereuse compétition où elles durciraient trop leur politique monétaire pour protéger leur monnaie”. Si les grands argentiers vendaient toutes leurs obligations d’État simultanément, ils pourraient déclencher une crise de la dette souveraine. Conclusion : “La superbulle créée par une décennie et demie d’argent bon marché doit être dégonflée avec la plus grande prudence'"

https://www.courrierinternational.com/une/une-du-jour-l-economie-mondiale-repose-sur-un-pari-a-30-000-milliards-de-dollars

Les actions des banques plongent et les dividendes diminuent alors que les pertes immobilières commerciales montent en flèche

Les banques américaines, japonaises et suisses ont annoncé des pertes liées à des prêts immobiliers en difficulté.

 

Le Wall Street Journal rapporte les pertes de biens commerciaux Hammer Banks sur trois continents

    Les actions de New York Community Bancorp ont chuté de 11% jeudi, prolongeant une chute abrupte qui a commencé un jour plus tôt lorsque la société a révélé des problèmes dans son portefeuille de propriétés commerciales et a accumulé des millions de dollars pour d’éventuelles pertes futures. Mercredi, il a fermé ses portes à 38%, son pire jour.

    Les actions d’Aozora Bank, basées à Tokyo, ont chuté de plus de 20 % jeudi, le maximum autorisé sur une seule journée en vertu des règles boursières, après avoir déclaré que les pertes de son portefeuille de prêts de bureaux aux États-Unis entraîneront probablement une perte nette pour l’année se terminant en mars. Ce serait sa première perte annuelle en 15 ans. Son président démissionnera le 1 avril, a déclaré la banque.

    En Suisse, la banque privée Julius Baer a déclaré que le directeur général Philipp Rickenbacher a démissionné après que la société a pris une provision d’environ 700 millions de dollars sur les prêts qu’elle a déclaré qu’elle ne pourrait pas récupérer du propriétaire autrichien Signa Group. Le groupe a dit qu’il fermerait l’unité qui a fait les prêts.

    Également jeudi, Deutsche Bank DBK a déclaré avoir multiplié par cinq ses provisions pour pertes dans son portefeuille de prêts commerciaux aux États-Unis du quatrième trimestre 2022 à 123 millions d’euros, soit 133 millions de dollars.

    Les banques sont de grands prêteurs pour les propriétaires et les promoteurs immobiliers, ce qui les place en première ligne du ralentissement de l’utilisation des immeubles de bureaux et de la baisse des évaluations.

Bloomberg annonce que NY Community Bancorp plonge alors que les risques immobiliers secouent le marché

        L’entreprise, qui a fait l’acquisition d’une partie de Signature Bank l’an dernier, a accumulé des liquidités pour faire face aux risques de prêt, y compris une paire de prêts en difficulté pour un complexe coopératif et des locaux à bureaux, ainsi qu’une réglementation plus stricte en raison de sa taille. La provision pour pertes sur prêts de la banque a bondi à 552 millions de dollars, ce qui a choqué les analystes et les actionnaires.

    L’action a chuté de 46% mercredi et a chuté de 38% à la clôture du trading de New York. L’indice KBW Regional Banking a chuté de 6%, son pire jour depuis qu’un cycle de dépôts a renversé Silicon Valley B

Rapidité d’exécution

    Raymond James a réduit sa cote de rendement sur le marché de la Banque en raison d’un solide achat, l’analyste Steve Moss écrivant dans une note aux clients que les résultats trimestriels « placeront probablement l’action dans la case de pénalité » jusqu’à ce qu’il y ait « plus de clarté au sujet du capital, du crédit et des plans d’affaires futurs ».


    Moody’s Investors Service a déclaré qu’il examine la possibilité de réduire la cote de crédit de New York Community Bancorp après les développements de mercredi.

Les agences de notation de crédit américaines sont inutiles. Elles ne préviennent qu’après coup.

Il est temps de briser le cartel de notation de crédit

Veuillez considérer quelques extraits de mon post Time To Break Up The Credit Rating Cartel, écrit le 28 septembre 2007.

    Les agences de notation étaient à l’origine des entreprises de recherche. Elles étaient payées par ceux qui cherchaient à acheter des obligations ou à consentir des prêts à une entreprise. Si une société de notation a mal fait, elle a perdu des affaires. Si elle a mal fait trop souvent, elle a fait faillite.

    La SEC est arrivée en 1975 et a ruiné une entreprise parfaitement viable en exigeant que la dette soit évaluée par un organisme de notation statistique reconnu à l’échelle nationale (NRSRO). À l’origine, il a nommé sept sociétés de notation, mais leur nombre a fluctué entre 5 et 7 au fil des ans.

    L’établissement du BRNRR a fait trois choses (toutes mauvaises) :

1) Il était extrêmement difficile de devenir « reconnue à l’échelle nationale » en tant qu’agence de notation lorsque toutes les dettes devaient être évaluées par une personne qui était déjà reconnue à l’échelle nationale.


2) En fait, il a créé un beau monopole pour les membres du groupe désigné.


3) Cela a bouleversé le modèle de qui devait payer. Auparavant, les acheteurs de titres de créance s’adressaient aux agences de notation pour savoir ce qu’ils achetaient. Selon le nouveau modèle, les émetteurs de titres de créance devaient payer pour obtenir une cote, sinon ils ne pouvaient pas la vendre. Bien sûr, cela a conduit une surenchère pour voir qui donnerait la meilleure note à la dette.

La solution est incroyablement facile

Le parrainage d’organismes par le gouvernement et l’intervention sur les marchés libres créent toujours ce genre de problèmes. Le remède n’est pas un remaniement de l’exécutif, une vérification par un tiers ou des demi-mesures, ni une réglementation qui masque les problèmes en divisant les fonctions au sein d’une organisation. La SEC a créé ce problème en créant le NRSRO. Le problème est facilement réparable. Il est temps de briser le cartel en éliminant les règles qui l’ont créé. Moody’s, Fitch, et le S&P; devraient avoir à couler ou nager par la précision de leurs notes tout comme tout le monde. Les cotes d’écoute seraient bien meilleures si les entreprises devaient en vivre ou mourir. La libre concurrence sur le marché, et non une réglementation supplémentaire, est le remède.

Toute agence de notation qui est payée sur le volume plutôt que l’exactitude est inutile.

Ceux qui veulent une vraie évaluation d’un problème vont à quelqu’un comme Egan Jones. Ils doivent payer pour l’analyse, ce qui était le cas auparavant et devrait toujours l’être.

Au lieu de cela, les capitalistes méchants du NRSRO sont payés en fonction du volume plutôt que de l’exactitude. Nous devons nous débarrasser des porcs et nous débarrasser de l’auge.

https://mishtalk.com/economics/banks-shares-plunge-and-dividends-cut-as-commercial-real-estate-losses-soar/


Le président et chef de la direction de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, dit que les États-Unis se précipitent vers une falaise alors que la dette galopante du pays continue de s’alourdir, sonnant l’alarme que la situation doit être abordée avant qu’elle n’entraîne une crise.

Le directeur général de la plus grande banque du pays a émis l’avertissement lors d’une table ronde au Bipartisan Policy Center vendredi, quand on lui a demandé ce qu’il pensait de ce que cela signifierait pour l’économie si le gouvernement fédéral ne s’attaquait pas au problème.
Dimon a commencé sa réponse en rappelant comment l’économie se présentait en 1982, avec une inflation d’environ 12 %, un taux préférentiel d’environ 21,5 % et un taux de chômage d’environ 10 %, et une dette d’environ 35 % du produit intérieur brut. Il a noté qu’aujourd’hui, le ratio dette-PIB est supérieur à 100%, et a déclaré qu’il devrait atteindre 130% d’ici 2035.

"Et c’est un bâton de hockey", a déclaré Dimon, décrivant comment la croissance de la dette apparaîtrait sur un graphique.

Il a dit que les États-Unis n’ont pas encore atteint la poussée de la « crosse de hockey », « mais quand elle commencera, les marchés du monde entier – soit dit en passant, parce que les étrangers possèdent une dette de 7 billions de dollars du gouvernement américain – il y aura une rébellion, et c’est la pire façon de le faire. »


"C’est une falaise, nous voyons la falaise," dit Dimon.

DÉFICITS IMPORTANTS, TAUX D’INTÉRÊT ÉLEVÉS RENDANT LA DETTE FÉDÉRALE MOINS VIABLE

Dimon s’est dit d’accord avec l’ancien président de la Chambre, Paul Ryan, qui a qualifié la dette accumulée de « crise la plus prévisible que nous ayons jamais connue ».

Les perspectives pour le niveau de la dette fédérale sont sombres, les économistes sonnant de plus en plus l’alarme sur le rythme torride des dépenses par le Congrès et la Maison-Blanche.

Les dernières conclusions du Congressional Budget Office indiquent que la dette nationale va presque doubler au cours des trois prochaines décennies. À la fin de 2022, la dette nationale atteignait environ 97 % du produit intérieur brut. Selon la loi actuelle, ce chiffre devrait grimper en flèche à 181 % à la fin de 2053, ce qui dépassera de loin tout niveau d’endettement antérieur.

Si cette dette se matérialise, elle pourrait mettre en péril la position économique de l’Amérique dans le monde.

https://www.foxbusiness.com/politics/jpmorgan-ceo-jamie-dimon-warns-us-driving-toward-cliff-debt-snowballs

commentaire de quark :

"La complaisance est totale, synonyme de bulle à l’état pur. L’excès de confiance dans le soutien des marchés de la FED, en cas de crise, donne des ailes aux spéculateurs et favorise un effet de levier massif sur les produits dérivés."

Insoutenable

Autour du monde, les Etats doivent désormais dépenser un montant record de 2’000 milliards $ pour les seuls intérêts de leur dette cette année.

Total qui devrait augmenter de 50 % d’ici 2027.

Insoutenable.

https://michelsanti.fr/confiance/insoutenable

La prochaine crise financière est déjà en préparation

L’ampleur de la dette américaine, tant publique que privée, est considérée par certains économistes et investisseurs de premier plan comme un signe avant-coureur de la prochaine crise financière. Certains éléments indiquent que cette tempête est déjà en préparation.

C’est la plus grande crainte de Nouriel Roubini, aussi connu sous le nom de « Dr Doom », parce qu’il a vu venir la crise financière de 2008. L’économiste, qui s’est depuis redéfini comme un prophète de malheur, prévoit une tempête parfaite en 2023 causée par une combinaison de récession, d’inflation incontrolable et d’une crise de la dette. C’est une crainte qu’il a déjà exprimée en janvier, mais qui n’est pas encore devenue réalité, alors que le risque de récession aux États-Unis diminue et que l’inflation est durement touchée, bien qu’elle ait légèrement augmenté en juillet, à 3,2%.

Mais Nouriel Roubini n’est pas le seul à le penser. Ray Dalio, ancien PDG de Bridgewater, l’un des plus grands fonds d’investissement au monde, est également convaincu que le troisième élément – la crise de la dette américaine – est une épée de Damoclès au-dessus de l’économie et des marchés. Ray Dalio doit être pris au sérieux, étant donné qu’il a obtenu un rendement de 32% avec son fonds l’année dernière, alors que tous les marchés se sont effondrés.

Pourtant, le déclassement de la solvabilité des États-Unis par l’agence de notation Fitch Ratings la semaine dernière n’a pas fait grande impression. Pas plus que la rétrogradation de 10 banques américaines par Moody’s. Mais avec une dette énorme et des taux d’intérêt en hausse, tous les ingrédients d’une éruption sont disponibles. La crise des banques régionales aux États-Unis en mars dernier en a probablement été la première manifestation.

Business Insider a recueilli des données numériques indiquant qu’une tempête parfaite est en route. Nous en avons ajouté quelques autres qui semblaient pertinentes.

La dette privée n’a plus de limites

La dette de carte de crédit a dépassé 1000 milliards de dollars pour la première fois, selon les données publiées par la Réserve fédérale mardi dernier.
Les ménages américains ont une dette totale de 17060 milliards de dollars, principalement pour les prêts hypothécaires.
La dette des entreprises s’est élevée à 7800 milliards de dollars, selon Janus Henderson, en hausse de 6,2% depuis l’année dernière.

La dette publique est encore pire

Le solde de la dette nationale a dépassé 32000 milliards de dollars pour la première fois cette année, avec un potentiel supplémentaire de 5 milliards de dollars par jour au cours des 10 prochaines années, selon la Banque d’Amérique.


Les États-Unis sont tenus d’emprunter un total de 1859 milliards de dollars sur les marchés financiers au cours des troisième et quatrième trimestres de cette année, dont 103 milliards de dollars la semaine dernière seulement pour refinancer leur dette.


L’intérêt que les États-Unis paient sur leur dette publique est proche de 1000 milliards de dollars par an et continue d’augmenter, reflétant la hausse des taux d’intérêt.

Le nombre de défauts des entreprises augmente

En 2023, le nombre de défauts de paiement des entreprises a déjà dépassé le volume de l’année dernière.


En outre, les arriérés de paiement s’accumulent pour les remboursements de prêts. Le taux a augmenté à 2,23% au premier trimestre de cette année, contre seulement 1,7% au premier trimestre 2021, selon les données de la Fed.


En période de récession, les entreprises américaines pourraient faire défaut sur un total de 1000 milliards de dollars, estime la Banque d’Amérique, bien que ce ne soit plus le scénario le plus probable pour 2023, selon l’institution financière.


Les banques renoncent à leurs prêts avec un risque de défaut élevé

C’est particulièrement vrai pour l’immobilier commercial, un secteur en crise. JPMorgan, Goldman Sachs et Capital One font partie des banques de Wall Street qui tentent de vendre de gros actifs immobiliers commerciaux, a rapporté Bloomberg la semaine dernière.

Baptiste Lambert
gepubliceerd op

Credit Suisse, ou la banalisation des méga-faillites
 
Les faillites bancaires n’en sont pas vraiment: l’argent change de mains, sur fond de défection des États. Ces derniers ont échoué en 2023 à défendre les intérêts du contribuable, encore plus qu’en 2008.
 
Au moment du krach financier de 2008, rien n’était banal. À l’époque, la réaction était à la hauteur de la débâcle face aux pertes abyssales de Wall Street sur le marché des subprimes, à la chute de Lehman Brothers, aux 50 milliards perdus par UBS, au retentissement mondial et au choc immense, que ce soit au sein de la communauté financière ou dans le grand public.
 
Des mouvements de contestation comme Occupy Wall Street sont nés. Des centaines de livres ont été écrits. Personne n’était blasé. Les débats étaient animés et ne perdaient pas en vigueur. Cette dénonciation avait enclenché, si ce n'est une réglementation réellement efficace, du moins une forte poussée dans ce sens. On critiquait aussi la dérive de la politique monétaire
 

ntre 2008 et 2011, la banque centrale américaine avait injecté 1000 milliards de dollars dans les marchés pour racheter les actifs toxiques et refinancer le système. On trouvait cela hors de toute proportion. On parle de 1000 suivis de 9 zéros.

Avec cette politique monétaire «non conventionnelle», une autre digue de responsabilité financière avait lâché. Elle avait suscité un vif débat en raison de son potentiel de dévaluation massif et réel du dollar.

2023, la routine

Fast-forward quinze années plus tard. Mars 2023. Aux États-Unis, la Silicon Valley Bank tombe en faillite avec au moins quatre autres banques. Certes, les établissements sont de taille moyenne, mais le risque systémique est réel et la contagion est là. Un certain nombre de ces faillites survient même après qu’une garantie étatique complète a été donnée sur l’ensemble des dépôts du système bancaire, même ceux de plusieurs milliards.

En Suisse, Credit Suisse plonge en quelques jours et UBS l’absorbe en quelques heures, pour un prix dérisoire. Du côté de la Confédération et de la BNS, pas moins de 259 milliards de francs ont été mis à disposition par la Confédération et la BNS sous formes de garanties, prêts et dons. C’est 5 fois plus que les moyens mis à disposition pour sauver UBS en 2009, alors que le bilan de Credit Suisse est 4 fois plus petit. Cela trahit une chose: l’expansion phénoménale du risque global du système financier entre 2008 et 2023

 

Au-delà d’un émoi passager, le soufflé retombe vite. Au Parlement suisse, lors de la session extraordinaire d’avril consacrée à Credit Suisse, la Droite et le Centre enterrent prestement les discussions sur les réformes législatives réclamées par les Socialistes depuis des années pour mieux provisionner le système financier et pour amener de plus d’intégrité dans la gouvernance. Au prétexte qu’il faudrait d’abord faire toute la lumière sur l’affaire, on préfère attendre.

La Commission d’enquête parlementaire sera mise sur pied, mais ses conclusions ne viendront que dans trois ou quatre ans, et pourraient bien passer inaperçues. D’autres krachs auront eu le temps d’intervenir d’ici là, sans qu’aucune mesure n’ait été prise. La plus grande faillite bancaire en Suisse n’aura donc pas suffi à bouger les lignes. Cette posture interroge aussi et d’abord sur le plan politique: la Droite est-elle le parti de l’impunité économique? Certainement pas. La Droite qui a bâti la Suisse a fait de ce pays un succès parce qu’elle incarnait mieux que quiconque l’idée que liberté et responsabilité allaient de pair, étaient les deux faces d’une même pièce.

Une faillite morale

Indéniablement, que ce soit en Suisse ou aux États-Unis, on se trouve d’abord face à une faillite morale, qui entraîne un déficit réglementaire. Le discours des partis de droite est que le sauvetage de Credit Suisse n’a «rien coûté au public». Or il est clair que les garanties et prêts à hauteur de dizaines de milliards fournies par la BNS représentent de la création monétaire, et que les garanties et prêts de la Confédération représentent de l’argent public. Au-delà, le simple rôle du public comme garant, désormais permanent depuis 2008, des sauvetages réguliers du système financier, a un coût et devrait être rémunéré par une prime d’assurance payée par le secteur financier au public, afin de payer ce risque.

En outre, il faut ajouter le coût social inévitable des licenciements futurs liés aux redondances de postes entre UBS et Credit Suisse, mais aussi les éventuels crédits d’impôts octroyés. Ces licenciements interviendront tôt ou tard, même si les élections fédérales d’octobre peuvent avoir imposé une halte aux mesures antisociales qui pourraient fournir des arguments à la gauche

Au total, de part et d’autre de l’Atlantique, ce qu’on observe est un débat moins audible qu’en 2008, et une faible volonté d’agir pour éviter de telles débâcles.

En 2023, les catastrophes de marché, c’est la routine. Après une décennie d’argent facile et de hausse constante et largement artificielle des marchés, on veut bien supporter un peu de casse. Même si en réalité, seuls 10% de la population sont réellement exposés à la hausse des marchés boursiers et ont profité de cet argent facile.

Mais la culture de l’argent facile est omniprésente. D’ailleurs, le mot «krach » se perd, car les marchés nous ont habitués à des hausses paraboliques alimentées par la Fed, suivies de chutes vertigineuses… amorties par la Fed.

Durant les années qui séparent 2023 de 2008, la Fed nous a aussi habitués à des injections d’une tout autre ampleur: 5000 milliards de dollars créés seulement entre juillet 2019 et mai 2022, pour acheter des titres et soutenir les marchés. Initialement, c’était pour «couvrir» un krach du système non bancaire (shadow banking) passé quasiment inaperçu en 2019 et lié à la réduction des injections de la Fed depuis 2014, dont seule la presse spécialisée avait parlé. Puis c’était pour couvrir la pandémie du Covid en 2020, avec prolongations jusqu’en 2022. Puis en mars 2023, avec le krach de la Silicon Valley Bank et des suivantes, lié à la hausse des taux d’intérêt, 400 milliards sont injectés par la Fed uniquement du 7 au 21 mars

Débauchage indolore mais fatal

Face à cette politique de sauvetages en roue libre, le débat public est tout aussi faible aux États-Unis qu’en Suisse. 2008 est bien loin. La poussée vers une réglementation efficace du système bancaire, et surtout pour une supervision du système financier non bancaire, qui est hors de contrôle, est quasi inexistante en comparaison à 2008.

Que s’est-il passé durant ces 15 ans? Quelque chose de l’ordre d’une banalisation, d’une désensibilisation, d’une perte d’espoir dans une réforme opérante, et d’un désengagement public.

Les marchés tournent en circuit fermé, en déconnexion avec le reste de l’économie. Ils se souviennent de l’économie réelle uniquement lorsqu’ils font des pertes qu’ils ne veulent pas payer. Là, on débauche la monnaie en l’imprimant par milliards, ce qui la dévalue et nuit à l’ensemble des épargnants.

Mais c’est une taxe discrète et indolore. Encore aujourd’hui, la plupart des gens ignorent que leur épargne est dévaluée par les faillites bancaires régulières, et qu’il faut 7 fois plus de dollars pour acheter la même quantité d’or qu’il y a 23 ans, et 4,5 fois plus de francs suisses.

Ces sauvetages ont donc bel et bien un coût public, financé par chaque épargnant qui y cotise par son épargne, et par chaque salarié qui les paie par son pouvoir d’achat.

Pas des faillites, des transferts

Au final, ces faillites bancaires sont-elles vraiment des faillites? Est-ce que tout le monde y perd et personne n’y gagne? Non. La différence est là. Lors de la faillite d’une société anonyme de l’économie réelle, tout le monde y perd vraiment. Les actionnaires, les créanciers et les clients y laissent tous des billes. Mais que se passe-t-il lors de ces «faillites» du système financier? Beaucoup y gagnent.

Certes, il est indéniable que les actionnaires et créanciers de Credit Suisse ont beaucoup perdu. Mais UBS y gagnera à terme. D’une part, en raison de l’écart entre la valeur d’achat de Credit Suisse et sa valeur comptable. D’autre part, à travers les bénéfices futurs générés (supposément dès 2027) sur les affaires combinées, le tout limité à la baisse par des garanties de la Confédération.

En outre, parmi les gagnants figurent les hedge funds qui ont parié sur la chute de Credit Suisse et ont gagné des milliards sur ce trade et celui tenté sur d’autres banques. Lors des derniers jours de cotation du CS, les spéculateurs ont en effet dépecé l’action sur le marché, en gonflant aisément les rumeurs de faillite pour encaisser le bénéfice sur l’écart entre le prix de départ et celui d’après-effondrement. Une situation identique à la crise grecque et celle de l’euro en 2010-2012.

Ainsi, lors de ces «faillites», certains acteurs du marché s’enrichissent fortement et participent directement à accélérer la débâcle dont ils profitent, hors de toute régulation. Plutôt que des faillites, ce sont des changements de mains d’argent, qui aboutissent à concentrer les richesses un peu plus. Et les risques aussi. Et les déséquilibres du système. Face à cela, les États et les régulateurs n’ont jamais été aussi faibles pour défendre les intérêts financiers des épargnants, des contribuables et des salariés.

Myret Zaki

https://www.blick.ch/fr/news/opinion/chronique-de-myret-zaki-credit-suisse-ou-la-banalisation-des-mega-faillites-id18679330.html

Etats-Unis : l'immobilier commercial, nouveau foyer de crainte pour les banques

Les banques régionales sont très exposées à un secteur qui a perdu de la valeur depuis la pandémie. Des montants inédits de prêts doivent être refinancés, en pleine hausse des taux d'intérêt.

« C'est de loin le problème le plus grave qui se profile à l'horizon », selon Elon Musk. Le patron de Space X et de Twitter ne parle pas de la conquête spatiale, ni de la politisation à outrance de la vie politique américaine, mais d'une possible nouvelle crise bancaire, qui serait cette fois liée à l'immobilier commercial.

« Au cours des cinq prochaines années, plus de 2.500 milliards de dollars de dettes immobilières commerciales arriveront à échéance ». Or « les taux ont plus que doublé et l'immobilier commercial n'est occupé qu'à 60-70 %. Le refinancement de ces prêts sera incroyablement coûteux et conduira probablement à la prochaine crise majeure », alertait ces derniers jours la lettre professionnelle Kobeissi, à laquelle Elon Musk réagissait sur Twitter.

« Problème d'actifs »

« Bien que les récents problèmes aient été en grande partie des problèmes de liquidité, il y a aussi des problèmes d'actifs », pointe également la société d'analyse Oxford Economics. « Les banques américaines sont assises sur d'importantes pertes non réalisées sur les titres [obligataires] - potentiellement jusqu'à 3 % des actifs - en raison de la hausse des taux », mais elles sont aussi « confrontées à des pertes potentiellement importantes, de l'ordre de 15 % ou plus, dans des domaines tels que l'immobilier commercial, qui constitue une grande partie de leurs actifs, et les prêts à effet de levier », détaille dans une note Adam Slater, chef économiste.

Et après la débâcle de la californienne SVB et de ses petites consoeurs, ce sont encore les banques régionales qui sont en première ligne : les banques de moins de 250 milliards de dollars d'actifs « représentent environ 80 % des prêts immobiliers commerciaux », rappelle Goldman Sachs. Dès cette année, quelque 270 milliards de prêts commerciaux arrivent à échéance, selon la société d'études Trepp.

La Fed tempère les inquiétudes

Au-delà des conditions de financement qui se tendent, les prêts sont le plus souvent garantis sur les biens eux-mêmes, immeubles de bureaux ou pas-de-porte commerciaux. Or la valeur de ces biens a chuté depuis la pandémie : dans les grandes métropoles, le travail à distance a limité la demande, créant une offre excédentaire de mètres carrés.

La pression pour faire la vérité des prix pourrait s'accentuer rapidement avec la vaste vente d'un portefeuille de prêts d'immobilier commercial de la banque Signature en faillite. La FDIC, le fonds de garantie des dépôts, en a confié la cession au spécialiste des transactions immobilières Newmark.

A ce stade, la Réserve fédérale tempère toutefois les inquiétudes. « Nous sommes bien conscients des concentrations » de prêts dans l'immobilier commercial », mais « je ne pense vraiment pas que ce soit comparable » avec une situation à la SVB, a jugé le président de la Fed Jerome Powell, lors de sa dernière conférence de presse, le 22 mars. « Le système bancaire est fort, il est solide, il est résilient, il est bien capitalisé, et je ne vois pas du tout cela comme une situation analogue », a-t-il insisté.

Dans le meilleur des cas, Goldman Sachs estime de son côté que le seul resserrement du crédit induit par la crise de SVB, notamment dans l'immobilier commercial, amputera la croissance américaine d'un quart à un demi point de PIB cette année.

Véronique Le Billon (Bureau de New York)

La “mère de toutes les crises” arrive selon Roubini, la Bourse va vers un krach “inévitable”

La planète va au devant d’une profonde récession économique et d’une crise financière d’envergure, sur fond d’éclatement de bulles, d’envolée du coût de l’emprunt et d’érosion du pouvoir d’achat, avertit le célèbre économiste Nouriel Roubini.

Alors que le CAC 40 et le Dow Jones se sont envolés ces derniers mois, la Bourse pourrait réserver de bien mauvaises surprises aux investisseurs en actions. C’est du moins l’avis du célèbre économiste Nouriel Roubini, professeur d'économie à la Stern School of Business de l'université de New York, qui s’est déjà illustré en ayant averti de la survenue de la crise des subprime. Surnommé Dr Doom (Docteur Catastrophe) pour ses prévisions souvent noires, Nouriel Roubini récidive, en estimant cette fois-ci dans Project Syndicate que “la mère de toutes les crises économiques se profile”.

Après des années de politiques monétaire, budgétaire et fiscale, et de crédit ultra-accommodantes, et alors que des niveaux de dette (publique et privée) faramineux ont été atteints, les pressions stagflationnistes (inflation forte et croissance économique molle, voire récession) à l’œuvre risquent fort de mener la planète au bord du précipice, et les autorités auront peu de leviers disponibles pour arranger la situation, juge l’économiste.

La dette totale (publique et privée) est passée de 200% du PIB en 1999 à 350% en 2021. Ce ratio est de 420% dans les économies avancées, 330% en Chine et 420% aux Etats-Unis - un niveau plus élevé que lors de la Grande Dépression des années 30 ou qu’après la Seconde Guerre mondiale ! Et une bonne partie de la dette est improductive, en n’étant destinée qu’à financer des dépenses de consommation au-dessus de ses moyens - “la recette de la faillite”, dénonce Nouriel Roubini. Par ailleurs, de nombreux ménages empruntent pour financer l’achat d’un bien immobilier artificiellement trop cher, de nombreuses entreprises le font dans des projets à la rentabilité hasardeuse, ou encore des gouvernements le font pour faire bâtir des méga-projets d’infrastructures pas forcément indispensables. L’envolée de la dette, qui dure depuis des décennies, est tout sauf soutenable, selon l’économiste.

Et l’inflation, attisée par la politique budgétaire, monétaire et de crédit ultra-accommodante, force la Fed et la BCE à remonter leurs taux directeurs de façon frénétique, mettant ainsi la pression sur les emprunteurs “zombies” insolvables, fait valoir Nouriel Roubini. Ces “zombies” doivent faire face à la fois à un coût d’emprunt plus élevé, à un “effet richesse” négatif (la chute des prix des actions, des obligations et des biens immobiliers les appauvrit) et à l’érosion de leur pouvoir d’achat (l’inflation progresse plus vite que les salaires).

Le spectre de la stagflation menace, à l’image des années 70. Mais c’est pire maintenant. En effet, à l’époque, les niveaux de dette étaient beaucoup moins élevés que ceux de 2022. La planète doit maintenant composer avec “les pires aspects des années 70” (les chocs stagflationnistes) et les “pires aspects de la crise financière mondiale”, résume Nouriel Roubini.

Or, si les autorités devaient venir à la rescousse, cela ne ferait qu’attiser un peu plus l’inflation, fait valoir l’économiste, qui s’attend ainsi à la fois à une profonde récession économique et une crise financière d’envergure, sur fond d’éclatement de bulles, d’envolée du coût de l’emprunt et de revenus nets d’inflation sous pression. “La mère de toutes les crises de la dette stagflationnistes” peut être “reportée mais pas évitée”, avertit enfin Nouriel Roubini.

 

 

https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-mere-de-toutes-les-crises-arrive-selon-roubini-la-bourse-va-vers-un-krach-inevitable-1454238

La BCE broie du noir

ÉDITO. Le dernier rapport de la Banque centrale européenne dresse un tableau apocalyptique de ce qui attend la zone euro

En parfaite harmonie avec l'hiver qui approche et les températures qui chutent, les dirigeants de la Banque centrale européenne tiennent des propos de plus en plus réfrigérants. Sa présidente, Christine Lagarde, estime non seulement qu'une récession dans la zone euro est désormais hautement probable, mais aussi que « l'expérience historique suggère qu'une récession a peu de chances de faire baisser l'inflation de manière significative ». Ce qui signifie en clair que de nouvelles hausses de ses taux directeurs sont à prévoir.

Dans le Financial Stability Review qu'elle vient de publier, la BCE va même un peu plus loin en matière de noirceur et de pessimisme en affirmant que « les risques pour la stabilité financière dans la zone euro ont augmenté sur fond d'envolée des prix de l'énergie, d'inflation élevée et de croissance économique faible » et que « l'ensemble de ces vulnérabilités pourraient se concrétiser simultanément et donc se renforcer les unes les autres ».

Les 128 pages de ce rapport semestriel dressent une liste longue et assez déprimante des risques financiers potentiels auxquels la zone euro se trouve aujourd'hui confrontée : faillites des entreprises les plus consommatrices d'énergie ; insolvabilité de nombreux ménages modestes touchés de plein fouet par l'inflation ; fragilisation du secteur bancaire en raison de la montée des créances douteuses ; vague de défiance des investisseurs à l'égard des États les plus endettés ; chute des marchés immobiliers du fait de la hausse des taux d'intérêt ; violente correction sur des marchés boursiers sous-estimant les conséquences d'une récession, etc. Difficile de faire plus sombre.

Ce message ouvertement et délibérément anxiogène a tout de même de quoi surprendre de la part d'une BCE dont la communication est supposée rassurer les entreprises, les ménages et les investisseurs, pas les inquiéter et leur faire peur. Et censée inspirer confiance dans la solidité et la stabilité de l'euro en rappelant que sa politique monétaire veille à garantir l'ordre économique et financier. Au lieu de cela, la BCE préfère jouer les Cassandre en prédisant des malheurs de toutes sortes.

Prophétie autoréalisatrice

Ce discours alarmiste se comprend sans doute mieux lorsqu'on sait que l'optimisme dont la BCE avait fait preuve tout au long de l'année 2021 à propos de la montée des tensions inflationnistes jugées transitoires et bénignes a été cruellement démenti par les faits. Elle préfère désormais se couvrir en pronostiquant le pire, quitte à exagérer les risques et à surfaire les dangers. Quitte à, malheureusement aussi, plomber définitivement le moral de tous les agents économiques et à favoriser ainsi, dans une sorte de prophétie autoréalisatrice, la survenue d'une récession.

C'est également une façon pour la BCE de faire oublier ses propres responsabilités dans le désordre actuel. De faire oublier qu'elle a, en comparaison de la Réserve fédérale américaine, procrastiné et beaucoup trop tardé à agir contre l'inflation. Ou encore que sa politique de taux zéro a largement contribué à la flambée du marché de l'immobilier dans la zone euro (+ 10 % en 2021) dont elle dit maintenant redouter, de façon tout de même un peu culottée et hypocrite, qu'il se retourne brutalement en provoquant des catastrophes. Enfin, de faire oublier qu'en faisant fonctionner à plein régime la planche à billets pour financer les déficits des États creusés par les crises sanitaire et énergétique, elle a aussi activement contribué à la situation de surendettement dans laquelle se retrouvent de nombreux États européens et qui semble tellement l'inquiéter.

Il ne reste plus à souhaiter que la BCE se trompe autant aujourd'hui qu'elle s'était trompée hier, qu'elle surestime les risques de récession et de crise financière de la même façon qu'elle avait sous-estimé les menaces inflationnistes. Ce serait, certes, une mauvaise nouvelle supplémentaire pour sa crédibilité, mais une très bonne nouvelle pour tous les citoyens européens.

 
Le plus grand hedge fund au monde parie sur un scénario noir pour l'économie

"Nous sommes à l'approche d'un ralentissement" de l'économie, estime l'un des responsables de Bridgewater.

Après le sombre avertissement du patron de la banque américaine J.P. Morgan sur un prochain "ouragan économique", voici celui de Bridgewater, le plus grand hedge fund au monde, qui estime que la combinaison noire d'inflation élevée et de croissance faible (qu'on appelle "stagflation") va s'abattre durablement sur l'économie mondiale. Le fonds spéculatif invite donc à la prudence, en privilégiant des investissements qui présentent un risque peu élevé, relate Les Echos le jeudi 9 juin. La société a par exemple revendu toutes ses actions Tesla, dont la valeur boursière a chuté en 2022. "Nous sommes à l'approche d'un ralentissement", "dans un monde radicalement différent", a déclaré Greg Jensen, l'un des responsables des investissements de Bridgewater, au Financial Times le mercredi 8 juin.

Concrètement, le fonds spéculatif parie sur un ralentissement imminent de la croissance mondiale, qui aura un impact significatif sur les entreprises européennes et américaines. C'est pour cette raison que Bridgewater a constitué une position courte sur les obligations d'entreprises et d'États. En d'autres termes, il parie sur la chute de ces obligations.

Une inflation beaucoup plus tenace que prévu, estime Greg Jensen

Greg Jensen a également expliqué au journal britannique que l'inflation serait beaucoup plus tenace que ne le prévoient les économistes et le marché, ce qui pourrait pousser la banque centrale américaine (la Fed) à relever les taux d'intérêt plus haut que ce qui est attendu. Or, si la Fed est déterminée à ramener l'inflation à son objectif de 2 %, "ils pourraient resserrer les taux d'une manière très forte, ce qui ferait craquer l'économie et probablement les [entreprises] les plus faibles de l'économie", a-t-il expliqué à nos confrères.

Bridgewater, qui gérait 151 milliards de dollars d'actifs au début de l'année 2022, est connu pour son approche macroéconomique globale, selon laquelle la société cherche à réaliser des bénéfices en faisant des paris sur les grandes tendances économiques. Un pari souvent gagnant puisque son fonds d'investissement phare Pure Alpha est en hausse de 26,2 % cette année jusqu'à la fin du mois de mai, contre une baisse de 13,3 % pour l'indice de référence S&P 500 sur cette période, relate le Financial Times.

 

Sur quoi faut-il alors miser ? Greg Jensen a expliqué que l'environnement de stagflation étant voué à durer, il privilégierait les matières premières et les obligations indexées sur l'inflation, deux classes d'actifs qui engrangeraient, selon lui, des bénéfices dans un tel contexte.

 

https://www.capital.fr/economie-politique/le-plus-grand-hedge-fund-au-monde-parie-sur-un-scenario-noir-pour-leconomie-1438667

Le spectre du krach

À peine remise du choc du Covid, l’économie mondiale subit de plein fouet l’inflation et la remontée des taux. Faut-il craindre le pire ?

Sur les marchés financiers, l’euphorie fait place à une inquiétude de plus en plus vive. La sévère correction menace de se transformer en krach. L’indice S & P 500 a perdu 18 % depuis le début de l’année et le Nasdaq, plus de 28 %. Partie de la technologie, la chute des cours s’étend progressivement à tous les secteurs d’activité, à commencer par la distribution, touchée de plein fouet par l’envolée des prix.

Le krach est déjà effectif pour les cryptomonnaies, dont la valorisation a chuté de quelque 370 milliards de dollars – dont plus de 40 milliards pour la seule Luna en trois jours –, comme pour les NFT et les actifs achetés dans le métavers. Il touche également l'immobilier en Chine, qui représente 30 % du PIB. Les faillites de promoteurs et les défauts sur les prêts se multiplient. La dette immobilière de 4 700 milliards de dollars est insoutenable, alors qu'un logement sur cinq est vacant et que les ménages cherchent à fuir les villes en raison des confinements. Le basculement brutal de l'espoir d'une forte reprise portée par la sortie de la pandémie à la peur d'un krach financier résulte de trois changements.

La probabilité d'une récession devient de plus en plus forte, au croisement de la chute de l'activité et du chaos résultant, d'un côté, des confinements en Chine au nom de la stratégie du zéro Covid, de l'autre, des pénuries et de l'envol du prix de l'énergie, des matières premières et des denrées agricoles provoqués par la guerre en Ukraine. Le double choc négatif sur l'offre, avec les ruptures d'approvisionnement et les hausses de coûts, et sur la demande, minée par la diminution du pouvoir d'achat, débouche en effet sur une baisse synchronisée de l'activité en Chine, aux États-Unis, en Europe et dans les grands pays émergents.

Pas d'atterrissage en douceur

La prise de conscience s'impose de ce que l'inflation n'est pas provisoire mais s'installe durablement. Elle ne constitue pas une parenthèse mais ouvre une nouvelle ère. Sous la disruption des marchés de l'énergie et de l'alimentation liée à l'invasion de l'Ukraine pointent des mutations fondamentales. Le marché du travail connaît un déficit de compétences et une montée des revendications salariales. La fragmentation de la mondialisation et le retour en force des contraintes de sécurité et de souveraineté annihilent le principal facteur de baisse des prix depuis le début du XXIe siècle. Or le consommateur ne pourra supporter seul les hausses dont une partie devra être prise en charge par les entreprises, ce qui implique une chute de leurs profits.

Enfin, la flambée d'inflation ne se corrigera pas d'elle-même mais devra être éradiquée par des politiques restrictives. Dopés par les flux de liquidités déversées pour faire face au krach de 2008 puis à l'épidémie de Covid, les marchés ont voulu croire que les banques centrales continueraient à donner la priorité au soutien de l'activité pour éviter une récession et privilégieraient des thérapies douces. Mais l'ampleur du choc inflationniste a tout changé. Le risque d'une stagflation comparable à celle des années 1970 les contraint à revenir à leur mission première, qui consiste à garantir la stabilité de la monnaie en enclenchant une remontée significative de leurs taux directeurs, à l'image de la Fed, qui les a relevés d'un demi-point le 4 mai. Compte tenu du surendettement public et privé, la fin de l'argent facile laisse peu de place pour un atterrissage en douceur et risque fort de se transformer en violent ajustement.

Le capitalisme a connu deux krachs financiers depuis le début du XXIe siècle. Le premier, en 2000, résulta de l'éclatement de la bulle spéculative sur les valeurs technologiques, amplifié par les dysfonctionnements de l'information financière mis en lumière par le scandale Enron. En 2008, le déchaînement de la spéculation immobilière, le surendettement hypothécaire, les excès de la dérégulation financière puis la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre, déclenchèrent le plus violent effondrement du crédit depuis 1929. Il ne fut endigué que par le lancement d'un plan de relance keynésien à l'échelle de la planète.

Détonateur

Force est de constater que la plupart de ces facteurs se trouvent aujourd'hui réunis, avec le cumul des immenses liquidités déversées par les banques centrales durant l'épidémie de Covid, de la multiplication des bulles spéculatives, de la généralisation du surendettement, de l'absence de régulation des actifs crypto. Ne manque que le défaut d'un acteur important sous la pression de la montée des taux pour servir de détonateur à un krach.

Les banques centrales, auxquelles les gouvernements ont délégué depuis 2008 l'essentiel de la politique économique, ne disposent plus de marges de manœuvre face au retour en force de l'inflation. C'est aux gouvernements de prendre leurs responsabilités pour prévenir un nouveau choc en traitant les problèmes structurels de l'économie, qu'il s'agisse des contraintes qui brident l'offre, de la reprise du contrôle des finances publiques, de la lutte contre les inégalités, de la transition écologique ou de la régulation du capitalisme. Mais, pris en étau entre la crise intérieure des démocraties et leur déni du réel, en ont-ils encore la volonté et la capacité ?

Par

 «Le krach qui vient»

 

 La croissance mondiale ralentit très fortement. La progression du commerce international a chuté. L’économie mondiale se trouve à un point de bascule.

Les orages n’éclatent pas seulement dans les ciels bleus mais aussi dans les horizons chargés. Les krachs ont en commun de naître de l’augmentation incontrôlée et de la gratuité des moyens de paiement qui favorisent le gonflement de bulles spéculatives. Ils éclatent quand les profits gonflés par l’euphorie diminuent et ne permettent plus de rembourser les dettes accumulées. L’économie mondiale se trouve précisément à ce point de bascule.

La croissance mondiale ralentit très fortement, revenue à 2,9 %, soit son plus faible niveau depuis dix ans. La progression du commerce international a chuté de 4,6 % à 1,2 % en deux ans sous l’effet de la généralisation des mesures protectionnistes. L’industrie, qui avait été au cœur de la mondialisation et des «quarante glorieuses» chinoises, se trouve frappée de plein fouet par la guerre commerciale et technologique, expliquant la chute de l’activité en Chine, en Allemagne, qui s’apprête à entrer en récession, ou en Corée du Sud.

Au total, les dettes publiques et privées culminent à 250.000 milliards de dollars, soit 320 % du PIB mondial, entraînant une floraison de bulles spéculatives de l’immobilier au private equity en passant par le marché de l’art. Sous l’apparence de liquidités illimitées et de records boursiers pointent deux réalités. D’un côté, les introductions en Bourse sont à l’arrêt et les opérations de fusion-acquisition en recul de plus de 12 % depuis le début de l’année. De l’autre, le secteur financier, pris en tenaille entre les taux négatifs et les fintechs, prend des risques déraisonnables en termes de prêts à des entreprises et des ménages de plus en plus fragiles pour entretenir l’activité et en termes de placements dans des actifs de plus en plus illiquides et risqués pour générer de la rentabilité. Ceci est tout particulièrement vrai en Europe où une partie du secteur bancaire n’a pas été restructurée, notamment en Allemagne, et où les activités les plus rentables sont monopolisées par les institutions américaines.

La crise de crédit est ouverte

La bulle sur les actifs technologiques montre des signes d’éclatement. En 2018, plus de 134 milliards de dollars ont été investis dans les start-up aux États-Unis, dont une partie ne capitalise que des promesses de pertes. L’annulation de l’introduction en Bourse de WeWork venant après les échecs d’Uber, de Lyft, Slack ou Peloton, marque le retour des investisseurs à la raison. Mais ce changement pourrait être fatal à des entreprises comme SoftBank, dont le fonds Vision Fund a investi 97 milliards de dollars, levés au Moyen-Orient et en Asie, dans des entreprises technologiques dont bon nombre ne présentent aucun espoir de rentabilité.

Au plan structurel, les bouleversements provoqués par la révolution numérique et l’indispensable transition écologique

La crise de crédit est désormais ouverte pour les États et les entreprises les plus vulnérables. En témoignent l’Argentine, au bord d’un neuvième défaut en dépit d’une aide sans précédent de 57 milliards du FMI en 2018, la situation critique de la Turquie et de l’Afrique du Sud. Simultanément se multiplient les faillites d’entreprises zombies fondées sur des empilements de crédits et de dettes, à l’image de Thomas Cook ou des compagnies aériennes Aigle Azur et XL Airways.

Ces alertes ont pour toile de fond trois évolutions. Au plan conjoncturel, l’épuisement du cycle d’expansion qui a débuté en 2009 aux États-Unis et les désordres croissants provoqués par une politique monétaire ultra-expansionniste: le jugement de Maurice Allais est pleinement confirmé qui soulignait, lors de la crise asiatique de 1997, que «le mécanisme actuel de la création de monnaie par le crédit est certainement le cancer qui ronge les économies de marché». Au plan structurel, les bouleversements provoqués par la révolution numérique et l’indispensable transition écologique. Au plan géopolitique, la remontée en flèche des risques, sous l’effet de la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Chine, de l’ascension des violences à Hongkong, de la montée des tensions dans le Golfe et du chaos créé par le Brexit, qui confortent la volatilité des marchés.

Les autorités politiques, qui se sont entièrement reposées sur les banques centrales pour piloter la sortie du krach de 2008, doivent désormais ouvrir les yeux sur les risques d’un nouveau choc financier. Sa violence sera en effet démultipliée par l’augmentation du stock des dettes et sa gestion rendue beaucoup plus difficile par la démondialisation impulsée par Donald Trump.

Les priorités sont claires. Se préparer à activer tous les leviers de la politique économique, y compris l’arme budgétaire pour les pays qui, comme l’Allemagne et l’Europe du Nord, en ont les moyens. Mettre fin à la zizanie mortifère au sein de la BCE et renforcer la zone euro par la réalisation de l’union bancaire et des marchés de capitaux. Réintégrer la finance de l’ombre et les fintechs dans la supervision des risques systémiques. Améliorer le filet de sécurité européen et mondial pour abonder la liquidité internationale en cas de choc. Et, enfin, préserver le système multilatéral et la possibilité de stratégies concertées pour éviter un effondrement des échanges et des paiements mondiaux.

 

Nicolas Baverez
Mis à jour le 06/10/2019

Nicolas Baverez:« La folie de l’argent gratuit »

 

 

 

L’expansion monétaire incontrôlée qui se répand dans le monde est dangereuse et irresponsable.

 

De la spéculation sur les tulipes à Amsterdam au XVIIe siècle aux krachs de 1929 et 2008 en passant par la banqueroute de Law en 1720, les bulles autour des actions des chemins de fer au XIXe siècle, de l’automobile au XXe siècle, du numérique au XXIe siècle, tous les grands chocs du capitalisme ont pour point commun l’augmentation incontrôlée et la gratuité des moyens de paiement. Tous sont nés des mêmes illusions mêlant la foi dans une prospérité illimitée, la fascination pour les fortunes rapides, l’émancipation des contraintes d’équilibre financier, monétaire ou budgétaire au nom d’un mode de croissance, d’une révolution technologique ou d’une configuration géopolitique présumés inédits et différents.

Onze ans après le pire krach du capitalisme depuis 1929, la politique monétaire n’a jamais été aussi expansive.

 

Sous la pression des autorités politiques qui remettent de plus en plus en cause le principe de leur indépendance, les banques centrales arbitrent en faveur du soutien à tout prix de l’activité. Aux États-Unis, la Fed a interrompu la réduction de la taille de son bilan, qui atteint 3 800 milliards de dollars, et baissé ses taux de 0,25 % pour la première fois depuis 2008. En Europe, la BCE, sous l’impulsion de Mario Draghi, prépare le lancement d’un nouveau programme de rachat d’actifs et une baisse des taux, déjà à un plancher historique (- 0,40 %). Dix banques centrales ont baissé leurs taux au deuxième trimestre 2019 et huit en juillet. Depuis 2014, les taux d’intérêt négatifs se sont ainsi généralisés au Japon puis en Europe.

 

Le premier effet de la diminution des taux consiste à lever toute contrainte sur l’endettement des États. L’expansion monétaire va donc de pair avec des relances budgétaires, à l’image des États-Unis, où le déficit public atteindra 1 000 milliards de dollars en 2020, soit 5,5 % du PIB, au moment où le taux de chômage (3,7 %) est au plus bas depuis 1969. La frénésie de l’emprunt s’étend désormais aux ménages, notamment pour financer leurs investissements immobiliers, et aux entreprises, notamment dans les secteurs d’activité les plus exposés à la révolution numérique ainsi que dans les régions les plus fragiles comme l’Europe du Sud.

 

La pénalisation de l’épargne contribue à la déstabilisation des classes moyennes des pays développés et nourrit le populisme

 

L’expansion monétaire incontrôlée qui se répand dans le monde est dangereuse et irresponsable. Sur le plan économique, elle ne soutient que marginalement l’économie réelle car si les banques centrales savent émettre des moyens de paiement, elles ne peuvent en contrôler l’usage et l’affectation.

 

Les liquidités déversées, loin d’aller en priorité à la production et à l’investissement pour améliorer la croissance potentielle et la productivité, ont conforté les rentes, les entreprises en situation d’oligopole et les inégalités.

 

Sur le plan financier, les banques sont ruinées par les taux négatifs, ce qui se traduit par la montée de la « finance de l’ombre » avec un basculement des actifs vers le secteur financier non bancaire. Sur le plan politique, la pénalisation de l’épargne contribue à la déstabilisation des classes moyennes des pays développés et nourrit le populisme.

 

Surtout, l’argent facile et gratuit constitue une machine à distribuer du pouvoir d’achat fictif et à créer des bulles spéculatives qui se généralisent, de l’immobilier à l’art contemporain en passant par les dettes souveraines ou les actions et les obligations à haut rendement pour les entreprises. La récession n’est donc reportée qu’au prix de la préparation méthodique d’un nouveau krach qui entraînera l’effondrement de l’activité et de l’emploi, des prix et des revenus. Or l’accélération actuelle de l’expansion monétaire et budgétaire prive dans le même temps les autorités politiques et les banques centrales de toute capacité de réaction. Par ailleurs, le travail de sape poursuivi par Donald Trump contre les institutions multilatérales limite les possibilités de coopération internationale et de stratégies concertées qui jouèrent un rôle décisif pour endiguer les risques de déflation mondiale en 2008.

 

La monnaie demeure le plus puissant et le plus rapide des instruments de politique économique. Il est indispensable de l’activer en période de krach ou de déflation, mais non pas en période de plein-emploi pour conforter la surchauffe. Il est par ailleurs illusoire de se reposer sur elle pour reporter ou éluder les réformes structurelles nécessitées par le vieillissement démographique, la révolution numérique ou le changement climatique.

 

L’argent gratuit est une addiction économique qui ne peut connaître d’issue heureuse. Sa fin est connue : le krach, dont seul le moment reste incertain

 

L’argent gratuit est une addiction économique qui ne peut connaître d’issue heureuse. Sa fin est connue: le krach, dont seul le moment reste incertain. Son risque ultime n’est autre que l’effondrement de la monnaie, à l’image du Zimbabwe ou du Venezuela.

 

Face au net ralentissement de la croissance mondiale (3 %) et du commerce international (2,5 %), la priorité doit être donnée à la reconstitution des marges de manoeuvre budgétaires et monétaires, au renforcement de la zone euro par la réalisation de l’union bancaire et des marchés de capitaux, à l’amélioration du filet de sécurité mondial pour abonder la liquidité internationale en cas de choc (actuellement doté de 4 000 milliards de dollars), à la préservation du système multilatéral pour gérer les risques systémiques du capitalisme universel.

 

C’est à raison qu’Ernest Hemingway rappelait que «la première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et politiques ».

 

Nicolas Baverez Mis à jour le 05/08/2019

 

 

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Mensonge.

Le nuage s’est arrêté à la frontière, dormez tranquillement. Mensonge.

Les banques sont solides. Dormez braves gens. Mensonge.

Les exemples sont multiples. Les « fake news » les plus dangereuses sont en réalité les mensonges d’État, et ils sont nombreux. Trop nombreux.

Le coup de tonnerre vient du Financial Times, qui nous explique qu’ils ont délibérément menti sur la gravité de la situation.

Pendant qu’ils écrivaient que tout se passerait bien, les mêmes journalistes faisaient la queue dans leurs banques pour récupérer leur pognon avant que vous ne perdiez le vôtre…

Mais ce mensonge n’est pas grave, car comme le dit ce journaliste du Financial Times, « Le droit à la liberté d’expression ne nous donne pas le droit de crier au feu dans un cinéma bondé ; il y avait le risque d’un incendie, et nous aurions pu allumer l’étincelle en criant à ce sujet ».

Il n’y a pas de censure, il y a le principe de « responsabilité ».

Pour justifier que l’on ne parle pas d’un sujet, il y a ce principe bien pratique de « responsabilité ». Je suis responsable donc je me tais.

Mais responsable de quoi ?

Être responsable est une bonne chose, mais de quoi le système médiatique est-il responsable désormais ?

D’une chose simple.

De la stabilité du système en place.

Fallait-il avoir peur de dénoncer certains errements de ce système économique avant qu’il ne provoque un effondrement mondial avec son cortège de malheurs humains ? Facile d’invoquer la « responsabilité » à la fin quand on a été irresponsable tout au long de la montée d’un processus qui nous menait à une catastrophe prévisible.

La « responsabilité », le cache-sexe de l’irresponsabilité et de la complaisance.

L’affaire Benalla ne devrait pas avoir lieu si tout le système médiatique faisait son travail. Pourtant, il se contente de plaire et de cirer les pompes. Irresponsabilité.

Irresponsabilité du même système quand vous n’entendez personne critiquer ni mettre en garde (ou si peu) contre les politiques monétaires des banques centrales qui sont une fuite en avant particulièrement risquée.

Irresponsabilité toujours quand on voit chaque année la dette de la France grossir inexorablement nous menant à la faillite, et l’on sait quelles funestes conséquences attendent un pays en faillite. Là encore, silence coupable, et quand ceux qui savent iront chercher l’argent de leur contrat d’assurance vie, ils ne vous diront rien… par « responsabilité » pour ne pas… déclencher la panique, parce que vous comprenez, « Le droit à la liberté d’expression ne nous donne pas le droit de crier au feu dans un cinéma bondé ».

C’est beau de savoir se mentir à ce point-là pour encore mieux justifier les mensonges aux autres.

Le mieux c’est de ne pas être irresponsable en camouflant tant qu’il en est encore temps plutôt que d’attendre de devoir être « responsable » quand les conséquences de la vérité pourraient être désagréables. Ce type de problèmes et de dilemmes moraux ne devraient pas se produire.

Voilà ce que dit John Authers, Chief Markets Commentator et Associate Editor pour le Financial Times

« Il est temps d’admettre qu’un jour j’ai délibérément caché des informations importantes aux lecteurs. C’était il y a dix ans, la crise financière était à son comble, et je pense avoir fait ce qu’il fallait. Mais dix ans après la crise de 2008 (nos premières pages de la période sont sur ft.com/financialcrisisis), j’ai besoin d’en parler.

Le moment est arrivé le 17 septembre, deux jours après la faillite de Lehman. Ce mercredi a été – pour moi – le jour le plus effrayant de la crise, lorsque la finance mondiale s’est rapprochée le plus de la faillite totale. Mais je n’ai pas écrit autant dans le Financial Times.

Deux nouvelles cruciales avaient été diffusées mardi soir. Premièrement, AIG a reçu un renflouement de 8,5 milliards de dollars. Elle en avait besoin parce qu’elle devait payer des opérations de swaps sur défaillance qu’elle avait garanties. Sans ces garanties, les obligations figurant au bilan des banques et considérées comme sans risque seraient plutôt considérées comme sans valeur. Cela rendrait instantanément de nombreuses banques qui les détiennent techniquement insolvables. Un échec d’AIG, de l’avis de beaucoup, signifierait un effondrement instantané du système bancaire européen, qui détenait un crédit américain très dégradé.

Le fait que les États-Unis aient craché tant d’argent suggère que les garanties d’AIG ne sont pas dignes de confiance – alors quelle garantie pourrait être bonne pour un prêt ?

Entre-temps, le Reserve Fund, le plus important fonds commun de placement indépendant du marché monétaire américain, a annoncé une perte sur ses avoirs en obligations Lehman. Par conséquent, son prix serait inférieur à 1 $ l’action.

C’était terrifiant parce que les fonds du marché monétaire, qui détiennent des obligations à court terme, étaient considérés comme garantis. Aucun fonds du marché monétaire n’avait jamais « cassé le dollar » (ou n’était tombé en dessous d’un prix de 1 $).

Les fonds étaient des clients essentiels pour la dette à court terme. Sans eux, comment les banques ou les grandes entreprises pourraient-elles se financer elles-mêmes ? Les investisseurs se sont précipités pour retirer de l’argent des fonds monétaires, tandis que les gestionnaires des fonds ont abandonné les obligations de sociétés pour la sécurité des bons du Trésor.

C’était une course sur la banque. La solvabilité des plus grandes banques de Wall Street était en cause. Dans le chaos, le rendement des bons du Trésor est tombé à son plus bas niveau depuis Pearl Harbor. Les gens désespérés avaient besoin de sécurité ; les taux d’intérêt n’avaient pas d’importance.

Contrairement à ce qui s’était passé en 2007 sur Northern Rock au Royaume-Uni, rien de tout cela n’était visible. Il n’y a pas de file d’attente autour du pâté de maisons pour acheter des bons du Trésor. Mais les Wall Streeters, à qui j’ai parlé, pensaient que le système bancaire risquait d’échouer.

En fait, j’avais beaucoup d’argent liquide sur mon compte bancaire, à la Citibank. J’étais au-dessus de la limite couverte par l’assurance-dépôts américaine, donc si Citi faisait faillite, un événement autrefois inconcevable que je pouvais maintenant imaginer, je perdrais de l’argent pour de bon.

À l’heure du déjeuner, je me dirigeais vers Citi, prévoyant de retirer la moitié de mon argent et de le mettre sur un compte à la succursale Chase d’à côté. Cela doublerait l’argent que j’avais assuré.

Nous étions dans le centre de Manhattan, entourés de bureaux de banque d’investissement. Chez Citi, j’ai trouvé une longue file d’attente, tous des Wall Streeters bien habillés. Ils faisaient la même chose que moi. À côté, Chase était aussi plein de banquiers anxieux.

Elle m’a demandé si j’étais mariée et si j’avais des enfants. Puis elle a ouvert des comptes pour chacun de mes enfants et un compte joint avec ma femme. En quelques minutes, j’avais quadruplé ma couverture d’assurance-dépôts. J’étais maintenant exposé à l’Oncle Sam, pas à Citi. Avec un sourire, elle m’a dit qu’elle avait fait ça toute la matinée. Ni elle ni son amie à Chase n’avaient jamais eu de demandes pour faire cela jusqu’à cette semaine.

J’avais un peu de mal à respirer. Il y a eu une ruée vers les banques, dans le quartier financier de New York. Les gens qui paniquaient étaient les Wall Streeters qui comprenaient le mieux ce qui se passait.

Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’avoir un photographe pour prendre quelques photos des banquiers bien habillés qui faisaient la queue pour leur argent, et d’écrire une légende pour l’expliquer.

Nous n’avons pas fait cela. Une telle histoire en première page du FT aurait pu suffire à pousser le système à l’extrême. Nos lecteurs n’ont pas été avertis, et le système s’est mis à paniquer sans le produit final.

C’était la bonne décision ? Je pense que oui. Tous nos concurrents ont également évité les photos des succursales de la banque de Manhattan. Le droit à la liberté d’expression ne nous donne pas le droit de crier au feu dans un cinéma bondé ; il y avait le risque d’un incendie, et nous aurions pu allumer l’étincelle en criant à ce sujet… »

Mais ce n’est pas tout et sans doute pas le plus grave…

Le plus grave c’est qu’il recommence et conclut son article en vous disant de dormir… tranquille !

« Dix ans plus tard, les banques américaines sont pratiquement les seuls acteurs du monde financier à être nettement plus sûrs qu’auparavant. Elles ont accumulé du capital, et le risque d’un effondrement soudain est maintenant beaucoup plus lointain.

Le problème aujourd’hui, c’est que l’élimination de ce risque a entravé la réduction des autres risques.
Aujourd’hui, les risques résident dans le gonflement des prix des actifs, dans les investissements à effet de levier et dans les fonds de pension qui les détiennent.

La prochaine crise ne concernera pas les banques, mais les fonds de pension qui, en se dégonflant, laisseront une génération sans assez d’argent pour la retraite.

La mauvaise nouvelle, c’est qu’il s’agit d’une crise dont la solution peut toujours attendre un autre jour.
Les politiciens peuvent l’ignorer.

La bonne nouvelle : je n’ai pas besoin de me taire cette fois-ci. »

Traduction ?

Les banques ne sont pas plus sûres, la bulle des actifs est terrible et ce sont les banques qui financent ces actifs en « bulle », les fonds de retraite sont en faillite et les anciens n’auront plus de pension, les taux sont bas et, remontant, peuvent provoquer un krach d’anthologie… y compris la faillite d’États devenant insolvables, alors que le capital « accumulé » par ces banques est placé… en obligations d’États en faillite virtuelle.

C’est vrai, c’est sûr, cette fois, personne n’est obligé de se taire, raison pour laquelle, semble-t-il, tout le monde se précipite pour vous expliquer les véritables risques qui pèsent sur nos économies, sur votre épargne, et justement la guerre sans merci que livrent les banques centrales pour tenter d’éviter que le pire ne se produise.

 

Charles SANNAT  13 Sep 2018

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Source Financial Times via Silverdoctors ici

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P
Bonjour,<br /> Je ne savais pas que les banques pouvaient utiliser le dépôt des épargnants en cas de crise. C’est gentil d’avoir partagé cette information.<br /> A+
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