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Publié le par ottolilienthal

Abaya : le symbole de l’impérialisme islamique

CHRONIQUE. Les imposteurs à l’origine de l’islam n’ont fait que recouvrir une antique pratique sous un emballage divin avec comme ultime objectif l’asservissement de l’Occident

« Les femmes de l'Arabie, toutes païennes qu'elles sont, vous serviront de juges ; elles qui, non contentes de se voiler la tête, se couvrent aussi le visage tout entier, de sorte que, ne laissant d'ouverture que pour un œil, elles aiment mieux renoncer à la moitié de la lumière, que de prostituer leur visage tout entier », écrivait l'écrivain romain Tertullien au IIe siècle de notre ère.

Le voile n'est pas une invention de l'islam. Les imposteurs à l'origine de cette religion n'ont fait que recouvrir une antique pratique sous un emballage divin. L'injonction à la « pudeur féminine » a fini par être sanctifiée par les soi-disant enseignements d'un « Bédouin immoral » du VIIe siècle, pour reprendre la description d'Atatürk. Encore que les islamologues émettent de sérieux doutes sur la crédibilité historique des fables qui le concernent.

Le discours islamiste manie les catégories occidentales à la perfection

Il n'en demeure pas moins que le voile est devenu l'étendard d'une superstition si avilissante que même ses adeptes la fuient. Les flux migratoires parlent d'eux-mêmes. Il est plus courant de voir des musulmans se ruer vers l'Occident que des Européens se précipiter vers l'Orient musulman.

Il est d'ailleurs cocasse de voir tous ces disciples zélés de Mahomet préférer le Vieux Continent. Ils contreviennent à la vieille jurisprudence qui blâme les croyants qui séjournent chez les mécréants. « Un musulman n'a aucune excuse devant Dieu de séjourner dans une ville d'incroyants à moins qu'il ne soit de passage », grommelait dès le Moyen Âge le voyageur Ibn Jubair contre ses coreligionnaires qui migraient vers les régions tenues par les croisés.

Mais comment en vouloir à ces islamistes qui préfèrent les agréments de la civilisation européenne ? Leurs penseurs ne déplorent-ils pas depuis deux siècles la déliquescence de leurs sociétés comparées à l'Occident ? Ce déséquilibre n'a pas attendu la colonisation pour être relevé. Lui attribuer cette dissonance revient à inverser les causes et les effets en oubliant que l'islam a bien plus empiété sur l'Europe que l'inverse.

La situation déplorable du monde musulman n'interpelle pas ses émissaires, pressés d'implanter en Europe les maux qui gangrènent les pays gouvernés par les normes islamiques. L'épidémie d'abayas qui affecte l'école n'est que le produit de cet impérialisme sectaire qui se déploie sans vergogne. Cette campagne d'intimidation n'est pas sans rappeler l'affaire du foulard de Creil qui défraya la chronique l'année même où Khomeini condamnait à mort Salman Rushdie. Aujourd'hui, les sectateurs de Mahomet exploitent la terreur qui a gagné l'école depuis l'assassinat de Samuel Paty en s'affichant à la mode de Daech, avant de jurer que leur habillement relève moins du cultuel que du culturel pour contourner la loi sur les signes religieux.

Les irréductibles apôtres de l'obscurantisme n'auront plus l'excuse de l'ignorance

Le discours islamiste manie les catégories occidentales à la perfection. Il s'engouffre dans une distinction que méprise la religion dont le nom désigne aussi la « civilisation » qu'elle a forgée. Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, tente de berner son auditoire et assure qu'il ne s'agit que d'une mode importée des pays du Golfe. Comme si les normes vestimentaires saoudiennes dérivaient du néant. Les éditorialistes et les ministres qui ergotent sur la nature profane ou religieuse de l'accoutrement tombent dans le piège. Les enturbannés ont, pendant ce temps-là, tout le loisir d'avancer leurs pions et d'imposer les symboles de leur secte dans la cité. Ils s'appuient sur une jeunesse musulmane que les sondages dépeignent comme plus complaisante que le reste de la population vis-à-vis des crimes perpétrés au nom de leur religion.

Les tergiversations sur l'abaya illustrent les difficultés que nos sociétés rencontrent pour lutter contre le mal qui les assaille. Le principe de tolérance qui les anime a été forgé quand les catholiques et les protestants s'entretuaient en défigurant le message dont ils se réclamaient. Les apôtres du pluralisme et de la liberté de conscience, comme Pierre Bayle, pouvaient alors brandir le message du Christ pour rappeler à l'ordre les fanatiques qui péchaient en son nom. L'exercice est plus ardu avec l'islam. Le philosophe Rémi Brague rappelle qu'on « peut aisément montrer que l'inquisiteur Torquemada a trahi l'Évangile, mais bien moins facilement que Daech trahit le Coran ».

Le philosophe autrichien Karl Popper craignait que les sociétés trop tolérantes vers les mouvements totalitaires s'autodétruisent. Les abayas n'ont pas plus leur place à l'école que les vêtements à l'effigie de Pol Pot. Mais les controverses relatives à ce bout de tissu se contentent de traiter les symptômes et non la maladie. C'est l'adhésion à une superstition despotique qui est en cause et que l'école devrait être la première à combattre en propageant cet esprit philosophique qui « adoucit les mœurs des hommes et qui prévient les accès du mal » pour reprendre les mots de Voltaire. Encore faut-il que les programmes scolaires se familiarisent avec la recherche historico-critique sur l'islam pour démonter la théologie musulmane au lieu de relayer ses fables sans recul. Les irréductibles apôtres de l'obscurantisme n'auront plus l'excuse de l'ignorance. S'ils tiennent à épouser les mœurs de Mahomet, la nation se fera une joie de leur offrir un aller simple pour Riyad ou Téhéran. Ils pourront échanger leur place avec les nombreux candidats qui préfèrent les lumières aux draps sombres.

Ferghane Azihari

 
L’islamisme est en perte de vitesse

Les talibans sont peut-être revenus en Afghanistan, mais on se tromperait en surestimant le pouvoir de l’islam politique dans le reste du monde musulman.

voici un peu plus d'un an, les talibans reprenaient le pouvoir en Afghanistan. Si l'événement a choqué, ce retour tient en réalité davantage de l'exception que de la règle : dans le monde musulman, on se détourne largement des islamistes, soit de ceux tirant leur légitimité de l'islam et préconisant que les États modernes soient gouvernés, tant sur le plan économique que judiciaire, selon ses préceptes religieux.

Dans de vastes pans du monde musulman, l'islamisme a longtemps été vu comme une force imparable, et ses partisans assimilés aux voix les plus organisées et influentes de l'opposition, dans des pays aux mains de laïques bien souvent corrompus et incompétents. Dans les États les plus autoritaires, les mosquées ont en effet été des espaces de respiration pour qui voulait exprimer son désenchantement face à l'état de la société. En outre, de nombreux groupes islamistes ont pu s'assurer d'un soutien populaire en comblant les lacunes d'États gravement défaillants, notamment en termes d'assistance sociale, de soins de santé ou d'éducation.

Le problème, c'est qu'une fois parvenus au pouvoir, les islamistes sont d'ordinaire incapables de tenir leurs promesses. Bien des gouvernements islamistes se sont révélés, au mieux, inaptes et déconnectés de la réalité (comme observé dans le monde arabe) et, au pire, économiquement désastreux (comme au Soudan). Dans des démocraties plus consolidées, à l'instar de la Malaisie, les mouvements islamistes sont fragilisés par des divisions internes et les excès d'ambition de leurs leaders. Les talibans sont peut-être revenus, mais on se tromperait en surestimant le pouvoir de l'islam politique dans le monde.

Mauvaise gouvernance des islamistes en Afrique du Nord

Le mal que les islamistes ont à améliorer les choses et à mettre en œuvre une bonne gouvernance s'est révélé au grand jour avec la chute du parti islamiste modéré Ennahdha en Tunisie, le 25 juillet 2021, quand le président tunisien Kaïs Saïed allait s'octroyer les pleins pouvoirs pour limoger son Premier ministre et dissoudre le Parlement (où Ennahdha était le parti majoritaire). Une déroute largement acclamée par les Tunisiens. La veille, des manifestations antigouvernementales avaient éclaté dans tout le pays pour exiger la dissolution du Parlement. À Kairouan et Sousse, les bureaux d'Ennahdha furent saccagés. À Tozeur, le siège du parti fut carrément incendié.

Amplement condamnée comme un coup d'État par quasiment tous les partis politiques et organisations de la société civile en Tunisie, la prise de pouvoir de Saïed n'en a pas moins été couronnée de succès tant elle a su exploiter la colère de la population face à la stagnation économique, la paralysie politique et l'inaptitude des gouvernants dans la crise du Covid-19. À l'heure du coup d'État et à ce stade de la pandémie, la Tunisie consignait le taux de mortalité par habitant le plus élevé d'Afrique, et seuls 8 % des Tunisiens avaient été vaccinés. Aucune aide du gouvernement n'avait été versée aux petites entreprises et l'activité économique avait dévissé, en particulier dans le secteur, si crucial, du tourisme – en 2019, il représentait 14 % du PIB tunisien. En novembre dernier, l'Institut tunisien des statistiques annonçait un taux de chômage atteignant 18,4 % pour le troisième trimestre 2021. Et, à tort ou à raison, beaucoup tinrent le parti Ennahdha pour responsable de cette situation.

À n'en pas douter, le naufrage d'Ennahdha est le résultat logique d'une crise d'identité couvant depuis dix ans au sein du parti, depuis la révolution de 2011 et la chute de Ben Ali. Au cœur de ce malaise, la difficulté d'Ennahdha à concilier, d'un côté, le rôle de l'islam comme fondement de sa légitimité politique et, de l'autre, sa faculté à tirer son épingle du jeu démocratique dans un système électoral multipartite et un pays largement laïque. En mai 2016, Ennahdha stoppait ses activités de prosélytisme pour se concentrer exclusivement sur la politique. Une gageure pour un parti qui, s'aliénant sa base conservatrice traditionnelle, allait avoir énormément de mal à séduire de nouveaux électeurs. Sans compter qu'Ennahdha n'a cessé de fâcher ses premiers partisans par son incapacité à produire des changements socio-économiques. D'où l'impression, largement partagée, de sa récupération par les élites laïques et prérévolutionnaires.

Au Maroc, dans le même temps, c'est un autre parti islamiste modéré, le Parti de la justice et du développement (PJD), qui se voyait écarté du pouvoir – ici, non pas par un coup d'État, mais par les urnes. Le 8 septembre 2021, les électeurs marocains infligeaient une défaite cuisante au PJD, en lui faisant perdre près de 90 % de ses sièges au Parlement. Comme l'a fait valoir le chercheur indépendant Abdul-Wahab Kayyali, ces résultats ont été d'autant plus marquants que, contrairement à la Tunisie, le Maroc avait relativement bien géré sa pandémie, avec un nombre raisonnable de cas et un déploiement satisfaisant du vaccin.

À l'instar de ses homologues tunisiens, c'est la perte de confiance de sa base électorale qui aura tué le PJD. Dans le système politique hybride du Maroc, la plupart des décisions d'importance sont prises en amont par le roi. Et Kayyali d'avancer que la récupération totale du parti par la monarchie marocaine a dégoûté son électorat. Un processus commencé en 2017, quand Mohammed VI décida de remplacer un Premier ministre populaire, Abdel-Ilah Benkirane, par Saad Dine El Otmani, ce qui généra de fortes divisions au sein du parti. Avant que le parti ne se rallie à des politiques en contradiction souvent flagrante avec ses principes conservateurs, notamment la libéralisation économique, la légalisation du cannabis et la normalisation des relations avec Israël – pour susciter autant la colère des électeurs religieux que des laïques.

L'islamisme au Soudan, un déclin en phase terminale

Plus au sud, c'est au Soudan que l'on constate la défaite la plus spectaculaire de tout projet d'islamisation à travers le monde musulman. En avril 2019, un soulèvement populaire pacifique signait la chute du dictateur militaire Omar el-Béchir, et avec lui, de trois décennies de règne autoritaire du Parti du Congrès national (NCP) islamiste.

En 2018, une flambée des prix du pain, causée par une réduction des subventions gouvernementales à la farine, déclenchait des manifestations massives – un mouvement traduisant, plus largement, des années de mauvaise gestion économique et de corruption du régime d'el-Béchir. À noter que l'écrasante majorité des protestataires avaient moins de 30 ans, ce qui montre que même ceux qui n'avaient connu que le régime islamiste rejetaient ses valeurs.

Les racines de l'islamisme soudanais contemporain sont à chercher en Égypte, dans une ramification des Frères musulmans. Au Soudan, la marche de la confrérie vers le pouvoir politique s'est faite en 1977, avec son ralliement au président de l'époque, Gaafar Nimeiry. De la sorte, les islamistes furent à même de pénétrer les institutions soudanaises et d'introduire la charia dans le système judiciaire. Nimeiry fut renversé en avril 1985, et la courte période de libéralisation politique qui s'ensuivit permit aux Frères musulmans du Front national islamique (l'ancêtre du NCP) de consolider leur position.

En juin 1989, un groupe d'officiers militaires d'obédience islamiste, sous la houlette du général de brigade Omar el-Béchir, renversait le gouvernement civil de l'époque et installait une junte militaire. Ayant soutenu el-Béchir, le FNI put exploiter ses gains de pouvoir pour intensifier l'islamisation du Soudan. La période allant de 1989 à 1996 marqua l'apogée du régime islamiste dans ce pays – qui appliquait une charia rigoriste et servait de base à des groupes radicaux du monde entier. Le plus célèbre, celui d'Oussama Ben Laden, s'y installa de 1991 à 1996. Mais la lune de miel entre el-Béchir et les islamistes s'avérera temporaire. En 1999, el-Béchir jetait en prison Hassan al-Tourabi, leader du NCP et principal idéologue du mouvement, provoquant un séisme au sein des islamistes.

Depuis, la situation économique du Soudan n'a cessé de se détériorer, et notamment après l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, qui allait soudainement priver le pays de la grande majorité de ses champs pétrolifères (et donc de près de 60 % de ses recettes fiscales). Entre autres facteurs, l'introduction de la charia a galvanisé la résistance armée du sud chrétien et animiste contre Khartoum. Ce qui aboutira au renversement d'el-Béchir en avril 2019. Son régime fut remplacé par un Conseil militaire de transition (CMT), qui finira par conclure un accord de partage du pouvoir avec l'alliance des Forces de la liberté et du changement (FFC), représentant les manifestants. Accord prévu pour rester en vigueur jusqu'aux élections générales de 2025.

La chute du régime d'el-Béchir a porté un coup fatal au pouvoir des islamistes. Le NCP a été interdit en novembre 2019 et ses lois répressives sur le comportement et l'habillement des femmes allaient vite être abrogées. En juillet 2020, des législations punissant l'apostasie, contraignant l'importation et la consommation d'alcool par des non-musulmans et autorisant la flagellation publique furent également révoquées. En outre, en octobre 2020, l'accord de paix de Juba réitérait l'engagement du gouvernement soudanais à mettre fin à la loi islamique.

S'il est possible, par le biais de l'armée, que les islamistes parviennent un jour à se réinsérer pleinement dans la politique soudanaise, leur pouvoir est aujourd'hui nettement affaibli. Après la rupture des relations entre el-Béchir et Al-Tourabi en 1997, le projet islamiste soudanais est entré dans « la phase terminale de son déclin », el-Béchir œuvrant alors pour un gouvernement plus pragmatique axé sur la survie de son régime. En définitive, en voulant transformer la société soudanaise selon les principes de la charia, les islamistes n'ont fait que déclencher des guerres à la périphérie du Soudan (dont une guerre génocidaire au Darfour et la sécession du Sud-Soudan), le tout accompagné d'une gestion économique désastreuse et d'une corruption record. Ce qui n'a cessé d'éroder leur légitimité aux yeux de la jeune population soudanaise.

 

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En Malaisie, des islamistes divisés

En Asie du Sud-Est, les islamistes rencontrent également des difficultés dans les démocraties musulmanes plus consolidées, à l'instar de la Malaisie. Dans ce pays, la marche de l'islamisation commencée dans les années 1970 se distingue des autres mouvements islamistes par son caractère ethno-nationaliste. De fait, l'islam politique y a été exploité par les dirigeants malaisiens pour renforcer les divisions sociales entre la majorité musulmane malaise, plus rurale, et la minorité chinoise, plus riche et plus urbaine, ainsi que pour maintenir la suprématie institutionnelle des Malais.

Mais la chose n'a jamais été viable sur le long terme. Lors de l'élection générale historique de mai 2018, la coalition sortante du Barisan Nasional menée par l'UMNO, un parti défendant explicitement la suprématie malaise-musulmane et aux rênes du pays depuis son indépendance en 1957, allait perdre face à la coalition multiraciale Pakatan Harapan, dirigée par l'ancien Premier ministre Mahathir Mohamad. Une défaite du BN en grande partie attribuée à un énorme scandale de corruption dans lequel était mouillé le Premier ministre de l'époque, Najib Razak.

Sauf que la coalition Pakatan Harapan n'a pas non plus fait long feu, en raison des querelles internes entre Mahathir et Anwar Ibrahim, son successeur supposé (et vieux rival). Les réformes majeures sont restées à l'état de promesse et l'emprise du fameux « Programme malais », visant la suprématie institutionnelle des Malais et de l'islam (au détriment des non-musulmans, dont les Chinois), s'est avérée difficile à surmonter. En mars 2020, le Pakatan Harapan était renversé par des députés frondeurs, qui allaient former une nouvelle coalition avec l'opposition (y compris l'UMNO), dans le but exclusif de servir les intérêts de la majorité des musulmans malais.

 

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Une nouvelle coalition qui s'est avérée encore plus éphémère que le Pakatan Harapan… Cette fois-ci, la chute est autant venue de luttes intestines entre factions (l'UMNO ayant notamment du mal avec son rôle de second couteau) que de l'action désastreuse du gouvernement face à la pandémie de Covid-19. En août 2021, la Malaisie surpassait l'Inde en termes de décès par habitant. Pour un pays où la race et la religion dominent le discours public, l'effondrement d'une coalition ostensiblement unie par les idéologies du suprémacisme malais et islamique démontre, à bien des égards, la vacuité du Programme malais et son inaptitude totale à se traduire en gouvernement fonctionnel. À l'évidence, la nature de plus en plus fracturée du système politique malaisien continuera à entraver le projet d'islamisation, du moins tant que les partis malaisiens seront incapables de coopérer réellement.

Ne surestimez pas le pouvoir des islamistes

Il ne faut pas en comprendre que l'islamisme aurait complètement disparu du monde musulman. Pas du tout. Dans de nombreux pays, les partis islamistes restent puissants, bien organisés et dotés de grandes capacités de mobilisation. À n'en pas douter, le conservatisme intrinsèque de nombreux pays musulmans poussera l'islam aux premières lignes de leur dynamique politique future. En outre, en Asie du Sud-Est, le phénomène d'islamisation s'est souvent plutôt fait au niveau institutionnel (comme dans le système scolaire) que via les succès électoraux des partis islamistes.

Reste qu'on se tromperait à exagérer le pouvoir des islamistes ou à appréhender l'islam politique comme une force imparable dans le monde musulman. En tant qu'idéologie, l'islamisme a tout d'un excellent vecteur de mobilisation populaire, mais qui ne se traduit pas nécessairement en bonne gouvernance. Au cours des dernières décennies, si les islamistes sont arrivés au pouvoir, c'est justement pour corriger les errements de dirigeants autoritaires laïques et en promettant de répondre, enfin, aux attentes matérielles de populations déçues depuis longtemps par ces hommes forts. Sauf qu'une fois en place, les islamistes n'ont pas tenu leurs promesses. Il se pourrait donc très bien que leur essor politique touche à sa fin.

Imran Said* pour Quillette** (traduction par Peggy Sastre)

 

*Imran Said est journaliste indépendant et vit actuellement à Kuala Lumpur, en Malaisie. Il travaille sur la sécurité internationale, l'histoire et la politique. Vous pouvez le suivre sur Twitter.

 
 

** Cet article est paru dans Quillette. Quillette est un journal australien en ligne qui promeut le libre-échange d'idées sur de nombreux sujets, même les plus polémiques. Cette jeune parution, devenue référence, cherche à raviver le débat intellectuel anglo-saxon en donnant une voix à des chercheurs et des penseurs qui peinent à se faire entendre. Quillette aborde des sujets aussi variés que la polarisation politique, la crise du libéralisme, le féminisme ou encore le racisme. Le Point publie chaque semaine la traduction d'un article paru dans Quillette.

 

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