Rétrofit...

Publié le par ottolilienthal

le gouvernement dévoile un plan d’action ambitieux pour électrifier les véhicules thermiques

Le rétrofit, une alternative à l’achat d’un véhicule électrique neuf ? Le gouvernement vient de dévoiler un plan d’action pour muscler la filière des kits de conversion électrique, qui reste très confidentielle dans le secteur automobile français.

Le rétrofit, un terme un brin abscons pour désigner le fait de remplacer le moteur thermique de son véhicule par un système de propulsion électrique. Si cette technologie reste extrêmement marginale sur les routes françaises, le gouvernement veut croire à son potentiel pour décarboner un parc automobile vieillissant. Mercredi 26 avril, l’exécutif a ainsi annoncé le lancement d’un “plan d’action national en faveur du rétrofit”. Une mesure qui concerne directement les automobilistes, puisqu'elle se traduira par le renforcement des subventions à l'achat. “Dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances 2024, le gouvernement souhaite encore renforcer les dispositifs de soutien et les primes à l’acquisition de véhicules rétrofités, pour toutes les catégories de véhicules”, indique le gouvernement dans un communiqué.

Pour l’instant, le montant des primes au rétrofit peut atteindre 6.000 euros pour une voiture particulière, et 10.000 euros pour un véhicule utilitaire léger. Les personnes qui habitent ou travaillent dans une zone à faibles émissions (ZFE) peuvent également recevoir une surprime allant de 1.000 à 3.000 euros. Il faut dire que l’installation des kits de conversion coûte entre 15.000 et 20.000 euros en moyenne. Un prix conséquent. Mais selon le gouvernement, il reste deux à trois moins élevé que celui d’un véhicule électrique neuf de même gamme. Et ces tarifs pourraient diminuer avec la popularisation du rétrofit.

Assouplissement réglementaire

L’État prévoit donc d’actionner un autre levier pour stimuler la filière : faire sauter les verrous réglementaires. Le gouvernement dit étudier des mesures “pour préciser et simplifier les possibilités de rétrofit”. Et il souhaite monter au créneau pour soutenir la définition d’un cadre européen pour ces kits de conversion électrique. Des initiatives qui semblent plutôt bien accueillies par les professionnels du secteur.

“C’est un plan qui met l’accent sur le concret. Cela va nous permettre de passer à la vitesse supérieure”, salue Antoine Desferet, cofondateur de Tolv, l’un des principaux acteurs du rétrofit en France avec R-Fit, Rev Mobilities ou encore Noil. Selon le dirigeant, l’assouplissement réglementaire devrait faciliter les homologations de kits de conversion. Et la mise en place d’un cadre européen devrait soutenir la croissance des jeunes entreprises du rétrofit. “Dès lors qu’on aura homologué un véhicule en France, on pourra le commercialiser plus facilement dans le reste de l’Europe”, souligne Antoine Desferet.

“Le rétrofit, ce n’est pas du bricolage”

Spécialisé dans le rétrofit des véhicules utilitaires, Tolv a livré une quinzaine de véhicules en début d’année 2023. “C’est un volume confidentiel mais cela montre que nous passons à l’action”, se défend Antoine Desferet. En 2024, l’entreprise vise 200 à 400 livraisons. Et en 2025, elle espère atteindre 2.000 à 3.000 unités.

Pour soutenir cette croissance, Tolv peut s’appuyer sur un partenariat avec Renault : les deux sociétés vont co-développer un kit de rétrofit pour le Renault Master qui sera assemblé dans l’usine du constructeur à Flins (Yvelines). Renault s’est également allié à R-Fit pour proposer des kits de conversion pour ses modèles iconiques : la 4L, la R5 et la Twingo.

Des initiatives qui renforcent la crédibilité de la technologie. “Le rétrofit, ce n’est pas du bricolage. Aujourd’hui, nous passons exactement les mêmes tests qu’un constructeur automobile. Nos batteries font les mêmes essais de compression, de surtension, de résistance aux températures et d’étanchéité”, développe Antoine Desferet.

Une faible autonomie pour les véhicules rétrofités

Un autre point risque toutefois d’effrayer les consommateurs : la faible autonomie des véhicules rétrofités. Les kits vendus par R-Fit permettent de rouler sur une distance de 80 à 90 kilomètres tandis que la solution de Tolv pour le Renault Trafic assure 123 kilomètres en cycle WLTP. Des performances qui souffrent de la comparaison avec les véhicules électriques neufs (autour des 500 kilomètres en moyenne).

Selon Tolv, ces caractéristiques justifient de développer le rétrofit en priorité sur le marché des vans et des fourgons. “Ce sont des véhicules qui interviennent au cœur des ZFE et qui ne font pas énormément de kilomètres. Ils sont utilisés par les livreurs, par les artisans et par les collectivités dans un périmètre connu. Donc selon nous, le rétrofit est très adapté aux usages des professionnels. Mais cela pourrait être adapté aux particuliers si on arrive à résoudre certains chantiers économiques”, conclut Antoine Desferet.

Le déploiement des ZFE dans les grandes villes européennes pourrait donc porter la filière du rétrofit. Le marché potentiel est vaste, même si les ventes de véhicules électriques explosent. Selon le gouvernement français, il restera 20 millions de véhicules émetteurs de CO2 en France en 2035. Soit la moitié du parc automobile.

 

https://www.capital.fr/auto/retrofit-le-gouvernement-devoile-un-plan-daction-ambitieux-1466906

"l'enjeu, c'est de pouvoir circuler dans les ZFE" avec son vieux véhicule
 

Deux ans après son homologation en France, la pratique du rétrofit commence à prendre forme. La demande est là même s’il reste quelques obstacles à surmonter. Entretien vidéo avec Arnaud Pigounides, le patron de Retrofuture.

Elle est comme neuve et peut rouler dans les grandes villes sans craindre les zones à faibles émissions (ZFE). Son secret ? Cette Peugeot 504 coupé a été rétrofitée. Son 4-cylindres essence a été remplacé par un moteur électrique, tandis que le réservoir et l’échappement ont été retirés pour permettre l’installation de batteries. “On a reproduit en électrique les mêmes caractéristiques du véhicule d’origine. C’est la même puissance et la même répartition des masses”, explique Arnaud Pigounides, le patron de Retrofuture, la société qui a transformé le véhicule. Coût de l’opération : 20.000 euros avant les aides qui peuvent atteindre jusqu’à 9.000 euros. “En comptant l’achat de la voiture, c’est le coût d’un véhicule électrique neuf et c’est fabriqué en France”.

Mais n’espérez pas pouvoir transformer la vôtre car ce véhicule n’a pas encore reçu le tampon de l’UTAC qui valide son homologation sur la route. “L’homologation d’un véhicule coûte très cher (1 million d’euros, ndlr) et prend beaucoup de temps. Il faut s’assurer d’homologuer les bons véhicules pour répondre à la demande puis travailler l’ingénierie et le développement”, précise Arnaud Pigounides qui vise une trentaine d’homologations de véhicules l’année prochaine pour l’ensemble de la filière.

Le patron de Retrofuture a entamé un tour de France pour promouvoir le rétrofit auprès des automobilistes et faire découvrir certains véhicules transformés en électrique. Parmi eux, la Peugeot 504 coupé, une Porsche mais également un bus et un véhicule utilitaire. Ce dernier n’est pas là par hasard. Avec le renforcement des zones à faibles émissions, de nombreux professionnels ne pourront plus circuler dans les grandes villes.

Il espère ainsi les convaincre de passer par la case rétrofit plutôt que de mettre leur véhicule à la casse le moment venu. “Sur les 41 millions de véhicules en France, 17 millions seront interdits de circuler à terme, ce serait une hérésie écologique de tous les jeter”, déclare le patron de Retrofuture.

Une demande très forte

Si l’offre est encore limitée à ce jour, la demande pour le rétrofit semble être au rendez-vous. “Il y a une demande très forte. Rien que sur mon site de véhicules anciens, j’ai plus de 300 demandes de devis”, relate Arnaud Pigounides qui ambitionne de transformer des milliers de véhicules dès 2023. Pour y parvenir, il est en train de nouer des partenariats avec des garagistes pour assurer la fabrication.

Il espère aussi avoir les moyens de créer une vraie industrie. “Nous avons besoin d’aides pour produire, avoir des prêts pour acheter moins cher, notamment les batteries”, explique Arnaud Pigounides qui n’aurait pas été contre un “plan rétrofit” similaire à celui mis en place par l’ancien gouvernement pour l’hydrogène.

Regardez l'interview complète d'Arnaud Pigounides dans la vidéo en tête d'article

https://www.capital.fr/auto/retrofit-lenjeu-cest-de-pouvoir-circuler-dans-les-zfe-avec-son-vieux-vehicule-1438769

La transformation d’une 2CV thermique en électrique coûte heureusement bien moins chère. La société 2CV Méhari Club Cassis vient d’obtenir la première homologation d’un véhicule depuis la légalisation du rétrofit en France, au printemps 2020. Elle va commercialiser son kit dès le 1er juin à environ 14.000 euros, voire moins de 10.000 euros si vous êtes éligible à la prime à la conversion

extrait de https://www.capital.fr/auto/des-radars-chers-a-entretenir-la-2cv-electrique-homologuee-le-jt-auto-1402535

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