expat blues
Le pays attire les Européens, fascinés par ce coin du bout du monde aux paysages grandioses. Mais la “Süddeutsche Zeitung” prévient : la Nouvelle-Zélande a bien des problèmes qu’on ne voit pas sur Instagram.
La Nouvelle-Zélande, connue pour ses paysages sublimes, qui constituent le décor de nombreux films, et son équipe de rugby, fait rêver les Occidentaux. La Süddeutsche Zeitung s’est penchée sur cette “fascination” entretenue pour “une île de bonheur dans le Pacifique sud, à 18 000 kilomètres et douze fuseaux horaires [de l’Europe]” et en conclut que “ce n’est qu’en y regardant de plus près qu’on se rend compte que la Nouvelle-Zélande est un paradis bien plus fragile qu’il n’y paraît”.
Pour découvrir le vrai visage du pays, le quotidien recommande à ses lecteurs de s’éloigner des lieux les plus connus et de s’aventurer hors des sentiers battus. Le district de Central Hawke’s Bay, dans le nord du pays, permet de se rendre compte à la fois des possibilités et des problèmes néo-zélandais.
Fracture sociale
Cette région agricole, où les jeunes Européens peuvent travailler dans une ferme contre le gîte, et où les retraités en croisière s’arrêtent dans la ville de Napier pour en admirer l’architecture Art Déco, est particulièrement touchée par la pauvreté, notamment dans les villes majoritairement maories, comme Flaxmere et Clive.
“Les gangs, qui gagnent de l’argent grâce au trafic de drogue principalement, règnent dans les rues, et leur nombre ne cesse d’augmenter”, explique le journal allemand, qui ajoute que “de nombreux quartiers des grandes villes présentent le même tableau ; à Auckland notamment, la fracture sociale est perceptible à chaque coin de rue”.
La société néo-zélandaise est très divisée sur la question de la restitution aux Maoris des terres qui leur ont été volées lors de la colonisation. L’immigration est un autre sujet de discorde, d’autant plus absurde que la Nouvelle-Zélande “recherche désespérément des travailleurs et dispose théoriquement d’espace pour les accueillir”, et que le vrai danger qui menace le pays est le dérèglement climatique, comme en atteste le cyclone Gabrielle, qui a ravagé certaines régions en février 2023.
La Süddeutsche Zeitung avertit donc ses lecteurs attirés par ce pays du bout du monde : “il ne faut pas se faire d’illusions” et ne pas se laisser duper par “la myriade de publications qui promettent, sur Instagram, l’utopie parfaite”.
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Le magazine allemand “Der Spiegel” a pu consulter la dernière étude de l’association InterNations. Les étrangers qui travaillent en Allemagne n’ont qu’un rêve : quitter un pays qu’ils jugent froid et discriminant. Explications.
Dédaigneux, racistes, condescendants, distants. Voici comment les travailleurs étrangers installés en Allemagne perçoivent les Allemands, selon la dernière enquête 2023 de l’association InterNations – qui regroupe 4,8 millions de membres dans le monde –, que Der Spiegel a pu consulter en avant-première. L’enquête est fondée sur les réponses de 979 expatriés, dont la moitié sont des femmes, d’une moyenne d’âge de 42 ans, très majoritairement titulaires d’un diplôme universitaire et installés dans 53 pays. En 2022, l’Allemagne arrivait en dernière position pour les catégories du logement, des infrastructures numériques, de la langue et de l’administration. En 2023, le bilan est le même.
Le magazine résume ainsi la situation : “Trois répondants sur dix ne se sentent pas chez eux ici et n’ont pas de réseau amical. Une personne sur deux dit qu’il est difficile de se faire des amis dans ce pays. Un sur trois est d’accord avec l’affirmation selon laquelle les Allemands sont hostiles aux concitoyens étrangers.” Désolant et inquiétant pour un pays qui a besoin d’attirer et de conserver 1,5 million de travailleurs qualifiés pour faire face à une pénurie aggravée par la démographie vieillissante du pays.
Un sondé de nationalité roumaine résume ainsi son problème avec l’Allemagne :
“Les gens ici sont trop froids pour moi, directs et antipathiques. En tant qu’étranger, je ne me suis jamais vraiment senti à l’aise ici. J’ai aussi remarqué un certain manque de flexibilité, de sensibilité interculturelle et de respect des autres cultures.”
Un autre, originaire du Népal, confie : “Les différences culturelles et la barrière de la langue ont eu des répercussions majeures sur ma vie sociale. Les habitants ont déjà leur propre cercle d’amis allemands et ne montrent aucun intérêt pour les amitiés internationales. Il y a aussi eu plusieurs incidents racistes ici, auxquels je ne m’attendais pas.”
Une autre enquête, menée par l’Institut de recherche économique appliquée de Tübingen, conclut également que la discrimination raciste est courante.
Raymund Guevara, 37 ans et originaire des Philippines, était infirmier dans un hôpital de Basse-Saxe pendant cinq ans. Il a finalement déménagé en Floride, où il a pu obtenir des aides pour acheter une maison. Même l’obtention de son permis de séjour et celle de son permis de conduire ont été plus faciles qu’en Allemagne, où il a lui aussi été confronté au racisme.
Selon Alexander Kritikos, chercheur à l’Institut allemand de recherche économique (DIW), à Berlin, “les cours de formation interculturelle, dans lesquels les anciens et les nouveaux employés sont sensibilisés aux différences, sont utiles”. Mais, comme le souligne le Spiegel, avoir un accompagnement au travail est nécessaire mais pas suffisant : il faut également être entouré dans sa vie privée afin de ne pas être complètement isolé.
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