dégel des glaciers et du permafrost...virus en éveil..

Publié le par ottolilienthal

Le méthane CH4 attire nettement moins d'attention politique, médiatique et scientifique que le CO2.

Pourtant, il serait responsable d'environ 30% du réchauffement climatique actuellement observé, part orientée à la hausse.

Depuis une décennie, les émissions de CO2 ont certes augmenté, mais décéléré. Pendant ce temps, les émissions de CH4 ont nettement augmenté. A titre d'illustration, les émissions de CO2 des Etats-Unis sont orientées à la baisse, celles de CH4 à la hausse (en grande partie en raison de la substitution du charbon par le gaz fossile pour la production d'électricité).
https://ourworldindata.org/co2/country/united-states…

Certes la durée de résidence du CH4 dans l'atmosphère est de l'ordre de 10-12 ans, alors que celle du CO2 se compte en siècles. Donc il "suffirait" d'arrêter d'en émettre pour avoir des résultats assez rapides, de l'ordre de plusieurs dixièmes de degrés, ce qui donnerait un peu de répit, le temps que la réduction des émissions de CO2 fasse à son tour son effet.

Ca c'est en théorie.

En attendant, la concentration atmosphérique de CH4 a explosé depuis 10 ans...
https://www.nature.com/articles/d41586-020-02116-8

... et les chercheurs disent ne pas trop savoir pourquoi (à titre de comparaison, les sources et les puits de CO2 sont relativement bien cernés).

C'est donc préoccupant, d'autant plus que les mauvaises surprises s'enchainent.

Traduction d'extraits de cet article, que je recommande de lire en entier :

De nombreux chercheurs ont d'abord supposé que l'augmentation du CH4 était liée à la production de combustibles fossiles. Le CH4 est le principal ingrédient du gaz naturel, mais il est également produit par d'autres activités humaines telles que les décharges, les rizières et l'élevage de bétail.

Or, il se passe quelque chose d'anormal et de significatif. Pour déterminer ce qu'est ce "quelque chose", il faut étudier de près le méthane émis par diverses sources - des zones humides et des lacs peu profonds des tropiques à la fonte du pergélisol dans l'Arctique, des décharges et de l'agriculture à l'industrie des combustibles fossiles - ainsi que les "puits" chimiques qui le retirent de l'atmosphère.

L'élucidation du mystère du CH4 permettra de savoir si le monde est confronté ou non au pire scénario d'une "bombe de méthane" - une boucle de rétroaction dans laquelle une planète plus chaude émet naturellement davantage de ce gaz, ce qui entraînerait une nouvelle hausse des températures.

Parmi de premiers éléments de réponse, certains chercheurs constatent depuis 2019 une énorme augmentation du méthane due aux émissions des zones humides. Lorsque les zones humides deviennent plus humides, cela entraîne une augmentation des émissions de CH4 car les microbes qui produisent du CH4 ont plus de matière organique dont ils peuvent se nourrir.

Les sources de CH4 peuvent être naturelles, mais le climat réchauffé par l'activité humaine peut alimenter ces émissions "naturelles". Le changement climatique devrait entraîner des précipitations plus intenses en Afrique de l'Est, et ces zones humides plus humides et plus chaudes produiront davantage de méthane. D'autres sources naturelles de méthane - la fonte du pergélisol et les incendies de forêt - sont également liées au changement climatique.

A propos de pergélisol (permafrost). Un grand nombre de lacs "thermokarstiques" se forment, à mesure que le pergélisol fond. Et les microbes qui produisent du CH4 prospèrent sur toute la matière organique nouvellement dégelée au fond de ces nouveaux lacs.

Dans l'intérieur de l'Alaska, des chercheurs constatent une augmentation de près de 40 % de la superficie des lacs depuis les années 1980, de nouveaux lacs thermokarstiques se formant. Ces lacs émettraient du méthane au moins 10 fois plus qu'un lac normal, ce sont des points chauds.

Les modèles climatiques actuels pourraient sous-estimer le CH4 libéré par ces lacs. Dans un article de recherche publié en 2018 dans Nature Communications, Katey Walter Anthony a calculé que le méthane pourrait devenir la source dominante du réchauffement atmosphérique dû aux gaz du pergélisol au cours du siècle, entre 2050 et 2070, si nos émissions de gaz à effet de serre continuent sur les tendances actuelles.

Si la Terre qui se réchauffe commence déjà à libérer davantage de CH4, ce cercle vicieux - dans lequel le réchauffement entraîne un réchauffement supplémentaire - pourrait s'auto-entretenir. Bien que ce "point de bascule" puisse encore se situer dans plusieurs décennies, une fois atteint, il serait très difficile de l'inverser.

En prévision de cette situation, certains groupes commencent à étudier l'élimination du méthane, c'est-à-dire la possibilité d'extraire le méthane directement de l'air. Bien qu'elles soient pour l'instant hypothétiques, ces idées consistent à augmenter la quantité de puits chimiques dans l'atmosphère, par exemple en ajoutant de minuscules particules d'oxyde de fer dans l'air. D'autres approches consistent à utiliser des bactéries mangeuses de méthane pour agir comme un "filtre" pour le méthane, comme dans les fermes laitières.

(publié par Cyrus Farhangi)

https://insideclimatenews.org/…/methane-surge-greenhouse-…/…

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/pfbid02MGDUYAmkWtPsj6MQqkT66CvZ3AoStz1LAsnsbjGBN3v2BqUSttAbUeWL52oBVZXWl

Le dégel du permafrost de l'Arctique joue un rôle plus important dans le changement climatique que ce qui avait été estimé

Le dégel brutal du permafrost va doubler les estimations précédentes des émissions potentielles de carbone dues au dégel du permafrost dans l'Arctique, et modifie déjà rapidement le paysage et l'écologie du nord circumpolaire, selon une nouvelle étude menée par le CU Boulder.

Le pergélisol, une couche perpétuellement gelée sous la couche superficielle du sol dégelée de façon saisonnière, affecte 18 millions de kilomètres carrés à des latitudes élevées, soit un quart de toutes les terres exposées de l'hémisphère nord. Selon les estimations actuelles, le pergélisol contient environ 1 500 pétagrammes de carbone, ce qui équivaut à 1,5 trillion de tonnes de carbone.

La nouvelle étude fait la distinction entre le dégel progressif du permafrost, qui affecte lentement le permafrost et ses réserves de carbone, et les types de dégel plus abrupts. Quelque 20 % de la région arctique présentent des conditions propices à un dégel brutal en raison de sa couche de permafrost riche en glace. Le permafrost qui dégèle brusquement est un grand émetteur de carbone, notamment de dioxyde de carbone et de méthane, qui est un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone. Cela signifie que même si, à un moment donné, moins de 5 % de la région du pergélisol arctique est susceptible de connaître un dégel brutal, leurs émissions seront égales à celles des zones connaissant un dégel progressif.

Ce dégel brutal est "rapide et dramatique, il affecte les paysages de manière sans précédent", a déclaré Merritt Turetsky, directeur de l'Institut de recherche arctique et alpine (INSTAAR) à CU Boulder et auteur principal de l'étude publiée aujourd'hui dans Nature Geoscience. "Les forêts peuvent devenir des lacs en un mois, des glissements de terrain se produisent sans avertissement, et des trous d'infiltration de méthane invisibles peuvent engloutir des motoneiges entières".

Un dégel brutal du pergélisol peut se produire de diverses manières, mais il représente toujours un changement écologique brutal et spectaculaire, a ajouté M. Turetsky.

"Des systèmes sur lesquels on pouvait marcher avec des chaussures de randonnée ordinaires et qui étaient suffisamment secs pour supporter la croissance des arbres lorsqu'ils étaient gelés peuvent dégeler, et maintenant tout d'un coup ces écosystèmes se transforment en un véritable chaos", a déclaré M. Turetsky.

(publié par J-Pierre Dieterlen)

 

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/10158983141262281

La plus grande réserve de mercure du monde se trouve sous le permafrost
 

Les sols gelés de l'hémisphère nord, également appelés permafrost, stockent deux fois plus de mercure que le reste des sols, de l'atmosphère et des océans de la planète, a découvert une équipe de chercheurs américains en janvier. Cette révélation soulève quelques inquiétudes: que se passera-t-il si le réchauffement climatique libère ce mercure emprisonné par le froid?

Les scientifiques ont pour cela mesuré les concentrations de mercure dans des carottes de sol gelé - également appelé pergélisol - en Alaska et ont utilisé les données pour estimer la quantité de mercure piégée dans le pergélisol de l'hémisphère nord depuis la dernière période glaciaire.

Ils ont découvert en début d'année que les régions de pergélisol de l'hémisphère nord contiennent 1.656 gigagrammes de mercure (121 millions de litres, soit assez pour remplir 50 piscines olympiques), ce qui en fait le plus grand réservoir connu de mercure sur la planète. Cette quantité est à peu près deux fois plus élevée que celle que l'on trouve dans les autres régions du monde, dans les océans et dans l'atmosphère réunis.

Une quantité impressionnante

Sur les 1.656 gigagrammes de mercure découverts, 863 gigagrammes (27 piscines olympiques) se trouvent dans la couche superficielle du sol qui gèle et dégèle chaque année et 793 gigagrammes sont gelés dans le pergélisol (23 piscines olympiques) ).

Cette quantité représente "10 fois les émissions totales de mercure humain au cours des 30 dernières années", déclare le scientifique Kevin Schaefer, coauteur de l'étude, dans le National Snow and Ice Data Center. "Cette découverte va changer la donne", ajoute Paul Schuster, hydrologue à l'US Geological Survey et co-auteur. "Ces résultats ont des implications profondes pour mieux comprendre le cycle mondial du mercure."

Réchauffement climatique

Le gros danger qui plane sur cette découverte est lié au réchauffement climatique. Avec la hausse des températures, une grande partie du sol gelé existant pourrait fondre, ce qui relancerait la décomposition de la matière organique et libérerait du mercure affectant les écosystèmes terrestres.

Le mercure ainsi libéré finirait par s'accumuler dans les chaînes alimentaires aquatiques et terrestres, ce qui aurait des conséquences neurologiques et reproductives néfastes sur les animaux. Et au final, sur les humains. Mais quelles que soient les prédictions, le processus semble inévitable.

"Les conséquences de ce rejet de mercure dans l'environnement sont potentiellement énormes parce que le mercure a des effets sur la santé des organismes et peut remonter la chaîne alimentaire, affectant négativement les communautés autochtones et autres", explique Steve Sebestyen, un hydrologue américain.

Les modèles climatiques prévoient une réduction de 30 à 90% du pergélisol d'ici 2100. La vraie question maintenant, c'est Schaefer qui la pose: "combien de mercure sera libéré avec le dégel du pergélisol, quand sera-t-il libéré, et où?"

 

La principale route de l’Alaska est en train de fondre

 

Une route stratégique reliant Dawson Creek au Canada à Fairbanks en Alaska subit des mouvements de terrain en raison du dégel. La faute au réchauffement climatique, selon les scientifiques.

 

 

“Sur certains segments de cette route longue de 1 387 miles [2 232 km], l’instabilité du sol est telle que l’asphalte est gondolé par endroits.” Voilà l’image que présente aujourd’hui l’une des plus importantes autoroutes de l’Alaska, explique Bloomberg.

 

 

Pourtant, à sa construction en 1942, la route était “une démonstration de l’ingéniosité américaine”, explique le site. Aujourd’hui, elle a un rôle clé dans l’infrastructure de la région, où elle fait office “d’artère principale qui relie ‘la Dernière Frontière’[surnom de l’Alaska] au Canada et au nord-ouest des Etats-Unis, amenant les touristes jusqu’aux bateaux de croisière en Alaska, acheminant des aliments, des provisions et des médicaments aux villes reculées, ainsi que l’équipement pour les champs de pétrole et les mines, qui sont le nerf de la guerre dans la région”.

 

Mais si cette route également prisée des voyageurs en quête d’aventures est dans ce piteux état, c’est la faute au réchauffement climatique, selon les scientifiques. Une couche de permafrost – une partie de terre ou de sédiments gelée en permanence – située en dessous de la route a commencé à fondre, explique Bloomberg. “La surface sombre de la route absorbe le soleil, tandis que la bande d’arrêt d’urgence où stagnent l’eau et la neige agit comme une couverture chaude.”

Résultat : les travaux de réparation par kilomètre et par an coûtent 30 000 dollars canadiens, soit plus de 20 000 euros. Et le problème est loin d’être un cas isolé, affirme le site. Des pistes de décollage, des bâtiments et des pipelines sont menacés par le dégel du permafrost, et ce problème existe aussi en dehors de l’Amérique du Nord.

L’Alaska, ou les contradictions d’Obama sur le climat

 

Jeff Currey, ingénieur en génie des matériaux du département des transports de la région nord de l’Alaska, explique qu’il s’agit du plus grand problème géotechnique de la région :

Nous empruntons toujours des routes que les Romains ont construites il y a 2000 ans, alors que nous avons bâti des routes qui ressembleront, sans entretien, à des montagnes russes dans une année ou deux, parce qu’elles ont été construites sur du permafrost instable au dégel.”

 

Source
Le dégel du permafrost pourrait accentuer le réchauffement climatique
 

CLIMAT - Les scénarios de réchauffement présentés au sommet de Doha ne prennent pas en compte cette menace...

C’est la menace sous la glace: la fonte du pergélisol (permafrost en anglais), ces sols gelés quasiment en permanence dans les régions arctiques d'Amérique du Nord et de Sibérie, pourrait accentuer le réchauffement climatique. Dans un rapport rendu public lors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique à Doha, le Programme de l'Onu pour l'environnement (PNUE) a alerté ce mardi sur la nécessité de prendre en compte ce facteur dans les projections de hausse de température d'ici 2100.

Un cercle vicieux de réchauffement

On estime que le pergélisol, qui couvre près d'un quart de l'hémisphère Nord, contient 1.700 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, soit le double de la quantité actuellement présente dans l'atmosphère. «Le pergélisol a commencé à fondre», a déclaré le responsable de cette étude, Kevin Schaefer, de l'Université du Colorado, lors d'une conférence de presse à Doha. Or cette fonte signifie que les projections des Nations unies sur la hausse des températures d'ici 2100 «pourraient être trop basses», a-t-il ajouté.

 

Dans un rapport publié la semaine dernière, le PNUE a estimé que le rythme de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre devrait entraîner une hausse des températures mondiales comprise entre 3° et 5° Celsius d'ici la fin du siècle. Les experts des Nations unies jugent qu'une hausse supérieure à 2° provoquera des bouleversements climatiques tels que sécheresses, inondations ou encore élévation du niveau de la mer, et que ces phénomènes provoqueront eux-mêmes des crises humanitaires et diplomatiques. Mais cela ne prend toutefois pas pleinement en compte les effets d'une fonte du pergélisol, souligne le PNUE, qui craint un cercle vicieux par lequel cette fonte aggraverait le réchauffement climatique qui alimenterait lui-même le dégel.

«Le pergélisol est l'une des clés pour l'avenir de la planète»

«Le pergélisol est l'une des clés pour l'avenir de la planète car il contient une quantité importante de matière organique gelée qui, une fois décongelée et libérée dans l'atmosphère, devrait amplifier le réchauffement actuel de la planète», prévient Achim Steiner, directeur exécutif du PNUE. «L'impact potentiel de la fonte du pergélisol sur le climat, les écosystèmes et les infrastructures a été négligé pendant trop longtemps», ajoute-t-il. Les négociateurs réunis à Doha «doivent prendre en compte ces émissions (liées à la fonte du pergélisol) ou nous risquons de pulvériser le seuil maximal de réchauffement de 2°», a dit Kevin Schaefer.

 

avec Reuters
 
http://www.20minutes.fr/article/1051594/degel-permafrost-pourrait-accentuer-rechauffement-climatique
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