Rome est éternelle
Voyagez des heures dans la Rome antique grâce à ces reconstitutions 3D à couper le souffle ! ...les universitaires normands s’emploient à mettre la réalité virtuelle au service de la science, en reconstituant notamment des pans entiers de la Rome antique en 3D.
Hannibal Barca, le général qui a inventé la stratégie militaire et qui a terrorisé Rome...Hannibal est l'un des généraux les plus connus de l'Antiquité. Il est surtout connu pour son exploit : avoir envahi le territoire romain en faisant passer son armée et ses éléphants à travers les Alpes. Sa carrière militaire a aussi eu un impact géopolitique sur toute la Méditerranée
En 146 av. J.-C. et après trois ans de siège, Rome s'apprête à faire enfin tomber sa vieille ennemie, Carthage, la capitale punique. Et cette fois, l'objectif est clair: il faut raser la cité. Mais pourquoi tant de haine?
C'est un de ces rituels vaguement magiques dont Rome a le secret, de ceux qu'on réserve aux grandes occasions. Au mois d'avril 146 avant notre ère, le général et consul Scipion Émilien procède sous les remparts de Carthage à une «evocatio», sorte d'appel aux dieux de l'ennemi.
Devant ses légions, le général romain en appelle à Tanit, la première des déesses carthaginoises, et jure de lui construire un temple et de lui offrir des sacrifices à Rome –pour peu qu'elle lâche une bonne fois les Carthaginois. Il faut croire que Tanit s'est laissée faiblir, parce que l'interminable guerre qui oppose les deux grandes puissances méditerranéennes arrive à son terme.
Pour savoir comment tout a commencé, il faut revenir au IXe siècle avant notre ère, lorsque des colons phéniciens s'installent sur les côtes d'Afrique du Nord, près de l'actuelle Tunis. Tournée vers le négoce, la cité prospère: en deux siècles, sa flotte commerciale devient la plus importante de Méditerranée.
Et comme il n'y a pas que le pognon dans la vie, Carthage en profite pour s'imposer sur l'ouest de la Sicile, la Corse, la Sardaigne et le sud de l'Espagne grâce à sa marine. Mais les meilleures choses ont une fin. Au IIIe siècle, l'ambiance se tend un poil, avec la montée en puissance d'un nouveau joueur en Méditerranée: Rome, qui commence à pousser ses pions sur l'échiquier géopolitique méditerranéen. Inévitable, l'affrontement se joue en trois actes
Le premier démarre en Sicile en 264 avant J.-C. lorsque Rome entre en scène en prétendant répondre à l'appel à l'aide de la cité de Messine. Habituée à combattre sur terre, la République subit quelques belles tatouilles sur mer, avant que la bataille des îles Egades la place finalement en position de force. Carthage doit accepter un traité humiliant: celui-ci la force à céder la Sicile aux Romains et à leur verser un tribut de guerre qui la laisse sur la paille.
Incapable de régler ses mercenaires, Carthage voit ces derniers se retourner contre elle... C'est le décor du Salammbô de Flaubert, c'est surtout la crise sur le gâteau: Rome en profite pour mettre la main sur la Sardaigne et la Corse.
La deuxième manche mène Rome au bord du gouffre lorsque le très doué et très revanchard Hannibal débarque en Espagne en 218, traverse les Pyrénées, la Gaule, le Rhône et les Alpes, puis fond sur l'Italie en taillant des croupières à des légions dépassées. Mais le général carthaginois s'enlise du côté de Capoue et Rome renverse la situation. En 202, la victoire de Zama signe la fin de la deuxième guerre punique. Désormais sans flotte militaire, Carthage se voit privée du droit de faire la guerre sans l'autorisation de Rome.
Pourtant, à Rome, certains sénateurs redoutent un retour de leur vieille ennemie, réputée sournoise –on parle de «punica fide», de foi punique, pour évoquer la déloyauté ou l'hypocrisie. Un orateur surtout exhorte ses collègues matin, midi et soir: Caton l'Ancien, qui termine tous ses discours par une même formule: «Delenda Carthago». Il faut détruire Carthage.
Alors âgé de 80 ans, ce vétéran de la deuxième guerre punique a quelques raisons de s'inquiéter. Au cours d'une visite en Afrique, il a été stupéfait de voir avec quelle rapidité Carthage s'était remise de sa deuxième défaite. En quelques décennies, la ville est redevenue une cité «riche de jeunes gens, débordant de richesses et pullulant d'armes».
La ville est tenue par des familles dont les ambitions inquiètent le vieil orateur, bien qu'elles restent imprécises. Pire, les mœurs des Carthaginois révulsent Caton, qui n'y voit que mollesse et dépravation –une menace à ses yeux pour les valeurs romaines.
En plein Sénat, Caton laisse échapper quelques figues gorgées de jus, comme tombées par mégarde des plis de sa toge. Lorsque ses collègues s'extasient, Caton jure qu'il les ramène de Carthage –et que si elles sont si appétissantes, c'est parce que l'ennemie jurée n'est qu'à trois jours de Rome. Caton a menti: la traversée prend au mieux six jours et il y a toutes les chances que les fameuses figues soient venues de ses propres plantations. Mais qu'importe: le souvenir d'Hannibal est ravivé. Dans le doute, il faut raser Carthage.
Encore faut-il un prétexte: officiellement, Rome ne s'engage jamais que dans des «guerres justes» –ce qui ne veut pas dire justifiées, d'ailleurs, mais conformes au droit et à la religion. Pour poutrer sa meilleure ennemie une bonne fois, Rome décide donc d'exploiter le contexte géopolitique africain. Carthage affronte alors le royaume de Numidie, un allié de Rome qui mord sur son arrière-pays.
Carthage, qui voit pointer un merdier classé 9 sur l'échelle de Richter, multiplie pourtant les démonstrations de bonne volonté. La ville accepte de livrer 500 otages triés sur le volet et abandonne l'essentiel de son armement en 149, au lendemain du débarquement des troupes romaines. Mais rien n'y fait, et la cité comprend un peu tard que Rome a déjà décidé de son sort: soit les Carthaginois abandonnent une ville et un port promis à la destruction pour s'installer à l'intérieur des terres, soit les légions lancent l'assaut.Pour les Carthaginois, l'idée d'être réduits à une sorte de colonie agricole est inacceptable. Abandonner une cité vieille de six siècles, c'est abandonner son identité même, ses dieux et ses temples. Un double blocus commence, sur terre et sur mer.
Mais si Carthage s'est montrée naïve, la République a sous-estimé la résistance inouïe que la cité lui oppose. Alors que les officiers romains s'attendent à une victoire rapide, Carthage assiégée résiste pendant... trois ans. Soudés, les 300.000 habitants se retranchent derrière leur triple ligne de remparts et entrent dans une logique de guerre totale.
Toute la ville participe à l'effort de guerre. On coupe les cheveux des femmes pour tisser des cordages, on abat les charpentes pour récupérer des poutres destinées aux chantiers navals, et on fabrique des armes, beaucoup d'armes. Au plus fort de l'effort de guerre, on estime que 300 épées, 500 lances, 140 boucliers et 1.000 projectiles de catapulte sortaient chaque jour des ateliers. «Libérés», les esclaves sont aussitôt enrôlés dans une armée montée dans l'urgence.
Exaspérée, Rome confie le commandement à un nouveau général, Scipion Émilien, dont le sens tactique change la donne. Après avoir nettoyé l'arrière-pays, il fait construire une digue qui lui permet de mieux contrôler le port, et érige une longue ligne de fortifications côté terre. Le dernier coup de dés des Carthaginois, qui finissent par percer les murailles de leur propre port pour se ravitailler par la mer, échoue.
Mais cette fois, Carthage étouffe. Et, en avril 146, Scipion juge que sa proie est mûre. Au lendemain de l'«evocatio», les légions lancent l'assaut contre le port de commerce, qu'Hasdrubal fait incendier pour freiner la percée romaine. Mais rien n'y fait: en taillant dans les rangs d'ennemis épuisés par la faim, les légionnaires prennent le port de guerre, puis la ville basse –et l'enfer commence.
Les soldats ne tardent pas à constater que malgré l'épuisement et la famine, la population est prête à tout. Le lacis des ruelles de la vieille ville favorise les défenseurs face à des assaillants qui découvrent à leurs dépens qu'on leur a un peu trop vendu l'idée d'une cité peuplée d'habitants amollis, paresseux et lâches.
Un déluge s'abat des toits sur les Romains, assommés par les pierres, les briques et les tuiles que leur lancent des femmes et des enfants désespérés. Les légionnaires doivent avancer maison par maison dans une ville où les pillages et les massacres succèdent aux viols et aux incendies. Partout, on égorge et on tue sans distinction, des vieillards aux nouveau-nés.
Ralentie, l'avancée romaine reste inexorable –il faut tout de même six jours et six nuits aux légions pour encercler la dernière citadelle: la colline de Byrsa. Les murailles tombent pourtant, sapées par les hommes du génie. Il ne reste bientôt plus que le saint des saints de la ville, le temple d'Echmoun, où quelques poignées d'hommes résistent encore.
Hasdrubal, alors, cède enfin et s'avance pour parlementer, acceptant de se rendre lorsqu'on lui promet la vie sauve. Suit un moment beau comme l'antique lorsque sa femme profite d'un moment de répit pour s'adresser à Scipion Émilien: «Je ne te souhaite, ô Romain, que toutes prospérités car tu ne fais qu'user des droits de la guerre. Mais je prie les dieux de Carthage et toi-même de punir comme il se doit Hasdrubal, qui a trahi sa patrie, ses dieux, sa femme et ses enfants.» Dans l'instant qui suit, l'épouse du dernier maître de Carthage se précipite avec ses enfants dans le brasier qui ravage le temple.
Maudite, la ville est vouée aux divinités souterraines et à Jupiter. Tandis que «Carthage entre dans la nuit», pour citer l'historien Serge Lancel, Rome crée une nouvelle province romaine, «Africa Pronsularis». Et règne seule ou presque sur la Méditerranée.
https://www.slate.fr/culture/histoires-sans-fin/carthage-incendie-scipion-emilien-rome-resistance
Les hommes pensent-ils tous à l'Empire romain plusieurs fois par semaine?
https://www.slate.fr/story/253236/hommes-pensent-empire-romain-plusieurs-fois-semaine
Les hommes pensent-ils tous à l'Empire romain plusieurs fois par semaine ? ..Passionné par les reconstitutions de scènes liées à la Rome antique, le Suédois Gaius Flavius –oui, c'est un pseudo– a récemment partagé sur Instagram une vidéo dans laquelle il s'adresse à ses abonnées en leur tenant ce discours: «Mesdames, vous ne réalisez pas à quel point les hommes pensent souvent à l'Empire romain.»
Le déclin économique de Rome...Un malaise économique s’est installé au cœur de l’Empire Romain. L’Italie, jadis berceau de la prospérité, est en perte de vitesse tandis que les provinces tirent leur épingle du jeu, signe d’un basculement majeur....Pendant cette période exceptionnelle à bien des égards, la situation économique de l’Empire reste satisfaisante, mais la prospérité se déplace de l’Italie vers les provinces.
Des pierres de baliste vieilles de 2000 ans, découvertes lors de fouilles archéologiques, ont été analysées par l’autorité des antiquités israélienne, révélant que les combats de l'époque de l'Empire romain étaient d'une intensité "impitoyable".
L’archéologue Kfir Arbiv mène des recherches sur la puissance de l’armée romaine à son apogée. Cette étude, faite par l’autorité des antiquités israélienne, a pour but de comprendre comment Jérusalem et le Second Temple ont été détruits lors d’une invasion. Selon les Israéliens, ce monument a été démoli en 70 après J.-C. "Les Romains disposaient d'une armée massive bien entraînée, équipée des meilleures innovations militaires de leur époque. C'était une machine de guerre impitoyable", explique Kfir Arbiv. Les Romains étaient même parvenus à fabriquer des balistes qu’ils arrivaient à propulser d’une distance allant de 100 à 400 mètres. Parmi les objets qui étaient lancés par les catapultes et les frondes, figuraient des épées, des pierres, des lances ou des flèches.
Les calculs balistiques révèlent leurs secrets
À partir des objets qui ont été retrouvés, les scientifiques ont pu effectuer des calculs balistiques qui permettent de voir le lieu du lancer et la cible visée. Kfir Arbiv décrit :
"Avec l'aide de l'ordinateur, j'ai localisé tous les balistes exactement là où elles ont été trouvées. J'ai pris en compte la topographie locale et l'emplacement des murs de fortification de la ville à l'époque du Second Temple, et j'ai effectué des calculs balistiques, notamment l'angle de lancement et la distance de projection des pierres. Toutes les données ont été comparées aux descriptions contemporaines détaillées de la bataille, de la conquête et de la destruction de Jérusalem faites par le célèbre historien juif Joseph dans son livre 'Histoire de la guerre des Juifs contre les Romains'."
Les balistes ont aidé les Romains à percer les lignes de défense
Cela lui a permis de savoir depuis quel endroit étaient lancées les pierres. Pour lui, beaucoup de machines étaient placées dans un lieu appelé la "place des chats" dans le quartier de Nahalat Hashiva. Ces munitions auraient aussi aidé les Romains à envahir la ville et à détruire les défenses des Israéliens. Bien qu’ayant résisté, le peuple hébreu n’a pu empêcher la destruction de Jérusalem.
https://actu.geo.fr/histoire/israel-realises-sur-un-champ-de-bataille-dil-y-a-2000-ans-des-calculs-balistiques-ont-revele-leurs-secrets-211257?utm_source=taboola&utm_medium=cpc&utm_campaign=pmo_geo_article_desktop_desktop_flux_cat_histoire&tblci=GiA8IYfEgcoRyZjcdXhgApbA-hA2nrtyyHcbVIgPZ0K8aSCJm1Ao66Xf-rXuwokS#tblciGiA8IYfEgcoRyZjcdXhgApbA-hA2nrtyyHcbVIgPZ0K8aSCJm1Ao66Xf-rXuwokS
Vercingétorix contre César : la propagande romaine de La Guerre des Gaules....La Guerre des Gaules n’est pas un livre d’histoire comme on l’entend aujourd’hui, mais d’abord une œuvre de propagande à la gloire de César....C’est un ouvrage biaisé dans lequel l’auteur n’hésite pas à travestir les faits.
ce que les toilettes et les égouts nous apprennent sur l'assainissement de la Rome antique
J'ai passé beaucoup de temps dans les égouts romains - suffisamment pour que mes amis me donnent le surnom de "reine des latrines". Les Étrusques ont posé les premiers égouts souterrains dans la ville de Rome vers 500 avant J.-C.. J.-C. Ces tunnels caverneux situés sous les rues de la ville étaient construits en pierres finement taillées, et les Romains ont été heureux de les utiliser lorsqu'ils ont pris le contrôle de la ville. Ces structures sont ensuite devenues la norme dans de nombreuses villes du monde romain.
En me concentrant sur la vie dans la Rome antique, à Pompéi, Herculanum et Ostie, je suis profondément impressionné par les brillants ingénieurs qui ont conçu ces merveilles souterraines et par la magnifique architecture qui masque leur objectif fonctionnel. Les galeries d'égouts ne passaient pas sous toutes les rues, ni ne desservaient tous les quartiers. Mais dans certaines villes, dont Rome elle-même, la longueur et la largeur de l'égout principal, le Cloaca Maxima, rivalisent avec l'étendue des principales canalisations d'égout de nombreuses villes d'aujourd'hui. Il ne faut cependant pas croire que les toilettes, les égouts et les systèmes d'eau romains ont été construits avec les mêmes objectifs sanitaires que ceux que nous avons aujourd'hui à l'esprit.
Les rues d'une ville romaine auraient été encombrées d'excréments, de vomissures, de pipi, de merde, d'ordures, d'eau sale, de légumes pourris, de peaux et de viscères d'animaux et d'autres déchets provenant des divers magasins qui bordaient les trottoirs. Nous, les modernes, considérons les égouts urbains comme le moyen d'éliminer ces saletés des rues - et bien sûr d'évacuer les déchets humains qui vont dans nos toilettes.
En faisant des recherches sur les infrastructures urbaines romaines pour mon nouveau livre The Archaeology of Sanitation in Roman Italy, je me suis demandé si les Romains partageaient la même vision. Les preuves archéologiques suggèrent que leurs réseaux d'égouts finement construits visaient davantage à drainer l'eau stagnante qu'à éliminer les débris sales. Et le sens de la propreté et de l'intimité des Romains en matière de salle de bains était très différent de notre tendre sensibilité moderne.
Le Cloaca Maxima de Rome ne faisait pas partie d'un plan directeur visant à assainir la ville. Son but était d'évacuer l'eau qui s'accumulait dans les rues inégales de la ville et de drainer l'eau des zones basses lorsque le Tibre adjacent était en crue, ce qui arrivait assez fréquemment. Sa fonction principale était le drainage - et ce qu'il drainait retournait directement dans la principale source d'eau potable de Rome avant les aqueducs, le Tibre.
Les égouts romains éloignaient les eaux sales des endroits où elles entravaient la propreté, la croissance économique, le développement urbain et même l'industrie. Mes travaux dans les égouts d'Herculanum et de Pompéi - tous deux ensevelis par le flux pyroclastique provoqué par l'éruption volcanique du Vésuve en 79 après J.-C. - m'ont amené à la même conclusion.
Au fond d'un égout situé sous une rue d'Herculanum, les premiers fouilleurs ont trouvé un ancien dépôt de boue durcie mesurant environ 1,35 mètre de haut. Aucune quantité d'eau, aussi rapide soit-elle, n'aurait pu l'éliminer. Plusieurs sources anciennes indiquent que les égouts romains devaient être nettoyés manuellement de temps en temps, un travail souvent effectué par des esclaves ou des prisonniers de la ville. Je dirais que ces systèmes d'égouts urbains n'offraient que des avantages sanitaires minimes dans l'ensemble.
Professor of Classical Studies, Brandeis University
Des chercheurs américains viennent de comprendre pourquoi le béton fabriqué par les Romains, était aussi solide.....Comment se fait-il que certains réseaux de routes, d'aqueducs, ou des bâtiments construits en béton il y a 2 000 ans tiennent encore debout ? Et ça, alors que d'autres - plus récents - se sont effondrés ?
Onze solutions antiques à notre malaise moderne Sénèque n’a pas eu une vie facile. Pourtant, le célèbre philosophe romain a toujours su affronter l’adversité avec courage et dignité. D’ailleurs, ses leçons dans “De la vie heureuse” ne sont pas dépassées et peuvent tout à fait s’appliquer à la vie au XXIe siècle, explique “The Atlantic”
Qui a tué l'Empire romain ? Et si le changement climatique et les pandémies étaient les véritables causes du déclin de l’Empire romain ? Partant en quête des preuves scientifiques étayant cette hypothèse, Frédéric Wilner reconstitue la succession des événements qui ont conduit à son effondrement....
les mules, par définition stériles, et dont les Romains ont pourtant fait un instrument de domination de leur gigantesque empire pour déplacer armées ou munitions, ou communiquer des messages...cet engouement des Romains pour les mules qui pourrait avoir une importance bien plus grande qu’il n’y paraît dans le cours de l’histoire.
On attribue communément la fin de l’Empire romain à des facteurs politiques, économiques et religieux. Un professeur américain propose une thèse différente.
La chute de l'Empire romain a toujours été, du moins pour le monde occidental, le paradigme suprême de la mortalité de toute civilisation. Et pourtant, les véritables raisons de sa disparition restent un mystère – non pas à cause d'un manque, mais plutôt d'une inflation d'explications. Ainsi, l'Allemand Alexander Demandt, dans sa magistrale étude sur la place qu'occupe la fin de Rome dans la pensée occidentale, a recensé pas moins de 227 raisons proposées par les chercheurs de ces derniers siècles afin d'expliquer l'impensable.
Quand on passe en revue les différentes catégories d'explications – religieuses, socio-économiques, naturelles, institutionnelles, morphologiques, politiques –, on se rend vite compte que l'analyse de la chute de Rome n'a pas été une question « accidentelle » dans l'évolution de la pensée historique occidentale, mais plutôt son véritable moteur. Dès lors, il n'est guère étonnant que chaque époque ait développé son propre modèle explicatif et, bien que chacun de ces modèles ait semblé définitif et novateur à ses contemporains, le recul historique a montré qu'il était aussi lacunaire, relatif et subjectif que tous les autres. Ainsi, le siècle des Lumières a insisté sur l'influence pernicieuse du christianisme, le XIXe siècle sur la « décadence » des Romains, le XXe sur l'aspect socio-économique. Étant donné l'importance extrême accordée, depuis quelques années, au réchauffement climatique et aux pandémies facilitées par la mondialisation, il fallait bien s'attendre que, tôt ou tard, cette préoccupation intègre la pensée sur la fin de Rome. C'est ainsi que Kyle Harper nous confronte à l'hypothèse – présentée comme une certitude – que, finalement, des facteurs climatiques et épidémiologiques ont été décisifs dans le déclin et la chute de l'Empire romain.
Mis à part l'assertion quelque peu exagérée de l'historien Peter Garnsey, qui proclame sur la quatrième de couverture que « ce [...] livre place pour la première fois la nature au centre d'un sujet d'importance majeure – la chute de l'Empire romain » (les pages 347 à 396 de l'ouvrage de Demandt montrent que cette approche remonte au moins au XIXe siècle), force est de constater qu'effectivement The Fate of Rome est, de loin, l'étude la plus récente et conséquente de cette école de pensée.
Ainsi, Harper propose une lecture parallèle de l'évolution politique de l'Empire romain et de celle de son histoire naturelle fondée sur la conviction suivante : « Le destin de Rome fut le fait d'empereurs et de barbares, de sénateurs et de généraux, de soldats et d'esclaves. Mais il fut tout autant décidé par les bactéries et les virus, les volcans et les cycles solaires. » En conséquence, l'histoire de l'empire semble essentiellement conditionnée par les facteurs environnementaux : les conditions favorables de l'holocène expliqueraient l'âge d'or entre la fin de la République et l'Antiquité tardive ; la première « mondialisation » de la Méditerranée par la romanisation aurait permis la propagation rapide de maladies contagieuses (peste antonine de 165, peste de Cyprien en 249-262 et finalement peste justinienne en 541-543) ; le déclin démographique qui en a résulté aurait provoqué l'affaiblissement de l'armée, la bureaucratisation à outrance, la perte de confiance dans les anciennes croyances et la montée en puissance du christianisme, amenant une profonde division de la société. Ensuite, l'impact climatique d'événements naturels tels que les éruptions volcaniques (dans les années 530 et 540) ou les cycles solaires aurait finalement achevé un empire déjà vacillant. Ainsi, l'Histoire romaine apparaît comme une suite de réactions souvent désespérées et inadéquates – remaniements bureaucratiques, usurpations, contrôle des prix des denrées, réformes religieuses – à des facteurs environnementaux dont la plupart échappaient à tout contrôle. Le livre se termine par l'appel à protéger « un monde global [...], où la revanche de la nature commence à se faire sentir, malgré des illusions persistantes de contrôle ».
Que le lecteur ne se méprenne pas : The Fate of Rome est un excellent livre, et la tentative de croiser les résultats de la science encore relativement nouvelle de l'histoire climatique et épidémiologique avec les sources anciennes et l'archéologie doit être considérée comme pionnière. Néanmoins, dans sa perspective trop holistique, il traduit ce qu'on pourrait appeler un certain « réductionnisme climatique et épidémiologique », qui semble sous-estimer non seulement la résilience psychique et créatrice de l'individu, mais aussi celle des grandes civilisations. L'homme peut être victime de la nature, certes, mais, après tout, il reste le seul acteur de sa propre vie et décide comment affronter le monde qui l'entoure : l'Histoire nous apprend que les épidémies peuvent générer non seulement la morosité, mais aussi la créativité, les changements climatiques non seulement le repli, mais aussi l'expansion, les catastrophes non seulement l'abandon, mais aussi la résilience, la menace non seulement la dislocation, mais aussi la reprise de contrôle. L'énergie de construire, de maintenir et de défendre une société envers et contre tout ne vient pas de l'extérieur, mais de l'intérieur : à quelques exceptions près, les grandes civilisations ne succombent jamais à des menaces étrangères mais à un manque de confiance interne. Nous ferions bien de nous en souvenir.
David Engels*
* Professeur d'histoire romaine, Université libre de Bruxelles
Kyle Harper, « The Fate of Rome : Climate, Disease, and the End of an Empire », Princeton University Press, 2017
Ce que les Romains peuvent nous apprendre sur l’inflation et l’effondrement du dollar...L’effondrement inflationniste du denier des Romains nous apprend beaucoup sur les problèmes actuels de la politique monétaire américaine...
"La Gaule est devenue romaine en moins de quarante ans"...En ce moment, que faisons-nous, si ce n’est parler en latin ? Nous ne parlons pas gaulois. Nous sommes des Romains. L’essentiel, selon moi, c’est la langue. C’est elle qui nous structure...
Si Spartacus n'avait pas été trahi dans son projet d'expédition en Sicile, aurait-il pu vaincre Rome?...Quoi qu'il ait pu faire, le gladiateur était confronté à un ennemi qui souhaitait son anéantissement et qui avait les moyens d'y parvenir.
Près de Naples, plongée sous-marine dans les villas de riches Romains....Sept empereurs, dont Auguste et Néron, y disposaient de villas, tout comme Jules César et son rival Marc-Antoine....Mais progressivement les portiques, les colonnes de marbre, les autels et les bassins d'agréments se sont enfoncés en raison du bradyséisme
La cuirasse d’un soldat romain impliqué dans la bataille de la forêt de Teutobourg (Allemagne), en 9 de notre ère, a été découverte dans un remarquable état de conservation.
Tout a commencé par un bip-bip au cours de l'année 2018… En procédant au balayage d'une paroi à l'aide d'un détecteur de métal dans une tranchée de fouilles, des archéologues du musée de Kalkriese, en Allemagne, ont entendu l'alarme de leur appareil retentir. Signe – mais les chercheurs ne le savaient pas encore – qu'ils allaient réaliser l'une de leur plus importante découverte. Celle d'une armure romaine, la plus complète et la mieux conservée jamais rencontrée à ce jour.
Depuis des années, des recherches sont en effet menées dans la forêt de l'actuelle Kalkreise, à Teutobourg en Westphalie (Allemagne). C'est là qu'en 9 de notre ère, des légions romaines ont subi l'une des plus cuisantes défaites de leur histoire. Plus de 20.000 hommes - 15.000 légionnaires et 5000 troupes auxiliaires - placés sous le commandement de Publius Quinctilius Varus (les légions de Germanie XVII, XVIII et XIX) ont été massacrés ou leurs hommes mis en esclavage. Vaincus par une puissante coalition de peuples germaniques menée par le chef chérusque, Arminius. Cette défaite porta un coup d'arrêt brutal à la politique d'expansion impériale romaine. Témoins de ce carnage, des milliers de vestiges d'armes et d'équipements militaires (épées, pointes de javelots, flèches, poignards, casques…) sont régulièrement exhumés depuis que la localisation définitive de la bataille a été établie dans les années 1980.
C'est ainsi qu'après avoir extrait le bloc de terre d'où provenaient les signaux du détecteur de métal en 2018, les chercheurs ont pris la précaution de le scanner. Ceci afin d'éviter de voir s'oxyder, au contact de l'air libre, les objets métalliques qu'il pouvait contenir. Et c'est lors de cette analyse qu'ils ont eu la surprise de découvrir la présence dans les sédiments d'une splendide armure romaine. "Il s'agit d'un modèle connu sous le nom de lorica segmentata, explique Yann Le Bohec, spécialiste des armées romaines, joint par Sciences et Avenir. On peut voir des représentations de cette cuirasse articulée, portée par des légionnaires et des gardes prétoriens, sur les bas-reliefs de la colonne Trajane, à Rome. Elle se composait d'une série de plaques en fer reliées entre elles par des charnières et lanières en cuir qui permettaient des réglages et l'adaptation de l'armure à la morphologie de chacun".
Par le passé, seuls de minuscules fragments de ces cuirasses avaient été recueillis dans la péninsule ibérique, en Bretagne, ou dans la région du Danube. "Ces armures articulées ou à lamelles ont été introduites par l'empereur Auguste. C'était un progrès par rapport aux côtes de maille – protection que l'on utilisait déjà à l'Âge du Bronze – ou aux cuirasses à écailles. Ces dernières étaient constituées d'une veste en cuir sur laquelle étaient fixées des "écailles" en métal, équipements attestés dans des armées au 17e siècle av. J.C !".
Outre cette découverte, les restes d'une entrave ont aussi été mis au jour. Il s'agit d'un collier de fer munis de sortes de menottes, utilisé pour enchainer les prisonniers. "Pour ne pas subir le déshonneur de la défaite et de la mise en esclavage, nombre de soldats romains se sont suicidés à Teutobourg. Parmi ceux qui avaient survécu, certains ont tenté de s'enfuir, mais tous ont été rattrapés", poursuit Yann Le Bohec. Le porteur de l'armure était peut-être l'un d'entre eux.
Toujours en cours, la délicate et lente extraction de l’ensemble des plaques de fer, rivets et attaches se poursuit en Allemagne pour une exposition de cette armure exceptionnelle, au musée de Kalkriese, en 2022.
Pris entre marais et collines d'où dévalent les combattants germains en flots continus, les 25 000 fantassins et cavaliers romains ont été mis en pièces dans la forêt de l’actuelle Kalkreise, à Teutobourg en Westphalie (Allemagne) en 9 de notre ère. Plus tard, l'historien romain Dion Cassius (155-235) affirmera que les légionnaires qui étaient à l'arrière, ignorant les massacres à l'avant, continuaient à se jeter dans la gueule du loup. Face au désastre, leur chef Publius Quinctilius Varus préfèrera se suicider plutôt que de tomber aux mains de l’ennemi, et de leur chef chérusque Arminius. Et le nom de Varus restera à jamais associé au désastre, le clades Variana. "Les textes antiques racontent que les officiers romains capturés ont tous été sacrifiés par les Germains à leurs dieux", précise Yann Le Bohec, spécialiste des armées romaines. Dans son livre 57, Dion Cassius raconte également qu’en l’an 15, revenant sur les lieux de la bataille, "Germanicus dans son expédition contre les Germains (…) recueillit les ossements des soldats tombés avec Varus, leur donna une sépulture et recouvra les enseignes"… Ces aigles des légions XVII, XVIII et XIX dont la perte face à l’ennemi avait été ressentie comme le comble du déshonneur pour Rome. Horrifiés, les légionnaires romains du nouveau corps expéditionnaire découvrirent à cette occasion qu’Arminius, qui connaissait bien la crainte pour tout Romain de ne pas être inhumé, avait ordonné que les corps des milliers de soldats vaincus soient laissés sans sépultures sur le champ de bataille, voire crucifiés ou mutilés. Teutobourg fut un nom honni par Rome pendant toute son histoire !
What Did Ancient Rome Look Like? (Cinematic Animation)
What Did Ancient Rome Really Look Like? Ancient Rome reconstruction featuring realistic 3D animation. Subscribe: https://www.youtube.com/channel/UCVFwI1kt71b...
Une éruption en Alaska aurait donné naissance à l'Empire romain
https://www.ulyces.co/news/une-eruption-en-alaska-aurait-donne-naissance-a-lempire-romain/
Une équipe internationale de scientifiques pense qu’une énorme éruption volcanique a pu être à l’origine de la chute de la République romaine, à laquelle a succédé l’avènement de l’Empire romain. L’éruption s’est produite en Alaska en 43 av. J.-C. et a été baptisée Okmok II...
One day inhabitants of Trier (Germany) got up in the early morning only to find they're in ancient Avgvsta Treverorvm and the Romans are back! See mighty Legio XXI Rapax parading from Imperial Baths to the famous Porta Nigra (Black Gate) together with befriended group Leg XXII Bagacum
C'est l’arme d’un légionnaire romain ayant combattu les tribus germaniques sur le limes impérial, à la frontière de l'empire, il y a 2000 ans. Elle a été retrouvée dans un état de préservation exceptionnel. Restauré, ce poignard a été dévoilé pour la première fois au public.
Vieux de 2000 ans, le poignard romain d'Haltern am See une fois sa restauration achevée.
Est-ce une telle lame qui aura tué César ? Un poignard remarquable, découvert au printemps 2019 près de la ville de Münster (Allemagne), vient d'être présenté au musée Kunst und Kultur d'Haltern. Conservé de façon saisissante, la lame et son étui ciselé, décoré de feuillages en fils d'argent et laiton, ont passé 2000 ans enveloppés dans une gangue de terre. Avant d'être dégagé par Nico Calmund, 19 ans, lors d'une fouille archéologique réalisée dans le cimetière romain d'Haltern am See en coopération avec l'université de Trèves. "Jamais un poignard romain d'une telle qualité n'était parvenu jusqu'à nous", s'enthousiasme l'historien Yann Le Bohec, professeur émérite à La Sorbonne, à Paris, spécialiste de la guerre romaine, joint par Sciences et Avenir.
"Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une des plus grandes découvertes de ce genre effectuée en Europe"
La restauration de cette arme de 30 cm – appelée pugio par les légionnaires - aura duré neuf mois dans l'atelier LWL de Münster. Elle était glissée dans un fourreau incrusté d'émail et d'éclats de verre rouge et rattachée à une ceinture constituée d'un assemblage de plaques de bronze et de laiton recouvertes d'étain. "Cet ensemble n'a pas de comparaison à ce jour. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une des plus grandes découvertes de ce genre effectuée en Europe", a expliqué de son côté Michael Rind, l'archéologue responsable de la région de Westphalie-Lippe, au quotidien Britannique Times.
Le poignard et la ceinture ont subi des radiographies et un examen tomographique assisté par ordinateur avant restauration. Ils ont révélé que la lame de la dague était composée de différents aciers et présentait des traces d'usure. "Ce qui montre qu'il ne s'agissait pas seulement d'un poignard d'apparat, même s'il en présente bien des aspects. Son propriétaire l'a utilisé", a poursuit Yann Le Bohec
Le poignard, utilisé pour achever les ennemis ou tuer les prisonniers en trop grand nombre
Selon les spécialistes, sur la base de la forme étroite de la lame et de sa structure, cette arme peut être assimilée aux premiers poignards militaires romains du type Vindonissa (du nom d'un camp romain situé en Suisse où ils ont été trouvés). Ils étaient utilisés principalement au cours de la première moitié du 1er siècle ap. JC, "mais pas pendant les combats", précise l'expert, qui poursuit : "Les fantassins romains combattaient en effet à l'aide de plusieurs armes. Un grand bouclier à la main gauche, tenu soit à l'aide d'une poignée ou attaché à l'avant-bras. Et une lance (pilum) à la main droite. Avançant en lignes, lorsqu'il s'approchait à 3 ou 4 m de distance de l'ennemi, le légionnaire lançait le javelot d'environ 1,80 m de long pour le transpercer. Ensuite, il se jetait sur un autre combattant en dégainant son glaive (gladius) après lui avoir asséné un coup de bouclier pour le déséquilibrer et le tuer dans le mouvement. Tout cela en courant, ce qui nécessitait un grand entrainement. Le poignard, porté à gauche le long du corps, n'était utilisé que pour achever les ennemis ou les prisonniers en trop grand nombre… ou encore les blessés de son propre camp quand on ne pouvait plus rien faire pour eux".
Des textes indiquent aussi que de tels poignards ont été utilisés pour les assassinats politiques à Rome. Le site d’Haltern où a été retrouvé l’arme était un important camp militaire qui a du être abandonné à la suite du désastre de Teutobourg en Westphalie, la plus célèbre défaite de Rome. Trois légions romaines et leurs troupes auxiliaires (25.000 hommes) y avaient été anéanties en 9 après JC, lorsque les armées du général Publius Quinctilius Varus ont été écrasées par une puissante coalition de peuples germains conduits par Arminius. Le poignard orné sera exposé au musée d'histoire romaine de Haltern en 2022.
https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/l-extraordinaire-poignard-romain-d-haltern-am-see_141684
L’analyse de bois antique retrouvé à Rome illustre la puissante organisation logistique et le commerce à longue distance dont cette matière première faisait l’objet dans l’empire romain....les arbres étaient originaires de l’est de la France, "plus précisément du nord-est de l’actuel Jura, l’Alsace (vallée du Rhin supérieur), Lorraine, Champagne et Bourgogne". Soit à plus de 1.700 kilomètres du cœur de l’Italie. ...
Le peuple romain, génétiquement stable et homogène ? Certainement pas, d'après de nouveaux travaux archéo-génétiques, corroborant les grandes transitions génétiques de ce peuple sur 12.000 ans avec deux grandes vagues de migrations liées à l'agriculture et au commerce.
Pour l'historien Jean Étèvenaux, c'est dans cette ville, devenue capitale des Gaules, que le premier Parlement de notre histoire a vu le jour. Explications
Certains puristes trouveront le raccourci un peu osé, mais les faits sont là : dès 12 av. J.-C., sous le règne d'Auguste, des dizaines de tribus gauloises se réunissent chaque année en août à Lugdunum (Lyon) autant pour honorer l'empereur que pour faire passer des messages politiques… Cette assemblée est en quelque sorte le premier « Parlement » de notre nation, rappelle l'historien Jean Étèvenaux, qui publie une très complète histoire de la ville de Lyon aux éditions Perrin*. « Ce que Vercingétorix n'a pas réussi à réaliser quarante ans plus tôt par la guerre, le successeur de César y parvient par la paix », résume l'historien lyonnais. « Cette réunion marque le début de la transformation des diverses Gaules en une seule Gaule. Il est difficile de ne pas y voir la naissance d'une nation. À cet égard, le fait de parler de nos ancêtres les Gaulois apparaît tout à fait justifié, ajoute Jean Étèvenaux. Grâce à l'assemblée de Lyon, ils constituent un groupe quasi national dont il sera possible de revendiquer l'ancestralité. »
Pourquoi ce choix de Lugdunum ? La place est stratégique : située au confluent du Rhône et de la Saône, Jules César la transforme en place forte pendant la guerre et son successeur Octave décide d'en faire en quelques années la capitale des trois provinces gauloises soumises à son autorité : la Gaule Belgique au Nord, la Celtique à l'Ouest et l'Aquitaine au Sud-Ouest vers l'océan – le Sud, de Vienne à Narbonne, étant déjà romain. Le nouvel empereur se rend sur place plusieurs fois, renforce la garnison, trace des routes, édifie une ville nouvelle, construit un théâtre, un forum, un palais et surtout le sanctuaire des Trois Gaules, sur les pentes de la Croix-Rousse, en l'an 12 avant notre ère : un autel monumental, entouré de statues des différents peuples, où vont se retrouver chaque année des délégués d'une soixantaine de tribus gauloises. La cité de Lyon, véritable capitale, voit ainsi débarquer des Helvètes, des Carnutes de Chartres, les Séquanes de Franche-Comté, des Éburons du pays de Liège, des Trévires de Trèves, etc. Sachant que, parmi ces peuples, beaucoup ont combattu avec Vercingétorix, mais d'autres, inversement, étaient du côté des Romains...
Pour Octave-Auguste, le but est double : unifier et assimiler ces nouveaux peuples sous l'autorité de Rome. La cérémonie a lieu chaque 1er août, date de célébration d'Auguste dans tout l'empire : le symbole est fort, les tribus envoient leurs délégués, issus de l'élite, pour exprimer leur loyauté. Mais pas seulement, rappelle Jean Étèvenaux qui évoque un sanctuaire « fédéral ». « On pourrait comparer le système avec celui des dominions britanniques. Chacune des trois Gaules continue à s'administrer de son côté, mais la tête centrale est située à Lyon, avec un gouverneur romain. C'est là que siège l'administration principale, où l'on bat monnaie, signe du pouvoir politique. » Au-delà de la fonction administrative et religieuse de cette assemblée, les Gaulois peuvent exprimer des vœux ou présenter des requêtes à l'empereur ou son représentant. En se réunissant chaque année à la même date sur le même lieu, cette assemblée peut s'apparenter au « premier Parlement de l'histoire nationale », pour reprendre les termes de l'historien.
Cette politique de pacification et d'intégration prendra toute sa mesure sous le règne de l'empereur Claude, né à Lyon, qui décide en 48 apr. J.-C. de faire entrer au Sénat des notables gaulois romanisés, au grand dam des grandes familles patriciennes de Rome. Un nouveau pas dans l'assimilation politique que les Lyonnais n'oublieront pas en faisant graver l'argumentation de l'empereur sur la fameuse Table claudienne, une plaque de bronze exposée pendant longtemps à l'entrée du sanctuaire des Trois Gaules. « Pendant plusieurs siècles, ces grandes familles sénatoriales gallo-romaines vont constituer l'armature de l'élite lyonnaise sur laquelle va s'appuyer plus tard le nouveau pouvoir, issu des invasions », explique Jean Étèvenaux.
Avec la fin du règne des Julio-Claudiens, l'aura de Lugdunum va peu à peu péricliter. La capitale effective des Gaules s'est déplacée au nord, à Trèves, près des tribus barbares menaçantes, et d'autres villes l'ont dépassée, comme Arles, Autun et Vienne, l'éternelle rivale. Une autre cité fait également parler d'elle : la discrète Lutèce, futur Paris où Julien est proclamé empereur par ses soldats en 360 apr. J.-C. Une autre histoire commence...
*À lire : Les Grandes Heures de Lyon, par Jean Étèvenaux, préface de Gérard Collomb, éd. Perrin.
Bien avant les voitures et les centrales à charbon, les Romains ont massivement brûlé du bois et décimé des forêts pour se nourrir et entretenir leur mode de vie. Des activités qui ont significativement modifié le climat de l'époque, preuve que l'Homme était déjà un gros pollueur il y a 2.000 ans......
On pouvait croire que tout avait été dit sur la chute de Rome. Plus de 200 causes ont été invoquées par autant d’auteurs sur les forces qui ont pu jeter à bas l’un des plus stables et puissants édifices étatiques de tous les temps. Mais ce livre-ci surprend, par son ampleur de vue et par son approche novatrice, celle d’une histoire environnementale de la fin de l’Empire. En un récit complexe, associant climatologie, démographie, économie et épidémiologie, Kyle Harper expose comment une civilisation s’érode face à l’adversité écologique.
Bien sûr, on écrit les livres de son époque. La menace du réchauffement climatique en cours résonne efficacement. Mais l’histoire environnementale, rappelle l’auteur, synthétise aussi les formidables masses de données que l’archéologie nous livre aujourd’hui sur le passé. Nous savons maintenant mesurer finement les variations de température, estimer le tonnage des navires de céréales tunisiennes qui nourrissaient l’Italie, séquencer l’ADN des microorganismes pathogènes piégés dans l’émail de dents vieilles de deux millénaires… De quoi renouveler les hypothèses.
L’optimum climatique romain
On apprendra donc que l’apogée de la République romaine et le début de l’Empire (- 250/150) ont bénéficié d’un climat stable et chaud, l’« optimum climatique romain ». Un épisode aussi chaud que celui que nous connaissons aujourd’hui, 1 °C de plus que les températures de référence étalonnées dans les années 1880. C’est dans une véritable serre que les Romains ont pu cultiver les produits agricoles soutenant leur expansion démographique, elle-même source de leur puissance militaire. L’auteur n’écrit pas une histoire déterministe, il est conscient du génie organisationnel et administratif qui a présidé à la construction de l’imperium : il rappelle qu’un tel édifice ne peut se concevoir sans de telles ressources agricoles.
Suite à ce succès, Rome fut saisie de fièvre. Entre chaleur et marécages, les moustiques pullulaient, le paludisme limitait l’espérance de vie. Les villes densément peuplées et les réseaux d’échange transformèrent l’Empire en une pathocénose particulière. Un bouillon de culture qui, plus efficacement que les flèches des Parthes, doucha ses ambitions annexionnistes. Survint la peste d’Antonin en 165, que l’auteur attribue à la variole. Ses effets furent aggravés par un refroidissement lié au ralentissement de l’activité solaire (150-450), qui entraîna l’arrivée de « réfugiés climatiques » depuis les steppes d’Asie. Frappa ensuite la peste de Cyprien (249-262), imputable selon K. Harper à un arbovirus de type Ebola.
C’était avant la vraie peste, la bubonique, qui se manifeste à partir du règne de Justinien, au mitan du 6e siècle. Elle s’abattit sur ce qui survivait de l’Empire, autour de Constantinople, de concert avec une vague de froid planétaire inédite, liée à une série d’éruptions volcaniques. Les températures plongèrent, les récoltes s’effondrèrent. Dans la décennie 550, K. Harper estime que la moitié de la population romaine fut fauchée par la première vague de l’épidémie. L’administration et l’armée perdirent toute efficacité. La peste revint à intervalles réguliers : trente-huit vagues en deux siècles. Guerres et famines s’ensuivirent, et l’islam naissant put amputer de l’essentiel de ses territoires un Empire byzantin agonisant. « Le destin de Rome, diagnostique l’auteur, résulta des actes d’empereurs et de barbares, de sénateurs et de généraux, de soldats et d’esclaves. Mais tout aussi décisifs furent les rôles joués par les bactéries et virus, les volcans et les cycles solaires. »
The Fate of Rome. Climate, disease, and the end of an empire, Kyle Harper, Princeton University Press, 2017, 418 p., 27 €.
Laurent Testot
Environ 210 explications ont été avancées pour expliquer la chute de l’Empire romain ! Il va falloir en ajouter une autre et compter le changement climatique parmi les responsables. Le livre commence par nous faire découvrir la dynamique du climat dans l’Empire romain au IIe siècle avant l’ère chrétienne. Les spécialistes ont baptisé cette période "optimum climatique romain". Les températures sont tempérées, les cultures se portent bien et la population en profite. Pourtant, les premières fissures environnementales apparaissent. Une déforestation massive crée de nombreux points d’eau où les moustiques vont proliférer. Un habitat urbain dense rempli de fontaines permet à ces porteurs de malaria de se répandre. Et si la connexion des routes de l’Empire représente un vecteur d’intégration économique et politique, c’est également une voie de circulation des maladies. Malaria et variole prendront ce chemin jusqu’à ce qu’au IIe siècle, une première épidémie de peste emporte 10 % de la population.
Le livre nous entraîne ensuite, siècle après siècle, dans les méandres du changement climatique. Ici, l’aridité provoque des sécheresses et des crises fiscales. Plus tard, un réchauffement climatique, d’origine non humaine, se traduit par des famines, des développements de parasites intestinaux l’été, suivis des moustiques à l’automne. L’auteur mêle à chaque fois les dynamiques climatiques, économiques et politiques.
Peste et volcan
Mais la partie la plus impressionnante arrive ensuite avec la toute fin de l’empire d’Orient. De par la circulation du blé, l’Empire présente un écosystème favorable à la circulation des rats. Partis d’Egypte, ils monteront vers le nord et l’est pour disséminer le virus de la peste. Les mouches qui les accompagnent se font les vecteurs de transmission vers les humains, les plus pauvres en premier. Toutes les classes sociales seront infectées, jusqu’à l’empereur Justinien, qui fera partie des rares à en réchapper. Pas moins de la moitié de la population va disparaître du fait de cette épidémie.
L’auteur avance que la peste et ses résurgences sur deux siècles seront favorisées par la violence volcanique qui marque le milieu du VIe siècle. Elle provoque un refroidissement climatique d’environ 2,5 degrés, qui aura pour conséquence la diminution des récoltes, l’effondrement de villages entiers, une baisse de la population en partie estimée par la forte réduction de la circulation monétaire. Les guerres finiront le travail pour faire entrer l’Europe dans le Moyen Age.
L'effondrement climatique de l'Empire romain
Environ 210 explications ont été avancées pour expliquer la chute de l'Empire romain ! Il va falloir en ajouter une autre et compter le changement climatique parmi les responsables. Le livre ...
https://www.alternatives-economiques.fr/leffondrement-climatique-de-lempire-romain/00084877
« Il fallut attendre jusqu’à l’ère industrielle pour voir des avancées technologiques comparables transformer la cuisine. » ..« Un millénaire et demi allait s’écouler avant qu’une autre armée européenne ne soit aussi bien nourrie. » ...
L’Europe connaît cet été de graves sécheresses, provoquant de nombreux incendies et des restrictions en eau. Les transformations climatiques nous habitueront bientôt à ces situations de crise qui deviennent récurrentes. Même Rome est touchée, une ville pourtant entourée de marécages et dont l’approvisionnement n’a jamais été un souci depuis l’Antiquité. La Rome antique a su alimenter en eau une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitantes et habitants, notamment grâce à un système hydraulique particulièrement développé. Les témoignages les plus frappants en sont bien sûr les aqueducs, encore présents dans les territoires de l’ancien empire romain...
La Rome antique en 3D dans Google Earth
https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/internet-rome-antique-3d-google-earth-17368/
On peut désormais se promener dans les rues de Rome telles qu'elles étaient en 320 après Jésus-Christ. La fonction, reprenant une cartographie élaborée par des historiens, vient d'être ajoutée dans Google Earth. Il suffit de lancer le logiciel... et de disposer d'une puissance suffisante.
En quoi la bataille des Champs Catalauniques nous éclaire-t-elle sur le déclin de Rome ?
https://www.agoravox.tv/culture-loisirs/culture/article/en-quoi-la-bataille-des-champs-75878
Au milieu du Vème siècle, l’armée Hunnique dirigée par Attila est battue lors de la bataille des Champs catalauniques par une armée coalisée, dirigée par un romain. Souvent considéré comme un moment historique charnière de l’Histoire, et mainte fois récupéré dans la construction d’un roman national, cet évènement historique nous éclaire en fait sur l’état de l’Empire romain d’occident quelques années avant sa chute...
Une équipe de chercheurs américains a réussi à percer le mystère autour de l’incroyable résistance du "béton romain". Son secret résiderait dans sa composition et la présence d'un ingrédient très particulier. Plus de 2.000 plus tard, certaines bâtisses construites à l’époque de l’Empire romain faiblissent avec le temps mais ne cèdent pas. Quel est le secret de ces constructions en béton qui semblent intouchables ? Des scientifiques américains pensent aujourd'hui avoir trouvé la réponse, résolvant ce qui est quasiment devenue une énigme au fil du temps....
Les campagnes électorales en France, aux Etats-Unis, en Hongrie, en Grande-Bretagne... gravitent étrangement autour de l'identité nationale comme si rien n'était plus important. Parmi tous les ...
http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/nous-sommes-tous-des-romains
« Are we Rome? » Tel est le titre d’une étude fort intéressante de Lawrence Reed, président de la Foundation For Economic Education (USA). C’est aussi le titre qu’ont choisi les organisateurs de la FreedomFest à Las Vegas, cette année.
Pourquoi Rome a-t-elle décliné puis finalement chuté ? Reed explique que l'Empire romain fut un régime militaire parasite, qui ne pouvait survivre que par un afflux permanent de richesses pillées à l’extérieur, des prisonniers réduits en esclavage et des terres volées.
En effet, l'enrichissement de l'aristocratie romaine ne provenait que du butin des invasions et non d'une quelconque création de valeur. Avec la fin des conquêtes et les rendements décroissants des pillages, l’administration dut cependant recourir de plus en plus au pillage interne pour satisfaire son besoin de richesses, ce qui entraîna un appauvrissement général de la population de l'Empire
Au premier siècle avant Jésus Christ, Rome est passée d'une république dotée d'un régime relativement libéral à la dictature de Jules César, avec un tiers des habitants au chômage. C'est l'époque où le parallèle avec notre époque est vraiment frappant.
Car aux premiers temps de sa grandeur, chaque Romain se considérait lui-même comme la principale source de ses revenus. Ce qu’il pouvait acquérir volontairement sur le marché était la source de son gagne-pain. Le déclin de Rome a commencé quand un grand nombre de citoyens ont découvert une autre source de revenus : le processus politique ou l'État. Les Romains ont alors abandonné la liberté et la responsabilité personnelle contre des promesses de privilèges et de richesses distribuées directement par le gouvernement. Le pouvoir fournissait du pain et des jeux à ses citoyens, mais aussi du porc et de l’huile d’olive.
Les citoyens adoptèrent l’idée qu’il était plus avantageux d’obtenir un revenu par des moyens politiques que par le travail. Cela a conduit l’économiste Howard E. Kershner à énoncer la loi qui porte son nom : « Quand un peuple autonome confère à son gouvernement le pouvoir de prendre aux uns pour donner aux autres, le processus de redistribution ne cesse qu’à partir du moment où le dernier contribuable est dépouillé de tous ses biens ».
Vers 140, l’historien romain Fronto écrivait : « La société romaine est préoccupée principalement par deux choses, ses ressources alimentaires et ses spectacles ». Comme les revenus du commerce ne suffisaient pas à financer l'administration et les garnisons, les impôts augmentaient constamment. Les empereurs dévaluaient leur monnaie en mettant moins d'argent ou d’or dans leurs pièces. Cela provoquait l'inflation. La pression fiscale devenait alors insupportable !
Sous le règne de l’empereur Antonin le Pieux (de 138 à 161), la bureaucratie romaine atteignit des proportions gigantesques, écrit Reed. Selon l’historien Albert Trever, « l’implacable système fiscal, chargé d’organiser la spoliation et le travail forcé, finit par être administré par une armée de soldats bureaucrates ». Partout, les bureaucrates à la solde des empereurs s’employaient à écraser les fraudeurs fiscaux.
Finalement, sommes-nous une Rome contemporaine ? Peut-on dire que l’histoire se répète ?
Considérons les sommes monumentales dépensées pour le sauvetage des banques, les augmentations vertigineuses de la dette publique, la concentration du pouvoir entre les mains du gouvernement central et les incessantes revendications de la part des groupes d’intérêt. Si ces éléments nous sont familiers au XXIe siècle, ils l’étaient tout autant des Romains de l’Antiquité.
En accroissant démesurément le pouvoir du gouvernement au détriment de la responsabilité individuelle, nous avons fait la même erreur que Rome il y a des siècles. Ceux qui ignorent l'histoire sont condamnés à la répéter. La plupart des gens qui chérissent la liberté s'opposent à l'État-providence pour des raisons morales, philosophiques et économiques. Nous ferions bien d'ajouter une autre raison, conclut Reed : les leçons de l'histoire !
"A la fin, plus que la liberté, ils voulaient la sécurité. Lorsque les Athéniens ne voulurent plus contribuer à la société, mais qu'au contraire la société contribue à leur bien-être, lorsque la liberté qu'ils souhaitaient consistait à être libérés de toute responsabilité, alors Athènes cessa d'être libre".
Edward Gibbon (1737-1794)