emballement climatique : hors de contrôle...

Publié le par ottolilienthal

Serge Zaka, éclaire l’avenir

L’agroclimatologue et cow-boy chasseur d’orages alerte sur l’impact du réchauffement climatique sur les cultures tout en restant un optimiste forcené.

Avril 2021. L’épisode de gel qui frappe la France ce printemps-là «est la pire catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle». Dix jours plus tôt, Serge Zaka alerte à coups de tweets sur le cataclysme à venir.

Sans effet.

Quatre milliards d’euros de pertes plus tard, le ministère de l’Agriculture, des agriculteurs et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles l’assaillent. «Ils m’ont demandé comment j’avais fait pour prévoir ce qui allait se passer.» La réponse est simple, presque bête. «C’est mon travail, je suis agroclimatologue.»

Incompréhension.

Agro-quoi ?

«Je me suis dit merde, je bosse comme un chien toute la journée et personne ne lit ce que j’écris.»

« Le changement climatique est hors de contrôle », alerte l’Onu après une semaine très très chaude

Le secrétaire général de l’Onu estime que la planète se dirige « vers une situation catastrophique » après deux records mondiaux de chaleur en une semaine.

- L’été 2023 se dessine progressivement à rester dans les annales humaines. Après deux records successifs de la journée la plus chaude jamais mesurée au niveau mondial, lundi et mardi, le secrétaire général de l’ONU estime désormais que le changement climatique est « hors de contrôle ».

« Si nous continuons à retarder les mesures essentielles qui s’imposent (pour réduire les émissions de gaz à effet de serre NDLR), je pense que nous nous dirigeons vers une situation catastrophique, comme le montrent les deux derniers records de température », a déclaré Antonio Guterres ce jeudi 6 juillet lors d’un point de presse à New York. La température moyenne de l’air a atteint 17,18°C mardi, dépassant le précédent record de 17,01°C atteint lundi.

Et le monde vient même sans doute de connaître sa semaine la plus chaude jamais enregistrée, tous mois confondus, du mercredi 5 juillet au 12 juillet. La température moyenne journalière mondiale était supérieure de 0,04 °C à celle de n’importe quelle semaine en 44 ans d’enregistrement, d’après les relevés du « Climate Reanalyzer » de l’Université du Maine, rapporte The Guardian.

La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), dont les données, qui remontent à 1950 font référence pour le climat a cependant déclaré jeudi qu’elle n’était pour le moment pas en mesure de valider ces chiffres non officiels.

Le mois de juillet « le plus chaud de tous les temps »

Néanmoins, les scientifiques s’accordent à dire que l’augmentation de la chaleur due au réchauffement anthropique de la planète, combinée au retour d’El Niño, conduira à d’autres records de température. Mardi, l’Onu a confirmé le retour d’El Niño, phénomène climatique associé à une augmentation des températures mondiales et des évènements extrêmes. Le dernier grand phénomène El Niño remonte à 2016

Le mois de juin 2023 a déjà été le plus chaud au niveau mondial, avec un peu de 0,5 degré au-dessous de la moyenne 1991-2022, et la tendance semble se poursuivre en juillet. « Il y a de fortes chances que le mois de juillet soit le plus chaud de tous les temps (...) c’est-à-dire depuis l’Eémien, c’est-à-dire il y a environ 120 000 ans », a déclaré Karsten Haustein, de l’université de Leipzig, auprès de CNN.

Même s’il est encore incertain de prédire la suite de l’été, les records de température s’enchaînent depuis avril, de la Chine à l’Espagne. Des canicules marines touchent les océans Pacifique et Atlantique depuis le printemps, et sont le signe le plus direct du dérèglement du climat. Dans le même temps, la banquise de l’Antarctique a atteint son étendue la plus faible pour le mois de juin depuis le début des observations par satellite.

Par Le HuffPost avec AFP

"Nous sommes arrivés à un point où il y a une crise, une urgence, mais les gens ne le savent pas. Il y a un grand fossé entre ce que la communauté scientifique comprend du réchauffement climatique et ce que savent le public et les décideurs politiques".

James Hansen, 2008

James Hansen a été directeur pendant 30 ans du Goddard Institute for Space Studies (NASA), un des principaux centres mondiaux d'étude scientifique sur le réchauffement climatique

Peut être un graphique de carte et texte

 

 

Après le déluge

Trente-trois millions de personnes ont été touchées par les inondations au Pakistan. La catastrophe a fait plus de 1 700 morts, déplacé des millions de personnes et mis un tiers du pays sous l'eau. Au moment où nous mettons sous presse, l'eau n'a toujours pas reculé dans de nombreuses régions. Sanaa Alimia s'entretient ici avec trois militants de partis de gauche, représentant des femmes, des étudiants, des paysans, des ouvriers et autres, sur leurs réactions et leurs lectures des inondations.


Jai Kumar - Fédération des étudiants progressistes (PrSF), section de Sindh

Nous savions qu'une crise se préparait

Lorsque la pluie tombait abondamment du ciel, nous savions, par expérience, qu'une crise se préparait, que les villages allaient être submergés. Nous savions, depuis les inondations de 2010, que pour le bien de leurs propriétés foncières, les propriétaires fonciers allaient noyer des villes entières, des villages entiers, en détournant l'eau et/ou en ne laissant pas l'eau des inondations toucher leurs terres... Cette fois-ci, ils voulaient aussi sauver la route du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). Pour un minuscule morceau de béton, ils ont laissé des villages entiers se noyer.

On avait prédit, deux mois à l'avance, que de fortes pluies étaient en route pour l'Asie du Sud. On a eu le temps de mettre des plans en place. Mais ce n'est qu'une fois les pluies arrivées, une fois les villes noyées, que les autorités ont offert un peu d'aide - un ou deux misérables bateaux pour évacuer les gens. Ni le gouvernement fédéral ni les autorités locales n'avaient la moindre idée de la façon d'évacuer les eaux de crue. Ce n'est qu'après la montée des eaux, une fois que les villages ont été noyés, une fois que les gens ont été noyés, qu'ils ont commencé à penser à la façon d'évacuer les eaux de crue

Des réseaux d'activistes qui font du bien

Lorsque nous avons commencé à répondre aux inondations... la misère [que nous] avons vue... des millions de personnes étaient déplacées. Nous étions stupéfaits. Désespérés. Comment réhabiliter ces gens, nous sommes-nous demandé ? Nous avions déjà des réseaux, des militants et des travailleurs du parti sur le terrain qui faisaient un travail préalable. Lorsque les inondations sont arrivées, nous avons pu réagir et nous organiser rapidement. Nous avons secouru des personnes, évacué des maisons et mis en place immédiatement des camps de secours et de soins médicaux - nous avons été les premiers à le faire. Nous avons distribué des rations, des vêtements, des matériaux pour les abris et la cuisine, ainsi que des médicaments.

Maladie liée à l'eau

Nous étions environ 40 à 45 travailleurs de PrSF. Nous sommes tous tombés malades : dengue, malaria, fièvre. Il y avait 6 mètres d'eau stagnante devant nous, c'était inévitable. Malgré cela, nous avons travaillé jour et nuit... ce que nous avons vu nous a fait oublier nous-mêmes, nos soucis. Tant de gens étaient touchés. C'était si dur. Nous avons fait de notre mieux. Mais imaginez, vous vous présentez dans un endroit avec la quantité de biens nécessaires pour aider 300 personnes mais 1 500 personnes ont besoin de soutien ? Comment pouvions-nous donner à chacun l'aide dont il avait besoin ?

Une catastrophe inégale

Ce n'était pas une catastrophe "égale". Tout le monde n'a pas été touché de la même manière. Nous avons vu, de première main, les effets du changement climatique et des classes sociales travailler main dans la main pour produire des inégalités en temps de catastrophe. Dès que l'eau a commencé à pénétrer dans la ville ou les villages, l'élite, les classes moyennes, sont sorties immédiatement. Mais les pauvres ?

La plupart des gens n'avaient pas l'argent pour payer les transports de base pour se mettre à l'abri du danger et rejoindre une ville plus sûre. Au lieu de cela, les gens marchaient à pied pendant 100 miles, 200 miles, 300 miles, pour atteindre Hyderabad, ou d'autres villes plus grandes. Ils se présentaient dans nos camps de secours, les pieds gonflés, couverts d'ampoules. Ils ont tout perdu : leurs moyens de subsistance, leurs maisons, leurs terres... tout.

Les autorités ont installé des abris temporaires dans les écoles et les collèges publics, mais après trois semaines, elles ont demandé aux gens de partir. L'eau est encore dans leurs villages ! Où peuvent-ils aller ? Les gens sont dehors, dans la rue, dans des tentes de fortune. La même chose s'est produite en 2010. Les gens sont donc coincés.

Il n'a fallu que 300 ans au capitalisme et à l'impérialisme pour ruiner la terre. Maintenant, alors que le changement climatique est à nos portes, l'élite, les 1% vont essayer de se sauver et de ruiner le reste d'entre nous. Il faut un mouvement, une solidarité internationale pour changer les choses.


Tooba Syed - Front démocratique des femmes et Parti des travailleurs Awami, section Punjab

Toilettes, hygiène menstruelle et santé

La plupart des femmes touchées par les inondations utilisent des vêtements réutilisables pendant le cycle menstruel, mais il n'y a pas d'eau propre, car certaines parties du Sindh sont encore six pieds sous l'eau.

Dans les camps de secours pour personnes déplacées, il peut y avoir 500 personnes qui vivent dans un camp, mais seulement une ou deux toilettes qui fonctionnent. De nombreuses femmes préfèrent ne pas utiliser ces toilettes, alors elles se retiennent pendant de longues heures et attendent la nuit pour aller utiliser les toilettes à l'extérieur, en plein air.

Des dizaines de milliers de femmes ont accouché et continuent d'accoucher dans un contexte de catastrophe et de déplacement. Mais il n'y a pas de lieux d'accouchement pour elles ni de soutien médical.

Nos systèmes de santé ne fonctionnent pas dans le meilleur des cas, et nous ne pouvons pas nous attendre à ce que soudainement, lors d'une catastrophe, ces systèmes soient opérationnels. Nous ressentons cette pénurie maintenant, car ce dont nous avons besoin de toute urgence, ce sont des camps médicaux de masse, des espaces d'accouchement... mais ils ne sont tout simplement pas là.

Nous sommes également au milieu d'épidémies massives de malaria et de dengue en ce moment. En outre, le manque d'accès à l'eau potable provoque des diarrhées, le choléra, des maladies de peau...

Action collective

À Islamabad, lorsque nous avons commencé à travailler, nous n'étions pas très nombreux. Le premier jour où nous avons organisé un camp de collecte de fonds, nous n'étions que trois. Puis beaucoup de jeunes, femmes et hommes, ont commencé à se porter volontaires. Malgré les dangers du travail humanitaire, ils voulaient se rendre dans les zones touchées par les inondations ou aider d'une manière ou d'une autre. Dans de nombreuses régions, les routes n'étaient pas praticables en raison du niveau élevé de l'eau, les lignes de communication ne fonctionnaient pas, et il fallait marcher pendant deux ou trois heures pour apporter de l'aide - et les gens le faisaient.

Il y a eu tellement d'actions de solidarité, même de la part de gens de l'étranger, que je ne me souviens pas de toutes. Un café collectif de femmes à Sialkot nous a fait don de trois jours de revenus. Des danseuses allemandes nous ont fait un don. Des femmes que nous connaissons dans le mouvement des femmes kurdes, des militantes iraniennes nous ont fait des dons... Honnêtement, c'était l'une des seules choses qui nous motivait à faire cela, car c'était une période vraiment sombre pour nous. La solidarité nous a permis de continuer.

Gestion de la rivière impériale

Si vous regardez les pays qui sont actuellement touchés par la crise climatique, ce sont pour la plupart des pays qui ont tous été colonisés dans le passé. De nombreuses interventions de l'ère coloniale ont conduit à un certain type de gestion impériale des rivières, qui contribue aux inondations actuelles.

Au Pakistan, les impérialistes britanniques ont construit des canaux, justifiant leurs actions par la "prévention de la famine". Mais les canaux avaient surtout pour but de trouver des moyens d'investir les capitaux de Londres et de générer des revenus. Ils ont construit des canaux principalement dans des zones qui étaient déjà des terres fertiles, où l'agriculture était déjà pratiquée. Cela signifiait que les zones qui étaient déjà irriguées disposaient d'un supplément d'eau. En fin de compte, ils ont changé la nature de l'Indus.

Plus récemment, les interventions de la Banque mondiale ont eu de graves conséquences. Elles se sont engagées dans des projets bâclés, comme à Badin, dans le Sind, pour tenter de contrôler la rivière et son débit. Les habitants de ces régions ont protesté, y compris auprès d'un tribunal populaire. Mais personne n'a écouté. Bien plus tard, une équipe d'enquêteurs de la Banque mondiale est arrivée et a déclaré : "Oups, nous avons fait une erreur". Mais leur erreur a déplacé des communautés entières, y compris de nombreuses communautés indigènes de la rivière.

Le gouvernement pakistanais

Les inondations sont, oui, on pourrait dire, la faute de notre gouvernement incompétent. Mais même lorsque ces inondations se produisaient, l'État pakistanais se battait pour obtenir un prêt du FMI. Et ce prêt ne nous donne pas la souveraineté de décider où nous dépensons l'argent. Le Pakistan fonctionne dans une économie de la dette qui est entièrement régie par les institutions financières internationales. La Banque mondiale a financé plusieurs projets liés aux rivières et a chargé sa propre équipe technique de faire le travail, même si les personnes qui vivent près du lit des rivières connaissent mieux l'eau.

Il y a eu un manque de préparation de la part du gouvernement, oui. Mais dans quelle mesure un pays peut-il se préparer en l'absence de fonds ou de souveraineté ? Je veux bien que l'on demande des comptes au gouvernement, mais c'est notre travail, au Pakistan. Et peut-être que lorsque nous demandons des comptes à notre gouvernement, la Banque mondiale devrait nous écouter ? Parce que nous leur disons, ne faites pas ça, il y aura des destructions. Ils ne nous écoutent pas. Ce sont leurs barrages financés - et mal planifiés - qui causent les inondations.

Solutions

L'ampleur de cette crise nécessite une action à l'échelle du Nord et du Sud. Nous devons raviver l'esprit internationaliste de la politique internationale. Nous devons renforcer la solidarité entre les peuples.

De nombreux pays touchés par le changement climatique sont endettés. L'annulation de la dette est essentielle. Des organisations telles que la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et la Banque africaine de développement doivent être activement combattues, de même que le FMI.

Il faut une politique internationaliste autour des rivières. Tant que nous traiterons nos ressources comme des choses qui doivent être achetées dans le domaine de la production ou de la marchandisation, nous aurons des problèmes. Il en va de même si nous ne voyons les rivières que comme des conduits d'eau. Nous faisons partie de cet écosystème naturel, nous ne sommes pas en dehors de lui.

Tant que nous tenterons de dominer la nature, peu de choses changeront. C'est ce que nous voyons encore - les institutions mondiales font pression pour des solutions techniques. Mais nous n'avons pas besoin de solutions techniques. Nous avons besoin de solutions durables, de solutions indigènes, de nouvelles pratiques de production de connaissances et de nouvelles personnes pour ouvrir la voie.


Bakhshal Thalo - Parti des travailleurs Awami, section de Sindh

Réagir aux inondations

La dévastation est massive. Rien que dans le Sindh, 10 millions de personnes sont déplacées. La première chose que nous avons dû faire était des évacuations d'urgence : littéralement sauver les gens de la noyade. Puis la distribution de nourriture. Maintenant, c'est comme si nous opérions dans une épidémie. Malaria, dengue, autres maladies d'origine hydrique, problèmes gastro-intestinaux : il y a des maladies partout. Nous gérons près de 50 camps médicaux. Même avant les inondations, au moins 70 % de la population du Sindh souffrait de malnutrition... Voilà ce que font les inondations : elles font remonter à la surface les éléments cachés de la faim dans notre société.

Nous avons utilisé les réseaux de notre parti pour nous organiser et avons établi des liens avec d'autres militants et organisations politiques pour coordonner les secours. Mais que pouvons-nous faire face à une catastrophe d'une telle ampleur ? Nous avons essayé, mais nous n'avons pas fait grand-chose. Que pouvez-vous faire quand les gens souffrent par dizaines de milliers ?

La puissance du fleuve Indus

Normalement, nous disons que les inondations sont une bénédiction pour le Sind (l'Indus). Les inondations font partie de la vie d'un fleuve. Les rivières sont vivantes : la rivière respire, parfois elle s'assèche, parfois elle déborde, parfois elle prend un tournant, de manière inattendue.

Une chose que nous disons est que la rivière a fait le Sind, et non le Sind (et ses habitants) qui a fait la rivière. Nous devons apprendre à vivre avec la rivière, son tempérament. Mais nous ne le faisons pas. Nous ne l'avons pas fait depuis que les colonialistes ont lancé des projets d'ingénierie de masse visant à contrôler le fleuve, à le conquérir. Mais le fleuve n'a pas été conquis et tout ce qu'il nous reste, c'est la dévastation.

Inégalités mondiales

L'Europe est également confrontée aux effets du changement climatique : sécheresses, températures extrêmes, ouragans. Mais comme ils ont à leurs pieds le butin du monde entier, ils ont des solutions pour sortir de cette dévastation, des nouvelles technologies, etc. C'est nous, les habitants du tiers monde, de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique latine, qui souffrirons toujours le plus - et en ce moment, c'est l'Asie du Sud qui souffre le plus... Nous sommes considérés comme des populations sacrifiables, excédentaires.

Ils cessent d'utiliser des combustibles fossiles dans leurs propres pays, mais augmentent les combustibles fossiles dans les nôtres. La Chine réduit les émissions de carbone dans son propre pays mais donne au Pakistan la technologie nécessaire pour gérer de nouvelles centrales. La deuxième phase de l'usine de charbon de Tharcoal, dans le Sindh, vient d'être inaugurée par le premier ministre, Shahbaz Sharif. Ils prétendent que cette centrale est un "panier énergétique", mais ils savent qu'elle sera un désastre pour tous ceux qui vivent dans la région.

Le combat est international

Le changement climatique est un combat mondial. La question du climat doit être liée à la question des classes sociales, à la question du genre, et à nous, ici, dans le sud du monde. Ce n'est que lorsque nous lions nos questions que nous pouvons trouver une solution. Et le changement climatique ne peut être résolu aujourd'hui, qui est encore une époque impériale, que si nous tenons compte de l'inégalité de l'âge socio-économique, du développement inégal, des inégalités mondiales. Le secteur des entreprises ne nous aidera pas, ceux qui sont au pouvoir ne nous aideront pas. Nous devons nous unir en tant qu'internationalistes, bras dessus, bras dessous. Ce problème ne sera résolu que par une action mondiale. Les animaux sont en voie d'extinction. Les plastiques dévorent la mer. Nous avons besoin d'une nouvelle stratégie, de nouvelles tactiques. C'est notre travail. Nous devons nous battre.

Par Sanaa Alimia, initialement publié par Red Pepper

    27 janvier 2023

Cet article est paru pour la première fois dans le numéro 238, hiver 2022, Déluge et sécheresse.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

En Île-de-France, l’inquiétante impréparation aux inondations

Un récent rapport de la Cour des comptes met au jour le manque d’anticipation contre ce risque naturel majeur auquel la région est pourtant très exposée.

Le document est étonnamment passé sous la plupart des radars médiatiques. Il jette pourtant une lumière crue sur l'organisation de l'Île-de-France face au risque d'inondations. Dans un rapport commun publié le 18 novembre, la Cour et la chambre régionale des comptes pointent « une stratégie de prévention défaillante » faute d'un niveau d'investissement à la hauteur des enjeux et d'une mauvaise coordination des acteurs concernés : État, collectivités locales, gestionnaires de réseaux, professionnels de l'aménagement, entreprises et administrés.

Les inondations font pourtant partie des risques naturels les plus importants en Île-de-France, après la sécheresse. « C'est même le premier en termes de coûts », souligne la géographe Magali Reghezza-Zitt, codirectrice du Centre de formation sur l'environnement et la société de l'École normale supérieure et membre du Haut Conseil pour le climat.

Les dernières grandes crues que la région a connues, en 2016 et 2018, ont ainsi respectivement coûté 1,4 milliard d'euros et entre 150 et 200 millions d'euros. Au printemps 2016, la Seine avait atteint 6,10 mètres à Paris, son plus haut niveau depuis les inondations de 1982 ; 15 000 personnes avaient été évacuées et 20 000 foyers privés d'électricité.

En janvier 2018, le pic de crue avait été limité à 5,87 mètres grâce à l'action des quatre lacs réservoirs construits en amont de la capitale entre 1949 et 1990, qui ont alors permis de réduire la hauteur de crue à Paris de 65 centimètres et les dommages de près de 90 millions d'euros.

«Gigantesque panne technologique »

Mais, selon un rapport publié fin 2018 par le conseil général de l'environnement et du développement durable et l'inspection générale de l'administration, ces lacs étaient alors à saturation. Autant dire qu'ils ne suffiront pas à arrêter une crue centennale, du type de celle de 1910, lors de laquelle l'eau avait atteint 8,62 mètres.

Dans une étude qui avait suivi les inondations de 2018, l'OCDE chiffrait à 30 milliards d'euros, et trois points de PIB sur cinq ans, le montant des dommages directs d'une crue centennale – qui a une chance sur cent par an de se produire.

« Autrement dit, un Français a deux chances sur trois d'en voir une dans sa vie, souligne Magali Reghezza-Zitt. Au-delà des maisons inondées, des personnes évacuées – dont le nombre pourrait dépasser 700 000, voire un million –, cette crue provoquerait une gigantesque panne technologique : coupures de courant, de chauffage, de transports. Ce qui aurait des conséquences sur l'activité économique, mais aussi sur la capacité des secours à se rendre sur des urgences et sur l'assainissement, entraînant des évacuations sanitaires. »

« En surface, le 15e arrondissement, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la grande couronne, où on a très fortement construit en zone inondable, seraient parmi les zones les plus touchées, poursuit la géographe. Mais il pourrait aussi y avoir des évacuations là où il n'y a pas d'eau, du fait de la remontée des nappes phréatiques et des circulations d'eaux souterraines dans les réseaux. »

Réglementer l'urbanisation

Pour la Cour des comptes, le sujet des remontées des nappes et des ruissellements – qui constituent environ le tiers des dommages assurés en Île-de-France – doit être davantage pris en compte par les politiques publiques. « De par sa densité urbaine, la région est très exposée à ces risques. La question des ruissellements, en particulier, va se poser de manière de plus en plus aiguë, avec l'accroissement des phénomènes de pluies extrêmes liés au changement climatique couplé à de longues périodes de sécheresse. Or, l'État ne porte pas suffisamment à la connaissance des acteurs locaux les informations dont il dispose sur ces sujets », abonde Stéphanie Bidault, experte en gestion du risque inondation.

Pour limiter les effets de l'imperméabilisation des sols, la Cour appelle aussi, dans son rapport, à réglementer davantage l'urbanisation des zones inondables, dans lesquelles la population n'a cessé d'augmenter ces dernières années.

S'agissant des nouvelles constructions, il existe une charte des quartiers résilients, élaborée par la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports d'Île-de-France, et que la Métropole du Grand Paris (MGP) assure vouloir respecter dans son schéma de cohérence territorial (Scot).

« Mais cette charte demanderait à être plus systématiquement appliquée, ce qui exige des aménageurs et des opérateurs de prendre vraiment conscience de leur rôle. Dans certains cas, revégétaliser, renaturer des espaces publics et laisser plus de place à l'eau semblent de bonnes options », insiste Stéphanie Bidault.

«Bouchées doubles »

À cet égard, la MGP a, pour le moment, à son actif, l'opération menée sur les berges de l'Yerres, à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), où les crues de 2016 et 2018 ont été particulièrement dévastatrices, ou encore les travaux menés sur les rivières de la Bièvre et du Morbras.

Autre projet d'envergure, inauguré le 13 octobre : la construction d'un casier pilote de stockage des eaux dans la vallée de la Bassée, à la jonction de la Seine et de l'Yonne, en Seine-et-Marne.

Cet immense bassin de rétention de 360 hectares, d'un coût de 114 millions d'euros, a été financé à 30 % par la MGP - qui a récupéré la compétence Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) en 2016 - et construit par Seine Grands Lacs, l'établissement public territorial qui gère les ouvrages de protection de 19 départements et de 4 régions. Il aura pour fonction d'éviter la concomitance d'une crue des deux rivières. Sa livraison est prévue pour les Jeux olympiques de 2024 et doit être suivie de huit autres casiers d'eau d'ici le début des années 2030.

Modèles agricoles compatibles

« La Cour des comptes dit des vérités, mais le constat qu'elle dresse appartient désormais au passé, car nous avons mis les bouchées doubles dans nos programmes d'actions », défend Patrick Ollier, président LR de la MGP mais aussi, depuis septembre 2021, de Seine Grands Lacs.

Outre le casier du site de la Bassée, l'élu a lancé un appel à projets pour la création de zones d'expansion des crues. Ces zones naturelles ou agricoles permettent de stocker l'eau en cas d'inondation : 86 sont en cours d'études ou de réalisation.

« Elles permettront de retenir le même volume d'eau que les quatre grands lacs », affirme Patrick Ollier. Encore faut-il convaincre les agriculteurs d'accepter d'inonder leurs exploitations en cas de crue. Pour cela, Seine Grands Lacs travaille avec les chambres d'agriculture afin de trouver des modèles agricoles compatibles avec cette option ou, à défaut, de négocier des conventions d'indemnisation. À la Bassée, 1 000 euros par hectare seront versés aux exploitants en cas d'expansion des crues sur leurs terres.

Le plan Seine supprimé en 2021

Pour financer tous ces travaux, l'élu a annoncé l'augmentation de la taxe Gemapi en 2023, qui passera de 0,52 à 2 euros par foyer fiscal et par an. Il compte aussi mettre en place un cabinet d'ingénierie pour permettre aux communautés de communes qui n'en ont pas les moyens de mener les études nécessaires et encourage les maires à mettre en place des plans communaux de sauvegarde. Un outil obligatoire et indispensable à la gestion de crise, qui n'est pourtant respecté, selon la Cour des comptes, que par 60 % des communes franciliennes.

« Mais quand on les aide, celles-ci sont volontaires », soutient Patrick Ollier, également maire de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Il en veut pour preuve la montée en puissance du futur programme d'actions de prévention des inondations (Papi) métropolitain en cours d'élaboration, dans lequel se sont engagées trois fois plus de collectivités que pour le précédent.

D'un montant de 200 millions d'euros, il prévoit, d'ici à 2029, 342 actions – contre 160 auparavant – et pourrait avoir le soutien des régions Grand-Est et Île-de-France. Pour la collectivité dirigée par Valérie Pécresse, ce serait une première.

« La région Île-de-France refuse de s'engager dans la prévention des inondations, malgré les liens directs de certaines actions nécessaires avec ses compétences en matière d'aménagement du territoire et de développement économique », souligne le rapport de la Cour des comptes, qui regrette le manque de stratégie à l'échelle du bassin de la Seine. Faute d'une enveloppe financière suffisante et de coordination des acteurs concernés, le plan Seine – l'un des grands plans fleuves du pays – a ainsi été supprimé en 2021.

Manque de sensibilisation du grand public

De surcroît, le contrat de plan interrégional 2022-2027 concernant la partie amont – donc francilienne – du bassin n'a pas de volet inondation. Il n'est pas non plus intégré dans le plan Vallée de Seine, qui concerne la partie aval. Un tel cloisonnement administratif ne permet pas au préfet coordonnateur de bassin, et donc à l'État, de jouer le rôle qui lui est dévolu par le Code de l'environnement, déplore la Cour.

« Le problème, c'est que le risque de crue majeure n'est pas porté politiquement, ni au niveau national, ni au niveau local, ni avec l'énergie et les moyens suffisants, ni avec la continuité nécessaire, alors que les alertes sont régulières », estime la géographe Magali Reghezza-Zitt.

 
 
 

Aux investissements tardifs et à l'empilement des stratégies territoriales s'ajoute le manque de sensibilisation du grand public, malgré la mise en place du site didactique Episeine par Seine Grands Lacs, qui explique très concrètement aux citoyens quoi faire en cas d'inondation. L'obligation de mener des exercices grandeur nature tous les cinq ans est ainsi très peu respectée. Pour la Cour des comptes, « la raison en est probablement l'absence de sanction à ces manquements ».

Par

 
Sécheresse : "Cette année, plus que jamais, les oiseaux sont affectés par le réchauffement climatique", explique Alain Bougrain-Dubourg

Plus de 500 oiseaux retrouvés morts dans l'Hérault, des oiseaux marins décimés par la grippe aviaire en Bretagne... Le président de la ligue de protection des oiseaux a écrit son inquiétude au ministre de l'Agriculture.

Nouvelle conséquence de la sécheresse : à l'étang de Capestang, dans l'Hérault, plus de 500 oiseaux ont été retrouvé morts. Ce sont principalement des canards, victimes de botulisme. La maladie s'attrape par une bactérie qui se développe dans les eaux stagnantes. "Une des conséquences du dérèglement climatique", explique Alain Bougrain-Dubourg, président de la ligue de protection des oiseaux (LPO).

franceinfo : Ce phénomène a-t-il été repéré ailleurs que dans l'Hérault ?

Alain Bougrain-Dubourg : Oui, malheureusement, ce n'est pas un scoop. C'est assez fréquent en cette période de l'année, après les grosses chaleurs. Il y a eu un déficit en eau considérable, et la toxine botulique se développe notamment en raison d'une faible oxygénation. Les conséquences ont été bien décrites : les oiseaux sont paralysés, certains ont la tête qui tombe dans l'eau et ils se noient de cette manière. C'est une période douloureuse pour la faune qui n'a vraiment pas besoin de ça. C'est aussi la conséquence du dérèglement climatique qui favorise ce genre de pathologies.

Est-ce une maladie qui se propage rapidement ?

Je vais être franc : le botulisme actuellement ne m'inquiète pas outre mesure. En revanche, je suis paniqué par la grippe aviaire qui touche notamment les oiseaux marins. Près de la moitié de la population des fous de Bassan, dans la réserve des Sept-Îles (Côtes-d'Armor), sont affectés. Nous avons aussi retrouvé des goélands contaminés à l'île d'Oléron ou des vautours dans les Cévennes. J'ai adressé hier soir un avis au ministre de l'Agriculture qui est en charge de cette question. Je n'ai pas de réponse à l'heure où je vous parle. Je le regrette.

"Nous allons nous retrouver devant des cadavres qui vont être de plus en plus nombreux."

Alain Bougrain-Dubourg, président de la ligue de protection des oiseaux

à franceinfo

Il faut savoir comment faire. Nous ne pouvons pas récupérer les oiseaux pour les amener dans des centres de soins, parce qu'ils contamineraient tous ceux qui sont actuellement gardés dans nos centres. C'est extrêmement complexe mais c'est insupportable de laisser les oiseaux mourir comme ça.

Vous constatez cet été d'autres conséquences directes de la sécheresse et de la canicule sur les oiseaux ?

Oui, on l'a vu dès le mois de juin. Les martinets noirs, qui vont nidifier sous les tuiles, ne supportent plus des chaleurs qui peuvent atteindre plus de 40 degrés. Les jeunes sont obligés de se jeter dans le vide alors qu'ils n'ont pas encore leur plumage... Nous avons récupéré des centaines et des centaines d'oiseaux. Cette année, plus que jamais, les oiseaux sont affectés par le réchauffement climatique.

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/secheresse-cette-annee-plus-que-jamais-les-oiseaux-sont-affectes-par-le-rechauffement-climatique-explique-allain-bougrain-dubourg_5330140.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220828-[lestitres-coldroite/titre1]

Chaleur : les cigales ne chantent plus

En raison des trop fortes chaleurs, les cigales sont devenues muettes. A terme, cela pourrait impacter l'espèce, puisque le chant sert à attirer les femelles pour pouvoir se reproduire.

C’est le silence dans la pinède. Ou presque. Mais où est donc passé le puissant chant des cigales ? Depuis quelques jours, dans le nord de Montpellier, elles sont nettement moins nombreuses à se frotter les ailes. Les cigales en baisse de régime, ce spécialiste l’a aussi constaté. Il a mené ses propres recherches. Ses résultats sont sans appel, la canicule y est pour quelque chose : "On observe la date d'éclosion des cigales en fonction des années. Plus on avance dans les années, plus la date d'éclosion est précoce, à peu près à chaque degré gagné. C'est à peu près trois à cinq jours de précocité sur l'éclosion".

Un risque pour la chaîne alimentaire

Ce chant est nécessaire aux cigales pour attirer les femelles et se reproduire. Mais au-delà de 38 °C à l'ombre, impossible pour les cigales de chanter, car il fait trop chaud. Une disparition dangereuse pour la chaîne alimentaire. Si la cigale ne chante pas tout l’été, d'autres espèces risquent de se retrouver fort dépourvues, quand la bise sera venue.

C. Tomaso, S. Desjars, A. Raynal, S. Janneau - France 3
France Télévisions

 

https://www.francetvinfo.fr/france/chaleur-les-cigales-ne-chantent-plus_5295175.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220807-[lesimages/image1]

Orages violents : "On vit des événements de plus en plus extrêmes", selon la filiale "risques" de Météo France

Selon Alix Roumagnac, président de la filiale "risques" de Météo France, "il ne faut plus parler au futur" à propos des conséquences du déréglement climatique.

"On vit, dès aujourd’hui, il ne faut plus parler au futur, des événements qui deviennent de plus en plus extrêmes", indique samedi 4 juin sur franceinfo Alix Roumagnac, président de Predict Services, la filiale "risques" de Météo France.

>> Suivez l'avancée des orages en France en direct sur franceinfo

65 départements sont en vigilance orange pour des orages violents. 

franceinfo : On parle samedi soir d’une alerte exceptionnelle par son ampleur. Est-ce le cas selon vous ?

Alix Roumagnac : Tout à fait. Plusieurs facteurs expliquent ce caractère exceptionnel. Nos collègues de Météo France ont placé plus de 65 départements en vigilance orange. C'est une grande transversale de la France. Les orages ont démarré sur l'ouest de la France, ils touchent l’ouest du bassin parisien en fin d’après-midi et une deuxième salve est attendue en début de soirée. Elle va partir du sud-ouest de la France, traverser le Massif central et toucher la Bourgogne et le Grand Est dans le courant de la nuit et au petit matin. Météo France attend des orages particulièrement intenses, extrêmes avec des coups de vents potentiellement important, de la grêle possible et des pluies intenses qui peuvent provoquer des pluies intenses en milieu urbain. Donc, on ne peut qu’inciter à la plus grande prudence.

Il pourrait y avoir des grêlons gros comme des balles de tennis. Comment se forment-ils ? Comment peut-on avoir des grêlons aussi gros ?

C'est vraiment le différentiel de température entre le sol et le haut des nuages. Plus ce gradian est important et plus on risque de voir des grêlons de très grosse taille. C'est le cas ce week-end, avec des nuages très hauts, avec des températures très froides sur le haut des nuages. Certaines études tendent à montrer que le changement climatique peut avoir une influence sur des événements de grêles de plus en plus importantes du fait de différentiel de températures. Ce sont des études qui sont en cours de validation, mais qui confirment bien ce que l'on vit au quotidien. On vit, dès aujourd’hui, il ne faut plus parler au futur, des événements qui deviennent de plus en plus extrêmes.

La terre est très sèche par endroits, puisque beaucoup de régions sont concernées par des sécheresses actuellement. Ça veut dire que la terre et est imperméable ou pratiquement imperméable. Faut-il redouter des ruissellement de terrain ?

Vous avez tout à fait raison. Beaucoup d’agriculteurs attendent de l'eau. Donc, on espère que ces pluies qui arrivent vont faire du bien à l'agriculture. Mais effectivement, il y a plusieurs éléments : si elle arrive de manière trop intense avec des sols qui peuvent être fermés, si elle arrive sous forme de grêle en milieu urbain encore plus où les sols sont imperméabilisés, ces pluies peuvent provoquer des ruissellements rapides. C'est ce qui s'est passé vendredi autour de Rennes. Cela oblige, et on accompagne pour cela, les maires à mettre en œuvre des plans de communaux de sauvegarde, des mises en sécurité, et ce qui oblige chacun à prendre des actions de prudence lorsque ces événements arrivent.

 

https://www.francetvinfo.fr/meteo/inondations/orages-violents-on-vit-des-evenements-de-plus-en-plus-extremes-selon-la-filiale-risques-de-meteo-france_5178463.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20220605-[lestitres-coldroite/titre2]

 

Le changement climatique pourrait entraîner l'effondrement d'un pont en acier américain sur quatre d'ici 2040.

Les ponts aux États-Unis et dans d'autres pays à revenu élevé vieillissent et se détériorent. L'année dernière, une grande partie d'un pont italien construit dans les années 60 s'est effondré, tuant plus de 40 personnes.

L'un des problèmes les plus courants concerne les joints de dilatation. Cela permet aux sections d'un pont de gonfler et de rétrécir par temps plus chaud sans affaiblir la structure. Mais ils causent des problèmes structurels majeurs en cas de dysfonctionnement.

Hussam Mahmoud, de l'Université d'État du Colorado, et son collègue ont décidé de modéliser les effets de la hausse des températures sur les ponts en acier aux États-Unis.

En particulier, ils se sont concentrés sur ce qui se passerait lorsque les joints obstrués par la saleté et les débris seraient exposés aux températures plus élevées attendues dans les années à venir à mesure que le climat se réchauffe. L'engorgement est un problème courant, surtout dans les ponts qui se détériorent, mais il est coûteux à régler.

Ponts à risque

Ce colmatage empêche les sections de se dilater en toute sécurité et déforme les parties du pont qui n'ont pas été conçues pour résister à la charge résultante.

Mahmoud a analysé les données sur l'état d'environ 90 000 ponts traversant les États-Unis et a modélisé comment les joints de dilatation seraient affectés par les températures prévues au cours des 80 prochaines années.

Ils ont constaté que les températures actuelles ne sont pas assez extrêmes pour causer un problème, mais un pont sur quatre risque qu'un tronçon soit défaillant au cours des 21 prochaines années, atteignant 28 % d'ici 2060 et 49 % d'ici 2080. Presque tous sont prêts à échouer d'ici 2100.

"Ces défaillances sont très graves, dit Mahmoud.

Les ponts sont conçus pour permettre la répartition de la charge en cas de défaillance partielle de celle-ci. Cependant, cette étude s'est concentrée sur les défaillances de la partie principale de la structure portant la charge, ce qui signifie que la section s'effondrerait complètement ou nécessiterait des travaux importants pour la réparer.

Lihai Zhang, de l'Université de Melbourne en Australie, affirme que les pays développés du monde entier sont confrontés à des problèmes similaires à mesure que leur infrastructure vieillit. Aux États-Unis, deux ponts sur cinq ont 50 ans ou plus. Beaucoup n'ont jamais été conçus pour durer aussi longtemps.

Les travaux de Zhang suggèrent qu'en plus des problèmes de chaleur, le changement climatique pourrait aussi rendre ces ponts qui se détériorent encore plus vulnérables en raison des vents plus forts, des précipitations plus importantes et des effets du dioxyde de carbone corrosif dans l'atmosphère.

Cette situation est exacerbée par l'augmentation de la population, la circulation accrue et les camions beaucoup plus lourds que ceux pour lesquels ces ponts ont été conçus au départ, dit-il.

(publié par J-Pierre Dieterlen)

Changement climatique : ces joyaux méditerranéens en voie de disparition

Faute d'action, la majorité des sites classés à l'Unesco se trouvant autour de la Méditerranée sont condamnés avant la fin du siècle, détaille « Le Figaro ».

 
 
 
"Epuisant", "stressant", "déprimant"... Des climatologues nous racontent leur désarroi face au manque d'actions contre le réchauffement

A l'occasion du One Planet Summit, franceinfo a interrogé plusieurs climatologues français et étrangers. Face à des résultats chaque jour plus préoccupants, ils ont souvent l'impression de ne pas être entendus par les décideurs politiques.

"Le combat contre le changement climatique n'est pas terminé. Nous n'avons pas baissé les bras. Nous ne pouvons pas." Une deuxième édition du One Planet Summit se tient, mercredi 26 septembre, à New York (Etats-Unis) afin de faire le point sur les engagements pris fin 2017 à Paris en faveur des financements climatiques et pour les relever. A l'approche de cet événement, organisé en marge de l'Assemblée générale des Nations unies avec notamment l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, et Emmanuel Macron, des climatologues tirent la sonnette d'alarme. 

Ballottés entre le manque d'action et d'écoute, et des résultats chaque jour plus inquiétants, ils témoignent d'une forte "charge émotionnelle", comme le décrit L'Echo, d'un état de "frustration et d'angoisse", expose encore une climatologue au magazine The Monthly (en anglais). A quoi ressemble donc le quotidien de ces "annonciateurs de mauvaises nouvelles" ? Franceinfo leur a posé la question.

"Observer une tragédie grecque"

"Il y a un peu parfois l'impression d'observer une tragédie grecque. Vous savez ce qu'il va se produire et vous voyez les choses se produire", présente Valérie Masson-Delmotte, chercheuse en sciences du climat au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement de Paris-Saclay. Outre-Atlantique, le sentiment trouve écho : "Il y a peu de jour où on a l'impression que les choses vont bien", confirme Andrew Rosenberg, biologiste marin américain et directeur du Centre pour la science et la démocratie au sein de l'Union des scientifiques inquiets. 

Hausse des températures, fonte des glaciers, émissions de CO2 qui ne cessent de grimper... "On a l'impression d'être toujours annonciateurs de mauvaises nouvelles", déplore Benjamin Sultan, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Face aux résultats de leurs recherches, ils décrivent parfois des situations de stress et d'épuisement dont il est difficile de s'affranchir une fois la porte du bureau claquée, le soir.

C'est quelque chose qui prend une place importante dans ma vie quotidienne. Mon travail est très prenant. C'est quelque chose qui nous tourne dans la tête tout le temps.

 

A l'unanimité, ils déplorent un manque d'action de la part des pouvoirs publics. "Depuis une trentaine d'années, rapport après rapport, les scientifiques montrent le changement climatique. A l'échelle globale, rien ne se passe", regrette Gilles Ramstein, directeur de recherche au CEA. "On n'a pas arrêté de lancer l'alerte ! Face à ça, il y a un manque d'action, d'ambition. Il y a une très grande frustration de voir qu'alors que l'on sait que le climat se dégrade, les décideurs et les citoyens n'agissent pas suffisamment", abonde Jean-Pascal Van Ypersele, professeur de climatologie belge et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Le sentiment de crier "dans le désert"

Il dit avoir parfois l'impression de crier "dans le désert", seul. Un sentiment qu'a ressenti Benjamin Sultan lors de la démission de Nicolas Hulot. "Même en ayant un ministre qui est très engagé, conscient de la menace, on n'est pas capable de prendre la mesure du problème. Pour moi c'était un grand moment de solitude." Françoise Vimeux, elle aussi climatologue à l’IRD, explique cette indifférence par le sujet même des recherches réalisées dans le domaine. "Nous en tant que climatologue, on parle souvent des conséquences pour la fin du XXIe siècle et ça paraît loin. Finalement il y a peu de personnes qui s’intéressent ou qui veulent prendre des responsabilités sur un temps aussi long." Mais l'urgence est là. 

Les choses changent, oui. Mais ça va trop lentement. Le climat ne va pas attendre qu'on se décide.

Andrew Rosenberg

 

"Le problème il est qu'entre le moment où vous allez prendre conscience et celui où vous allez agir, normalement vous avez le temps. Mais là, le temps nous est compté", renchérit Gilles Ramstein.

"Le combat n'est pas terminé"

Malgré un quotidien éprouvant, aucun d'eux n'est décidé à baisser les bras et se laisser aller à un "catastrophisme total, une sinistrose", comme le dit Gilles Ramstein. Ni optimisme "béat", ni pessimisme donc. "Je pense qu'il faut être lucide sur ce qu'il reste à faire", défend Valérie Masson Delmotte. Sa solution ? "Etre curieux. On est dans une situation inédite, on entre dans un territoire inconnu avec le changement climatique. Alors cherchez à comprendre quelles peuvent être les conséquences du réchauffement climatique chez vous. Cherchez à vous approprier des solutions."

"L'amplitude du changement climatique, elle dépend de nous. Il y a des scénarios optimistes, il y a des scénarios pessimistes, c'est à nous de décider suivant la manière dont on souhaite vivre", martèle Françoise Vimeux.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le sens des priorités

 

Ainsi donc nous avons passé l'été à discuter surtout de Pokémons et de burkinis. Le succès fulgurant de la nouvelle version du jeu qui avait fait la gloire de Nintendo il y a vingt ans dit certes des choses intéressantes sur nos sociétés et sur les potentialités des technologies de réalité augmentée. Et la question de savoir comment préserver le vivre ensemble au moment où l'Etat islamique multiplie les attentats est évidemment très sérieuse. Tout ce qui pourrait être perçu, d'une façon ou d'une autre, comme stigmatisant les musulmans ne saurait être une bonne réponse, puisque c'est exactement ce qu'espèrent les terroristes.

Reste que se sont aussi produits durant l'été d'autres événements qui auraient mérité nettement plus de place dans le débat public. Il s'agit en particulier des dérèglements climatiques qui ont noyé la Louisiane et une grande partie de la Chine sous des mètres d'eau, pendant que le feu dévastait une Californie desséchée. Tandis qu'en France même, après les inondations du printemps, on apprenait au coeur de l'été que la production de blé avait chuté de 30 %. Le 2 août dernier, la National Oceanic and Atmospheric Administration américaine confirmait par ailleurs que l'année 2015 avait déjà été une année de tous les records en matière de climat, que ce soit en termes de température ou de montée des eaux.

Le changement climatique est évidemment, en soi, un sujet compliqué. Et les négociations byzantines qui l'entourent dépassent bien souvent le commun des mortels. Il n'empêche : ce sera à coup sûr la grande affaire du XXIe siècle, celle qui déterminera la survie ou non de l'espèce humaine. Mais ce défi colossal pourrait aussi nous aider à surmonter la perte de sens et l'absence de projet collectif fédérateur qui menacent de faire imploser nos sociétés. Comment réussir à bien vivre, et en particulier à préserver nos acquis sociaux, tout en se passant des énergies fossiles ? C'est la question principale autour de laquelle on pourrait, et on devrait, chercher en particulier à relancer le projet européen… Bref, la lutte contre le changement climatique mériterait plus que jamais de faire la une des journaux télévisés et d'occuper les talk-shows.

 

Guillaume Duval


Alternatives Economiques n° 360 - septembre 2016

Un rongeur australien, premier mammifère à disparaître à cause du réchauffement climatique ?

A moins que vous ne fassiez partie du cercle très restreint des scientifiques passionnés ou des éthologues les plus pointus, gageons que vous n’avez jamais entendu parler du Melomys rubicola. Pourtant, le nom de ce petit rongeur d’Australie pourrait entrer dans l’histoire comme la première espèce de mammifère à être anéantie par le changement climatique causé par l’homme.

 

Il y a quarante ans à peine, des centaines de ces rats gambadaient sur Bramble Cay, une minuscule île inhabitée, située dans le détroit de Torrès qui sépare l’Australie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le mammifère, découvert par des Européens en 1845, était le seul endémique de la Grande Barrière de corail. Il évoluait uniquement sur cet îlot sablonneux, long de 340 mètres et large de 150 mètres, qu’il partageait avec des oiseaux marins et des tortues vertes.

Mais depuis 2009, l’animal n’a plus montré le bout de son museau. En 2014, une équipe australienne entreprend alors de retrouver sa trace. Du 29 août au 5 septembre, 900 pièges à mammifères sont posés, ainsi que 60 appareils photos à déclenchement automatique. Le rongeur reste introuvable.

« La seule population connue de ce rongeur est désormais éteinte, en conclut l’équipe de scientifiques de l’université du Queensland et du département de l’environnement de l’Etat, dans un rapport publié mardi 14 juin. Cela représente probablement le premier cas documenté d’extinction d’un mammifère en raison du changement climatique d’origine anthropique. »

Inondations

En cause, selon les experts : l’élévation du niveau de la mer et la survenue d’événements météorologiques extrêmes plus intenses et plus fréquents ces dernières années, en raison du changement climatique. « Le facteur clé responsable de l’extinction de cette population est, de manière quasi certaine, les multiples inondations de l’île au cours de la dernière décennie, provoquant une perte d’habitat dramatique et peut-être aussi une mortalité directe des individus », explique Luke Leung, de l’université du Queensland et coauteur de l’étude.

La superficie de cet îlot, qui ne culmine qu’à trois mètres au-dessus du niveau de la mer, est passée de 4 hectares en 1998 à 2,5 ha en 2014, sous l’effet de l’érosion du vent, des vagues et des marées. En outre, la végétation herbacée, qui fournit à la fois la nourriture et un abri pour les melomys, s’est considérablement réduite, perdant 97 % de sa superficie en dix ans.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) confirme que le rongeur serait la première espèce de mammifère à succomber au changement climatique. « Aucun mammifère n’a à ce jour été répertorié comme disparu, sur notre Liste rouge des espèces menacées, en raison du changement climatique, avance Jamie Carr, du Programme mondial des espèces de l’UICN. Nous nous attendions malheureusement à ce que cette situation change. »

En 2015, l’UICN avait attribué notamment au réchauffement climatique la disparition du Geocapromys thoracatus, ou rat de Little Sawn Island, un autre rongeur, cette fois d’un atoll corallien du Honduras. Mais il était apparu qu’un chat introduit sur l’île était le principal responsable de cette disparition.

« Peu d’espèces sont seulement menacées par le changement climatique : elles sont le plus souvent soumises à des pressions diverses, analyse Franck Courchamp, écologue et directeur de recherches au CNRS. Reste qu’avec la hausse des températures mondiales, on peut craindre que l’exemple de ce rongeur soit le premier d’une longue série. Selon nos calculs, 10 000 îles pourraient être totalement submergées d’ici à la fin du siècle en raison de la montée des eaux. »

« Le changement climatique menace de nombreuses espèces, comme l’ours polaire, le renard arctique ou le phoque annelé, mais on ne connaissait pas encore de cas où il a joué un rôle déterminant dans leur disparition, car le réchauffement est une menace plus récente que d’autres impacts humains », complète Florian Kirchner, chargé de mission espèces menacées à l’UICN France.

6e extinction

Destruction de l’habitat naturel, surexploitation, introduction d’espèces invasives, pollutions… On estime que la biodiversité s’érode, sous la pression des hommes, à une vitesse plus de dix fois supérieure au rythme « naturel » des extinctions d’espèces. Pas moins de 130 000 espèces animales connues, soit environ 7 % de la biodiversité terrestre répertoriée, auraient été déjà rayées de la carte depuis le XVIIIe siècle, dans la plus grande discrétion pour l’écrasante majorité, selon une étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences en juin 2015. Une extinction de masse – la sixième –, qui s’est déjà accélérée et va encore s’aggraver du fait de la crise climatique.

Une espèce sur six – soit des millions au total – est menacée de disparaître d’ici à la fin du siècle sur tous les continents en raison du changement climatique, d’après une autre étude parue dans la revue Science en mai 2015. La hausse des températures va en effet forcer les espèces à migrer en altitude ou vers le nord, pour trouver des conditions plus favorables. De quoi bouleverser les écosystèmes et, surtout, sacrifier les plus vulnérables ou immobiles – comme les coraux ou les animaux des îles.

Il reste malgré tout un espoir pour les melomys de Bramble Cay. L’espèce pourrait avoir gardé un proche parent dans le delta de la rivière Fly, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont on suppose qu’elle serait originaire. Un postulat qui devra être confirmé par de nouvelles analyses. D’ici là, l’équipe de M. Leung préfère rester prudente – comme tout bon scientifique – en affirmant qu« il peut être prématuré de déclarer le rongeur éteint à l’échelle mondiale ».

 

Audrey Garric

Turbulences aériennes accrues, épisodes polaires et caniculaires toujours plus extrêmes, vagues géantes dans les océans: les spécialistes mondiaux du climat ont brossé un tableau apocalyptique de la météo des prochaines décennies lors d'un congrès international qui s'est conclu jeudi à Montréal.

A l'initiative de l'Organisation météorologique mondiale, agence des Nations unies, un millier de scientifiques ont débattu autour du thème, «la météo, quel avenir?» à l'occasion de cette première conférence mondiale sur la météorologie. Près de 10 ans après l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la question n'est plus d'établir si le réchauffement de la Terre va avoir lieu.

«C'est irréversible et la population mondiale continue d'augmenter, il faut que l'on s'adapte», observe Jennifer Vanos, de l'Université Texas Tech. La première décennie du XXIe siècle a vu la température moyenne de la surface de la planète augmenter de 0,47 degré Celsius. Or, une hausse de 1 degré génère 7% plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère, et comme l'évaporation est le moteur de la circulation des flux dans l'atmosphère, une accélération des phénomènes météorologiques est à prévoir.

«Les pluies vont être plus fortes»

D'autant que les scénarios retenus par la communauté scientifique privilégient une hausse de 2 degrés de la température moyenne à la surface de la Terre d'ici à 2050. «Les nuages vont se former plus facilement, plus rapidement et les pluies vont être plus fortes», engendrant notamment davantage d'inondations soudaines, note Simon Wang, de l'Université Utah State.

D'une manière générale, relève ce chercheur américain, la hausse des températures va avoir «un effet d'amplification sur le climat tel qu'on le connaît actuellement». Les épisodes de grand froid, tel le vortex polaire qui s'est abattu cet hiver sur une grande partie de l'Amérique du nord, seront plus marqués, plus extrêmes, tout comme les vagues de chaleur et les périodes de sécheresse, ajoute-t-il.

Le défi pour les météorologues est donc désormais d'inclure la «force additionnelle» créée par le réchauffement climatique dans des modèles de prévision toujours plus complexes, explique Wang. Pour ce faire, les météorologues des prochaines décennies auront besoin d'ordinateurs surpuissants, actuellement extrêmement peu nombreux.

«D'ici 2050, vous passerez deux fois plus de temps en vol dans des turbulences»

Météorologue à l'Université britannique de Reading, Paul Williams a par exemple dû recourir au superordinateur de l'Université américaine de Princeton, l'un des plus puissants au monde, pour étudier les impacts du réchauffement climatique sur les jetstreams, ces courants d'airs rapides situés à une dizaine de kilomètres d'altitude, où les avions de ligne évoluent.

Après des semaines de calculs, son verdict est sans appel: «Le changement climatique donne plus de force à ces courants. (...) D'ici 2050, vous passerez deux fois plus de temps en vol dans des turbulences.»

Tout en notant qu'actuellement, en moyenne, seulement 1% du temps de vol des avions commerciaux subit des turbulences, Williams souligne que si la concentration de dioxyde de carbone augmente de façon exponentielle dans les prochaines années, «on ne sait pas comment les avions vont réagir» à ces masses d'air très agitées.

Des vagues de 40 mètres de haut

Et pas question de se rabattre sur le transport maritime pour voyager en toute quiétude: il faut en effet s'attendre à des vagues monstrueuses sur les océans. «Les compagnies de transport maritime rencontrent toujours plus de vagues énormes», dont certaines font 40 mètres de hauteur alors qu'auparavant 20 mètres était exceptionnel, dit Simon Wang, de l'Université Utah State.

«Ce n'est que le début du changement climatique, car les océans auront beaucoup plus d'impact en libérant davantage de chaleur et davantage de vapeur», avertit-il. D'autant que l'épaisse calotte glaciaire du Groenland a commencé à fondre et pourrait à terme -«pas avant le siècle prochain»- engendrer une hausse de six mètres du niveau des océans, rappelle Eric Brun, chercheur chez Météo-France et auteur d'une récente étude sur le sujet.

Face à tant de bouleversements, Jennifer Vanos, biométéorologue à l'Université Texas Tech, estime qu'il y a urgence à modifier l'urbanisme des villes et les modes de vie en fonction de cette nouvelle réalité, afin de tenter de protéger les populations.

20 minutes avec AFP

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E
C'est affolant de savoir tout cela
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