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après 30 ans d'erreurs politiques, la relance d'EDF...

Publié le par ottolilienthal

Nucléaire: EDF veut pouvoir construire un réacteur par an dans les années 2030
L’électricien vise pour la filière nucléaire française une capacité de construction d’au moins un réacteur de grande taille par an au cours de la décennie 2030, a déclaré mardi son PDG Luc Rémont
 
EDF a des objectifs ambitieux pour la filière nucléaire française. A l’occasion du Salon international du nucléaire civil, près de Paris, son PDG Luc Rémont a indiqué à des journalistes : « Nous tablons sur une cadence accélérée de la capacité de construction des réacteurs de grande taille pour passer de ce que nous avons aujourd’hui, c’est-à-dire 1 ou 2 par décennie, (...) et monter progressivement à 1 voire 1,5 par an ». Luc Rémont a précisé que cette montée en cadence aurait lieu progressivement, avec l’objectif de l’atteindre « lors de la prochaine décennie ».

Actuellement, l’électricien public français travaille notamment au projet de construction de six EPR2 en France, de deux nouveaux EPR en Angleterre, à Sizewell, ainsi que sur des projets en Inde, en République tchèque et en Pologne.

 

« Standardisation ». Le PDG d’EDF, qui s’inscrit dans une logique de construction de réacteurs en série et de « standardisation à une plus grande échelle », après les difficultés rencontrées notamment sur le chantier de l’EPR de Flamanville (Manche), a rappelé que l’Europe était « le premier marché stratégique » d’EDF et que le groupe n’avait « pas vocation (...), ni les moyens d’être investisseur partout ».

 

« Il y a des pays dans lesquels nous serons simplement développeurs - en partie - et fournisseurs de technologies, ou simplement fournisseurs de technologies », a-t-il dit. « Nous allons nous adapter, même en Europe, à ces différents modes d’intervention en fonction d’abord de ce que souhaitent les partenaires avec qui nous travaillons et puis aussi évidemment de nos propres moyens », a ajouté Luc Rémont.

 

Evoquant le projet de construction de six réacteurs EPR en Inde, à Jaitapur, Luc Rémont a en outre fait état de « la volonté d’avancer des autorités indiennes », sans se prononcer sur un éventuel calendrier de prise de décision.

 

(Avec Reuters)

https://www.lopinion.fr/economie/nucleaire-edf-veut-pouvoir-construire-un-reacteur-par-an-dans-les-annees-2030?utm_campaign=Edition_de_7h30&utm_medium=email&utm_source=newsletter&actId=ebwp0YMB8s3YRjsOmRSMoKFWgZQt9biALyr5FYI13OrzvX4JyQgixkaJzpCEBODB&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=508088

EDF passe un méga-contrat avec Eiffage pour les réacteurs nucléaires EPR de Penly

Eiffage a été choisi pour les travaux de génie civil des deux réacteurs nucléaires de Penly, en Seine-Maritime. Au total, le géant de la construction sera chargé de 69 ouvrages.

Le géant de la construction Eiffage réalisera les travaux de génie civil des réacteurs nucléaires EPR2 prévus à Penly (Seine-Maritime), pour un montant supérieur à 4 milliards d’euros, a-t-il annoncé jeudi 16 novembre. EDF a confirmé auprès de l'AFP la signature du contrat. L'objectif de l'électricien français est de lancer les travaux préparatoires mi-2024, sous réserve d'obtention des autorisations administratives.

Ce marché, pour lequel la consultation a été lancée en 2019, comprendra la réalisation de 69 ouvrages (enceintes des réacteurs, dômes de 70 mètres de haut et 50 mètres de diamètre, salles de machines, bâtiment d'exploitation de six étages...), a indiqué Eiffage dans un communiqué. Ces travaux de génie civil devraient mobiliser près de 4.000 personnes au plus fort du chantier. «Eiffage s’attachera à irriguer le tissu économique local et à favoriser l’emploi local et l’insertion», assure le géant français du BTP et des concessions, qui évoque aussi 1,3 million d’heures réservées à l’insertion et à l’emploi de personnes en situation de handicap.

Quid de l'impact environnemental ?

Vendredi, l'Autorité environnementale a recommandé à EDF de nettement revoir sa copie sur l'étude d'impact environnemental des travaux préparatoires et de l'exploitation du site (artificialisation de fonds marins, incidences sur les sites Natura 2000 alentours...). EDF a indiqué qu'il répondrait «dans les prochaines semaines». Les deux EPR2 de Penly forment la première paire de réacteurs que le gouvernement français compte voir démarrer, à horizon 2035-37, avant deux autres à Gravelines (Nord) puis encore deux à Bugey (Ain), dans le cadre de son programme de relance de l'atome.

 

Prix de l’électricité : le gigantesque défi d’EDF

EDF et l’État sont tombés d’accord sur un nouveau mécanisme de régulation des prix de l’électricité, qui entrera en vigueur en 2026. L’entreprise publique est condamnée à réussir, pour ne pas couler…

La fumée blanche s'est (enfin !) élevée ce 14 novembre, dans le ciel de Bercy. Après des mois de négociations homériques, l'entreprise – récemment nationalisée – et l'État sont enfin tombés d'accord sur le mécanisme devant permettre de réguler demain les prix de l'électricité nucléaire en France, sans plomber le pouvoir d'achat des Français, la compétitivité des entreprises, et sans mettre à genoux EDF, au moment où elle fait face à un gigantesque mur d'investissements pour renouveler le parc nucléaire.

Sur l'estrade, son nouveau président Luc Rémont, arrivé il y a tout juste un an, apparaît flanqué des ministres de l'Économie, Bruno Le Maire, et de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher… La tension se mêle encore au soulagement : depuis novembre dernier, ces trois-là ne se quittent pour ainsi dire pas – pas moins de seize réunions en douze mois avec Bruno Le Maire, plus du double avec Agnès Pannier-Runacher, sans compter les dizaines de textos et de coups de fil nocturnes échangés avec la ministre de la Transition énergétique pour se mettre enfin d'accord sur un prix, dans la dernière ligne droite…

« Les négociations ont été longues, parfois difficiles, mais elles ont abouti », s'est félicité Bruno Le Maire. « Nous avons réussi à trouver un équilibre vital entre la compétitivité de notre industrie, la stabilité pour les ménages, et le développement d'EDF. » Mais un équilibre, il faut le souligner, particulièrement fragile : « Un seul caillou dans les rouages d'EDF, et le système s'effondre », admet, avec un brin d'angoisse, une source proche des négociations.

En clair : le nouveau PDG Luc Rémont sort victorieux de son long bras de fer avec l'État, puisqu'il obtient des prix suffisants pour financer les futurs investissements colossaux d'EDF. « Mais il n'a aucune marge », ajoute la même source : pour boucler l'équation, l'entreprise n'a pas d'autre choix que de redresser sa production – et de la redresser vite !

Nouvelle philosophie

Pour le comprendre, il faut appréhender la philosophie qui sous-tend le nouveau mécanisme de régulation des prix. Aujourd'hui, ceux-ci sont « administrés » ex ante via l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique, NDLR), un dispositif mis en place en 2011 et qui contraint EDF à vendre 100 TWh de production du parc nucléaire historique (soit environ un tiers de sa production) au prix très compétitif de 42 euros/MWh, en dehors des prix du marché.

Mais si ce dispositif a permis, pendant des années, aux concurrents d'EDF de revendre à bas coût cette électricité aux consommateurs, il a aussi considérablement grevé les comptes d'EDF, et s'est révélé insuffisant quand les prix de l'électricité, indexés en partie sur ceux du gaz, ont explosé. L'Arenh arrivant à son terme fin 2025, Luc Rémont s'est battu pour que la nouvelle régulation préserve la rentabilité d'EDF… Tout en protégeant les consommateurs, les entreprises, et (last but not least) sans froisser la Commission européenne, gardienne inflexible des règles de la concurrence.

Le nouveau dispositif fixe le principe d'une régulation, non pas en aval, mais en amont de la production, sur la totalité de la production nucléaire d'EDF : il prévoit que son prix devra atteindre, à partir de 2026, la cible de 70 euros en moyenne pendant les quinze prochaines années. « Ce prix permet de couvrir les coûts du nucléaire existant ainsi que les investissements futurs », détaille Agnès Pannier-Runacher. « Ce mix français restera l'un des plus compétitifs d'Europe », assure la ministre de la Transition énergétique.

Et pour protéger, à l'avenir, consommateurs et entreprises des brusques fluctuations des prix du marché – qui restent plus que jamais possibles –, deux leviers seront actionnés.

Seuils de prix et contrats long terme

Le premier consiste à fixer des seuils, au-delà desquels l'État ponctionnera une partie des profits d'EDF pour les reverser aux consommateurs. Quand les prix dépasseront 78-80 euros le MWh, l'État redistribuera 50 % des profits d'EDF, et 90 % lorsqu'ils dépasseront 110 euros le MWh.

Le second levier est « contractuel » : les entreprises pourront négocier avec EDF des contrats de long terme, sur 5 ou 10 ans (voire davantage), permettant de se détacher des prix du gaz et de garantir une stabilité des prix. « Pour les particuliers et pour les TPE, le système du tarif réglementé de vente est maintenu, il sera même étendu à toutes les entreprises de moins de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et de moins de 10 salariés », souligne Agnès Pannier-Runacher.

Pour les particuliers, l'évolution de la facture sera contenue : le coût direct du nucléaire ne représente qu'une partie du tarif réglementé de l'électricité (qui englobe aussi les coûts du réseau, de la distribution, de la commercialisation, la fiscalité, etc.). Reste les entreprises, grosses consommatrices d'énergie, que ce prix presque doublé par rapport à l'Arenh pourrait pénaliser… « Il y a en France 250 entreprises électro-intensives, qui auront les moyens de négocier des contrats de gré à gré, avec des prix négociés en échange d'investissements dans le futur parc nucléaire », explique-t-on dans l'entourage de Bercy.

L'aciériste Mittal serait ainsi sur le point de signer un contrat de long terme avec EDF, « à un prix qui fait de la France l'un des pays les plus compétitifs au monde pour les entreprises électro-intensives », souffle une source au fait des tractations. « Le vrai défi concerne les 6 600 entreprises dites électrosensibles, qui ne pourront pas supporter une trop forte hausse. La balle est dans le camp d'EDF pour leur proposer des contrats attractifs », estime la même source.

Le rôle de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) sera crucial pour garantir la transparence des contrats, et la méthodologie qui déterminera la redistribution de la rente. Tous les trois ans, le prix cible, fixé aujourd'hui à 70 euros, et les seuils de déclenchement des ponctions de l'État seront réexaminés, pour coller au plus près de la réalité des coûts.

EDF devra produire plus pour boucler son budget

Les premières offres commerciales, testées par EDF depuis l'automne, révèlent des prix de 83 euros le MWh à l'horizon 2027, et de 77 euros le MWh en 2028… Pour pouvoir les réduire encore, elle n'a donc pas le choix : elle va devoir produire plus, en réduisant ses coûts. « Un défi », admet Luc Rémont, alors que l'électricien n'a produit en 2022 que 279 TWh d'électricité nucléaire, son plus bas historique. Les problèmes de corrosion sous contrainte détectés sur son parc sont en train d'être résolus, et le groupe étudie la possibilité d'augmenter de 10 % à 12 % la puissance de ses réacteurs, en optimisant le fonctionnement de ses combustibles, réacteurs, turbines et générateurs.

Mais le moindre retard ferait vaciller l'édifice. Pour prolonger le parc existant et construire les six nouveaux EPR2 programmés, EDF va devoir investir chaque année 25 milliards d'euros. « Notre ambition est de remonter notre niveau de production pour atteindre 360 TWh sur le parc existant, explique Luc Rémont. L'horizon de 400 TWh annuels [atteint pour la dernière fois en 2015, NDLR] est ambitieux, mais accessible, et c'est une des conditions de succès de nos capacités d'autofinancement pour construire les EPR2 », admet-il. Vous avez dit angoissant ?

Dans l'entourage de Bruno Le Maire, qui s'est battu « comme un diable » pour convaincre ses collègues du gouvernement que maintenir paresseusement le système actuel était « impensable », on souligne que, « de toute façon, on n'avait pas le choix : la France n'a plus un rond ! Si les prix de l'énergie flambent à nouveau, on ne pourra pas faire un autre bouclier tarifaire », qui a coûté au budget la bagatelle de 40 milliards d'euros.

 

En privé, le patron de Bercy le martèle à ses interlocuteurs : « EDF n'est pas une vache à lait, elle doit être rentable ! » Ne serait-ce que pour convaincre la Commission européenne (et l'industrie allemande, très inquiète des prix de l'énergie qu'afficheront ses concurrents français) que ce nouveau modèle de régulation préserve bien les prix du marché.

 

https://www.lepoint.fr/economie/prix-de-l-electricite-le-gigantesque-defi-d-edf-15-11-2023-2543188_28.php?M_BT=6286141392673&boc=3627676&nl_key=ea892c9bf26a7f7afeaffd33e0f6585511db5b12c41b69d649cb8370f928ba6c#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20231115-[Article_2]

Le grand déballage explosif de l’ancien patron d’EDF face aux députés

« Poison », politique « au doigt mouillé »… Devant la commission d’enquête sur la perte d’indépendance énergétique du pays, Henri Proglio se lâche.

Il a dirigé l'entreprise de 2009 à 2014, à cet instant critique où la politique d'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité, décidée par Bruxelles à la fin des années 1990, est pleinement entrée en application. Écarté de son poste par François Hollande au profit de Jean-Bernard Levy, alors jugé plus en phase avec les projets de décroissance nucléaire du gouvernement, Henri Proglio a lâché la bride devant les députés ce 13 décembre, accusant ouvertement Bruxelles et « les gouvernements successifs » d'avoir délibérément saccagé, depuis 2010, le système électrique français.

Lorsqu'il prend la tête de l'entreprise publique « au début du XXIe siècle », raconte-t-il, « EDF est exportateur d'énergie, a les prix les moins chers d'Europe (deux fois et demie moins chers que l'Allemagne) et un contrat de service public qui fait référence dans le monde, et donne à la France un atout formidable en matière d'émissions de gaz à effet de serre. Il n'y avait plus qu'à tout détruire : c'est chose faite ! »

L'« obsession allemande » : détruire EDF

Le ton est calme, accablé par le constat, mais les mots sont grinçants, et pendant près de deux heures, les balles sifflent. Contre l'Europe, d'abord, accusée d'avoir délibérément ruiné, sous la pression de l'Allemagne, le potentiel français. « L'Allemagne a choisi l'industrie comme axe majeur de son économie, puis a tenté l'energiewende [la transition énergétique allemande, axée sur la sortie du nucléaire et le développement des renouvelables, NDLR]. Cela s'est terminé par un désastre absolu, les énergéticiens allemands étaient ruinés, totalement vulnérables », détaille l'ancien patron d'EDF. « Comment voulez-vous que ce pays accepte que la France dispose d'un outil compétitif aussi puissant qu'EDF à sa porte ? L'obsession allemande depuis trente ans, c'est la désintégration d'EDF. Ils ont réussi. »

Avec la complicité de l'Europe, accuse-t-il, qui « a pris comme axe idéologique unique la concurrence »… Et celle des gouvernements français. Proglio cible les responsables politiques en rafale. La loi Nome, votée en 2010, qui imposait à EDF de subventionner ses concurrents en leur vendant à prix cassé un quart de son électricité ? « Une mesure inique, destinée à casser EDF et prise sous la pression bruxello-allemande », dénonce-t-il. « Ça a très bien fonctionné, les concurrents d'EDF sont devenus riches. » Pas les Français : pour compenser les pertes, EDF a augmenté ses tarifs, révèle-t-il. Des propos qui font écho à ceux de son prédécesseur à la tête d'EDF (de 2004 à 2009) Pierre Gadonneix, auditionné une semaine plus tôt par la même commission, qui avait dénoncé « une monstruosité », en grande partie responsable de la lente dégradation d'un parc nucléaire français privé d'investissements, et de toute perspective.

Jean-Marc Ayrault dépeint en « Ubu roi »

À la tribune, les membres de la commission, qui ont entamé leurs travaux fin octobre, se lancent des regards en biais. « Ça tranche avec l'audition précédente », commente l'un d'eux, par SMS. Plus tôt dans la journée, les députés avaient en effet entendu Laurent Michel, directeur général de l'énergie et du climat au ministère de la Transition écologique, qui a répondu aux questions dans une solide langue de bois administrative. « Dix ans en poste : il n'a rien vu, rien anticipé, a enterré tous les rapports », tacle un député. Proglio, lui, se lâche…, raconte avoir assisté « à la recherche pathétique d'un accord électoral avec un parti antinucléaire » (EELV) qui a conduit, pendant la campagne de 2012, « à la fermeture annoncée de 28 réacteurs ». Seule la centrale de Fessenheim sera fermée. Il raconte comment « une théorie absurde » lui a été « imposée à l'époque par les pouvoirs publics : la théorie de la décroissance électrique. Il était de bon ton d'accepter l'idée de considérer que la consommation d'électricité allait diminuer en France », s'étonne-t-il, quand tous les indicateurs montraient précisément l'inverse. « N'importe quel artisan boulanger aurait eu plus de bon sens », attaque-t-il.

À la place, Henri Proglio a eu Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et Premier ministre sous la présidence de François Hollande, qui s'était proclamé « chef de file de la filière nucléaire française. Il organisait des réunions à Matignon pour distribuer les rôles, comme Ubu roi ! » Le détail de ces rencontres, organisées dans le huis clos du pouvoir, est confondant. « Il y avait onze ministres, onze directeurs de cabinet, vingt patrons de l'administration et les patrons d'Engie, d'Alstom, d'Areva et moi. Et le Premier ministre répartissait le développement du nouveau nucléaire à l'international ! Un jour, le roi de Jordanie est venu à Paris, il voulait qu'on lui livre un réacteur de 900 mégawatts. Le Premier ministre dit : la Jordanie, c'est qui ? Moi je dis : c'est Gérard [Mestrallet, président d'Engie, NDLR]. » À Jean-Marc Ayrault qui s'étonne de ce « cadeau » consenti par EDF, Proglio fait remarquer, pince-sans-rire : « En Jordanie, il n'y a pas d'eau pour refroidir et pas d'argent pour payer, alors je préfère que ce soit Gérard. »

L'ignorance des données scientifiques et des enjeux industriels par la classe politique sourd de chaque intervention. « D'où vient l'objectif de réduire la part de nucléaire à 50 % du mix électrique ? » demande le président (LR) de la commission, Raphaël Schellenberger. « Pourquoi ce chiffre ? » Réponse de Proglio, lapidaire : « C'est complètement au doigt mouillé. Totalement ! Personne n'a jamais estimé autrement que comme ça. On n'a d'ailleurs jamais su d'où viendraient les autres 50 %. » Des énergies renouvelables, peut-être ? « Les Allemands ont investi plus de 500 milliards dans les énergies renouvelables, on en voit l'efficacité. »

Quand Henri Proglio révèle le teneur d'une conversation qu'il aura, au cours de son mandat, avec la chancelière allemande Angela Merkel, certains députés regardent leurs chaussures. « Elle m'a dit qu'elle croyait totalement au nucléaire. Mais elle devait bâtir un accord de coalition avec les Verts conservateurs. Elle me l'a dit : elle a lâché le nucléaire pour des raisons politiques ! » Et de conclure par ces propos amers, dans un silence presque gêné : « L'Allemagne est consciente de ses propres enjeux et de ses propres intérêts. » Contre « le sacrifice d'EDF », la France, elle, « n'a rien négocié ».

EDF ne pourra pas respecter son calendrier de relance du parc nucléaire

EDF continue de stagner dans son calendrier de relance du parc nucléaire et en conséquence, l'objectif de 45 réacteurs nucléaires en service au 1er janvier ne sera pas atteint.

C'est une bien mauvaise nouvelle dans un contexte de crise énergétique. Comme le relate BFM ce lundi, EDF ne serait pas en mesure d'atteindre l'objectif fixé par le gouvernement de 45 réacteurs nucléaires disponibles au 1er janvier. L'opérateur public recense toujours 26 infrastructures à l'arrêt sur les 56 qui constituent son parc nucléaire et son calendrier de relance ne progresse pas.

Cet essoufflement s'explique avant tout par la lenteur des réparations liées au problème de corrosion constaté sur quinze réacteurs nucléaires. Selon l'objectif fixé par le gouvernement, EDF est censé redémarrer seize réacteurs avant la fin de l'année, dont onze sur le seul mois de novembre. Un objectif impossible à tenir. Le faible nombre de réacteurs remis en service ces derniers mois pourrait bien conduire le gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE) à revoir ses prévisions mensuelles en vue de l'hiver à venir qu'il dévoilera cette semaine.

Les stocks de gaz ont atteint leur maximum technique

Le taux de remplissage des réservoirs des barrages exploités par EDF reste proche des moyennes historiques observées à cette période de l'année. L'énergéticien espère l'arrivée prochaine des précipitations afin de remplir ces réservoirs et d'aborder un peu plus sereinement la période hivernale qui pointe son nez.

Seule vraie bonne nouvelle, les stocks de gaz ont déjà atteint leur maximum technique depuis maintenant plusieurs semaines. Pour rappel, l'Agence internationale de l'énergie s'inquiétait la semaine passée du remplissage des stocks de gaz pour l'hiver 2023 suite au redémarrage de la demande chinoise et d'un arrêt complet des importations de gaz russe.

 

 

 

https://www.capital.fr/entreprises-marches/edf-ne-pourra-pas-respecter-son-calendrier-de-relance-du-parc-nucleaire-1451887

EDF : des actionnaires attaquent l'Etat pour sa gestion de l'entreprise

L'association Energie en actions, qui défend les intérêts des salariés actionnaires d'EDF, a annoncé ce jour avoir déposé une plainte contre X en mettant en cause la gestion du groupe public.

Une association d'actionnaires salariés d'EDF a déposé une plainte judiciaire contre X pour contester la gestion par l'Etat du groupe depuis son entrée en Bourse, a-t-on appris jeudi auprès de l'association Energie en actions. Dès la mi-juillet, Hervé Chefdeville, secrétaire général de l'association, avait annoncé son intention de porter plainte pour dénoncer les décisions de l'Etat et ses conséquences "spoliatrices" pour les actionnaires, à la veille de l'annonce du plan du gouvernement pour renationaliser le groupe à 100%.

Cette plainte de 59 pages, qui comprend 112 pièces, a donc été déposée mercredi au secrétariat de la procureure de la république auprès du tribunal judiciaire de Paris, selon un récépissé dont l'AFP a pris connaissance. "On met en avant différents agissements qui ont conduit à faire prévaloir l'intérêt général ou des intérêts catégoriels et dans certains cas même des intérêts politiques sur les intérêts sociaux de l'entreprise et on demande à des magistrats de bien vouloir examiner cette plainte", a indiqué M. Chefdeville à l'AFP. Cette plainte "a pour finalité de faire toute la lumière sur les modalités de l'intervention de l'Etat et l'ambigüité de son rôle dans la gestion de l'entreprise, et d'identifier tous les responsables des agissements incriminés", selon un communiqué de l'association.

L'Arenh mise en cause

Parmi les principaux griefs, la vente, à prix inférieur aux coûts de production, à la concurrence, d'une partie de la production d'électricité nucléaire du groupe, selon le mécanisme dit de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), mis en place en 2010 pour éviter des poursuites de la Commission européenne, dans le cadre de la loi Nome, réformant le marché de l'électricité en France. Le plafond de l'Arenh a récemment été relevé de 20% (à 120 TWh) par le gouvernement, une décision prise en début d'année pour contenir la facture énergétique des ménages, sur fond de flambée des prix de l'énergie, aggravée par la guerre en Ukraine. Une décision qui a poussé EDF à réclamer à l'Etat, le 9 août dernier, une indemnité de 8,34 milliards d'euros, et à déposer dans cette optique un recours contentieux auprès du Conseil d'Etat.

L'association déplore la chute du cours de Bourse d'EDF induite par ces décisions, tout comme l'Adam (Association de défense des actionnaires minoritaires), mandatée par certains dans ce dossier, laquelle réclame que l'Etat rende aux actionnaires 32 euros par titre, soit le prix de l'action lors de l'entrée en Bourse. Jeudi à la mi-journée, l'action EDF était en-deça des 12 euros.

 

 

 

 

https://www.capital.fr/entreprises-marches/edf-des-actionnaires-attaquent-letat-pour-sa-gestion-de-lentreprise-1445094

Comment l'Etat a mis à genoux notre fleuron EDF

Avant-première. Le PDG de EDF Jean-Bernard Lévy a annoncé ce jeudi vouloir engager un "recours" contre la décision du gouvernement d'attribuer des volumes d'électricité bon marché supplémentaires à ses concurrents. L'occasion de découvrir cette enquête du magazine Capital, dévoilée en avant-première.

«Après dix ans d’hiver lié à Fukushima, revoici le début du printemps.» Jean-Bernard Lévy, le patron EDF, reprend espoir. En ce début février, Emmanuel Macron est en visite à l’usine de Belfort où sont fabriquées les turbines à vapeur qui équipent les centrales nucléaires. Le président en profite pour confirmer sa volonté de relancer le programme nucléaire, avec la construction de six nouveaux réacteurs EPR à partir de 2027. Le P-DG d’EDF attendait cette annonce depuis longtemps. Mais comme souvent avec l’Etat, il y a un hic. Dans le package et en échange d’un nouveau chèque de 2,7 milliards d’euros, EDF est prié de bien vouloir racheter à General Electric les turbines Arabelle produites sur le site. L’électricien national n’en voulait pas.

Reprendre cette activité cédée en 2014 par Alstom, alors qu’Emmanuel Macron était ministre de l’Economie ? EDF a bien d’autres priorités que de gérer cette énième volte-face de l’Etat dans sa politique énergétique. Depuis dix ans, EDF navigue en effet à vue, ballotté entre un Etat stratège sans véritable cap et un Etat actionnaire qui l’essore quand tout va bien ou la perfuse quand ses comptes plongent dans le rouge. Durant son dernier quinquennat, Emmanuel Macron, tiraillé entre les exigences de Nicolas Hulot au début et la crise énergétique à la fin, a tardé à clarifier la feuille de route. Alors qu’EDF affiche 43 milliards d’euros de dette et voit se profiler une montagne d’investissements, voilà que l’idée de renationaliser l’entreprise revient en force.

Ce stop & go se traduit dans les flux financiers entre EDF et l’Etat. La copie est particulièrement brouillonne. Entre sa cotation en Bourse en 2005, et son premier sauvetage public dix ans plus tard, EDF a versé 17,7 milliards d’euros de dividendes en cash à son principal actionnaire (à 84%). «L’Etat a trop prélevé chez EDF», avait même reconnu Emmanuel Macron en 2016, lorsqu’il était ministre de l’Economie. A l’époque, il avait signé un premier chèque de 3 milliards d’euros pour renflouer l’entreprise, dans l’incapacité de financer ses investissements, notamment en Grande-Bretagne. Mais, comme cette année avec les turbines d’Alstom, il avait en échange obligé EDF à racheter Framatome, la branche d’équipements nucléaire d’Areva, l’autre géant de la filière française alors en quasi-faillite. Depuis 2015, l’Etat a cessé de ponctionner EDF et a laissé 8 milliards d’euros de plus dans ses caisses. Au total, près de 15 milliards d’euros d’argent public ont été réinjectés dans l’entreprise. Prélever, redonner : un jeu à somme nulle.

L'avenir du nucléaire en suspens

Que faire du nucléaire ? Sous le mandat de François Hollande, la question est en grande partie restée en suspens. L’ancien président socialiste est arrivé au pouvoir après la catastrophe de Fukushima, avec la promesse de fermer jusqu’à 28 réacteurs pour assurer sa coalition avec les écologistes. Il est ensuite descendu à 24. Dans les faits, seul le site de Fessenheim, devenu un totem politique, a été fermé. Mais pour le reste, aucune stratégie technologique ou industrielle n’a été définie. Les ministres de l’Ecologie se sont succédé. «On en a connu huit et chacun avait sa petite idée sur le nucléaire, déplore encore Sébastien Menesplier, secrétaire général de la fédération énergie de la CGT. L’Etat n’a pas eu de politique énergétique pendant dix ans.» Pourtant, depuis de Gaulle, le nucléaire avait toujours fait partie des piliers de la politique française. «Il a toujours bénéficié de la continuité de l'Etat, avec Pompidou, Giscard puis Mitterrand, explique un adjoint du P-DG d’EDF. Mais Fukushima a rompu ce consensus transpartisan.»

Le débat sur l’opportunité de prolonger le parc nucléaire existant, de profiter d’une énergie bon marché et décarbonée dans le cadre d’une sûreté renforcée, a ainsi été escamoté. Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement et de l’Energie du gouvernement Valls, était favorable à une prolongation de dix ans. La décision n’est jamais venue, impossible à assumer politiquement. «Je me suis battu avec l’Etat pendant cinq ans contre la fermeture de Fessenheim et pour prolonger les réacteurs afin d’avoir le temps de concevoir un modèle plus élaboré que l’EPR», peste encore le P-DG de l’époque, Henri Proglio. Même atermoiements avec Emmanuel Macron, qui, en 2018, confirme l’arrêt de Fessenheim et valide la fermeture de 14 réacteurs d’ici 2035. L’opposition de plusieurs pontes du nucléaire, comme l’ancien numéro deux d’EDF, Yannick d’Escatha, en 2014 et l’ancien haut-commissaire à l’énergie atomique, Yves Bréchet, en 2016 n’ont pas pesé.

Dans son rapport de 2019 sur les déboires de l’EPR de Flamanville, l’ancien patron de PSA-Peugeot Jean-Martin Folz a aussi pointé l’erreur d’avoir «arrêté de construire». Le dernier réacteur mis en service, Civaux 2, remonte à 2002. Après, plus rien. Au début des années 2010, le gouvernement a envisagé de lancer un second EPR à Penly, en Normandie, après celui de Flamanville, dont le chantier venait de débuter. GDF Suez (aujourd'hui Engie) et Total rêvaient de piloter ce nouveau réacteur de troisième génération. Mais cette fois, c’est EDF qui a freiné. François Hollande a enterré le projet en 2013, sans lui donner aucune chance de survie. «En 2010, on n’avait pas besoin d’un EPR en France mais celui de Penly aurait dû être construit quelques années plus tard au lieu d’être abandonné», estime Pierre Gadonneix, PDG d’EDF de 2004 à 2009. Penly a finalement été confirmé par Emmanuel Macron en février dernier. Dix ans de perdus alors que ce chantier aurait permis à la filière française de se faire la main sur la nouvelle technologie des EPR. Et d’enchaîner sur un autre chantier pour éviter une lourde baisse de charges. Au lieu de quoi, c’est en Grande-Bretagne que la filière française est allée reprendre du service. Avec un objectif collatéral, donner du travail à Areva (chargé des chaudières) alors au bord de la faillite.

Ce chantier pharaonique à 25 milliards d’euros a mis l’électricien national en situation d’extrême fragilité. Début 2016, le directeur financier Thomas Piquemal a d’ailleurs claqué la porte, en «désespoir de cause». Il s’en est expliqué devant les députés : «Fin 2015, EDF avait déjà investi 58% de son patrimoine dans la technologie EPR. Avec Hinkley Point, cette part allait monter à 70 %.» La CGT est alors sur la même ligne, manifeste et appelle à abandonner le projet britannique pour se concentrer sur la relance du nucléaire en France. L’ancienne patronne du Medef, Laurence Parisot, qui siège alors au conseil d’administration d’EDF, s’oppose, elle aussi, au projet. «L’entreprise n’était pas dans le meilleur moment pour lancer Hinkley Point, justifie aujourd’hui Laurence Parisot. On pouvait reporter le projet et revenir avec un nouvel EPR plus élaboré qui aurait ensuite profité à la France.» Chez EDF, on continue à défendre ce choix. «Le projet d'Hinkley Point était indispensable pour maintenir la filière nucléaire, répète aujourd’hui la direction. Le problème est plutôt de ne pas avoir donné de perspective à l'EPR dans les années 2010-2013 en France.»

Les injonctions contradictoires de l’Etat ont aussi conduit à prendre du retard dans la recherche. Le projet de réacteur nucléaire à neutrons rapides, dit Astrid, qui vise à recycler l’uranium plusieurs fois et à réduire les déchets, en a fait les frais. Lancé en 2010, il a été abandonné en 2019 sous la présidence Macron pour des raisons budgétaires. Personne dans l’industrie ne comprend cette décision de court terme. Le haut-commissaire à l’énergie atomique, Yves Bréchet, y voit à nouveau «la disparition de l’Etat stratège». Mais un nouveau revirement n’est pas à exclure : dans son discours de Belfort, Emmanuel Macron a rouvert la porte à la relance du projet, sans en dire davantage. La France a aussi tardé à s’intéresser aux SMR, les petits réacteurs modulaires qui sont dans les sous-marins nucléaires. Les Russes, les Américains et désormais les Chinois multiplient les tests pour adapter ces modèles militaires au civil. L’ancien patron de Microsoft, Bill Gates, s’y intéresse depuis quinze ans… Chez nous, il a fallu attendre 2021 pour que le projet français Nuward soit lancé et poussé par les pouvoirs publics. «L’Etat a failli sur l’abandon des technologies comme Astrid ou les SMR, déplore Henri Proglio. Du coup, les américains, les chinois et les russes sont en avance sur nous désormais.»

Ce retard trouve aussi ses origines dans la guerre fratricide que s’est livrée la filière nucléaire française. Entre 2009 et 2014, EDF et Areva se sont affrontés pour le leadership de «l’équipe de France» du nucléaire. Une bataille sans merci que l’Etat, propriétaire des deux entreprises, a laissé traîner pendant cinq ans. Elle commence en 2009 quand les deux groupes ne parviennent pas à s’entendre pour formuler une offre solide et compétitive pour la construction de quatre réacteurs à Abu Dhabi. Un contrat gigantesque de 20 milliards de dollars raflé par les coréens. Une gifle pour la France. Rebelote un an après quand Areva s’associe à GDF Suez et Total pour piloter le projet de Penly. Une nouvelle bataille contre EDF qui conduira l’Etat à enterrer le projet. Les gouvernements successifs ont laissé les géants français de l’énergie se déchirer. Ils ont ensuite géré l’urgence en renflouant Areva en 2015 et EDF l’année suivante. Mais ils sont passés à côté d’une refonte majeure qu’Emmanuel Macron a finalement tentée l’an passé avec le projet Hercule, mais échoué à appliquer.

Pour finir, l’Etat a aussi manqué l’occasion de revoir en profondeur la régulation des prix, partagé entre la volonté de renforcer EDF et celle de protéger le pouvoir d’achat des Français. Un épisode illustre ses hésitations. Début 2014, le ministre de l’Ecologie, Philippe Martin, propose d’augmenter les prix de l’électricité de 5% pour sécuriser les revenus d’EDF et faire face à ses investissements. Quelques mois plus tard, Ségolène Royal prend sa place et fait marche arrière en gelant les tarifs. Depuis, l’Etat n’a jamais tranché le sujet de fond. «Il fallait pousser les concurrents à investir dans la production depuis dix ans, notamment Total», estime Sébastien Menesplier, de la CGT. Produire pour maîtriser les prix plutôt que de subir les lois du marché européen. En 2015, le directeur financier d’EDF proposa en secret à Emmanuel Macron un plan consistant à un retour des prix régulés pour l’électricité nucléaire. Objectif : éviter les soubresauts du marché pour assurer la rentabilité d’EDF et contenir la facture des ménages. Il a fallu attendre cinq ans pour que l’Etat plaide cette solution à Bruxelles, qui s’y oppose au nom de la libre concurrence. Depuis, la crise énergétique a obligé l’Etat à geler la hausse des prix, l’automne dernier. «Dans ce contexte, la nationalisation semble malheureusement inéluctable», juge Thomas Piquemal.

 

https://www.capital.fr/economie-politique/comment-letat-a-mis-a-genoux-notre-fleuron-edf-1436275

On marche sur la tête...EDF va racheter son électricité jusqu'à 300 euros le MWh… et la revendre à 46,20 euros à ses concurrents...

Face à l'envolée des prix de l'électricité qui atteignent des sommets, la promesse du gouvernement de limiter la hausse pour les ménages à 4 % semblait tenir de la gageure. À trois mois des présidentielles, il fallait trouver une solution, quitte à inventer une usine à gaz. Problème : cela conduit EDF à fournir aux opérateurs alternatifs des volumes d'électricité qu'elle n'a plus.

Les circonvolutions du gouvernement autour du protocole sanitaire applicable dans les écoles ne pourraient être qu’une aimable mise en jambes. Son plan pour limiter la hausse de l’électricité à 4 % en 2022, promesse de Jean Castex faite septembre, risque lui d'être un véritable marathon pour la communication gouvernementale. Il va devoir expliquer qu’il demande à EDF de racheter aux prix vertigineux de 2022 l’électricité qu’il a déjà vendue pas cher, pour ensuite la brader à ses concurrents à un prix six fois inférieur.

En effet, le plan du gouvernement partage l’effort entre une baisse de 8 milliards d’euros des taxes supportée par l'État, et 8,4 milliards à la charge d’EDF. Des sommes importantes liées à l'envolée des prix et leur répercussion sur les tarifs pour les ménages. La Commission de régulation estimait en effet le 10 janvier que la hausse devait atteindre entre 30 % et 40 %, selon Le Parisien.

À LIRE AUSSI : Marché unique européen de l'électricité : un grand bienfait… sauf pour les consommateurs

Dans cette optique, l’État, premier actionnaire de l’opérateur historique, a tout simplement intimé l’ordre à EDF d’augmenter le volume d’électricité nucléaire qu’il a l’obligation de vendre à ses concurrents à prix réduits. L’idée est simple : transférer aux clients finaux, les ménages et les entreprises, cette baisse des prix. Sauf que ces 20 TWh à 46,20 euros le MWh, qui s’ajoutent aux 100 TWh vendus à prix d’ami de 42 euros, EDF n’en dispose plus. Il les a déjà vendus sur le marché de gros lors des négociations qui ont eu lieu en 2021. L'électricien a donc déjà perdu une partie des bénéfices qu’il aurait pu retirer de la hausse des prix. Et il va les perdre une seconde fois car EDF va devoir racheter des montagnes de sa propre électricité, au prix de marché qui se situe entre 275 euros et 300 euros le MWh, et les revendre six fois moins cher.

Flou dans la com'

Évidemment, aucun des deux ministres chargés de présenter l’usine à gaz en urgence ce jeudi 13 janvier au soir, Barbara Pompili à l'Écologie sur LCI et Bruno Lemaire à Bercy dans une interview au Parisien n’en a pipé mot. Ni EDF dans son communiqué qui a suivi. Seul détail donné sur les 8 milliards que lui coûtera le dispositif : « Ce montant intègre une estimation de l’effet du report tarifaire sur le cash-flow 2 022 d’environ 1,5 Mds€ sur la base des prix de marché au 31 décembre 2021 et d’environ 1,6 Mds€ sur la base des prix de marché au 12 janvier 2022 ». Un blabla destiné aux marchés financiers qui risquent de ne pas goûter le flou.

Restent donc 5 milliards fantomatiques. Ils se retrouvent pour une grosse part dans la stratégie délirante d'achats des 20 TWh sur le marché à un prix avoisinant les 300 euros durant les mois d'hiver, et leur revente à 46,20 euros. Une autre grosse part vient des Tarifs Réglementés en vigueur (TRV) ou tarifs bleu pour les foyers qui n'augmenteront pas mécaniquement. On savait déjà que la libéralisation du marché de l’électricité était une énorme blague. Avec ce que le gouvernement vient de décider, on en viendrait presque à pleurer de rire.

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Electricité : la concurrence,doigts dans la prise

 

La mise en liquidation d'Hydroption, fournisseur alternatif d'électricité, vient de mettre en lumière une sacrée faille dans les textes censés encadrer la grande foire du kilowatt. "Aujourd'hui, n'importe qui peut entrer sur le marché et proposer des offres qu'il ne peut pas tenir" avoue crûment Jean François Carenco, le président de la Commission de Régulation de l'énergie (CRE).

Certes, personne ne risque de se retrouver plongé dans le noir. En cas de faillite d'un fournisseur, EDF prend automatiquement le relais. Mais le prix n'est plus le même : c'est celui d'un marché qui ne cesse de flamber. La Mairie de Paris et le ministère des Armées, qui avaient fait confiance à Hydroption, viennent de le découvrir à leur dépens : les voici désormais contraints de payer le prix faramineux de 247 euros le mégawattheure. Heureusement pour les Parisiens, le contrat ne couvre que 20 % de la consommation municipale et prendra fin au 31 décembre. Cette plaisanterie va tout de même coûter plusieurs millions d'euros aux contribuables de la capitale.

Les prix cassés se cassent..

 

Les quelques centaines de foyers qui avaient souscrit un abonnement Hydroption ne seront pas mangés à la même sauce. La loi leur donne le droit de revenir aux tarifs régulés d'EDF, soit l'équivalent, en gros, de 150 euros le mégawattheure. Mais ils peuvent dire adieu aux mirobolantes économies garanties par écrit..

Au total, 7 millions de particuliers ont abandonné l'opérateur historique, et une partie d'entre eux pourraient bien connaitre quelques déboires. Le patron de la CRE ne se montre en effet guère optimiste, estimant "qu'il y aura d'autres faillites".

Pour y échapper, plusieurs sociétés ont déjà commencé à martyriser les contrats en cours pour faire grimper le prix des abonnements ou celui des kilowattheures. C'est ce qu'à relevé l'association de consommateurs CLCV, qui vient d'assigner en justice quatre revendeurs.

Depuis la libéralisation du marché de l'électricité, au début des années 2000, des kyrielles de start-up ont vu le jour. Hydroption, comme la plupart de ses concurrents, promettait une énergie verte et pas chère, en annonçant qu'elle allait s'approvisionner en kilowatts cueillis à point auprès de "petits producteurs" locaux d'électricité..

En réalité, tout ce beau monde biberonne au nucléaire. L'Etat, en effet, oblige EDF à solder à ses concurrents une partie de la production des réacteurs, à 42 euros seulement le mégawattheur. Les petits malins, comme Hydroption, mixent cette énergie avec un soupçon de solaire et d'éolien acheté au prix normal, pour afficher des tarifs de 10  à 15 % moins cher que l'opérateur historique.

Le hic, c'est qu'il n'y a pas assez de jus nucleaire pour tout le monde : la loi limite à 100 térawatts (le quart de la production des centrales) la puissance électrique susceptible d'être vendue à prix cassé. Hydroption n'en a pas moins continué à accumuler les contrats sans trop savoir comment les honorer.

Au risque de se prendre un sacré coup de jus.

Hervé Liffran "le Canard enchaîné" 8/12/2021

 

France Stratégies : Quelle sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à horizon 2030 ?


Commentaire de Jean-Marc Jancovici :


"Après RTE, qui avait mis sur le devant de la scène la question de l'équilibre offre demande, en demandant aux français de faire attention à leur consommation d'électricité (pour ne pas excéder la puissance disponible), c'est au tour de France Stratégie de publier une note sur la sécurité d'approvisionnement électrique en Europe à l'horizon 2030 et un peu au-delà : https://lnkd.in/d3FKVbT

 

France Stratégie rappelle que les sources intermittentes et fatales ne peuvent pas compenser seules la disparition des sources pilotables. En pratique, seul un petit pourcentage de la puissance installée peut être considéré comme certain à tout moment.

En France, la demande en pointe (envisagée par RTE) sera supérieure à celle des moyens pilotables dès 2030, et pour l'Allemagne ca sera dès 2025. Bien évidemment, si le système devient globalement défaillant, le coup n'est pas "rattrapable" en une semaine...

France Stratégie remarque par ailleurs que d'avoir exprimé des objectifs en % d'ENR ne garantit pas l'atteinte des objectifs climatiques, car le "back-up" de l'éolien et du solaire sera souvent du gaz, et même le gaz ne sera pas possible dans une Europe neutre en carbone."


(posté par Joëlle Leconte)

 

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/10159966256267281

 

Impacts de la crise du Covid-19 sur le système électrique


Commentaire de Jean-Marc Jancovici :


"France Stratégie vient de publier une étude intitulée "Impacts de la crise du Covid-19 sur le système électrique".


On peut y lire : "les conséquences de la chute d’activité sur la consommation d’électricité invitent à réexaminer la robustesse des systèmes français et européen de production, de transport et de distribution d’électricité. Des évolutions importantes devront être étudiées pour que ces systèmes puissent répondre dans de bonnes conditions de sécurité aux défis des années à venir. La décarbonation de l’économie conduira en effet à une hausse marquée de la part de l’électricité dans la consommation d’énergie, et nos systèmes n’y sont pas prêts".


Ce rapport va-t-il être lu à l’Élysée ou au Ministère de la Transition ?"


(publié par Joëlle Leconte)

 

https://www.facebook.com/jeanmarc.jancovici/posts/10159240418942281

Le courant gratuit d'EDF

 

Depuis le confinement, mis en place le 17 mars, EDF a dû, à plusieurs reprises, payer ses clients (de gros industriels, surtout) pour parvenir à écouler son électricité ! Ainsi, l'électricien a évité de mettre ses équipements en surtension, tandis que les bénéficiaires ont pu produire moins cher : non seulement le courant était à l"oeil, mais en plus les clients ont reçus une prime.Une générosité forcée : en mettant entreprises et particuliers au repos, le confinement a provoqué une baisse inédite de la consommation d'électricité, de l'ordre de 15 à 20 %.

Ainsi, le 13 avril, le prix de l'électricité à la Bourse européenne Epex Spot  s'est révélé négatif toute la journée, entre 6 heures et 19 heures. Et, à 17 heures, EDF (à l'image des autres électriciens européens) a été obligé d'offrir à ses clients une prime de 76 euros afin qu'ils daignent utiliser gratis leur courant : mieux que le tarif habituel, de 42 euros le mégawattheure....

Le courant étant  pour l'heure impossible à stocker en grande quantité, la demande doit être égale à l'offre. Et il revient moins cher à EDF d'écouler des kilowattheures à des prix négatifs, que de mettre à l'arrêt des centrales nucléaires exigeant, pour être redémarrées, un certain délai...pendant lequel le courant viendrait à manquer !

En moins de quatre semaines de confinement, c'est donc plus d'une journée et demi (39 heures) de courant gratis, assortie d'une prime, qui a été offerte. Conséquence ? Le prix moyen européen s'est effondré de 34 à 24 euros le mégawattheure entre mars 2019 et mars 2020. Fâcheuse situation pour EDF - le prix auquel lui revient le mégawattheure nucléaire est d'environ 42 euros...

(extrait d'un article du Canard enchaîné, 15/04/2020)

 

RTE France exhorte les décideurs politiques français à s'entretenir avec leurs homologues européens avant de fermer des centrales électriques

« Avertissement de Francois Brottes président de RTE Réseau de Transport d'Electricité. Si tous les pays européens ferment des capacités pilotables de production électrique (celles qu'on peut activer quand on en a besoin et pas seulement quand il y a du soleil ou du vent), sans se concerter et en comptant sur les pays voisins pour compenser, on va dans le mur.

La France a réduit de 8 GW son parc fossile depuis 2010 et ses capacités pilotables devraient encore baisser, notamment avec la sortie du charbon en 2022 (3 GW).

La Belgique va fermer ses centrales nucléaires d'ici 2025 (6 GW) qui ne seront qu'en partie remplacées par des centrales à gaz.

L'Allemagne devrait finir de fermer ses centrales nucléaires d'ici 2022 (9,5 GW) puis éventuellement quelques centrales à charbon.

Le Royaume-Uni prévoit de sortir complètement du charbon en 2025 et va devoir fermer 14 réacteurs nucléaires sur 15 d'ici 2031 (pas pour raisons politiques mais pour des raisons de vieillissement spécifiques à leur technologie de réacteur).

Si tout le monde ferme ses capacités pilotables, sans les remplacer ni économiser de l'énergie, et en comptant sur les pays voisins pour fournir de l'électricité en cas de besoin, ça ne passera pas. » Maxence Cordiez

https://www.reuters.com/…/europe-electricity-france-idUSL5N…

(publié par J-Pierre Dieterlen)

Comment la Bretagne a frôlé le black-out
 

Le PDG d’EDF a révélé que le réseau électrique avait failli tomber fin février. Une situation qui s’était déjà produite l’an passé.

 

"Nos politiques veulent à la fois supprimer les moyens actuels de production de l'électricité, ne pas les remplacer par des sources aussi puissantes, généraliser la voiture électrique et équilibrer le budget de l'Etat.

Celà montre leur incapacité à comprendre ce qu'ils expriment"

 

(un internaute)

Cette enquête interne qui fait trembler la direction d'EDF
 

 

 

Entre 2012 et 2016, la part des salariés d'EDF qui ont confiance en l'avenir de leur entreprise est passée de 81% à 53%. Les résultats de cette enquête interne ont sonné la direction. Ils n'ont jamais été rendus publics. BFM Business les dévoile en exclusivité.

Hinkley Point : l'ancien n° 2 d'EDF dénonce un projet suicidaire

Après sa démission en mars, l'ancien directeur financier d'EDF a livré un témoignage accablant à la commission des Affaires économiques de l'Assemblée.

 

 

 

L'avenir d'EDF est fragilisé par le coûteux projet de construire deux EPR nouvelle génération en Angleterre. C'est l'avis de son ex-directeur financier, Thomas Piquemal, qui s'est expliqué mercredi pour la première fois depuis sa démission en mars dernier. Il avait pris cette décision pour dénoncer un projet qu'il juge intenable dans les conditions actuelles marquées par un effondrement du prix de l'électricité et trop risqué pour les finances du géant de l'électricité.

Auditionné par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Thomas Piquemal a expliqué avoir démissionné « en désespoir de cause », incapable d'obtenir du PDG Jean-Bernard Lévy un report de trois ans d'Hinkley Point, un projet de 23 milliards d'euros vivement contesté par les syndicats d'EDF, également favorables à un décalage.

Un chantier colossal... pour une technologie incertaine

« Qu'est-ce que trois ans pour un projet qui prend dix ans pour être construit, qui a soixante ans de durée de vie [...] plus vingt ans d'extension possible comme le font les Américains, c'est-à-dire un projet de quatre-vingt-dix ans ? » a fait valoir l'ancien grand argentier d'EDF. Au contraire, son PDG avait estimé en avril que le projet est « mûr » et qu'un report le remettrait en cause dans sa totalité, faisant entrer EDF « dans une zone d'incertitude majeure ». Le géant de l'électricité voudrait commencer les travaux début 2016.

En tout, EDF a ainsi déjà investi 14 milliards d'euros dans la technologie française EPR, soit 58 % de ses capitaux propres. Dans ce contexte, « rajouter un projet supplémentaire, Hinkley Point ou un autre, me semblait impossible. Qui parierait 60 %, 70 % de son patrimoine sur une technologie dont on ne sait toujours pas si elle fonctionne alors que cela fait dix ans qu'on essaie de la construire ? » a souligné l'ex-directeur financier.

« Certes, Hinkley Point ne représente que 15 % des investissements d'EDF, mais ce n'est pas le seul projet de cette nature dans lequel EDF investit », a indiqué Thomas Piquemal, évoquant les problèmes rencontrés à Flamanville, mais aussi sur le chantier de l'EPR construit par Areva en Finlande. Les conditions mêmes du projet ont changé depuis la signature d'un accord franco-britannique en 2013 : ce dernier a conditionné sa garantie de financement au démarrage du réacteur EPR de Flamanville (Manche), prévu fin 2018, et le constructeur nucléaire Areva a renoncé à sa participation de 10 % en raison de ses propres déboires, obligeant EDF à consolider le gigantesque investissement dans ses comptes.

L'État va devoir augmenter sa participation

De fait, l'ancien numéro deux du groupe a « parcouru le monde entier », en vain, dans l'espoir de trouver d'autres investisseurs prêts à s'engager dans Hinkley Point, aux côtés d'EDF et du chinois CGN, qui supportera un tiers de l'investissement. Pour rendre le projet tenable, il a aussi proposé une prise de participation de la filière nucléaire française ou un « renforcement significatif des fonds propres », mais cette dernière proposition n'a pas non plus été retenue par la direction, car incompatible avec la volonté du PDG de lancer le projet dès janvier 2016.

Pour le directeur financier, ce souhait de Jean-Bernard Lévy de prendre une décision finale d'investissement sans plan de financement sécurisé aurait pu conduire le groupe à « se trouver dans la situation d'Areva, où il faut envisager une recapitalisation [...] lorsque l'entreprise est à quelques mois de la cessation de paiement ». Rejetant un tel scénario, « j'ai donc en âme et conscience décidé de ne pas le faire, et, mardi 1er mars 2016, j'ai présenté ma démission », a-t-il poursuivi. « Qu'est-ce que j'aurais dû faire ? Me taire ? Y aller ? J'aurais commis une faute professionnelle. »

Depuis, EDF a annoncé fin avril que l'État français, son actionnaire principal, s'était engagé à le renflouer dans le cadre d'un projet d'augmentation de capital de 4 milliards d'euros, pour renforcer ses fonds propres et financer ses investissements. Sous la pression des syndicats, le PDG d'EDF a aussi accepté de consulter le comité central d'entreprise (CCE), qui se réunira le 9 mai, décalant possiblement à septembre l'ultime feu vert au projet Hinkley Point, soutenu par Paris et Londres.

 

« Le PDG d’EDF ne montre pas le niveau d’insolence dont la direction du groupe a besoin »

 

 

Comment expliquer l’état de la filière nucléaire française?

Nous avons perdu le savoir-faire pour la construction de réacteurs nucléaires. Et je ne parle pas uniquement ici d’Areva ou d’EDF, mais de toute la filière. Pour la construction de l’EPR de Flamanville, ce sont tous les acteurs, y compris les PME, qui éprouvent de grosses difficultés à « délivrer ». C’est notamment parce que nous manquons d’expérience, puisque le dernier réacteur mis en service en France l’a été dans les années quatre-vingt-dix. Or, le nucléaire, ce n’est pas comme le vélo: ce n’est pas parce qu’on a appris à en faire que l’on saura toujours en faire ! En fait, c’est toute une génération « perdue » pour la cause nucléaire. Il faudrait peut-être faire revenir les « jeunes retraités » du secteur pour profiter de leur expérience ! Il faut aussi souligner à quel point la « surspécification sécuritaire », imposée par les défenseurs de l’environnement et poussée lors de la création de l’EPR, a mis en danger l’industrie nucléaire. Je ne porte pas de jugement sur le bien-fondé de cette régulation, je constate simplement qu’elle a remis en cause la compétitivité de l’industrie.

Quel est l’avenir d’EDF dans un tel contexte ?

La stratégie du groupe EDF tient sur deux jambes, celle de l’énergie « centralisée » et celle des solutions énergétiques décentralisées à la maille du territoire. La première a toujours été plus importante que la seconde. Malheureusement aujourd’hui, son actionnaire principal pousse encore un peu plus EDF dans sa stratégie historique. En Angleterre, le projet d’Hinkley Point a sans doute un sens, compte tenu de la stratégie énergétique du pays. Outre le problème désormais connu que l’on peut résumer par la formule « est-il est urgent d’attendre ? », je pense que la construction de réacteurs ne peut être qu’une partie de la stratégie d’EDF en Angleterre pour assurer son ancrage territorial dans la durée. Vu l’investissement fait pour Hinkley Point, le groupe EDF devra probablement investir aussi, même si la somme est moindre, dans des projets décentralisés pour se rapprocher des « counties »… Enfin, le management du groupe devrait peut-être clarifier ses relations avec son actionnaire. Aujourd’hui, la stratégie d’EDF est fortement guidée par l’agenda de l’Etat. Les dirigeants qui ont précédé Jean-Bernard Lévy montraient parfois une forte indépendance, pour ne pas dire insolence vis-à-vis de l’état-actionnaire qui confortait l’affectio societatis en interne. Aujourd’hui, même si le PDG d’EDF a bien d’autres qualités, il ne montre pas, en apparence en tout cas, le même niveau d’insolence dont la direction d’une entreprise comme EDF a besoin. Peut-être cela est-il nuisible à la cohésion sociale du groupe, à un moment où la stratégie et la transformation d’EDF nécessitent un alignement et une forte mobilisation en interne.

Quels sont les obstacles à la fermeture de Fessenheim ?

Il ne faut pas confondre les sujets juridico-réglementaires, économiques et techniques. Le plus important, dont on parle le moins est le premier d’entre eux. Même si le gouvernement dit demain à EDF « vous devez fermer Fessenheim », le cadre juridique de la fermeture et de l’indemnisation des différents acteurs n’est pas stabilisé. Ceci s’explique notamment par les nombreux investissements qui ont été réalisés dans la perspective de l’extension de la durée de vie de la centrale. Il serait surprenant de voir alors le groupe EDF se retourner contre l’Etat-actionnaire pour obtenir une indemnisation des actionnaires minoritaires, comme l’avait fait en un temps Gérard Mestrallet et Engie sur la réglementation du gaz. Le sujet économique n’en n’est vraiment pas un. Compte tenu des surcapacités de production d’électricité en Europe, il n’y aurait aucun problème pour compenser la production de Fessenheim qui représente 1,5 % de la production électrique française et 2,9 % de la production électrique nucléaire. Enfin, sur le plan technique, il est possible d’arrêter la production demain matin, même si le processus de démantèlement prend quelques dizaines d’années.

 

Arnaud Leroi est associé chez Bain et Compagnie, directeur du pôle de compétences « utilities et énergie »

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L
Bonjour je suis salarié EDF le train de vie de l'entreprise n'a pas pour autant diminuer les grande messe de multiplie et sortie de service dans des hôtel 4 étoiles cette années encore au mois de janvier nous étions 700 venue de toutes la France dans des hôtels parisien et parc des exposions et location du pavillons Baltars avec grand repas champagnes e spectacles cout estimé déplacements et salaires et hébergements 1 millions d'euros l’année précédentes 700 personnes au parc Disney Paris cout estimé 1 million d euros<br /> <br /> sachant que chaque service est logé a la même enseignements le prix de l'électricité n'est pas près de baisser
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A
Compliqué de s'en sortir avec ce fardeau
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